De l’œnotourisme à un domaine de champagne

La création du champagne Collard-Milesi vient compléter l’activité oenotouristique que Matthias Collard a lancée il y a quelques années. Le Clos Corbier, à Mareuil-sur-Aÿ, abrite la concrétisation d’une aventure familiale à rebours du chemin classique de création d’une marque de champagne.

La démarche est originale. Alors que l’œnotourisme complète l’activité des domaines de Champagne, Matthias Collard emprunte le chemin inverse. Cofondateur en 2015 d’une agence de circuits oenotouristiques, le Champenois a créé en 2022 sa propre marque, champagne Collard-Milesi, et vient d’obtenir, en 2023, sa carte de négociant-manipulant. 

Fondateur de circuits touristiques
Matthias Collard, 37 ans, baigne dans l’univers du champagne depuis tout petit : son arrière-grand-père, Pierre Philipponnat, dirigea la maison qui porte son nom, propriété du groupe Lanson BCC depuis les années 1980. Le jeune Champenois suit des études commerciales et devient ambassadeur de marque pour Pommery à l’étranger. Parallèlement, le rêve de bâtir de nouveau une marque de champagne au sein de la famille l’habite, sans réellement savoir par où commencer. En Suède, ce « mordu de champagne » a un déclic : faire mieux connaître la et le champagne aux amateurs. 

Au Clos Corbier à Mareuil-sur-Aÿ, maison familiale rachetée par ses parents pour monter des chambres d’hôtes, Matthias Collard cofonde Vine escape et développe des parcours mêlant déjeuner et éducation au champagne grâce aux cuvées de vignerons locaux. L’œnotourisme : la première brique est posée. Le destin s’en mêle en apportant la deuxième : sa belle-famille. Le jeune entrepreneur tisse des liens avec la famille Milesi, à la tête du champagne Guy Méa à Louvois, pour proposer leurs cuvées à la dégustation. La relation devient plus proche qu’il ne l’aurait imaginé puisqu’il rencontre sa future épouse, Carole Milesi. À travers elle, sa famille et sa sœur, Sophie, qui gère la marque, Matthias Collard approche une dimension plus terrienne. « Sophie a transformé ma vision du travail de vigneron, qui était jusqu’alors très commerciale et touristique. » 

Installation de la cuverie en juin 2023
Pour Vine escape, 2019 est une année record. Mais 2020 casse la dynamique et offre à Matthias Collard un temps finalement utile à la réflexion puisqu’en 2021, il plonge dans la construction de sa marque de champagne, avec un atout. La clientèle est constituée grâce à l’activité conjointe de Vine escape, passée sous le giron d’À la Française dont il est associé, et du Clos Corbier. Mûr, Matthias Collard lance officiellement le champagne Collard-Milesi en 2022. Ne possédant aucun vignoble, il développe une marque acheteur en partenariat avec Union champagne, à Avize. Fan du chardonnay, il sélectionne trois cuvées : un blanc de blancs premier cru vieilli trois ans, un grand cru extra-brut laissé quatre ans sur lies, « un coup de cœur », et un grand cru millésimé (actuellement 2017). De véritables compléments aux cuvées Guy Méa, qui font la part belle au pinot noir. Amateur de Puligny-Montrachet (Bourgogne), Matthias Collard aime « les vins tendus, droits, qui transpercent ». Il apprécie l’apport du bois pour « donner un peu plus de volume ». Des barriques bourguignonnes doivent d’ailleurs arriver prochainement au Clos Corbier, où se trouvent le cellier et la cuverie. 

©Alexandre Couvreux

L’équipement, voilà la dernière brique qui lui manquait avant d’obtenir, l’été dernier, la carte de négociant-manipulant. « Le Comité Champagne avait posé deux conditions : créer une société dédiée à la production et à la commercialisation et disposer d’une cuverie. » Conseillé par Sophie Milesi sur l’emplacement, le calibrage et les types de contenants, le Champenois installe la cuverie inox en juin 2023. À terme, une fois qu’il aura noué des relations avec des vignerons choisis, Matthias Collard élaborera ses propres cuvées. « Je vais prendre le temps. Je veux galérer un peu, pour comprendre, pour apprendre. Pourquoi ne pas intégrer le consommateur au processus d’ailleurs ? » La production d’environ 10 000 bouteilles, n’est destinée qu’à l’activité de dégustation et de vente au Clos Corbier. L’export n’est pas envisagé, « dans un premier temps ». « Je veux conserver ce lien direct avec le consommateur, lui faire vivre un partage, une expérience. Ici, tout prend sens : l’histoire familiale, l’ancrage local et le rayonnement du champagne. » L’œnotourisme et la mise en place de la marque de champagne lui apportent une autre satisfaction et non des moindres. Au Clos Corbier, Matthias Collard et sa famille peuvent se targuer d’avoir réussi, en quelques années, à créer des emplois (huit salariés dont six permanents). Ne manque plus qu’à remplir les cuves, début 2024. « J’ai hâte. Plus jeune, j’adorais l’odeur des vins flottant dans l’air, dans les caves. » Il faudra encore un peu de patience, d’ici 2026 probablement, pour déguster ses premières bouteilles « faites main ». 

Un dîner de prestige pour inaugurer la cuverie
Le champagne Collard-Millesi ouvre ses portes à l’occasion des Habits de lumière. Afin d’inaugurer la cuverie, une visite et une masterclass sont proposées à 18h au Clos Corbier. Un dîner sera ensuite servi selon un menu trois plats avec champagnes et vins associés. 

120€ par personne.
Places en nombre limité.
Réservation au 0326530301 ou à contact@lecloscorbier.fr

Cet article De l’œnotourisme à un domaine de champagne est apparu en premier sur Terre de Vins.

Mission UNESO de Champagne : les lauréats du prix Pierre Cheval 2023

Hier soir au champagne Castelnau se tenait le traditionnel dîner de charité de la Mission Unesco. À cette occasion, la nouvelle présidente Séverine Couvreur a révélé les quatorze lauréats du prix Pierre Cheval récompensant les projets qui embellissent l’appellation. L’Association Coteaux Caves et Maisons de Champagne a aussi remis un chèque de 36.000 euros au profit de la restauration de la Basilique Saint-Remi.

Chaque année, le dîner de charité de la Mission UNESCO en Champagne choisit une cause différente. Hier soir, c’est à la ville de Reims, représentée par son maire Arnaud Robinet, qu’a été remis un chèque de 36.000 euros afin de participer au financement de la restauration de la Basilique Saint-Remi. Face au 60 millions d’euros nécessaires, la somme peut sembler une goutte de champagne dans l’Océan. Mais le geste a une très grande force symbolique. Comme le souligne Séverine Couvreur, la présidente, il rappelle l’unité de la Champagne, dont les quatre inscriptions au Patrimoine mondial, la Cathédrale, la Basilique Saint Remi, les lieux mémoriels de la Grande Guerre et les Coteaux et Caves de Champagne, forment en réalité un tout lié par l’histoire et les valeurs. Il faut ainsi le rappeler, le personnage de Saint Remi est le premier vigneron connu de l’appellation, son testament constituant la plus ancienne trace écrite attestant de la culture de vignes dans la région. Arnaud Robinet a par ailleurs rappelé l’incroyable originalité de cet édifice du XIe siècle, dont l’histoire est aujourd’hui un peu ignorée du grand public, notamment parce qu’il vit dans l’ombre de la Cathédrale de Reims. Pourtant, la bâtisse, tout comme la cathédrale, a elle aussi accueilli plusieurs sacres de rois de France. Avant Saint-Denis, elle a même été le premier lieu de sépulture des monarques. Lieu de pèlerinage pendant des siècles, elle conserve encore les reliques de cet archevêque qui, en baptisant Clovis, fit rentrer le royaume dans la Chrétienté. Si le vin de Champagne a toujours été le vin des rois, ce n’est pas tout à fait un hasard !

Le dîner de Gala a bien-sûr également été l’occasion de la remise des prix Pierre Cheval, récompensant les plus belles initiatives pour l’embellissement de la Champagne. Cette année, on compte 14 lauréats dont voici la liste.

La Balade Pétillante
Les vignerons de la Vallée de la Marne à Charly- sur-Marne et ses environs proposent tous les ans après la période des vendanges, le deuxième  week-end d’octobre, une promenade gourmande de 8 km, à travers le vignoble champenois de la Vallée de la Marne, consacrée à la découverte du terroir champenois et rythmée de dégustations de Champagne associées à la découverte d’un menu gastronomique.

Le Champagne Bourgeois-Diaz
Charlotte et Jérôme Bourgeois-Diaz, vignerons à Crouttes-sur-Marne, ont conçu leur pressoir sur les caves existantes et y ont associé une vaste salle oenotouristique panoramique, dont la structure met en valeur le bois local : peuplier, châtaigner et chêne. Un bâtiment contemporain unique, surmonté d’une toiture végétalisée, profite de larges espaces et apporte une lumière naturelle qui met en valeur cette magnifique charpente en bois.

© Thierry Bonne Architecte

La Confrérie de Saint-Vincent de Celles-sur-Ource
La confrérie Saint-Vincent regroupe l’ensemble des vignerons de Celles-sur-Ource. Elle organise des évènements festifs permettant de découvrir la richesse de la Côte des Bar, son vignoble, son patrimoine, sa faune et sa flore, ses points de vue. Ainsi en est-il de la randonnée gourmande, entre balade dans le vignoble et dégustations, ponctuée d’animations musicales. De nombreuses actions sont également menées par la confrérie comme la refonte de la signalétique des vignerons dans le village et l’aménagement d’un pôle d’information à destination des visiteurs.

L’Association Les Amis du Fort de Nogent-l’Abesse
L’Association « Les Amis du Fort de Nogent- L’Abbesse » mène un travail de mémoire mais aussi de restauration et d’entretien du fort et de son patrimoine souterrain. Avec ses nombreux adhérents, elle conduit de différentes recherches historiques et préserve au quotidien ce monument meurtri par les conflits et les guerres qui assure un dialogue entre deux sites inscrits sur la Liste du patrimoine mondial : la Cathédrale Notre-Dame de Reims et le vignoble de Champagne.

Commune de Cormicy
Porte septentrionale de l’Appellation Champagne, Cormicy mène depuis de nombreuses années des actions en faveur de la préservation de son patrimoine remarquable, architectural mais aussi naturel et paysager. La démarche d’embellissement de la cité située au pied des coteaux viticoles s’est notamment traduite par la restauration de milieux naturels remarquables, la construction d’équipements publics en matériaux durables, une stratégie de préservation du bâti ancien et de requalification de nombreux espaces publics en cœur de ville.

Champagne Pierre Paillard
Menée par deux frères, la maison Pierre Paillard a su reconstruire une loge de vigne avec élégance au sein d’une parcelle de son vignoble historique à Bouzy. Cette construction affirme l’emploi de matériaux locaux et nobles : le bois, la tuile et la brique en terre cuite, le calcaire, les moellons de pierre meulière enduits … Une seconde vie pour ces petits édifices historiquement présents en cœur de vigne, d’anciens lieux de stockage pour les outils de travail ou d’abri pour les vignerons. Aujourd’hui, elles deviennent lieu de vie et de partage.

Champagne Launois
Dans sa volonté de moderniser l’exploitation viticole familiale, Bernard Launois a développé un véritable lieu de transmission des savoir-faire vitivinicoles, donnant alors naissance au Musée de la Vigne et du Vin au Mesnil-sur- Oger, lieu de découverte d’objets variés contant le travail et la vie traditionnelle en Champagne. Au détour d’un dédale de caves creusées dans la craie, le visiteur entre dans le monde fascinant des artisans et des artistes du Champagne et de ses pressoirs. Cette riche collection a permis la sauvegarde et la restauration d’une multitude d’objets, témoignant du savoir-faire champenois.

Champagne Laurent-Perrier
Avec ses 35 hectares de jardin et de parc, le Château de Louvois est un édifice majeur du patrimoine champenois, construit par le marquis de Louvois et propriété de la maison Laurent-Perrier depuis 1989. Les destructions et remaniements successifs nous ont légué un ensemble de bâtiments dont l’Orangerie, conçue par Mansart est un joyau. La restauration complète du clos et du couvert a été menée avec une grande habileté par des artisans d’exception, employant des matériaux traditionnels et des techniques respectueuses d’un patrimoine inestimable, symbole de l’art de vivre au temps du Roi Soleil.

Champagne Pol Roger
A quelques dizaines de mètres de l’Avenue de Champagne, la maison Pol Roger mène un chantier hors norme de modernisation et d’agrandissement de son outil de production. En restant fidèle à son site historique, la maison a réalisé un projet sur 4 niveaux dont un sous terre, installé sur les caves existantes. La construction de bâtiments neufs et la restructuration d’anciens bâtiments ont conduit à innover et à valoriser. Le parti architectural et le choix des matériaux ont favorisé une intégration adroite dans le site, en continuité des formes urbaines existantes.

© Fred Laures

Ensemble Génération Mozart
Fondé par le chef d’orchestre et violoncelliste d’origine iranienne Pejman Memarzadeh en 2019, l’ensemble Génération Mozart met en lumière les compositeurs contemporains de Mozart. La proposition culturelle organisée en Champagne participe au rayonnement de l’Appellation Champagne, à notre devoir de transmission culturelle. La tournée des vendanges, à travers des programmations originales, en est un exemple, cette série de concerts se déroulant dans toute la Champagne et au-delà, afin de véhiculer l’art de vivre à la Champenoise.

Commune de Champillon
Au cœur des Coteaux historiques de Champagne, le village de Champillon domine le vignoble et la vallée de la Marne offrant des points de vue d’exception. De nombreuses actions sont entreprises par la commune depuis plusieurs années afin de valoriser les richesses de son territoire : requalification d’espaces publics, aménagement de sentiers et de points de vue comme le Théâtre des Vignes. Ce magnifique écrin de verdure orienté plein sud, comprend un amphithéâtre surplombant le vignoble et pouvant accueillir des concerts de plein air au cœur d’un décor somptueux.

Grande Vallée de la Marne
Fière de sa situation privilégiée au cœur du territoire inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, la Communauté de Communes de la Grande Vallée de la Marne a souhaité proposer une expérience originale de découverte de ce paysage remarquable : le Panoramic Tour. Huit points de vue thématiques, aménagés avec soin, invitent à la contemplation, mettant en avant le paysage, l’interprétation du vignoble champenois et ses singularités.

Association Team River Clean
Cette association œuvre pour la protection des milieux aquatiques. À l’aide de bénévoles qu’elle réunit via les réseaux sociaux, « Team River Clean 51 » organise régulièrement le ramassage collectif de déchets notamment le long des berges de la Marne. Ces actions contribuent à restaurer la qualité de notre environnement et le partage de leurs actions sensibilise le public à l’impérative nécessité de protéger la nature.

Association des Amis de Saint-Nicaise du Chemin Vert
Le quartier de la Cité Jardin du Chemin-Vert, en zone cœur du Bien inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, constitue l’expression du mécénat social ayant accompagné l’essor industriel de Reims et du Champagne. L’église Saint-Nicaise a été réalisée par les plus grands artistes de l’époque, comme en témoignent les verrières de René Lalique, en cours de restauration. L’Association « Les Amis de Saint- Nicaise du Chemin-Vert » participe activement à la préservation de ce joyau d’architecture et à son rayonnement, en assurant la promotion culturelle, artistique et touristique de ce lieu.

Cet article Mission UNESO de Champagne : les lauréats du prix Pierre Cheval 2023 est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Publi-info] Domaine André Lorentz

Originaire du Sud de l’Alsace, André Lorentz a renoncé à son propre domaine viticole pour rejoindre son grand amour : Andrée, héritière de la Maison Klipfel à Barr. Un choix de cœur pour cet émigré dans le Bas-Rhin qui a décidé de mettre son expérience au service d’un autre nom, dans les années 50. Il a néanmoins pris le soin de poser ses « étiquettes Lorentz sur des bouteilles de Barr » comme lui avait malicieusement conseillé son père.

Le Grand Cru Kirchberg de Barr est situé à Barr. Son altitude idéale et son orientation lui permettent d’être à l’abri des vents froids du Nord. Le sol est essentiellement
marno-calcaire.
D’une superficie de 9 Ha situés sur le Grand Cru Kirchberg de Barr, le Clos Zisser est un terroir en Monopole du Domaine André Lorentz.
Son exposition Sud-Est permet une longue maturation des raisins, donnant naissance à des vins complexes et racés, puissants et élégants.

Nicolas Haeffelin,
Oenologue de la Maison

TERROIR :
Barr se situe en plein cœur de l’Alsace. Son vignoble se caractérise par une diversité de sols et d’expositions offrant une complexité unique aux vins de la Maison.

SUPERFICIE DE LA PROPRIÉTÉ :
30 hectares

ÂGE MOYEN DES VIGNES :
20 ans

CÉPAGES :
Sylvaner, Riesling, Muscat, Pinot Gris, Gewurztraminer, Pinot Noir

Cet article [Publi-info] Domaine André Lorentz est apparu en premier sur Terre de Vins.

La vallée du Rhône croit en ses crus

Au nombre de 8 au Nord, 9 au Sud, les crus des Côtes-du-Rhône sont mis en lumière collectivement depuis l’an dernier par Inter Rhône avec un focus supplémentaire sur les blancs.

« Les 17 crus des Côtes-du-Rhône*, vecteurs d’image et de valorisation, sont une famille qui grandit, le dernier entrant étant Cairanne en 2016, Gigondas a gagné le blanc en 2022 et Laudun est dans les tuyaux », rappelle en préambule le président d’Inter Rhône fraîchement réélu, Philippe Pellaton. Au lieu de persévérer dans une communication tronçonnée par appellation, l’interprofession a pris l’an dernier le virage vers un message global plus fédérateur, en France comme à l’international. Cette deuxième édition d’une manifestation parisienne collective s’est déroulée sous les feux des projecteurs du Studio Harcourt dans le 16e arrondissement de la capitale. Chaque cru, les septentrionaux au premier étage, les méridionaux au deuxième, proposait aux prescripteurs (presse, cavistes, sommeliers) une dégustation commentée de 5 ou 6 cuvées par les opérateurs volontaires. Un bref aperçu de la production qui concerne 647 caves particulières, 24 coopératives et 208 maisons de négoce et union de producteurs. 

Une catégorie en bonne santé
Tous les crus sont à la hausse, en surfaces comme en volumes avec un satisfecit particulier pour les septentrionaux à +8% en sorties de chais. Ces derniers représentent 6% des volumes de la récolte 2022 (de 2,6 M hl), soit 157 429 hl produits sur 4273 ha ; ceux du Sud pèsent 9% du total, soit 235 500 hl sur 7789 ha. La production y est majoritairement rouge à 87% (vs 76% pour l’ensemble rhodanien) contre 6% de rosés uniquement au Sud et 7% en blancs, ces derniers tendant à progresser. Après Cairanne et Gigondas, Vinsobres et Rasteau aimeraient également blanchir leurs vins, un dossier « en gestation avancée », tout comme Beaumes-de-Venise en sec. « Mieux vaut pousser la diversité pour ne pas garder les deux pieds dans le même sabot, surtout par ces temps difficiles de déconsommation des rouges, estime Philippe Pellaton. Aujourd’hui, on revient à une logique bicolore, le rosé ayant plus de mal à exister en cru, sauf Tavel bien sûr ». Quelques-uns s’affichent en trois couleurs (Vacqueyras, Lirac, Gigondas, Muscat de Beaumes-de-Venise), Crozes-Hermitage, Hermitage, Saint-Joseph et Cairanne revendiquent rouges et blancs, Tavel uniquement les rosés, mais une majorité des crus sont toujours en monochrome rouge, une tendance accentuée par l’Inao pour qui prime la reconnaissance de l’existant. 

Faire progresser les blancs
« Quand elle n’est pas dans l’AOP, une couleur peut disparaître au fil des années, les producteurs craignant parfois de se disperser. D’où l’importance de conserver des parcelles ‘reliques’ en Côtes-du-Rhône Villages qui permettent de légitimer un savoir-faire. Mais le blanc n’est pas bon partout. Si dans le Rhône septentrional, marsanne et roussanne sont à peu près calés, dans le vignoble méridional, on en est encore au transfert de compétences et à se demander si on choisit un ou plusieurs cépages même si Inter Rhône pousse plutôt aux assemblages ». Et Philippe Pellaton de mettre en garde de ne pas succomber aux sirènes des cépages à la mode comme viognier et roussanne pas forcément adaptés à tous les terroirs méridionaux. Néanmoins, l’Interprofession a décidé de soutenir fortement les blancs de la vallée du Rhône avec des investissements dans une communication dédiée (600 000€ par an pendant quatre ans) afin de doubler leurs part volumes d’ici 2031. La couleur représente 17% de la production en Rhône Nord avec notamment des appellations « blanches » comme Condrieu, Château Grillet et Saint-Péray, et seulement 5% dans les crus du Sud. « Le passage en cru est une procédure longue sur au moins 10-15 ans, souvent un projet générationnel. Il implique déjà un certain renoncement en termes de rendements et de surfaces, et des contraintes techniques, il ne faut donc pas se tromper d’encépagement ». Une mobilisation forte est également indispensable. La procédure de l’Inao a d’ailleurs évolué vers une réflexion préalable sur les délimitations parcellaires, sujet sensible réfléchi en début de parcours, avant que le groupe de vignerons constitué ne travaille sur le reste du dossier. 

*Crus septentrionaux : Côte Rôtie, Condrieu, Château-Grillet, Saint-Joseph, Hermitage, Crozes-Hermitage, Cornas, Saint-Péray
Crus méridionaux : Beaumes-de-Venise, Cairanne, Gigondas, Lirac, Rasteau, Tavel, Vacqueyras, Vinsobres, et en Vin Doux Naturel, Muscat de Beaumes-de-Venise et Rasteau  (et Châteauneuf du Pape hors Inter Rhône)

Cet article La vallée du Rhône croit en ses crus est apparu en premier sur Terre de Vins.

[J-18] Bordeaux Tasting : par ici les masterclasses !

La douzième édition de Bordeaux Tasting donne rendez-vous aux amateurs de vin les 9 et 10 décembre au Palais de la Bourse et dans quelques lieux annexes. Une nouvelle fois, de belles masterclasses sont au programme.

Profiter d’un moment privilégié avec quelques millésimes rares de grands crus d’exception, en présente du propriétaire, de celui ou celle a qui fait les vins de la propriété et apporte son éclairage technique, le tout en comité restreint, dans le cadre somptueux du Palais de la Bourse de Bordeaux et avec, en prime, l’expertise des équipes de Terre de Vins : c’est la promesse des masterclasses qui sont au programme de Bordeaux Tasting, le festival des grands vins dont la douzième édition se tient les 9 et 10 décembre. Voici le programme détaillé :

Samedi 9 décembre 11h-12h
Masterclass Riedel – L’importance du verre dans la dégustation
La forme d‘un verre influence-t-elle votre appréciation des vins ? Venez découvrir le rôle du verre dans l’expérience de la dégustation des vins ! On peut être sceptique devant l’idée que la forme d’un verre puisse avoir la moindre influence au nez et encore plus en bouche sur l’appréciation d’un vin. Et pourtant ! Il suffit d’une dégustation comparative pour en mesurer l’impact. Cet atelier vous permettra à travers 4 verres Riedel de la collection innovante et ultralégère Riedel Veloce, de comprendre pourquoi la forme d’un verre, loin d’être anodine, se doit d’être adaptée aux caractéristiques du vin pour en offrir le meilleur. A l’issue de cette dégustation, chaque participant repartira avec son set comprenant les quatre verres Riedel utilisés (valeur prix public 118 euros). En présence de Richard Guyon, directeur commercial régional.

©A. Viller

Samedi 9 décembre 13h30-14h30
Chateaunet Challenge

Venez mesurer vos qualités de dégustateur à l’aveugle et tenter de gagner de beaux cadeaux avec le Chateaunet Challenge, un moment à la fois ludique et pédagogique animé par Yves Tesson, rédacteur en chef adjoint de Terre de Vins. Pour en savoir un peu plus sur les éditions précédentes de cet exercice, c’est par ici.

Samedi 9 décembre 16h-17h
Rive Gauche / Rive Droite : trois bordeaux de légende

La famille Castéja est intimement liée à l’histoire de Bordeaux. Négociants et propriétaires, ils possèdent notamment trois grands crus classés, à Pauillac et Saint-Émilion, qui sont à l’honneur dans le cadre de cette masterclass : les châteaux Batailley, Lynch-Moussas et TrotteVieille. Deux millésimes sont présentés pour chaque propriété, afin de permettre aux dégustateurs de savourer tout le potentiel d’évolution de ces grands terroirs bordelais. Masterclass en présence de Frédéric Castéja.
Château Batailley 2009
Château Batailley 2016
Château Lynch-Moussas 2009
Château Lynch-Moussas 2019
Château TrotteVieille 2011
Château TrotteVieille 2016

Dimanche 10 décembre 11h-12h
Destination Saint-Émilion à travers six Grands Crus Classés
L’Association des Grands Crus Classés de Saint-Émilion vous invite à la découverte de toute la diversité de terroirs et de styles de cette prestigieuse appellation de la rive droite, en dégustant six vins sur le millésime 2020.
Château Destieux
Château de Pressac
Château Faugères
Château Fonroque
Château Tour Baladoz
Château Yon-Figeac

Dimanche 10 décembre 13h30-14h30
À la rencontre des 2016 de Pomerol Séduction

L’association Pomerol Séduction réunit quelques-unes des propriétés les plus emblématiques de l’appellation de la rive droite. Pour lever le voile sur la diversité et le très haut niveau qualitatif de ces pépites pomerolaises, autour du millésime 2016, neuf vins sont proposés en dégustation :
Château Beauregard, Château Clinet, Château Gazin, Château Mazeyres, Château La Pointe, Château Rouget, Château Vieux Maillet, Clos du Clocher.

Dimanche 10 décembre 16h-17h
Champagne Veuve Clicquot – La Grande Dame Rosé, la gloire du Pinot Noir
Découvrez toute la splendeur du champagne rosé à travers une cuvée de référence, La Grande Dame de la maison Veuve Clicquot, à travers laquelle s’exprime toute la beauté du cépage pinot noir. Sont proposés en dégustation : La Grande Dame Rosé 1998 (Magnum), La Grande Dame Rosé 2012 (Bouteille) et La Grande Dame Rosé 2015 (Bouteille).

La billetterie et toutes les informations sont disponibles en cliquant ici.

Cet article [J-18] Bordeaux Tasting : par ici les masterclasses ! est apparu en premier sur Terre de Vins.

Omar Barbosa est le meilleur sommelier de Bordeaux

Son CV a de quoi impressionner ! Il est meilleur Sommelier du Mexique 2011, puis 2013. Il participe au Concours du Meilleur Sommelier du monde la même année, en arrivant à la 23e place sur une soixantaine de candidats en lice. Il arrive en France en 2016 pour un Master en économie du vin. Diplôme en poche, il fait un passage en tant que sommelier au restaurant le 7 à la Cité du vin de Bordeaux. Il est aujourd’hui Sommelier Responsable Accueil et Formation pour Barton & Guestier et meilleur Sommelier des Vins de Bordeaux 2024 depuis ce midi. 

Omar, comment se sont déroulées les épreuves?
Il y a eu une première épreuve écrite avec une quarantaine de questions théoriques autour des appellations des vins de Bordeaux, comme la nouvelle AOC Entre-deux-mers rouge, les démarches pour autoriser les médocs blancs, mais aussi sur le nouveau classement des vins de Saint-émilion, sur les démarches environnementales, les noms de certaines bactéries intervenants dans l’élevage etc … Autour de ça, des questions de culture générale le nom de l’appellation associée à des cuvées, des événements qui se font dans des lieux spécifiques du Bordelais, les noms importants du CIVB etc. Nous sommes passés ensuite sur une dégustation et description de deux vins rouges à l’aveugle, le tout en 10 minutes. J’ai su après que c’était un château Damel 2009 en Fronsac et un Lions de Batailley 2016 en appellation Pauillac. J’avais trouvé le Fronsac, mais le Batailley, il m’aurait fallu quelques minutes de plus.

 ©Artiste Associé

Vous avez remporté ces deux épreuves écrites, puis enchaîné sur les deux pratiques ?
Oui, la première était une dégustation d’un vin blanc. Il fallait être très attentif aux instructions. On nous a demandé de « décrire les arômes des vins, les sensations en bouche et d’identifier les vins ». Beaucoup de candidats, on décrit la partie visuelle, il fallait vraiment respecter la consigne, ni plus ni moins. Pour moi, c’était clair, c’était un Pessac-Léognan blanc, Grand Cru Classé, je me suis trompée sur l’année. Il s’agissait d’un château Olivier 2019. Majoritairement sauvignon blanc, assemblé au sémillon, un vin racé, typique de l’aop. Ensuite une autre épreuve avec un scénario. Six touristes arrivent dans le Bordelais et s’installent dans mon restaurant, ils veulent découvrir les vins de Bordeaux. Nous devions composer les accords mets et vins avec un menu imposé : gelée d’huître et caviar d’Aquitaine, Saint-Jacques sauce safranée, palombes aux cèpes du Médoc et en dessert un sabayon aux fruits exotiques et agrumes. J’ai proposé un crémant de Bordeaux en apéritif, un Entre-deux-mers pour l’entrée, un Pessac-Léognan, un Saint-émilion et pour terminer un Sauternes. Le plus important était de justifier nos choix, et de préciser le service (carafage, température..)

Pourquoi avoir participé à ce concours ? A-t-on encore des choses à prouver quand on est le déjà meilleur sommelier de son pays d’origine ?
Quel que soit le concours, c’est toujours une remise en question. Je crois que j’avais besoin de me donner une légitimée pour le métier que j’exerce actuellement. Je suis responsable formation et accueil au château Magnol, classé Cru Bourgeois. 50 % de mon métier, c’est de former les clients que nous recevons au château notamment aux vins de Bordeaux. Et puis les lots sont vraiment incroyables*.

Comment vous êtes-vous préparé ?
J’ai lu beaucoup, révisé encore plus. J’ai repris tous les classements, tous les grands noms du Bordelais, mais aussi tous ceux des plus petits domaines. J’ai aussi beaucoup dégusté en me fixant sur 3 mins pas plus, en écrivant le descriptif des vins pour me forcer à bien identifier les arômes, le millésime, le château, l’appellation, l’assemblage. J’ai beaucoup travaillé sur les différences entre rive droite et rive gauche (les arômes, les tanins…). Une fois que j’avais bien acquis cela, je me challengé à l’aveugle. Et enfin, je suis passé aussi par un passage à l’oral, pour bien décrire les vins en 4 mins à voix haute.

Quelle est la suite ?
Je passe en ce moment mon Master of Wine, je suis en première année, il y en a trois. J’aimerais bien candidater pour le concours des MOF sommelier ou pour devenir Meilleur Sommelier de France. J’ai vieilli, je gère mieux le stress et mes connaissances. Je me suis bien amélioré, donc pourquoi pas prétendre à nouveau, au titre de Meilleur Sommelier du monde en 2026 en tant que candidat mexicain ! 

* Un séjour pour une personne pour participer à Vinexpo Hong-Kong 2024 ou au Hong-Kong Wine and Dine Festival 2024 d’une valeur globale approximative de 2.600 € TTC

Cet article Omar Barbosa est le meilleur sommelier de Bordeaux est apparu en premier sur Terre de Vins.

Barons de Rothschild : la Champagne vue par les Médocains 

Alors que le champagne Barons de Rotschild lance le millésime 2013 de Rare Collection en blanc de blancs et en rosé, Philippe Sereys de Rotshchild à l’occasion d’un déjeuner au Royal Monceau s’est confié sur la vision très singulière qu’apporte cette famille du Médoc au champagne.

Lorsque Philippe Sereys de Rothschild nous raconte cette aventure, il a les yeux qui pétillent. Cette idée un peu folle de s’installer en Champagne en créant de toutes pièces une nouvelle maison est née en 2005 de l’envie des trois branches (Philippe avec Mouton-Rothschild, Benjamin et Ariane avec Château Clarke, Eric et sa fille Saskia avec Château Lafite-Rothschild) de se prouver qu’elles pouvaient construire un projet ensemble. « Nous souhaitions aussi découvrir autre chose. C’est un peu dans notre ADN. Mon grand-père s’était lancé dans la Nappa Valley, ma mère au Chili. » Mais attention, pas question de transformer cette entreprise en une énième filiale dans l’organigramme. Chaque membre devait être personnellement impliqué et toutes les décisions prises à l’unanimité. « Nous avons trois conseils par an. C’est déjà l’occasion de se retrouver et en général il se passe bien 25 minutes avant que l’on puisse démarrer la réunion. Ensuite, les discussions sont mouvementées parce que chacun a un avis bien tranché. Comme dirait Tolstoï, toutes les familles heureuses se ressemblent. Si vous avez une famille qui ne s’engueule pas, vous n’êtes pas dans la bonne ! » 

L’ambition n’est pas ici d’atteindre la taille des grandes marques historiques. « L’univers du champagne est déjà très structuré, nous ne trouverions pas notre place. L’idée est plutôt, justement, de rester un champagne de famille, très sélectif ». Un élitisme qui a conduit la bande de cousins à choisir la Côte des Blancs. « Le chardonnay est le cépage qui demande le plus d’élevage en Champagne. Évidemment, pour les Médocains que nous sommes, c’est une dimension qui nous intéressait ! »

Un nouvel écrin : la cuverie de Vertus et le bâtiment de stockage d’Oger
Cette culture du small is beautiful n’empêche pas les Rothschild de procéder à des investissements massifs. À la fois dans l’achat de vignes, mais aussi, récemment, dans la construction d’une cuverie à Vertus et d’un bâtiment dédié au vieillissement en bouteille à Oger. « Nous avons commencé à rapatrier les 2.800.000 flacons qui étaient répartis dans six sites différents à Vertus. Le nouveau bâtiment est de plain pied, semi-enterré ce qui permet de profiter de l’inertie thermique tandis que les 4500 m2 de panneaux photovoltaïques assurent 75% de l’électricité. » Sa construction étant ex-nihilo, elle n’a pas posé beaucoup de difficultés et l’ensemble sera opérationnel dès 2024. 

Il en va autrement de la nouvelle cuverie à Vertus. « Ce dernier chantier est une rénovation, celle d’un ancien bâtiment industriel du XIXe siècle, dont l’allure fait un peu penser à Zola et Germinal. Le défi consiste à poser des cuves au-dessus de caves très anciennes du XVIIe et XVIIIe siècle, sans que celles-ci ne s’effondrent sous leur poids. Voilà pourquoi nous avons fait appel à Giovanni Pace, un architecte qui a dû affronter des contraintes similaires sur le site de Pol Roger » Ce site intégrant une dimension hospitality, l’esthétique a été très soignée avec notamment une charpente en forme de coque de bateau renversée semblable à celle de Château l’Angelus. Même le bâtiment abritant les anciens bureaux du champagne Prieur a été conservé pour y installer le pressoir. Les trois étages ont été supprimés, tout en gardant les fenêtres.

Côtés vins, la Maison Barons de Rothschild présente cette année le second opus de Rare Collection, un blanc de blancs millésimé 2013 assemblant quatre grands crus, Cramant, Avize, Oger et le Mesnil.  Le chef de caves Guillaume Lété explique : « Nous cherchons à pousser le plus possible la maturité sur les raisins. Il s’agit ainsi de parcelles essentiellement exposées Sud, avec un travail très sélectif, puisque ce tirage ne représente que 10.000 bouteilles soit l’équivalent d’un hectare. » La Maison ne renie pas ses habitudes médocaines. Les chardonnays sont en effet élevés en cuve inox et en barrique sur lie fine jusqu’au mois de juillet suivant la vendange, ce qui est plutôt long en Champagne où le cœur des réflexions se focalise davantage sur le vieillissement sur lie en bouteille. « À l’époque, sur ces millésimes qui étaient encore assez froids, nous procédions encore à des bâtonnages pour remettre en suspension les lies et travailler un peu les vins sur la largeur. L’objectif était de balancer l’austérité et la minéralité de l’entrée de bouche. » Le résultat, c’est un champagne qui réussit à afficher une vraie personnalité tout en conservant une parfaite buvabilité, deux dimensions souvent contradictoires. On a en effet à la fois cette signature racée très crayeuse, très verticale et très saline et en même temps des arômes plus chaleureux de citron confit et d’amande un peu grillée qui rendent l’ensemble flatteur.

La Maison sort également ce 2013 en rosé, en ajoutant 8 % de vin rouge à cet assemblage de grands blancs. « Nous avons choisi des pinots noirs de Vertus. Avant de devenir un cru réputé pour les blancs, le village était célèbre pour ses noirs. Au XIXe siècle, il approvisionnait le Bassin parisien en vins rouges de table. Vertus a en effet suffisamment de profondeur de sol pour assumer une maturation un peu plus poussée, on peut aller extraire de la matière. Pour le reste, nous sommes allés chercher des raisins à Verzenay, au Nord de la Montagne, où les vins ont un côté plus direct. L’objectif de ce vin rouge est d’apporter un peu de puissance, de gourmandise et d’épice, mais sans contrer la minéralité des chardonnays. La salinité est par exemple encore perceptible. L’élaboration est à contre-courant de ce que nous pratiquons dans le Médoc. Nous opérons une macération préfermentaire à froid de 3 à 5 jours qui vise à extraire du fruit et de la couleur. Ensuite, nous basculons dans une macération alcoolique qui constitue une sorte d’infusion légère de 5 à 7 jours, où nous travaillons par remontage et où nous ne ne voulons surtout pas d’extraction des pellicules et des pépins, pour ne pas ajouter une structure tannique à notre base de chardonnay. » (Coffret blanc 310€, coffret rosé 390€)

Cet article Barons de Rothschild : la Champagne vue par les Médocains  est apparu en premier sur Terre de Vins.

Hospices de Beaune : le coup de marteau est tombé

La vente aux enchères des Hospices de Beaune a eu lieu hier. Sans atteindre le record de 2022, les Bourguignons n’ont pas à rougir de son résultat, 23,8 millions d’euros qui viendront soutenir les hôpitaux et maisons de retraite de la ville.

À Beaune, le coup de marteau est tombé dimanche. Pour sa 163ème édition, la vente aux enchères caritative des Hospices, sans battre le record de l’année dernière (29 millions d’euros) a tout de même atteint la coquette somme de 23,8 millions d’euros, très loin au-dessus du record de 2018 (14 millions). Il faut rapporter tout cela aussi au nombre de fûts disponibles cette année, légèrement inférieur à celui des vendanges 2022. Une baisse surprenante compte tenu des rendements importants qui étaient attendus, mais qui s’explique par le tri qu’exigeait la qualité sanitaire plus hétérogène que l’année dernière. Les Bourguignons peuvent donc avoir le sourire. La star de cette vente est toujours « la pièce de charité » destinée à une cause particulière. Sur cette dernière, l’enchère a atteint 350.000 euros contre 810.000 l’année dernière. Cette somme sera reversée à la Fondation pour la recherche médicale et à l’Initiative pour la recherche sur la longévité en bonne santé. La première étant parrainée par Thierry Lhermite qui a animé avec talent la vente et la seconde par Michel Cymes qui était à ses côtés. Alors qu’en 2022 la cause était celle des enfants, en 2023, c’est celle du « bien vieillir » qui a été mise en avant, elle-même faisant écho évidemment à la capacité des grands vins de Bourgogne à traverser le temps.

Cet article Hospices de Beaune : le coup de marteau est tombé est apparu en premier sur Terre de Vins.

Domaine Jean Fery : le réveil d’une belle endormie

Ce Domaine historique de Bourgogne est resté plutôt hors des radars. Mais le patrimoine de vignes est exceptionnel et les objectifs sont ambitieux pour redonner tout son lustre à ce domaine familial.

Si le domaine Jean Fery est installé à Echevronne dans les Hautes Côtes, « l’arrière-côte » comme aiment l’appeler les Bourguignons, c’est que son histoire commence là-haut, dans ces paysages superbes et vallonnés bien plus séduisants que ceux de Côtes de Nuits et Côtes de Beaune. A l’époque, l’arrière-grand-père de Laurent et Frédéric Fery, 4ème génération aujourd’hui à la tête du domaine, se lance avec succès dans le commerce des petits fruits rouges. C’est lui qui achètera les premières vignes qui seront largement développées par ses enfants. Mais la figure la plus marquante sera celle de Jean-Louis, le père de Frédéric et Laurent qui investira une partie de sa fortune d’entrepreneur dans l’achat de vignes dans de très prestigieuses appellations. C’est ainsi que des 7 ha à son arrivée en 1989, le patrimoine viticole est passé a environ 33 ha aujourd’hui, au gré également de rachat de vignes d’une autre partie de la famille. Ce n’est pas moins d’une vingtaine d’appellations qui sont aujourd’hui vinifiées : Gevrey-Chambertin, Morey-Saint-Denis, Vougeot, Vosne-Romanée, Nuits-Saint-Georges, Pernand-Vergelesses, Savigny-lès-Beaune, Meursault, Puligny-Montrachet, Chassagne-Montrachet, Corton grand cru… de quoi avoir le tournis ! Toutefois, jusqu’à présent, la notoriété de ce domaine n’était pas très importante, les vins étant plutôt produits de manière traditionnelle et relativement standardisée. Il fallait donc donner une impulsion nouvelle.

Franchir l’Everest
Après plusieurs années à la direction technique du domaine, Laurence Danel a laissé sa place en début d’année à François Lécaillon. Passé par de belles maisons, notamment 4 ans au domaine de la Vougeraie puis 4 ans au domaine Armand Heitz, c’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il a accepté de relever le défi de la marche vers une plus grande qualité, confiant avec lucidité à Laurent : « on va monter l’Everest ensemble ». De nombreux chantiers devaient en effet être menés, qu’il s’agisse d’une réflexion sur l’enherbement des vignes, sur les rendements, sur les parcours de vinification jusqu’ici trop normés et peu individualisés. En seulement 6 mois, François s’est relevé les manches en repensant déjà l’organisation de la cuverie pour pouvoir renforcer l’approche parcellaire. Les contenants utilisés pour les élevages sont aussi repensés, les amphores en grès prenant doucement une part un peu plus importante. Les vins aujourd’hui plaisants, comme le Bourgogne Hautes Cotes de Beaune blanc, le Givry blanc ou bien encore le Sévigny les Beaune Sous la Cabotte rouge, vont pouvoir ainsi gagner en précision et en définition. L’ambition est là, l’énergie déployée par François est palpable avec des changements déjà mis en œuvre par exemple en intégrant davantage de vendanges entières en 2023 sur le Hauts Cotes de Nuits village Le Clos de Magny, terroir de grande qualité qui pourrait bien devenir l’un des fers de lance du domaine. A l’image du Savigny les Beaune 1er cru les Vergelesses blanc.

Affaire à suivre donc.

Cet article Domaine Jean Fery : le réveil d’une belle endormie est apparu en premier sur Terre de Vins.

Des Corréziens à Bordeaux : une histoire improbable

C’est à partir du canton de Meymac, en Haute-Corrèze, que naît, au milieu du XIXe, l’histoire de la vente des vins de Bordeaux par des Corréziens. Jean Gaye-Bordas fut sans doute le premier marchand véritablement audacieux. Une histoire improbable, qui n’aurait jamais dû être, mais qui a permis d’irriguer économiquement la Haute-Corrèze. 

L’aventure commence vers 1865-1866. Comme beaucoup de jeunes paysans du Limousin, Jean Gaye-Bordas descendait de la Haute-Corrèze pour pratiquer un métier saisonnier, dans une grande ville. Vendeur de parapluies ambulant à Bordeaux, mais corrézien, il devine qu’on peut vendre du vin de Bordeaux à des particuliers, dans le nord de la France et en Belgique. Il ne savait ni lire ni écrire, mais avait un esprit d’entreprise solide qui fut « vraisemblablement repéré par une maison de négoce bordelaise » explique Marcel Parinaud, auteur qui a beaucoup fouillé le sujet de ces corréziens aventuriers. « Vers 1870, avec Antoine Pécresse et deux autres habitants de Meymac, il fonde à Bordeaux une société de vente de vins et entreprend le démarchage à domicile ». En s’appuyant sur les maisons du négoce bordelais qui lui fournissent le vin, il propose la vente directe, sans dégustation, et un paiement différé une fois le vin livré, lors du 2ème passage , c’est-à-dire 6 mois après. Un peu plus tard, Jean Gaye-Bordas restera à Pauillac et enverra des corréziens vendre le vin. Pour un Belge ou un Lillois, Meymac, c’est à coté de Bordeaux. C’est ainsi que par commodité et sans doute à l’initiative des acheteurs plus que Jean Gaye-Bordas lui-même, Meymac-près-Bordeaux devient en quelque sorte un code postal pratique qui a participé à la légende. Mais il faut d’abord y voir « une histoire économique qui a eu un impact sur la Haute-Corrèze ». Jean Gaye-Bordas s’enrichit rapidement et achète vignobles et châteaux dans le bordelais à une époque où l’hectare de vigne n’était pas cher. Beaucoup l’imitèrent.

Un succès qui fait des émules
Dans les années 1900, une centaine de haut-corréziens pratiquèrent ce commerce lucratif. Une prospérité dont on peut encore voir les traces car ces corréziens, issus de la paysannerie représentent une nouvelle bourgeoisie et font construire dans leur village d’origine « un peu avant la guerre de 14-18, de belles maisons cossues qui ne rappellent pas le style des châteaux bordelais et qui restent de facture classique » précise Marcel Parinaud. L’auteur a redécouvert et exploité les archives de ces familles corréziennes pour reconstituer cette saga de la fin du 19ème et du 20ème  siècle, et dont les noms restent rattachés encore pour la place de Bordeaux à la Corrèze.

Les familles
Bordeaux n’a pas oublié les noms de ces familles qui ont réussi alors que le négoce existait déjà. Mais comme le dit Marcel Parinaud, en venant s’installer à Libourne ou à Bordeaux et en achetant des chais et des vignobles, « ils ont acheté un outil de travail ». Borie, propriétaire de Ducru Beaucaillou. Pécresse, jadis propriétaire du château Bellevue à Pauillac. Chassagnoux, il y a encore peu de temps, propriétaire du château Jean Voisin à Saint Emilion. Albert et Emilie Brunot pour le château Cantenac, Bourotte-Audy, qui possède à Pomerol le château du Clocher. Moueix, propriétaire actuellement de Taillefer à Pomerol mais surtout de Petrus. etc… « Mais aucun n’a oublié le pays ». Telle est l’aventure de ces corréziens : une aventure économique, familiale et sociologique. Une histoire improbable « qui n’aurait jamais dû exister ».

Pour mieux comprendre.  

l’Association des amis de Meymac-près-Bordeaux créée par Marcel Parinaud et présidée maintenant par Pierre Ouzoulias un ancien viticulteur-négociant corrézien.

Le musée réparti sur plusieurs sites, dont une salle d’exposition au pôle culturel de Meymac, en visite libre et ouverte toute l’année, avec un livret ou visite par QR code. Un musée pour lequel Pierre Ouzoulias a fourni un très beau matériel viticole.  

La vigne : à Meymac, composée de 150 pieds d’un cépage ancien (Estela di baco) qui sert à des vendanges tardives.

la maison de Jean Gaye-Bordas, à Meymac.

Le livre de Marcel Parinaud : « Meymac-près-Bordeaux, de la bruyère à la vigne ».

Le restaurant chez « Françoise Bleu » : à Meymac : cave fabuleuse !

Cet article Des Corréziens à Bordeaux : une histoire improbable est apparu en premier sur Terre de Vins.