Vers une AOC Castillon en rouge et en blanc

Le 1er février dernier, une Assemblée Générale extraordinaire des vignerons de l’appellation Castillon-Côtes-de-Bordeaux a voté un projet d’AOC Castillon, en rouge et en blanc. « Pas une séparation mais une émancipation » de l’Union des Côtes-de-Bordeaux, que Castillon a rejointe en 2007, selon le président du syndicat Thomas Guibert.

Depuis 1936, il y avait les Côtes-de-Castillon, appellation de la rive droite du vignoble bordelais, longeant la Dordogne et logée entre Saint-Émilion et les portes du Bergeracois. Puis en 2007, les Côtes-de-Castillon ont intégré l’Union des Côtes-de-Bordeaux, rejoignant Blaye, Francs, Sainte-Foy et Cadillac dans un collectif relativement éclaté sur le plan géographique et difficilement lisible, de par sa grande hétérogénéité de terroirs et de styles. Demain, assistera-t-on au retour d’une AOC Castillon en rouge, et à l’apparition d’une AOC Castillon en blanc ? C’est la volonté, semble-t-il, des vignerons de l’appellation, qui réunis en Assemblée Générale extraordinaire le 1er février dernier, ont voté à la très grande majorité (87% sur une centaine de votants) la mise en chantier de ce double projet. « C’est une demande forte de la part des vignerons, on a rarement eu autant de monde en AG », souligne Thomas Guibert, propriétaire de Château Roquevielle et président du syndicat d’appellation depuis 2022. « En votant ce double projet, il ne s’agit pas d’une rupture totale avec l’Union des Côtes-de-Bordeaux mais d’ouvrir la possibilité pour les vignerons, demain, de produire sur l’aire d’appellation un vin qui sera en AOC Castillon. Nous pensons que nous avons une identité à défendre, des terroirs de très grande qualité à valoriser autour de notre plateau calcaire, des vins qui ont un style reconnus, des vignerons leaders qui incarnent notre appellation et un collectif engagé, notamment sur le plan environnemental. Ce projet vise à nous permettre de nous recentrer sur ces fondamentaux, à retrouver une autonomie aussi bien sur le plan du cahier des charges que dans notre communication. Ce qui n’exclut pas du reste, de demeurer dans une ODG commune avec les Côtes, un peu sur le modèle de ce qui se fait à Saint-Émilion avec les satellites. Encore faudra-t-il que cela soit accepté par nos partenaires des Côtes-de-Bordeaux, ce qui sera aussi soumis à une AG ».

Pour les blancs, un périmètre qui reste à clarifier

Pour l’instant, ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Si les deux projets ont été actés en interne, il faut encore qu’ils soient validés par l’INAO, et même avant cela, qu’un cahier des charges détaillés soit soumis à l’institution. « Nous y travaillons, mais cela ne va pas se faire du jour au lendemain, d’autant que nous avons tous nos entreprises à faire tourner », précise Thomas Guibert. L’affaire se complique par ailleurs avec la nécessité de poser le cadre de la future AOC Castillon blanc (sec) : pour l’instant un certain nombre de domaines produisent déjà du bordeaux blanc ou du blanc en vin de France, mais il est très difficile de mesurer exactement ce que représenterait, en surface, la future AOC. « Nous avons toutes les bonnes raisons de nous lancer, une antériorité historique, des terroirs adaptés, une forte demande des consommateurs, mais il va nous falloir travailler, dans les six prochains mois, à clarifier cela pour l’INAO », continue le président, qui avait, dès le début de son mandat, porté ce projet de blanc. Quelle sera la suite ? Comme avec tout chantier administratif de ce type, l’inertie peut être importante. Mais, « dans un monde parfait », les vignerons de Castillon aimeraient voir cette double AOC naître sur le millésime 2026. Nous suivrons cela de près.

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