[Eau-de-vie] Fanny Fougerat : l’heure de la transparence

Entre le Précis de composition de Cioran et le Danube de Claudio Magris pourrait se serrer, se lover, s’emmitoufler le nouvel opus de Fanny Fougerat…

Dans sa collection Hors-Série, Fanny Fougerat bouscule un peu plus les codes en sortant de la gamme du cognac pour délivrer une eau-de-vie d’ugni blanc « juvénile, tonique, chocolatée, exotique, acidulée » pour reprendre ses mots. Terre de Vins confirme ! Son nom : Alma Mater ! On le sait, la qualité des eaux-de-vie se mesure dans leur jeunesse, à la sortie de l’alambic. C’est le pari de la transparence chez Fanny Fougerat dont on connaît les cognacs sur-mesure. Cette fois, c’est blanc ou plutôt incolore pour un lot de 2200 bouteilles titrant à 43,2%. Exit le vieillissement sous bois, cette eau-de-vie distillée au mois de janvier 2023 est à l’état brut pour offrir une bouche exotique – citron givré en tête -, fraîche, aux notes de chocolat blanc et forcément puissante. Alma Mater, du latin « terre nourricière » devrait faire le bonheur des mixologistes. À ce sujet, Fanny la conseille sur un daïquiri ou encore seule, on the rock. Hiiihaaa !

Fanny Fougerat, Hors-Série, Alma Mater (70cl) : 49€

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La diversité méconnue du Centre-Loire

Si Sancerre est le phare incontesté de cette région ligérienne centrale, suivi de près par Pouilly-Fumé, d’autres vignobles moins connus s’avèrent toutefois receler de très beaux vins typés et abordables.

Sur une carte, ça n’est pas très compliqué. On pourrait résumer les vignobles du Centre-Loire en deux familles. La rive gauche de la Loire avec, d’est en ouest, Sancerre, limitrophe de Menetou-Salon avec légèrement plus loin Quincy voisin de Reuilly et, plus au sud de Bourges, Chateaumeillant. Et côté rive droite, du nord au sud les Coteaux du Giennois, les coteaux de Tannay, Pouilly-fumé, Pouilly-sur-Loire et enfin les Côtes de la charité au nord de Nevers.

Carte : vinsvaldeloire.fr

Une grande diversité d’appellations pour des vins dont certains commencent à véritablement émerger au-delà de la sphère locale à laquelle ils étaient jusqu’ici largement cantonnés. Bien entendu, leur taille ne leur permet pas toujours de disposer de volumes suffisants pour s’installer durablement ailleurs. On pense ici aux 80 hectares de Chateaumeillant ou aux 50 hectares des Côtes de la Charité… Et pourtant, les progressions qualitatives sont notables, aidées par le réchauffement climatique qui permet notamment aux vins rouges de gagner en précision et en densité et aux blancs d’être encore plus suaves.

Des profils variés
La diversité de cépages qui peuvent être plantés permet d’offrir une large palette de vins. Côté blanc, le sauvignon blanc est évidemment le roi incontesté, parfois le seul autorisé comme à Quincy. Là, il s’exprime admirablement et offre des vins amples portés par des trames acides très intéressantes. Parmi les jolies cuvées actuelles, le Quincy Côté Nature 2020 du domaine Mardon (16€) entièrement élevé en jarre de grès pendant 10 mois puis 1 an en bouteille. Un vin aux notes florales et d’agrumes précises, très droit et homogène. Spécificité locale, certains vignerons utilisent du sauvignon rose, particulièrement aromatique comme au domaine du Bourg d’Oiseau en Côtes de la Charité. La cuvée Pisse d’âne 2019 (14€) en contient 30% assemblé avec du pinot gris pour un résultat d’une belle ampleur tapissante. Ce pinot gris se retrouve également sur Reuilly où il donne naissance à des vins ronds, gourmands à l’image de la cuvée Les 400 coups (13,5€) du domaine Charpentier. Là encore, fine acidité et amers délicats accompagnent la finale et lui apportent une vraie suavité. Quant aux amateurs d’originalités, ils se tourneront vers le 100% chasselas de la cuvée La Centenaire 2022 (12,5€) du domaine Serge Dagueneau et filles. Un vin délicat non dénué de structure, parfait pour réveiller en douceur les papilles avant un repas. Côté rouges et rosés, le pinot noir et le gamay sont les cépages dominants. Châteaumeillant est une réserve de très jolis vins, notamment ceux de Pierre Picot au domaine du Chaillot. Ses gamays sur granit rose donnent un gris (rosé) 2022 (9,5€) d’un équilibre souverain, structuré et finement acidulé. Sa cuvée rouge Rêvésens 2021 (14€) est d’un fruité gourmand teinté de notes poivrées intenses. Autre découverte, la cuvée Candates 2021 (16€) du domaine de l’Epineau en côteaux du Giennois. Un assemblage pinot noir (60%) et gamay qui pinote bien et révèle une matière fraîche et appétente.

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[Provence] Changement de cap à Galoupet

La pépite provençale du groupe LVMH se recentre sur sa cuvée Château et interrompt la production de Nomade.

Galoupet renonce momentanément au rosé Nomade. « Nous n’arrêtons pas la cuvée mais on la met en pause pour concentrer nos efforts sur la référence château » nous confie Mathieu Meyer, directeur technique du domaine racheté en 2019 par le groupe LVMH . La flasque en plastique recyclé que ses détracteurs comparaient à un gel douche a fait long feu. Rien d’étonnant sur un marché hexagonal qui reste somme toute assez traditionnel en matière de vin et qui a encore autant de difficultés ne serait-ce qu’à adopter la capsule à vis. La démarche était pourtant louable, le flacon en plastique recyclé étant fabriqué à partir de déchets collectés sur les plages par Prevented Océan Plastic et sa praticité dans un sac pique-nique ou sur un bateau n’était plus à démontrer. Elle aurait pu trouver son public sur les plages tropeziennes mais Mathieu Meyer reconnaît « que le packaging était très clivant ». Celui de la cuvée château, dans la belle bouteille de verre gravée coiffée de cire rose, fait davantage l’unanimité. Un choix également ecoresponsable. « Le packaging représentant 40% des emissions carbone de la production de vin, nous avons opté pour une bouteille foncée et allégée (moins de 500 g) à 80% en verre recyclé pour économiser autant que possible la silice, la matière première non renouvelable qui est la base de la fabrication du verre ».

Bientôt bio

La cuvée Nomade était à l’origine élaborée à partir des vignes de la propriété avec une ambition de la développer en négoce « mais aujourd’hui nous préférons revendre les vins qui ne sont pas de première qualité et juste garder le meilleur et nous concentrer sur une cuvée unique ». Sur les 69 hectares d’un seul tenant de la propriété varoise, seuls 15-20% vinifiés en parcellaires entrent actuellement dans l’assemblage. « Je commence à peindre le tableau du millésime à la vendange mais je ne sais qu’en janvier ce que je vais retenir sur ma palette » commente l,ingénieur agronome et œnologue. Le 2022 est un assemblage de grenache (58%), tibouren (12%), cinsault, rolle, et une pointe de sémillon. Exit le carignan qui a été arraché. Galoupet a été vinifié en cuve et élevé à 30% en demi-muids (contre 40% pour le premier millésime 2021). Plus minéral sur des zestes d’agrumes et des arômes de fruits jaunes, de garrigue avec une note de miel (55€). Il sera certifié en bio pour le millésime 2023 « mais nous voulons aller au-delà avec trois parcelles en essai biodynamique. Nous restons dans une démarche expérimentale pragmatique mais je suis surtout convaincu par l’intérêt des tisanes et des couverts végétaux ».

 La priorité de l’équipe est également de préserver les 77 hectares de bois classés Natura 2000 « en renaturant le maquis et en travaillant sur la biodiversité ». Autre actualité, la nomination d’une nouvelle directrice générale Nadine Fau (ex-responsable des ventes interntinles de Veuve Clicquot également dans le groupe LVMH) qui est arrivée en remplacement de Jessica Julmy répartie à la tête des ventes on-trader de Moët-Hennessy.

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[Champagne Tasting] Legras & Haas remet les millésimes dans le bon ordre !

Legras & Haas ne sort pas moins de trois nouvelles éditions de cuvées cette année qu’elle présentera ce samedi à Champagne Tasting au Palais Brongniart : le blanc de blanc 2014, les Sillons 2014, et Exigence n° 11. Nous sommes allés les découvrir en avant-première au siège de la Maison à Chouilly où nous avons été accueillis par Jérôme Legras.

2014 étant une année plutôt froide et 2015 une année chaude, c’est tout naturellement qu’il y a maintenant près de 24 mois, la Maison Legras & Haas avait choisi de sortir le blanc de blancs 2015 avant le 2014. Aujourd’hui, lorsqu’on déguste le 2015, on ne peut s’empêcher de se rassurer sur la résilience du terroir face au réchauffement climatique. Des sols aussi crayeux que ceux de Chouilly (on est ici essentiellement sur le Montaigu et ses satellites Nord) offrent un réservoir de fraîcheur que même une année aussi solaire que 2015 a du mal à épuiser. Si le nez évoque d’emblée une certaine générosité sur des arômes très gourmands de tarte tatin sortie du four, l’attaque de la bouche reste marquée par la tension et la minéralité. Ce n’est qu’en fin de bouche que la douceur et la rondeur du millésime se manifestent, tandis qu’une belle amertume prolonge encore de longues minutes le souvenir du vin sur les papilles. Clairement, c’est un vin mûr qui est aujourd’hui à son apogée et qui n’a pas déçu les consommateurs. Jérôme Legras raconte : « Même si pour notre part nous avions obtenu de bonnes critiques, de manière générale 2015 est un millésime sur lequel la presse était loin d’être unanime. Mais, à la différence de 2011, le public n’a pas suivi son avis, le marché a donné tort à l’expertise. »

Le nouveau millésime 2014 dévoile un profil très différent, moins opulent, plus délicat. Le nez est floral et la bouche offre des premiers arômes de miel et de fleur d’acacia. La fraîcheur s’exprime autour de notes d’agrumes plutôt doux, on pense à la mandarine. Il y a aussi quelque chose de crémeux. « C’est un vin qui a neuf ans et qui entre dans une première fenêtre de dégustation avec beaucoup de panache. J’avoue qu’il s’agit de l’un de mes millésimes préférés. J’ai adoré 2013, et je ne pensais pas pouvoir aimer autant 2014. » (Prix : 65€)

Le Sillon 2014
Le Sillon 2014 (106€) succède lui aussi à un 2015. Cette cuvée est élaborée à partir de la parcelle « Derrière Partelaine ». « Plusieurs influences se conjuguent dans cette vigne. Il s’agit de la parcelle située la plus au Nord-Ouest de Chouilly et de la Côte des Blancs. Elle est qui plus est exposée plein Nord. Il y a aussi la rivière qui se trouve à 400 mètres si bien que, lorsque l’on a une vendange un peu tardive, c’est à cet endroit que se concentrent les premières nappes de brouillard. Tout ceci a un impact important sur l’harmonie entre la maturité alcoolique et la maturité phénolique. Alors qu’on cueille ces raisins plutôt en fin de vendanges, on a peu de sucre tout en ayant une belle maturité phénolique et une protection intéressante des acides. Ensuite, si vous regardez la carte géologique, vous vous apercevez qu’à Chouilly certaines parcelles, dont Derrière Partelaine, sont localisées sur un banc de craie plus ancien que la craie de bélemnites du Campanien que l’on trouve habituellement sur la Côte des blancs. Sa décomposition est donc plus avancée et les vins qui en sont issus ont une facilité plus grande à en extraire des sels minéraux. »

À lieu-dit atypique, vinification atypique. Au pressurage, Legras & Haas pratique une extraction moins importante pour ne pas venir associer à la grande fraîcheur de la parcelle celle d’amers qui seraient apportés par une extraction trop prononcée. « On ne fait pas une extraction en volume, mais en pression. On presse un peu moins fort et on récupère le moût qui a coulé en fin de troisième serre. Théoriquement, la cuvée correspond à 20 hectos pour 4000 kilos de raisin, mais, dans notre cas, si seulement 17 hectos ont coulé, ce sera 17 hectos. » La vinification se fait en foudre et à basse température autour de 13 degrés. « Cela révèle le potentiel aromatique des vins tout en conservant une certaine élégance. Or, cette parcelle a justement un potentiel aromatique un peu inférieur à la moyenne et peut produire des vins très austères. On arrive ainsi à équilibrer cette acidité forte et cette texture très resserrée. Ce n’est quand même pas désagréable d’avoir un peu de fruit et cela donne la possibilité de mettre des vins sur le marché qui n’ont que huit ans, alors qu’en cuve il faudrait cinq ou six ans de plus. Personnellement, je me méfie des vins trop corsetés, ces blocs de tension dont on se dit qu’il suffit de les garder en cave. Parfois, et on l’a vu en Champagne avec 1996, le supplément de générosité que l’on attend et qui doit leur permettre d’atterrir peut ne pas arriver. » Le vin reste pour autant très traçant, on part sur des notes vives de citron jaune, des arômes de pain grillé, mais on observe effectivement des notes de fruit blanc et en particulier de poire, qui lui apportent cette petite touche flatteuse et lui conservent un certain confort.

Exigence n°11
Une autre façon de tempérer la vivacité et la minéralité de Chouilly, est de la travailler en réserve perpétuelle et de la coupler avec des pinots noirs bien solaires d’Aÿ. C’est la partition que joue la cuvée Exigence, qui sort son onzième opus sur la base 2019 (70 €). Le vin est légèrement réglissé avec des fruits jaunes cuits qui évoquent la tarte à la mirabelle, il y a ici à la fois beaucoup de gourmandise et de complexité. « C’est un vin tellement facile d’accès ! L’avantage en effet de la réserve perpétuelle (débutée en 1996 !) est de faire au long cours des vins qui ont très peu d’aspérités, privilégiant la complexité, mais pas la complication. Ce n’est pas une cuvée que nous élaborons chaque année. Cela dépend de la qualité de la vendange. Nous ouvrons alors notre cuverie à une maison d’Aÿ, et nous lui échangeons des vins clairs en pinot noir qui serviront de base contre des vins clairs en chardonnay de Chouilly. Nous commercialisons en général cette cuvée pendant trois ans, en la dégorgeant trois fois, elle connaît donc une évolution. Au début, c’est un champagne dans l’évidence du fruit, mais avec un vieillissement plus long elle acquiert une patine oxydative. Exigence n° 10 présente aujourd’hui des notes de cire d’abeille mais aussi un côté marc de raisin. Une véritable communauté s’est créée autour de ce champagne, au départ tiré à 2000 bouteilles et aujourd’hui à 15.000. Le style est un peu différent du reste la gamme et n’attire pas forcément le client Legras & Haas typique ». 

Cuvées disponibles sur la boutique en ligne de la Maison : https://www.legras-et-haas.com/boutique/

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[Bouteille à moins de 10€] Domaine de Babio rouge 2020

C’est quoi ?
Domaine de Babio rouge 2020, AOC Minervois : un vin certifié AB, fait par Cécile Weissenbach, œnologue, en Haut Minervois, au pied de la Montagne Noire. Sur ses 13 hectares, sa méthode de culture respecte la terre, la vigne et le biotope. Elle vinifie la première cuvée de sa gamme (8,50€ départ cave) en macération traditionnelle, avec peu d’intrants. Un vin sincère et plein de caractère !  

Pourquoi ?
Un nez joyeux de garrigue, une attaque franche, fruits noirs et zan, tanins souples et heureux équilibre, bien ancré dans son terroir, finissant sur une note poudrée de poivre gris…

Avec quoi ?
Terrien, il ira bien avec des plats de légumes cuisinés, une poêlée de cèpe, un gratin d’aubergine, des oignons des Cévennes farcis, des cannellonis aux épinards. On l‘ouvre aussi avec bonheur sur les plats mijotés, de la daube niçoise au civet de lapin.

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Festival d’Avignon : In vino veritas pour Tiago Rodrigues

C’est une histoire d’amour qui dure depuis 25 ans entre l’AOC Vacqueyras et le festival d’Avignon. Chaque année, trois cuvées sont sélectionnées par un jury pour être les ambassadrices du cru et jouer les stars durant le In. Tiago Rodrigues, son nouveau directeur, raconte cette expérience et son plaisir pour le vin.

Vous venez de déguster 18 cuvées. Quelles sont vos premières impressions ?
C’est une expérience ! J’ai été intronisé dans la confrérie de Vacqueyras en 2017, ce n’est donc pas une première, je suis un peu chez moi. Je découvre les vins, leur richesse et leur diversité sont impressionnantes. Cela fait 25 ans que le partenariat existe. Cela raconte quelque chose, des moments de partage. Une façon joyeuse aussi de découvrir la production identitaire de ce territoire, cette région, ces paysages, pour quelques milliers de visiteurs. C’est tout à l’honneur de Vacqueyras, cette générosité de fournir de grands vins.

Vos grands-parents tenaient un bistrot, cela a t’il influencé ce goût pour le vin ?
Mes grands-parents des deux côtés paternels et maternels, vendaient du vin et du fromage, dans le nord du Portugal. J’ai grandi, chaque été, dans cette convivialité de gens qui mangent et qui boivent. J’ai une passion pour les cafés, les lieux populaires, le vin et le fromage. Je pense à mon grand-père dans le Douro, première région viticole, où sont mes racines, mon lien, avec des gens passionnés. J’habite Avignon depuis un an, comme émigrant. Ici aussi, le vin et le fromage sont des liens culturels. Cette hospitalité nous prépare pour la vie. C’est la même chose que d’être directeur et d’inviter des gens dans un cadre joyeux, de partage, de respect, comme organiser la fête, mon métier.

Et de la littérature portugaise qui traite du monde viticole, comme Miguel Torga ?
Mon père qui était journaliste l’a bien connu et il le respectait. Il était médecin comme ma mère. Son livre « Vendange », son journal, ses pièces de théâtre méconnues, sont autant de portraits puissants de la région de mes ancêtres.

Comme le disent les poètes, le vin est-il source d’inspiration pour l’artiste que vous êtes ?
In vino veritas ! Le vin est source d’inspiration. Avec les équipes, les acteurs, je fais des analogies avec le vin, l’agriculture et le football aussi. Je pense aux changements de température qui peuvent influencer le vin, comme dans l’art, une création de spectacle peut être influencée par un mouvement social. Porosité et vulnérabilité, ouverture, dans le spectacle vivant il faut s’inventer à chaque fois. Nous sommes otages des saisons et des sensibilités des humains. Le théâtre est la version la plus humaine et vulnérable des arts. Le vin avec sa géographie réduite est vulnérable. Chaque millésime raconte une histoire différente dans le temps, au goût différent, un territoire. C’est passionnant.

Les cuvées lauréates
Blanc 2021 : Domaine La Verde Cuvée Odyssée
Rosé 2022 : Domaine La Garrigue
Rouge 2020 : Domaine de Montvac Cuvée Vincila

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Environnement : Rémy Martin réaffirme ses ambitions

Le négociant à Cognac compte 37 nouveaux viticulteurs livreurs certifiés HVE-CEC en 2022. Il souhaite que tous les adhérents d’Alliance Fine Champagne le soient en 2028

Face au réchauffement climatique, Rémy Martin, vaisseau amiral du groupe Rémy-Cointreau, verdit encore ses pratiques. Au lendemain des vendanges, le négociant en cognac conviait ses 820 viticulteurs partenaires à adopter l’agroécologie avant 2030.

En ce printemps 2023, il réaffirme ses ambitions environnementales : 70 % de surfaces certifiées HVE-CEC (comprenez « haute valeur environnementale » et « certification environnementale cognac ») à la fin 2024 chez tous les adhérents de la coopérative associée Alliance Fine Champagne et la totalité en 2028.

Préservation des terroirs
Le message a été délivré le 26 avril 2023 à Cognac, dans les locaux rénovés du Club Rémy Martin, où le négociant organisait la 6e cérémonie des Centaures de l’environnement. A cette occasion, Marie-Amélie de Leusse, présidente de Rémy Martin, Eric Vallat, directeur Général du Rémy-Cointreau, Jean-Philippe Hecquet, directeur général de Rémy Martin, et Christophe Forget, président d’Alliance Fine Champagne, ont salué l’engagement de 37 viticulteurs certifiés HVE-CEC en 2022.

A l’heure où l’entreprise prépare son tricentenaire (la fête se déroulera en 2024), Marie-Amélie de Leusse a souligné combien les terroirs de Grande Champagne et de Petite Champagne devaient être préservés. Elle a déclaré : « Nous allons célébrer les 300 ans d’une histoire familiale mais nous allons surtout veiller à ce que cette histoire se perpétue dans les 300 prochaines années. »

Jean-Philippe Hecquet s’est montré opérationnel et rassurant : « A l’heure où la certification environnementale HVE vient d’être revue, notre volonté de continuer à accompagner nos partenaires viticulteurs est confortée. Par notre nouvelle stratégie agroécologique, la HVE restera le socle immuable de nos actions en faveur d’une viticulture plus durable et respectueuse. »

“Emulation et force du collectif”
Eric Vallat a jugé la conversion agroécologique « prioritaire » : « Cette conversion, difficile mais nécessaire, se fera dans le temps long […]. Nous n’avons pas d’autre choix que d’accélérer le changement de nos pratiques. »

Enfin, Christophe Forget a dit « croire à l’émulation et à la force du collectif ». Interrogé quelques jours plus tôt par « Terre de Vins », le viticulteur à Allas-Champagne (Charente-Maritime) développait des arguments similaires. Il invitait ses collègues à participer aux premiers Trophées Cognac vignoble engagé. Le concours est organisé par « Terre de Vins » et le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC), en partenariat avec « Sud Ouest » et « Charente Libre ». Vite, les inscriptions seront closes le 14 mai.

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[Côtes du Rhône] Saint-Maurice vaut bien un palais

Méconnue, l’appellation Villages Saint-Maurice a pourtant quelques jolis atouts à dévoiler. C’est au salon Découvertes en Vallée du Rhône, qui s’est déroulé au Palais des papes d’Avignon, que nous avons rencontré les trop rares metteurs en marché ayant la bonne idée de la vinifier.

L’AOC Villages Saint-Maurice est entrée dans la famille des Villages nommés en 1967. Situé dans la Drôme, son petit territoire de 110 hectares en production, culmine à 400 mètres sur des coteaux bien exposés et généreusement ensoleillés. Côté terroir, se retrouvent argiles et calcaires recouverts de galets roulés et zones gréseuses plus légères. Si l’appellation se décline dans les trois couleurs, nulle trace de rosé. Le rouge domine et quelques blancs floraux tirent leur épingle du jeu. Deux domaines et deux caves coopératives les vinifient. Nous sommes tombés sous le charme…

Domaine La Florane : Adrien Fabre cultive ses vignes en biodynamie. 24 hectares en appellation Villages Visan et 14 en Saint-Maurice. Sa cuvée Guillaume de Rouville blanc 2021 (15€) assemble à part égale grenache, marsanne, roussanne et 10 % de viognier. Ils sont fermentés et bâtonnés sur lies, en demi-muids, œufs béton et dolium, où ils patientent jusqu’en avril. Fleurs et fruits blancs donnent le ton, suivis par une bouche ronde et vive, complexe, sur des notes subtiles d’amande. La finale est saline. Une réussite !

Échevin Terroir Les Oliviers, rouge 2021 (11€), 80 % syrah-20 % grenache est construit de fruits noirs, violette, olive. Bien ouvert, frais, encore un peu tannique, il faut lui donner du temps.

Guillaume de Rouville rouge 2021 (17€), issu de vieilles syrah et 5 % de grenache. Partiellement égrappés, les raisins sont vinifiés en cuve tronconique bois, puis élevés en demi-muids. Le fruit noir domine sur la mûre, ample et bien équilibré, il se conclue sur des notes d’encre et d’olive noire.

La cave des Coteaux de Saint-Maurice, joue la carte des vins de domaines avec 5 cuvées en nom propre. Délicate, blanc 2021 (6,40€), 80 % viognier-20 % marsanne, a un profil aromatique de fruits jaunes, la bouche est fraîche, avec une petite tension bienveillante.

Domaine La Fontaine du Loup, rouge 2020 (7,10€), grenache-syrah-mourvèdre à part égale. Cassis et mûre, tanins enrobés, fluidité, il lui manque un peu d’étoffe mais heureusement pas de plaisir.

Le Domaine Chaume-Arnaud a été créé en 1987 par Valérie, rejointe par son mari Philippe et en 2011 par leur fils Thibaut. Ici la biodynamie est reine, pour la vigne mais aussi les oliviers, les céréales, les tomates. Leur Saint-Maurice rouge 2021 (12,50€), assemble 60 % de grenache, 20 % de syrah et 20 % de mourvèdre. Les fruits sont très mûrs, légèrement compotés sur la prune, l’olive noire et la réglisse en finale, apportant du peps. Nuances et profondeur, on savoure !

Gigondas La Cave: Une dominante de grenache (65%), 25% de syrah et 10% de mourvèdre combinent Le Dit du Bastidon (8,90€). Une cuvée à la vinification traditionnelle où les raisins ont été éraflés totalement et cuvés une quinzaine de jours. Délestages, remontages quotidiens et pigeages manuels, composent la recette. Après aération, les fruits noirs et les notes de garrigue dominent. La bouche accueille la fraîcheur, les petits fruits rouges croquants. Les tanins sont d’une finesse ciselée.

Et avec tout cela, qu’est-ce qu’on mange ? En automne, un bœuf braisé aux carottes, un petit salé aux lentilles, un chou farci et en été, tout ce qui peut se griller au barbecue !

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La santé insolente des coops corses

Elles ne sont plus que quatre dans l’île mais représentent toujours une large majorité des volumes, aux trois-quarts en rosé. Les coopératives corses ont restructuré leur vignoble pour faire la part belle aux cépages autochtones, investissent en R&D et depuis la crise sanitaire ont diversifié leur distribution.

Une fois n’est pas coutume, les caves coopératives corses étaient de passage de conserve dans la capitale pour faire déguster le meilleur de leur production et essayer de se faire une place sous le soleil du continent aux côtés des prestigieux domaines de l’île. Elles ont bien fait il y a cinq ans une tentative de cuvée commune baptisée Ile de Rosé et portant une démarche collective inédite associant à l’origine les principales coopératives corses. L’objectif était de mieux valoriser le rosé en IGP Ile de Beauté (8,90 – 9,50€) mais l’initiative n’a pas eu le succès escompté. « Il aurait fallu davantage de moyens et une négociation globale auprès des enseignes mais chaque coopérative a ses propres partenaires, notamment en marques de distributeurs et il est difficile de respecter l’équilibre entre les structures, avoue Franck Malassigné, le directeur commercial des Vignerons Corsicans chargés de l’assemblage et de l’embouteillage d’Ile de Rosé. « Nous sommes nos premiers concurrents, estime Christian Orsucci, le président de la cave d’Aléria. Nous avons quitté le projet car nous avions nos propres marchés pour ce type de vin ». Il semble néanmoins que la cuvée est trouvée sa place au Petit Ballon et aux Etats-Unis grâce à un importateur travaillant sur plusieurs états. « Ce projet a au moins servi à travailler sur la vinification, le marketing, la réduction du niveau de sulfites avec un cahier des charges proche du bio même si le sourcing reste plus problématique », conclut Franck Malassigné. Car actuellement les coopératives affichent une santé rayonnante et se répartissent le marché des MDD sans réelle concurrence. « On est plus fort à plusieurs quand on se sert les coudes et les enseignes peuvent moins négocier les prix à la baisse. En fait, tout est vendu, l’exotisme tire l’image et en Corse, les touristes viennent pour boire local », affirme Christian Orsucci.

Diversification et innovations
Aujourd’hui, les quatre coopératives corses représentent 160 apporteurs (vs 135 caves particulières). La cave d’Aléria est en pleine restructuration depuis cinq ans pour environ 60 % de ses surfaces. « Nous avons arraché le merlot, le cabernet, le pinot, le chardonnay pour basculer de plus en plus sur les cépages autochtones, surtout le sciaccarellu, le niellucciu et le vermentinu, même si nous gardons encore du grenache et de la syrah (environ 300 ha) pour apporter de la couleur et des arômes », reconnait Christian Orsucci. 150 ha sont en conversion bio. La cave est très présente dans la GD de l’Hexagone et à l’export, en particulier en Allemagne avec toujours 1,5 million de bouteilles écoulées avec la Réserve du Président, aux Etats-Unis plutôt en rosé et au Japon, en rouge et blanc. « Nous nous sommes d’abord attachés à développer les ventes en supermarchés et à prendre des parts de marché en CHR et chez les cavistes pour fidéliser la consommation des touristes qui viennent à 80 % de métropole, explique Christian Orsucci. La GD nous a permis de nous en sortir, surtout grâce au BIB ». Aléria commercialise 800 000 BIB par an dont 700 000 en rosé. Une couleur stable aux côtés des blancs en progression (actuellement 13 % des volumes pour 12 % de rouges).

©F. Hermine

Les Vignerons Corsicans, au sud de Bastia, mise également depuis cinq ans  sur la replantation de cépages autochtones, sciaccarellu, niellucciu, bianco gentile, vermentinu, genovese, et muscat pour le doux et le pétillant. Elle est particulièrement investi en R&D sur ces « nouveaux » cépages et sur les pratiques environnementales Projet Vigneron 30 000 en partenariat avec la Chambre d’Agriculture ainsi que sur les micro-vinifications dans différents contenants au sein d’une cuverie rénovée. Elle soutient activement l’installation de jeunes vignerons.

Les Vignerons d’Aghione à Ghisonaccia sur la côte orientale, sous la direction de l’œnologue Christophe Paitier, est désormais la cave la plus importante mais atypique, elle ne compte que 16 adhérents avec la particularité d’être en apport total. Elle commercialise ses vins majoritairement en IGP Ile de Beauté sans compter une gamme importante de vins effervescents. Elle a même été la première à élaborer un muscat pétillant de Corse et depuis ne cesse d’innover avec en projet, un chai haut de gamme pour développer la R&D « car notre ADN est l’innovation » se plait à rappeler le directeur. Elle est également la première à avoir décroché la labellisation RSE et la certification Vignerons Engagés en Corse.

La coopération corse en quelques repères
– Les vignerons d’Aghione 1000 ha, 16 coopérateurs, 120 000 hl produits
* 1er acteur d’IGP Ile de Beauté, 1er producteur de vins effervescents.
* 15 % des volumes distribués sur l’île, 70 % sur le continent, 15 % à l’export (Belgique, Angleterre, Etats-Unis, Australie, Afrique). Certifiés Vignerons Engagés
* La Cave d’Aléria 1500 ha, 70 coopérateurs, 100 000 hl produits

– 1er acteur d’AOP Corse (avec 49% des surfaces AOP), 51 % des surfaces IGP)
* 30 % des volumes commercialisés sur l’île, 50 % sur le continent, 20 % à l’export (Allemagne, Etats-Unis, Asie). Certifiés HVE

– Les Vignerons Corsicans 600 ha, 40 coopérateurs, 35 000 hl produits
* Représente 35 % de l’AOP Corse et 65 % de l’IGP
* 15 % des volumes commercialisés dans l’île, 70 % sur le continent, 15 % à l’export. Certifiés HVE

– La cave Saint Antoine 350 ha, 17 coopérateurs, 25 000 hl produits
* 60 % des volumes commercialisés dans l’île, 40 % sur le continent

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Défi relevé pour la première édition du marathon des vignobles de Cahors

Quelque 900 coureurs ont participé à la première édition de ce marathon, où les amoureux de sport avaient autant leur place que les passionnés de vin.

Sourire aux lèvres, parfois un nœud papillon au cou, les coureurs se sont élancés ce dimanche 7 mai au matin pour la première édition du marathon des vignobles de Cahors.

Sur le parcours, qui permettait d’avoir un aperçu de la vallée du Lot et ses parcelles de vignes, ils ont pu s’arrêter à des points de ravitaillement, mais aussi des stands de dégustation. Ils étaient au nombre de 16 sur l’ensemble de l’itinéraire qui dessinait une boucle avec à l’arrivée et au départ : la ville de Cahors, qui donne son nom à l’appellation viticole. A chaque stand, plusieurs vignerons étaient installés. « Sur cet événement, ils sont 20 », assure ainsi Armand de Gérard, directeur de la communication de l’Union interprofessionnelle des vins de Cahors. Et signe que ce marathon a véritablement mis à l’honneur un vin et son territoire : des ballons violets de la couleur du raisin ont été suspendus un peu partout.

Au départ du semi, plusieurs groupes d’amis se sont déguisés, tel un duo de wonder womans ou encore quatre coureurs costumés en pied de vigne à l’aide de tutus de tulle verte. Un autre groupe, entièrement vêtu de turquoise, avait choisi de porter les habits traditionnels de la Haute-Savoie avec, pour l’un d’entre eux, une cloche en guise de collier. « Ce sont tous mes amis, qui viennent d’un peu partout, explique Déborah Guenin, habitante d’Annecy mais originaire du Lot. Nous avons choisi la couleur turquoise en hommage à mon fils de trois mois qui a eu des problèmes de santé et s’est beaucoup battu. » Tous ont assuré être surtout venus pour le vin. « On va s’arrêter à tous les stands », entonnent-ils de concert.


Des bouteilles en récompense
Tout près de l’arrivée, derrière le dernier stand de dégustation le vigneron Hervé Fabbro du domaine des Gravalous a attendu de pied ferme les sportifs pour leur faire découvrir sa cuvée « CoqueliCôt ». Si certains ne se sont arrêtés que quelques minutes et sont repartis aussitôt, le verre encore plein, d’autres ont pris un peu plus le temps. C’est le cas de Thierry Constant qui a sorti son téléphone pour photographier les étiquettes des canons. 

L’événement a rassemblé 900 personnes. Les organisateurs ont même dû refuser des participants pour le semi, la jauge des 600 coureurs ayant été atteintes. Si Lynda Tabart, présidente de l’association organisatrice, voit plusieurs points à améliorer « pour l’année prochaine », elle se réjouit des sourires et de l’ambiance suscitée par le marathon. « On est partis de rien il y a un an. Je suis très contente qu’on ait réussi à organiser ce marathon sur la vallée du Lot. »

Les vainqueurs qui pour la plupart ne se sont pas autorisé des pauses dégustation, ont reçu en récompense de quoi se rattraper chez eux. « Les trois premiers de chaque course repartent avec des magnums offerts par les vignerons », précise Lynda Tabart. La valeur de certains flacons avoisine les 300 euros. Quant aux vainqueurs du meilleur déguisement, ils repartent avec un coffret d’une valeur de 800 euros composé par le Château Lagrézette.

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