[Bordeaux] Deux crus classés au statut particulier

Château Couhins et Château La Tour Blanche, exploitations viticoles non-privées, sont les vitrines du savoir-faire oenoviticole qui assurent de la formation tout en devant tenir leur rang de crus classés.

Le château Couhins, cru classé en blanc en 1959, en Pessac Léognan avec Dominique Forget, son Directeur opérationnel, évoque son histoire : « Couhins était à l’abandon jusqu’en 1968, année du rachat par l’INRA ». Puis, le château La Tour Blanche, 1er cru classé en 1855, en appellation Sauternes, dirigé par Corinne Reulet (qui assure également la direction de 3 autres établissements de formation agricole en Gironde). La Tour Blanche appartenait à Daniel Iffla qui décéda sans successeur et qui fit don de la propriété à l’Etat français « à condition que l’on y crée une école de viticulture », ce qui fut fait en 1911. 

Des points communs.

Couhins appartient donc à l’INRAE et la Tour Blanche, depuis 2010, au Conseil Régional de la Nouvelle Aquitaine. Les feuilles de route de ces deux établissements sont pourtant très proches. Dominique Forget est clair : « on doit assurer la durabilité économique, environnementale, et sociale ».  « Ce ne sont pas uniquement des ateliers pédagogiques » précise Corinne Reulet « mais des entité économiques, comparables à une exploitation agricole ». Ainsi les personnels agricoles qui travaillent sur chacune des exploitations sont payés par les établissements eux-mêmes et non par leur organisme de rattachement. « Un personnel payé par le budget du château, lui-même alimenté par les ventes de vin » nous dit Corine Reulet. 

Dominique Forget pour Couhins « rend compte à un comité directeur de 4 personnes qui sont de l’INRAE et qui ont délégation du PDG ». Corinne Reulet a un Conseil d’Administration mais elle rend compte aussi à une double tutelle : celle du ministère de l’Agriculture (compétent pour la partie pédagogique) et celle du Conseil Régional (compétent pour les Agents Techniques, les travaux et les équipements). D’une manière générale « le résultat financier est réinvesti systématiquement » explique Dominique Forget. Mais lorsque ces exploitations doivent investir en vue de l’acquisition d’un nouveau matériel coûteux, il y a plusieurs sources de financement possibles. Les fonds propres bien entendu, et l’organisme de rattachement : L’INRAE pour Couhins et pour La Tour Blanche, le Conseil Régional qui peut participer à hauteur de 40 à 70 %. On ajoutera les banques pour Couhins qui ne font aucune difficulté à participer au financement. « On a moins de moyens financiers que d’énormes propriétés mais on a l’INRAE derrière et nous pouvons prendre plus de risques : la prise de risque est toutefois bornée. On n’a sans doute moins de stress qu’un privé » n’hésite pas à dire Dominique Forget.

La mission d’équilibre budgétaire est certes indispensable mais elle ne saurait être constitutive de l’essentiel. Formation ou recherche sont les premières missions.

Une mission pédagogique.

Ces châteaux écoles légitiment bien les raisons de leur existence. Caroline Reulet nous éclaire : « l’exploitation sert de point d’appui à l’enseignement. Par exemple, les étudiants de BTS doivent pouvoir analyser les données technico-commerciales du château et en tirer des éléments d’information pour le pilotage ». De même il est important de montrer que « l’équilibre financier ne suffit pas, il faut dégager des marges ». Quant aux élèves de bac professionnel de la Tour Blanche, ils ont des périodes de travail au sein du château, encadrés par leur enseignant et par un maitre de chai ou un chef de culture qui leur confie des travaux. Le châteaux Couhins lui n’a pas d’école. Mais cet organisme de recherche reçoit des étudiants de l’ISVV (Institut des Sciences de la Vigne et du Vin) tout proche ou des étudiants de Sciences Agro. « Il y a aussi des groupes de professionnels auxquels des thématiques sont exposées : protection phytosanitaire, viticulture bio, les variétés résistantes, … » nous dit Dominique Forget. Mais l’intervention des élèves a bien entendu des limites que Corinne Reulet explique bien : « On m’a souvent interrogée sur le conflit entre les exigences d’un grand cru et la présence des élèves. On ne met pas entre des mains inexpérimentées l’élaboration d’un grand vin ».  Les élèves ne peuvent donc pas participer à l’intégralité du processus d’élaboration. Un point d’équilibre à trouver entre des exigences parfois délicates à combiner.

La mission de ces deux établissements est bien de conforter leur niveau d’excellence, d’être une vitrine même, voire d’être exemplaires pour montrer la voie : Couhins et La Tour Blanche sont en conversion bio. Une mission où ils excellent.

Le châteaux Couhins fait parti du top 100 aux Trophées Bordeaux Vignoble Engagé 2020, catégorie Innovation et Avenir.

Cet article [Bordeaux] Deux crus classés au statut particulier est apparu en premier sur Terre de Vins.

Champagne De Saint-Gall vise le million

Encore relativement peu connue, la belle marque de champagne De Saint-Gall est pourtant le fer de lance d’Union Champagne, 2ème plus gros ensemble coopératif champenois qui compte bien renforcer sa notoriété dans les années à venir avec, entre autres, des volumes plus importants.

Contrairement à Terroirs et Vignerons de Champagne qui est omniprésent sur le marché français notamment avec sa marque Nicolas Feuillatte, Union Champagne demeure plus discrète. Pourtant, cette structure ne regroupe pas moins de 15 coopératives dont les 2300 adhérents exploitent 1400 hectares de vignes. Un acteur de poids dont une majorité de l’activité (60% des volumes) consiste à approvisionner le négoce en vins de qualité. En effet, ses raisins proviennent de villages en premiers et grands crus, élément fondamental de son identité. Une partie seulement de la production est donc dédiée à des marques en propre dont la plus importante est De Saint-Gall. Le nouveau Directeur d’Union Champagne, Pierre Desantis, aime rappeler que « De Saint-Gall est la vitrine de notre savoir-faire. Nous avons des approvisionnements exceptionnels donc notre objectif est de proposer le meilleur champagne de coopérative ». Si tous les vins clairs sont produits au sein de chacune des 15 coopératives adhérentes avec le soutien des équipes œnologiques d’Union Champagne, l’ensemble du processus d’assemblage jusqu’à la mise en bouteille naît pour sa part dans le principal site de production d’Avize. A la vigne, les adhérents sont accompagnés pour parvenir à une production entièrement certifiée HVE ou VDC (viticulture durable en Champagne) avant la date butoir fixée à 2030 pour l’ensemble de l’appellation. A ce jour, 700 hectares sont déjà concernés, en augmentation régulière et notable notamment sur un an.

De très beaux chardonnays, mais pas uniquement

Alors qu’aujourd’hui 70% des champagnes De Saint-Gall sont exportés, la volonté affichée depuis plusieurs années est d’installer davantage cette marque sur le marché français. Si aucun objectif précis n’a pour le moment été acté tant en termes de volumes que de délais, la Direction actuelle évoque assez naturellement vouloir viser le million de bouteilles dans les prochaines années. Avec la volonté de continuer à être présent dans le réseau traditionnel, tout en permettant un accès complémentaire à la gamme par le biais de la boutique en ligne créée il y a 4 ans et restructurée avec les attentes nées lors des différentes périodes de confinement. Les amateurs peuvent y trouver des cuvées rendant notamment hommage au chardonnay qui est le marqueur historique de la Maison. A ce titre, le Blanc de blancs grand cru extra-brut (38€) s’avère d’une très belle droiture, frais et bien équilibré et rend parfaitement hommage à cette Côte des Blancs d’où proviennent majoritairement les raisins des 15 coopératives (800 des 1400 hectares). Si le meunier demeure très marginal, le pinot noir n’est pas oublié et s’exprime dans une cuvée dédiée, le So Dark 2015 (80% pinot noir, 20% chardonnay – 40€). Et pour l’élaboration des différents assemblages, le chef de caves Cédric Jacopin dispose de vins de réserve remontant pour les plus anciens à 2003 et dont 10% à 15% sont élevés sous bois. Une palette aromatique incroyable qui lui permet de proposer des champagnes de caractère qui prouvent, une nouvelle fois, toute la capacité des structures coopératives à jouer la carte de la qualité.

Cet article Champagne De Saint-Gall vise le million est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bordelais] Une nouvelle école du cheval vigneron

L’introduction du cheval dans la viticulture est de moins en moins regardée avec scepticisme. Les bénéfices sont réels et la demande est croissante. La création de l’Ecole Nationale du Cheval Vigneron, à Saint Savin en Gironde, était une réponse logique.

Cette nouvelle formation vient de naître sur un espace de 8 ha, auquel il faut ajouter 5 ha de vignes qui servent aux travaux pratiques. Un autre territoire complète celui de Saint Savin et se situe au château Soutard, grand cru classé à Saint Emilion. Cette école possède de magnifiques chevaux, jeunes et vigoureux : percherons, ardennais, comtois, mais aussi auxois et trait du nord se côtoient. Des chevaux qui ont tous été formés à réaliser des tâches spécifiques au travail de la vigne.

Cette école est née sous l’impulsion de la Société Française des Équidés de Travail (SFET) Il s’agit de « valoriser des jeunes chevaux notamment sur un contrôle de performance plus spécifique et d’achever leur parcours de formation sur la vigne : on leur fait faire différents travaux du sol avec des outils comme la bineuse , la décavaillonneuse, … » précise Magali Bogaert, Déléguée Générale de la CFET. Ce retour des chevaux de trait dans les vignes est aussi une opportunité de conserver des races qui jusqu’à présent « étaient en très faible effectif » et ne devait leur existence qu’à quelques éleveurs passionnés et parfois désintéressés. Si l’école a vocation à valoriser ces chevaux puissants mais paisibles et « prêts à l’emploi », elle a aussi vocation à former des personnels qualifiés.

Des stages de formation bien ciblés

Dans ces formations on trouve diverses catégories de personnes. Des passionnés, comme Anne qui a déjà participé à un premier stage. Elle change de vie et souhaite organiser « des séjours de vacances en famille, en Corrèze », avec un ou des chevaux dans sa propriété. Il y a aussi ce restaurateur de la presqu’ile de Quiberon, amoureux du cheval de trait et qui conduira un cheval dans sa propriété.

Les professionnels de la viticulture sont aussi, évidemment concernés explique Magali Bogaert. « Un chef d’exploitation peut avoir un projet d’intégration de traction animale sur son domaine viticole. Il peut lui-même souhaiter mener un cheval, ou le confier à un salarié de son domaine. Il y a aussi celui qui souhaite s’installer en tant que prestataire de services ». Tous les châteaux n’ont pas la capacité d’entretenir un ou deux chevaux durant toute l’année. La saisonnalité intervient également dans la décision. Il faut enfin considérer qu’on peut ne pas vouloir confier tous les travaux aux chevaux : mais ces derniers apportent une valeur ajoutée par rapport aux méthodes traditionnelles. « Un cheval passera plus facilement dans un terrain lourd et humide qu’un tracteur » assure Magali Bogaert. Les avantages sont nombreux: un moindre tassement des sols, un travail de précision dans les rangs de vignes, pratiquement pas de CO2 émis, une énergie qui provient d’une consommation sur place d’herbe,… sans oublier le plaisir d’une relation à un animal magnifique de 900 kg et plus. 

Il y a enfin « les éleveurs qui amènent des chevaux qui ne sont pas débourrés et à qui on apprend à marcher au licol, au filet, à la longue rêne. l’Ecole Nationale du Cheval Vigneron apporte les compétences pour que ces chevaux soient aptes à travailler. On voit ensuite, comment ils se comportent à l’effort. Voilà les objectifs » résume Magali.

Deux types de formation


Initiation découverte du cheval dans la vigne : 28HPerfectionnement de 140h réparties sur l’année et calées sur le travail saisonnier du sol de la vigne, entre mars et octobre.

L’école du cheval vigneron assure donc :
– des prestations au sein des châteaux viticoles 
– la formation des personnels
– la formation des chevaux

Pour connaître l’ensemble des dates proposées, ainsi que toutes les autres formations organisées à l’Ecole Nationale du Cheval Vigneron : https://www.festa-formation.fr/

Cet article [Bordelais] Une nouvelle école du cheval vigneron est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Fabien Roussel – Parti communiste français (PCF)

J-1 du premier tour de l’élection présidentielle, le débat politique se focalise sur les traditionnels sujets économiques et sociaux, parmi lesquels, l’emploi, l’environnement et la santé. Au confluent de ces trois enjeux, la viticulture peine à émerger dans les débats, alors même qu’en 2019, les vins et spiritueux français étaient les deuxièmes contributeurs à la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. C’est pourquoi « Terre de vins » a souhaité interroger les principaux candidats à la présidentielle *, en leur soumettant les deux mêmes questions.

Si vous ne deviez retenir qu’une seule mesure forte pour accompagner les filières vins et spiritueux françaises face aux enjeux économiques, sociaux ou environnementaux, quelle serait-elle ?

Sans production et sans viticulteurs, il n’y a pas de filière. Or, la principale menace pour notre filière viti-vinicole et sa présence sur nos territoires, c’est le réchauffement climatique. L’ampleur du gel printanier de 2021, comme les sécheresses et canicules récurrentes, doivent nous pousser à l’action. Nous avons besoin de protéger et d’accompagner vraiment tous nos producteurs face à ce défi. Avec deux leviers : l’assurance contre les pertes de récolte et l’accompagnement pour s’adapter. Il faut sécuriser l’avenir de l’ensemble des viticulteurs, et tout particulièrement des petits producteurs, des petits domaines et coopératives. C’est pourquoi mon projet porte l’instauration d’un régime public d’assurance et de gestion des risques contre les aléas climatiques et les risques sanitaires et environnementaux. Nous avons déjà déposé une proposition de loi complète en ce sens avec mon collègue député André Chassaigne.

À titre personnel, quel est votre rapport au vin et aux spiritueux ? Avez-vous un souvenir particulier lié à une dégustation ? Une cuvée ou une appellation qui vous est chère ?

Bien sûr, j’aime découvrir le vin local à chaque fois quand je vais dans une région viticole. Chaque terroir a ses cépages, chaque producteur a ses spécificités, ses savoir-faire. C’est cela qui fait la richesse viticole de notre pays. Pour autant, je pencherais pour les vins du Languedoc, des Corbières et du Roussillon. Leur qualité se conjugue avec l’histoire sociale de notre pays, celle des grandes luttes vigneronnes de 1907, de ces petits vignerons coopérants de ce Midi rouge soutenus par Jaurès et tant de militants et élus communistes tout au long du XXe siècle.


Éric Zemmour et Marine Le Pen n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Nous avons choisi d’inclure Emmanuel Macron, candidat non déclaré mais largement pressenti à l’heure où Terre de Vins à réalisé ce dossier. Il est à retrouver en totalité dans le n°77 disponible actuellement en kiosque ou sur notre kiosque digital.

Cet article [Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Fabien Roussel – Parti communiste français (PCF) est apparu en premier sur Terre de Vins.

Printemps des champagnes 2022 : une édition pleine de nouveautés

Chamery CircusLa transmission femmes en ChampagneMeunier InstitutChamp by Coop

Du 9 avril au 13 avril se tient principalement à Reims, le « Printemps des champagnes », un événement spontané au cours duquel les associations de vignerons les plus dynamiques et les plus engagées du terroir accueillent les professionnels dans des lieux iconiques pour échanger sur le savoir-faire champenois, présenter les nouveautés, les vins clairs…

Le Printemps des champagnes (le pluriel a son importance !) est un événement qui regroupe différentes associations de vignerons d’élites, avec toujours des partis pris et des engagements forts. Le concept ? Accueillir des professionnels (cavistes, restaurateurs, importateurs) pendant une semaine en Champagne autour de dégustations dans des lieux emblématiques et patrimoniaux de la région (l’Opéra, les Crayères, le Boulingrin…). L’objectif est d’enrichir la culture des prescripteurs. La coordinatrice Alexandra Château nous confie : « Cela faisait deux ans que nous étions privés de Printemps des champagnes, tout le monde est ravi de se retrouver ! La plupart des événements sont d’ailleurs complets, ce qui s’explique aussi par les jauges plus limitées que nous avons à cause du covid. Notre approche est d’abord pédagogique plutôt que commerciale, c’est la notion de partage qui est importante. Au départ, il s’agissait d’ailleurs de présenter les vins clairs de l’année. Pour cette édition 2022, nous avons sur les 24 participants, plusieurs nouveaux venus comme « Champ by coop » (c’est la première fois que des coopératives s’impliquent !), « Racine », un groupe de vignerons de la Côte des Bar, Apex, à cheval sur plusieurs terroirs et créé à l’initiative de Benoît Marguet, vigneron à Ambonnay, ou encore Champagne Circus, une association consacrée aux Coteaux champenois ».

En consultant le programme sur http://www.printemps-des-champagnes.com, nous avons effectivement pu relever une multitude de propositions originales. Celle de Terres & Vins de Champagne par exemple, qui a installé sa dégustation de vins clairs au château Perrier à Epernay, dans le tout nouveau musée du champagne, et dont les frais d’inscription serviront à financer une association d’entraide aux Ukrainiens. Les vignerons indépendants de Champagne organisent quant à eux à la Petite Halle à Reims trois masterclass, animées par Geoffrey Orban, dont une sur le dosage et une autre sur la vinification et l’élevage sous bois du chardonnay. Quant à « Champagne terroirs expérience », outre une présentation dimanche au cercle Colbert, ses vignerons ont initié au Bistrot des Anges un dîner off mettant en avant une consommation décomplexée pour ne pas dire décoincée du vin des rois. Les invités pourront ainsi profiter d’accords autour d’une déclinaison de cheeseburgers/frites, et de préparations de la mixologue parisienne Ysis. Plus classique, on procèdera aussi pendant la soirée à une dégustation de champagnes tout en magnum.

Cet article Printemps des champagnes 2022 : une édition pleine de nouveautés est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Philippe Poutou – Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)

J-2 du premier tour de l’élection présidentielle, le débat politique se focalise sur les traditionnels sujets économiques et sociaux, parmi lesquels, l’emploi, l’environnement et la santé. Au confluent de ces trois enjeux, la viticulture peine à émerger dans les débats, alors même qu’en 2019, les vins et spiritueux français étaient les deuxièmes contributeurs à la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. C’est pourquoi « Terre de vins » a souhaité interroger les principaux candidats à la présidentielle *, en leur soumettant les deux mêmes questions.

Si vous ne deviez retenir qu’une seule mesure forte pour accompagner les filières vins et spiritueux françaises face aux enjeux économiques, sociaux ou environnementaux, quelle serait-elle ?

Il est fondamental que la viticulture comme l’ensemble de l’agriculture se libère du productivisme et se débarrasse de la chimie qui vont avec l’obsession de la rentabilité et des profits. Il en va de la santé de la population consommatrice mais aussi des habitant(es) voisin(es) qui subissent la pollution des pesticides et autres produits phytosanitaires. La production viticole doit se tourner vers le bio, le respect de la terre, sans oublier les conditions sociales des travailleurs(euses) de la vigne et de la vinification.

 À titre personnel, quel est votre rapport au vin et aux spiritueux ? Avez-vous un souvenir particulier lié à une dégustation ? Une cuvée ou une appellation qui vous est chère ?

J’ai vécu une partie de mon enfance à Léognan donc j’ai une attache particulière avec les graves puisque c’était l’ancienne appellation des Pessac-Léognan. Et puis quand j’ai travaillé à la poste de Léognan, comme facteur et télégraphiste (et oui à l’époque ça existait encore), j’allais dans la plupart des propriétés viticoles de la commune, souvenir de belles bâtisses comme les châteaux Carbonnieux, La Louvière, Olivier…


Éric Zemmour et Marine Le Pen n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Nous avons choisi d’inclure Emmanuel Macron, candidat non déclaré mais largement pressenti à l’heure où Terre de Vins à réalisé ce dossier. Il est à retrouver en totalité dans le n°77 disponible actuellement en kiosque ou sur notre kiosque digital.

Cet article [Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Philippe Poutou – Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Provence] Premier millésime du Clos des Cailles

Le tout nouveau Clos de Cailles à Entrecasteaux, au coeur de la Provence verte, vient de sortir son premier millésime 2021 en blanc et rosés, les deux rouges étant encore en cours d’élevage.

La propriété entre Lorgues et Saint-Antonin-du-Var a été achetée en 1992 par Jean-Pierre et Simona Mariotti. Avec son mas provençal et ses 7 hectares ceints de murs en pierre sèche, elle devient vite le lieu de villégiature estivale de la famille. Le domaine comprend également 2 hectares de vignoble qui ont été entièrement restructurés puis étendus, les restanques ont été restaurées mais point de cave ; les raisins sont vendus pendant 20 ans en négoce à des maisons telles que Minuty, Esclans, les Caves de l’Amiral… L’activité principale de la famille reste d’ailleurs centrée sur l’immobilier à Monaco. La nouvelle génération, Jean-Marie et Mathieu, décident de faire évoluer le projet familial vers un domaine en propre qui prend naturellement le nom du lieu-dit; ce sera le Clos des Cailles. « Mes parents avaient déjà engagé des travaux titanesques dans les années 90 et beaucoup agrandi la propriété avec des rachats et des replantations mais l’étape décisive a été de se lancer dans la construction d’un chai de vinification et dans la conversion bio » précise Mathieu qui avoue s’être intéressé au vin en se penchant sur le process du bâtiment. La direction artistique a été confiée au célèbre architecte Rudy Ricciotti qui l’a pensé comme un théâtre avec des rideaux en béton plissé et des piliers torsadés rappelant les ceps de vigne. L’auteur du Mucem à Marseille a déjà œuvré dans des domaines viticoles comme le Mas de L’Oncle en Pic Saint-Loup ou le Centre œnologique du château-abbaye de Cassan (34)  Le chantier a nécessité le déménagement de 35 000 m2 de terre pour faire émerger un chai semi-enterré dans la colline puis revégétalisé en terrasse afin d’y replanter vignes et garrigue.

Le Clos affiche désormais une trentaine d’hectares produisant environ 100 000 bouteilles en AOP Côtes-de-Provence, à 90 % rosés comme la moyenne provençale, complétés de 7 % de blancs et 3 % de rouges. Outre la conversion, le domaine travaille à la revalorisation du biotope et œuvre pour le développement de la biodiversité avec le cabinet spécialisé en environnement Alain Bonhoure Conseil, en particulier pour minimiser l’impact du bâtiment sur la faune et la flore en zone Natura 2000. Il est également prévu de construire un moulin à huile pour exploiter les oliviers du domaine, le reste sera conservé en espaces naturels avec de nombreux cyprès et des muriers centenaires. Côté Vins, les Mariotti travaillent avec la maître de chai et œnologue Hélène Sinaeve (ex-Domaine de la Croix), le cabinet conseil de Gilles Baude et viennent de recruter un directeur opérationnel qui n’est autre que David Quillin, le pétulant ambassadeur de la Cave de Tain (26) qui prendra ses fonctions le mois prochain.

Terre de Vins aime

Clos de Caille rosé 2021 (19,50 €) à majorité grenache (50 %) assorti de cinsault (30 %), syrah (10 %) et cabernet sauvignon (10 %) : des arômes de pêche, groseille, zestes de citron, délicat et fin. Avec une soupe thaï, un tourteau à l’avocat.

Clos de Caille blanc 2021 (19,50 €) 100 % rolle  élevé à 10 % en bois neuf, rond et suave sur des fruits blancs et des notes d’amandes. Avec un carpaccio de Saint-Jacques, une sole meunière.

Clos de Caille Clarisse rosé 2021 (33 €) 25 % grenache, 25 % syrah, 20 % cinsault, 20 % cabernet sauvignon et 10 % de rolle, fermenté et élevé en bois (une seule barrique). Une belle puissance sur les petits fruits rouges, une note de noisette grillée, une trame ample et calcaire et une finale saline. Avec un homard grillé, un filet de canard.

Cet article [Provence] Premier millésime du Clos des Cailles est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Cognac] Le grand soir chez Delamain

Ce jeudi 7 avril était inaugurée dans la soirée la nouvelle maison Delamain, en lieu et place de l’ancienne, à deux pas du fleuve, dissimulée dans les venelles du vieux Jarnac-Charente. Une rénovation dans l’esprit Delamain destinée à recevoir des amateurs du monde entier…

Elle compte parmi les plus prestigieuses maisons de la Place. Et s’il est un supplément d’âme, c’est celui de porter une histoire où les grands cognacs se sont mêlés à des écrivains, un historien ou encore un ornithologue. La célèbre librairie Delamain de l’artère parisienne de Rivoli fait notamment figure de témoignage. Il reste aussi des collections, des livres et… des eaux-de-vie centenaires. Au 7 de la rue Jacques et Robert Delamain, d’heureux fantômes hantent les lieux, tout comme des parfums qui se baladent, du rancio, de l’abricot sec, de la gelée de coings. Mais une rénovation des bâtis étaient nécessaires pour s’ouvrir à l’oenotourisme. « Ce ne sera pas clinquant, ce n’est pas le genre de la maison », avait prévenu le directeur général Charles Braastad au tout début des travaux. Et ce n’est pas le copropriétaire des lieux, les champagnes Bollinger, qui risque de trahir le préambule.

Ce jeudi 7 avril était donc synonyme de grand soir mais en aucun cas de grand changement. Les deux années de chantier, celui-ci pensé par les architectes cognaçais Blondeau, Boutin et Vèque, ont accouché de sobriété et de respiration. S’y accrochent quelques œuvres d’art et de la couleur bleue, le bleu Delamain. Destiné à accueillir des expositions, le hall s’inaugure avec l’artiste locale mais d’origine danoise, Anja Madsen Pernot. Qu’on ne s’y méprenne pas, la maison Delamain ouvre ses portes au public mais tout en élégance, fidèle à la dentelle de son Pale & Dry, sa Vesper ou ses Pléiades. « Delamain ne sera jamais une usine à touristes, simplement un lieu où les connaisseurs peuvent désormais être reçus, un endroit chaleureux, cosy », promet Charles Braastad. Les amateurs sont prévenus et les visites commencent dès la mi-avril. Le programme ci-dessous…

Visite Découverte Olfactive des chaisDurée 1h – 25€

Voyage sensoriel au chai principal avec dégustation des eaux-de-vie sur fût
Chai semi-enterré avec explication des faibles
Dégustation Pale & Dry XO 
1 verre Delamain gravé offert (choix de tulipe ou sans pied) 

Visite Multisensorielle Durée 1h30 – 50€

Voyage sensoriel au chai principal avec dégustation des eaux-de-vie sur fût
Chai semi-enterré avec explication des faibles, chai single cask, chai millésime 
Dégustation Pale & Dry XO + intro food pairings, 3 cognacs différents de la gamme single cask « Pléiade » 
2 verres Delamain gravés offerts (choix de tulipe ou sans pied)

Visite Terroir de luxe Durée 2h – 100€

Une introduction plus approfondie aux accords-mets/cognacs et un accent sur le luxe sensoriel.
Chai semi-enterré avec explication des faibles, chai single cask, chai millésime 
Dégustation P&D XO givré, 3 cognacs différents de la gamme single cask Pléiade
Le meilleur des produits locaux : Caviar de Gensac, foie gras, fromage, confit de figue avec un pain local
2 verres Delamain gravés offerts (choix de tulipe ou sans pied)

Cet article [Cognac] Le grand soir chez Delamain est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Valérie Pecresse – Les Républicains

J-3 du premier tour de l’élection présidentielle, le débat politique se focalise sur les traditionnels sujets économiques et sociaux, parmi lesquels, l’emploi, l’environnement et la santé. Au confluent de ces trois enjeux, la viticulture peine à émerger dans les débats, alors même qu’en 2019, les vins et spiritueux français étaient les deuxièmes contributeurs à la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. C’est pourquoi « Terre de vins » a souhaité interroger les principaux candidats à la présidentielle *, en leur soumettant les deux mêmes questions.

Si vous ne deviez retenir qu’une seule mesure forte pour accompagner les filières vins et spiritueux françaises face aux enjeux économiques, sociaux ou environnementaux, quelle serait-elle ?

La viticulture française, c’est une des plus belles fiertés de la France, une part inaliénable et éternelle de son identité et le porte-étendard de son rayonnement mondial. Il semble que la Commission européenne nourrisse le projet de gérer elle-même les indications géographiques : je le dis très clairement, je ne laisserai jamais l’INAO, qui défend les appellations depuis 1935, déménager à Bruxelles. […]

Le changement climatique, qu’il se manifeste par le gel ou la sécheresse, fait payer un lourd tribut à la production et nous devons anticiper ces bouleversements en investissant massivement dans la recherche et l’innovation pour accompagner l’indispensable adaptation de nos vignobles. Je soutiendrai aussi l’irrigation des vignes.

Le vignoble français souffre aussi d’un mal beaucoup plus français qui est la fiscalité.  Elle handicape fortement la transmission des exploitations familiales car les héritiers sont souvent obligés de vendre les exploitations en raison de l’imposition du capital productif. En dix ans, la France a perdu 1 domaine viticole sur 6 ! Il est temps de stopper cette hémorragie pour que notre viticulture reste humaine et familiale .

C’est la raison pour laquelle j’ai pris l’engagement d’alléger la fiscalité des transmissions agricoles dans le cadre familial et de supprimer  la taxation des plus-values lors des cessions à un jeune agriculteur hors cadre familial. 

À titre personnel, quel est votre rapport au vin et aux spiritueux ? Avez-vous un souvenir particulier lié à une dégustation ? Une cuvée ou une appellation qui vous est chère ?

Belle-fille et belle-sœur de viticulteurs du Fronsadais, et sœur d’un marchand de vin, mes belles expériences de dégustation de vin sont nombreuses. Pour moi, le vin est indispensable d’une bonne table, et s’allie parfaitement avec mon amour des fromages. Ma plus belle expérience, ce fut celle de mon intronisation comme Tastevin du Clos de Vougeot en 2017 avec pas moins de sept bourgognes en dégustation… avec Andréa Ferreol qui venait de tourner l’émouvant film « Saint Amour ». Un moment unique, scandé de bans bourguignons.


Éric Zemmour et Marine Le Pen n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Nous avons choisi d’inclure Emmanuel Macron, candidat non déclaré mais largement pressenti à l’heure où Terre de Vins à réalisé ce dossier. Il est à retrouver en totalité dans le n°77 disponible actuellement en kiosque ou sur notre kiosque digital.

Cet article [Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Valérie Pecresse – Les Républicains est apparu en premier sur Terre de Vins.

Bien Boire en Beaujolais : la reprise !

Après deux ans d’absence, direction le Beaujolais pour faire un tour du vignoble réparti sur 5 associations et 4 châteaux : Pizay, Ravatys, Poncié et Corcelles.

Cette édition de Bien Boire en Beaujolais, aura tenu ses promesses avec 210 vignerons présents et les visiteurs qui se sont massés dans les différents lieux dimanche 3 et lundi 4 avril 2022. L’occasion de faire de nouvelles découvertes, en commençant par la « Biojolaise », installée au Château de Poncié.

Des blancs vibrants

Au Domaine de la Couvette d’abord, où Claude et Gautier Marion produisent un Beaujolais blanc qui séduit immédiatement, avec ce chardonnay tendu, vif et frais. Caractéristiques qui tiennent à cœur à Gautier, qu’il recherche  sur tous ses millésimes comme de préserver un niveau d’alcool ne dépassant les 12,5 degrés, quitte à vendanger plus tôt. Et à ce prix, on l’apprécie doublement (7€ la bouteille, 31€ les 6, prix départ cave). 

Au Domaine le Crêt de Bine, Florence Subrin et son cousin Geoffroy vinifient plusieurs cuvées dont la cuvée « Florence » en blanc, issue de chardonnays cultivés sur granit et élevés six mois en pièce bourguignonne. Gourmandise, finesse et élégance sur une note très florale et particulièrement d’acacia. (12€ départ cave)

Le « Clos des Mûriers » chez Guillaume Dupré-Goujon s’articule sur des notes florales, végétales et de beaux amers en finale. Un tiers d’élevage en barrique, un tiers en demi-muid et un tiers en cuve inox lui confère un bel équilibre. (17€ départ cave)

La cuvée « Georges » chez les frères Thillardon est une bombe. Du chardonnay toujours, évidemment, avec un peu de chardonnay rose provenant de chez Sylvain Pataille (Marsannay), et ça donne une cuvée ultra vibrante, gourmande, saline, aromatique, charnue mais tendue, équilibrée. Superbe. (30€ départ cave)

Des rouges éclatants

Toutes les cuvées du domaine de la Bonne Tonne valent le détour. Anne-Laure et Thomas Agatensi produisent trois parcellaires en Morgon. La « Côte du Py » (20€) est une expression élégante de ce célèbre terroir, aussi fruitée que structurée sur l’élégance. « Les Charmes » (17€) est à la fois fruité et corsé où le noyau de cerise marque le profil, quand les « Grands Cras » (17€) conjuguent équilibre aromatique, finesse et vivacité pour un plaisir maximum.

Julien Sunier produit un Fleurie qui s’inscrit dans les belles caractéristiques de l’appellation, avec une finesse tannique et un fruité délicat qui prend de l’ampleur dès le milieu de bouche, qui donnent une cuvée réussie. (Environ 20€). Même réussite pour son Morgon, vinifié dans son cuvage à 800m d’altitude et en extérieur, « pressuré tranquillement » et majoritairement élevé dans des fûts et foudres de plusieurs années.

Retour au Domaine Le Crêt du Bine pour la cuvée « François » en AOP Beaujolais, fraîche et souple, tendue et aux tanins fins, et une finale salivante. (12€ départ cave)

Cet article Bien Boire en Beaujolais : la reprise ! est apparu en premier sur Terre de Vins.