10 ans de Coravin : la petite histoire d’une success story à l’Américaine…

2023 célèbre les dix ans de Coravin. A l’occasion d’un déjeuner au Royal Champagne, nous avons rencontré son fondateur, Greg Lambrecht, qui nous a raconté son incroyable success story. Outre le Coravin Timeless, destiné aux vins tranquilles, ce fut aussi l’occasion de se pencher sur son Coravin Sparkling lancé en 2021 et de s’interroger sur ses atouts et ses inconvénients.

L’histoire n’est pas sans rappeler celle de Steeve Jobs concevant son premier ordinateur dans son garage. Greg Lambrecht est tombé amoureux du vin alors qu’il n’avait que seize ans. « J’habitais la Californie, et la barbe que je portais me vieillissait. Mes amis m’ont emmené dans la Nappa Valley. Mon rôle était d’entrer le premier dans les wineries pour vérifier que la voie était libre. Je me souviens être allé chez un vigneron et avoir été ébloui au point de rester une heure avec lui à discuter. Mes amis qui attendaient mon signal étaient persuadés que j’avais été arrêté ! ». Greg s’oriente toutefois vers l’industrie médicale. « J’ai voyagé dans beaucoup de pays. Les chirurgiens sont de grands amateurs de vins. Ils m’offraient souvent une bouteille, avec toujours cette même remarque : c’est le meilleur vin de ma région, mais il est trop jeune pour être bu, attendez au moins cinq ou dix ans, ce qui me frustrait beaucoup. J’avais envie de les déguster à la fois maintenant, dans cinq ans et dans dix ans. » 

Spécialisé dans la vente d’aiguilles chirurgicales qui servent à injecter la chimiothérapie aux patients, il a alors l’idée de les utiliser pour extraire le vin des bouteilles sans les ouvrir, tout en y ajoutant de l’argon pour éviter qu’elles ne s’oxydent. Ce nouvel outil dont il bricole la première version dans son sous-sol en 1999 n’a d’abord pas vocation à être commercialisé. Mais ses amis émerveillés par le procédé l’encouragent à créer sa propre entreprise. Le produit ne sera lancé sur le marché qu’en 2013. Entre temps, Greg Lambrecht a expérimenté pas moins de 23 prototypes ! Aujourd’hui, environ un million d’exemplaires ont été vendus, avec comme premier marché les Etats-Unis et comme second marché la France. « Depuis notre fondation, les Coravins ont été impliqués dans le service de 250 millions de verres de vins à travers le monde ! »

Il faut dire que cette technologie est extraordinaire. Nous avons pu déguster une bouteille de Château de Génibon (Côte de Bourg) 2000, dont Greg s’était servi deux verres en 2004 (il note à chaque fois la date des différents services au dos). Presque vingt ans après, le vin ne présente aucun défaut. On peut ainsi boire seul sans avoir peur de gâcher le reste du flacon, et en ayant le plaisir de déguster la cuvée aux différentes étapes de son vieillissement. Au lieu de proposer une seule bouteille sur un repas à ses amis, on est aussi en mesure d’affiner ses accords mets/vins et d’accompagner chaque plat d’une cuvée différente. « J’ai chez moi la plus large carte de vins au verre des Etats-Unis avec 8000 références ! ».

Le Coravin Sparkling : une technologie un peu différente
Greg a voulu également s’attaquer à la question des vins effervescents. La technique qu’il a imaginée est très différente. Le bouchon est cette fois retiré. On réappose un stoppeur tout en réinjectant non pas de l’argon mais du CO2. Cette fois on ne peut empêcher, le temps du service, l’introduction d’une grande quantité d’oxygène. Et il ne faut pas se leurrer, le fait ensuite de réinjecter du CO2 ne chassera nullement cet oxygène. La durée de conservation garantie (4 semaines) est donc plus courte. Au bout de ce laps de temps, le vin ne reste sans doute pas parfaitement identique, mais force est de constater qu’il n’est pas si évident de distinguer une cuvée débouchée trois semaines plus tôt, d’une cuvée débouchée à l’instant même. 

En limitant à moins de 4 bars la pression, soit un niveau inférieur à celui de la pression d’une bouteille de champagne y compris avec les pertes occasionnées à l’ouverture (-30%), le Coravin Sparkling évite une regazéification du vin. Il y a ainsi peu d’échanges et le gaz contenu dans le champagne reste, pour l’essentiel, celui obtenu naturellement par la seconde fermentation. Pour ceux qui auraient quelques craintes d’échanges gazeux importants avec le champagne, sachez qu’un système de mise sous pression isobare est déjà utilisé lorsqu’il s’agit de transvaser les bouteilles de 75 cl de champagne vers certains formats spéciaux comme les mathusalems. Dans le cas du Coravin, la contrepartie de cette pression plus basse appliquée est peut-être une effervescence légèrement moins abondante lors de la seconde ouverture. A ce niveau cependant, la plupart des dégustateurs ne peuvent s’en apercevoir. Comme le souligne Greg Lambrecht, l’impact du choix du verre est dans ce domaine plus impactant « Une coupe avec peu d’aspérités réduira davantage l’effervescence« . 

Lancé en pleine pandémie, alors que le secteur de la restauration qui constituait la cible première du produit était en pleine crise, le Coravin Sparkling connaît un certain succès, puisqu’il représente aujourd’hui 10 % des ventes, un chiffre comparable à la part des vins effervescents sur le marché du vin.  La pénurie de personnel et la réduction des plages d’ouverture que les restaurants ont connu au moment de la reprise lui a largement bénéficié. « Lorsque l’on sait que l’on va fermer trois jours, on hésite toujours davantage à ouvrir une bouteille de champagne pour un service au verre, notre technologie permet d’être sûr de pouvoir en commercialiser le contenu intégralement ».

Le prix du Coravin Sparkling est de 449 euros avec quatre recharges et deux bouchons. La boîte de 6 recharges vaut 46 euros, une capsule étant capable de préserver sept bouteilles. Cela signifie que son utilisation revient à environ 1 euro par bouteille. Le bouchon est adaptable sur les bouteilles comme les magnums, y compris ceux munis de bagues carrées, à l’exception de deux ou trois marques.

https://www.coravin.fr/shop/category/all

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