[Crozes-Hermitage] Jean Esprit se met au rolle

Le domaine familial de la famille Esprit vient de créer deux nouvelles cuvées à base de rolle, en Vin de France donc, blanc et rosé, du nom d’un ancien pont sur l’Isère.

Jean Esprit est revenu en 2017 sur le domaine familial de Pont-de-l’Isère, entre les vignes de Laurent Combier et Alain Graillot. La cinquième génération est aujourd’hui à la tête d’une vingtaine d’hectares au sud de l’appellation Crozes-Hermitage sur les galets roulés et les graviers de l’ancien lit de l’Isère lorsqu’il rejoint le grand Rhône. On y a toujours produit du rouge, certaines syrahs comptent parmi les plus vieilles de l’appellation datent de 1920. Sur ces terres longtemps dédiées à l’arboriculture (pêches, abricots), c’est Joseph l’Ardéchois qui s’est installé le premier en 1909, de retour du 4e régiment de zouave, pour développer la culture de la vigne. Jean, cinq générations plus tard, lui a rendu hommage avec une cuvée le Zouave (36€) élaborée à partir de vignes plus que cinquantenaires, les manquants étant remplacés par des pieds en sélection massale. Jeannette, la grand-mère de Jean, veille toujours au domaine et en cuisine, comme son fils Bernard qui a étendu le vignoble de 5 a 15 hectares. Jean en a déjà planté cinq autres, dont un pour développer le crozes blanc en complément des marsannes-roussannes autour du chai.

©F. Hermine

Le domaine autrefois de La Croix a été rebaptisé du nom de son vigneron au retour de Jean qui travaille désormais avec sa femme Lydia. Ils se sont alors offert une nouvelle cave gravitaire et enterrée, avec un caveau au-dessus qui accueille régulièrement des brunchs le dimanche matin, organisés avec la Maison Chabran. Mais Jean n’étend pas garder les deux pieds dans la même vigne.

Pour développer les blancs, il s’est essayé à un cépage plus sudiste, le rolle qui n’avait encore jamais pointé le bout d’une feuille dans les parages. Il en a planté un hectare sur une parcelle hors AOP sur des sols alluvionnaires calcaires dans le bas de Pont-de-l’Isère. Il le vinifie en pressurage direct et l’élève en amphore de grès pour mieux préserver sa typicité. Il a été baptisé Pont de la Déesse. Il évoque l’ancien pont sur l’Isère, près de la via Agrippa (qui suit à peu près le trajet l’ancienne Nationale 7). Il a enjambé la rivière pendant plus de 500 ans avant d’être détruit par une crue en 1200 de notre ère. Il avait été nommé pont de la déesse en référence à un temple à proximité dédié à Cybèle. « Ça change de la syrah et de la marsanne, ironise le jeune vigneron. Le cépage très répandu en Provence peut être intéressant dans la perspective du réchauffement climatique, et nous le revendiquons ouvertement en Vin de France ». Il donne deux nouveaux vins dans ce premier millésime 2022 : un blanc en monocépage, mais aussi en rosé avec 2% de syrah, le premier rosé du domaine (15€). Un premier millésime de cornas en 2021, issu de jeunes vignes plantées sur le granit et les éboulis calcaires près des Royes, est prévu en mai.

Le domaine est travaillé en bio depuis le début des années 2000 (amendements organiques de pépins de raisins, enherbement naturel, griffage des sols, friches, luzernes…). Il sera officiellement certifié pour le millésime 2024. Jean a restructuré beaucoup de parcelles et soigne la biodiversité en créant une mare, en replantant des chênes verts des cormiers, des tilleuls entre les vignes où volètent mésanges, perdrix, huppes fasciées…. Il fabrique même des nichoirs le week-end à partir de palettes et de coffrets en bois.

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Trois néo-vigneronnes sur Cahors

Eva, Aurélie et Myriam sont toutes les trois issues d’un autre milieu que celui du vin. Elles viennent pourtant de prendre la tête d’un domaine situé sur les terres de l’appellation Cahors.

Elles sont officiellement cheffes d’exploitation depuis ce début d’année. Eva Lacoude du domaine Ostalad’Oc et les sœurs, Aurélie Breuil et Myriam Guenser, du Château d’Aix, figurent désormais parmi les vigneronnes situées sur l’appellation Cahors.

Ancienne assistante funéraire, Eva Lacoude, développe le domaine qu’elle a commencé à constituer avec ses parents, Jean-Marc et Marie-Jo Lacoude, producteurs de plants de plantes aromatiques. « Nous avons récupéré une vigne abandonnée, de 0,7 hectares de Malbec, en 2018 », explique la vigneronne de 34 ans. Depuis, elle a commencé à planter sur de nouvelles parcelles toujours situées sur le plateau de l’appellation. Plantation qui lui permettront dans quatre ans de vinifier un peu moins de deux hectares. Pour Aurélie Breuil, 37 ans, et Myriam Guenser, 55 ans, le domaine était déjà constitué. Elles ont repris les vignes de Joël Vigouroux – dix hectares- et son verger de pruniers à Saux. Ce vignoble est situé à l’extrémité ouest de l’appellation Cahors, à la frontière avec le Tarn-et-Garonne et le Lot-et-Garonne.

Comme la nouvelle vigneronne du plateau, Myriam et Aurélie ont commencé à travailler la vigne il y a déjà plusieurs années. « Joël Vigouroux est le compagnon de notre mère, nous l’avons rencontré en 2003 », explique Aurélie Breuil. Toutes deux ont commencé en donnant des coups de main. Puis, à partir de 2018, elles se sont investies encore davantage à la vigne comme au chai. « Lorsque Joël a pris sa retraite, on a décidé de reprendre car nous trouvions dommage que le vignoble soit vendu et peut-être divisé avec d’un côté la vigne, de l’autre les pruniers. » Les deux femmes, qui pour le moment continuent à exercer leur deuxième profession (professeur d’espagnol pour Aurélie et organisatrice de voyages pour Myriam), veulent conserver l’exploitation en polyculture et le traitement bio de la vigne. Forte de leur expérience professionnelle, elles espèrent également développer l’œnotourisme. Côté chai, elles se font accompagner par l’un des œnologues cadurciens les plus renommés : Eric Filipiak.

Eva Lacoude (Ostalad Oc) ©DR

Eva Lacoude, en appellation Vin de France a, elle, bénéficié des conseils de Jérémy Illouz, du domaine Parlange et Illouz. La jeune femme a été séduite par la possibilité de créer du vin sans intrant, « juste avec du raisin ». Celle qui vinifie en nature souhaite apporter à Cahors, d’autres cépages que du malbec. « Nous avons un terroir suffisamment riche pour proposer autre chose. » Un travail auquel elle s’est attelée en plantant dès 2020 du valdiguié et du prunelard.

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Les Villa virent en vitiforesterie

Les Villa père et fils ont créé avec l’œnologue-agronome Justin Prudhomme un véritable laboratoire de vitiforesterie sur une parcelle dans les collines de Chavanay au-dessus du Rhône.

« L’idée était de démontrer que l’on pouvait passer en bio et en même temps s’adapter au réchauffement climatique sans avoir de problème de concurrence avec l’enherbement ». Pierre-Jean Villa, vigneron emblématique du Rhône Nord avec une petite vingtaine d’hectares, a pris le sujet à bras le corps avec l’œnologue-agronome et directeur technique Justin Prudhomme et son fils Hugo sorti de Sup Agro de Montpellier. Les compères ont lancé la conversion en bio (certifié en 2019) sur le domaine avant de s’intéresser aux principes de biodynamie, (traitements par tisanes, couverts végétaux) et à l’agroforesterie pour une nouvelle parcelle à flanc de coteau sur les hauteurs de Chavanay avec une trouée ouvrant sur la vallée. « Nous avons vite compris qu’elle serait compliquée à travailler et on aurait pu être enclin à la laisser en conventionnel mais ce n’est pas l’avenir, commente Villa père. Nous voulions mettre en oeuvre une démarche propre et un projet transgénérationnel sans faire pour autant du 5 hl/ha ». Pierre-Jean Villa, vigneron à part entière sur sa terre natale depuis 2009 (après avoir géré les Vins de Vienne) reconnait volontiers qu’en la matière, Michel Chapoutier reste le pionnier du Rhône Nord mais il regrette « que l’image de l’herbe partout dans les vignes et les faibles rendements en aient découragé plus d’un pour suivre l’exemple ».

Ceinturer, protéger et biodiversifier
En 2017, les Villa achètent donc un hectare de vigne en IGP sur les hauteurs de Chavanay, à 350 m d’altitude avec vue sur Condrieu et Saint-Joseph. Elle était autrefois plantée en vignes, fruits et légumes. Suite à des expériences faites sur des parcelles mixtes, l’Inrae avait constaté moins de gel et de sécheresse et des doses de cuivre et de soufre diminuées de 40 %. « Il y a souvent trop de mortalité sur des vignes en coplantation, surtout à cause du stress hydrique. On s’est donc orienté vers la vitiforesterie avec moitié moins de mortalité, même si on perd un peu en productivité immédiate, et une devise ‘ceinturer, protéger et biodiversifier’ » .  Après avoir passé la débroussailleuse uniquement en inter rangs, le trio a finalement choisi de planter des couverts végétaux non racinaires  (trèfle, thym, sedum…) qui évitent les mauvaises herbes sans concurrencer la vigne. Un travail réalisé en collaboration avec Caroline Champailler, la technicienne en agroécologie du Parc Naturel Régional du Pilat qui a participé financièrement à l’achat des arbres.

©F. Hermine

Recréer l’équilibre naturel de la vigne
Après avoir planché un an et demi sur le projet, reconstruit 175 m de murets et réfléchit aux cépages en collaboration avec le pépiniériste Lilian Bérillon, le tandem Villa-Prudhomme a estimé que la syrah était capable de travailler sur ces sols granitiques dans un environnement forestier. Pour compléter la ceinture d’arbustes existante, il a replanté, à partir de l’hiver 2021, près de 500 arbres entre les vignes en terrasses et en échalas. La haie assez haute, capte les premiers coups de vents et abritent insectes et oiseaux; les arbres tous les 15 rangs avec des fruitiers en quinconce font parasols, l’ombrage ponctuel apportant de la fraîcheur et de l’équilibre dans les vins.

Ont ainsi été validés pommiers, poiriers, pêchers de vigne, amandiers, noisetiers, pas tous les chênes, aux feuilles trop acides, pas d’abricotiers trop gourmands en traitements ni de cerisiers attirant les mouches des fruits. Des broyats d’arbres ont été répandus au pied des ceps, des clôtures installées contre les sangliers et les chevreuils, une dizaine de ruches placées au bord des vignes et des moutons amenés de décembre à mars sur la parcelle. « Le projet ne vise pas à être rentable au vu des arbres plantés qui grignotent sur le vignoble, environ 10% de la surface, avoue Pierre-Jean Villa. Mais c’est un vrai laboratoire qui nous vaut la visite de deux châteaux bordelais tous les mois. C’est aussi mon plus beau projet car tout est à faire et il représente la transmission et la pérennité du vignoble en recréant l’équilibre naturel de la vigne ». La première récolte n’est pas prévue avant 2024.

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Tannat Day : découvrez des cuvées venues d’Uruguay

Le 14 avril est, depuis 2019, le « Tannat Day », célébrant ce cépage emblématique du Sud-Ouest de la France et particulièrement de Madiran. C’est pourtant en Uruguay qu’est née l’initiative de ce « Jour du Tannat », en hommage à Pascual Harraigue, l’immigré basque qui apporta le Tannat dans ce pays dont il est devenu la variété emblématique.

Lorsqu’on parle de Tannat, l’amateur français pense spontanément à Madiran, à Irouléguy, à certains Côtes-de-Gascogne et éventuellement à Cahors – où il s’invite quelquefois en complément du Malbec. Originaire du Sud-Ouest de la France, le Tannat est aussi le cépage emblématique de l’Uruguay, pays d’Amérique du Sud qui a développé une culture viticole de grande qualité depuis le XIXème siècle : c’est en effet un immigré basque, Pascual Harraigue, qui l’a introduit sur le continent sud-américain. Le Tannat, qui concentre aujourd’hui près du tiers des quelque 6000 hectares que recouvre le vignoble uruguayen, s’épanouit magnifiquement dans ce petit pays de 3 millions d’habitants, enclavé entre Argentine et Brésil, bercé par l’influence conjuguée de l’océan Atlantique et du Río de la Plata. Une « World Escapade » sera prochainement publiée dans le magazine « Terre de Vins » pour vous dévoiler un pan de ce vignoble uruguayen qui mérite d’être découvert, à l’image de ce pays à la remarquable hospitalité. En préambule de ce reportage, et à l’occasion du « Tannat Day » qui, depuis 2019, célèbre tous les 14 avril la mémoire de Pascual Harraigue, voici quelques cuvées (monocépages ou d’assemblage) qui méritent le détour. Les prix sont indiqués en dollars car ils sont indicatifs de leur valeur sur le marché uruguayen. Plusieurs de ces cuvées sont trouvables en euros sur des sites de vente en ligne.

Los Cerros de San Juan
« Maderas de San Juan Tannat » 2018
Ce domaine fondé en 1874 est l’un des plus anciens d’Uruguay. Situé dans la région de Colonia, à l’ouest du pays en suivant le Río de la Plata, il appartient aujourd’hui à un propriétaire argentin, Sebastian Planas. Le vignoble recouvre environ 35 hectares, et le domaine accueille aussi un restaurant, des habitations abritant 70 personnes (un petit village intégré dans l’exploitation) et déploie une large gamme de vins. Cette cuvée, 100% Tannat élevé un an en barriques, affiche une certaine puissance, des notes de figue très mûre, une légère touche grillée, annonçant une imposante architecture tannique qui vient souligner la jutosité sanguine de la matière. Un vin de caractère qui est une très belle illustration du Tannat uruguayen, taillé pour accompagner une belle viande. Env. 18 $.
www.bodegaloscerrosdesanjuan.com

Narbona
« Blend 004″ 2020
Toujours dans le département de Colonia, et plus précisément à Carmelo, Narbona (qui tient son nom de l’origine de ses fondateurs, en 1909, venus de… Narbonne dans le Languedoc) est un magnifique domaine qui a hissé la culture de l’hospitalité, de l’art de vivre et d’un œnotourisme haut de gamme à un niveau très élevé. En plus des 15 hectares de vignes (dont 10 de tannat), Eduardo « Pacha » Cantón et son épouse Maria-José, propriétaires depuis 1990, ont ainsi développé une offre d’hébergement de luxe au cœur du vignoble, de la restauration, de la production de miel, une laiterie (leurs yaouts et leur dulce de leche sont délicieux)… Mais le vin demeure le cœur du projet et la winemaker Valeria Chiola signe avec talent une gamme précise et très complète, dont la figure de proue est la cuvée « Blend 004 ». Ce 2020 est un mariage de 40% de Tannat avec 40% de Merlot et 20% de Cabernet Franc, chaque cépage étant élevé séparément (cuve inox pour le cabernet franc, 8 mois de barriques pour les autres) avant assemblage final : il arbore un jus tonique, sapide, signé par une trame acidulée de belle élégance et une belle texture de tannins. Il appelle le verre suivant. Env. 25 $.
www.narbona.com.uy

Pisano
Pisano Arretxea « Gran Reserva » 2015

Coup de cœur pour cette propriété familiale qui vient de célébrer sa centième vendange en Uruguay. Une belle histoire d’immigrés piémontais arrivés au XIXème siècle et qui ont créé leur propre domaine dans les années 1920. Aujourd’hui, les trois frères Gustavo, Eduardo et Daniel veillent sur les 15 hectares, accompagnés de la nouvelle génération incarnée par Gabriel, jeune winemaker qui a aussi son propre vignoble, Viña Progreso (voir plus loin). Pisano produit des vins d’un superbe classicisme intemporel, associant élégance et caractère, où le Tannat exprime toute sa personnalité à l’épreuve du temps. Le « Gran Reserva » 2015 est une cuvée produite uniquement lors des grands millésimes, à hauteur de 5000 bouteilles environ. Un vin en trois dimensions, opulent, plein de ressort, vibrant et tactile, délivrant des notes de cassis, de tabac blond, de menthol, de tilleul, sur un costume tannique très finement brodé, l’ensemble déclinant une jutosité impeccablement savoureuse. Env. 40 $.
www.pisanowines.com

Garzón
« Balasto » 2020

Créée en 2007 par l’homme d’affaires argentin Alejandro Bulgheroni dans la région de Maldonado, une zone dont le potentiel viticole était à l’époque à l’état embryonnaire, la bodega Garzón est devenue, en une quinzaine d’années, une réussite internationale et une locomotive des vins uruguayens. Dans un environnement spectaculaire aux sols majoritairement granitique, le domaine, qui s’étend au total sur plus de 1400 hectares, compte 250 hectares de vignes – mais aussi des oliviers, de l’élevage de vaches et de moutons, une quasi-autosuffisance dans la production d’énergie… Les installations techniques n’ont rien à envier aux plus beaux chais européens ou nord-américains, et l’œnotourisme est ici une activité de tout premier plan, attirant près de 50 000 visiteurs par an. Le tannat concentre à lui seul la moitié de l’encépagement. Il compose 45% de l’assemblage de la cuvée iconique Balasto, premier vin uruguayen à être distribué via la Place de Bordeaux. Marié au cabernet franc, au marselan et au petit verdot, ce vin de grande classe conjugue amplitude et finesse, une grande richesse aromatique, une texture fondue et racée, une très belle définition de tannins. Superbe. Env. 200 $.
bodegagarzon.com

Bouza
Tannat « Pan de Azúcar » 2020
Ce domaine familial fondé en 2003 est lui aussi un très bel exemple de réussite fulgurante, en vingt ans seulement. La famille Bouza a mis la qualité de la production au tout premier plan et propose elle aussi une très belle offre d’œnotourisme, avec un excellent restaurant situé sur le domaine et une grande salle de dégustation décorée de voitures anciennes. Les 50 hectares d’exploitation (dont 30 actuellement en production) se répartissent sur cinq zones différentes entre Canelones, Montevideo et Maldonado. Une part importante de production de vin blanc, et notamment d’Albariño, contribue au succès du domaine Bouza, mais c’est bien un rouge qui a retenu notre attention, un 100% Tannat issu d’un terroir de la région de Maldonado, « Pan de Azucar ». Nez concentré de cassis bien mûr et de prune cuite, de cerise confiturée, rehaussé de notes poivrées, de cèdre. En bouche, une masse tannique dense mais fondue vient associer son architecture au gras de la matière, dense et savoureuse. Un énorme vin de garde. Env. 40 $.
bodegabouza.com

Juanico
Preludio 2016
Avec ses caves bâties par des jésuites au milieu du XVIIIème siècle et son histoire viticole remontant au XIXème, Juanico fait partie des institutions historiques de la viticulture uruguayenne, qui s’était un temps assoupie. La famille Deicas, qui en a repris les rênes dans les années 2000, a relancé le domaine à travers une gamme extrêmement variée. Si c’est une grande expression du Tannat en monocépage que l’on recherche, la cuvée « Massimo Deicas » 2018, sélection de deux barriques ultra qualitatives (sur quelque 300 hectares), est un océan de puissance contenue, escorté de tannins denses mais superbement intégrés (env. 75 $). Mais les curieux voudront sans doute voir le Tannat se marier avec canernet franc, cabernet sauvignon, marselan, merlot et petit verdot dans la cuvée « Preludio », dont le 2016 séduit par son fruit noir savoureux, finement compoté, habillé de lavande et d’eucalyptus, à la structure très élancée (env. 65 $).
familiadeicas.com

Santa Rosa
Famiglia Passadore 2017
Voilà une autre saga familiale, commencée en 1898 par Marco Passadore, un immigrant génois dont les descendants continuent d’écrire la belle histoire du domaine, 125 ans plus tard. Plus important producteur de vins effervescents (en méthode champenoise, mais pas seulement) d’Uruguay, Santa Rosa se targue également de posséder l’une des caves souterraines les plus longues d’Amérique du Sud : 98 mètres ! Six catégories différentes de vins sont produites ici, du « vin de table » au premium, en passant par des effervescents bien sûr, des vins mutés… Coup de chapeau à la cuvée « Famiglia Passadore », un assemblage des meilleures barriques de la bodega, sur différents terroirs de Canelones. 65% tannat 30% cabernet sauvignon 5% merlot : derrière sa robe dense, concentrée, enveloppante, il déploie une chair équilibrée, séveuse et tendue, aux tannins finement crayeux, tout en toucher de bouche salivant. Env. 60 $.
www.bodegasantarosa.com.uy

« Terre de Vins » recommande aussi les cuvées suivantes :
De Lucca – Tano « Tannat Natural » 2021 : sans sulfite ajouté, super gourmand ! (env. 15 $)
Viña Progreso – Revolution Tannat 2021 :
une interprétation moderne du cépage, très digeste, signée par un jeune talent à suivre, Gabriel Pisano (env. 18 $)
Cerro del Toro – Alquemia – Tannat 2019 :
un domaine tout jeune situé dans un emplacement de rêve, et un Tannat puissant et élégant, soutenu par une belle couture de tannins (env. 42 $)
Casa Tannat – 474 : micro-domaine de 3 hectres situé à Antigas, dans le nord du pays, dans un climat plus chaud. Des tannats puissants et imposants, à l’image de celui-ci, particulièrement intense (env. 70 $)
Sierra Oriental – Casa del Oriental « Grand Vin » 2020 : un petit domaine de 8 hectares voisin de Garzón, créé à partir de rien par Rodrigo Diz. Cet assemblage 62% tannat 30% cabernet sauvignon 8% petit verdot est taillé pour la garde (env. 30 $).
Villa Edén – Tannat Cemento 2018 : un autre domaine de 8 hectares créé en 2008, qui propose un 100% Tannat entièrement vinifié et élevé en cuve béton, campé sur une jolie fraîcheur de fruit (env. 27 $).

… et enfin, deux autres cuvées « hors Tannat » originales signées par des domaines qu’on a beaucoup aimés :

Spinoglio
Tinaja 2020

Diego Spinoglio perpétue, avec son épouse Alejandra, architecte de formation, une aventure familiale démarrée en 1898 par des immigrés piémontais. Un domaine de 32 hectares (dont 15 hectares de vignes) dans le département de Montevideo, travaillé avec énormément de soin et dont les raisins sont vinifiés avec beaucoup de précision. On a beaucoup aimé toute la gamme, notamment un « Toneldiez – Corte Unico » assemblage de Tannat, de Merlot et de Cabernet Franc travaillé en solera, mais le coup de cœur est une originalité, « Tinaja », assemblage 60% merlot 40% cabernet franc, élevé neuf mois en amphores. Une bombe de fruit, de gourmandise, d’énergie sensuelle signée par une très jolie finesse de tannins. Env. 30 $.
bodegaspinoglio.com

Bracco Bosca
Gran Ombú Cabernet Franc 2021
On ne peut que tomber sous le charme de l’énergie contagieuse de Fabiana Bracco, qui a repris en 2016 les rênes du domaine familial suite au décès de son père. Avec sa jolie famille, Fabiana a insufflé un très bel élan à cette exploitation de 11 hectares, apportant une touche décalée à la gamme des vins (un super « La Revuelta del Clarete », assemblage de merlot et d’ugni blanc co-fermentés donnant un « blouge » à la jolie buvabilité) tout en continuant à travailler les classiques Merlot et Tannat en cuvées monocépages. Mais la plus grande réussite de Bracco Bosca est le 100% Cabernet Franc, plusieurs fois récompensé comme le meilleur d’Uruguay voire d’Amérique du Sud. Un nez séduisant, à la fois fumé, sanguin, zesté, une bouche énergique et vibrante, sur une cerise juteuse, conclue par une signature salivante. Un délice ! Env. 46 $.
www.braccobosca.com

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Châteauneuf-du-pape met ses blancs en lumière

Quoi de mieux qu’un atelier consacré aux vieux millésimes blancs de l’appellation pour tester leur potentiel de garde ?

Avec seulement 7 % de production, soit 100 000 hectolitres, les vins blancs de Châteauneuf du pape font figure de rareté. Vite commercialisés dans leur prime jeunesse, ils sont plutôt rares à débusquer dès qu’ils prennent de l’âge. Un phénomène inverse aux rouges qui, eux, patientent dans les caves. Quelques domaines les écoulent au compte goutte, attendant leur apogée. Chance pour les amateurs, les organisateurs des Printemps de Châteauneuf sont partis à la quête aux vieux flacons ! Six cuvées de six domaines différents ont été présentées par leurs vinificateurs lors d’un atelier. L’occasion de scruter la couleur des robes, aussi changeantes que chatoyantes, peu ou pas évoluées. Mais aussi de récuser certains a priori. Par exemple, que l’élevage sur bois est systématique et que le 100 % roussanne est monnaie courante. Elles ont encore fière allure et démontrent le savoir-faire des vignerons.

Domaine La  Durbane 2017 (AB)
Un été très chaud et sec, de belles maturités et une faible récolte. La pointe d’oxydation s’est vite évaporée pour donner place aux fleurs blanches, au zeste de citron avec quelques notes vanillées. L’attaque est légèrement citronnée, arrivent les fruits à chair blanche, la fraîcheur, la minéralité du silex, sur une bouche patinée.

Domaine Pierre Usseglio 2010
Un des plus grands millésimes de l’AOC. Le nez est très miellé, pétrolé, avec des accents de fruits évolués. Impressions similaires en bouche, sur une gamme de prune, de miel, tout en conservant une certaine fraîcheur.

Domaine Côte de l’Ange 2005
Une année très chaude mais pas caniculaire. Des fruits jaunes miellés sur une pointe d’oxydation, se retrouvant au palais pour se conclure sur une finale saline.

Domaine Grand Tinel 2002
Une année pluvieuse où le brouillard s’est accroché pendant toutes les vendanges, favorisant le départ du botrytis et de faibles rendements. Un vrai bonbon au miel, mâtiné d’écorces d’orange, avec de la sucrosité sensible au nez. La bouche est puissante, mixant le safran, les fruits confits.

Domaine André Mathieu 1996
Les conditions de récolte ont été parfaites cette année là, pourtant ce fut un millésime compliqué. Le nez est discret, miellé. En bouche, l’acidité est bien présente, le vin est frais, tendu, minéral, sereinement jeune.

Domaine Beaurenard 1993 (Demeter)
Encore une année pluvieuse, aux vendanges tardives et nocturnes pour profiter des nuits fraîches. Le nez heurte de prime abord. Il faut l’aérer longuement pour découvrir le fenouil et la truffe. Miel et pétrole portent la dégustation sur une finale saline.

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Tyson Stelzer lance un guide du champagne en ligne

La Champagne fascine encore et toujours plus le public à travers le monde. Les ventes qui selon les derniers chiffres ont continué à augmenter au mois de février en témoignent, mais aussi le foisonnement de publications de livres et de sites que lui consacrent d’éminents spécialistes. Le dernier en date ? Le guide en ligne lancé cette semaine par l’Australien Tyson Stelzer sous le haut patronage des plus grands noms de la Champagne.

Pour ceux qui ne connaissent pas Tyson Stelzer, il est l’équivalent australien de Tom Stevenson. Cet ancien professeur de mathématiques, passionné de vins, a publié sur le sujet plus de 17 livres en vingt ans. Il a découvert la Champagne en 2010 et en est tombé littéralement amoureux au point de lui dédier un guide sous format papier qu’il réédite régulièrement. « Le premier faisait 150 pages, la dernière version en compte 600 ! » Son travail figure en effet parmi les plus exhaustifs. Dans l’édition 2021, l’auteur partageait ses notes de dégustation sur les cuvées de 127 maisons de champagne et sur 800 cuvées de vignerons. En Australie, ce critique a ainsi accompagné le nouvel engouement qui touche le champagne, dont les ventes se sont multipliées par dix en vingt ans. « Même si les Australiens sont devenus très amateurs, c’est un terroir qui demeurait secret, et ils avaient soif d’en savoir davantage ».

A compter de samedi, la nouvelle édition du guide sera dorénavant en ligne, un format devenu indispensable vu la quantité de cuvées désormais référencées. Le nouveau site permet de regrouper le travail des six dernières éditions et de mettre ainsi plus facilement en perspective l’évolution des différents champagnes, puisque chaque cuvée pourra ainsi être comparée aux commentaires et aux notes données sur les précédents opus. Pour se donner une idée de la profondeur de champ, si on prend comme exemple la cuvée Dom Pérignon, Tyson Stelzer a pu déguster tous les millésimes depuis 1975 ! Pratique et pédagogique, les lecteurs disposeront d’un glossaire et d’un chapitre détaillant la manière de déchiffrer les étiquettes, en particulier tous ces codes obscurs pour les étrangers que sont « NM », « RC », « RM »… Le site donnera aussi accès aux analyses très suivies du journaliste sur l’économie du champagne et ses performances sur ses dix premiers marchés. On y découvrira enfin les webinars réalisés par Tyson Stelzer avec certains chefs de caves, les actualités événementielles du champagne, et une rubrique oenotouristique inventoriant les meilleures adresses gastronomiques où se rendre en Champagne …

A tout seigneur, tout honneur, c’est sous le haut parrainage des plus grandes maisons de champagne et de quelques vignerons stars que le guide sera lancé en France samedi à Reims, dans la Résidence Eisenhower du groupe EPI (Piper-Heidsieck, Rare Champagne, Charles Heidsieck). Seront notamment présents Vincent Chaperon, chef de caves de la Maison Dom Pérignon, Antoine Roland-Billecart de la maison Billecart-Salmon, Caroline Latrive, cheffe de caves de la Maison Deutz, le champagne Egly-Ouriet, Xavier Millard de la coopérative Mailly Grand Cru, Jean-Paul Hébrart du champagne Marc Hébrart, Axel Gillery du champagne Pol Roger, Emilien Boutillat, chef de caves de Piper-Hedisieck, Elise Losfelt, cheffe de caves du champagne Charles Heidsieck, Guy de Rivoire du champagne Bollinger, le champagne Taittinger…

Le prix de l’abonnement annuel est de 85 €.

Pour accéder au site : https://champagne.guide/

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[Côtes du Rhône] Cépage floréal, à boire et déboire

Au domaine Gabriel Monier, à Tulette, de nouveaux cépages résistants ont été plantés en 2019. Arrivé en production, vinifié, le floréal dévoile aujourd’hui ses caractéristiques.

S’il se définit comme paysan-vigneron, Cyril Monier est surtout un homme bienveillant avec dame nature. En reprenant le domaine de son père, il a suivi une lignée de vigneron à la logique agronomique qu’il résume ainsi : « éviter, limiter, compenser ». S’il a planté 0,40 ares de floréal en 2019 (mais également du vidoc et de l’artaban en rouge), c’est plus par curiosité pour ce cépage que par intérêt, ou « pour répondre aux diktats de la pression phytosanitaire ». Il reconnaît sa résistance au mildiou et à l’oïdium mais s’interroge encore sur son comportement face à la sécheresse.

L’AOC a l’arrêt
Le floréal fait partie du dispositif VIFA (variétés d’intérêt à fin d’adaptation) mis en place par le comité national des AOC viticoles (CNAOV) afin que les ODG puissent évaluer de nouvelles ou anciennes variétés, qui présenteraient un potentiel d’adaptation à une problématique bien identifiée, tout en gardant le bénéfice du SIQO (Signes d’identification de qualité et d’origine). Pour faire partie de l’AOC, il est soumis à plusieurs conditions, telle la limitation à 5% de l’encépagement de l’exploitation et à une incorporation dans les assemblages limitée à 10%. Après avis favorable en novembre dernier, le dossier de demande auprès de l’INAO est toujours à l’étude…

Champion à la dégustation
C’est un cépage très précoce, comme le chardonnay. Cyril Monier a constaté que suite au gel de 2021, le floréal a été plus tardif que les deux rouges. Palissé, car il produit beaucoup de bois, ses baies ressemblent à celles du viognier: petites et dorées. Le vigneron l’a récolté le 12 août, recherchant les petits degrés et in fine la tension, pour un vin d’entrée de gamme.

Le but est atteint. En dégustation, dans sa version mono cépage, donc en IGP, « La ferme de Gaby » (6€) a un profil aromatique, plutôt discret, qui tend vers les fruits exotiques, le fruit de la passion. L’attaque est incisive, citronnée, fraîche, d’une longueur moyenne. Il faut l’imaginer avec des crustacés, un wok de crevettes.

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[Primeurs] Carlton McCoy « C’est peut-être un message du ciel ! »

Alors que le top départ des primeurs est lancé, le nouveau directeur associé du Château Lascombes, le maître sommelier Carlton MacCoy, délivre pour Terre de vins ses premières sensations à l’endroit du millésime 2022.

C’est votre première campagne primeurs avec ce millésime 2022 du Château Lascombes comment envisagez-vous cet événement qui aimante le monde du vin à Bordeaux ? 
Nous sommes honorés d’accueillir autant d’invités prestigieux au Château Lascombes pour cette campagne des primeurs. C’est une période en effet de l’année primordiale et riche pour célébrer le millésime et partager cet événement en compagnie des amoureux du monde entier des vins de Bordeaux. Notre priorité est d’offrir la plus grande hospitalité et de garantir à nos clients une expérience unique.

En terme purement vinique, comment décrivez-vous ce millésime 2022 ?
Le millésime 2022 est absolument exceptionnel. Nous avons la chance d’avoir un grand millésime pour notre première année à la conduite des vendanges. C’est peut-être un message du ciel ! Notre intention est de concrétiser cet engagement pour ne produire que du grand vin au Château Lascombes. Nous réduisons considérablement la production du premier vin du Château Lascombes et nous nous concentrons uniquement sur les lots qui présentent le « pedigree » le plus élevé pour produire un vin vraiment exceptionnel qui vieillira, nous l’espérons, pendant un siècle…

Le Château Lascombes écrit une nouvelle page de son histoire avec une phase de travaux, quelle est la finalité du projet et, en attendant, qu’en sera-t-il de l’œnotourisme cette saison ?
Le Château Lascombes est un endroit à part et il est essentiel que nous honorions et respections la propriété en faisant les investissements appropriés. Nous avons eu la chance d’avoir déjà hérité d’un chai et d’une cuverie rénovés, notre travail va se concentrer sur le château et son parc. Nous travaillerons sans relâche pour que le Château Lascombes reprenne le rang qu’il mérite sur la place de Bordeaux. Pendant ces rénovations, nous mettrons l’oenotourisme en stand-by pour nous concentrer à 100% sur les rénovations.

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La bouteille à moins de 10 € : Tuffeau Tout Flamme 2021

Parce que la qualité d’un vin ne dépend pas de son prix, nous vous présentons chaque semaine une cuvée à moins de 10 euros qui nous a particulièrement enthousiasmés. Sans oublier les quelques accords mets-vin qui l’accommoderont au mieux.

Alliance Loire (49)
Tuffeau Tout Flamme 2021
Saumur Champigny
9,30€

Regroupement de 6 structures coopératives de producteurs du Val de Loire, l’entité – ou institution – a passé les 20 ans d’existence. Présent de la région nantaise à la Touraine, Alliance Loire propose une très large gamme et, à l’image du modèle coopératif en France, délivre de très bons rapports qualité-prix. C’est le cas de la cuvée Tuffeau Tout Flamme, une nouveauté d’Alliance Loire en bio et sans sulfites. Le nom Tuffeau renvoie à la spécificité des sols argilo-calcaires de l’appellation Saumur Champigny avec en sous-sol la présence de tuffeau, cette roche poreuse que l’on retrouve dans l’architecture de la région. En saison estivale, cette roche emmagasine la chaleur pour la restituer la nuit. Le raisin s’en porte bien quant à sa maturité, primordiale pour les cabernets francs de ces bords de Loire. Le micro climat très chaud de cette appellation aurait donné le nom Champigny, signifiant Champ de feu, d’où le Tuffeau Tout Flamme. Pour le vin, le nez épicé avec des notes de violettes et de réglisse présage d’une belle densité et d’une grande fraîcheur. Tout ça se confirme dès l’attaque en bouche avec une très agréable suavité. C’est nerveux mais délicat avec des notes de fraises écrasées. L’option « sans sulfites » fonctionne, le vin est droit, debout, vivant. La cave invite l’amateur à cuisiner un carré d’agneau en croûte persillée ou, toujours pour accompagner ce Tuffeau Tout Flamme, un plateau de fromages. On pourrait aussi suggérer des cuisses de grenouilles.   

Se renseigner auprès de la Cave : 02 41 53 74 44 ou allianceloire.com

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Demain, quels vins pour quels consommateurs ?

Pour répondre à cette vaste question, les intervenants du Colloque à l’Université du Vin de Suze-la-Rousse avaient trois heures. Les nombreuses propositions et suggestions impliquent adaptations et remise en question.

L’Université du Vin de Suze-la-Rousse ne fait pas que former de futurs sommeliers-cavistes et autres dégustateurs avertis. En prise directe avec les professionnels de la filière, elle a organisé ses premières Rencontres, en mars dernier. Michel Bernard, son président et Géraldine Gossot, sa directrice, ont lancé les débats. 

Plusieurs constats sont des signaux d’alerte : la déconsommation de vin depuis 60 ans, la dynamique de la bière (39 % des achats de 18-35 ans), la plongée des ventes de vins rouges (32 % en 10 ans). Se greffent à cela les acheteurs de vins qui vieillissent, achètent moins souvent et en plus petite quantité, sous couvert d’une premiumisation du marché.

Pour réinventer la filière, trois intervenants étaient invités à analyser et proposer des pistes. Jérôme Fourquet, directeur du département opinions & stratégies d’entreprises à l’IFOP, a confirmé le positionnement du vin, son image, l’appétence pour le local et les produits régionaux, l’œnotourisme. En parallèle, la crise du COVID, la diminution du pouvoir d’achat, les modes et rythmes de consommation et des pratiques alimentaires (tout en un clic) déconstruisent le modèle du consommateur type. Pour continuer à se faire plaisir, l’arbitrage des dépenses oriente vers les entrées de gamme ou le discount. D’où la question du positionnement des vins d’AOC. 

Génération (dé)connectée

Thierry Lorey, professeur de marketing, spécialiste en vin, a réalisé un focus sur la consommation des différentes générations, de l’héritage (82 ans et +), à la Z (13-27 ans). La première est en déclin, la dernière aussi, en quelque sorte puisque 59 % des jeunes ne consomment pas de vin. Mondialisée, hyper connectée, préférant la bière et les « hard seltzers », délaissant la viande et se souciant de l’environnement, elle sera difficile à conquérir. Le professeur préconise de maintenir un marketing identitaire de l’offre pour sécuriser les volumes. Mais aussi de développer un marketing de la demande pour recruter de nouveaux consommateurs, tout en poursuivant une stratégie de valeur à l’exportation. Dans ses autres suggestions, les rouges frais, légers et fruités, les cocktails à base de vins, les produits mixtes ou l’association avec les légumes secs et les céréales seraient à développer. Autres pistes, la désalcoolisation des vins et le développement du bio. Entre parenthèses, une association des deux est incompatible, puisque la certification interdit le procédé. Les nouveaux contenants et formats, l’exploitation des moments de socialisation, tels les jeux vidéo, les afterworks, les sports, loisirs, les concerts et l’œnotourisme sont préconisés. Avec ce catalogue de mesures, il faut prévoir d’y associer une nouvelle pédagogie pour désacraliser l’univers (intimidant) du vin. Langage, messages, visite virtuelle de vignobles, digitalisation et bien sûr les réseaux sociaux et autres influenceurs du vin. La conclusion de Thierry Lorey était porteuse d’espoir. La génération Z a des valeurs communes avec le vin, un produit local, de plus en plus de certifications et de femmes.

Ailleurs, si j’y suis 

L’intervention de Florian Ceschi, directeur du cabinet de courtage Ciatti Europe a présenté les tendances mondiales, en réalisant un focus sur cinq pays aux stratégies différentes. L’Espagne, aux vins d’entrée de gamme qui alimentent le marché européen, son potentiel bio inexploité et ses blancs au goût du jour. Le Chili, exportateur de la totalité de sa production, principalement sur les marchés chinois et américain. L’Australie avec sa large gamme de vins modernes et marketés. Les USA priorisent leur marché intérieur en renforçant les marques. L’Afrique du Sud, productrice à 65 % de vins blancs, à l’excellent rapport qualité-prix, orientée vers les marchés UK et Scandinavie. 

L’interprofession rhodanienne et le syndicat général des Côtes du Rhône ont pris conscience d’un certain nombre de ces paramètres dans leurs plans stratégiques réciproques. Aux vignerons et négociants de les mettre en application.

universite-du-vin.com

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