Gel : expectative et esprit d’équipe sur la rive droite

En fonction de ses moyens (bougies, hélicoptère, éolienne, prière…) et la situation de son terroir, chaque vigneron prend ses dispositions pour lutter contre le gel. Des Côtes de Bourg à Castillon en passant par Saint-Émilion ou Pomerol, les vignobles sur les plateaux ont semblé résister mais les zones basses ont été atteintes. Et des vagues de froid restent encore à venir.

Entre Cote de Baleau et le Clos Fourtet, Matthieu Cuvelier nous donne ses impressions au regard du gel qui a frappé durant la nuit du 6 au 7 avril. « Nous avons d’importants moyens de défense sur Clos Fourtet. Nous avons allumé les bougies dès deux heures du matin, il faisait -1, et il y a eu un retour du froid vers 5 heures du matin. Je pense qu’avec les bougies nous avons maintenu la température autour de zéro, le problème est que nous avons deux à trois degrés d’écart entre les parties hautes du vignoble et les parties basses », dit-il avant d’ajouter : « Sur Cote de Baleau, où nous n’avons pas de protection, on voit quelques feuilles brunir, il faut attendre pour faire le bilan. »
Du côté de Castillon, au château Jean Faux, il y a aussi une différence de 2 à 3 degrés entre le haut du plateau et les vignobles en plaine. « Après, il y a aussi les courants d’air, des vignes ont rôti, d’autres non, quant à la nuit prochaine, je me méfie des prévisions météorologiques », explique le propriétaire Pascal Collotte. De retour à Saint-Émilion, sur la frontière avec le vignoble de Pomerol, on a très peu dormi pour transformer le domaine en une véritable procession de bougies. « Ce fut une nuit blanche et peut-être une autre à venir, souligne la directrice générale Gwendeline Lucas. C’est sublime à voir mais très stressant à vivre. Au final je pense que ça va passer, contrairement au château Pichon-Clément que nous avons dans le Médoc où on évoque une perte potentielle de 50 %. » Gwendeline en profite pour rappeler l’importance de l’humain avec une mobilisation générale durant toute la nuit.
C’est le sentiment qui transpire aussi du côté du château Laroque où le directeur général David Suire salue avant tout l’esprit d’équipe. « On a commencé très tôt, nous sommes montés en puissance, ce sera la même vigilance la nuit prochaine. Il y a eu un premier stress pour la plante, le deuxième peut faire figure de coup de grâce… et même la semaine prochaine, il faut rester vigilant. C’est un gel très particulier, dans des conditions très sèches », explique-t-il. Le grand enjeu est enfin de garder des munitions, à commencer par les bougies, pour tenir le coup.
Plus au nord, du côté de Bourg, les moyens engagés sont moins importants et, de facto, les dégâts risquent d’être plus conséquents. « Certains s’emploient quand même pour gagner quelques dixièmes de degrés avec des bougies, dans l’ensemble, il ne semble pas y avoir trop de dommages si ce n’est sur le secteur de Tauriac et de Pugnac mais c’est à prendre avec des pincettes », résume Didier Gontier, le directeur de syndicat des Côtes de Bourg.

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Gel : le Médoc retient son souffle

Encore une fois, le Médoc n’est pas un et indivisible face au gel. Les terroirs proches de l’estuaire ont échappé au drame. Ce n’est pas la même musique au fur et à mesure que l’on entre dans les terres. Des propriétés du côté de Saint-Julien, Margaux et Listrac ont été touchées. Et la nuit prochaine s’annonce encore rude.

RAS du côté de Saint-Estèphe où le thermomètre est à peine descendu vers les 2 ou 3 degrés au-dessus de zéro. Ici, le gel n’est pas un sujet. Un peu plus bas, du côté de Pauillac, on semble avoir été également épargné. « Sur notre cru, on reste serein car la température la plus basse enregistrée au cœur de la nuit fut de 1,5 degré, l’effet rivière a beaucoup joué et le fait que le temps est très sec depuis plusieurs jours a permis de ne pas trop avoir d’humidité résiduelle », souligne Nicolas Glumineau, directeur général de Pichon Comtesse.

En allant vers le sud, au petit matin de ce 7 avril, on voyait davantage de bougies et d’éoliennes dans les vignobles. Sur la partie ouest de l’appellation de Saint-Julien, on déplore déjà des dégâts. « Nous avons été touchés, bien touchés. Les merlots ont dérouillé, ceux qui en étaient à la troisième feuille. Nous sommes descendus à -3. Il faut attendre pour donner des chiffres, il semble que les cabernets soient préservés », explique Frédéric Bonnafous, le directeur du Château Belgrave.

Non loin, à Margaux, la température a pu être encore plus froide, jusqu’à -4 dans les zones les plus fraîches. On s’inquiète surtout de la deuxième vague de froid qui est prévue pour la prochaine nuit. « Il a fait froid mais le temps est très sec, le point de rosée est très bas, ça peut nous sauver. Il y aura des dégâts, mais ce n’est pas complètement joué. on ne voit pas tout aussitôt, le souci est pour demain, on remet le couvert », confie Gonzague Lurton. La particularité cette année est que le froid est arrivé dès minuit et ce jusqu’à 8 heures du matin. Lucas Leclercq, qui préside aux destinées du Château Fourcas Dupré évoque 5 à 10 % de perte du côté de Listrac. Chacun est sur le pied de guerre pour la deuxième bataille.

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Les Éléonores en actions

Les Éléonores de Provence ont une nouvelle présidente, Aurélie Bertin des châteaux Sainte Roseline et Les Demoiselles, qui succède à Sophie Biancone du château Rasque et de l’Hermitage Saint Martin.

La dame de la vallée des Esclans avait déjà été présidente en 2017-2018 de l’association créée par Valérie Rousselle du château Roubine, toujours présidente d’honneur active. Elles est entourée comme vice-présidentes de Marie-Pierre Caille du château Mentone et Maud Négrel du Mas de Cadenet. Les Éléonores rassemblent des vigneronnes, cheffes de cuisine, sommelières, œnologues, consultantes…, toutes cheffes d’entreprises et ambassadrices des produits de Provence (Bandol, Côtes de Provence, Coteaux Varois en Provence, Coteaux d’Aix en Provence, Palette). Elles prônent la défense de la tradition et du patrimoine provençal, la mise en valeur d’un art de vivre et d’un patrimoine culinaire d’exception au travers de produits de qualité et du respect de l’environnement.

Des soirées caritatives pour la cause des femmes et des enfants

Créée un 8 mars, il y a 13 ans, à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, l’association fête traditionnellement son anniversaire par une grande soirée de gala dont les bénéfices sont reversés à des associations caritatives œuvrant à la médiatisation de combats humanistes telles que La Rose Marie Claire, Vaincre le cancer, La Croisière des guerrières, La Voix de l’Enfant… « Dans le contexte actuel, il est difficile de continuer à organiser ce genre d’événement qui rassemblait tous les deux ans plus de 200 personnes et qui nous aidait à récolter plus de 20 000 €, principalement pour les causes des femmes et des enfants, explique Aurélie Bertin. J’ai été surtout marquée par des actions comme celle de La Croisière des guerrières avec le docteur Xavier Pommereau spécialisé dans l’anorexie, et en 2010, la soirée organisée au château Saint Martin d’Adeline de Barry suite aux inondations qui ont marqué la Dracénie pour aider à financer les études de deux orphelins de cette catastrophe à fort impact local. » Les fonds récoltés lors du dernier diner en 2019 devraient participer à l’ouverture d’un centre d’accueil La Voix de l’Enfant au sein de l’hôpital de Draguignan. L’établissement sera un lieu d’accueil composé de professionnels formés pour entendre les victimes de maltraitance et violence, « un lieu plus rassurant qu’un commissariat ». L’association La Voix de l’Enfant, créée il y a 40 ans par Martine Brousse, fédère aujourd’hui plus de 80 associations dans 80 pays avec comme ambassadeurs l’actrice-vigneronne Carole Bouquet et le comédien-acteur-scénariste Bruno Solo.

Bientôt un livre de recettes et une cartographie

En attendant de pouvoir réorganiser des soirées caritatives, un livre de recettes avec des accords mets-vins pourrait être édité cette année suite à la proposition de l’une des Éléonores, la cheffe Hermance Carro-Joplet du restaurant Castellaras, véritable institution provençale située à Fayence (83). Une idée née pendant le confinement et développée d’abord sur les réseaux sociaux avant d’être concrétisée en une prochaine publication. Pendant le confinement, les Éléonores avaient également eu l’idée d’envoyer quelques bouteilles dans les Ephad du Var pour soutenir personnel soignant et résidents. Les Éléonores renouvelleront également en 2021 leur participation à la campagne de communication annuelle sur le dépistage du cancer du sein avec l’association RoseUp qui accompagne, informe et défend les droits des femmes confrontées à un cancer. Un soutien via la vente de tee-shirts dans les caveaux des domaines. L’association finalise une cartographie interactive et sur papier des domaines des adhérentes avec liens QR codes et présentations.

Elles travaillent également à des actions ciblées auprès des jeunes et des étudiants « pour susciter les vocations, expliquer les métiers de la vigne et du vin, les débouchés assurés dans des postes souvent en manque de personnes qualifiées comme les chefs de culture, tractoristes, logisticiens, secrétaires spécialisées… Et quelques-unes d’entre nous reçoivent des enfants dès la primaire pour leur expliquer le cycle de la vigne, leur faire goûter du jus de raisin… Ça fait partie de nos valeurs à transmettre, surtout dans une région où la vigne est partout. »
« En parallèle de ses actions de solidarité, l’association aide à resserrer les liens qui nous unissent pendant cette période très compliquée, estime Aurélie Bertin. Il y a toujours une idée qui fuse, un projet en cours, un soutien à apporter mais nos rencontres sont aussi un lieu de partage et de rencontres conviviales, d’entraide aussi dans le cadre du réseau Femmes du Vin. »

Les Éléonores :
Domaine Tour Campanets Emmanuelle Baude
Château Sainte Roseline Aurélie Bertin
Château Rasque Sophie Courtois Biancone
Château Mentone Marie-Pierre Caille
Château de Saint Martin Adeline De Barry
Domaine du Jas d’Esclans Gwenaëlle Dewulf
Château Pas du Cerf Aurore Legrand
Mas de Cadenet Maud Negrel
Château Carpe Diem Marie-Caroline Philipon
Château Roubine Valérie Rousselle
Domaine du Clos d’Alari Nathalie Vancoillie
Clos des Roses Laurence Barbero
Château Nestuby Nathalie Roubaud

Autres Sociétés :
Nini Pod’Chien Isabelle Dert Bono
Restaurant Le Castellaras Hermance Carro
Œnologue Conseil BTOEV Consulting Margaux Armand Vauchelet
Ombelline Marie Vray Briolay
L’Assistant Culinaire Christina Rebuffel
Femivin Isabelle Foret
Clotilde Pâtisserie Clotilde Lebec
Les Sourires de Léa Léa Gil
Azur Œnologie Géraldine Lopez

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Champagne, Bourgogne : la lutte contre le gel a commencé

Dans la nuit du lundi 5 au mardi 6 avril, un vent polaire a refroidi la moitié nord de la France et ses vignobles. En Bourgogne comme en Champagne, les vignerons se sont rapidement organisés pour lutter contre ces températures, par endroits inférieures à -5 degrés.

C’est devenu un « classique » du printemps pour les viticulteurs. Avec un climat qui se réchauffe, la vigne commence à pousser très tôt, s’exposant dangereusement aux gelées printanières. Après un épisode dans le Gard dès le 1er avril, c’est au tour des vignobles du Nord de lutter contre le froid. Cette nuit, c’est surtout le chardonnay – variété assez précoce – qui a posé problème.

Chablis particulièrement touché

Parmi les vignobles concernés, la Bourgogne, et particulièrement le Chablisien. « On était dans la pire configuration, la température a chuté juste après une pluie, on a eu le gel et l’humidité», déplore Stéphanie Courtault, des domaines Courtault et Michelet. « Il est trop tôt pour dresser un bilan, mais 40 à 50 % des bourgeons pourraient être touchés. » L’exploitation a pu protéger une petite partie de ses parcelles grâce à la technique de l’aspersion.

Au moment où l’on descend sous la barre de 0 degré, de l’eau est pulvérisée sur les bourgeons. Ce qui crée une coque de gel protectrice. Paradoxal, mais efficace.

Moins de dégâts en Côte de Beaune

L’alerte a également été donnée en Côte de Beaune, où les dégâts seraient moins importants. « Les Meursault 1er cru étaient les plus avancés, avec déjà deux feuilles étalées », témoigne Sylvain Depiesse, directeur des domaines de la famille Piffaut. Dans les parcelles à risque, ses équipes ont déployé des bougies, « afin de réchauffer la température au niveau des bourgeons ».

Idem dans les Corton blanc du domaine Parent :

En s’approchant de ces flammes, on découvre des bougies de paraffine, comme le dévoile le domaine des Hospices de Beaune :

La Champagne se protège également
Par Yves Tesson

En Champagne, la température est descendue la nuit dernière jusqu’à -7 degrés, notamment sur la Côte des Bar. Sur l’ensemble du territoire de l’appellation, les vignes n’ont pas été trop affectées parce qu’elles en sont souvent encore au stade « bourgeon dans le coton » confie Melody Stroh, responsable vignobles et viticulture durable du champagne Lanson. Néanmoins, les chardonnays, plus précoces, ont pu être davantage touchés. Sur le clos Lanson, Melody a relevé une perte d’environ un bourgeon tous les six pieds. Une perte qui reste limitée : cela correspond à moins de 1 %. Mais le Clos Lanson se situe en ville, la température est donc un peu plus élevée.
Le bilan risque en effet de varier beaucoup selon les secteurs : des averses sur certaines zones ont pu aggraver l’impact du gel indique Arnaud Descotes, directeur des services techniques du Comité Champagne, si bien qu’on pourrait avoir des « symptômes en taches de Léopard », avec des situations très inégales, parfois à quelques centaines de mètres près. On attend encore des températures en dessous de zéro et des giboulées de pluie et de neige dans les prochaines 48 heures, voire même la semaine prochaine. Le Comité Champagne a donc décidé d’attendre un peu avant de dresser un premier bilan.

En Champagne, seulement 2 % des surfaces sont concernées par les procédés de défense active contre le gel. Il en existe de trois sortes. Tout d’abord, par combustion : on peut brûler du fioul, du gaz ou de la biomasse. Dans le cadre de la certification viticulture durable en Champagne, seule la combustion de biomasse, c’est-à-dire de granules de bois, est recommandée, compte tenu de son bilan carbone neutre. Tout comme en Bourgogne, le vigneron peut ici aussi procéder à l’aspersion d’eau, qui va geler autour des bourgeons et les protéger en empêchant l’eau à l’intérieur de geler. La troisième technique active consiste à utiliser des éoliennes. Elle ne fonctionne que lorsqu’on a une stratification des couches d’air, avec l’air froid qui s’accumule au sol près des bourgeons et des couches d’air plus chaudes qui demeurent en altitude. Les éoliennes peuvent ainsi les brasser. Il existe enfin des moyens de défense passive : la taille et le liage tardifs, la tonte des parcelles enherbées afin de restreindre l’humidité, ou encore l’absence de travail des sols pendant les périodes sensibles.

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