Cognac : une pierre blanche et deux annonces de taille

Lundi, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) ouvrait un chantier symbolique. Il a profité de la présence du ministre de l’Agriculture en Charente pour dévoiler deux informations importantes

Pas de truelle ni de mortier mais un ruban rouge et des ciseaux. Lundi à Cognac, Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, a « inauguré » à défaut de sceller la première pierre du futur siège social du Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC). Le chantier débutera cet été sur les bords du fleuve Charente, face au port de plaisance. L’ensemble immobilier conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte devrait être livré au printemps 2025.

L’investissement (18,4 millions d’euros HT) est conséquent. Il témoigne de la vigueur d’une filière d’excellence, « la première en tant qu’exportatrice de spiritueux avec 3,8 milliards de chiffre d’affaires à l’international », a souligné le ministre. « Être français et ignorant du cognac, ce serait une faute de goût. Pour un ministre, ce serait une faute professionnelle […]. Le cognac, c’est la France ! Ce matin, je suis très heureux de célébrer la France avec vous », a-t-il déclaré.

Un “moment charnière”
Hasard (ou politesse) du calendrier : on célébrait ce lundi 5 juin la Journée mondiale de l’environnement (instaurée par l’ONU en 1972). Marc Fesneau a loué la résilience et « l’engagement de la filière dans la transition environnementale », à un « moment charnière » où « le changement climatique nous impose d’agir ».

Christophe Veral, le président du BNIC, a profité de la tribune ministérielle pour formuler deux annonces importantes. La première concerne la révision prochaine de la Certification environnementale cognac (CEC) ; la seconde la création d’une association capable de mobiliser plus de matière grise et d’argent dans la R&D appliquée à la transition écologique.

La CEC a été créée en 2017. La Haute valeur environnementale (HVE) de niveau 3 en est le socle, avec des exigences accrues spécifiques au vignoble charentais, notamment en matière de pulvérisation confinée et de gestion des effluents. A ce jour, 400 viticulteurs (sur les 4 300 dans l’aire d’appellation) sont certifiés CEC. Avec la réforme nationale du label HVE, la CEC va donc évoluer. Les professionnels charentais la veule « plus simple, plus pragmatique, ouverte à tous », notamment aux titulaires du niveau HVE 2 mais aussi aux exploitants conduisant leurs vignes en agriculture biologique. La nouvelle mouture de la CEC sera détaillée lors des vendanges et mise en œuvre début 2024. « L’objectif de 100 % de viticulteurs certifiés en 2028 est inchangé », a souligné Christophe Veral.

L’association Imagine Cognac
La deuxième annonce, de taille elle-aussi, porte donc sur la création d’une association capable d’accélérer la transition écologique dans les deux Charentes. Imagine Cognac, c’est son nom, va muscler les ressources via la création de groupements d’intérêt scientifiques capables de lever des fonds privés. Son travail complétera celui des 25 ingénieurs agronomes et techniciens du BNIC.

« Avec cette association, nous voulons déployer notre R & D plus vite et plus fort, afin de garantir la pérennité du cognac dans son territoire d’origine et maintenir à très long terme la qualité de vie à laquelle ses habitants aspirent », a déclaré Patrick Léger, le négociant appelé à présider Imagine Cognac.

Le premier groupement d’intérêt scientifique (GIS) sera dévolu à une expérimentation à grande échelle de produits AB et de biocontrôle, « afin de trouver le plus rapidement possible une alternative à l’utilisation des pesticides de synthèse ». Le second GIS pourrait s’intéresser à la décarbonation de la distillation. Des programmes de recherche sur ces deux sujets existent déjà à Cognac. Avec plus de moyens, ils devraient s’accélérer. Notons qu’une partie des financements seront apportés par une cotisation volontaire obligatoire (CVO) spécifique apportée par la famille viticole.

Rappelons qu’avant d’être reçu à Cognac, Marc Fesneau avait rencontré, tôt le matin, les représentants des vins de Bordeaux dans une exploitation de l’Entre-Deux-Mer. Il était question de la crise qui ébranle le vignoble girondin et de la signature d’un plan d’arrachage de 9 500 hectares.

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