Le e-commerce, un nouveau relai de croissance pour le champagne ?

Avec une croissance mondiale du e-commerce de plus de 26 % en 2020 et de 12 % en 2021 sur tout le commerce de détail, le covid a fait gagner cinq années de maturité à ce marché. Désormais, 77% des consommateurs réalisent des achats en ligne. Dans quelle mesure cet essor peut-il profiter au vin et au champagne ? Le CIVC présente une étude passionnante.

En matière de ventes en ligne, on observe des inégalités à la fois selon les pays, et selon les types de produits. En Chine, le e-commerce représente 24 % du commerce de détail, alors qu’en Allemagne, aux USA, en Belgique ou en France, il se situe entre 12 et 14 %. Le secteur alimentaire reste en retrait, mais il est celui qui connaît la plus forte croissance, avec une hausse de 40 % en 2020 ! En 2021, la vente en ligne représentait 10% du chiffre d’affaires du commerce du vin et 11% de celui du champagne, soit 550 millions d’euros et 30 millions de bouteilles !

Si la moitié des transactions du commerce en ligne sont le fait des trois géants généralistes que sont Alibaba, Amazon et JD, ceux-ci, malgré quelques tentatives, sont peu présents dans le monde du vin, la complexité du produit nécessitant un accompagnement marketing très spécifique. En revanche, on observe une forte présence des « pure players » comme millesima, vivino, des enseignes de grandes surfaces alimentaires via leurs drives et services de livraison (aux USA, deuxième marché à l’export pour le e-commerce du champagne derrière le Royaume-Uni, la Grande distribution joue ainsi un rôle moteur) et enfin des distributeurs omni-canaux comme Nicolas. Le e-commerce direct reste en revanche minoritaire. Il convient surtout aux marques bénéficiant d’une forte notoriété et disposant de moyens suffisants pour mettre en place la logistique et le service après-vente. En France, pour le champagne, il ne représente que 2% des ventes en ligne.

On remarquera que le « Quick commerce », pratiqué par un certain nombre d’épiceries capables de livrer dans la demi-heure, est très adapté au mode de consommation du champagne, parce qu’il correspond exactement à son esprit, un vin que l’on va acheter de manière spontanée, lorsque l’on a envie de faire la fête.

L’exemple allemand

Dans certains pays où les réseaux de cavistes sont limités, le e-commerce constitue une alternative intéressante. C’est le cas de l’Allemagne où les rares cavistes se concentrent au sein des huit grandes agglomérations qui structurent le territoire mais qui ne représentent que 45 % de la population. Ainsi, une large partie des consommateurs ne dispose pas de point d’achat proche lorsqu’elle recherche des cuvées de qualité. Or, contrairement à une idée reçue, cette demande est très forte dans le pays. On a en effet tendance à considérer l’Allemagne d’abord comme un débouché pour les champagnes bon marché, compte tenu de la place importante qu’y tiennent les ventes en grande distribution. Pourtant, en 2019, le prix moyen de la bouteille de champagne y était 28 % plus élevé qu’en France. Un autre préjugé consiste à penser que ce marché est saturé. Mais, si l’Allemagne est le premier pays consommateur de vins effervescents avec 362 millions de cols, le champagne n’en représente que 15 millions (4%), ce qui lui laisse une belle marge de progression.

Les obstacles

Peu d’acteurs ont trouvé des solutions efficaces pour accompagner le consommateur dans son choix en ligne et remplacer le contact humain du caviste, meilleur allié pour sonder les goûts du client et le guider vers des produits en phase avec ses attentes. Aussi, face à une offre pléthorique, ce dernier aura davantage tendance que chez les cavistes à se rabattre sur les marques classiques à forte notoriété qu’ils considèrent plus sûres. Certains sites proposent cependant des portes d’entrée intéressantes avec différents angles comme les accords mets/vins. Cela ne signifie pas que les marques à faible notoriété ne doivent pas utiliser cet outil, mais il leur faudra s’appuyer sur des modèles adaptés comme le système des box d’abonnement (le Petit ballon) dont le concept est justement fondé sur la découverte, ou encore les ventes privées qui procèdent à des petites sélections où elles seront moins noyées dans la masse…  Parmi les prérequis, il est également fondamental d’avoir dans sa distribution une véritable homogénéité tarifaire, y compris d’un pays à l’autre. En effet, la vente en ligne offre au consommateur la possibilité de comparer facilement.

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La cité de la gastronomie et du vin de Dijon se dévoile

Le vin occupera une place centrale dans ce site, qui ouvrira ses portes le 6 mai prochain.

«C’est un projet d’ensemble dans lequel s’est lancée la ville, sans doute le plus complexe et le plus innovant qu’il m’ait été donné de porter», a déclaré François Rebsamen, maire de la ville, mercredi 9 mars lors de présentation de la cité de la gastronomie et du vin de Dijon, qui ouvrira ses portes le 6 mai prochain. Le projet, se déployant sur 6,5 hectares au total, comprend espaces d’expositions, lieux de formation, hôtel, restaurants et cinéma, à deux pas du centre historique de Dijon.

1000 références de vins de Bourgogne

Si la gastronomie, et en particulier le « repas traditionnel des français », inscrit à l’Unesco, seront au premier plan, le site accordera aussi place de choix au vin. L’une des trois expositions permanentes, nommée « la Chapelle des Climats et des terroirs », explorera, à l’aide de projections immersives, de témoignages et d’interactifs, le thème des Climats du vignoble de Bourgogne, ces parcelles de renom délimitées depuis des siècles.

On y retrouvera également une antenne de l’école des vins de Bourgogne. Des ateliers de dégustations pour néophytes et amateurs seront proposés, avec une approche « immersive ». Quant à la cave de la cité, elle sera au cœur du dispositif, avec 3000 références dont 1000 vins de la région. Chaque jour, 250 cuvées seront proposées à la dégustation dans cet espace de 600m² réparti sur trois étages. Enfin, le village gastronomique regroupera « restaurants et lieux de dégustations originaux ». Objectif : en faire « le théâtre quotidien de rencontres avec des producteurs et artisans d’exception ».


Des billets combinés

Vous pourrez accéder au site via différents « packages ». Un billet « première découverte » à 13 euros (tarif plein) inclura la visite des espaces culturels ainsi qu’une dégustation accompagnée de deux verres de vin dans la Cave de la Cité. Un verre gravé sera offert. D’autres offres seront proposées, comme des billets associant découvertes culturelles et initiation à la dégustation de vins ou astuces de chefs, à environ 25 euros pour 40 min d’atelier+ visite de tous les espaces culturels, valable toute la journée.

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[Listrac-Médoc] Château Fourcas-Hosten totalement bio

L’avancée vers le bio s’est faite progressivement sur la propriété au cours d’une décennie. Les blancs ont permis d’ouvrir la voie et c’est aujourd’hui tout le domaine qui est labellisé.

Comme souvent à Fourcas-Hosten, ce sont les parcelles de blanc qui servent de laboratoire pour tester à petite échelle ce qui pourra ensuite être éventuellement étendu à tout le reste du domaine. C’est ainsi que dès la plantation des premiers sauvignons blancs et gris sur la propriété en 2012, il a été décidé de les conduire selon les règles de l’agriculture biologique et d’appliquer la même philosophie jusqu’au chai. A partir de là, et compte tenu des résultats positifs qui ont pu être observés, les étapes se sont succédé pour étendre progressivement cette philosophie à l’ensemble du château. Dès 2013, tous les produits CMR (cancérogènes, mutagènes et reprotoxiques) avaient été bannis. La même année, les premiers essais bio sur des parcelles de rouge sont entrepris sur 4 premiers hectares de merlot. L’année suivante, ce sont toutes les nouvelles plantations en rouge qui seront travaillées de cette manière. Ce mouvement s’est accompagné d’une fertilisation des sols désormais exclusivement organique avec du fumier de brebis et de vache. A partir de 2017, la généralisation du travail sous les rangs, initié dès 2010, est effective. Plus aucun désherbant n’est alors utilisé. Dans une approche plus globale, et afin notamment de favoriser l’essor de la biodiversité, 1200 mètres de haies vont être plantés en complément de nombreux arbres. Naturellement en 2018, c’est l’ensemble du vignoble qui va passer en agriculture biologique.

Des primeurs 2021 labelisés bio

Si les blancs arboraient fièrement leur label bio depuis le millésime 2020, les 2021 qui vont très prochainement être présentés en primeurs, auront le même privilège. Gouté en avant-première, ce dernier s’avérait déjà particulièrement harmonieux, avec une très belle trame tannique fondue, un fruité un peu en retrait mais un milieu de bouche suave et plein. De manière générale, lorsque l’on goûte les derniers millésimes notamment en rouge, on ne peut que constater une très belle constance qualitative. Le 2016 (22€) a sans doute marqué un tournant ici. On le découvre aujourd’hui complexe au nez, profond et doté d’une matière tout à la fois charnue et contenue. Evidemment, il ne s’agit pas d’un monstre de puissance mais il est éclatant d’équilibre. Si le 2017 (20€) joue davantage la carte d’un fruité plaisamment acidulé, le 2018 (23€) en revanche s’inscrit bien dans la lignée du 2016 avec là encore, une bouche délicate, veloutée, dotée de tannins précis et longs. Le 2019 (21€) dispose pour sa part d’une matière présente tout en demeurant aérienne. Pour ce millésime, une partie de l’assemblage provenait d’un élevage en cuve ce qui a permis de conserver admirablement une vraie fraicheur fruitée. A noter que depuis 2019, toutes les jeunes vignes entrent systématiquement dans la production du grand vin. Preuve du travail précis d’analyse des sols permettant désormais d’obtenir une adéquation bien plus grande entre cépages et parcelles. C’est ainsi également que seront plantés cette année pour la première fois des cabernets francs sur les parcelles calcaires. Fourcas-Hosten progresse ainsi sans faire de bruit, teste, expérimente. Il en va de même pour la biodynamie qui a été elle aussi généralisée à toute la propriété depuis 2020, année de l’arrivée d’Eloi Jacob à la Direction Générale. Cela n’est pas une coïncidence car ce dernier avait pu expérimenter la biodynamie notamment au château Fonplégade qu’il dirigeait les années précédentes. Définitivement, Fourcas-Hosten est une propriété qui donne le la sur l’appellation Listrac-Médoc dont la notoriété demeure, à tort, un peu en retrait.

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Eurocave : le made in France innovant

Leader du marché des caves à vin haut de gamme, l’entreprise continue d’innover pour satisfaire l’évolution des usages. En se démarquant toujours de la concurrence et en proposant des produits véritablement français.

À nouveau Directeur Général, nouveau plan stratégique. Benoît Favier, nommé à ce poste il y a 6 mois après avoir dirigé La Cornue (les pianos de cuisine de luxe), ne déroge pas à la règle. C’est donc avec des ambitions fortes qu’il vient de présenter les grands axes qui rythmeront les 5 prochaines années de l’entreprise. Une PME créée en 1976, inventeur de la cave à vin, qui se porte bien. 22 000 caves produites en 2021 pour un chiffre d’affaires consolidé groupe de 37 millions d’euros, en augmentation de 13% sur un an, réalisé pour 30% sur le marché national et le reste à l’export. Avec un même credo depuis l’origine : proposer des produits haut de gamme et réellement produits en France (en l’occurrence dans l’usine de Fourmies dans le Nord où travaillent 130 personnes). Deux labels en témoignent, l’origine France Garantie détenu depuis plusieurs années et depuis décembre dernier, le label Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) qui récompense la valorisation d’un savoir-faire artisanal. Forte de 3 marques différentes (Eurocave, Artevino et Transtherm), tournée tant vers les particuliers (80% des volumes et 60% de la valeur) que les professionnels, l’entreprise se doit toutefois d’innover en permanence pour maintenir son rang.

De nouveaux produits et services

Comme le rappelle Benoît Favier, « la cave à vin est sortie du garage pour devenir un objet de décoration à part entière dans le salon« . Par conséquent, le design est particulièrement travaillé, à l’instar de nouveaux modèles permettant de voir les bouteilles à l’horizontale et donc de mettre en valeur les étiquettes. De la même manière, presque tous les modèles sont aujourd’hui vitrés pour accompagner ces nouvelles attentes. La R&D s’affaire également à réduire sensiblement le niveau de bruit des caves pour mieux les intégrer aux intérieurs. En termes de produits, 2022 verra le lancement prochain d’une nouvelle gamme de caves pensées pour le service du champagne (différents modèles de 60 à 120 bouteilles, avec une température de 4 degrés). A noter que l’entreprise a initié une transition vers des gaz moins polluants pour toutes ses nouveautés. Et à moyen terme, d’autres innovations devraient apparaître. L’entreprise a décidé de se positionner véritablement sur le secteur des caves sur-mesure (aménagement total de pièces ou espaces) avec pour ambition de devenir le leader du secteur, notamment à l’étranger ou la demande est forte. Des réflexions sont en cours également sur la cave de demain qui, pour Benoît Favier, « sera en partie connectée. Cela permettra par exemple d’être informé d’une coupure d’électricité dans une résidence secondaire, d’être prévenu de la nécessité d’opérations de maintenance mais aussi peut-être d’être relié à des applications informant de la période où boire ses bouteilles stockées« .

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Une première pierre à la création de l’AOC Saint-Seurin-de-Cadourne

Dessine-moi une appellation communale ! … Voici le vœu des propriétaires de la commune de Saint-Seurin-de-Cadourne où trônent pour ne citer qu’eux des crus tels que Sociando-Mallet, Doyac, Charmail, Coufran, Saikouk, Saint-Paul ou Pontoise Cabarrus. Aurélien Escudero, le président de la Maison du Vin nous présente ce projet qui consisterait à rejoindre Listrac, Moulis, Margaux, Saint-Julien, Pauillac et Saint-Estèphe.  

À quand remonte cette idée d’appellation communale pour Saint-Seurin-de-Cadourne ?

L’idée a germé il y a plus de 40 ans mais la question était déjà sous-jacente au XVIIIème siècle, suite à un rapport de l’Intendant de Guyenne qui classait la paroisse de Saint-Seurin comme 1er cru du Médoc au même titre que Margaux et Saint-Julien. Depuis toujours nous avons essayé de revendiquer cette appellation mais en vain ! Nous sommes également les grands oubliés du classement de 1855, peut-être par le fait de son éloignement de Bordeaux.

Quels sont les arguments qui légitiment ce projet ?

Les vins de Saint-Seurin sont régulièrement distingués et reconnus lors des concours et des dégustations officielles. La commune est composée de châteaux incontournables de l’AOC Haut-Médoc avec de nombreux Crus Bourgeois et une cave coopérative toujours indépendante depuis 85 ans, ceci prouvant la qualité exceptionnelle de notre terroir. Celui-ci se caractérise par des graves sablonneuses et argileuses avec un plateau argilo-calcaire.

Pouvez-vous nous expliquer la procédure à suivre pour qu’aboutisse cette appellation ?

En mars 2019, une majorité de viticulteurs a relancé l’idée avec le soutien du Maire, Gérard Roi, et du Président de la Maison du Vin de l’époque, Henri Négrier, pour créer l’appellation communale Saint-Seurin-de-Cadourne. Plusieurs entretiens avec l’INAO, l’ODG Haut-Médoc et Médoc, et les viticulteurs ont permis de poser officiellement la première pierre pour la création d’une DGC (Dénomination Géographique Complémentaire). C’est une étape préalable à la reconnaissance d’une AOC communale selon les conseils de l’INAO. Mais, début 2020, les viticulteurs ont cessé leurs échanges, la crise sanitaire occupant tout leur temps et leur esprit.

Vous avez déjà une Maison du Vin à Saint-Seurin, votre évènement du 25 mars peut-il servir ce projet ?

La Maison du Vin a été créée en 2003 grâce à la volonté du Maire Gérard Roi et d’une poignée de viticulteurs passionnés et fervents défenseurs des valeurs de leur terroir ! Notre dégustation annuelle reste toujours un évènement très attendu, c’est un moyen en effet d’échanger et de communiquer sur notre travail, de faire déguster nos vins sans rivalité et surtout c’est une formidable préparation pour la semaine des Primeurs à Bordeaux qui se déroule dans la foulée.

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Ce que pensent les prescripteurs du champagne

Au contact direct de la clientèle, les prescripteurs (cavistes, sommeliers, barmen) portent l’image des marques. Les élaborateurs veillent donc à maintenir avec eux des contacts réguliers, à les rencontrer, à les informer voire à les former. Pour affiner cette politique, le Comité Champagne a commandé au Cabinet Sky Consulting une enquête qualitative visant à évaluer leur culture du champagne, l’image qu’ils ont du produit et la manière dont ils le prescrivent.

Chez les cavistes, cette étude montre une vraie connaissance du produit bien qu’elle soit moindre par rapport à celle qu’ils ont en général du vin. Chez les gérants de restaurants, on observe parfois un certain opportunisme dans leur manière de se renseigner, se cantonnant aux informations économiques tout en négligeant les aspects techniques et culturels.

En ce qui concerne la perception du produit, on s’aperçoit de manière générale qu’il n’est pas toujours vraiment considéré comme un vin et que l’aspect festif peut prendre le dessus sur cette dimension, même si tous expriment un engouement pour la diversité des cuvées proposées par l’appellation. Le produit, par son aspect traditionnel leur inspire confiance, et ils sont fiers d’en parler et de le vendre. En revanche, la culture champenoise est jugée austère, voire « un peu protestante », par opposition à une Bourgogne plus joviale et à l’élégance bordelaise. Le prix est aussi un obstacle. Dans les restaurants et les bars, si le champagne représente souvent le plus gros chiffre d’affaires, les marges sont plus faibles que sur les autres vins. Le prix des bouteilles est aussi un frein à leur service à la coupe : le samedi soir, on réfléchit à deux fois avant d’ouvrir un flacon, en sachant que l’établissement sera fermé le dimanche et que si l’intégralité n’est pas consommée, le reste sera perdu.

Pour mieux comprendre la manière dont le champagne est prescrit, cette étude a décidé de scinder la catégorie en quatre types. Les « classiques », des grandes marques bien connues, avec des prix qui restent accessibles, que les consommateurs achètent par sécurité. « Les prestigieux », c’est-à-dire les millésimés ou les cuvées spéciales, dont la valeur est facile à justifier par une qualité exceptionnelle. « Les nouveaux champagnes atypiques », élaborés par la jeune génération de vignerons, qui cherche à se différencier, en mettant en avant des cépages rares, une absence de dosage… L’approche est alors passionnée. Elle nous éloigne de l’univers du luxe, pour nous rapprocher de celui du vin. La communication tourne moins autour de la marque que de la personne, du vigneron. Enfin, « les champagnes engagés », c’est-à-dire les vins bios et biodynamiques.

Face à cela, on trouve différents types de prescripteurs. « Les contraints », qui font souvent partie d’un grand réseau de cavistes et rendent des comptes au siège. Ils ne sont pas toujours complètement libres dans leurs choix et mettent davantage l’accent sur les deux premières catégories, ce qui constitue pour eux une sécurité à la fois pour le commerce et pour l’image de l’établissement. « Les ouverts », plus flexibles, qui ont un lien direct avec les intermédiaires et cherchent à proposer une large gamme de choix comprenant aussi bien des nouveautés que des classiques. Enfin, les militants, qui ont un positionnement fort. Leur volonté est de défendre les produits de niche. Ils ont la dent dure contre les grandes marques qu’ils jugent industrielles. Ils ont en général un lien direct avec l’élaborateur dont ils n’hésitent pas à relater l’histoire.

Dans la manière de prescrire, le champagne est rarement proposé de manière spontanée. Et si on examine l’ordre des questions posées au client, le goût arrive en dernier ! Le caviste commence par s’enquérir du budget, ensuite de la préférence de la personne en matière de marques, puis de l’occasion pour laquelle elle réalise cet achat. Il aborde surtout la question du goût du client lorsqu’il l’identifie comme un connaisseur. Dernier point enfin, le positionnement physique du produit chez les cavistes. Si le champagne dispose en général d’un rayon spécialisé, celui-ci est souvent « cornerisé » et ne bénéficie guère d’animation. « La catégorie n’est pas vécue dans les espaces de vente », alors qu’on aura souvent par exemple des cartes du Beaujolais… On observera simplement chez les commerçants franchisés, une mise en scène autour des grandes marques activée de manière saisonnière, car pour beaucoup de cavistes encore, le champagne est d’abord un produit saisonnier.

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[Languedoc] Agropastoralisme au domaine d’Anglas

Direction le piémont cévenol pour observer des dizaines de moutons pâturer dans les vignes, une pratique intéressante pour nourrir les sols mais pas que…

C’est à Brissac au domaine d’Anglas que les ruminants prennent leur quartier d’hiver. Descendus dans les plaines depuis quelques semaines, l’herbe encore bien verte est un régal pour ces ovins qui repartiront l’été en altitude. Si la pratique appelée agropastoralisme est bel et bien rare dans le paysage viticole français, elle est pourtant intéressante pour le berger comme l’agriculteur. C’est une association complémentaire où l’éleveur fait profiter à ses animaux d’une nourriture en abondance et où le vigneron gagne du temps sur la gestion de l’herbe dans ses parcelles. Et en plus de se nourrir des adventices, le troupeau laisse des excréments en quantité qui apportent de l’azote pour les sols, qui une fois minéralisé, bénéficiera à la vigne.

Ce n’est pas du marketing

Le domaine est un coutumier des pratiques respectueuses de l’environnement. Et comme l’assure Roger Gaussorgues, le propriétaire vigneron du domaine, “la pratique est vertueuse et belle mais elle est également un complément à notre façon de travailler, ce n’est pas du marketing”. Certifié à l’agriculture biologique depuis 1999, les douze hectares de vignes sont même labellisés “Nature et Progrès” depuis 2012, un label reconnu pour son cahier des charges strict et poussé en matière de pratiques culturales durables.

Domaine familial depuis 1896, Roger Gaussorgues sort de la cave coopérative en 1999 et élabore ses premières cuvées. Le domaine est situé à l’extrémité est de l’appellation Terrasse du Larzac et vend 40% de la production sur place, au camping familial créé en 1993 avec son épouse Carole Gaussorgues. Une diversification des activités qui les amènent tout droit à l’agropastoralisme dans les années 2000.

En 2014, l’activité est ainsi labelisée “Clef Verte”, un écolabel qui récompense les hôtels, gîtes et campings pour la mise en place de pratiques durables et peu impactantes pour l’environnement. Gestion intelligente des déchets, maîtrise de la consommation d’eau ou encore sensibilisation à l’écologie de leur clientèle, le camping niché au bord du fleuve Hérault est en route vers une démarche écologique globale.

Des vins sans sulfites

Une démarche responsable qui se poursuit également dans l’élaboration des vins. Roger Gaussorgues produit chaque année seulement quelques milliers de bouteilles et souhaite révéler le terroir d’où les vignes sont cultivées. Lorsque le millésime le permet, la vinification se réalise sans sulfites, de la rentrée de la vendange à la mise en bouteille, en passant par la fermentation. Actuellement, le domaine produit 9 vins, des cuvées de soif aux vins de gastronomie (2 en AOC Terrasses du Larzac, 3 en AOC Languedoc, 2 IGP Pays d’Hérault, 2 Vin de France et 1 Vin Mousseux).


Le domaine d’Anglas a reçu le Grand prix d’or dans la catégorie hébergement à la propriété aux trophées de l’œnotourisme 2020 organisé par Terre de Vins.

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À Lafon-Rochet, « aller encore plus loin dans le sens du détail »

Désigné nouveau directeur général du château Lafon-Rochet depuis le 1er mars, Christophe Congé aura la responsabilité de conduire ce 4ème Grand Cru Classé de Saint-Estèphe, racheté en septembre dernier par la famille Lorenzetti. Entretien.

Après une grande partie de votre carrière au sein des Domaines Barons de Rothschild (Lafite), vous entamez, à 53 ans, un nouveau chapitre au château Lafon-Rochet. Que représente pour vous ce nouveau défi et quels seront les contours de votre poste ?
En effet, après 23 belles années à Lafite-Rothschild et Duhart-Milon où j’ai pu me forger une certaine expérience, cette opportunité de me lancer dans une nouvelle aventure s’est présentée. J’étais « au bon moment au bon endroit », la famille Lorenzetti cherchait quelqu’un pour reprendre les rênes de Lafon-Rochet ; c’est une propriété que je connaissais déjà un petit peu car elle n’est pas très loin de Lafite. Pour l’instant, je suis encore en phase de découverte, je vais appréhender ce nouveau poste progressivement : après de longues années à m’occuper surtout de la partie vin à Lafite, je vais avoir un rôle plus transversal de direction qui va au-delà de la technique. Emmanuel Cruse reste le directeur général de l’ensemble des propriétés du groupe (Château Pédesclaux, Château d’Issan, Château Lilian-Ladouys, et désormais Château Lafon-Rochet, NDLR) et je vais intervenir dans la conduite quotidienne de la propriété, sur tous les grands projets qui la concernent. Il y a déjà une équipe en place, de très bons professionnels qui étaient présents sous la gouvernance de la famille Tesseron, et cela nous donne une base solide pour travailler ensemble.

Quelle est votre « feuille de route » pour Château Lafon-Rochet et quel regard portez-vous sur cette propriété ?
Je pense que l’essentiel de ma mission est d’aller encore plus loin dans le sens du détail. C’est ce que j’ai appris sur mon poste précédent, où j’ai eu la chance de pouvoir participer à l’élaboration de vins fantastiques, et c’est mon cheval de bataille : l’excellence se niche dans la conquête de ces points de détails. La base terroir est déjà bien présente. On a des fondamentaux de grande qualité à Lafon-Rochet, la marque est solide, c’est le seul 4ème Grand Cru Classé de Saint-Estèphe, à nous d’aller encore plus loin dans la connaissance des parcelles et de l’intra-parcellaire – c’est ce qui fait la différence sur des crus classés de ce niveau. En termes de communication et de rayonnement également, en nous adossant à un groupe familial important, on peut hisser le cru encore plus haut.

Vous avez évoqué vos 23 années passées au sein de DBR, pouvez-nous nous en dire plus sur votre parcours et sur ce que votre expérience peut apporter à Lafon-Rochet ?
Je suis œnologue, issu de la promotion 1992 de ce qui s’appelait encore l’Institut d’Œnologie de Bordeaux. J’ai eu « plusieurs vies » dans la technique, en évoluant dans la Loire, en Afrique du Sud, au Chili, puis j’ai eu la chance de travailler avec Denis Dubourdieu et son père Pierre à Doisy-Daëne pendant trois ans. En 1999, j’ai rencontré Charles Chevallier qui m’a recruté au sein de DBR, où j’ai donc passé de nombreuses années, m’occupant de la partie cuvier et chai de Lafite comme de Duhart en étroite collaboration avec mes collègues qui géraient la partie viticole ; j’étais aussi en charge de la tonnellerie de la propriété. Cette expérience au sein d’un Premier Grand Cru Classé 1855 me donne, comme je l’ai évoqué plus haut, un sens du détail et une culture d’exigence que j’espère transmettre à Lafon-Rochet. Pour l’instant, je découvre les lieux, je n’arrive pas en prétendant tout révolutionner, je vais observer le potentiel du vignoble et faire en sorte qu’il s’exprime le mieux possible. Nous allons suivre de près les semaines à venir pour le futur millésime 2022, et nous engager sur les grands enjeux des années à venir pour la vigne : au-delà d’une conversion en bio, dans la lignée de ce qui est déjà mis en place dans les autres propriétés de la famille Lorenzetti, nous voulons avoir une réflexion globale sur le développement durable, qui inclut l’agroforesterie et la préservation de la biodiversité. C’est aujourd’hui une préoccupation incontournable, globale, dont le bio fait partie mais pas uniquement, pour un plus grand respect du vignoble. Et il nous le rendra bien, je pense.

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2021, année de la reprise à l’international pour Bordeaux

Les vins de Bordeaux ont profité de leur présence la semaine dernière au Salon International de l’Agriculture pour présenter leur bilan 2021 avec de belles croissances sur leurs principaux marchés export.

« Le contexte de la guerre en Ukraine risque d’influer sur tout le commerce mondial, craint le président Bernard Farges. 2021 était pourtant l’année de la reprise pour les vins de Bordeaux, malgré un contexte sanitaire resté instable, une restauration en difficulté, un climat qui n’a pas épargné le vignoble et une baisse de récolte de 14 % au global ». Certes, ce ne sont pas les ventes en Ukraine ni même en Russie (1800 hl pour 2,1 M€, pas même dans les 50 premiers marchés) qui vont avoir un fort impact sur les expéditions à l’international mais le contexte de la guerre risque néanmoins d’avoir des répercussions sur les ventes dans tous les pays de l’Est, les expéditions vers la Russie passant souvent de surcroit par les plateformes de réexportations des pays Baltes (Lettonie et Lituanie). Les inquiétudes pourraient venir du marché polonais, la 13e destination en volume, la 25e en valeur des vins de Bordeaux. L’impact du conflit sur les exportations globales qui représentent 55% des ventes sera « forcément très hétéroclite selon les circuits de distribution et les destinations des entreprises ».

La plus belle croissance aux Etats-Unis

En 2021, Bordeaux a exporté un quart des vins français en volume, un tiers en valeur. Après un repli de deux ans, les expéditions vers la Chine (Macao et Hong Kong compris), le premier marché depuis plus de 10 ans, étaient de nouveau en hausse. Un résultat d’autant plus encourageant que les importations globales chinoises de vin ont reculé de 2%. Bordeaux y a vendu en 2021 l’équivalent de 54 millions de bouteilles pour un CA de 616 M€, soit  21% des volumes et plus d’un quart de la valeur des exportations. Les vins de Bordeaux représentent d’ailleurs plus des deux tiers des exportations de vins français tranquilles en Chine, 72%de la valeur.

Ils ont également enregistré un spectaculaire rebond sur leur deuxième marché, les Etats-Unis (23 millions d’eq/bouteilles à + 24%, pour un CA de 349 M€ à + 67%). « La forte progression l’an dernier -la plus belle croissance de tous nos marchés, était due bien sûr au fait que le marché a rempli à nouveau les tuyaux après le coup d’arrêt des expéditions suite aux taxes Trump, reconnait Bernard Farges. Les résultats engrangés sur Wine Paris ont confirmé la tendance à la reprise; c’est plutôt une bonne surprise ». Belgique, Japon, Allemagne, Canada, Suisse, Pays-Bas et la Côte d’Ivoire (le 10e marché) affichent également de belles progressions. Dans le Top 10, seul le Royaume-Uni (au 5e rang) est en recul en volume (-19%) mais fait un bond de 31% en valeur.

Ces performances devraient compenser les résultats moins florissants du marché français toujours confronté à la déconsommation des vins rouges. Bordeaux a vendu en 2021 48 % de ses vins en GD (IRI/CIVB Janvier 2022), en recul de 3 % (135 millions de bouteilles à 85% rouge pour un chiffre d’affaires stable à 800 M€). Avec environ un quart des volumes, il reste néanmoins le premier vignoble AOP commercialisé sur ce circuit. Pour faire face à cette déconsommation, l’interprofession a passé au crible les rouges à moins de 8 €; Elle a cherché à identifier les profils de vins les plus recherchés avant de plancher sur un vocabulaire accessible et des process de vinification adéquats.

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[Nouveau numéro] « Terre de Vins » : printemps et drapeau blanc

Le nouveau « Terre de Vins » arrive cette semaine dans les kiosques. Un numéro de printemps qui fait la part belle au vin blanc, à l’actualité présidentielle et aux meilleures cartes des vins au restaurant.

Alors que les Français s’apprêtent à entrer dans les isoloirs pour désigner le ou la prochain(e) pensionnaire de l’Élysée, « Terre de Vins » a demandé aux candidats – déclarés au moment du bouclage – de se prononcer sur leurs mesures en faveur de la filière vin s’ils étaient élus. La plupart se sont prêtés au jeu ! Ce nouveau numéro s’intéresse également à la relation entretenue par les présidents avec le vin au fil de la Vème République… Ce numéro 76 qui arrive cette semaine dans les kiosques fait donc la part belle à l’actualité politique, mais, arrivée du printemps oblige, il consacre son traditionnel dossier aux vins blancs : 120 cuvées sans élevage sous bois ont été sélectionnées pour le plaisir des amateurs ! Des pépites rouges d’Alsace, en Pouilly-Fuissé Premier Cru, en appellation Chitry, quatre blancs du Beaujolais en bio, ou encore une verticale de Château Pontet-Canet, grands cru classé de Pauillac, complètent le volet dégustation.

Cartes des vins : les 100 meilleures adresses

Également au sommaire de ce magazine : un tour de France des 100 meilleures cartes des vins au restaurant à travers le palmarès de la sixième édition du « Tour des Cartes » ; une escale gourmande au restaurant La Régalade à Clermont-Ferrand ; une escapade en Coteaux Champenois ; une saga dédiée à la famille Cattin dans le Haut-Rhin ; un entretien avec le célèbre pâtissier Pierre Hermé, qui ne rechigne pas à travailler les accords desserts & vins ; un portrait de Marie Lefévère, propriétaire de trois grands crus classés à Saint-Émilion… Sans oublier, bien sûr, les rendez-vous incontournables du magazine, tels que l’actualité des cavistes et sommeliers, ou encore la chronique du comédien Pierre Arditi. Pas de doute, le printemps est là !

« Terre de Vins » n°76, 116 pages, 6 euros.
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