Un orage de grêle sur Irouléguy, des pluies incessantes sur le Jurançon, le vignoble pyrénéen aux confins du Sud-Ouest souffre des intempéries.
Dans les pays basque et béarnais, la météo du mois de juin n’est guère clémente. L’orage de grêle qui est tombé sur le vignoble d’Irouléguy (64) mardi après-midi a touché pas moins de 7 communes sur les 15 de l’appellation et la moitié des producteurs sur la soixantaine. « On estime, pour un premier bilan, à environ 40-45 % les impacts en moyenne sur ce secteur, le long d’un couloir entre Irouléguy et Jaxu en passant par Anhaux, Ascarat, Ispoure, Saint Jean-Le-Vieux et Bustince-Iriberry » avoue Anne Betbeder chargée de mission au syndicat des vins d’Irouléguy. « Mais avec des parcelles touchées à 100%. Les anciens n’avaient pas connu une telle violence de grêle depuis des décennies ». Les grêlons ressemblaient à des balles de golf de 4-5 cm de diamètre et pire, certains en forme d’étoiles tranchantes ont accentué la force de l’impact et ont déchiqueté les feuilles et éclaté les baies.
Au Domaine Arretxea, on déplore également quelques dégâts mais aucune parcelle totalement ravagée. « C’est la deuxième grêle de la saison après celle plus légère en mai mais le pire est qu’il pleut tout le temps et que le mildiou est ‘inarrêtable’, déplore Téo Riouspeyrous. Il faudrait que l’on arrive à avoir deux jours de beau temps pour sécher un peu la vigne et traiter les plaies avec du sel, du cuivre, de la poudre d’argile. Décidément, cette année est compliquée : nous n’avons pas eu de gel mais on a le mildiou et beaucoup de millerandage et de coulure sur le tannat ».
Le syndicat va s’attacher dans les prochains jours à passer chez les sinistrés pour prodiguer quelques conseils techniques afin d’accélérer la cicatrisation des grappes. Il réfléchit également à la mise en place de chantiers d’entraides pour organiser une main d’œuvre partagée, surtout auprès des maraîchers et des arboriculteurs « car pour la vigne, il n’y a pas grand chose à faire, reconnait Anne Betbeder, à part quelques poudrages d’argile, et surtout le renforcement des pulvérisations contre le mildiou à la pression déjà très virulente ». Certains viticulteurs utilisent des décoctions d’orties ou de consoudes comme revitalisants. Une cagnotte d’entraide pourrait également être lancée dans les prochains jours.
Jurançon sous des trombes d’eau
Un peu plus loin à une centaine de kilomètres le long de la chaîne des Pyrénées, Jurançon n’a pas connu la grêle, passée au bord du vignoble, dans la région palloise, mais se bat contre les fortes pluies qui inondent le vignoble. « Depuis le 13 mai, il pleut encore et toujours, se désespère Emmanuel Jecker du Domaine de Souch. Nous avons mesuré environ 300 mm de précipitations, deux à trois plus que d’habitude, En général, à cette période ce sont plutôt des petites pluies et les orages arrivent en juillet-août ». Une année comparable à 1992 ou 2013, propice à un mildiou violent mais également à quelques attaques d’oïdium en général rare dans le secteur. « Il faudrait passer au moins deux fois par semaine dans la vigne pour traiter le mildiou mais en tracteur, on ne peut pas toujours rentrer dans la vigne; c’est là que l’on se rend compte que nous sommes sur un terroir argileux qui retient l’eau dans les sols ». Les vignerons espèrent profiter de l’accalmie et du beau temps annoncé la semaine prochaine pour soigner le vignoble.
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