Beychevelle à son potentiel maximum

Le Château Beychevelle fait désormais le plein de ses volumes et annonce déjà après un très beau 2022 un joli 2023. Le cru classé de Saint-Julien n’a jamais autant mérité d’être considéré comme l’une des plus belles étiquettes de Bordeaux.

Le château Beychevelle, 4ème Grand cru classé en appellation Saint-Julien, est « à son potentiel maximum de volumes » confirme son directeur Philippe Blanc. « Ce qui permet d’être encore plus sélectif pour les vinifications ». À la propriété depuis 1995, Philippe Blanc bénéficie, depuis le millésime 2016, d’un tout nouveau chai ultra moderne avec un cuvier gravitaire, davantage de petites cuves (59) pour une approche parcellaire afin d’affiner les assemblages et à températures mieux maîtrisées « Nous avions surtout besoin d’un bel outil spacieux et fonctionnel pour des extractions précises, rien de somptuaire », même si les propriétaires en avaient incontestablement les moyens puisque le château appartient depuis plus de 30 ans au groupe japonais de spiritueux Suntory, d’abord associé à la compagnie d’assurances GMF et depuis 2011, à 50/50 avec la famille Castel dans le cadre de la société Grands Millésimes de France (à l’instar de château Beaumont et de la maison de négoce Barrière Frères).

La priorité de Philippe Blanc, par ailleurs excellent marathonien, a été de travailler au long cours. Il s’est d’abord attaché en collaboration avec le directeur technique depuis 2012, Romain Ducolomb, à reprendre en mains le vignoble, à raisonner les traitements, adopter effeuillages et vendanges en vert, affiner les dates de récolte, et lancer une cartographie des parcelles. L’agronome-œnologue aimerait désormais faire progresser l’agroforesterie sans se lancer dans une certification bio, même si en pratique, il n’utilise plus depuis longtemps herbicides et insecticides. Certains millésimes tel le 2020 sont d’ailleurs sans aucun intrant. Le château a intégré le Système de Management Environnemental (SME) des vins de Bordeaux, il est certifié Iso 14001 et suit depuis 2005 le draconien cahier des charges de Terra Vitis. Philippe Blanc a su peaufiner, avec l’aide de l’œnologue conseil Eric Boissenot, les assemblages et les élevages pour redonner du lustre et de la profondeur à cette « propriété de confiance » qui a souvent été considérée comme l’une des plus belles étiquettes de Bordeaux. « Tout est question d’équilibre » insiste le maître des lieux, « avec pendant longtemps une dominante de merlots plantés dans les années 80-90 ». Mais sur certains millésimes, le cabernet sauvignon a su tirer son épingle du jeu (détenant un record à 59% en 2006). « Il faut reconnaître qu’il est plus mûr depuis quelques années et a dépassé le merlot en 2020 et 2022 avec toujours quelques pour-cent de petit verdot et parfois un peu de cabernet franc ». Philippe Blanc avoue d’ailleurs un faible pour ce 2022 qui a bénéficié « des meilleurs merlots que l’on a jamais eu et qui ont sans doute donné le plus beau millésime depuis des décennies ». Le 2023 après les plus longues vendanges du château s’annonce également très prometteur mais moins waouh que 2022, ressemblant un peu aux 2014 et 2019.

©F. Hermine

Sous surveillance en Chine
Beychevelle, surnommé « le Versailles du Médoc », perché sur une croupe graveleuse le long de l’estuaire de la Garonne, s’étend sur 80 hectares en Saint-Julien produisant environ 500 000 bouteilles par an « quand la nature est gentille », quasiment tout écoulé en primeurs via le négoce bordelais (environ 95 metteurs en marché), 10 -15% à la boutique. « Le 2022 a enregistré le plus haut prix de son histoire et tout a été vendu en 2 heures » annonce fièrement Philippe Blanc. Le second vin, Amiral de Beychevelle, est plutôt à dominante cabernet-sauvignon (en moyenne 60-65%) tandis que les Brulières de Beychevelle en Haut-Médoc (14 hectares à 5 km au sud du château) est à majorité merlot (55-65%). Tout est produit en rouge. Aucun blanc ne se profile à l’horizon : « Nous n’avons pas les sols pour ça à Saint-Julien, contrairement au Listrac voisin, sauf à Talbot et Lagrange ». 

Beychevelle est vendu à plus des trois-quarts à l’export, principalement en Grande-Bretagne et en Grande Chine, (en comptant Hong-Kong, Taiwan et Singapour), même s’il est commercialisé dans une centaine de pays. C’est d’ailleurs le deuxième Bordeaux vendu dans l’Empire du Milieu….et aussi le plus copié. D’où la sécurisation depuis déjà 2010 des expéditions avec des QR codes à hologrammes. « Si l’étiquette, tout ou partie est en chinois – les Chinois l’appellent Dragon Boat, ce n’est pas du Beychevelle. Si l’on tombe sur un dessin ou une calligraphie similaire aux nôtres, on attaque mais il est difficile de traquer ce qui est en mandarin ». 

Terre de Vins a aimé ce quatuor :
2022 : Un magnifique millésime à 54% cabernet sauvignon, 42% merlot, 4% petit verdot. Frais et généreux sur des fruits noirs très mûrs, un nez intense et fruité, une touche de toasté vanillé, des tanins délicats portés par une puissance maîtrisée.

2020 : 51% de cabernet sauvignon, 45% merlot, 4% petit verdot. Souple et délicat sur un nez poivré, des arômes de fruits noirs mêlés de réglisse et de cacao, opulent aux tanins veloutés.

2019 : 46% cabernet sauvignon,49% merlot, 2% cabernet franc, 3% petit verdot. Un fruité gourmand et croquant sur des fruits noirs très mûrs, souple et frais ponctué de touches de fumé et moka, des tanins à grains fins sur une grande longueur.

2018 : 41% cabernet sauvignon, 50% merlot, 3% cabernet franc, 6% petit verdot. Prunes, cassis, mûres et kirsch mêlés de notes de cèdre et de tabac, intense et harmonieux, frais et minéral à la texture veloutée. 

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L’Alsace à l’exposition universelle d’Osaka 2025

C’est une première pour un vignoble que d’accompagner la France sur une exposition universelle. Le vignoble d’Alsace sera un des quatre partenaires majeurs du Pavillon France du 13 avril au 13 octobre 2025 à Osaka au Japon. 

La semaine dernière, la participation de la France à l’exposition universelle d’Osaka au Japon a été dévoilée dans les salons du Quai d’Orsay, au ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères, en présence d’une large délégation japonaise et de nombreux partenaires. Parmi ces partenaires l’interprofession des vins d’Alsace, CIVA, a choisi de se positionner au premier niveau du partenariat. L’Alsace sera donc un des quatre partenaires « gold » qui incarnent l’excellence du savoir-faire français, aux côtés de deux géants, AXA et LVMH ainsi que de Ninapharm, un dynamique laboratoire de microbiologie appliquée à la longévité humaine. C’est la première fois qu’un vignoble se place ainsi au cœur du Pavillon France. Il devra en illustrer la thématique, l’hymne à l’amour : amour de soi, amour des autres, amour de la nature. Le Pavillon France comprend 2200 m2 d’exposition, un espace évènements et VIP de 325 m2 ainsi qu’une boulangerie et un bistrot de 110 m2. 

L’Alsace et la nature
« Nous sommes très heureux d’accueillir les Vins d’Alsace parmi les partenaires Gold du Pavillon France. La présence de ces 3000 viticulteurs contribue à une belle biodiversité de nos soutiens ; elle illustre à merveille cet amour de la nature, présent sur notre territoire, et qui sera au cœur de l’exposition permanente » a déclaré Jacques Maire, président de COFREX, Comité français des expositions et Commissaire général du Pavillon France Osaka 2025. En effet, le vignoble alsacien est le plus engagé du pays sur le plan écologique, avec plus de 95% certifiée HVE 3 et un tiers certifié AB et/ou biodynamique, une corrélation directe avec les objectifs de développement durable de l’ONU et d’Osaka 2025.

Promouvoir le vignoble alsacien
L’exposition universelle japonaise 2025 retrouve la ville d’Osaka, 55 ans après l’édition de 1970. On y attend 28 millions de visiteurs pendant les six mois de l’exposition. Sur le pavillon lui-même, il n’y aura pas de vignerons, mais la promotion du vignoble alsacien sera bien au rendez-vous, avec à un espace scénographié, illustrant les paysages alsaciens et mettant en valeur leur aspect environnemental. Une chance supplémentaire pour la France, son pavillon sera a situé près de l’entrée et aura donc une visibilité maximum. Il est conçu pour répondre à une fréquentation hors norme estimée à plus de 25 000 visiteurs par jour. 

Le Japon, un marché en or
Pour les vins d’Alsace, le Japon est un pays stratégique : 6è marché d’export en valeur, il occupe la 1ère place en Asie-Pacifique, dont les gastronomies s’accordent si bien aux différents styles de vins alsaciens. Le Japon est aussi la 3è puissance mondiale, le 3è marché mondial de e-commerce. C’est un pays qui importe énormément et sert souvent de porte d’entrée du marché asiatique pour les entreprises. 

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[Concours du meilleur caviste de France] Que du positif !

Nous avons demandé aux cinq derniers vainqueurs de la compétition inter-cavistes de nous confier leur meilleur souvenir du concours et de nous expliquer ce que le titre a changé dans leurs vies. Pour vous aussi tenter votre chance, vous avez jusqu’au 31 mars 2024 pour vous inscrire en suivant ce lien .

Stéphane AlbertiMeilleur caviste de France 2014
Cave Vin Passion – Ceyrat, Saint-Amant-Tallende & Cournon d’Auvergne (63)
Son meilleur souvenir : « Tous les souvenirs de la journée de finale sont plutôt incroyables, mais le plus marquant, c’est mon retour à Clermont-Ferrand avec mon fils de trois ans qui m’attendait et qui était tout fier d’avoir entendu à la radio que son papa était Meilleur caviste de France. Il m’en reparle encore dix ans après ! »

Les répercussions positives du titre pour lui : « Être sacré Meilleur caviste de France a amené une notoriété vis-à-vis de ma clientèle, de nouveaux clients, l’accès à des vins et des domaines auxquels je n’aurais pas forcément pu accéder avant. Cela a généré un développement, avec aujourd’hui trois boutiques Vin Passion, un livre sur les accords mets-vins, et surtout une merveilleuse amitié et une magnifique aventure avec mes deux frères de cœur, également Meilleurs cavistes de France, Cyril Coniglio et Philippe Schlick, avec la création de notre marque commune de spiritueux Les Potes Still. » 

Philippe SchlickMeilleur caviste de France 2016
La Boutique du Sommelier – Weitbruch (67)
Son meilleur souvenir : « Quand je suis revenu en Alsace après le Concours, mes amis, clients et famille m’avaient organisé une fiesta surprise. »

Les répercussions positives du titre pour lui : « Une activité boostée, avec un afflux de clients et un accroissement de mon chiffre d’affaires de 40 %, ce qui m’a permis de diversifier et d’améliorer ma sélection. »

Cyril ConiglioMeilleur caviste de France 2018
Rhône Magnum –  Pont-de-l’Isère & Bourg-Lès-Valence (26)
Son meilleur souvenir : « En 2016, quand j’ai fini 2e de la compétition derrière Philippe Schlick. Dès cet instant-là, tu sais que tu repars pour deux ans de travail acharné. Avec un objectif ultime. Une raison supplémentaire d’exister. Une errance qui nourrit, occupe. Quand tu as goûté au podium, tu es assigné à gagner. Même si la victoire reste un souvenir exceptionnel, elle génère un curieux mélange d’émotions, entre libération, pour moi comme pour ma femme Laëtitia, et la question « j’en fais quoi de ça maintenant ? » ».

Les répercussions positives du titre pour lui : « La création de la marque Les Potes Still avec mes amis et meilleurs cavistes de France Stéphane Alberti et Philippe Schlick. Une aventure fraternelle. La même vision de l’excellence où chacun se complète. Une belle endormie que l’on va remuer en 2024. »

Matthieu PotinMeilleur caviste de France 2020
La Vignery – Saint-Germain-en-Laye (78)
Son meilleur souvenir : « Il y en a plusieurs. Le super accueil qui nous a été réservé pour les qualifications à la finale chez Canard Duchêne, le dîner à Reims le soir en compagnie de tous les cavistes et partenaires. A titre plus personnel, je retiens également la prise de parole du parrain de l’édition 2020 Thomas Dutronc, quand il annonce que j’ai gagné. »

Les répercussions positives du titre pour lui : « Le titre a engendré plus de business à la cave, plus d’influence dans mes échanges avec mes partenaires producteurs, ce qui permet de s’autoriser des projets plus ambitieux. »

David MorinMeilleur caviste de France 2022
La Cave de Villiers sur Marne (94)
Son meilleur souvenir : « Il y en a tellement et ça va tellement vite, que c’est dur de tout restituer ! Le jour de la finale, j’ai eu l’impression d’avoir fait une semaine en une journée. Le souvenir le plus intense, c’est quand j’ai entendu mon nom, c’était à la fois une délivrance et une fierté après avoir fini 3e deux ans auparavant. Je savais que c’était le début d’une nouvelle vie. »

Les répercussions positives du titre pour lui : « C’est l’aboutissement d’un travail. Avec un accroissement de clientèle, de chiffre d’affaires et de notoriété, le titre m’a donné une liberté encore plus grande au quotidien. Je suis encore plus serein et je m’amuse encore plus aujourd’hui ! »

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Champagne : 299 millions de bouteilles vendues en 2023

Hier, lors de la Saint Vincent de l’Archiconfrérie à Epernay, les représentants de l’interprofession ont révélé les chiffres de la filière Champagne en 2023. Un bilan en demi-teinte, qui montre tout de même la bonne résilience du champagne dans un contexte économique et géopolitique de plus en plus difficile.

298,7 millions de bouteilles ont été expédiées en 2023, soit un recul de 8,2 % par rapport à 2022. Une baisse impressionnante mais qu’il faut relativiser. 2022 avait été une année exceptionnelle et continuait à s’inscrire dans le phénomène de rattrapage faisant suite à la crise du Covid. Beaucoup d’importateurs, par peur d’une éventuelle pénurie de champagne, avaient fait du stock. Comme l’a expliqué Charles Gomaere, le directeur général du Comité Champagne, dans son discours : « À un moment, il faut que les tuyaux se vident. » Naturellement, l’inflation galopante a aussi eu un effet sur le pouvoir d’achat des ménages. On notera que la baisse de volume sur le marché français et sur l’export s’établit à un niveau similaire. Mais comme l’export l’année précédente avait beaucoup progressé alors que le marché français avait déjà commencé à régresser, l’export reste supérieur en volume à ce qu’il était en 2019, année normale de référence précédant le covid. La bonne nouvelle c’est que le chiffre d’affaires reste relativement stable, au-dessus de 6 milliards d’euros, confirmant le phénomène de premiumisation du champagne, laissant supposer que ce sont d’abord les cuvées d’entrée de gamme qui sont impactées par la crise, alors que les cuvées premiums qui s’adressent à une catégorie de consommateurs beaucoup moins touchés par l’inflation, continuent à se développer.

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La Cité du vin dévoile sa nouvelle saison culturelle

Pour bien débuter 2024, le lieu culturel emblématique de Bordeaux dédié au vin et à ses civilisations a présenté hier sa programmation de janvier à juin. Sous le signe de la diversité et de la découverte toujours. Plus de détails.

La Cité du Vin a clôturé 2023 de la plus belle des façons avec 385 000 visiteurs grand public de près de 100 nationalités accueillis entre ses murs, un bilan de fréquentation positif très proche de celui de l’année 2022 malgré un mois de fermeture nécessaire au renouvellement de son exposition permanente. Sur cette belle lancée, elle commence 2024 avec le même enthousiasme et l’invariable envie de charmer les visiteurs. Entre colloques et conférences, soirées projections, ateliers de sensibilisation à l’environnement, afterworks dégustation, concerts, ou encore retour du parcours sensoriel de dégustation Via Sensoria dès le 26 mars 2024, une quarantaine d’événements ouverts à tous, feront vibrer ce premier trimestre 2024.

Des Grands Entretiens de prestige
Moments privilégiés de rencontre et d’échange avec une personnalité phare du monde du vin, les Grands Entretiens sont de retour dès le  mardi 16 janvier à 19h avec Saskia de Rothschild, présidente exécutive des légendaires Domaines Barons de Rothschild Lafite. Ce sera ensuite au tour du non-moins emblématique Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde 2000, de partager le mardi 19 mars à 19h son impressionnant parcours et sa vision du monde du vin. Ce cycle des Grands Entretiens se clôturera le mardi 28 mai à 19h avec Véronique Drouhin, œnologue et co-gérante de la Maison Drouhin, Domaine Drouhin Oregon, qui contera le périple qui l’a menée de la Bourgogne aux Etats-Unis. 

Véronique Drouhin, œnologue et co-gérante de la Maison Drouhin

A la rencontre des scientifiques de l’univers du vin
Pour vulgariser les connaissances et avancées scientifiques du monde du vin, le cycle de conférences Les Vendanges du Savoir donne la parole aux chercheurs de tous horizons connexes au vin. Ce cycle débutera dès le 6 février à 19h à travers un voyage aux confins de l’Orient, via la conférence « Château Pékin : quand la Chine s’éveille au vin » avec Boris Pétric, anthropologue et directeur de recherche au CNRS. Le 5 mars à 19h, c’est cette fois un voyage dans le temps que proposera Philippe Meyzie, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de Bordeaux/CEMMC, grâce à la conférence sur « Le goût du vin au siècle des Lumières ». Le 2 avril à 19h, la directrice de l’UMR « Ecophysiologie et Génomique fonctionnelle de la Vigne » à l’ISVV Nathalie Ollat tirera un trait entre passé, présent et futur à travers la conférence « Le phylloxera est toujours là ! ». Enfin, le 7 mai à 19h, une dernière conférence animée par Jordi Ballester, enseignant-chercheur à l’Université de Bourgogne, mettra à l’honneur le concept de minéralité dans le vin à travers la thématique « La minéralité dans le vin : la science derrière le mythe ».

Plaisir des yeux, plaisir des papilles
Mêlant projections et moment gastronomique, les très populaires Ciné Gourmands raviront de nouveau les sens des participants avec deux dates en cette première saison culturelle 2024. Pour une soirée romantique, rendez-vous le 14 février à 19h avec le film « Le Goût de la vie » réalisé par Scott Hicks, accompagné de la dégustation d’un menu à quatre mains imaginé par Chef Jésus et la cheffe Oxana Cretu du restaurant gastronomique bordelais Inima. Le 10 avril à 19h, le film culte « Sideways », réalisé par Alexander Payne, se laissera savourer au diapason d’un menu signé Chef Jésus et Jérôme Schilling, chef du restaurant Lalique**.

L’environnement en lumière
Dernier-né des cycles de la saison culturelle, « l’environnement et le vin » invite les visiteurs de la Cité du Vin à se pencher sur l’impact des changements environnementaux et climatiques sur le monde de la vigne et du vin. Le 30 janvier à 19h, Nicolas Jamin, consultant en viticulture et en œnologie spécialisé en biodynamie, proposera une masterclass-dégustation sur les vins en biodynamie pour comprendre, loin des préjugés, les enjeux derrière cette méthode d’élaboration. Le 10 février à 15h, le ludique et instructif Atelier 2Tonnes, invitera ses participants à se projeter vers un scénario de transition bas-carbone. Enfin, le 30 avril à 19h, l’atelier collectif « La Fresque du Vin » proposera d’explorer les enjeux et l’impact du changement climatique sur la filière viticole.

Le plein d’événements
En dehors de ses cycles culturels récurrents, la Cité du Vin propose d’autres événements pour inlassablement aider à mieux comprendre et découvrir l’univers du vin. Le 12 mars à 19h, se tiendra la rencontre « Les métiers du vin : l’appel de la vigne », un événement Regards Croisés By® la Cité du Vin, lors duquel neuf vigneronnes et vignerons relateront leurs parcours, accomplis et façonnés au contact du vivant. Le 15 mars à 14h, direction la Bretagne avec un colloque où des œnologues, viticulteurs, juristes et enseignants échangeront sur « Les vins bretons : la renaissance d’un vignoble ». Le 21 mai à 19h, la Corse s’invite à la Cité du Vin pour une soirée spéciale à la découverte des richesses gastronomiques et vins de l’Île de Beauté. Pour célébrer dignement son 8e anniversaire début juin, la Cité du Vin s’associe au festival de musique « Relâche ! » (par Allez les filles) pour une soirée de concerts dans les Jardins de la Cité du Vin. Enfin, chaque dernier dimanche du mois à 11h, une visite guidée architecturale est proposée pour découvrir les coulisses de cet étonnant bâtiment à la carapace argentée posé en bord de Garonne. 

Des ateliers afterwork pour tous les goûts
Tous les jeudis soir, à 18h30 et 20h30, la Cité du Vin proposera toujours ses incontournables ateliers afterworks, déclinés selon trois formats : les mets et vins (en partenariat avec l’AANA, Agence de l’Alimentation de Nouvelle-Aquitaine), les vins du monde et les ateliers thématiques. Pour le premier semestre 2024, pas moins de 21 afterworks dégustation sont au menu, pour ravir les papilles des visiteurs : 18/01 Vins de Suisse, 01/02 Vins du monde et fromages, 08/02 Vins du monde et caviar Sturia®, 15/02 Vins de Cahors, 22/02 Les arômes d’épices dans les vins, 29/02 Vins du Danube, 07/03 Vins et mets du monde avec Marie Curry® en l’honneur de la Journée internationale des droits des femmes, 14/03 Vins du monde et chocolats, 21/03 Vins de Roumanie, 28/03 Exploration des tanins, 04/04 Vins du monde et spécialités landaises, 11/04 Vins du monde et fromages, 18/04 Châteauneuf du Pape, 25/04 Chais d’œuvre à déguster, 02/05 Vins du monde et poissons fumés, 09/05 Vins du monde et charcuteries, 16/05 Vins d’altitude, 23/05 Vins de Provence, 30/05 Vins du Nouveau Monde, 06/06 Vins du monde et spécialités truffées, 13/06 Vins du monde et pintxos du Pays-Basque, 20/06 Vins de la Vallée du Rhône, 27/06 Bordeaux 360° et bouchées asiatiques.

Via Sensoria de retour
Après une inauguration remarquée, le Parcours sensoriel de dégustation Via Sensoria reviendra du 26 mars au 3 novembre 2024 avec quelques nouveautés par rapport à sa première édition, et l’ambition de faire voyager les visiteurs « Au rythme des saisons ». Côté dégustations, quatre nouvelles régions viticoles du monde se laisseront découvrir, ainsi qu’une sélection de quatre nouvelles boissons sans alcool de la Maison Meneau. Pour une dose de sensoriel encore accrue, le parcours intégrera de nouveaux dispositifs olfactifs diffusant une senteur caractéristique de la saison. Quelques ajouts scénographiques ont aussi été imaginés pour renforcer l’immersion des participants, entre des créations vidéo à l’été, ou l’ajout d’assises en bois brut façon tronc d’arbres pour l’automne et des coussins moelleux pour l’hiver. Des éléments de sophrologie viendront aussi enrichir l’accompagnement de l’animateur-sommelier, pour permettre aux visiteurs d’aller encore plus loin dans l’exploration des sens et de leurs émotions. A noter : cinq séances nocturnes seront exceptionnellement organisées le 18 juin 2024.

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40 000 km et du vin

Pour l’Arkea Ultim Challenge, le skipper Charles Caudrelier, aux commandes du Maxi Edmond de Rothschild, est parti pour un tour du monde… du vin.

Il s’est élancé depuis Brest le 7 janvier. 40 000 kilomètres l’attendent, le skipper Charles Caudrelier et cinq autres navigateurs du Gitana Team. L’objectif est un tour du monde d’Ouest en Est à la barre du premier maxi-multicoque océanique conçu pour voler en haute mer. Naturellement, ce trajet emprunte les caps de Bonne-Espérance, Leeuwin et Horn et par là caresse les domaines viticoles d’Edmond de Rothschild Heritage. L’Afrique du Sud d’abord avec le domaine Rupert & Rothschild situé au pied de la montagne Simonsberg. Ensuite cap sur les mers australes et le cap Leeuwin avec à proximité le vignoble néo-zélandais Rimapere dans la région de Marlborough. Dans ce pays, Edmond de Rothschild est aussi propriétaire d’Akarua, un vignoble basé dans le Central Otago. Charles Caudrelier quittera ensuite ce pays du sauvignon et du pinot noir pour le cap Horn où Benjamin et Ariane de Rothschild ont créé en 1999 la bodega Flechas de Los Andes, toute l’Argentine dans une bouteille, pays cette fois du malbec. On peut suivre le tour du monde de l’Arkea Ultim Challenge sur www.gitana-team.com.

©Federico García

©Tous droits réservés

©Christophe Meireis


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Ormarine, la centenaire de l’étang de Thau !

La cave Coopérative l’Ormarine a fêté ses 100 ans fin 2023, à Pinet, au bord de l’étang de Thau près de la mer Méditerranée : 100 ans de développement et d’adaptation, fruit du travail des coopérateurs et des salariés, des partenariats tissés avec les clients, en France et à l’international.

Cyril Payon, directeur de la cave l’Ormarine, est arrivé en 1998. Il a dirigé 26 vendanges de cette cave coopérative (une des plus anciennes du Languedoc). A sa tête sur le dernier quart de son existence, il la connait bien, autant qu’il connait son histoire, comment elle est arrivée à devenir le plus important producteur de l’appellation et un poids lourd de l’exportation de vin blanc du Languedoc : « Il y a toujours eu un esprit soudé, depuis les visionnaires réunis autour de Ludovic Gaujal en 1923 ». À la création de « l’Association des Producteurs de vin blanc de Pinet », la production reposait sur deux cépages blancs spécifiques : piquepoul et terret-bourret. Le vin était acheté par les Établissements Noilly-Prat de Marseillan, pour produire le vermouth, distribué en France et à l’étranger. 

La situation a changé avec le développement du tourisme dans les années 60, avec la mission d’aménagement littoral touristique du Languedoc et la création du Cap d’Agde en 1970. La cave s’est équipee avec une machine à conditionner et a mis en place une distribution. En 1985, l’obtention de l’AOP Picpoul de Pinet, dans la famille des AOC Côteaux du Languedoc, apporte ce signe distinctif facile à identifier. De plus, le marketing de l’appellation renforce son identité dans les années 1990 avec une bouteille syndicale très repérable, un slogan « son terroir c’est la mer », un accord qui s’impose avec l’huître de Bouzigue.

Au début des années 2000, la cave est bien installée sur le marché du vin blanc. Elle poursuit sa croissance en enclenchant des fusions. La premiere, en 2002, se réalise avec la cave coopérative de Villeveyrac (Les Costières de Villeveyrac) pour donner la SCA Cave de l’Ormarine. Facile à retenir, le nouveau nom combine or, la couleur du grain et du soleil et marine. Les fusions continuent : en 2013 avec la Cave Coopérative de Cournonterral (Les Coteaux de Terral), en 2017, avec la Cave Coopérative de Saint Hippolyte du Fort (Les Terrasses Cévenoles) et la Cave Coopérative de Vias (Les Vignerons de Vias), en 2022, avec la Cave des Celliers d’Onairac à Olonzac. La Cave de l’Ormarine compte 6 sites de vinification pour ses 506 coopérateurs actifs. En célébrant son centenaire, leur président affiche l’objectif de garantir une valorisation des produits pour qu’ils puissent continuer à vivre de leur métier.

Aujourd’hui, la gamme de l’Ormarine couvre les trois couleurs de vin, sur les appellations Picpoul de Pinet et Languedoc et en IGP. Elle produit à 80 % sous programmes environnementaux, et innove avec du Picpoul de garde, du Picpoul sans sulfite, des vins doux et effervescents, distribués sur le marché français et dans 56 pays. 

Chiffres clés 
Production moyenne : 240000 HL
11.5 Millions de Bouteilles
60% Export 40% France
40 Millions de CA en 2023
70 Salariés
506 Coopérateurs actifs

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Dans le Lot, le vignoble très discret de la reine Margrethe II

On savait la reine du Danemark Margrethe II peintre et scénographe, mais beaucoup ignorait son intérêt pour le vin. Pourtant, la souveraine qui va abdiquer ce dimanche 14 janvier au bénéfice de son fils Frederik X, possède un domaine viticole dans le Lot, sur la commune de Luzech. Le Château de Cayx a été acheté par la famille royale danoise en 1974.

Au départ, la demeure n’était accompagnée que de « quatre à cinq hectares de vignes », confie Olivier Lesénécal, administrateur du château et gérant de la boutique du vignoble. Petit à petit, sous l’impulsion du prince Henrik mari de la reine décédé en 2018, le domaine s’est agrandi. Il s’étend aujourd’hui sur 23 hectares. Il semblerait qu’à l’origine, ce soit donc le prince Henrik, Henri de Laborde de Monpezat, qui avait à cœur de développer le domaine. Le mari de la reine est, en effet, issu de cette terre de vignerons. « Son père le Comte André de Monpezat, a contribué à refonder la cave coopérative de Parnac dans le Lot après la Seconde Guerre mondiale. Sa famille possédait elle-même un domaine, pas très loin, à Albas », explique Olivier Lesénécal, qui ajoute que le frère du prince Henrik était également œnologue. 

Construction d’un chai en 1995
Pendant de longues années, la famille lotoise a eu la charge de gérer le vignoble du Château de Cayx. « Dans un premier temps, le raisin était vinifié à Parnac. Puis, en 1995, le prince et la reine ont fait construire un chai pour vinifier au domaine », précise encore Olivier Lesénécal, qui en plus d’administrer le Château, a été le secrétaire particulier du prince. Les deux souverains suivaient avec enthousiasme l’activité de la vigne. « En plus de venir l’été, en août, ils avaient l’habitude de venir aux vendanges. » Un goût pour la viticulture dont ils n’ont pas fait la promotion. « Cela s’explique, en partie, pour des questions éthiques. Une famille royale n’a pas vocation à faire du business. D’ailleurs, l’activité de la vigne n’a pas pour objectif de faire des bénéfices. Cela sert uniquement à entretenir le Château », insiste ce fidèle de la famille royale. 

Un œil sur les nouvelles étiquettes
En 2015, quelques années avant la mort du prince, la charge du domaine a été confiée à Vinovalie. Désormais, le groupe gère le travail à la vigne comme au chai. Il commercialise également une partie de la production et l’exporte, notamment au Danemark. La famille royale a conservé la gestion de la boutique du domaine qui continue à vendre du vin aux particuliers, sur place ou bien en ligne. Le Château de Cayx propose quatre cuvées rouge, élaborées avec du malbec, ainsi qu’un vin blanc (à partir de chardonnay) et un rosé. Malgré son âge – 83 ans – la reine continue à suivre avec attention les projets du vignoble, notamment lorsqu’il s’agit de définir des étiquettes. « Elle donne son avis sur les nouvelles illustrations des cuvées », rapporte Olivier Lesénécal. Le style de la reine est également visible sur les étiquettes des magnums, reproductions d’aquarelles de Margrethe II. 

En illustration du magnum daté du jubilé, une aquarelle de la reine Margrethe II ©Elisa Centis

Des changements vont-ils se produire après l’abdication ? « Tout continue ainsi, jusqu’à nouvel ordre », répond, sentencieux, Olivier Lesénécal. « Nous espèrons qu’elle aura le temps de venir plus souvent. »

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Michelas-Saint-Jemms racheté par Les Alexandrins

Le domaine Michelas Saint-Jemms de Mercurol, près de Tain-l’Hermitage (26) vient de passer dans l’escarcelle de Maison & Domaines les Alexandrins. 

Le vignoble de 38 hectares est majoritairement en Crozes-Hermitage (c’était l’un des plus gros domaines de l’appellation dans les années 90 avec une partie des vignes de plus de 60 ans), mais également en Hermitage, Cornas et Saint-Joseph. Le rachat a été validé cet automne par la Safer et finalisé en fin d’année. « C’est un projet formidable qui se concrétise et qui va nous permettre de répondre à une problématique de croissance », reconnaît Nicolas Jaboulet, l’un des trois associés des Alexandrins créé avec Alexandre Caso, responsable technique, et Guillaume Sorel qui a repris depuis le domaine éponyme. « Nous cherchions depuis un moment davantage de vignes en appellation pour compléter notre sourcing de Crozes mais aussi dans les appellations voisines du Rhône nord. De plus, nous avions besoin d’une nouvelle cave, celle au centre-ville de Tain étant arrivée à son potentiel maximum. Les bâtiments de surcroît extensibles de Michelas-Saint-Jemms vont nous permettre de nous développer tout en gardant ceux de Tain. De plus, nous venons d’être certifiés bio en 2023 et le domaine est également certifié, une suite logique et un passage de témoin car Alexandre Caso, a démarré sa carrière à Michelas au début des années 90 ». Le domaine, labellisé HVE depuis 2014, avait créé un sentier de la biodiversité avec un corridor végétal, arbres morts, plantes mellifères, haies d’arbustes et friches fleuries qui devraient être conservés.

©F. Hermine

En Crozes majeur
La famille Michelas a déjà quitté la propriété, Sébastien qui a conservé une quinzaine d’hectares devrait remonter un domaine avec ses fils sur le secteur en appellations Crozes, Cornas et Hermitage, ses sœurs Sylvie, Corinne et Florence ont arrêté leur activité. « Nous allons apprendre à connaître les parcelles, assurer les ventes des 2022 et 2023 en stock ou en cours d’élevage, et à terme étudier un réajustement des gammes en parallèle avec l’activité de négoce des Alexandrins ». Le domaine de Mercurol avait privilégié la distribution directe pour la majorité de ses ventes, environ 150 000 bouteilles par an à 90% rouges et plus de 70% en Crozes-Hemitage, via les salons des caves particulières et le caveau de dégustation. Il était membre des vignerons indépendants depuis 1978, un statut auquel il ne pourra plus prétendre. Il était peu présent chez les cavistes et quasiment pas d’export. À l’inverse des Alexandrins qui entendent conserver une présence surtout dans les salons locaux et réorganiser l’œnotourisme. Il vient compléter le portefeuille de l’entreprise créée en 2012 avec toujours dans l’actionnariat Nicolas Jaboulet, Alexandre Caso et la famille Perrin de Beaucastel. Elle collabore depuis 2022 avec le domaine de Léos de Patrick Bruel dans le Luberon, jusqu’à présent uniquement en rosés.

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Dry January : derrière le battage, quel message ?

Le retour du « mois sans alcool » donne lieu à un battage médiatique plus intense que jamais, cristallisant les oppositions entre les thuriféraires d’une forme (même provisoire) d’abstinence et ceux qui jugent cette initiative hypocrite, voire potentiellement liberticide et dangereuse pour la filière vin & spiritueux française.

C’est un rendez-vous qui s’installe de plus en plus confortablement dans le paysage, à chaque début d’année. Né dans les années 2010 au Royaume-Uni, le « Dry January » invite le grand public, dans la foulée des excès liés aux fêtes de fin d’année, à suspendre toute consommation d’alcool pendant un mois. Une opération à vocation de santé publique qui a d’abord été accueillie avec méfiance et circonspection de notre côté de la Manche, lorsqu’elle a commencé (en 2020) à être adaptée de la langue de Shakespeare à celle de Molière sous l’intitulé « Défi de Janvier ». 

Quatre ans plus tard, pourtant, force est d’admettre que cette notion de « janvier sobre » à la française fait son trou… et pas normand : la multiplication des sujets qui lui sont consacrés dans les médias est exponentielle ; le nombre de sollicitations reçues à ce sujet par une rédaction telle que celle de Terre de Vins n’a jamais été aussi élevé ; et surtout, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, d’après un sondage IFOP publié en décembre 2023, un Français sur trois envisageait de « tenter » le « Dry January », et plus de la moitié des personnes interrogées annonçaient leur intention de réduire drastiquement leur consommation d’alcool durant ce premier mois de l’année.

Une consommation de vin en décroissance
Cet effet d’annonce s’inscrit dans un grand moment de transformation des habitudes de consommation d’alcool dans notre pays. Certes, la France demeure, à l’échelle mondiale, l’un des grands pays consommateurs de vin : avec un peu plus de 25 millions d’hectolitres absorbés en 2022, elle est seulement distancée par les Etats-Unis – ce chiffre ne prenant pas en compte la totalité des autres alcools. Et, avec une moyenne de 40 litres de vin consommés par habitant et par an, la France continue de tenir son rang parmi les pays qui restent fidèles à un produit qui, par ailleurs, pèse – avec les spiritueux – quelque 17 milliards d’euros à l’export (se plaçant juste derrière l’aéronautique dans la balance commerciale nationale) et qui réunit 500 000 emplois directs et indirects. 

Cette réalité économique ne saurait toutefois cacher la décroissance de la consommation de vin, qui est constante depuis plus de 30 ans : dans les années 1970, un Français buvait en moyenne plus de 100 litres de vin par an ! Les campagnes de prévention et de sensibilisation sur les effets de l’alcool sur la santé, les contraintes très franco-françaises de la Loi Evin, la « peur du gendarme », autant de phénomènes qui ont contribué à cette réduction de la consommation – notamment de vin, et particulièrement de vin rouge, ce dernier, pourtant hautement symbolique de la culture gastronomique et viticole de notre pays, ayant chuté de plus de 30% en une douzaine d’années !

La forte tendance du « no / low »
Parallèlement à cette courbe de déconsommation du vin, on assiste à une montée en puissance de la tendance « no / low », à savoir la consommation de produits sans alcool ou bas en alcool. Ainsi, un sondage YouGov commandité par Martini nous indique que près de 7 français sur 10 consomment du sans alcool et 38% d’entre eux sont des buveurs réguliers de boissons sans alcool. Plus édifiant encore, un tiers des 18-24 ans déclareraient « ne pas aimer le goût de l’alcool » !

Voilà qui a de quoi donner une sacrée gueule de bois à une filière qui observe déjà avec inquiétude un avenir incertain. Entre campagnes d’arrachage de vignes subventionnées par l’État et aides à la distillation pour écouler des stocks qui ne se vendent pas, alors qu’on lui disait avant-hier que tout le monde voulait du rosé, hier que tout le monde voulait du blanc et aujourd’hui que tout le monde veut du sans alcool, le monde du vin se fait des nœuds au cerveau. Déjà, nombreux sont ceux qui montent dans le train du « vin désalcoolisé » (terme à employer avec force guillemets car, techniquement comme légalement, un vin dont on a extirpé l’alcool ne peut plus s’appeler du vin). Un article publié par nos confrères de Vitisphère nous indique que la coopérative girondine Bordeaux Families a récemment inauguré à Sauveterre-de-Guyenne une unité de désalcoolisation d’un budget de 2,5 millions d’euros, capable de désalcooliser « partiellement ou totalement 250 hl de vin par jour ». Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres d’opérateurs du vin, allant de la grosse coopérative au petit domaine familial, qui cherchent à s’adapter pour palier à une consommation qui s ‘essouffle, ou qui étoffent leur gamme en vue de répondre à de nouvelles attentes et de nouveaux moments de consommation. Ainsi, que ce soit pour des questions de santé, dans des situations de grossesse, par souci de sécurité routière, par conviction religieuse ou tout simplement par goût, nombreux sont celles et ceux qui se tournent désormais vers ces « vins » et autres produits désalcoolisés.

Des spiritueux plus « décomplexés » sur le sujet
Coralie de Boüard en a fait l’expérience. La vigneronne bordelaise, dont la famille possède le célèbre château Angélus à Saint-Emilion et qui est à la tête de son propre domaine Clos de Boüard, a lancé sa cuvée « Prince Oscar », un 100% merlot désalcoolisé. Ce qui était tout d’abord une commande pour le Parc des Princes est devenu un succès à part entière, produit à hauteur de 50 000 bouteilles. À une échelle plus modeste, Laurent David, propriétaire du château Edmus à Saint-Emilion, a lui aussi lancé sa cuvée « Z » ou « Zéro by Edmus », un vin bio désalcoolisé pour « flexi-buveurs ». Aucun de ces deux producteurs, qui signent par ailleurs des vins traditionnels de remarquable qualité, ne sauraient être soupçonnés de se tirer volontairement une balle dans le pied ou de « trahir la cause » en se lançant dans le tout sans alcool. Ils osent, pourtant, s’aventurer sur ce terrain qui fait encore grincer beaucoup de dents au sein de la filière, voire soulève des réactions pour le moins conservatrices.

L’univers des spiritueux semble, à cet égard, beaucoup plus décomplexé. On ne compte plus les bars à cocktails dont les bartenders composent désormais de superbes créations sans alcool ou à faible degré, tout comme les marques qui proposent aujourd’hui des alternatives très intéressantes pour réaliser des « mocktails » audacieux. De JNPR à Artonic, en passant par L’Alchimiste ou Sober Spirits, les références se multiplient. Les sommeliers et les grands chefs s’y mettent aussi : le triplement étoilé Mauro Colagreco, sur la Côte d’Azur, travaille des accords sans alcool avec la gamme Tempera, tandis que les chefs parisiens Matan Zaken et Mallory Gabsi dévoilent des accords mets et thés frais avec la maison Grands Jardins. 

Éduquer et responsabiliser plutôt que culpabiliser et infantiliser
Face à ces mutations profondes, que nous dit au fond le phénomène « Dry January » ? Interrogé il y a quelques semaines à ce sujet dans le cadre d’un sujet de l’émission « Envoyé Spécial » (diffusé hier soir sur France Télévisions), l’auteur de ces lignes, dont l’intervention n’a finalement pas été retenue au montage, rappelait en préambule quelques fondamentaux : si le corps humain a besoin d’un certain nombre d’apports pour fonctionner et subsister, il n’a aucunement besoin d’alcool. L’absorption d’alcool n’est jamais anodine, elle a des conséquences sur notre cerveau, peut provoquer une addiction, des drames sociaux et familiaux, augmenter les risques de cancer et de maladies cardio-vasculaires, provoquer des accidents de la route. D’après le Ministère de la Santé, près de 50 000 personnes meurent chaque année en France à cause de l’alcool, et près de 30% des accidents de la route mortels sont dus à une prise excessive d’alcool. La filière vin et spiritueux ne doit pas fermer les yeux sur cet état de fait, tout comme elle ne peut ignorer des changements sociétaux qui pourraient justifier que, demain, les vignerons soient amenés à proposer du « sans alcool » dans leur gamme. Pas en remplacement, mais en complément.

Une fois ceci posé, il est nécessaire de rappeler que le propre de l’être humain est d’exercer son libre arbitre, lequel consiste quelquefois à faire des choses qui ne sont pas bonnes pour sa santé, mais qui peuvent lui apporter du plaisir, de la joie, de l’inspiration. La consommation d’alcool, et même l’ivresse, en font partie, depuis des dizaines de milliers d’années. Et c’est ici que, plus que jamais, le vin a une carte à jouer. Boisson civilisée par excellence, elle a façonné des paysages, des cultures, des arts de vivre. Elle accompagne la table, les repas, les moments conviviaux. Le vin est par définition l’alcool qui se prête au partage, à la transmission et à la consommation modérée, aux antipodes du « binge drinking » et des ébriétés violentes – n’en déplaise au sénateur francilien Bernard Jomier interrogé dans la même émission « Envoyé Spécial », qui semble centrer ses préoccupations sur la filière vin sans souligner la part de responsabilité des grands groupes alcooliers industriels, ni les méfaits de leurs produits sur les jeunes. C’est pourquoi il est crucial de faire, sur ce sujet, la distinction entre l’injonction et l’éducation, l’infantilisation et la responsabilisation. Sensibiliser le grand public à une consommation d’alcool raisonnable et raisonnée est un projet louable. Chercher à le culpabiliser, à le « mettre sous cloche » par de grandes opérations de communication (qui, si on n’y prend garde, pourraient ne plus se limiter à un seul mois de l’année mais à douze) s’apparente à une grande entreprise d’hygiénisme* et d’uniformisation des esprits qui ressemble fort à l’ennui. C’est le risque porté en germe par le « Dry January ».

*Et quitte à mener de grandes politiques de santé publique, il serait sans doute avisé de commencer par s’attaquer à l’agroalimentaire et à la multitude de produits nocifs pour la santé qui sont en vente libre dans les supermarchés.

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