[Entretien] Château Lestage-Darquier Grand Poujeaux : un cru de poche

Dans la famille Cordonnier, nouvellement propriétaire du Château Lestage-Darquier Grand Poujeaux en Moulis-en-Médoc, nous donnons la parole au fils, Théophile, qui ne cache pas ses ambitions pour ce cru de poche. 

2022 est un millésime singulier pour vous avec le Château Lestage-Darquier Grand Poujeaux, pouvez-vous nous rappeler la genèse du projet ?
C’est à la fois un désir de développement et une histoire de relations humaines. Lestage-Darquier Grand Poujeaux a attiré notre attention à la fois par la grande qualité de ses terroirs de graves, l’opportunité d’y déployer notre projet agro-forestier et le potentiel de développement d’un cru de 3,5 hectares haut-de-gamme un peu confidentiel. Mon père connaissait par ailleurs les Bernard depuis longtemps, la sympathie et le respect mutuels étaient évidents. Nous avons d’ailleurs intégré leur fils et leur gendre dans notre équipe.

La sélection parcellaire, le bio, l’agroforesterie, autant d’efforts mais quelle est la signature recherchée ?
Avec un terroir d’un tel niveau il était très intéressant d’inverser les proportions habituelles de sélection pratiquées dans notre appellation, qui maximisent le volume de grand vin. Ne retenir que 30 % des parcelles acquises dans le Château Lestage-Darquier Grand Poujeaux nous permet de sortir du lot. Nous voulons aussi clairement utiliser nettement plus de cabernet sauvignon que dans l’assemblage traditionnel d’Anthonic, notre autre propriété, à forte dominante de merlot. Mais nous désirons conserver notre âme, à savoir une matière au service de l’élégance, un élevage dédié au fruit, une fraîcheur qui témoigne de nos pratiques au vignoble.

Pouvez-vous nous en dire davantage concernant la particularité de l’élevage?
L’élevage de 40% en amphores et de 60% en demi-muids neufs s’est imposé comme une évidence pour un positionnement hautement qualitatif et en rupture avec les codes classiques. Notre recul sur l’élevage en amphores Tava de 750 litres depuis 2019 nous a clairement montré son adaptation au profil des vins bio. Nos essais jusqu’à 40%, en amphore se sont révélés pertinents. Nous avons aussi la certitude que le meilleur complément est un élevage en demi-muids neufs. Ces barriques de 500 litres, soit le double de la traditionnelle barrique bordelaise, permettent en effet de parier sur l’apport de bois neuf sans aucun risque d’excès.

Quel est le positionnement de ce cru ?
Le positionnement est venu naturellement. Il correspond à la conjonction de nos choix qualitatifs très exigeants et d’une petite production de 14 500 bouteilles. Notre gamme laissait la place à un produit placé en haut du panier de l’appellation et nos clients ont très rapidement adhéré au projet. 85 % du volume produit est à ce jour déjà vendu en primeur. Restait à trouver l’unité graphique. Nous avons confié l’étiquette à mon frère Pierre-Louis Cordonnier, l’artiste Picor. Il a travaillé main dans la main avec notre importateur américain, De Maison Selections, dès la genèse du projet au printemps 2022. Il a puisé dans la thématique des deux aigles se disputant une grappe de raisin, blason d’Anthonic créé il y a tout juste cent ans. L’aigle victorieux prend son envol !

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La Calisse en extension et transmission

Le doublement de surface du Château La Calisse de Patricia Ortelli s’accompagne de l’arrivée de la nouvelle génération sur ce domaine des Coteaux-Varois-en-Provence.

La Calisse n’est pas à vendre – il est toujours bon de le rappeler par les temps qui courent, et elle vient même de doubler sa surface, passant de 14 à 28 hectares. Le domaine de Patricia Ortelli à Pontévès dans le Haut Var s’est agrandi  des parcelles voisines, à moins d’un kilomètre, sur le même coteau à 400 m d’altitude. Les vignes y avaient été arrachées dans les années 60 pour en faire des pâturages à moutons et à vaches avec quelques chèvres. Elles seront donc facilement convertibles en bio comme tout le domaine.

Tout planter
C’est au total une vingtaine d’hectares qui ont été rachetés dont une quinzaine va être replantée en AOP Coteaux Varois en Provence. Ils entreront à terme dans les cuvées de La Calisse. Pas de changement d’encépagement prévu, grenache, syrah, cabernet sauvignon, rolle, grenache blanc et clairette pour maintenir une production à part égales entre les trois couleurs, une répartition pour le moins atypique en Provence où rouges et blancs dépassent rarement quelques pour-cents.

©DR

A côté des 200 oliviers (pour une production familiale confidentielle), La Calisse compte actuellement huit cépages avec la syrah majoritaire dans les rouges avec le cabernet sauvignon, le grenache plutôt pour les rosés et le rolle réservé aux blancs. « Les rolles de départ provenaient de sélections massales du château de Bellet, berceau du cépage en provenance de Sardaigne et de Corse, annonce fièrement la vigneronne. Aujourd’hui, les sélections massales viennent de chez nous ; pour les rouges, nous allons surtout replanter des syrahs et des cabernets sauvignons après les grenaches ».

Une nouvelle génération au domaine
Autre actualité, l’arrivée du fils, Étienne, 39 ans, aux côtés de sa mère depuis trois ans après des études d’ingénieur et une première vie à Paris notamment comme créateur d’escape games. Il a repassé un BTS vitiœno pour rejoindre le domaine à plein temps tout en étant basé à Aix avec sa famille : « La Calisse, c’est toute ma jeunesse. J’étais déjà là au moment des plantations et je me souviens avoir arrosé les vignes quand j’avais huit ans. ; à l’époque, nous n’avions que 6 hectares ». Patricia Ortelli avait acheté le domaine aux enchères sur un coup de tête en juin 1991. Elle l’avait entièrement restructuré et d’emblée converti en bio, l’un des premiers de la région.

Avec l’agrandissement du domaine a été lancée la construction d’une deuxième cave de vinification en pierres à un kilomètre de la première, au milieu des vignes. Elle devrait être opérationnelle pour la vendange 2024. « Nous n’allons pas changer de process, la cave sera toujours équipée principalement de cuves inox pour préserver la pureté du terroir » précise la néo vigneronne. Seule la fermentation des blancs se fait en barriques. Aux 40 cuves actuelles viendront s’ajouter une trentaine de nouvelles, de petites capacités. « Mais avec l’arrivée d’Etienne, je vais pouvoir aller plus souvent à la plage » ironise Patricia Ortelli. Un vœu pieux auquel ne croit absolument pas son fils.

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[Bourgogne] Morey et Chambolle annoncent le programme de leur Saint-Vincent

La 80e Saint-Vincent Tournante aura lieu à Morey-Saint-Denis et Chambolle-Musigny les 27 et 28 janvier 2024. Les organisateurs annoncent déjà un programme alléchant.

Les 27 et 28 janvier 2024, la Saint-Vincent Tournante – grande fête des vignerons de Bourgogne – se déroulera au cœur de la Côte de Nuits, dans les prestigieux villages de Chambolle-Musigny et Morey-Saint-Denis. Et malgré les neuf mois qui nous sépare de cette 80e édition, la gestation de l’événement a déjà bien avancé.

Des dons des domaines en dégustation libre
Ainsi le point d’orgue des festivités, à savoir la dégustation de vins dans les caveaux des deux villages, s’annonce généreuse. Seront servies deux cuvées spéciales Saint Vincent : « un chambolle-musigny-village et un morey-saint-denis village, tous deux du millésime 2022 », annoncent les organisateurs. Et ce n’est pas tout. « Au printemps 2019, une vingtaine de passionnés et de professionnels se sont réunis en une Commission Vins, pour solliciter des dons de bouteilles. Près de 70 domaines, présents sur les deux villages, proposeront donc leurs appellations régionales, villages, premiers crus et ce, depuis le millésime 2017 ».

Pour participer, une seule condition : se procurer un kit de dégustation au tarif de 20 euros. Là encore, l’organisation est en avance : ces pass sont disponibles en pré-réservation sur le site de l’événement depuis ce samedi 15 avril. On peut aussi s’y procurer un billet coupe-file.

Chambolle, le retour aux sources
La Saint-Vincent Tournante est aussi l’occasion pour les villages-hôtes de proposer une ambiance festive, faite de décorations (dont les fameuses fleurs en papier), stands gastronomiques, concerts et dîners de gala. En la matière, les organisateurs annoncent d’ores et déjà qu’il s’agira d’un « événement écoresponsable » axé autour du thème « Arts et Vin ».

En 1938, la première Saint-Vincent Tournante s’était déjà déroulée à Chambolle-Musigny. Pour sa part, le village de Morey-Saint-Denis avait marqué les esprits en 1973 en lançant pour la première fois un verre gravé spécialement pour la Saint Vincent Tournante, coutume depuis conservée.

Informations et avancée des préparatifs sur www.saintvincent2024.fr ainsi que sur les réseaux sociaux.

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[Châteauneuf-du-pape] Le domaine André Brunel inaugure son chai de vinification

C’est un bel outil qui va offrir de nouvelles perspectives à Fabrice Brunel. Le vigneron optimise sa production et sa visibilité tout en conservant ses valeurs et son savoir-faire.

Dj, sonorisation, mise en lumières, le nouveau chai du domaine André Brunel avait des airs de boite de nuit pour son inauguration. Ambiance décontractée à l’image de Fabrice, le représentant de la cinquième génération de vigneron présente sur Châteauneuf-du-pape. Les premières traces de ses descendants remontent à 1749. C’est en 1954 que Lucien créé la marque « Les Cailloux ». Son fils André, le père de Fabrice, a développé le domaine et la commercialisation en bouteilles, au début des années soixante dix. Outre l’achat de vignes en Côtes du Rhône et en Vin de France, il lance sa société de négoce. La première cuvée « Centenaire » en Châteauneuf-du-pape, sera vinifiée en 1989, elle lui ouvrira le marché américain.

Ingénieur en électronique, Fabrice arrive sur le domaine fin 2012. La continuité n’empêche pas l’évolution. Certifiée HVE3, le domaine joue la carte environnementale, à la vigne et à la cave. Justement, ce nouveau chai bénéficie des dernières technologies telles des panneaux solaires ou un générateur d’azote pour minimiser l’utilisation d’eau. Adjacente à l’ancienne cave, la cuverie inox thermorégulée fabriquée en France, offre une capacité de 3000 hectolitres supplémentaires, dont 1000 de stockage. Outre le confort apporté, elle permettra des vinifications parcellaires plus précises, afin de personnaliser les cuvées issues des 20 hectares de Châteauneuf du Pape, 50 en Côtes du Rhône et 30 en Vin de France.

©MP Delpeuch

Cette inauguration fut l’occasion pour Terre de Vins de déguster deux vieux millésimes de la cuvée « Centenaire ». Le rouge 2010 propose un nez légèrement animal, riche de fruits compotés, conjuguant concentration et précision, sur de jolis tanins délicats enrichis de notes fumées.

Le millésime 2015 blanc, où la roussanne domine le grenache à hauteur de 80 %, poire, abricot sec, miel, offrent de l’onctuosité dans une fraîcheur maintenue portée par la salinité et la minéralité.

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La Provence en quête de nouveaux cépages adapté au réchauffement climatique

Les vins de Provence ont mis en œuvre un plan de bataille afin d’étudier toutes les pistes d’évolutions de l’encépagement pouvant aider le vignoble à s’adapter au réchauffement climatique.

« Nous réfléchissons à différentes possibilités pour décaler les maturations par des tailles plus tardives, des ombrages par la végétation, par des arbres dans les rangs, des panneaux voltaïques mobiles, explique Constance Cunty, ingénieur agronome à l’IFV (Institut Français de la Vigne et du vin). Les essais sous filets ont déjà démontré un décalage d’une dizaine de jours et une diminution de la contrainte hydrique. La gestion des sols comme le paillage, la mycorhization, les biochars (des matières carbonées inertes issues de marcs de raisins) permettent aussi d’améliorer la capacité de rétention ». La conduite de la vigne offre déjà une large palette d’outils mais le groupe IFV-Centre du Rosé-Inrae s’est également penché sur le matériel végétal en étudiant les anciennes variétés autochtones de Provence, des cépages étrangers ou des nouveaux hybrides résistants créés à partir de cépages locaux comme le rolle et le cinsault. Au Conservatoire des cépages de l’abbaye de La Celle dans le Var, une dizaine de pieds par variété de cépages résistants ont été plantés pour suivre leur évolution et leur comportement en situation de stress hydrique.

Les Vifa au microscope
L’IFV a déjà constaté une évolution de l’encépagement depuis quelques décennies. Grenache, cinsault et syrah représentent désormais les trois quarts du vignoble (dans les années 60, plus de 80 % étaient en carignan, ugni blanc et clairette), le rolle continue de progresser tandis que le cabernet sauvignon, beaucoup replanté entre les années 70 et 90, est de plus en plus délaissé car peu adapté aux rosés. Les essais ont démarré en 2016 avec le rousseli (ou roussanne du Var) et le caladoc résistants à la sécheresse et aux maladies. Fin 2021, caladoc, rousseli et cinq cépages étrangers (moschofilero et Verdejo pour blancs et rosés, Calabrese, xinomavro et agiorgitiko pour les rouges) ont intégré le cahier des charges des Côtes-de-Provence. Par ailleurs, les travaux d’intégration des Vifa (Variété d’Intérêt à Fin d’Adaptation) ont commencé à partir de 2019, les premières plantations en 2022. En 2023, ils s’étendront sur 8,25 hectares en 23 parcelles de 14 exploitations réparties dans toute l’aire d’appellation. Un travail analogue a été entamé par l’IGP Var avec trois cépages (sauvignac, floréal, souvignier gris) qui devraient être intégrés rapidement au cahier des charges.

C’est au total plus d’une trentaine de cépages qui ont été répertoriés avec leurs critères détaillés pour déterminer les replantations idéales en Provence. Parmi les critères majeurs qui entrent en ligne de compte, la faiblesse du degré alcoolique, une forte acidité, une faible intensité colorante, une tolérance à la sécheresse, une bonne résistance au mildiou et à l’oidium, une intensite aromatique…. mais également un beau potentiel de production et la disponibilité du matériel végétal.

Alimenter ensemble une banque de données

L’important est de recenser qui plante quoi 

Nathalie Pouzalgues, chargée de projets au Centre du Rosé.

Le challenge est de collecter des données fiables en homogénéisant les méthodes d’observation pour savoir ce que le cépage a dans le ventre et d’alimenter ensemble une banque de données en ligne accessible à  tous les viticulteurs. Car si on ne change rien, l’acidité et la sensation de fraîcheur vont diminuer dans nos vins, le taux d’alcool va augmenter et la typicité en serait bouleversée ».

Le Centre du Rosé analyse un million de vins du monde chaque année; ils affichent un degré moyen de 12,4 % vol tandis qu’il avoisine les 13,5 en Provence. « Pour y remédier il faut plutôt faire du préventif que du curatif et jouer sur l’encépagement, la conduite du vignoble et des méthodes biologiques plutôt que de se tourner vers des solutions chimiques » insiste Nathalie Pouzalgues. Le groupe de travail n’en est qu’au début de l’aventure puisqu’il faudra attendre 10 ans de suivi des parcelles plantées avant que l’Inao ne choisisse de valider ou non. « On s’est quand même assuré de leur intérêt au préalable, rassure la chargée de mission. Le processus est long mais le risque de devoir abandonner ces nouveaux cépages est faible ».

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[Publi-info] Et si vous découvriez les Grands Crus autrement ?

Accroche : Envie d’une escapade à la découverte des Grands Crus de Bordeaux ? Rendez-vous du 9 au 11 juin 2023, pour un moment privilégié, à la rencontre des propriétaires et de leurs millésimes, sous le signe de la convivialité !

Pour la 17ème année consécutive, l’Union organise le Week-end des Grands Crus de Bordeaux, un événement d’exception réunissant les amateurs du monde entier. Rythmé par plusieurs temps forts, le point d’orgue de ce Week-End aura lieu le samedi 10 juin au Hangar 14. Plus de 100 propriétés membres de l’Union des Grands Crus de Bordeaux seront présentes pour vous faire déguster leur millésime 2020 ainsi qu’un second de leur choix.

Pour l’occasion, le H14 se transforme en Halles gourmandes du Sud-Ouest. Des Chefs soigneusement sélectionnés vous feront découvrir des accords mets et vins inédits.

La Dégustation sera rythmée par un accompagnement musical afin de passer un moment sous le signe de la convivialité.

À bientôt, autour d’un verre de Grand Cru !

Réservez vos places sur ugcb.net
Tarifs
Professionnels du vin – étudiants : 30€/pers*
Normal : 50€/pers

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Les premiers Trophées Cognac Vignoble Engagé sont de nature à créer un élan

Christophe Forget, viticulteur à Allas-Champagne (Charente-Maritime), dit tout l’intérêt de participer au concours organisé par “Terre de vins” et le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), en partenariat avec “Sud Ouest” et “Charente Libre”

Quel intérêt la filière cognac a-t-elle à coorganiser les premiers Trophées Cognac vignoble engagé ?
Parler positivement de tout ce que l’on fait ! Nos initiatives pour une croissance durable et partagée au pays du cognac sont nombreuses. Elles sont modestes ou ambitieuses, chez les viticulteurs et les négociants, mais aussi chez tous les partenaires de la filière. Ce concours va les mettre en valeur. Il va donner du sens à la transition environnementale dans laquelle nous sommes engagés. Vous savez, on peut imaginer bien des règlements, des contraintes et des sanctions… Cela n’est guère efficace. Si vous ne donnez pas de sens à l’action, les mesures administratives ne sont pas comprises.

Que peut apporter le concours ?
Les premiers Trophées Cognac vignoble engagé sont de nature à créer un élan. Ils vont mettre en évidence ce que font les uns et les autres, parfois seuls, dans leur coin. Face aux réalités du réchauffement climatique, il est temps d’agir. Nous sommes tous une petite part de la solution. Il faut que les initiatives individuelles soient partagées, au service du bien commun.

Donnez-nous quelques exemples…
Je pense aux méthodes retenues pour réduire les intrants et apprendre à se passer des produits phytosanitaires de synthèse. Je pense aussi au choix de bons couverts végétaux, à la plantation d’arbres et de haies, au recours aux cépages résistants, à nos efforts de recherche et de développement pour une distillation bas carbone. Les exemples sont nombreux. Certains gestes peuvent sembler anodins. Tenez, le dialogue avec les riverains, c’est primordial ! Nous présenter, expliquer nos pratiques, faire goûter nos produits : on pourrait appeler cela l’empreinte sociale ! Nous devons l’améliorer.

Que diriez-vous à celle ou celui qui hésite à se présenter au concours ?
Postulez ! Votre exemple servira toute la filière. Il peut être dupliqué. Certains gestes, je me répète, paraissent anodins ; mais lorsqu’ils sont renouvelés, généralisés, tout change ! Je ne crois pas à un vignoble avec une poignée d’exploitants et de négociants au top, avec d’excellentes pratiques environnementales, et une majorité d’attentistes et de gens circonspects. Je crois à l’émulation et à la force du collectif. Oui, ces premiers Trophées sont utiles.

Dates, inscriptions, renseignements pratiques

Parcours
Christophe Forget a dirigé le Syndicat général des vignerons (SGV) et présidé à la naissance de l’Union des viticulteurs pour l’AOC cognac (UGVC) en 2011. Christophe Forget, exploitant et bouilleur de cru à Allas-Champagne (Charente-Maritime), est un amoureux de la vigne toujours très investi. Il préside Alliance Fine Champagne, la coopérative associée à la maison Rémy Martin, et siège au Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), notamment au sein de la commission “communication” où il participe à un groupe de travail sur les questions environnementales.

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Cantemerle : la marque qui raisonne partout dans le monde 

Derrière la campagne des primeurs qui s’annonce, le Château Cantemerle, Grand Cru Classé 1855 en Haut-Médoc, change petit à petit de visage. Laure Canu, la directrice générale – également à la tête du Château Grand Corbin à Saint-Emilion – nous donne quelques informations sur l’avancée des travaux. D’une pierre deux coups, nous prenons le pouls de son millésime 2022.

Pouvez-vous nous donner quelques informations sur l’avancée des travaux au Château Cantemerle ? 
Le projet est très ambitieux car nous envisageons de boucler, en trois ans, la rénovation de l’intégralité de la propriété : le parc de 30 hectares, les installations techniques, le château et l’orangerie. Les travaux ont débuté il y a maintenant 8 mois. Notre cuvier provisoire est terminé et nous avons commencé à y installer nos cuves afin d’aborder sereinement la vendange 2023. Pour le moment le planning est tenu, nous espérons donc terminer la rénovation du Château datant du XVIIIème en avril 2024 puis l’ensemble des travaux – chai enterré, cuvier, orangerie, salles de dégustation et parc – en juillet 2025. Ce projet de rénovation s’accompagne de plusieurs recrutements et d’une réflexion de fond concernant notre approche des questions environnementales et sociales, notre stratégie de distribution ainsi que la communication autour de nos vins. 

La campagne des primeurs commence, dans quel état d’esprit l’abordez-vous ? 
Nous avons beaucoup voyagé en France, en Europe et aux Etats-Unis depuis le début de l’année 2023 et c’est un plaisir de constater l’attente que suscite le millésime 2022. Cantemerle est une marque qui raisonne partout dans le monde, elle bénéficie d’un énorme « capital sympathie ». Notre planning pour la semaine des primeurs est déjà extrêmement chargé. Ces retours très positifs des marchés ne doivent néanmoins pas nous faire oublier le contexte dans lequel interviendra la campagne. Je pense, notamment, aux taux d’intérêts auxquels nos négociants et leurs clients vont devoir faire face. J’espère que la campagne 2022 confirmera l’élan de bienveillance dont semble bénéficier Bordeaux sur de nombreux marchés.

En terme purement vinique, comment décrivez-vous le 2022 de Cantemerle ainsi que le 2022 du Château Grand Corbin ? 
Le millésime 2022 a été ponctué de nombreuses difficultés et il a fallu toute la détermination et l’expérience de nos vignerons pour arriver au résultat exceptionnel qui se présente aujourd’hui. Sur les deux rives, la qualité des vins est au-delà de nos espérances. À Cantemerle, malgré une récolte de très faible quantité, nous avons pris la décision de réduire la production de notre 1er vin afin de gagner en précision. Je suis particulièrement séduite par la grande douceur de ses tannins, sa structure crémeuse et une onctuosité qui tapisse le palais. À Grand Corbin, grâce notamment au travail mis en place avec Axel Marchal, notre nouvel œnologue, le fruit est net, éclatant, il est porté loin par la structure douce des tanins, les équilibres sont justes.

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Les jeunes se bougent en Crozes-Hermitage

Une bande de jeunes vignerons de l’appellation rhodanienne s’est regroupée à l’initiative de Daphné Chave (fille de Yann), David Combier (fils de Laurent) et Raphaël Faugier (fils de Franck) pour mieux communiquer « nouvelle génération » et lancer des événements et projets en commun. Nous avons demandé à David Combier de nous raconter la genèse de cette aventure.

Comment est née l’idée de créer une commission de jeunes vignerons dans le cadre de l’appellation de Crozes-Hermitage ?
En échangeant un jour par hasard avec Daphné Chave, nous nous sommes rendus compte qu’outre le fait d’avoir plusieurs amis en commun et des pères qui se voyaient souvent, on ne se connaissait pas alors que l’on faisait le même métier dans la même appellation. Avec Raphaël Faugier et Daphné, nous avons donc décidé de tâter le terrain en vue de rassembler quelques jeunes vignerons de la nouvelle génération qui seront les futurs acteurs de l’appellation dans 10-15 ans. Donc autant bien s’entendre dès le départ et apprendre à nous connaître en commençant par organiser ensemble quelques dîners.

L’idée, je suppose, ne s’est pas résumée à se retrouver autour d’une table pour partager quelques flacons?

Nous voulions aussi travailler sur la communication, montrer que chez les jeunes vignerons, il y avait des vignobles de toutes tailles et de toutes les familles et qu’il y avait des successeurs derrière  les chefs de file actuels. Nous pensons également organiser des voyages de découvertes et de recherches dans d’autres régions, entre jeunes mais pas que. On défend avant tout une appellation et il nous reste beaucoup à apprendre. Ce n’est pas non plus un mouvement de révolte contre l’ancienne génération mais juste une impulsion pour créer une bonne entente entre nous.

Et qu’en pensent justement les « anciens »?
Ils n’ont pas tout de suite compris l’intérêt mais on leur a expliqué la démarche et maintenant, ils trouvent ça super. Pierre Combat, le président de l’ODG, a validé l’idée de mettre en place une commission Jeunes pour organiser des événements locaux comme la soirée off de Découvertes en Vallée du Rhône (DVR). Nous avons réussi à mobiliser une quinzaine de jeunes sur cette soirée dégustation de vieux millésimes dans la cave Pradelle et il y a eu pas mal de monde, juste en envoyant des invitations via nos fichiers. Pour une première, c’était plutôt réussi et ça nous a permis d’évaluer qui était prêt à aider ce type d’initiatives. Au total pour l’instant, nous sommes environ 25 dans la mouvance.

Et quels sont les critères pour faire partie du groupe?
Il faut être exploitant ou propriétaire d’au moins une parcelle en Crozes. Il n’y a pas que des vignerons indépendants puisque nous comptons également Marco Beckmann, l’œnologue de la maison Delas, Maxime Chapoutier, et deux coopérateurs des caves de Clairmont et Tain. L’ancien président de la Commission Jeunes de la cave de Tain, Benjamin Amblard, nous a d’ailleurs beaucoup aidé à réfléchir et organiser notre commission. Il a aussi fallu fixer un critère d’âge, un sujet plus sensible, et nous nous sommes finalement décidés pour une fourchette entre 18 et 35 ans.

Vous avez déjà choisi les prochains projets?
Comme nous venons de démarrer, nous n’avons pas pu refaire deux semaines après DVR  une soirée pour le marché aux vins de Crozes-Hermitage mais nous espérons bien en organiser une l’an prochain, type « reboule », une grande tablée comme une paulée où chacun apporte une bouteille à faire déguster. Pour la première édition, nous resterons peut-être entre vignerons avant de l’ouvrir à des clients et des invités mais rien n’est encore fixé. Nous avons déjà le feu vert de Pierre Combat et nous bénéficierons sans doute de l’aide de l’agence de communication de l’appellation (Clair de Lune). Nous organiserons aussi des soirées pour toutes les tranches d’âge afin de favoriser les échanges entre les générations.

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L’Aventure du Vin racontée par une jeune œnologue Montpelliéraine

C’est avec une énergie débordante et un grand talent que Emilie Daret, oenologue dans l’Hérault, a élaboré sa toute première bande dessinée intitulée Oenologia, l’Aventure du Vin, parue aux Editions Ellipses. Un ouvrage qui rend hommage aux métiers du vin.

Présentez-nous votre parcours professionnel ? Pourquoi le mundovino ?
Quand j’étais petite, je trouvais dingue toutes les saveurs que l’on pouvait créer avec du raisin. Aujourd’hui, j’en comprends mieux les mécanismes, néanmoins la magie est la même à chaque dégustation.
C’est ma mère qui m’a poussé à faire de l’agronomie. Elle le sentait bien et je pense qu’elle avait raison. Je suis le produit d’un parcours scientifique avec au démarrage un BAC S puis un DUT agro. J’ai ensuite fait une prépa ATS et enfin une école d’ingénieur agronome sur Montpellier. C’est d’ailleurs à ce moment-là que j’ai passé le double diplôme pour être œnologue à SupAgro (maintenant Institut Agro Montpellier). Et après plusieurs vinifications en France et à l’étranger, je travaille aujourd’hui comme œnologue et agronome conseil dans un laboratoire de conseil à côté de Montpellier.

L’objectif est de détricoter le vin

Emilie Daret

Quelles sont les origines de ce projet de BD ?
Œnologia est née après mes études, du sentiment que les métiers pour lesquels nous étions forgés étaient mal valorisés et peu connus du grand public. L’agriculture est au centre de nos vies et des enjeux sociétaux de notre pays. Et pourtant très peu de personnes ne savent comment leurs aliments sont produits. Il en découle beaucoup de confusions et d’erreurs, et le vin, boisson alcoolisée préférée des français, ne fait pas exception à la règle. Le mythe du vin rend obscure toute son élaboration et engendre beaucoup de fausses idées.

A qui s’adresse votre livre ? Quel est l’objectif en toile de fond ?
Oenologia s’adresse à tous les amateurs de vin, du néophyte au professionnel. Les notions abordées sont assez approfondies, mais vulgarisées. Les sujets abordés sont à la fois techniques comme la vinification ou les fermentations, et sociétaux avec l’irrigation et les sulfites. L’objectif est de détricoter le vin, mettre en lumière les métiers de vignerons et d’œnologues. Il s’agit aussi, à travers les sujets sociétaux, de présenter la filière viticole comme une entité en mouvement, connaissant ses faiblesses (l’irrigation, les produits phytosanitaires) et de tenter de les améliorer.

Combien de temps a pris l’écriture et les dessins ?
L’entière conception de la BD est de moi, histoires et illustrations. Il aura fallu globalement 8-9 mois pour trouver une maison d’édition. J’avais fait le choix de ne pas m’avancer tant que la maison d’édition n’était pas trouvée. Ensuite, il m’a fallu environ une année et demie pour écrire et dessiner en parallèle de mes périodes de travail.

Pourquoi ne pas t’être mise en scène dans l’ouvrage ? Est-ce qu’il y a un parallèle entre toi et Jimmy ?

J’aime bien créer des personnages. Me mettre en scène ne m’aurait pas permis de créer Anouk ou Jimi. Dans le dessin, je copie rarement, tout est issu de mon imagination.
Pour la BD, il me fallait des personnages facilement reconnaissables et faciles à dessiner. Même Anouk, qui me ressemble physiquement, n’est pas vouée à me représenter.
Je voulais que ce soit une jeune femme, pour des raisons qui me paraissent évidentes : mettre en avant les femmes dans ce métier.

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