La création du champagne Collard-Milesi vient compléter l’activité oenotouristique que Matthias Collard a lancée il y a quelques années. Le Clos Corbier, à Mareuil-sur-Aÿ, abrite la concrétisation d’une aventure familiale à rebours du chemin classique de création d’une marque de champagne.
La démarche est originale. Alors que l’œnotourisme complète l’activité des domaines de Champagne, Matthias Collard emprunte le chemin inverse. Cofondateur en 2015 d’une agence de circuits oenotouristiques, le Champenois a créé en 2022 sa propre marque, champagne Collard-Milesi, et vient d’obtenir, en 2023, sa carte de négociant-manipulant.
Fondateur de circuits touristiques
Matthias Collard, 37 ans, baigne dans l’univers du champagne depuis tout petit : son arrière-grand-père, Pierre Philipponnat, dirigea la maison qui porte son nom, propriété du groupe Lanson BCC depuis les années 1980. Le jeune Champenois suit des études commerciales et devient ambassadeur de marque pour Pommery à l’étranger. Parallèlement, le rêve de bâtir de nouveau une marque de champagne au sein de la famille l’habite, sans réellement savoir par où commencer. En Suède, ce « mordu de champagne » a un déclic : faire mieux connaître la et le champagne aux amateurs.
Au Clos Corbier à Mareuil-sur-Aÿ, maison familiale rachetée par ses parents pour monter des chambres d’hôtes, Matthias Collard cofonde Vine escape et développe des parcours mêlant déjeuner et éducation au champagne grâce aux cuvées de vignerons locaux. L’œnotourisme : la première brique est posée. Le destin s’en mêle en apportant la deuxième : sa belle-famille. Le jeune entrepreneur tisse des liens avec la famille Milesi, à la tête du champagne Guy Méa à Louvois, pour proposer leurs cuvées à la dégustation. La relation devient plus proche qu’il ne l’aurait imaginé puisqu’il rencontre sa future épouse, Carole Milesi. À travers elle, sa famille et sa sœur, Sophie, qui gère la marque, Matthias Collard approche une dimension plus terrienne. « Sophie a transformé ma vision du travail de vigneron, qui était jusqu’alors très commerciale et touristique. »
Installation de la cuverie en juin 2023
Pour Vine escape, 2019 est une année record. Mais 2020 casse la dynamique et offre à Matthias Collard un temps finalement utile à la réflexion puisqu’en 2021, il plonge dans la construction de sa marque de champagne, avec un atout. La clientèle est constituée grâce à l’activité conjointe de Vine escape, passée sous le giron d’À la Française dont il est associé, et du Clos Corbier. Mûr, Matthias Collard lance officiellement le champagne Collard-Milesi en 2022. Ne possédant aucun vignoble, il développe une marque acheteur en partenariat avec Union champagne, à Avize. Fan du chardonnay, il sélectionne trois cuvées : un blanc de blancs premier cru vieilli trois ans, un grand cru extra-brut laissé quatre ans sur lies, « un coup de cœur », et un grand cru millésimé (actuellement 2017). De véritables compléments aux cuvées Guy Méa, qui font la part belle au pinot noir. Amateur de Puligny-Montrachet (Bourgogne), Matthias Collard aime « les vins tendus, droits, qui transpercent ». Il apprécie l’apport du bois pour « donner un peu plus de volume ». Des barriques bourguignonnes doivent d’ailleurs arriver prochainement au Clos Corbier, où se trouvent le cellier et la cuverie.
L’équipement, voilà la dernière brique qui lui manquait avant d’obtenir, l’été dernier, la carte de négociant-manipulant. « Le Comité Champagne avait posé deux conditions : créer une société dédiée à la production et à la commercialisation et disposer d’une cuverie. » Conseillé par Sophie Milesi sur l’emplacement, le calibrage et les types de contenants, le Champenois installe la cuverie inox en juin 2023. À terme, une fois qu’il aura noué des relations avec des vignerons choisis, Matthias Collard élaborera ses propres cuvées. « Je vais prendre le temps. Je veux galérer un peu, pour comprendre, pour apprendre. Pourquoi ne pas intégrer le consommateur au processus d’ailleurs ? » La production d’environ 10 000 bouteilles, n’est destinée qu’à l’activité de dégustation et de vente au Clos Corbier. L’export n’est pas envisagé, « dans un premier temps ». « Je veux conserver ce lien direct avec le consommateur, lui faire vivre un partage, une expérience. Ici, tout prend sens : l’histoire familiale, l’ancrage local et le rayonnement du champagne. » L’œnotourisme et la mise en place de la marque de champagne lui apportent une autre satisfaction et non des moindres. Au Clos Corbier, Matthias Collard et sa famille peuvent se targuer d’avoir réussi, en quelques années, à créer des emplois (huit salariés dont six permanents). Ne manque plus qu’à remplir les cuves, début 2024. « J’ai hâte. Plus jeune, j’adorais l’odeur des vins flottant dans l’air, dans les caves. » Il faudra encore un peu de patience, d’ici 2026 probablement, pour déguster ses premières bouteilles « faites main ».
120€ par personne.
Places en nombre limité.
Réservation au 0326530301 ou à contact@lecloscorbier.fr
Cet article De l’œnotourisme à un domaine de champagne est apparu en premier sur Terre de Vins.