Bien Boire en Beaujolais : les cuvées atypiques

Il n’y a pas seulement du gamay, du chardonnay et de la carbo en Beaujolais. Il y a aussi des vignerons créatifs, audacieux, qui produisent des cuvées qui sortent des sentiers battus du cahier des charges. Tour d’horizon des cuvées atypiques découvertes à la BBB.

Au Château du Bluizard, à Saint-Etienne-la-Varenne, David Ratignier met en scène des cépages résistants et peu connus du grand public, dans des cuvées au nom révélateur : « Résiste », en blanc et en rouge. Pour le blanc, ce sont le voltis et le foréal qui se partagent la vedette, à hauteur de 70% pour le premier et 30 pour le second. Le voltis est un hybride interspécifique issu d’un croisement entre le Villaris et un descendant de Muscadinia rotundifolia, résistant au mildiou et à l’oïdium. David l’a choisi pour exprimer la minéralité dans sa cuvée, tandis que le floréal (même type d’hybride aux résistances similaires) conférera des arômes thiolés, et puisque ce sont des cépages résistants, il a pu supprimer tout intrant. Il en résulte une forte expression aromatique et un profil rond et doux. En rouge, c’est le vidoc qui est utilisé, pour une cuvée qui « plaît ou déplaît, elle ne laisse pas indifférent » : dotée d’une couleur sombre, très tanique, elle mérite clairement de se reposer un peu avant d’être dégustée. Idéale pour brouiller les pistes dans une dégustation à l’aveugle.

Au domaine Alonso, à Marchampt, l’assemblage est une joie : 140 cépages se trouvent dans la cuvée « Art Brut ». Le domaine cultive un conservatoire ampélographique duquel sont issus les raisins utilisés. Pour « Art Brut », 70% sont rouges et 30% blancs et vinifiés en semi-carbo. Une cuvée atypique, extraordinaire au sens propre, au profil de gros bonbon fruité. Un peu plus de sobriété pour la cuvée « Utopie », constituée de melon et de chardonnay, vinifiée et élevée en extérieur, sans soufre ajouté, le tout pour « conserver et générer le maximum d’énergie ». Aromatique, florale et expressive : l’alliance du melon et du chardonnay est convaincante.

Côté mariages heureux, l’union syrah et gamay est toujours aussi réussie chez Gilles Gelin, au domaine des Nugues, dans sa cuvée « Elle & Lui ». Equilibré, soyeux et frais, aromatique, dotée d’une matière aérienne et de jolis tanins en finale : ou comment Gilles conserve le meilleur de la syrah et du gamay pour en faire une cuvée à la personnalité unique et délicieuse.

Le Château de Vaux produit un rosé, élevé huit mois en fût. Il résulte de ce rosé de presse une cuvée propice aux accords mets & vins, très gourmand, à attendre quelques mois pour laisser le bois se détendre.

On termine ce tour des cuvées atypiques avec Maxime Troncy, installé depuis 2013 et qui produit, en plus de ses cuvées en Beaujolais Pierres Dorées, un gewürtzraminer. Macéré une semaine, encuvé en grappe entière et en levures indigènes, son gewürtz exprime pleinement le litchi et la rose, sur une structure atypique.

Cet article Bien Boire en Beaujolais : les cuvées atypiques est apparu en premier sur Terre de Vins.

Gel en Champagne : rebelotte…

Dans la nuit de samedi à dimanche, un nouvel épisode de gel est survenu en Champagne, avec un scénario inverse à celui du weekend précédent : cette fois les températures sont descendues moins bas, mais avec davantage d’humidité. Terre de vins vous livre le témoignage de plusieurs vignerons.

Vincent Van Waesberghe, directeur du vignoble du champagne JM. Labruyère à Verzenay

Sur le premier épisode de gelée, on est descendu dans les plus bas de Verzenay à -5 et dans les plus hauts à -3, mais le fait qu’on ait une faible hygrométrie a limité les dégâts. Toutefois, il faut toujours être prudent. J’ai pris, comme le faisait mon grand-père, un sarment dans une de mes parcelles les plus hâtives que j’ai plongé dans l’eau. Il est posé dans son verre au coin de ma fenêtre, et j’observe après plusieurs jours que les bourgeons de sa base qui étaient les plus développés ont quand même été affectés alors que ceux de l’extrémité donnent déjà de belles feuilles.

Sur le deuxième épisode, la problématique, c’est que nous avons pris, selon les secteurs, une trentaine de millimètres d’eau entre jeudi et vendredi, ce qui a ramené de l’humidité au sol. Ensuite, nous avons eu un gel radiatif (la chaleur accumulée sur le sol pendant la journée s’évapore pour laisser place au froid plus dense) et l’humidité a provoqué une gelée blanche. Sur les parcelles du bas de Verzenay où les pinots noirs en sont au stade de la pointe, on recense 18 % de dégâts. C’est ce qui est déjà visible, le bilan dans les jours qui viendront pourrait s’alourdir. L’hiver a été sec avec à peine 200 mm d’eau, aussi les fortes pluies de jeudi et vendredi ont réveillé la végétation, ce qui a accru l’impact du gel. Le dernier point concerne les nouvelles plantations. Comme elles ont moins de bourgeons, elles sont toujours plus précoces, l’année dernière elles avaient déjà subi le gel, et ce nouvel épisode pourrait compromettre définitivement leur survie.

Alice Tétienne, cheffe de vignes du domaine Henriot (Montagne et Côte des Blancs)

Le weekend précédent, sur notre vignoble, le bilan n’a pas été inquiétant, puisqu’après comptage nous estimions la perte à moins de 1%.  Ce weekend, nous sommes descendus moins bas au niveau des températures, mais avec plus d’humidité. Nous avons refait le tour des vignes et les dégâts sont très aléatoires. D’un côté vous aurez une parcelle avec une perte de 30% des bourgeons de l’autre 2%, ailleurs 10… Il y a des bourgeons un peu marrons, ils n’ont pas bougé depuis quelques jours, on ignore s’ils vont prendre ou s’ils sont grillés. Nous avons hâte que cela verdisse pour savoir ce qui va repartir. A Avenay où nous avons 8 hectares, certains secteurs sont très touchés, notamment en bordure de forêt et dans les bas. Sur Aÿ, nous sommes épargnés, parce que les parcelles sont exposées plein sud avec de fortes pentes ce qui a facilité le réessuyage. C’est une vague que nous n’avons pas vu venir. La semaine dernière, dans un premier temps, aucune gelée n’était annoncée, puis ils ont fini par indiquer -1, et ce -1 en fonction des endroits est devenu -2, -3…

Hugo Drappier du champagne Drappier à Urville dans l’Aube

Le plus gros des dégâts pour nous date du weekend précédent parce que nous avions eu beaucoup d’humidité avec de la neige qui avait fondu la veille. Sur les blancs, cela a été catastrophique provoquant une perte de 50 à 70 % des bourgeons, sur les noirs qui n’étaient pas trop sortis, moins de 20 %, le petit meslier qui débourre tôt a été impacté, le meunier en revanche pas du tout. Ce weekend nous avons eu -1, toujours beaucoup d’humidité, mais la vigne n’avait pas beaucoup évolué au cours de la semaine, il y avait eu peu de sorties de nouveaux bourgeons, les pertes ont donc été limitées.

Au vu de ce bilan, est-ce que vous envisagez de renforcer l’encépagement en meunier ?

La question s’était déjà posée dans les années 1950, à la suite de plusieurs gelées consécutives. Mon grand-père avait dans les années 1960 beaucoup planté en meunier dans les bas, les coins les plus gélifs. Nous en avons plus que la moyenne de la région. Mais lors des trois grosses gelées que j’ai vécues en 2016, 2017 et 2021, ce ne sont pas les meuniers qui ont le mieux résisté parce qu’elles étaient tardives, fin avril.

Cet article Gel en Champagne : rebelotte… est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Cognac] ABK6 passe à l’orange

En deux bonnes décennies Francis Abécassis s’est imposé dans le paysage cognaçais. A la tête d’un des plus grands vignobles de l’appellation (autour de 400 hectares), il délivre une large de gamme de cognac (ABK6, Leyrat, Le Réviseur) mais mise également sur d’autres produits. Après sa liqueur au miel (Honey Cognac Liqueur), il lance sa liqueur d’orange.

Le fief d’ABK6 n’est pas à Cognac mais dans les Fins Bois, de côté Claix, dans le pays de Chardonne plus encore d’Alfred de Vigny : On avait mis en panne, et c’était grande fête : Chaque homme sur son mât tenait le verre en main… Francis Abécassis, lui, met du poème en bouteilles, on connaît bien le succès de la gamme ABK6 et les cognacs plus confidentiels Le Réviseur, très implanté sur la Scandinavie, et Leyrat, très présent dans l’univers de la gastronomie. Avec ABK6, c’est aussi la mixologie que la maison aime séduire. Et la liqueur d’orange est un élément important du monde du cocktail. Cette ABK6 Orange Liqueur est composée de 51% de cognac et de 49% de liqueur d’orange. Le nez est puissant sur l’écorce d’orange et des notes florales. L’attaque est fraîche, des notes acidulées tapissent le palais pour une finale marmelade. Elle est conseillée pure, sur glace ou en cocktails bien sûr au premier rang desquels la Margarita et le Side Car.

Cet article [Cognac] ABK6 passe à l’orange est apparu en premier sur Terre de Vins.

Idealwine : les grands vins ont affolé les enchères en 2021

Idealwine, leader mondial des enchères en ligne de vin, vient de présenter son baromètre annuel. Une mine d’informations sur les grandes tendances de l’année écoulée. Les grands vins sont plus recherchés que jamais, rejoints par quelques nouveaux trésors. Mais de belles affaires sont encore possibles.

Jusqu’où la quête effrénée pour certaines bouteilles ira-t-elle ? C’est ce que l’on est en droit de se demander au vu des grands enseignements tirés par le baromètre Idealwine 2022 des enchères de vin. Avec ses 190 164 flacons vendus l’an passé au cours de 48 ventes pour un montant total d’adjudications de 27,4 millions d’euros, Idealwine est en première ligne pour percevoir les grandes tendances auprès des amateurs et collectionneurs de vins. Ces derniers, qui viennent de 60 pays différents, demeurent majoritairement français (49%), suivis par les autres Européens (29%) et les Asiatiques (18%). Et ils sont prêts à débourser toujours davantage pour acquérir des vins. En effet, si Idealwine a connu une augmentation de 7% en volume de ses ventes, celles-ci ont bondi de 17% en valeur. L’effet prix est indéniable et se traduit aussi dans le prix moyen de la bouteille qui lui aussi progresse à 139€ (+9%). Alors quelles sont les régions et les crus qui dynamisent le marché ? Sans surprise, 3 régions cumulent à elles seules les ¾ des volumes et 84% de la valeur. Bordeaux reste la région qui voit le plus grand nombre de flacons échangés (40,5%), loin devant la Bourgogne (22%) et le Rhône (11,8%). Mais côté valeur, la Bourgogne confirme son envol constaté depuis plusieurs années et vient désormais tutoyer Bordeaux (38,3% vs. 40,5%). Une tendance lourde qui se traduit notamment par le prix moyen par bouteille le plus élevé (242€, en hausse de 33% sur un an !). Sans surprise, c’est aussi la Bourgogne qui monopolise les hauts de classements, qu’il s’agisse des bouteilles les plus chères vendues en 2021 (un double-magnum d’Echézeaux 2006 du domaine Bizot parti pour 41 752€, une bouteille de Musigny 2006 du domaine Leroy vendue pour 28 244€ – et, au global 40 des 50 lots les plus chers vendus), mais aussi des propriétés les plus attractives pour les amateurs. Le domaine de la Romanée-Conti demeure inlassablement celui qui contribue au plus grand échange de valeur, avec 1,5 millions d’euros pour 413 flacons vendus. Les stars que sont les domaines Coche-Dury, d’Auvenay, Armand Rousseau ou Georges Roumier tiennent aussi le haut du pavé. Les grands Bordeaux font encore très bonne figure. Petrus, Mouton-Rothschild, Lafite-Rothschild, Margaux ainsi que Haut-Brion appartiennent au top 10 des domaines ayant généré le plus de chiffres de ventes. Avec toutefois une surprise, celle de Château Rayas qui a littéralement explosé les ventes, représentant (avec ses différents satellites), le 2ème domaine le plus actif (1,2 millions d’euros).

Les autres régions à surveiller avec de futures stars

Si la Bourgogne semble plus que jamais inaccessible, d’autres régions suscitent logiquement un intérêt renouvelé. La Loire n’a ainsi jamais été aussi dynamique. 4ème région en volume et 5ème en valeur, elle est assurément celle qui attire pour ses excellents vins blancs (contrairement à a tendance générale des enchères où 76% des ventes concernent des vins rouges). De très grands noms ne sont pas encore trop touchés par les phénomènes de spéculation mais pour combien de temps encore ? Car outre le Clos Rougeard, quelques autres domaines commencent aussi à être starifiés. A ce titre, Stéphane Bernaudeau ou les Jardins Esméraldins sont très éclairants. Le premier voit sa cuvée Les Nourrissons atteindre des sommets de prix (630€) quant le second a vu le prix moyen de ses bouteilles s’envoler (773€, +85% en un an). Ils témoignent en outre d’une lame de fond. Celle de l’intérêt croissant pour les vins bios, biodynamiques et sans sulfites qui représentent aujourd’hui ¼ des ventes aux enchères d’Idealwine. Aux côtés de la Loire, le Jura est plébiscité sur ce créneau. Et plus généralement, les résultats 2021 permettent d’identifier des frémissements sur celles et ceux qui, à n’en pas douter, seront les futures stars des enchères. Pierre Beauger en Auvergne fait partie de ceux-là. On pourrait citer également Pedres Blanques dans le Languedoc, le domaine des Miroirs ou Adeline Houillon dans le Jura. Et pour réussir à mettre la main sur de véritables trésors sous-valorisés, direction le Beaujolais et l’Alsace. Mais chut, c’est un secret encore (un peu) gardé…

Cet article Idealwine : les grands vins ont affolé les enchères en 2021 est apparu en premier sur Terre de Vins.

De Venoge : une statue de Louis XV Avenue de Champagne !

La Maison de Venoge a commandé à l’artiste Juan Carlos Carrillo une statue de Louis XV en bronze qui ornera la cour de son hôtel Avenue de Champagne et rendra hommage au fameux arrêt de 1728 autorisant le transport en bouteilles des vins en Normandie, première intervention de l’Etat en faveur du champagne !

2022 célèbre les 300 ans du sacre de Louis XV. La Maison de Venoge qui possède dans sa gamme la fameuse cuvée « Louis XV » ne pouvait passer à côté de cet événement. D’autant que comme le souligne son président Gilles de La Bassetière, le personnage a joué un rôle sans doute encore plus important pour la Champagne que le moine Dom Pérignon et qu’il est souvent oublié. Une statue en bronze du souverain, à l’échelle humaine, devrait donc bientôt trôner devant l’hôtel de Venoge, lui-même de style néo-Louis XV ! Sa création a été confiée au sculpteur péruvien Juan Carlos Carrillo. Le monarque est mis en scène, une flûte de champagne à la main, confortablement installé dans un fauteuil, tenant encore la plume avec laquelle il vient de signer le fameux arrêt du 25 mai 1728. Un deuxième fauteuil placé à ses côtés permettra aux passants de trinquer avec lui.

Pourquoi cet arrêt est-il un moment clef dans l’épopée du champagne ? Parce qu’à la demande expresse des échevins de la ville de Reims, il autorise le commerce des vins en bouteilles en Normandie qui ne pouvait se faire jusque-là qu’en fût. Or, sans bouteille, il était évidemment impossible de transporter le champagne. L’affaire était d’importance car c’est par cette région que transitaient les vins exportés vers l’Angleterre, premier marché historique du champagne. Ce décret n’est pas le point de départ du commerce du champagne comme certains historiens l’ont parfois affirmé puisqu’en France, une ordonnance sur les aides qui ne concernait pas la Normandie, régulait déjà le commerce en bouteilles depuis 1680. En revanche, il montre qu’à partir de cette époque celui-ci connaît un véritable essor et que conscient des intérêts économiques de la France, pour la première fois, le gouvernement en la personne de Louis XV s’y intéresse et entend tout mettre en œuvre pour l’encourager. Les Britanniques d’ailleurs ne tardèrent pas à répondre à ce texte qui risquait de provoquer une marée de vins de Champagne sur leur marché. Il impliquait peut-être aussi la fin de la champagnisation en Angleterre même des vins de Champagne importés par les marchands londoniens, ce qui fut sans doute la première forme de champagne qu’on vit apparaître sur l’île. C’est pourquoi, comme l’indique l’historien Benoît Musset, dès le 28 mai 1728 « un Bill du Parlement anglais interdisait l’importation en Angleterre des vins de Champagne en bouteilles ».

Pour trouver un artiste avec une formation classique qui lui donne les capacités de réaliser une sculpture respectueuse du style du XVIIIe siècle, Gilles de la Bassetière a mis près de dix ans. Pourtant cette perle rare, passée par les Beaux-Arts de Venise, était presque sous ses yeux : son atelier est en Champagne même, à Châlons ! Le temps de cette réalisation, Juan Carlos Carrillo s’est installé dans un garage juste à côté de l’hôtel, les visiteurs peuvent ainsi venir assister à la création de cette œuvre. L’artiste a déjà produit une maquette plus petite en plâtre qui donne une idée du résultat final. Pour l’heure, il façonne la sculpture en terre, support du futur moule. « Je récupère toujours l’argile avec laquelle j’ai fait mes précédentes sculptures. Elle porte ainsi la mémoire de mes œuvres antérieures ». La sculpture en terre pèsera 700 kilos, d’où une armature en fer à l’intérieur qui la soutient. L’artiste en est encore au stade du corps dont il faut respecter scrupuleusement l’anatomie, puisque les habits qu’il sculptera ensuite, très fins, en feront ressortir les formes. Pour le visage, il s’est inspiré de portraits d’époque même si on n’en possède pas de cette période précise. Le geste par lequel Louis XV tend sa flûte est magnifique et rappelle celui de Dieu sur le plafond de la chapelle Sixtine tendant la main vers les hommes pour leur donner la vie, le monarque ne donne-t-il pas ici la vie au champagne ? Quant à la main qui tient la flûte, elle la tient non pas par la tige mais par le pied, à la manière des personnages du tableau de Jean-François de Troy. A noter qu’en jouant sur différents procédés d’oxydation la statue en bronze finale sera colorée.

www.juancarloscarrillo.com

Cet article De Venoge : une statue de Louis XV Avenue de Champagne ! est apparu en premier sur Terre de Vins.

Jean-François Janoueix nous quitte

Son nom respire à la fois la Corrèze et le vin de Bordeaux. Jean-François fait partie de ceux qui ont écrit la grande histoire des négociants du plateau de Millevaches qui sont venus s’installer dans le bordelais, avec les familles Borie ou encore les Moueix.

C’est à Meymac que ce négoce de vin se met en place à la lueur du Second Empire. Le vin arrive de Bordeaux pour être commercialisé aux quatre de la France et plus encore. Le pionnier fut Jean Gaye-Bordas et de nombreux Corréziens lui emboitèrent le pas pour acquérir des châteaux dans le bordelais. Parmi eux Jean Janoueix et son fils Joseph qui devient propriétaire dans les années 1930 des Châteaux Haut-Sarpe, La Croix et La Croix Saint Georges dans la rive droite. Jean-François Janoueix marchera dans les pas de son père en développant le commerce des vins dans le monde entier et en poursuivant l’acquisition d’autres domaines. Dans le prisme d’une vie d’entrepreneur se délivre un destin vinicole hors normes. Ce développement s’est réalisé avec son épouse, Françoise, sa sœur Marie-Antoinette et la nouvelle génération – Jean-Pierre, Jean-Philippe, Henry, Jean-Joseph, Olivier et Frédéric – qui a poursuivi l’œuvre.

Toute l’équipe de Terre de Vins tient à saluer le parcours d’une famille et d’un homme dans ce moment douloureux. Ainsi, nous adressons nos sincères condoléances à tous les proches de Jean-François Janoueix.

Cet article Jean-François Janoueix nous quitte est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Rhône] Sébastien Clément : les vins solaires de Gadagne

Les vins de Sébastien Clément adoptent un profil solaire, celle du terroir des Côtes du Rhône Villages Gadagne. Les vignes poussent dans le vignoble originel des Papes et les galets y sont aussi gros qu’à Châteauneuf.

Le Domaine des Garriguettes s’étend sur 24 hectares dont une bonne partie sur les gros galets roulés d’une ancienne terrasse du Rhône, la spécificité du terroir de l’appellation Côte du Rhône Villages Gadagne. Sébastien Clément, après un BTS viti-œno en Avignon suivi d’une licence en science de la vigne s’en est allé travailler chez Chapoutier. Ce fût un moment décisif, la rencontre avec la biodynamie. Mode cultural qu’il aimerait installer dès son retour à Châteauneuf-de-Gadagne après un périple en Australie. Son père lui confie 7 hectares de vignoble, histoire de se faire la main et d’attendre sa retraite. Nous sommes en 2010 et ce n’est qu’en 2019 que Sébastien récupère l’entièreté de la propriété. Propriété qui a toujours flirté avec le mode BIO, mais papa Jean-Louis n’a jamais voulu payer pour une certification. Sébastien tient à mettre en évidence son appellation, son terroir, à travers ses vins, mais aussi par le biais de son histoire riche qui prend racine au sixième siècle pour se développer durant la période papale et perdurer jusqu’à nos jours. L’entité située sur la rive gauche du Rhône à une quinzaine de kilomètres au sud-est d’Avignon et perchée à 115 mètres d’altitude a obtenu l’appellation Côtes du Rhône Villages Gadagne en 2012. Malgré tout cela, Sébastien constate qu’il est difficile de se faire connaître.

Terre de Vins aime

La cuvée Fontisson 2019 Côtes du Rhône Villages Gadagne BIOdynamie faite de syrah qui offre au vin sa robe rubis carmin. Son nez nous emmène d’emblée dans la garrigue parfumée de thym, de sauge et le fumé du cade. La petite cerise aigrelette rafraîchit la bouche, le juteux des fraises et des mûres parlent de gourmandise, les tanins tout gentils nous caressent les papilles, une note de lavande nous joue un air provençal, peut-être en hommage Frédéric Mistral qui composa la Coupo Santo après une rencontre mémorable à Châteauneuf-de-Gadagne. (12€)

Domaine des Garriguettes 84470 Châteauneuf-de-Gadagne
+33 635 41 85 78
https://domainedesgarriguettes.com

Cet article [Rhône] Sébastien Clément : les vins solaires de Gadagne est apparu en premier sur Terre de Vins.

Cinq cuvées coup de cœur en IGP de Bourgogne

Célèbre pour ses 84 AOC (appellations d’origine contrôlée), la Bourgogne compte aussi 4 IGP (Indications géographiques protégées). Des vignobles aussi discrets que singuliers, et dotés d’une grande diversité de cépages.

On connaît la Bourgogne pour ses viré-clessés, ses givrys, ses pommards ou encore ses chablis. Des AOC parmi les 84 que compte la région. Beaucoup moins pour ses quatre IGP : sainte-marie-la-blanche, coteaux de l’auxois, saône-et-loire et yonne. Des vignobles aussi petits que discrets, à quelques encablures des grands crus. Leur force : un cahier des charges très ouvert. « Nous sommes plus libres qu’en AOC, on peut davantage créer », résume Sophie Joigneaux, vigneronne et présidente de l’association des Coteaux Burgonds, qui regroupe toutes les IGP de Bourgogne hormis l’IGP yonne.

En effet, les IGP bénéficient de plus de souplesse quant à l’aire de production ou aux rendements. Mais surtout d’une grande liberté d’encépagement. « Contrairement aux AOC, globalement restreintes au pinot noir, au chardonnay, à l’aligoté et au gamay, on retrouve plus d’une trentaine de cépages dans nos IGP ». Parmi eux, « des variétés historiques de Bourgogne, comme le melon et le pinot gris ». La syrah, le chenin, ou le viognier font également partie des cépages autorisés dans certaines IGP bourguignonnes.

Et ce n’est qu’un début. « Nous souhaitons ouvrir nos cahiers des charges à des cépages hybrides résistants aux maladies. Une demande a été faite en ce sens auprès de l’INAO », annonce Sophie Joigneaux. Un dossier qui devrait aboutir dans les prochaines années.

Les coups de cœur de Terre de Vins :

Maison familiale rurale Grandchamp – IGP Sainte-Marie-la-Blanche – Melon 2019 (8€)

Le cépage aujourd’hui renommé en Muscadet a des origines bourguignonnes, d’où ce retour aux sources. Sa fraîcheur naturelle donne un cuvée tendue et désaltérante, avec une jolie texture, des notes de pomme et des nuances iodées. Parfait pour un apéritif dînatoire en été.

Domaine Terre Happy – IGP Saône-et-Loire – Albus 2020 (10,5€)

Ces chardonnays de 83 ans s’épanouissent dans les vallons du Brionnais, vignoble en pleine renaissance à ouest du Mâconnais. Les rendements très maîtrisés, ainsi que 13 mois d’élevage en fûts de 300 litres font de cette cuvée un blanc ample, mûr et fruité, donnant l’impression de croquer dans une poire juteuse. Gourmand.

Domaine de Flavigny-Alésia – IGP coteaux de l’Auxois – Intra Muros 2020 (39€)

Considéré comme le « grand cru » du domaine, ce 100 % pinot noir est une vraie pépite. Ici, que du fruit : charnu, expressif, tout en longueur… Fruit qui prend le dessus sur des tanins soyeux. À l’aveugle, difficile de distinguer la cuvée d’un pinot de la Côte de Nuits…

Domaine Aurélien Febvre – IGP coteaux de l’Auxois – Terre de Thorey Sauvage 2020 (17,8€)

Avec ses vins plutôt « nature » et très maîtrisés, Aurélien Febvre s’est forgé une réputation dans le petit monde des IGP de Bourgogne. Voilà encore une belle réussite. Cet assemblage pinot noir/gamaret élevé en jarres de terre cuite offre un profil gourmand, sur les petits fruits rouges, ainsi qu’une texture généreuse, faite de tanins mûrs. Un superbe équilibre.

Domaine des Renaissances – IGP Saône-et-Loire – Saint Bonnet vieilles vignes 2019

On retrouve à la fois fraîcheur et maturité dans ce gamay issu d’un terroir de bélemnites, ces fossiles marins du crétacé. Les arômes de mûre, framboise et réglisse sont portés par une trame structurée. Une gourmandise produite au sein d’un domaine ultra confidentiel du Brionnais, à la frontière sud de la Bourgogne.

Cet article Cinq cuvées coup de cœur en IGP de Bourgogne est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Champagne tasting] Lanson et Beatriz Gonzalez : les agrumes en folie

L’été arrive et vous rêvez déjà d’un cocktail au bord de la piscine, avec rondelle de citron, glaçons, et le soleil du Mexique. Ce qui est formidable dans le champagne, c’est qu’il n’est pas besoin de recourir à la mixologie pour bénéficier d’emblée de cette fraîcheur et de ces mille et unes saveurs d’agrumes qui transforment chaque gorgée en voyage sous les tropiques. La preuve par cette nouvelle collaboration entre la cheffe Beatriz Gonzalez et la Maison Lanson dont vous pourrez découvrir les cuvées à l’occasion de Champagne Tasting, le 7 mai prochain à l’hôtel Salomon de Rothschild à Paris.

En 2020, Lanson qui fêtait ses 260 ans avait lancé deux nouvelles cuvées Le Blanc de blancs (50€) et le Black réserve (42€). Deux vins qui traduisaient l’aboutissement de ses investissements opérés depuis 2006 (cuverie parcellaire, chais, achats de vignes et conversion partielle en bio…). L’objectif étant d’asseoir son positionnement dans la gastronomie, la Maison a cherché un chef qui incarne ses valeurs et dont la cuisine résonne de manière particulière avec les traits caractéristiques de ses champagnes.

Rappelons que le style Lanson se distingue par la volonté de privilégier des vinifications sans fermentation malolactique ce qui donne à ses cuvées une fraîcheur particulière qu’il faut savoir maîtriser. « Mon métier, c’est de jouer avec la fraîcheur, l’assembler, la dompter, la patiner, la polir pour qu’elle soit toujours rendue au consommateur avec le maximum d’élégance, de finesse, qu’elle ne soit pas exacerbée » explique le chef de caves Hervé Dantan. Il en résulte des vieillissements longs, indispensables si on veut tempérer la tension. « Dans le Blanc de blancs, nous sommes sur une base 2014, comprenant 40 % de vins de réserve de dix années différentes. On remonte sur des Mesnil et des Trépail 2004 ! » Qui dit fraîcheur et malo bloquée, dit aussi, souvent, des saveurs très riches en agrumes. « Lorsque sur le Blanc de blancs je procède à mes assemblages, je travaille sur toute une palette selon les crus. Au Mesnil, ce sera le cédrat, à Villers-Marmery le citron vert, à Trépail, le pamplemousse… »

D’où le choix de Beatriz Gonzalez, qui sera pour cette année l’ambassadrice des cuvées de la Maison. Mexicaine d’origine, formée à l’Institut Bocuse et chez Lucas Carton, les agrumes sont au cœur de sa cuisine. Elle a l’art et la manière d’en explorer toutes les facettes, que ce soit en termes d’acidité, de douceur ou d’amers nobles. Lors d’un repas au Coretta, son restaurant bistronomique du 17ème arrondissement, sa cuisine ensoleillée nous a éblouis, en particulier ses asperges vertes assaisonnées de kalamansi « un agrume philippin, aux notes de mandarine un peu citronnées, qui réussit à être à la fois frais et tonique, tout en conservant une certaine douceur ». Le côté croquant du légume exprime une certaine vitalité qui se conjugue parfaitement avec le côté acidulé de cet agrume, tandis que les couteaux de mer viennent souligner la trame iodée du Blanc de blancs. On soulignera au passage la mécanique astucieuse de cette cuvée qui parvient à réunir les chardonnays de la Côte des blancs, précis et élégants avec ceux de la Montagne plus charnus et vineux grâce au liant que constituent les chardonnays de Montgueux, plus exotiques et ceux du Vitryat, toujours fluides. Un assemblage presqu’aussi métissé que la cuisine de Beatriz !

Pour le blanc de noirs, Beatriz a opté pour un suprême de volaille croustillant. La cuisson à basse température conserve à la viande le côté un peu sanguin mais sans tomber dans le rosé. « La chair très fine s’accordait très bien avec ce pinot noir qui provient pour beaucoup du Nord de la Montagne et qui n’est pas trop vineux, pas trop puissant, plus en dentelles, avec beaucoup de fraîcheur ». En assaisonnement Beatriz a osé un pesto de noix, qui fait ressortir la noisette, arôme caractéristique du chardonnay, lequel compose tout de même 35 % de la cuvée. Enfin, comme agrume, Beatriz a sélectionné le citron Meyer « parfait pour rôtir à la plancha parce qu’il tient à peu près n’importe quelle cuisson ». Il fait ressortir le côté marmelade de ce champagne, tandis que sa douceur épouse celle des salsifis glacés, un légume racine plutôt sucré.

https://boutique.lanson.com
Photos: ®Corinne Jamet

Cet article [Champagne tasting] Lanson et Beatriz Gonzalez : les agrumes en folie est apparu en premier sur Terre de Vins.

T-Oinos, la Grèce épurée et rare

Si l’île discrète de Tinos volcanique et monastique en face des touristiques Andros et Mykonos est célébré pour son pèlerinage et ses carrières de marbre, elle pourrait bientôt l’être pour ses vins.

Ce morceau de Cyclades au milieu de la mer Égée classé par l’Unesco ne compte encore que quatre domaines viticoles dont celui d’Alexandre Avatangelos baptisé T-Oinos, un jeu de mots avec le vin en grec (oeno). Il est suivi par deux grands noms du vin français, Gérard Margeon, le chef sommelier du groupe Ducasse qui a participé à la naissance du projet en 2002 et depuis le millésime 2017, l’œnologue conseil Stéphane Derenoncourt. « J’ai d’abord été sollicité par Gerard Margeon qui venait régulièrement goûter dans nos dégustations parisiennes, qui était très impliqué dans le vignoble depuis sa création – le premier millésime datait de 2008, mais qui n’était pas complètement satisfait des assemblages« , se souvient l’œnologue bordelais qui se rend sur place pour comprendre ce vignoble planté à plus de 400 m d’altitude. Il y rencontre le propriétaire, un businessman courtier en fret, également homéopathe féru de poésie et de philosophie, « un personnage en colère, déroutant mais attachant dont le rêve est avant tout d’incarner ce vignoble ». Il avait déjà créé le vignoble de Sigolas à Santorin avant de découvrir la discrète Tinos, l’île de la vierge. La vigne sous la puissante influence tellurique a été plantée en franc de pied à haute densité 9000 pieds/hectare sur échalas dans un paysage austère et lunaire bénéficiant de fortes amplitudes thermiques et de grosses chaleurs, de peu de pluies et beaucoup de vents. La viticulture y est un véritable défi dans ce rude climat sur ces sols essentiellement granitiques qui donnent des rendements autour de 15 hl/ha pour les blancs, plutôt 12-13 pour les rouges « Il a fallu changer la gestion hydrique en abandonnant l’irrigation, en décompactant les sols avec des petits chevillards et de l’enherbement pour compenser le manque d’azotes et faire plonger les racines en profondeur. L’idée était d’épurer, le style des vins ». Le vignoble du Clos Stegasca, la parcelle principale, est planté en cépages locaux notamment en assyrtiko pour une production majoritairement en blancs à 70%. Les rouges sont à base de mavrotragano, cépage célèbre à Santorin et apparenté à la syrah mais qui était en voie de disparition. Les vins sont vinifiés en levures indigènes. Des vins rares produits à 12000 bouteilles (20 000 à terme) pour les blancs, 2000-2500 pour les rouges. Ils sont vendus entre 75 et 100€ principalement sur de grandes tables étoilées en France, au Japon, en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Grèce. La gamme comprend également un Mavrosé essentiellement à base de avgoustiatis, mavrotragano et d’un Malagousia, malvoisie élevé en amphores.

Terre de Vins aime

Clos Stegasta blanc 2020  : minéral et floral, sur un léger frisant, des arômes d’immortelle et de fleurs fanées sur de beaux amers, une fraîcheur saline et une finale délicatement épicée

Clos Stegasta rouge : Epicé sur un léger boisé-grillé, des arômes de fruits rouges et noirs, d’olives, une note torréfiée sur des tanins veloutés

Rare blanc : minéral et vertical, d’une grande finesse sur des rôles de fleurs séchées, de zestes de cédrat et des notes empyreumatiques

Rare rouge : Floral sur des arômes de fruits rouges, de cassis, réglisse sur une note de cacao et des tanins poudrés et soyeux tout en longueur.

Cet article T-Oinos, la Grèce épurée et rare est apparu en premier sur Terre de Vins.