Château de l’Hospital : entre patrimoine et innovation

Ce château néo-classique, en appellation Graves, était quasiment à l’abandon lorsque Brigitte et Florent Battistella l’achètent en 2012. Quatre années de rénovation ont été nécessaires pour lui redonner son lustre et lui permettre d’accueillir des évènements. En parallèle, le vignoble d’une quarantaine d’hectares amorçait sa conversion en bio.

Le château, classé monument historique en 1973, faisait pitié à voir lorsque les propriétaires confient sa rénovation à Martin Mogendorf, architecte du patrimoine. Au XVIIIe siècle, la bâtisse était le « bien de campagne » d’un des conseillers du roi, Jacques de l’Hospital. Alphonse de Lamartine y fit plusieurs séjours, et sans doute fut-il séduit par le parc qui descend doucement vers une pièce d’eau de laquelle on peut apercevoir des ruines.

Florent Battistella a eu le nez creux en se lançant dans ce projet audacieux. Aujourd’hui, le château se consacre à l’évènementiel et accueille des mariages et des séminaires professionnels dans un cadre rénové avec goût. Mais, si le château enchante, il ne doit pas faire oublier son vignoble et ses vins, tous certifiés bio depuis 2017.

Des convictions
Lors de son acquisition en 2012, la propriété comptait une vingtaine d’hectares. Des parcelles, judicieusement choisies, ont été acquises depuis et la surface plantée atteint désormais 40 hectares.

Mais, comme souvent dans les Graves, le curseur de l’encépagement se déplace actuellement vers les blancs. Et c’est bien le projet que décrit Julien Zuanet, le directeur technique et gérant du château : « Nous n’avons actuellement que 3 hectares de blanc. C’est insuffisant car nous vendons tout au moment de la mise en marché. Nous allons donc planter en conservant le même encépagement : 80 % de sauvignon blanc et gris et 20 % de sémillon. » Il faut dire que le terroir de graves argileuses sur socle calcaire leur convient parfaitement.

Le passage en bio a été novateur dans la région, même si cette conversion n’est pas évidente sous un climat océanique. Le bio n’est pas la seule expression des convictions de la famille Batistella et de Julien Zuanet. Outre les vignes, on trouve des espaces naturels non cultivés : bandes enherbées, haies, prairies, forêt. Des nichoirs à chauve-souris ont aussi été installés ainsi qu’une centaine de ruches que l’on déplace notamment aux abords des forêts d’acacia typiques des Graves.

Les vignes peuvent aussi être un terrain de jeu pour Julien Zuanet qui expérimente de temps en temps des cuvées éphémères et originales. On mentionnera un liquoreux, Douceur de l’Hospital, et aussi un 100 % malbec. Et puis cette dernière pépite…

Terre de vins a (vraiment) aimé …
… cette toute nouvelle cuvée issue des plus belles parcelles. L’assemblage de 70 % de merlot, 28 % de cabernet sauvignon complété par 2 % de petit verdot et de malbec promet de la rondeur, et il y en a. L’impression générale est un vin juteux et chaleureux. L’extraction, à l’évidence, est très maitrisée. Un point d’équilibre a été trouvé, entre architecture, volume et volupté. La bouche est harmonieuse, sur des tanins enveloppants et une matière texturée dans laquelle on retrouve les notes confiturées et vanillées du nez. Le milieu de bouche glisse vers la fraicheur mentholée puis vers une finale poivrée et réglissée. Le potentiel de garde est bien là, tout en offrant une buvabilité à court terme. Un exercice réussi pour ce vin qui n’est pas sans rappeler une ou deux références haut de gamme de l’appellation.  

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