[Saint-Estèphe] Retour vers le futur au Château Le Boscq

Avec la récente acquisition du Château Le Boscq par les vignobles Dourthe, ce Cru Bourgeois Exceptionnel entend entrer dans une nouvelle ère suspendue à d’importants travaux en perspective. Attention les yeux… et le palais dans ce temple de Saint-Estèphe.

A contempler la superbe croupe qui constitue la vingtaine d’hectares du Château Le Boscq, on peut s’interroger sur le fait qu’il ait échappé à l’inamovible Classement des Grands Crus Classés 1855. « Un travail historique a été réalisé sur ce cru et il s’avère que le propriétaire de l’époque, Thomas Barton, possédait d’autres crus et il n’a pas présenté Le Boscq… », prévient Frédéric Bonnaffous, le directeur des vignobles Dourthe. Il sera Cru Bourgeois Exceptionnel et le soin accordé par les équipes de Dourthe à ce bijou est total. Dourthe, qui possède notamment les Châteaux Belgrave, La Garde ou Grand Barrail Lamarzelle Figeac, était fermier du Château Le Boscq depuis 1995 avant de l’acheter en ce début d’année 2022. Si l’application était portée sur le vin, dès lors les vignobles Dourthe ont les coudées franches pour restaurer la sublime demeure qui domine l’estuaire de la Gironde. Les travaux vont commencer pour une livraison d’ici trois ans avec une vocation oenotouristique (visites, boutique…) et même des chambres à usage professionnel. Cette renaissance du Boscq passe aussi par l’édification d’un nouveau cuvier afin de travailler encore davantage dans des sélections intra-parcellaires. Depuis 1995, plus de la moitié du vignoble a été replantée avec une augmentation nette de la proportion de cabernet sauvignon sur cette croupe de graves. « Sur ce terroir magique, dès que nous mettons le bon cépage au bon endroit, on retrouve la signature de ce grand Saint-Estèphe », souligne Frédéric Bonnaffous. Et la verticale du millésime 1998 à aujourd’hui, montre parfaitement l’évolution qualitative de ce cru avec des vins davantage racés à partir de 2012, année charnière où le cabernet sauvignon s’est imposé. En sus du merlot qui donnent de la chair, de très beaux petit verdots viennent apporter une pointe épicée. A la fin des années 2010, la restructuration du vignoble a commencé à porter ses fruits. L’exceptionnelle trilogie 2018, 2019 et 2020 prévient de l’ambition du Château Le Boscq où la densité, l’équilibre et la pureté se conjuguent pour des potentiels de garde ébouriffants : ce cru joue dans la cour des plus grands Saint-Estèphe. « On a une connaissance toujours plus précise de notre terroir, nous allons chercher de belles maturités et nous faisons un élevage sur-mesure avec du bois neuf sur les cabernets sauvignons seulement », explique le directeur des vignobles Dourthe. Nous le croyons sur paroles, ce retour vers le futur présage du meilleur à venir pour les bouteilles du Château Le Bocsq que l’on retrouve sur le marché à moins de 30 euros…

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[Jura] Percée neige et soleil avec Laurent Gerra

Une 24ème Percée du Vin jaune à la météo mitigée à Cramans mais au franc succès, parrainée par l’imitateur Laurent Gerra.

On pouvait espérer en avril une Percée du vin jaune plus douce; elle fut neigeuse le samedi, froide mais ensoleillée le dimanche. Ce qui n’a pas empêché près de 15 000 visiteurs d’assister à la mise en perce du millésime 2014. « Une petite Percée mais qui a permis moins d’attente au caveau et davantage d’échanges avec les vignerons » a précisé Jean-Charles Tissot président du CIVJ. Après la messe et la bénédiction dans l’église au ciel étoilé et grands motifs floraux, inscrite aux monuments historiques, le défilé du tonneau, puis l’adoubement sous la neige des deux nouveaux ambassadeurs du vin jaune : le président de la Percée 2022, Benoît Sermier, seul vignerons de Cramans, et le parrain de cette édition Laurent Gerra. En l’absence de Christian Vuillaume, maire de Château-Chalon et délégué aux discours, c’est Jean-Charles Tissot, président de l’interprofession des vins du Jura qui s’est chargé de lire le panégyrique du vigneron, rappelant sa passion du vin et de la gastronomie mais également pour le piano à bretelles, le synthé, les percussions tout en étant sergent chez les pompiers. « Un musicien qui a compris que les accords mets-vins étaient la clé des saveurs ». Son père, le député Jean-Marie Sermier, coopérateur à la Fruitière Vinicole d’Arbois et désormais très occupé par la chose politique lui a confié le domaine sur lequel l’a rejoint son frère Mathieu et sa femme L’aura. Ce gourmand-gourmet revendiquant une appartenance aux amis de l’os à moelle et des ris de veau, amateur de l’omelette aux champignons a 3h du mat’ et des huîtres le dimanche matin, peut se targuer du plus long mandat de président de la Percée, 3 ans au lieu de 2 pour cause de Covid, devenant « le couteau suisse de l’organisation et symbole de son engagement né de l’atavisme familial ».

Du vin jaune dans les veines

L’hommage à Laurent Gerra par Alain de Laguiche n’était pas moins prolixe, évoquant l’humoriste aux 300 personnages, libre d’esprit, et appelant à la comparaison une fresque de figues emblématiques de Le Luron à Coffe en passant par Rabelais, Gnafron, Brillat Savarin, Bocuse et Sinatra tout en rappelant qu’il était chevalier du mérite agricole et vigneron en Provence. L’imitateur évoquant l’origine jurassienne de sa mère a avoué avoir « sans doute un peu de vin jaune dans les veines. Le vin, c’est la vie et le partage, une façon d’aimer faire plaisir avec des bonnes choses…comme dans mon métier ». Et de dédier après le coup de marteau de la percée ce premier verre à son papa disparu il y a quelques jours.

Photos: F. Hermine

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Gel : première nuit de lutte en Bourgogne

Les blancs de Chablis, de la Côte de Beaune et du Mâconnais ont été protégés par des bougies, des tours anti-gel et des systèmes d’aspersion dans la nuit de dimanche à lundi.

La scène se répète désormais chaque printemps, mais reste fascinante. Des hectares de vignes se sont illuminés en Bourgogne dans la nuit du dimanche 3 au lundi 4 avril 2022. Un paysage de feu obtenu grâce à des bougies de paraffine, allumées afin de réchauffer l’atmosphère et protéger les bourgeons de chardonnay du gel. Les pinots noirs, moins avancés, n’avaient pas besoin de protection.

Probablement moins de dégâts qu’en avril 2021

Les températures sont descendues en-dessous de zéro dans toute la Bourgogne viticole : jusqu’à -3° en Côte de Beaune au petit matin, -5° dans le Chablisien. Contrairement à la nuit précédente, les vignerons se devaient de réagir. Plus précisément ceux propriétaires des parcelles les plus prestigieuses. À plus de 4000€ l’hectare par jour de lutte, le système de protection par bougies n’est réservé qu’aux vins de renom. Ainsi, le Montrachet, Meursault, Chablis et Fuissé ont vécu la nuit au rythme des chalumeaux. D’autres moyens de lutte, comme les éoliennes et l’aspersion, ont été déployés.

S’il est impossible d’estimer les dégâts à l’heure actuelle, on pressent déjà qu’ils seront inférieurs à ceux d’avril 2021. Les températures sont tombées moins bas et le stade végétatif de la vigne est un brin moins avancé que l’an passé. Sans oublier la prudence des viticulteurs, plus nombreux cette année à expérimenter des techniques de taille tardive, afin de retarder l’éclosion des bourgeons. Mais la saison ne fait que commencer, et le risque demeure jusqu’à mi-mai.

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Un clos vougeot issu de 24 domaines aux enchères

Ce grand cru hors-norme sera mis en vente, en ligne, du 8 au 23 avril, au profit de la restauration de l’abbaye de Cîteaux. Du jamais vu depuis 1997.

Faiveley, Jacques Prieur, Thibault Liger-Belair, La Vougeraie ou encore Mugneret-Gibourg, pour ne citer qu’eux. Des domaines parmi les plus prestigieux de Bourgogne – 24 au total – ont uni leurs forces sur une idée de la confrérie des chevaliers du Tastevin. Ils ont fait don d’une part de leur grand cru clos de vougeot 2020, pour concevoir un assemblage unique : une cuvée « Abbaye de Cîteaux ».

Les 570 litres de ce nectar, répartis dans trois fûts de chêne, patientent actuellement dans l’enceinte même du clos. Prochaine étape : sa mise en vente. Du 8 au 23 avril prochain, la cuvée sera répartie en 113 lots lors d’enchères en ligne, sur le site internet de la maison Sotheby’s. Un nabuchodonosor (bouteille de 15 L) de la cuvée bénéficiera quant à lui d’une enchère spéciale, lors d’une soirée caritative organisée au château du Clos de Vougeot le samedi 23 avril.

Pour rénover l’abbaye… qui a fondé le clos de Vougeot

Pour Jamie Ritchie, président de Sotheby’s wine, « c’est une occasion unique pour les collectionneurs d’acquérir un vin rare et singulier. Produit pour la première fois depuis 1997, cette cuvée a été élaborée grâce aux généreuses donations de vingt-quatre vignerons du Clos de Vougeot ».

Le produit de la vente ira à la restauration de l’abbaye de Cîteaux. Un symbole fort. « Ce bâtiment, véritable parlement des cisterciens qui a rassemblé des moines venus de toute l’Europe, de la Hongrie à la Bretagne et de l’Ecosse à la Castille, témoigne de la contribution de l’ordre à la naissance de la pensée européenne. Impliqué dans la vie économique, intellectuelle autant que spirituelle, Cîteaux participa au développement des climats des vignobles de Bourgogne, reconnus comme patrimoine mondial de l’humanité, notamment en fondant le vignoble du Clos de Vougeot », résume Guillaume Poitrinal, président de la Fondation du patrimoine.

En savoir plus sur la vente : sothebys.com/vougeotpourciteaux

Chaque bouteille sera ornée d’une étiquette plaquée or, imaginée spécifiquement par des enlumineurs professionnels de l’Institut supérieur européen de l’enluminure et du manuscrit, en hommage à la tradition cistercienne.

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Sept Châteauneuf font le printemps

Pour la 11ème édition du salon Les Printemps de Châteauneuf, 100 domaines étaient réunis. Vaste choix de cuvées et cruel dilemme que d’en sélectionner sept de cette mythique AOC. Nos coups de coeur vont à la nouveauté, à l’originalité et à la découverte.

Fan du grenache

Premier coup de coeur pour la cuvée Pied de Baud rouge 2019 (30€), de Gilles Gasq. Longtemps chef de culture et maître de chai, il a construit patiemment son domaine à Travaillan et acquis un hectare et demi à Châteauneuf en 2015. Reconnaissant à André Brunel qui a accueilli ses premières vinifications, cet amoureux du grenache le travaille avec délicatesse. De jolis fruits noirs teintés de notes florales s’épanouissent dans les épices. La finesse et la fraîcheur dominent sur des tanins qui vont s’affiner.  

La Manarine – 06 06 52 48 01

Sans artifice

Second coup de coeur pour la dernière création d’Hélène Chouvet-Coton (Domaine Fontavin). Sans artifice, issue de 50 % de vieux grenaches et 50 % de syrahs plantés sur des sables et des galets roulés, la cuvée Libre (83€) puise dans ses terroirs la pureté du vin. Ce 2019, certifié bio, a été élevé 12 mois dans des œufs en céramique. Il exhale les arômes de fruits mûrs capiteux dans une saisissante souplesse et des tanins fondus. Promis à une longue garde !

La belle chimie

Chimiste de formation, Florence Giornal a repris les rênes du domaine en 2019, avec son mari. En attendant la création de la cave, c’est la famille Perrin qui accueille les cuves et fournit les demi-muids où Florence réalise ses essais de vinifications. (Petite parenthèse pour son Vin de France 100 % viognier élevé 18 mois en barriques, offrant son léger vanillé bien frais). Les roussannes plantées sur un sol sableux composent son Châteauneuf blanc (36€). Floral, avec des arômes de poire et un trait de coing, vif et salin, il propose une belle amplitude.

Domaine La Durbane – ladurbane.fr

Terre de safran

Consultant en agronomie-viti-oeno, Claude Hilt a trouvé son bonheur de vigneron à Rasteau. Sur son tout petit domaine (Villa Safranier), les vins seront certifiés bio cette année. Chanceux d’avoir déniché 1,5 hectares, il vinifie deux Châteauneuf blanc et rouge. Le premier (32€) est un 100 % clairette. Au nez, la palette aromatique est complexe, un savant cocktail floral où pointe quelques épices douces. La bouche offre du volume, teintée d’un boisé fin.

Trop de pontifes

L’ancien domaine des Pontifes a été rebaptisé Croze-Granier par Laurent et Liliane. Moins pontifiant ?! Absolument pour leur rouge Les Anciens Pontifes 2020 AB (25,50€) débarrassé de lourdeurs solennelles, plutôt vif à l’attaque, floral, charmeur avec ses fruits noirs et rouges, bref aérien.

Domaine Croze-Granier – domainecrozegranier.fr

A l’ouest du nouveau

Grande curiosité que de découvrir les vins d’Isabelle Strasser nouvellement installée sur le territoire castel papal et dans les cuisines de La Mère Germaine… Le rouge Le couchant (62€) est de très belle facture et le blanc 2020 (44€), avec son assemblage grenache, bourboulenc, clairette et roussanne, libère sa brassée florale et son zeste d’agrume donnant une vivacité bienvenue.

Domaine Le Prieuré des Papes – 04 90 34 53 06

Mère et fille

Depuis 1841 la famille Grangeon cultivent son terroir de galets roulés, à Orange. Marie-Laure et sa fille Céline sont désormais à la tête du domaine certifiés AB. Le Châteauneuf rouge Tradition 2019 (36 €) pointe son nez et sa bouche de fruits rouges et noirs bien mûrs, presque confiturés mêlés de senteurs de garrigue et d’épices.

Domaine de La Palud – lesvinsdelapalud.com


www.lesprintempsdechateauneufdupape.fr

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[Présidentielle] Quel projet pour le vin avec Nathalie Arthaud – Lutte ouvrière (LO)

À J-7 du premier tour de l’élection présidentielle, le débat politique se focalise sur les traditionnels sujets économiques et sociaux, parmi lesquels, l’emploi, l’environnement et la santé. Au confluent de ces trois enjeux, la viticulture peine à émerger dans les débats, alors même qu’en 2019, les vins et spiritueux français étaient les deuxièmes contributeurs à la balance commerciale de la France, derrière l’aéronautique. C’est pourquoi « Terre de vins » a souhaité interroger les principaux candidats à la présidentielle *, en leur soumettant les deux mêmes questions.

Si vous ne deviez retenir qu’une seule mesure forte pour accompagner les filières vins et spiritueux françaises face aux enjeux économiques, sociaux ou environnementaux, quelle serait-elle ?

Je ne mets pas un trait d’égalité entre les 85 000 exploitations viticoles. Il y a d’un côté de toutes petites propriétés familiales, hors des grands crus, qui permettent à leurs propriétaires d’en vivre chichement, et de l’autre, des grands domaines qui se revendent à prix d’or et qui ne fonctionnent que grâce au travail, mal rémunéré, d’ouvriers viticoles. Le plan anti-pesticide vient d’être annoncé comme un fiasco, un milliard d’euros étant gaspillé, quand ce n’est pas détourné pour chercher des subventions, enfin, une nouvelle étude signale la présence de glyphosate dans les urines de plus 6 800 volontaires disséminés sur toute la France. Selon les résultats de cette étude, 99,8 % de la population  – tout le monde – serait contaminé à ce pesticide classé « cancérigène probable ». Les travailleurs en milieu viticole sont exposés aux plus fortes doses, entraînant des cancers professionnels. C’est cela qui me préoccupe car les conséquences sont directes pour la vie des travailleurs de la vigne et de la population qui loge à proximité. La moindre précaution serait d’imposer une distance de sécurité suffisante entre les habitations, les écoles et les vignes. Mais le mètre carré de vignoble supplémentaire, dont le prix ne cesse de s’envoler, semble primer sur la santé des villageois.

À titre personnel, quel est votre rapport au vin et aux spiritueux ? Avez-vous un souvenir particulier lié à une dégustation ? Une cuvée ou une appellation qui vous est chère ?

Désolée pour la profession, mais je suis une consommatrice plus que modérée et pas vraiment une grande connaisseuse…


* Éric Zemmour, Marine Le Pen et Christiane Taubira n’ont pas souhaité répondre à nos sollicitations. Nous avons choisi d’inclure Emmanuel Macron, candidat non déclaré mais largement pressenti à l’heure où Terre de Vins à réalisé ce dossier. Il est à retrouver en totalité dans le n°77 disponible actuellement en kiosque ou sur notre kiosque digital.

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[Saint Emilion] Connaissez-vous (vraiment) Château Grand Mayne ?

Il est de ceux qui ne font pas le plus de bruit sur la rive droite bordelaise. Et pourtant, voilà un cru qui mérite l’attention des amateurs. Les vins y sont d’une qualité évidente, marqués par une volonté d’aller vers une forme d’épure qui n’est pas sans rappeler certains vins d’émotion produits par le passé.

Aujourd’hui, à l’heure des réseaux sociaux triomphants et de la communication à outrance, le faire savoir prime souvent sur le savoir-faire. Il faut toujours y aller de la dernière nouveauté, de la collaboration sexy, de l’expérimentation originale… Cela peut évidemment accompagner une marche vers la qualité. Mais ce n’est pas parce que l’on est plus discret, que l’on est moins intéressant. Une preuve (parmi d’autres), le château Grand Mayne, très beau grand cru classé de Saint Emilion, propriété de la famille Nony depuis 1934. Aujourd’hui, c’est la 3ème génération représentée par Jean-Antoine et son frère Damien qui préside aux destinées de cet écrin dont les bâtiments du XVIème siècle sont en partie classés depuis 2014. Et c’est l’arrivée de Pierre-Yves Petit comme Directeur technique en 2016 qui a marqué certainement un véritable tournant. Avec un parcours qui l’a mené aux 4 coins de la planète et des expériences dans des propriétés référentes en matière de biodynamie, l’homme s’est forgé de solides convictions tout en restant pragmatique. Faire du vin de la meilleure manière possible, bien sûr, mais en assurant la pérennité économique d’une petite exploitation familiale. Car Grand Mayne, ce sont 17 hectares dont 14,5 sont actuellement en production. Travail des sols, enherbement sous les rangs, bioprotection pour se passer de sulfites à l’encuvage, plan de replantation drastique initié en 2012 et devant se prolonger jusqu’en 2035, les efforts sont permanents et portent leurs fruits.

Une très belle définition

Historiquement, la propriété était largement plantée de cabernet franc, avec des proportions qui étaient de l’ordre de 40% dans les années 1960. Celles-ci ont progressivement diminué mais le regain d’intérêt s’est opéré il y a quelques années déjà. Et comme le rappelle Pierre-Yves, « outre le fait que ce cépage apporte davantage de raffinement, de fraîcheur et d’équilibre aux vins, il a également l’avantage de présenter une pellicule plus épaisse qui résiste naturellement mieux au mildiou que le merlot ». Par chance, et compte tenu du patrimoine ampélographique dont disposait l’équipe, tout un travail de sélection massale a pu être effectué sur des vieux pieds de cabernet franc plantés en 1953. « Sur les 250 individus dont nous disposions, nous en avons identifiés 120 particulièrement intéressants gustativement. Ce sont eux qui ont été reproduits et qui se trouvent actuellement dans une nursery en attente de pouvoir être replantés », confie non sans émotion Jean-Antoine. De 20% de l’encépagement environ aujourd’hui, le cabernet franc pourrait représenter à terme 30% voire 35%. Une sorte de retour aux sources finalement qui n’est pas sans rappeler la marche vers une définition encore plus précise des vins, à l’image de ceux qui ont pu être produits dans les années 1980. Jean-Antoine rappelle ainsi que « le 1985 présente encore une énergie et une classe folle ». La dégustation récente du 1988 (110€ au château) va tout à fait dans ce sens, avec un vin encore vibrant, au fruité apaisé mais à la complexité aromatique percutante et doté de tannins aristocratiques guidant parfaitement la trame d’un jus franc et à l’équilibre souverain. Les derniers millésimes ne sont pas en reste avec un 2016 profond mais également un 2019 digne du plus grand respect. Un assemblage de 80% de merlot et 20% de cabernet franc qui a le mérite de mettre tout le monde d’accord. Une expression sincère et touchante de ce que sont les très beaux Bordeaux d’aujourd’hui. Profond, intense, mesuré et cohérent. Entre 40€ et 50€, voilà un beau rapport qualité-prix qui sera conforté, à n’en pas douter, par les prochains millésimes. 

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La Grande Année 2014, Bollinger prend l’air du large

Le dernier opus de la Grande année vient de sortir : le millésime 2014 (et sa version rosé). Nous avons demandé à Charles-Armand de Belenet, le directeur général de la Maison, Denis Bunner, le chef de caves adjoint et Nicolas Brossard, le sommelier et copropriétaire du restaurant Christopher Coutanceau à La Rochelle, de nous en dire davantage.

Qu’est-ce qui différencie ce millésime 2014 ?

Charles-Armand de Belenet : Ce 2014 est une surprise ! D’habitude, cette cuvée est plutôt du côté des arômes de sous bois, et s’accommode volontiers d’accords du type poulet aux morilles… Or, cette fois, on est davantage tenté par la mer. On retrouve le style de la Grande Année, mais avec beaucoup de précision, un côté ciselé, minéral, ce qui rend cette version assez atypique. Nous étions un peu inquiets pour nos grands amateurs qui risquaient d’être étonnés. Les retours sont excellents, beaucoup font le lien avec B 13, où Verzenay était aussi à l’honneur.

Denis Bunner : En 2014, le mois de juin a été le plus ensoleillé que nous ayons connu ces cinquante dernières années. Juillet en revanche a été pluvieux et août assez frais. Le mois de septembre ensoleillé a quand même permis d’atteindre dix degrés de maturité, mais en gardant une belle acidité. Il y a eu deux années un peu plus fraîches en Champagne, 2013 et 2014. Comme 2013, 2014 montre surtout des caractéristiques de sol, plutôt que des sommets de fruit et d’opulence. Il est par exemple moins épicé que 2012. Quand on crée des Grandes Années, on fait toujours plusieurs projets d’assemblage que l’on goûte à l’aveugle. Celui qui a remporté notre adhésion est original puisqu’il est construit sur un ratio de 61 % de pinot noir et 39 % de chardonnay, une proportion supérieure pour ce dernier cépage à celle que nous avons habituellement (autour de 30). De fait, le chardonnay était vraiment l’une des réussites de cette année. L’autre particularité réside dans la forte proportion de Verzenay alors que huit fois sur dix Aÿ domine dans cette cuvée. En vingt ans, il n’y a eu que deux millésimes où ce n’était pas le cas : 2007 et 2014. La climatologie l’explique. En Champagne, la pluie passe souvent par des couloirs différents chaque année. En 2014, Verzenay a été davantage préservé qu’Aÿ.

Pour la version rosé, on ajoute simplement au même assemblage 5 % de rouge de la Côte aux enfants. On dit souvent, que c’est l’unicité qui rencontre la diversité. Le pourcentage est très faible pour un rosé alors qu’en Champagne on est habituellement davantage entre 10 et 20 %. Ce vin rouge vient donner un supplément d’intensité, de fruit, d’amplitude. Il est très bien intégré à la base de blanc, il n’y a pas de trame tanique supplémentaire, seulement une pointe d’écorce d’agrume en plus, qui relève légèrement la fin de bouche. Au nez, on a ce côté toasté, grillé : c’est très bon signe un an après le dégorgement de voir le vin revenir ainsi dans le monde de la réduction, cela montre qu’il a un très fort potentiel. Je ne sais pas si un jour nous ferons un RD rosé (cuvée dont le vieillissement est de 14 ans), mais en voyant cela on se dit que ce n’est peut-être pas impossible.

Nicolas Brossard, vous avez choisi avec Christopher Coutenceau d’accompagner ce vin de crevettes bouquet …

Nous avons été frappés par la salinité de la Grande Année qui appelait comme une évidence les produits de la mer. Mais, même dans ce registre, il ne fallait pas quelque chose de trop puissant, on ne pouvait pas par exemple envisager une sardine ou un macro. Nous avons choisi ces crevettes assez rares, avec une saveur encore plus délicate que la crevette grise et la crevette rose. Elles ont un caractère sucré, onctueux, qui produit un joli contraste avec la tension du vin. A la base, il y a cette gelée de bouquet très fine, pas trop prise, c’est tout l’art parce que cela peut vite devenir écœurant. Elle est parsemée de corps entiers de bouquets confits qui ont été marinés dans une huile d’olive au zeste de citron, et quelques têtes, que l’on a pannées et fait frire pour donner un côté crispy. Autour, nous avons mis une chiffonnade d’algues. Enfin, nous avons ajouté du mälto, que l’on a fait infuser au piment oiseau et à l’huile de crevette. Passée au congélateur, cette fécule de tapioca prend une texture de gravier, l’idée étant de rappeler le sable où vivent les bouquets. Le piment ramène de la nervosité qui vient équilibrer le côté « gelée » et un peu beurré du produit entier.

Prix recommandé : 147 €

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Les remises des Prix Saint-Estèphe décernés à…

Il se passe toujours quelque chose du côté de Saint-Estèphe, qui plus est lors de beaux week-ends printaniers. La semaine dernière, il fallait se rendre au Château Tronquoy Lalande, ce bijou de Saint-Estèphe, pour croiser du beau monde.

C’était la 13ème édition du prix littéraire Saint-Estèphe dans lequel, depuis 6 ans, est intégré un prix jeunesse « École Michel Vidou ». Cette année, le prix littéraire « Saint-Estèphe du Château Tronquoy Lalande » a été décerné à Sarah Maeght pour son roman Les Imbattables aux éditions JC Lattès. Martine Mandé, qui organise ce prix, a salué cette « jeune auteure pleine de talent qui nous plonge dans une histoire pleine d’optimisme et de bienveillance avec une écriture fluide et rafraîchissante ». Ensuite, le prix « Saint-Estèphe » a été remis à Corinne Javelaud pour son ouvrage Les petits papiers de Marie-Lou publié aux éditions Calmann-Lévy« l’amour et l’intelligence triomphent », assure Martine Mandé. C’est Mireille Dumas qui a été consacré par le prix « Saint-Estèphe du Récit » avec Rencontres inoubliables Vie privée, Vie Publique (Éditions du Cherche-Midi) tiré de son expérience télévisuelle. Le Prix « Saint-Estèphe du Polar  » a été décerné à Richard Roulet pour son ouvrage Manzana Verde aux éditions À Contresens. Trois autres prix ont été remis, le prix du Jury, du Terroir et de la Jeunesse, respectivement à Patrick Azzurra (En amont, éditions Passiflore), à Norbert Chadourne (Le Fusil, Jamano éditeur) et à Anne Franchet (Un seul vœu, Lom Editions). Après avoir salué tout le talent de ces auteurs et avoir une pensée pour Maryse Wolinsky qui aimait Saint-Estèphe, Martine Mandé a donné rendez-vous aux amoureux de la littérature pour le 2 octobre prochain à la 14ème édition de Lire dans le Vignoble

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Le 5e palmarès de Castillon Côtes de Bordeaux dévoilé

Après deux éditions contrariées par la crise sanitaire, un jury de journalistes et sommeliers était à nouveau convié à Paris pour désigner à l’aveugle ses six pépites, ambassadrices de l’appellation pour l’année à venir.

Mardi 22 mars, c’est dans le très beau cadre parisien des Caves Legrand qu’était réuni sous l’égide du vigneron et consultant Stéphane Derenoncourt le jury chargé de désigner les lauréats de cette 5e édition du palmarès. Pré-sélectionnées parmi 56 échantillons des millésimes 2018 et 2019, dix-neuf cuvées étaient soumises à l’aveugle à l’appréciation de dix dégustateurs professionnels dans chacune des trois catégories « Frais et convivial », « Gourmand et séducteur », « Puissant et étonnant ». A l’issue de la matinée, deux lauréats par famille ont été désignés.

Créé en 2017, le Palmarès de Castillon vise annuellement à mettre en lumière la diversité des profils de vins de ce vignoble. A travers l’éventail de lauréats, ce sont les différents terroirs de cette appellation très impliquée environnementalement (66 % des 2121 ha engagés dans une démarche éco-responsable) et la patte identitaire de chaque vigneron qui sont valorisés. Les six vins distingués lors de cette édition 2022 seront utilisés durant l’année pour promouvoir l’appellation Castillon Côtes de Bordeaux auprès des professionnels et consommateurs.

Le Palmarès 2022

Catégorie « Frais et convivial » (millésime 2019)

Château Beynat (7.80 €) : Propriété familiale de 19 hectares, elle est implantée à flanc de coteau orienté plein sur la commune de Saint Magne de Castillon. Chaque génération perpétue le précieux savoir-faire familial, tout en y ajoutant une touche personnelle. Assemblage : merlot 70% – cabernet franc 30%.

Château Grimon (6.50 €) : Ce Château de 15 ha, dont 9 ha de vignes, bénéficie d’un terroir de sous-sol de dalles de calcaire, situé en flanc de coteaux sur le lieu-dit Grimon. Le travail rigoureux de Monique et Gilbert Dubois est accompagné d’un microclimat exceptionnel, où les coteaux et plateaux bénéficient d’une exposition plein sud. Assemblage : merlot 100%.

Catégorie « Gourmand et séducteur » (millésime 2018)

Victor, Domaine Gonzague Maurice (9€) : C’est en 2006 que Gonzague Maurice est venu à la viticulture, par amour du vin. Il s’est installé à Montagne, dans une propriété de 11 hectares, où les vins sont produits dans l’esprit bio sur un sol argilo-calcaire. Assemblage : merlot 100%.

Château Blanzac (10.50 €) : Depuis cinq générations, la famille Depons allie tradition et modernité au Château Blanzac. Propriété de 35 hectares, elle surplombe la vallée de la Dordogne, à Saint Magne de Castillon. La vigne s’épanouit sur des coteaux exposés sud / sud ouest, qui reposent sur un sol d’argile calcaire. Assemblage : merlot 75% – cabernet franc 25%.

Catégorie « Puissant et étonnant » (millésime 2018)

Arion, Château Moulin de Clotte (15 €) : Acquis en 2002 par Françoise et Philippe Lannoye, cette propriété de 8 ha tire son nom du lieu-dit « La Clotte ». La propriété repose sur un terroir argileux sur molasses calciques. Assemblage : merlot 100%

Château Alcée (19.80 €): La famille Thienpont est propriétaire depuis 2011 du Château Alcée. Cette propriété de 6,5 ha se situe sur un sol argilo-calcaire sur plateau calcaire à astéries. Assemblage : merlot 96% – cabernet franc 4%.

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