Le lion sort sa griffe 

Canteperdrix à Caromb et Saint-Marc à Mazan. Les deux caves voisines qui regardent le mont Ventoux ont fusionné en 2019, histoire de mutualiser leurs complémentarités. Elles se sont dotées d’un site de vinification high-tech dédié aux blancs et rosés. En parallèle, une sélection de Crus méridionaux complète le haut de la gamme.

L’une a pour symbole une perdrix, l’autre un lion. A elles deux, elle réunissent 200 exploitations disséminées sur 18 communes, offrant un terrain de jeu de 1 000 hectares où sont produits l’AOC Ventoux à 80 % et 20 % d’IGP. Le rouge y est majoritaire mais le blanc gagne du terrain. Bien conseillés par Lisa Durand, la responsable vignoble, les viticulteurs plantent les cépages clairette et rolle. Le nouveau chai de 8 000 hectolitres a justement été conçu pour vinifier les vins blancs au profil associant fraîcheur et minéralité et rosés subtils et élégants. Sophie Morel pilote cette cave cathédrale optimisant les pressurages et macérations des bourbes, séparant jus de presse et jus de goutte. Ce savoir faire produit de jolies pépites, telle la cuvée Saint Marc Ventoux 2022 (7€), un clairette-grenache aux arômes thiolés de fruits exotiques et d’agrumes, faite de rondeur et de tension mêlées. Dans le même esprit savoureux, le rosé 2023 (7€), offre son élégance florale, ses fruits blancs gainés de pamplemousse rose.

Des Crus griffés
Le lion sort sa griffe avec cette gamme premium de Crus méridionaux. L’origine vient de la cave coopérative de Gigondas qui a confié la distribution de son AOC sur le secteur traditionnel à la cave Saint Marc, en 2019. Cette association est basée sur une même philosophie d’attachement à leur terroir et une même stratégie. « Ceci offre aux distributeurs un complément de gamme et un seul lieu d’enlèvement idéal pour la logistique », explique Mickaël Benadouda, le directeur commercial de la cave et de la société de distribution. Dès lors, Beaumes-de-Venise, Vacqueyras, Châteauneuf-du-pape (rouge & blanc) et Vinsobres viennent compléter les rayons des marchés CHR. Ce dernier, dénommé « Vim Solis » (12€), propose un nez de fruits noirs à l’alcool légèrement confits et d’épices. Une palette retrouvée dans une bouche juteuse et gourmande, avec une touche acidulée en finale.

 www.vignerons-saint-marc-canteperdrix.fr

Cet article Le lion sort sa griffe  est apparu en premier sur Terre de Vins.

Nouveau souffle au Château Tour des Termes

Acquis en début d’année par l’entrepreneur irlandais Eddie O’Connor, le château, Cru bourgeois supérieur depuis 2020, va prendre le virage des énergies renouvelables et va s’offrir un nouveau chai pour 2026.

Eddie O’Connor, docteur en chimie et pionnier en matière d’énergies renouvelables et d’éoliennes réalise son rêve en 2020 en devenant propriétaire d’un château à Bordeaux bénéficiant d’un fort potentiel de développement. Son souhait : lui donner un nouveau souffle et le rendre « durable ». La tâche a été confiée cet été à Julien Brustis, bordelais d’origine et parisien ces dernières années – Il a créé avec ses deux associés le vignoble de La Bouche du Roi dans la plaine de Versailles.

Des objectifs environnementaux ambitieux
Ce natif de la rive gauche, bien que revendiquant nombre d’amis sur la rive droite, est revenu sur sa terre natale pour prendre en main les 35 hectares de la propriété, 26 en Saint-Estèphe et 9 en Haut-Médoc qui ont appartenu à la famille Anney pendant cinq générations. Il a été chargé de construire un nouveau chai, un bâtiment sur trois niveaux enterré dans la colline qui devrait être opérationnel en 2026. Le chai sera signé par l’entreprise BPM Architectes qui a également construit Lynch-Bages, Beychevelle, Léoville Las Cases, Angelus…Hubert de Boüard étant depuis 2016 le consultant du château (comme de La Bouche du Roi). Il sera recouvert de panneaux solaires avec l’objectif d’être approvisionné a 100% par les énergies renouvelables. L’objectif environnemental est clairement affiché – Tour des Termes était déjà Terra Vitis depuis 2014, HVE depuis 2015, des engagements inscrits dans son cahier des charges pour l’obtention du Cru bourgeois supérieur en 2020. Le jeune directeur a également amorcé un programme d’économies d’eau et d’énergies. Divers essais de vinifications et d’élevages en béton, bois français en grands contenants, amphores ont été lancés, « en fait, tout ce qui peut assouplir les vins sans les boiser mais en gardant le fruit m’intéresse » précise Julien Brustis qui a engagé en parallèle la restructuration du vignoble après une étude des sols « pour mieux comprendre l’ADN de la propriété répartie en trois îlots, deux d’argilo-calcaires et un de graves profondes. Les deux tiers des vieilles vignes qui dataient des années 60 ont déjà été arrachées avec un changement d’orientation des rangs et une mesure par courant électrique de l’eau dans les parcelles a permis d’évaluer la capacité de rétention des parcelles ».

Restructuration et plantation de blancs
Christophe Anney, fort de 40 millésimes au compteur et avec qui le jeune directeur a suivi les vendanges, a également contribué à une meilleure connaissance du terroir. Il avait privilégié un encépagement atypique à Saint-Estèphe, à 60% merlot avec 35% de cabernet sauvignon, 3% de petit verdot, le reste en cabernet franc ; la nouvelle équipe va replanter un peu plus de cabernet sauvignon, de cabernet franc et de petit verdot. « Avant, le Saint-Estèphe avait une réputation de vin de garde austère, le cabernet sauvignon très au nord de l’estuaire entre l’océan et la Gironde avait du mal à mûrir; aujourd’hui c’est un terroir d’avenir qui régule les températures, sait garder de la fraîcheur dans les vins, davantage sur la souplesse et le fruité que sur la puissance ».

Julien Brustis prévoit également de planter 2 hectares de cépages blancs en 2024 dans un oasis de calcaire sur argile idéal pour des maturations lentes. Plus de la moitié de l’encépagement sera en sémillon associé au sauvignon avec quelques rangs d’albariño en test. Tour des Termes produit environ 200 000 bouteilles par an dont 30-40 0000 en Haut-Médoc avec Château Comtesse du Parc. La commercialisation est réalisée pour plus de 40% en France, principalement en circuits cavistes et CHR; L’export (Irlande, Belgique, Allemagne, Suède, Etats-Unis…) a été confié à la Place de Bordeaux.

Terre de Vins a dégusté :
Château Tour des Termes (macération longue et élevage de 15 mois en barrique de chêne français pour moitié neuves). 21-25€

2019 : En profondeur et en fraîcheur, onctueux sur le fruit frais, des épices douces, cassis, myrtille, une note de violette et de cacao, des tanins fermes

2018 : Plus chaleureux et voluptueux, corsé sur le réglisse, les fruits rouges, le cuir, les épices, une note torréfiée

2016 : Minéral sur les fruits rouges, rond et puissant sur un beau volume, quelques épices, des tanins denses.

Cet article Nouveau souffle au Château Tour des Termes est apparu en premier sur Terre de Vins.