Château Boutisse, la tête dans les nuages

Dans le giron de la famille Milhade depuis 1996, cette propriété de 25 hectares à Saint-Christophe-des-Bardes a été consacrée Grand Cru Classé de Saint-Émilion en septembre dernier. La récompense de 25 ans de travail, qui n’est pas un aboutissement mais un encouragement à continuer à regarder vers le haut.

Par un froid matin d’hiver, Marc Milhade arpente ses vignes. Nous sommes à la frontière de Saint-Christophe-des-Bardes et de Saint-Étienne-de-Lisse, dans la « proche banlieue » de Saint-Émilion qui a vu plusieurs promus intégrer le nouveau classement divulgué en 2022. Ce village a gagné ses lettres de noblesse grâce au travail acharné de plusieurs propriétés, de Tour Saint-Christophe à Croix-de-Labrie, en passant par Château Boutisse, où Marc Milhade nous reçoit aujourd’hui. La famille de Marc est installée sur la rive droite depuis les années 1930. Comme beaucoup de propriétaires du Libournais, c’est en Corrèze qu’elle trouve ses origines, d’abord dans le négoce avant de passer du côté de la production : le bastion historique est le château Recougne, domaine d’une centaine d’hectares situé à Galgon et valeur sûre en Bordeaux Supérieur. Progressivement, la famille Milhade acquiert d’autres propriétés, dont Boutisse, en Saint-Émilion Grand Cru en 1996.

Un engagement environnemental fort

En 2005, Marc Milhade rejoint l’aventure. C’est une époque où le portefeuille de propriétés se divise entre différents membres de la famille, et Marc, ingénieur de formation, souhaite s’investir dans le monde du vin où il a toujours baigné. Avec son père Xavier et sa sœur Élodie, ils relancent une activité de négoce, Xavier Milhade Wines, qui affiche une belle croissance et plus de 6 millions d’euros de chiffres d’affaires. Marc prend également la direction de Recougne, qu’il continue de développer, tout en apprenant toujours au côté de son père ; ils redoublent d’énergie pour rendre tout son lustre au château Boutisse, vignoble de 25 hectares d’un seul tenant qui nécessite de gros efforts de restructuration. « Nous avons présenté notre candidature au classement de Saint-Émilion en 2006, mais on était encore trop ‘juste’ dans notre trajectoire de remise à niveau du cru », explique-t-il. « En 2012 nous n’avons pas déposé de dossier, mais en 2022 le moment nous semblait venu. Ce classement vient récompenser le gros travail qui a été fait depuis 25 ans par mon père, ma sœur et moi ; il récompense un beau terroir, des vins réguliers, une stratégie commerciale lisible (tous les vins sont commercialisés exclusivement en livrable par le négoce familial, NDLR), et un engagement environnemental qui nous a vu d’abord arrêter les herbicides il y a plus de dix ans, puis passer par les certifications SME, HVE, ISO 14001, et maintenant bio : la labellisation sera actée sur le millésime 2023″. Cet engagement environnemental a notamment été salué par un Grand Prix d’Or aux Trophées Bordeaux Vignoble Engagé en 2022.

Marc Milhade et sa sœur Élodie Richard-Milhade (photo Mathieu Anglada)

Courants ascendants

Désormais membre de la famille des Grands Crus Classés, Château Boutisse peut sereinement continuer sa course en avant. Ou plutôt sa montée en altitude : passionné de montgolfière, Marc Milhade a développé depuis 2019 une offre de survols du vignoble en ballon, point d’orgue d’une offre œnotouristique qui devrait encore aller en s’étoffant. Accompagné depuis 2016 par l’équipe de Stéphane Derenoncourt, il s’inscrit pleinement dans le renouveau des vins de Bordeaux, plus fins, plus élégants, élancés, travaillant ses élevages en douceur (amphores, barriques de 400 litres, pas plus de 25% de bois neuf), n’hésitant pas à explorer dans ses assemblages la « petite touche en plus » du cépage carménère, mais aussi à se lancer dans des cuvées sans soufre et monocépage via sa gamme « Vol Libre » (en merlot et en sauvignon blanc) qui va bientôt se décliner en 100% malbec, 100% cabernet franc et 100% carménère. Les courants ascendants se confirment bien !

« Terre de Vins » aime : au fil d’une verticale s’étirant des millésimes 2011 à 2020, nous avons pu constater la montée en qualité et en précision des vins de Château Boutisse, qui associent souvent gourmandise et finesse, et se sont récemment dotés d’un supplément de profondeur. Mention spéciale au millésime 2016, remarquable d’éclat, d’équilibre entre maturité et fraîcheur, signé par un joli ressort, une vivacité salivante qui vient tonifier le crémeux de la matière ; et au millésime 2020, encore en pleine jeunesse mais extrêmement abouti, sur un fruit explosif, une concentration maîtrisée, une énergie escorté par un grain de tannins fondu. À moins de 20 € TTC sur les millésimes récents (avant classement), les vins de Boutisse sont un remarquable rapport qualité-prix.

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Trois questions à Marie-Thérèse Combe, nouvelle présidente du syndicat de l’AOC Vacqueyras

Suite au décès subit de Jacky Bernard, survenu en début de mois, Marie-Thérèse Combe a repris la présidence de l’AOC.

Pouvez-vous vous présentez en quelques mots ?

Je suis vigneronne au domaine La Fourmone à Vacqueyras. C’est un domaine familial de 70 hectares qui produit les appellations Vacqueyras, Gigondas, Vin de France et Ventoux. Mes enfants Florentine et Albin ont repris la gestion du domaine, ce qui me donne du temps pour m’investir.

Justement, quel a été votre parcours au sein des instances professionnelles ?

Je suis très impliquée au syndicat depuis 1990 où je siège au conseil d’administration. Coprésidente de la section Vacqueyras à Inter Rhône, je suis vice-présidente depuis 2016, j’étais le bras droit de Jacky Bernard. J’ai toujours été passionnée, ça coule dans mes veines. Pour moi, la défense de l’AOC est essentielle. La passation a été brutale, je ne l’imaginais pas ainsi. Je suis très fière de reprendre et de porter cette appellation car elle a des qualités exceptionnelles, aussi bien en rouge qu’en blanc. C’est un réel plaisir que d’en être l’ambassadrice.

Quels sont vos objectifs pour ce mandat ?

J’ai bâti une feuille de route pour 2023, dans la continuité. L’objectif est de renforcer notre présence à l’export. Jusqu’à présent, nous étions sur les grands salons tels Prowein ou Wine Paris, via les tables découvertes, avec Inter Rhône. Sur ce salon, il y aura 58 cuvées, nous intensifions notre présence. Mais, désormais, nous partons à la conquête du marché asiatique, à Vinexpo Singapour. C’est une première.

Pour satisfaire les attentes des consommateurs, nous allons mettre en lumière, les Vacqueyras blancs qui sont des vins de gastronomie. Leur part est en constante progression, plus 10 % chaque année.

Un autre point qui me tient à cœur, est la démarche en faveur de l’environnement et de la biodiversité. Il faut sensibiliser et accompagner les vignerons, les impliquer. Ainsi, nous avons créé une commission pour travailler sur le cahier des charges, sur l’adaptation des cépages au changement climatique. 30 % de l’appellation est certifiée AB et 20 % HVE. 50 % c’est déjà une belle représentativité. Mon ambition est d’atteindre les 100 % en 2033.

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[REPLAY] « Vino Veritas » : Bordeaux, terre promise ?

Depuis toujours, le vignoble bordelais attire les investisseurs venus d’ailleurs. De la relation historique avec les Anglais à la « nouvelle vague » chinoise des dix dernières années, Bordeaux est-elle encore une terre promise ? On en parle dans l’émission « Vino Veritas ».

Depuis le Moyen-Âge et la domination anglaise sur l’Aquitaine, le vignoble bordelais doit beaucoup aux influences étrangères : Anglais, Irlandais, Néerlandais, Danois, plus tard Belges, Américains, Japonais ou Chinois ont permis aux vins de Bordeaux de rayonner à travers le monde et ont écrit l’histoire de très belles propriétés. Ces investisseurs venus d’ailleurs considèrent-ils toujours Bordeaux comme une terre promise ? Qui sont les nouveaux propriétaires internationaux qui font bouger les lignes du territoire girondin et perpétuent son image de vignoble ouvert sur le monde ? Pour en parler, Xavier Sota et Mathieu Doumenge reçoivent Hélène De Schepper (Vignobles De Schepper, famille belge installée à Bordeaux depuis les années 1950) et Christophe Chateau, directeur de la communication du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB).

Voir toutes les émissions « Vino Veritas »

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[Salon de l’Agriculture 2023] Le Pavillon des Vins revient avec des nouveautés

Comme l’an dernier, le Comité National des Interprofessions des Vins à appellation d’origine et à indication géographique (CNIV) sera présent au Salon de l’Agriculture (du 25 Février au 5 Mars 2023) avec un pavillon destiné notamment à mieux faire connaître le vin et ses enjeux au grand public.

« Nous avons décidé pour cette édition 2023 de changer de ligne stratégique. Nous souhaitons que le pavillon des Vins qui sera présent sur la prochaine édition du Salon de l’agriculture, soit plus dynamique, plus ludique et plus proche des consommateurs », explique Dorothée Franjus-Guigues, Directrice adjointe du CNIV. Tous les éléments qui ont fait le succès de cet espace de vulgarisation seront de nouveau là cette année sur plus de 200m², avec notamment de nombreuses infographies présentant des données clé sur la place de la viticulture en France et dans le monde ainsi que des messages portés par Vin & Société. Un très grand écran permettra de retrouver la carte monumentale des appellations d’origine de la filière viticole ainsi que des films pédagogiques. Des animateurs accompagneront les visiteurs qui découvriront également les spécificités de la filière des eaux-de-vie de vin (Cognac, Armagnac) ou de l’œnotourisme. 

Les enjeux de demain

La grande nouveauté cette année sera l’animation consacrée à la création variétale. « Nous souhaitons nous adresser aux familles et aborder de façon concrète la manière dont la filière viticole lutte contre le changement climatique » précise Dorothée. Et pour ce faire, les problématiques liées aux nouvelles variétés de vigne seront mises en lumière au travers d’un match de basket-ball ! Bien entendu, des ingénieurs agronomes spécialisés seront aussi sur place pour répondre aux interrogations du public qui devraient être nombreuses. Les institutionnels bénéficieront pour leur part d’un espace dédié de 100m² offrant plusieurs espaces de réception ainsi qu’un lieu de restauration.

Si la fréquentation du Salon en 2023 est radieuse, le CNIV s’attend à recevoir au moins 40 000 visiteurs. L’objectif ? Désacraliser le vin auprès des consommateurs en leur faisant prendre conscience de l’importance de la filière vitivinicole en matière d’emplois (des dizaines de milliers non délocalisables)  et de son dynamisme sur les questions de développement durable du territoire.

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Résultats records de la Vente aux enchères Romanée-Conti – Petrus – Mouton Rothschild

Ce mercredi 15 février, les 22 lots des 3 domaines légendaires – Romanée-Conti, Petrus, Mouton Rothschild – mis en vente par le Crédit Municipal de Paris se sont arrachés pour plus de 876 000€. Un montant total surpassant de 50% les estimations hautes des experts.

Nous vous en parlions ici « Du lourd chez Tata !

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Trophées Bordeaux Vignoble Engagé : en avant pour la 5ème édition

Les inscriptions aux Trophées Bordeaux Vignoble Engagé, qui récompense chaque année les actions vertueuses au sein de la filière vin en Gironde, sont ouverte dès ce jeudi 16 février et jusqu’au 17 mars 2023. La cérémonie se tiendra le 5 juin à la Cité du Vin.

Créés en 2018, les Trophées Bordeaux Vignoble Engagé récompensent chaque année les vignerons et vignobles girondins les plus engagés sur le plan des démarches environnementale et de développement durable. Cette cinquième édition, organisée par Terre de vins, Sud Ouest et le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Gironde et le Crédit Agricole d’Aquitaine, va une nouvelle fois saluer toutes les initiatives vertueuses de la filière. L’année dernière, 15 médailles (Or, Argent, Bronze) et deux prix spéciaux avaient été remis pour près de 300 candidatures déposées.

Les lauréats 2023 seront dévoilés lors d’une cérémonie qui se tiendra le 5 juin à la Cité du Vin, à Bordeaux. Ils seront une nouvelle fois répartis en cinq catégories :

“Empreinte” : pour la réduction de l’empreinte environnementale.

“Vivre ensemble” : pour les pratiques respectueuses de l’humain.

“Faune et Flore” : pour la protection de la biodiversité.

“Nature et Respect” : pour la réduction durable des pesticides.

“Innovation et Avenir” : pour les pratiques innovantes et la recherche.

Deux prix spéciaux seront également décernés : le prix spécial “Démarche collective” qui récompense l’engagement de toute une organisation professionnelle (interprofession, appellation…) et le prix spécial “Vigneron Engagé”.

Les inscriptions sont ouvertes dès le 16 février et jusqu’au 17 mars 2023.
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Des vins haut-de-gamme au château de Thil

Florence et Daniel Cathiard, propriétaires depuis 1990 de Smith Haut Lafitte, ont acheté le Château le Thil en 2012 avec une vision assez claire de ce qu’ils pouvaient en faire.

Le Château Le Thil, est une demeure bordelaise traditionnelle dotée d’un parc d’une exceptionnelle beauté, créé par Louis-Bernard Fisher. Ce jardinier de génie, horticulteur et paysagiste français du 19ème siècle était très apprécié par la bourgeoisie bordelaise qui lui confiait bien des réalisations, dans le style des jardins irréguliers à l’anglaise et dont la plus célèbre, est sans doute celle du jardin public de Bordeaux. On mentionnera également les parcs des châteaux Les Carmes Haut-Brion à Bordeaux, Cantemerle en Médoc ou Filhot à Sauternes. Au parc du Thil, le promeneur suit le tracé ample des allées et reste frappé par les vastes espaces en légère pente où les évènements sont essentiellement végétaux : chênes et séquoias séculaires, hêtre pleureur … un véritable arboretum. Rien d’ étonnant que ce parc ait été classé en 2015 par les monuments historiques.

Quant à la Chartreuse, elle n’était que partiellement habitée en 2012, et la situation de copropriété de la famille de Laitre n’aidait pas lorsqu’il fallait s’entendre pour réaliser des travaux d’entretien. Et si un budget avait bien été dédié à la rénovation de la bâtisse, il a été dépassé pour arriver à boucler les travaux car il y eut quelques surprises. Mais le résultat est splendide. Onze chambres, la plupart à l’étage laissant le rez-de-chaussée pour les salons en enfilade qui accueillent les petits déjeuner ou les séminaires d’entreprises. Et si il y a un parc et une chartreuse, il y a aussi un vignoble.

Un terroir à fort potentiel.

« L’idée de Daniel Cathiard est de faire un vin haut de gamme, rond et puissant » indique tout de suite Fabien Teitgen, le winemaker de Smith Haut Lafitte. Il poursuit : « Les vins du Thil, avant le rachat, étaient assez charmants, moins centrés, un peu plus fluides et légers que ceux de maintenant, avec un peu moins de précision dans la texture. C’étaient des vins de bon aloi ». Plusieurs facteurs étaient responsables de ce déficit de qualité. « L’investissement à long terme sur le vignoble a été négligé » dit Fabien Teitgen avec notamment « une absence de complantation et de fertilisation ». Des points qui permettent certes de faire des économies mais qui ont eu pour conséquences d’affaiblir la vigne. En outre le parcellaire était à revoir : « l’idée de faire une cuvée avec des merlots sur un sol argilo-calcaire est une idée ancienne. C’est la raison pour laquelle nous y avons planté des cabernets francs ». On reste tout de même sur une dominante de merlot et l’objectif est de monter la proportion de cabernet franc à 20 % voire 25 %. Les sols sont à dominante froide avec une exposition au sud : « nous aurons donc une caractéristique d’équilibre et de fraîcheur qui est un atout au Thil »

Terre de Vins a aimé

Les derniers millésimes prouvent que l’objectif de faire un vin haut de gamme, rond et puissant est atteint. D’une manière générale la matière est assez fournie : elle est davantage la traduction du terroir que d’une volonté délibérée de faire un vin dense. Mais le coté massif est équilibré par la maturité qui apporte de l’onctuosité.

Le Thil 2018. Nez explosif, complexe, sur des notes de tabac blond, de petits fruits rouges et de cassis. Un deuxième nez terreux. L’attaque est assez large, sur une jolie concentration. C’est plein, assez costaud, on a de la mâche, la trame tannique se révèle assez importante, sérieuse, un peu crayeuse : elle est l’expression de ce sol froid. Mais le fruit et la rondeur qui sont la marque du coté solaire et de la maturité rééquilibre l’ensemble. On n’a pas affaire à un vin immédiat avec ce solide 2018. Un potentiel de garde avéré.
Le Thil 2019. Le nez est pudique, sur la retenue, subtil. Il révèle un coté floral (glycine) et de fruits rouges plus prononcé que le 2018. La maturité est plus accomplie. À l’agitation, montent de splendides notes, très nettes, de clou de girofle, de graphite et de tabac. Bouche en cohérence. La trame tanique est finement texturée. On est davantage dans l’opulence, et le coté solaire permet de dépasser le coté massif. Une très belle réalisation !

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[Entretien] Freixenet Gratien : toujours plus de bulles !

2022 marque une année historique pour le groupe Freixenet Gratien qui atteint pour la première fois 10 % de la part du marché des effervescents en valeur en France (hors champagne). Nous sommes allés interroger Olivier Dupré son président, pour mieux comprendre l’insolente prospérité des vins effervescents, alors que le marché des vins tranquilles se fait plus morose.

Comment se porte le groupe Freixenet X Gratien et plus globalement le groupe Henkell Freixenet ?

En France, nous sommes le troisième intervenant sur le marché, derrière la Compagnie française des grands vins et Castel, mais pour la deuxième année, l’entreprise peut être fière d’être le groupe qui a le plus contribué à la croissance en volume et en valeur du marché des vins effervescents (hors champagne). Toutes les marques du portefeuille ont battu des records, avec une progression en volume de 36,8 % pour le prosecco Mionetto, de 3 % pour le cava Freixenet et de 8,1% pour Festillant (vins effervescents sans alcool). Nous sommes bien positionnés pour atteindre les objectifs du groupe Henkell Freixenet qui, avec 270 millions de bouteilles vendues l’année dernière, représente aujourd’hui 9 % des volumes d’effervescents mondiaux, et souhaite atteindre les 10 % en 2025.

Le monde du vin du point de vue des volumes, est plutôt en régression, mais l’univers des sparklings, quel que soit la gamme, fait exception, comment l’expliquez-vous ?

D’abord, c’est un vin qui est connoté. Si vous demandez à n’importe quel consommateur dans le monde à quoi il rattache la bulle, il vous répondra à un moment festif. Les modes de consommation de la bulle sont aussi plus larges que ceux des vins tranquilles, c’est pourquoi elle attire la jeune génération. On peut prendre les bulles simplement à la coupe, les mettre en cocktail, les boire avec des glaçons… Les vins paraissent parfois trop sérieux, traditionnels, les bulles amènent un côté fun. Enfin, elles se développent parce qu’elles sont davantage portées par des marques, qui disposent de moyens marketing plus importants. En France, nous sommes limités par la loi Evin, mais en Allemagne ou dans les autres pays, nous faisons de la publicité à la télévision. Prenez une marque comme Freixenet, elle représente plus de 100 millions de bouteilles vendues chaque année ! Dans le monde des vins tranquilles, sauf éventuellement sur des produits d’entrée de gamme, on trouve très peu de marques avec de tels volumes et une telle force de frappe.

On parle beaucoup des nouvelles bulles anglaises…

Le groupe Henkell Freixenet est propriétaire d’une winery dans le Sussex, Bolney, rachetée en 2022. Les bulles anglaises dans l’ensemble représentent encore un petit volume, de l’ordre de 10 millions de cols, mais elles cartonnent sur le marché anglais, et figureront sans doute avec le réchauffement climatique parmi les plus grands effervescents dans trente ans. Notre domaine représente 300.000 bouteilles, nous possédons une dizaine d’hectares, et nous complétons en achetant du raisin. Le développement des vignes anglaises pose cependant des difficultés car les terres agricoles disponibles ne sont pas si nombreuses.

En tant que premier producteur au monde de vins effervescents, le groupe Henkell Freixenet doit s’appuyer sur une partie RD importante…

Il existe deux pôles. Celui de Wiesbaden, où sont développés de nouveaux produits et celui de Freixenet à proximité de Barcelone qui a beaucoup d’expertise, utilise ses propres ferments, et dispose d’un laboratoire important. Aujourd’hui, l’un des grands axes de recherche consiste à trouver les moyens de produire des vins moins alcoolisés. Doit-on y parvenir de manière naturelle ? Grâce à l’osmose inverse ? La distillation sous vide ? Avec le réchauffement climatique, les vins ont plus de degrés, alors qu’au contraire, le consommateur souhaiterait davantage une diminution. Sur le marché anglais, la problématique est aussi liée aux taxes : à moins de dix degrés, celles-ci sont moins importantes. Sur les questions de recherche liées à l’environnement, nous sommes également précurseurs. Gratien & Meyer a la bouteille la plus légère. Elle pèse moins de 700 grammes !

On voit l’œnotourisme exploser en Champagne, la Maison Alfred Gratien a-t-elle des projets ?

Nous possédons le 3ème chai à barriques de la Champagne, mais notre chef de caves n’aime pas le faire visiter. C’est un outil de travail, il n’a pas envie par exemple que les parfums de certaines dames ou de certains hommes viennent polluer les vins. L’idée serait d’imaginer un aménagement qui puisse le mettre davantage en valeur, et qui soit susceptible d’accroître notre capacité de réception un peu limitée dans notre boutique de 80 m2.

Quel est le premier marché d’Alfred Gratien ?

L’Angleterre ! Historiquement, nous fournissons la Wine Society depuis 1906, une coopérative à but non lucratif de 150.000 membres, qui est l’un des plus gros wine merchants du Royaume-Uni. Le deuxième marché, c’est la France, ce qui n’était pas le cas il y a dix ans, mais avec la fusion Freixenet/Henkell, nous disposons d’une équipe commerciale dédiée aux CHR plus importante.

Alfred Gratien propose des vins d’une qualité incroyable, néanmoins le prix et la marque ne sont pas encore totalement en phase, avez-vous un plan pour premiumiser davantage ce champagne ?

Nous avons repensé notre packaging pour le rendre plus contemporain, en capitalisant notamment sur notre couronne qui est l’un des signes distinctifs de la Maison. Nous développons une nouvelle bouteille qui sera spécifique à la marque. Elle ressemblera à celle de la cuvée Paradis, tout en étant un peu plus ronde, ornée d’un blason, et reprenant le monogramme historique AG. Nous travaillons à une version allégée, en essayant de descendre en dessous de 800 g. La partie œnotouristique doit jouer un rôle important. Nous voulons toucher plus de VIP, proposer des tastings en one to one, avec par exemple des dégustations de vins clairs en présence de notre chef de caves, des accords fromages imaginés par un MOF. Enfin, il y a tout ce travail sur la distribution qui est de plus en plus sélective. En France par exemple, nous ciblons en priorité les étoilés…

La Maison Alfred Gratien est-elle appelée à croître en volume ?

Nous avons de beaux approvisionnements qui pourraient nous permettre d’atteindre 500.000 bouteilles, mais nous sommes limités par la taille des caves qui nous fixent un plafond de 450.000 bouteilles. Si un jour il y a un développement en Champagne, cela passera davantage par le rachat d’une autre maison.

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La bouteille à moins de 10 € : Mondeuse en Altitude 2021

Parce que la qualité d’un vin ne dépend pas de son prix, nous vous présentons chaque semaine une cuvée à moins de 10 euros qui nous a particulièrement enthousiasmés. Sans oublier les quelques accords mets-vin qui l’accommoderont au mieux.

Maison Adrien Vacher (73)
Mondeuse en Altitude 2021
AOC Savoie 5,50 €

C’est quoi ?

C’est un vin à tout petit prix qu’il faut découvrir. Cette mondeuse, cépage emblématique de la Savoie, est produite par la Maison Adrien Vacher. Cette dernière a été créée en 1950 à l’époque où la Savoie commençait à mettre du vin en bouteilles. Josette Vacher et son époux Henri Gayet prendront la suite d’Adrien Vacher et c’est aujourd’hui la quatrième génération qui préside aux destinées de la société. La gamme est très large avec plus de 200 références de vins de… Savoie.

Pourquoi ?

Nous l’avons dit, c’est un tout petit prix pour un vin de belle facture. C’est une très belle entrée en matière pour s’initier à la mondeuse, ce cépage racé et digeste. Ce vin est issu d’un terroir calcaire. Il est le résultat d’une vinification traditionnelle avec un égrappage total, une cuvaison en inox pour la maîtrise des températures. « Mondeuse en Altitude » se veut le vin le plus simple du monde pour avoir la photographie la plus pure de ce cépage dont la rusticité est noble.

Avec quoi ?

C’est le grain de groseille que l’on croque en bouche avec des parfums de violette qui caractérise souvent les mondeuses. Malgré la légèreté, on retrouve de la densité sur le fruit noir avec des notes de cuir voire de tapenade. La maison Adrien Vacher conseille cette cuvée avec des viandes rouges ou un magnifique plateau de fromages bien affinés au premier rang desquels le beaufort, le bleu de Tignes l’abondance ou la tomme de Savoie. On reste local et c’est tant mieux.

Maison Adrien Vacher (73) – AOC Savoie / 5,50 €
Se renseigner auprès du domaine : 04 79 28 11 48 ou www.adrien- vacher.fr

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Toulouse « Ville Européenne du Vin » 2023 !

Toulouse, capitale des vins du Sud-Ouest, a été désignée « Ville européenne du vin » pour 2023 par le réseau Recevin. Elle organisera pour l’occasion un riche programme de manifestations autour de la vigne et du vin ainsi que dans les territoires viticoles du Sud-Ouest.

« Ville européenne du vin » , un titre que Toulouse partagera avec la vallée du Douro. Une distinction équivalent à celle de la capitale européenne de la culture et remise chaque année depuis 1993 par le réseau Recevin qui fédère 800 villes dans 11 pays d’Europe pour la promotion de la richesse des territoires viticoles auprès des instances européennes. « Cette distinction sera l’occasion d’initier des partenariats avec d’autres vignobles européens » précisent Christophe Bou et Joël Boueilh, les deux présidents de l’Interprofession des Vins du Sud- Ouest (IVSO).

« C’est une fierté que de voir Toulouse positionnée sur LA carte des destinations incontournables en Europe pour tous les amoureux de vin. Et c’est l’opportunité de nous replonger dans l’histoire d’un commerce florissant qui a façonné une partie de nos infrastructures les plus remarquables, comme le canal du Midi » rappelle Jean-Jacques Bolzan, adjoint au maire de Toulouse chargé de la régie agricole et de la restauration. Car dès le troisième siècle avant notre ère, Tolosa a développé des relations commerciales autour du vin avec le reste de la Gaule ainsi qu’avec les Romains et différentes peuplades ibériques comme en témoignent les nombreux débris d’amphores retrouvés dans toute la ville au fil des siècles. Toulouse est restée un haut-lieu du commerce vinicole durant tout le Moyen-Âge, d’autant que les circulations engendrées par les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle, ont favorisé la diffusion ampélographique et le développement de la culture de la vigne. Ce qui explique la grande diversité de cépages, près de 300 dans tout le Sud-Ouest.

Un choix surprenant mais légitime

« Le choix de Toulouse peut surprendre de prime abord, la ville étant plutôt spontanément associée à l’aéronautique et parce que lorsque l’on parle de ville et vignoble, on pense davantage à Bordeaux, Dijon, Avignon ou Montpellier, reconnait volontiers Paul Fabre, le directeur de l’interprofession dont le siège est toulousain. Mais c’est aussi un haut lieu du vin et de la gastronomie par son art de vivre, promu en particulier par le réseau de restaurateurs et de bars à vins engagés sous la marque Sud-Ouest de coeur. Et c’est l’une des rares métropoles à bénéficier d’un vignoble sans compter celui voisin de Fronton ». La quatrième ville de France bénéficie de surcroît d’un important pôle d’enseignement, de formation et de recherche sur le sujet viti-oeno (agronomie, œnologie, sommellerie, commerce, géo-sociologie, histoire…).

Cette reconnaissance s’inscrit dans la continuité après l’adhésion l’an dernier au réseau « Itervitis – Les Chemins de la Vigne », route culturelle européenne de la vigne et du vin qui relie les territoires du Sud-Ouest et la métropole notamment via les sept chemins de Saint-Jacques de Compostelle. « Nous sommes dans une structuration permanente, insiste Paul Fabre. Nous avons construit le linéaire des vins du Sud-Ouest, établit la carte des vignobles, créé le bassin viticole, l’Interprofession, le comité régional de l’Inao,…tout est dans le droit fil de ce cheminement malgré les difficultés liées à un très vaste territoire, du pays basque à l’Aveyron. Et cela contribue à l’accroissement et au renforcement des synergies entre la ville et les appellations ».

Une année très animée

Le nouveau statut va permettre de mettre en place un programme d’actions, à commencer par l’invitation du co-lauréat portugais en guest star du concours des vins du Sud-ouest et une visite retour dans le Douro. Egalement au programme, la participation des vins du Sud-Ouest au Festival du Bien Manger du 7 au 9 juillet et à la grande Fête des Vendanges les 20 et 21 octobre place du Capitole, aux salons Vins & Terroirs, à des dégustations en musique, lectures œnologiques, performances théâtrales avec le collectif de femmes PFFF, expos de photos, peintures, festival de court-métrages avec les Vignerons Indépendants, un cycle de conférences tourisme, santé, sciences… Un programme qui se veut fédérateur, à Toulouse mais également dans différents vignobles du Sud-Ouest.

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