Château Carsin, la polyculture pour donner du sens

Néa Berglund, petite fille du directeur de l’orchestre national de Finlande, porte à travers son accent joyeux un peu de cette Finlande lointaine et terre natale mais les inflexions et expressions la situent bien ici en terre viticole girondine, sur les hauteurs de Rions, pour être exact. Où la jeune femme tente désormais de réinventer un métier en pleine mutation.

Château Carsin, dans l’appellation Cadillac Côtes de Bordeaux, est un bout de paradis vigoureusement préservé par la famille Berglund, depuis 1990 ! Une fois installé dans cet environnement préservé il était hors de question de galvauder un si beau capital, impossible de ne pas appliquer dès 2003 les principes et les méthodes de l’agriculture bio. Le château est labélisé AB depuis 2022. On renoue ici avec une polyculture paysanne, l’agroforesterie. Le domaine compte un verger de 110 arbres, dont des vieilles espèces d’abricotiers, un potager avec lequel elle approvisionne quelques restaurateurs locaux. Des ruches complètent désormais le paysage viticole de 18 hectares. Le Carsin Cottage, un gîte totalement réhabilité pour accueillir jusqu’à huit personnes et des événements autour de la gastronomie scandinave – comme un Lindström par exemple – et des concerts complètent une offre tout à fait plurielle et désormais nécessaire pour bien vivre d’un métier qui demande tellement de cordes à son arc. La jeune femme passionnée souhaite avant tout raconter un métier, une agriculture sensible et écologique. Elle veut également casser les codes d’une filière parfois trop peu inclusive et inviter en toute simplicité les gens à venir tels qu’ils ou elles sont. Elle ne se voit plus dans les seuls habits de vigneronnes car dit-elle la quête de biodiversité ne s’arrête jamais ! Néa aime les défis et s’inscrit dans la lignée des vigneronnes qui trouvent un sens à leur métier en mutation en expérimentant allègrement. C’est ainsi que parmi sa large gamme de vins, vous trouverez d’une part une étonnante Cuvée Noire, assemblage de six cépages du bordelais, assez rare et réussie pour être signalée et enfin sa confidentielle cuvée Carmenère (un petit millier de cols seulement) élevée en amphore et belle expression d’un cépage presque oublié des AOC Girondine. Fortement ancrée dans un territoire qu’elle souhaite le plus ouvert possible, elle sera à l’initiative avec la vigneronne Pauline Lapierre de l’association Les Epicu’Rion, histoire nous dit-elle, de rapprocher les vins de la relative confidentielle AOP du consommateur et de raconter les histoires qui se trouvent derrière chacune de leurs bouteilles. 

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