Vieux millésimes : l’art délicat du reconditionnement

Quand et comment doit-on reconditionner les vieux millésimes ? Afin de préserver l’intégrité des vins face à l’usure des bouchons, il est important de procéder à cette délicate opération tous les 20 ou 25 ans. Illustration au Couvent des Jacobins, grand cru classé de Saint-Émilion.

Ouvrir un vieux millésime est toujours un moment émouvant, riche en symbolique, chargé d’incertitude et électrisé du petit frisson de découvrir les effets de la patine du temps sur un vin. Parfois, l’extase se trouve au fond de la bouteille, quelquefois c’est la déception, le contenu ayant flétri sous le poids des décennies. Boire un vieux vin est toujours un exercice sans garantie : au-delà de la qualité originelle du millésime qui a été embouteillé et son potentiel de garde, il y a la façon dont cette mise en bouteille a traversé les années ; ceci sera intimement lié aux conditions de stockage (exposition à la lumière, stabilité des températures, hygrométrie…) mais aussi au bouchon, qui même lorsqu’il est de très bonne qualité, est exposé à une usure naturelle au bout de 20 ou 25 ans.

Cette usure se traduit par une perte d’élasticité, pouvant engendrer des écoulements, et une perte d’efficacité mécanique dans les échanges d’oxygène, pouvant entraîner une altération du vin. Par ailleurs, si le liège contient des molécules possiblement nocives pour le liquide, comme le fameux TCA (trichloroanisole) et assimilés qui donnent le terrible « goût de bouchon », les risques de contamination vont aller crescendo avec le temps, le bouchon étant de plus en plus imbibé de vin.

Au Couvent des Jacobins, des trésors sous le calcaire

Pour toutes ces raisons, et pour permettre aux vins de continuer à vieillir dans des conditions optimales, il est important de les reconditionner tous les 20 ou 25 ans en moyenne. Il s’agit d’une opération délicate à laquelle se prêtent les propriétés qui ont la chance d’avoir des stocks de vieux millésimes. Le Couvent des Jacobins en fait partie. Ce grand cru classé de Saint-Émilion, propriété de la famille Jean depuis 120 ans, dispose d’une belle œnothèque remontant à 1943. En déambulant dans les galeries creusées dans le calcaire saint-émilionnais, on réalise à quel point ce patrimoine (5000 bouteilles environ pour le stock « familial » entre 1943 et 1999, 1300 bouteilles entre 2000 et 2006, près de 80 000 bouteilles sur les quinze derniers millésimes) mérite toutes les attentions pour assurer sa conservation.

Denis Pomarède, directeur d’exploitation du Couvent des Jacobins, est arrivé à la propriété en 1996. Le millésime 1995 est donc le premier qu’il a mis en bouteille et, la semaine dernière, il se prêtait à l’exercice du reconditionnement, une opération qui le mobilise avec ses collaborateurs pendant trois jours d’affilée, si l’on ajoute les millésimes 1993, 1994 et 1996. Pour le seul millésime 1995, ce sont près de 250 bouteilles qui doivent être débouchées, remises à niveau si le vin éventuellement, puis rebouchées. L’affaire doit se dérouler dans de bonnes conditions de température, de pression atmosphérique et d’humidité afin de ne pas traumatiser les vins, qui ont passé le dernier quart de siècle bien tranquilles dans leur bouteille. Une fois cette dernière ouverte, Denis administre deux gouttes de soufre (une solution à 3% de soufre pur, soit un équivalent de 5 mg de soufre total) afin d’empêcher que le vin s’oxyde à l’aération et pour le re-stabiliser dans la durée. Puis, on refait le niveau en « piochant » dans les autres bouteilles du même millésime pour en équilibrer le plus grand nombre : au bout de 25 ans, il n’est pas rare d’avoir perdu, par évaporation ou humectation du bouchon, jusqu’à 1 cl de vin, soit environ 0,5 cm. Au-delà de 2 cl, il y a de sérieux risques d’oxydation. Il faut dont remettre ce centilitre manquant, afin que le vin, lorsque la bouteille est debout, se situe à un demi-centimètre du bouchon.

Un échantillon pour une nouvelle analyse en laboratoire

Puis, on remet un nouveau bouchon en place : un bouchon en liège, de calibre 49×24 mm (18,5 une fois comprimé), « sniffé » technologiquement en amont pour détecter tout risque de goût de bouchon – il est replacé à l’aide d’une bouchonneuse de 1930 qui a déjà fait ses preuves depuis longtemps et continue de travailler efficacement, à condition que la personne qui est à la manœuvre n’ait pas peur du tennis elbow. Une fois le bouchon replacé, on laisse la bouteille à la verticale pendant 15 minutes pour lui laisser le temps de « s’expanser », et le tour est joué. Il n’en reste plus que 249 à faire, ce qui prendra un peu plus de trois heures. En moyenne, on reconditionne 600 bouteilles sur une journée de travail.

Au-delà de l’utilité manifeste de cette opération pour la longévité des vins reconditionnés, elle permet en outre de prélever un échantillon de 300 ml de vin du millésime concerné pour le faire analyser avec la grille de précision de l’œnologie actuelle : acidité, volatile, pH, alcool, phénols, anthocyanes, tout est passé au crible afin d’avoir un nouveau référentiel pour le futur, et mieux suivre ces vins dans la durée. Une photographie à l’instant T d’un jeune homme d’un peu plus de 25 ans, que l’on ne devrait pas, sauf ouverture de bouteille destinée à la consommation, re-déranger avant son demi-siècle.

Cet article Vieux millésimes : l’art délicat du reconditionnement est apparu en premier sur Terre de Vins.

Nos trois coups de cœur champagne à Wine Paris

Le seul défaut de Wine Paris ? La profusion, avec près de 2800 exposants, on ne sait parfois plus où donner de la tête… Après cet événement, Terre de vins prend du recul et vous propose une sélection de trois nouveautés « coups de cœur » à retenir parmi les centaines de champagnes présentés.

Brut millésimé 2012 d’Alfred Gratien : le vin sur mesure d’une maison d’artisans

Grâce au tirage sur liège, qui sur les longues gardes reste la meilleure protection contre l’oxydation, le vin a su conserver la fraîcheur de ce millésime éclatant. Certes, le temps a apporté une maturité déjà prononcée, avec des notes toastées mais sans aller jusqu’au champignon. De la complexité donc, mais pas de lourdeur ! La finesse du travail de vinification sous bois n’y est pas pour rien. La Maison sait se servir de cet outil comme d’un support sans jamais le laisser remplacer le vin. Le secret ? Des élevages sur lie en fût prolongés dont l’effet réductif absorbe les arômes de planche. Dépouillé de tout artifice, le vin, ample sur l’attaque, frappe par son intensité tout en conservant une bulle crémeuse. Quant à la finale acidulée, elle reste sur le bout de la langue et donne envie d’y retourner. « Ce que j’aime, c’est la combinaison entre la rondeur que peut apporter le liège, mariée à la fraîcheur d’une vinification sans malolactique » confie le chef de caves. (60 % Chardonnay 25 % Pinot noir 25 % meunier 63€)

Alpha 2012 : l’alpha, mais aussi l’oméga…

Une sortie que l’on attendait avec impatience, car les millésimes de ce champagne ne sont pas légion (2005, 2006, 2010, 2012). En dégustant, on ne peut s’empêcher de penser que cette cuvée « Alpha », pour reprendre une citation biblique, est aussi l’Oméga, tant sa longueur en bouche semble nous entraîner vers l’infini. Le vin garde aussi une certaine discipline : alors que sur ce millésime beaucoup de champagnes explosent d’arômes et partent dans toutes les directions, on reste sur quelque chose de serein. « Cette cuvée s’exprime comme une belle personne, elle est apaisée, elle a cette forme de rayonnement naturel qui n’appartient qu’à ceux qui n’ont rien à prouver parce qu’ils ont déjà vécu » explique l’œnologue Joëlle Weiss. Plus concrètement ? Un champagne soyeux, parfait équilibre entre chardonnay et pinot noir (52/48). Le premier s’exprime sur des arômes gourmands d’abricot, mais on a choisi des crus plutôt face Nord (Verzy, Verzenay…) pour limiter sa puissance et lui permettre de mettre d’abord en avant le chardonnay. Ce dernier reste en effet l’icône de la marque. Issu des grands crus de la Côte des blancs (Avize, Chouilly, Cramant, Oger…), il apporte une fraîcheur d’agrumes confits et une minéralité, balancées par les petites notes évoluées de chaume qui signent la patine d’un long élevage sur lie. (95€)

Drappier Les Riceys rosé brut nature : voyage en pays inconnu

On connaît chez Drappier le blanc de noirs brut nature. Grâce à l’absence de dosage, ce pinot noir charnu conserve une fin de bouche très minérale rendant le cépage plus digeste. On connaît aussi le Brut nature rosé, dont la saignée se contente de renforcer ce contraste en donnant au vin plus de concentration. Le marquage du fruit, bien qu’accentué, reste encore limité, dans un style plus pomelo que fruits rouges. Avec la nouvelle cuvée « Les Riceys rosé brut nature », on largue cette fois complètement les amarres pour aborder des rivages inconnus et inattendus. La maison a en effet cherché beaucoup plus d’extraction et un caractère plus vineux, afin de mettre en valeur tout le potentiel du vignoble des Riceys, un terroir plein sud. Imaginez une robe qui tire sur le rubis, des notes de café frais, de griotte confite, et, en guise de structure, l’amertume de la rafle liée à une macération « en grappe entière ». Celle-ci vient rafraîchir un ensemble dont les arômes pourraient sinon paraître trop chaleureux. Il ne s’agit plus tout à fait d’un champagne, c’est déjà presqu’un grand rouge de Bourgogne (toute proche !) que l’on a envie de déguster sur un gibier agrémenté d’airelles. La complexité apportée par les 20 % d’une réserve perpétuelle de rosé débutée en 2003 le permet largement. (43€)

Cet article Nos trois coups de cœur champagne à Wine Paris est apparu en premier sur Terre de Vins.

Georges Truc signe un ouvrage érudit sur les terroirs de Châteauneuf-du-Pape

Georges Truc est, sans conteste, LA référence des vignobles de la Vallée du Rhône en matière de géologie. A Visan (Vaucluse), ce géologue ancien enseignant chercheur universitaire à la Faculté des Sciences de Lyon, est un expert en la matière (solide). Homme de terrain, passionnant et passionné, historien à ses heures, fin dégustateur, il décrypte les sols, leurs interactions avec les cépages. A son écoute, la terre révèle ses mystères, les dégustations deviennent limpides. S’il a contribué à plusieurs ouvrages sur l’appellation castelpapale, l’opus « Châteauneuf-du-Pape – Histoire géologique & naissance des terroirs » est son œuvre majeure qui fera date. Les amateurs éclairés découvriront l’appellation sous des facettes insoupçonnées. Entretien.

Comment est née l’idée de cet ouvrage ?

C’est une double promesse faite à Michel Blanc (Directeur de la Fédération des producteurs, NDLR), depuis plusieurs années. C’est la matérialisation de tout le plaisir éprouvé en parcourant Châteauneuf, en dégustant les vins, en rencontrant les vignerons. De plus, cela n’avait jamais été fait sur l’angle de la géologie. L’ODG a approuvé la réalisation, il en est l’éditeur.

Comment s’articule t’il ?

En huit chapitres, comme une pièce de théâtre avec un dénouement. Le premier est une histoire géologique régionale, pour vérifier l’environnement, éclairer des choses qui ne se voient pas ; par exemple le sel du trias, en profondeur, à l’origine de l’étang salé. Le deuxième est consacré à la naissance et la révélation des terroirs. Le troisième aux  curiosités géologiques, tels les «rountaus», l’étang de la folie, les galets géants. Le plus gros pèse 502 kg est se trouve à la Gardine. Ou encore les «aratroglyphes», les traces laissées par les charrues sur les galets siliceux. Le quatrième chapitre est consacré à l’utilisation des matériaux, de la préhistoire à la période contemporaine, disponibles à la construction pour les vignerons. Je prends pour exemple, ce site du néolithique avec un plancher de galets. Puis vient une présentation de la flore locale et la parole de 21 vignerons qui expriment leur ressenti sur le terroir et la manière de l’exprimer. Enfin, l’empreinte du sous-sol au cœur de la structure des vins, révélée par la dégustation géosensorielle.

Un sujet qui vous tient à coeur !

L’exercice se déroule sur un cépage unique, le grenache, le plus révélateur de ce lien au terroir. Il s’agit de relier le toucher de bouche, la granularité des tanins, le toucher tactile des matériaux qui constituent le terrain. Le sable avec ses petits grains révèle l’élégance, la finesse, les galets roulés montrent le poli, la caresse du velours…

Parution le 1er avril, à l’occasion des Printemps de Châteauneuf-du-Pape
www.lesprintempsdechateauneufdupape.fr
Prix 30 €
En vente à : Vinadea, la vinothèque et dans les caveaux des vignerons

Cet article Georges Truc signe un ouvrage érudit sur les terroirs de Châteauneuf-du-Pape est apparu en premier sur Terre de Vins.

Décès d’Alain Graillot, un Grand de Crozes

Un très grand vigneron nous a quittés aujourd’hui. Alain Graillot s’en est allé laissant son précieux héritage et l’amour du vin à ses deux fils Antoine et Maxime qui ont repris depuis déjà quelques années le domaine familial de Crozes-Hermitage.

Alain Graillot avait acquis en 1985 son domaine situé au coeur de la plaine alluviale de purs galets et de graves de La Roche-de-Glun, au sud de l’appellation Crozes-Hermitage. Dans une première vie, il avait été ingénieur en électrochimie à Paris avant de se passionner à la quarantaine pour la vigne dans une région où l’on vivait surtout de l’arboriculture. Trois ans plus tard, il saute définitivement le pas et sort son premier millésime en 1989 après s’être formé sur le terrain aux côtés de grands vignerons rhodaniens mais aussi bourguignons (notamment chez Jacques Seysses et Aubert de Villaine). Le domaine compte une vingtaine d’hectares dont plus de 85% plantés en syrah, le reste surtout en marsanne complétée par la roussanne, et désormais 1,5 hectare en Saint-Joseph. Le néovigneron autodidacte est l’un des premiers sur l’appellation à conduire son domaine en bio avec celui des Combier, travaillé sans herbicide, à la charrue et vendangé à la main. C’est aussi le premier à vinifier en grappe entière ; il aime les cuvaisons longues et les élevages à la bourguignonne en pièces de 228 l.. Il s’était Il se fait connaître, notamment pour sa cuvée désormais mythique de crozes-hermitage La Guiraude, aussi élégante dans sa jeunesse que des millésimes anciens.

La relève

Alain Graillot est rejoint au début des années 2000 par son premier fils Maxime qui créé les Domaine Equis et des Lises; après avoir bourlingué dans le monde entre une carrière dans les énergies renouvelables et un projet avec Raoul Perez en Espagne, son deuxième fils Antoine rejoint le domaine familial en 2016. Alain s’est également étendu avec ses fils en Beaujolais (domaine de Fa) en appellations Fleurie et Saint-Amour. Depuis une quinzaine d’années, il était devenu consultant pour offrir ses talents plus loin en Italie, en Australie ou au Maroc en créant en 2005 Tandem avec Thalvin. Plus récemment, le pape de la syrah (surnommé parfois par ses amis Ali Ben Syrah) avait commencé à s’intéresser de plus en plus aux blancs, notamment à La Cavale, le domaine du Luberon de Paul Dubrule. « Le futur du Sud est dans les blancs frais et équilibrés avec une pointe d’amertume même si c’est sans doute l’élément le plus difficile à maîtriser » nous avait-il confié lors d’une rencontre en 2020. Pour les blancs, il faut des rendements et du jus sur des collinettes d’argiles de préférence, contrairement à la syrah qui préfère les alluvions ». Il était également depuis 2016 le président de l’Académie des Vins de France où il avait retrouvé comme vice-président Aubert de Villaine.Il avait sorti l’année dernière un livre co-écrit avec Laure Gasparotto intitulé Parcours de Vignerons Eloge de l’entêtement chez Glénat.

Nous adressons toutes nos condoléances à sa famille et ses amis.

Cet article Décès d’Alain Graillot, un Grand de Crozes est apparu en premier sur Terre de Vins.

Benoît Gouez, chef de caves de l’année 2021 !

Le champagne club présidé par Richard Juhlins vient de désigner Benoît Gouez chef de caves de l’année 2021. Celui qui veille depuis 2005 sur les assemblages de Moët & Chandon, a accepté de partager avec nous son approche du champagne, et de commenter deux millésimes qui ont fait chavirer le cœur du critique : 1959 et 1921, respectivement élus « meilleur champagne dégorgé tardivement de l’année », et « meilleure bouteille ancienne de l’année ».

Comment définiriez-vous la vision de l’œnologie chez Moët & Chandon ?

Mes prédécesseurs m’ont toujours parlé d’une œnologie simple et nature. Comme eux, je n’aime pas cette idée anglosaxone du « wine maker » : on ne fait pas le vin ! Et si on finit par faire le vin, c’est qu’il manque quelque chose, cela signifie qu’au départ, il n’y avait pas la matière nécessaire. Je suis très éloigné du principe d’une œnologie corrective. Mais je suis aussi contre l’idée de « vin nature ». Le vin n’est pas naturel, c’est une création humaine. Je n’ai jamais trouvé une bouteille de vin qui se soit faite toute seule au pied de la vigne !

Mon approche est intermédiaire et consiste à penser, que plus on aura de beaux raisins qui correspondent à de beaux terroirs et à une viticulture de qualité, avec en particulier une bonne appréhension de la maturité, plus on pourra ensuite avoir une approche œnologique simple et peu interventionniste. En même temps, je reste un ingénieur de formation marqué par la volonté de maîtriser. S’il est vrai qu’on ne « contrôle » pas la nature, mais plutôt qu’on travaille avec elle, il faut quand même être en pilotage. A cet effet nous essayons de comprendre davantage les choses, pour pouvoir mieux les amener dans la direction que nous souhaitons d’un point de vue stylistique. C’est l’élément sous-jacent aux évolutions que j’ai amenées dans la maison depuis 15 ans. Par exemple dans la conduite des fermentations, où notre volonté était de ne pas avoir la vitesse au compteur sur l’autoroute toutes les heures mais en temps réel. Auparavant, on prélevait un échantillon toutes les huit heures, désormais nous avons des capteurs de gaz carbonique qui nous informent de la vélocité de la fermentation toutes les cinq secondes. On peut ainsi prédire les dynamiques de fermentation avec 24 heures d’avance. Si jamais, la fermentation est trop lente ou trop rapide, si on a des risques de réduction ou d’oxydation, nous serons en mesure d’anticiper, d’être plus précis.

C’est que j’adore dans le vin : l’art de conjuguer science et sensibilité. Si on est uniquement dans la science, la technique, on va élaborer de bons vins, mais pas de grands vins. A l’opposé, si on n’est que dans la sensibilité, on peut faire un grand vin une fois de temps en temps, mais ce sera aléatoire.

Richard Juhlins a eu un coup de cœur pour deux millésimes de votre collection, 1921 et 1959…

En novembre nous avons organisé une journée pour célébrer le centenaire de ce millésime champenois magnifique qu’a été 1921. Nous avons dégusté sur 100 ans, des millésimes de chaque décennie. Le 1921 avait encore de l’effervescence, il ressemblait à un panettone italien, une brioche aérienne avec des fruits cristallisés. Le 1959 était l’équivalent d’un lièvre à la royale : sanguin, truffé. Ce millésime est le plus mûre de toute l’histoire de la Champagne, vendangé à plus de 12 degrés. D’ailleurs, c’était illégal, ils ont été obligés de le diluer avec un peu d’eau avant d’effectuer la prise de mousse. Quelle puissance encore aujourd’hui, un vrai pur-sang musculeux ! Cela amène d’ailleurs une réflexion sur les inquiétudes nourries en Champagne liées à la chute d’acidité que peut entraîner le réchauffement climatique. Les plus grands millésimes champenois ne sont pas des millésimes acides, mais très mûrs. C’est là où intervient la richesse de la collection Moët & Chandon, qui souvent nous aide à appréhender des millésimes qui nous déstabilisent. Lorsque nous avons dû vinifier 2003, c’était la première vendange en août pour tous les membres de l’équipe, la double lame gel de printemps et été caniculaire avait généré des vins très concentrés. Beaucoup pensaient qu’il ne fallait pas millésimer : acidité trop faible, pas assez de chardonnay, cela n’évoluerait pas correctement, trop atypique… Nous sommes descendus en cave et nous avons dégusté pour se rendre compte des millésimes chauds : 1976, 1959, 1947, 1941. Ils tenaient la route, ce n’était pas des millésimes de tension, mais de sang, et ils n’étaient pas oxydés. Cela nous a convaincus qu’il fallait y aller !

Terre de vins aime : Grand vintage 2013- 55 €

Cet article Benoît Gouez, chef de caves de l’année 2021 ! est apparu en premier sur Terre de Vins.

Concours Terre de Vins, un repère pour vignerons et amateurs

Cette année encore, Terre de Vins, propose son concours de vins aux vignerons français.

Ce dernier s’appuie sur une forte légitimité, notamment permise par la qualité des dégustateurs. Pierre Garcia (Domaine E Petre à Aleria) souligne l’opportunité que représente, selon lui, la dégustation des cuvées par une sélection de palais avisés : “Si chaque vigneron aime ses vins, les soumettre à un œil extérieur et compétent permet de les confronter à un jugement objectif, qui donne encore davantage de valeur aux récompenses attribuées !”. Les sélections du concours, toutes effectuées à l’aveugle, sont assurées par un panel d’experts composé de journalistes, sommeliers, cavistes ou oenologues.

L’an dernier, quelques 2 749 échantillons avaient été dégustés et 830 cuvées avaient obtenu une médaille. Le Château Val Joanis en Lubéron était l’une des cuvées “Coup de cœur” de la rédaction, ayant recueilli l’enthousiasme des dégustateurs. Hervé Lasserre, le directeur technique de la propriété insiste sur la plus-value que représente cette sélection : “ Le marché étant fortement concurrentiel, ce macaron est un argument commercial supplémentaire que nous faisons valoir auprès de nos clients, notamment sur les réseaux sociaux”.

Le concours des vins Terre de Vins offre également une forte visibilité aux cuvées récompensées, s’appuyant sur un socle de 300 000 lecteurs, une communauté de 128 000 followers et un site Internet recueillant plus de 150 000 visiteurs chaque mois. Par ailleurs, un cahier spécial dédié aux vins lauréats sera publié au mois de septembre.

Du côté du Mas Alart (IGP Côtes Catalanes), l’argument fait mouche : “Le magazine est un repère pour les connaisseurs, reconnu pour sa rigueur et sa fiabilité”. La cuvée “Vigne de Madame”, sélectionnée l’an dernier parmi les “Coups de coeur” s’est ainsi retrouvée en rupture de stock lorsque le palmarès 2021 fut divulgué. Dans le même ordre d’idée, il a été constaté que, pour un lecteur sur deux, lire le magazine provoque un acte d’achat. Incontestablement, le concours devient un repère pour le consommateur.

Les inscriptions peuvent se faire jusqu’au 25 mars 2022 par Internet sur www.concours.terredevins.com avec une réception des échantillons jusqu’au 1er avril 2022 .

Cet article Concours Terre de Vins, un repère pour vignerons et amateurs est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Saint-Julien ] Léoville-Poyferré : la pérennisation de l’excellence

Ce magnifique château, propriété de la famille Cuvelier, s’est inscrit depuis une trentaine d’années dans une marche vers une qualité irréprochable. Retrouver son rang est une chose, le conserver en est une autre. Sans tambour ni trompette, le château innove et expérimente pour s’inscrire pleinement dans la modernité.

L’histoire des 3 Léoville est certainement l’une des plus connues de Bordeaux. De cette unique et immense propriété historique de plus de 200 hectares sont nés, au gré de l’Histoire et des successions, 3 châteaux de Saint-Julien qui brillent au firmament de leur appellation et des grands crus classés : Las-Cases, Barton et Poyferré. La famille Cuvelier est devenue propriétaire de ce dernier en 1920. Et le vignoble d’alors est toujours le même, à quelques rares échanges de parcelles près initiés alors. Un siècle de présence marqué donc par une véritable pérennité et célébré par la création d’une bouteille noire sérigraphiée collector pour le millésime 2020 qui arrive sur le marché. La qualité des vins est, de manière générale, excellente comme en témoigne 2014 qui offre une très belle unité quand le 2005 est aujourd’hui absolument superbe d’harmonie et de profondeur veloutée, confirmant tout le potentiel qui était le sien à sa naissance ! Pourtant, rien n’est jamais acquis. Et réussir à se maintenir au plus haut niveau qualitatif suppose de se remettre en question, de tester de nouveaux dispositifs, d’innover. Sara Lecompte Cuvelier, qui dirige la propriété depuis 2018, s’est parfaitement inscrite dans les pas de son cousin, Didier Cuvelier qui avait dirigé Poyferré 40 ans durant. Le tout avec discrétion, à l’image de sa personnalité.

Aller toujours plus loin

Tout commence toujours par le vignoble. Les équipes connaissent parfaitement des parcelles ancestrales, continuant toutefois à réaliser des études de sols régulières pour pouvoir apporter de manière extrêmement précise les amendements nécessaires d’origine animale et végétale. En 2 ans, tout le vignoble est ainsi analysé et les sols fertilisés si besoin. Au niveau cultural, une part sans cesse croissante des vignes est travaillée en bio (23 hectares sur les 80) même si aucune labellisation n’est pour le moment envisagée dans un avenir proche. David Pernet de Sovivins apporte à ce titre ses conseils, y compris en matière biodynamique. Pragmatique avant tout, l’équipe a constaté que les parcelles qui, auparavant se retrouvaient alternativement dans le premier ou le second vin, sont désormais systématiquement intégrée au grand vin depuis qu’elles sont conduites en bio. Des replantations de cabernet-sauvignon, en lieu et place de merlot, viennent également renforcer la structure des vins. Plus globalement, la volonté affichée est de pouvoir être encore plus précis dans les décisions de traitement, afin de limiter les doses qui sont utilisées notamment contre le mildiou. A cet effet, 20 piquets connectés vont être installés très prochainement dans le vignoble et joueront le rôle « d’autant de mini stations météorologiques couplées à de l’intelligence artificielle » comme l’explique Sara. Ceux-ci seront couplés à des éoliennes électriques mobiles pour prévenir le gel dans les secteurs les plus exposés. En cave, le niveau d’exigence est le même. Une réflexion est menée depuis une vingtaine d’années sur la baisse des quantités de soufre apportées. Depuis 3 ans par exemple, celui-ci a été remplacé à l’encuvage par des levures non-saccharomyces qui vont jouer un rôle de bioprotection naturel sans perturber les levures classiques de fermentation. Les niveaux de soufre sont ainsi en constante diminution. De 140 mg/L avant 2005, les niveaux sont aujourd’hui a maxima de 100 mg/L et le plus souvent inférieurs encore, et donc cohérents avec les niveaux autorisés en viticulture bio. Les élevages enfin sont toujours menés en barriques même si des essais sont également effectués. Des amphores sont ainsi utilisées et comparées aux vins issus de parcelles identiques élevés sous bois. Et là encore, les équipes observent. Les vins sont alternativement meilleurs dans l’un ou l’autre contenant. Affaire à suivre donc, sans dogmatisme et avec un but : améliorer sans cesse la précision des vins.

Cet article [Saint-Julien ] Léoville-Poyferré : la pérennisation de l’excellence est apparu en premier sur Terre de Vins.

Ukraine : la filière vin fait acte de solidarité

Le conflit qui règne en Ukraine depuis l’envoi des troupes russes par le président Vladimir Poutine a suscité un élan de solidarité mondial, auquel participe également la filière vin. Quelques exemples d’initiatives annoncées aujourd’hui.

La filière vin n’est pas à l’écart des soubresauts du monde, des conflits géopolitiques et des drames humanitaires, loin s’en faut. Face au déferlement de la guerre sur l’Ukraine, aux portes de l’Europe, menée par les troupes russes, plusieurs initiatives solidaires se sont fait entendre. Laurent Fortin, Directeur Général de Château Dauzac (grand cru classé de Margaux), est également consul Honoraire d’Ukraine en Nouvelle Aquitaine, lance un appel à la solidarité sous la forme d’une vente aux enchères en partenariat avec iDealwine. « Quand j’ai accepté mes fonctions consulaires par amour pour ce beau pays si proche de la France et des valeurs européennes, je n’imaginais pas – personne ne pouvait imaginer – que la guerre serait à nos portes, avec ses cortèges de réfugiés et ses désastres humanitaires. A l’époque où on parle de responsabilité sociale et de RSE, j’en appelle à l’engagement citoyen de la filière pour soulager ce peuple ami en détresse« . Les domaines désirant participer à cette opération, en fonction de leurs moyens et leurs idées, peuvent adresser leurs lots dès à présent et jusqu’au 21 mars au château Dauzac (1 avenue Georges Johnston, 33460 Labarde). Les grands contenants seront en particulier bienvenus. Château Dauzac les regroupera pour les envoyer à iDealwine, qui fera démarrer la vente le mercredi 30 mars pour une durée de dix jours. Tous les lots seront mis en vente au prix symbolique d’1€ et l’ensemble des recettes sera reversé à l’association humanitaire Ukraine Amitiés.

De son côté, le groupe Primum Familiae Vini (PFV), qui réunit 12 grandes familles internationales du vin, a annoncé ce matin une donation de 25 000 euros au comité international de la Croix Rouge, en précisant que « chacun des membres de PFV prendra sa part dans son pays pour aider le peuple ukrainien dans cette crise« . Les membres de PFV sont : Marchesi Antinori (Tuscany), Baron Philippe de Rothschild (Bordeaux), Joseph Drouhin (Burgundy), Domaine Clarence Dillon (Bordeaux), Egon Müller Scharzhof (Mosel), Famille Hugel (Alsace), Pol Roger (Champagne), Famille Perrin (Rhône Valley), Symington Family Estates (Portugal), Tenuta San Guido (Tuscany), Familia Torres (Spain) and Vega Sicilia (Ribera del Duero).

Enfin, c’est en Ukraine que la solidarité la plus urgente se fait sentir : nous en parlions ici il y a quelques jours, le domaine Kolonist, fondé par l’ancien Ministre de l’Énergie Ivan Plachkov dans la région d’Odessa et suivi par le consultant bordelais Olivier Dauga, est en première ligne face à la guerre. Aux dernières nouvelles, la propriété a ouvert ses portes aux réfugiés qui fuient les combats et espèrent rejoindre l’Europe via la Bulgarie ou la Roumanie.

Cet article Ukraine : la filière vin fait acte de solidarité est apparu en premier sur Terre de Vins.

VitiRev Innovation : objectif 50 millions pour la transition écologique

Le fonds d’investissement VitiRev Innovation, géré par Demeter-IM et dédié au financement des sociétés innovantes contribuant à la transition écologique de la filière viti-vinicole, se rapproche des 40 millions d’euros engagés. Il vise les 50 millions d’ici la fin du mois de juillet, qui conclura la levée de fonds.

Nous en avions parlé l’année dernière dans le cadre des Trophées Bordeaux Vignoble Engagé et, alors que les inscriptions pour la quatrième édition de ce rendez-vous (organisé par Sud-Ouest, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux et Terre de Vins en partenariat avec la Chambre d’Agriculture de Gironde, Kedge Business School, la Région Nouvelle Aquitaine et le Crédit Agricole d’Aquitaine) se terminent ce vendredi 4 mars, il mérite un nouveau coup de projecteur pour son accompagnement des initiatives en faveur du développement durable dans la filière vin.

Le projet VitiRev, lancé par la région Nouvelle Aquitaine dans le cadre du programme « Territoires d’innovation » porté par l’État, articule un large éventail d’actions pour « fédérer les acteurs des territoires viticoles pour accélérer la sortie des pesticides et en intégrant des pratiques agroécologiques« . Le budget de ce projet se divise entre une première enveloppe de 43 millions dédiés à l’opérationnel et 60 millions dédiés aux investissements. Comme le détaille Yann Raineau, ingénieur agronome et économiste de formation qui coordonne VitiRev au sein de la région, cette enveloppe de 60 millions se divise, selon les souhaits de l’État, en deux parties : deux-tiers de ces fonds (environ 40 millions) doivent « être du flux direct entre la Caisse des Dépôts et des opérateurs qui lui sont présentés par l’équipe VitiRev (sous la forme d’un deal flow). Pour l’instant, parmi les entreprises qui ont été présentées, il n’y a pas eu de décision d’investissement mais cela ne saurait tarder« . L’autre tiers (20 millions) prend la forme de fonds d’investissements, complétés avec des fonds privés (banques, acteurs de la filière, family offices, etc.) et s’articulent de deux façons :
VitiRev Innovation, qui s’adresse aux start-up apportant des innovations technologiques à la filière.
– VitiRev TerraDev, qui s’adresse aux entreprises de la filière (grands et petits domaines, coopératives, acteurs de la commercialisation qui se lancent ou qui accélèrent dans leur transformation agroécologique ), et dont le closing n’est pas fini côté investisseurs privés.

Premier closing pour VitiRev Innovation en juillet 2021

Dans le détail, VitiRev Innovation est un Fonds Professionnel de Capital Investissement (FPCI) qui a pour objectif d’investir dans une quinzaine de start-up sur une période d’investissement de 4 ans. La gestion du fonds a été déléguée à Demeter-IM, société de gestion de fonds dédiée à la transition écologique, créée en 2005 et considérée comme un leader français et européen, tant en matière matière d’actif sous gestion (+1 milliard d’euros dans l’économie réelle) que de transparence sur ses indicateurs extra-financiers. Amaury Kalt, directeur d’investissement chez Demeter-IM, détaille les avancées récentes de VitiRev Innovation : « nous avons réalisé un premier closing en juillet 2021, en atteignant la barre des 30 M€ qui constitue une étape réglementaire pour pouvoir déclarer le fonds à l’Autorité des Marchés Financiers et le rendre opérationnel. Plusieurs comités consultatifs ont été mis en place, dont le troisième cette semaine. Pendant ces comités nous présentons aux souscripteurs de VitiRev Innovation des start-up triées sur le volet, dont les innovations, l’équipe et la structuration du business plan nous ont le plus convaincus« .

Les souscripteurs en question sont la Région Nouvelle-Aquitaine, la Banque des Territoires pour le compte de l’État, des institutionnels tels que le Crédit Mutuel Arkéa, maison-mère du Crédit Mutuel du Sud-Ouest, Groupama, des caisses régionales du Crédit Agricole et de la Caisse d’Epargne, des producteurs comme les Domaines Barons de Rothschild (Lafite), Château Paloumey, Château Sainte Roseline et les Vignobles Clément Fayat ainsi qu’un pool d’industriels, de family offices et d’entrepreneurs. L’État et la région abondent à hauteur de 49,9% du montant levé jusqu’à 40 millions, ce qui permet au fonds de rester à dominante privée sur sa cible de 50 millions d’euros.

Cinq start-up en pole position

Actuellement, deux projets de start-up sont particulièrement avancés au sein de VitiRev Innovation : une entreprise de biocontrôle ayant développé un fongicide antimildiou, non issu de la chimie, non CMR (cancérogène mutagène reprotoxique), sans toxicité pour l’humain ni l’environnement ; et une technologie de système d’irrigation « intelligente et connectée ». Trois autres start-up sont également bien positionnées : une solution d’imagerie au dessus des vignes pour avoir une idée exhaustive et rapide de l’état du vignoble à chaque instant clé du cycle cultural (vigueur de la vigne, détection précoce de maladies…) ; un accompagnement de la digitalisation dans la vinification (mesure de gaz dissous…) ; et une plateforme de e-commerce « vertueuse » privilégiant de façon équitable des vignerons-récoltants engagés dans une viticulture durable. Ces cinq candidats sont en bonne voie pour bénéficier d’un premier volet d’investissement. Comme le précise Amaury Kalt, « la dimension vertueuse est fondamentale, mais il faut aussi que ces projets soient portés par une bonne équipe et aient de vraies perspectives de valorisation. Nous sommes là pour soutenir les futurs champions français, européens voire internationaux dans leurs secteurs respectifs« .

Les contraintes d’investissements de VitiRev Innovation doivent aller à 75% vers la France au minimum, 25% vers l’Europe, et pour la partie française, « au moins 20% vers des start-up qui ont leur siège social ou une très forte activité en Nouvelle Aquitaine », précise Amaury Kalt, « ce qui se fait de façon naturelle car un quart des projets entrants dans la cible d’investissement du fonds sont soit déjà basés dans la région, soit aspirent à y développer leur activité ». Les souscripteurs du fonds, en revanche, peuvent venir de toute la France et au-delà : un opérateur champenois et un pépiniériste renommé sont sur les rangs pour rejoindre la liste des souscripteurs. Au-delà de l’objectif de performance financier et extra-financier, l’intérêt d’être souscripteurs du fonds est la possibilité d’avoir accès une veille sectorielle technologique très poussée pour accompagner leur transition écologique en intégrant des innovations très prometteuses.

Encore temps de participer à la levée de fonds

« Il est important de le faire savoir« , souligne Amaury Kalt, « car la levée de fonds ne sera fermée qu’en juillet. Il est donc encore temps d’investir dans ces entreprises d’avenir, et le fonds n’est pas ouvert qu’aux grandes entreprises ou investisseurs. Nous nous approchons des 40 millions d’euros engagés et nous visons au moins les 50 millions pour accompagner ces entreprises innovantes qui participent à la transition écologique dans la filière. Il n’est pas trop tard pour nous rejoindre ! » Et Yann Raineau d’ajouter qu’au-delà de ce volet investissement qu’est VitiRev Innovation, « l’ensemble du projet VitiRev est un grand écosystème qui aborde de façon très transversale tous les sujets de développement durable au sein de la filière, de la recherche à la formation. Nous activons beaucoup de leviers en générant de fortes synergies, et nous mesurons au fur et à mesure les actions qui ont le plus d’impact. Ce qui est certain, c’est que nous croyons beaucoup à VitiRev Innovation et aux initiatives qu’il porte ».

Trophées Bordeaux Vignoble Engagé
Les inscriptions sont ouvertes jusqu’au 4 mars en suivant ce lien : www.trophees-bve.fr

Le jury se réunira dans le courant du mois d’avril, et le palmarès sera dévoilé le 17 mai 2022 dans le cadre d’une cérémonie qui se déroulera à la Cité du Vin de Bordeaux. N’attendez pas pour vous inscrire !

Contact : trophees-bve@terredevins.com / 05 35 31 21 62


Cet article VitiRev Innovation : objectif 50 millions pour la transition écologique est apparu en premier sur Terre de Vins.

Laurent-Perrier Brut millésimé 2012 : un 30ème opus éclatant

Chez Laurent-Perrier, on parle rarement pour ne rien dire, alors quand le chef de caves Michel Fauconnet accepte de quitter sa tanière de Tours-sur-Marne pour rencontrer les journalistes, on ne se fait pas prier pour venir l’écouter. La présentation du Brut millésimé 2012 le justifiait pleinement : un vin ample, riche et en même temps vif et entraînant.

La sortie du Brut millésimé 2012 de Laurent-Perrier est un événement pour la maison : depuis la reprise par la famille Nonancourt en 1938, il représente le 30ème opus de cette cuvée, sur un millésime qui plus est symbolique puisqu’il célèbre le bicentenaire de la marque. L’occasion était si exceptionnelle que Michel Fauconnet, dont le faible attrait pour les mondanités n’a d’égale que la passion pour l’art de la vinification, a accepté de mettre le nez hors de sa cuverie pour venir le présenter en personne aux caves Legrand.

Au passage, on dira deux mots de ce chef de caves atypique. Fils d’un paysan de l’Aube, et amoureux de la terre, il se destinait à reprendre la ferme de ses parents, participant dès l’âge de 14 ans au championnat de labour. A la suite de son BTS agricole, en 1974, il effectue par curiosité un stage chez Laurent-Perrier, mais sans la moindre intention de se lancer dans le métier. C’est là que bien malgré lui, il attrape le virus du champagne. Celui qui se définit comme un autodidacte de Laurent-Perrier y fera toute sa carrière, formé aux côtés d’Alain Terrier dont il prendra la succession en 2004. A son arrivée en pleine crise pétrolière, la maison construisait sa première cuverie en inox, à peine 10.000 hectos à l’époque, elle en fait aujourd’hui 300.000. Le jeune homme a ainsi grandi avec la maison et eu la chance de participer à la création du style de la marque qui se cherchait encore, notamment à travers tout un travail de sélection des levures. L’un des secrets de l’homogénéité qualitative de la maison ? La règle d’or définie par Bernard de Nonancourt : seuls le chef de caves et le patron ont voix au chapitre lorsqu’il s’agit de prendre des décisions ayant trait au vin. Les commerciaux ne s’occupent que de commerce ! Un principe qui permet de garder en cave des millésimes à haut potentiel comme 2012 tout le temps nécessaire à leur maturation.

L’enjeu de la cuvée millésimée chez Laurent-Perrier consiste à trouver le juste équilibre entre l’empreinte du style de la maison et celle propre au millésime. Avec des gelées de printemps qui avaient réduit la charge des vignes et un été sec et ensoleillé, la caractéristique générale de 2012 était une belle concentration et une belle maturité, qui se lisent ici dans la richesse et la densité extraordinaires du vin, là où 2008, le précédent millésime, était davantage sur la tension, la minéralité et la profondeur. « En 2012, les pinots noirs d’Aÿ étaient puissants mais avec une présence trop forte justement pour rejoindre l’assemblage de Grand Siècle, en revanche, ils reflétaient de manière éclatante l’identité de l’année et avaient donc toute leur place dans la cuvée millésimée où ils figurent aux côtés de Bouzy, Verzy et Mailly. Nous avons aussi intégré pour la première fois Rilly-la-Montagne, bien que le cru ne soit pas classé 100 %. D’habitude, ce sont des vins qui évoluent trop vite pour rejoindre le millésimé, mais sur cette petite récolte, il y avait toute la concentration nécessaire. Signe de cette maturité vous observerez la mousse persistante, une autre signature de 2012, l’ensoleillement ayant généré un taux élevé de protéines. »

Ce vin ample dès l’attaque reste en même temps vif. On appréciera les arômes d’agrumes, une pointe de calcaire, et une fois le vin réchauffé l’émergence de notes d’ananas. Si l’assemblage met à parité chardonnays de la Côte des Blancs et pinots noirs de la Montagne, ce sont les premiers qui constituent la colonne vertébrale du vin et qui dominent du premier nez jusqu’à la fin de bouche. En cela, le millésimé 2012 se rattache parfaitement au style de la marque. On s’étonnera d’ailleurs de cette fraîcheur dans une maison qui a opté pour des fermentations malolactiques systématiques. « Le blocage des malos permet certes d’obtenir davantage d’acidité, mais il change aussi d’autres caractéristiques identitaires auxquelles nous tenons, comme le côté un peu beurré. Il est vrai qu’avec les millésimes 2004, 2005, 2006, on a eu peur pour l’acidité des vins, mais elle est remontée et s’est stabilisée les années suivantes. »

Prix : 58 € www.laurent-perrier.com

Cet article Laurent-Perrier Brut millésimé 2012 : un 30ème opus éclatant est apparu en premier sur Terre de Vins.