Le sémillon connaît un regain d’intérêt

Les surfaces consacrées à ce cépage emblématique du bordelais avaient diminué ces dernières décennies, au profit du sauvignon qui lui avait volé la vedette. Mais le voici qui suscite davantage d’intérêts dans les blancs secs grâce à des atouts de mieux en mieux considérés. Pourquoi ? 

Les premières productions de vins issus du sémillon remontent au XVIIème siècle, dans la région bordelaise dont il est très probablement originaire. La surface plantée avoisinés les 30 000 ha au début du XXe siècle, elle était estimée à moins de 15 000 ha en 2008. En cause, l’engouement pour les vins blancs secs et particulièrement ceux issus du sauvignon qui a été fortement (sur?)valorisé en apportant acidité, fraicheur et puissance aromatique. Le sémillon avait-il dit son dernier mot ? Probablement pas.

Les atouts du sémillon
Pour Jacques Lurton, le président de l’appellation Pessac Léognan, le marché se tourne vers « des vins plus riches, plus gras, plus complexes et parfois un peu plus lourds. Le sémillon est une réponse à cette demande. Le marché qui nous taille actuellement des croupières, c’est la Bourgogne ». Mais vouloir l’imiter en faisant des vins de sauvignon sur muri est une mauvaise réponse car « on perd beaucoup d’aromatiques ». C’est là que le sémillon entre en scène.

Axel Marchal , professeur en œnologie à l’ISVV de Bordeaux, constate lui aussi ce « regain d’intérêt des consommateurs et des producteurs qui valorisent ce cépage. C’est un goût pour une nouveauté retrouvée ». Il décrit un cépage qui a une tendance à être fortement productif avec des raisins assez gros:  un avantage mais aussi un inconvénient si l’on ne maitrise pas cette productivité. Le sémillon pâtit d’un léger manque d’acidité. Mais celui-ci est compensé par le sauvignon dans les assemblages. Et de dire surtout que « sur de grands terroirs, il donnera des vins onctueux, équilibrés, avec une signature aromatique similaire à celle chardonnay ». Evidemment, si le sémillon se rapproche du chardonnay, il ne peut qu’être estimé. Pourtant, il faut prendre garde à son terroir.

De splendides vins si …
Pour Axel Marchal, « il ne faudrait pas envisager de planter partout du sémillon à Bordeaux car, sur des terroirs qui ne lui seraient pas adaptés, cela donnerait des résultats assez mitigés ». Jacques Lurton ne dit pas autre chose car le sémillon aime les sols graveleux ou argilo-calcaires : des sols recherchés. « Les vignerons qui vont vouloir augmenter la proportion de sémillon devront trouver des terroirs : mais ça ne se fait pas comme ça. Il n’y a pas partout des terroirs disponibles avec des sols profonds ». Et Axel Marchal met en garde : « le sémillon ne pardonne pas sur des terroirs moyens car il va avoir tendance à produire des vins mous, neutres et amers ». 

En mono cépage ou en assemblage ?
L’expression aromatique du sémillon est pudique, sur la retenue. « Il peut avoir une complexité d’arômes délicatement parfumés : abricot, fruits à noyau, noisette fraiche, herbe sèche » décrit Axel Marchal. En vieillissant, il délivre de splendides notes pétrolées. Et s’il existe de beaux exercices de style 100% sémillon, comme à Carbonnieux avec sa cuvée 1742, la plus belle expression du sémillon est sans doute en assemblage. Cet ami du sauvignon, longtemps resté dans son ombre, souffrait d’une discrétion qui tend légitimement à s’estomper. Tout ce que l’un n’a pas, l’autre l’apporte. Le sémillon amènera son côté texturé, sa subtile aromatique et son aptitude à la barrique. Des caractéristiques de plus en plus appréciées par un consommateur qui voit dans ses vins d’assemblage une balance parfaite.

Ce regain d’intérêt prend l’allure d’un rééquilibrage justifié. Mais est-il pour autant un effet de mode ou de balancier ? « Non » pour Jacques Lurton. « Les styles s’inscrivent sur plusieurs décennies parfois et tout le monde n’est pas prêt à sacrifier de bon terroirs de rouge pour mettre du sémillon ».

Le sémillon reste donc, avec 45 % de l’encépagement de blanc, en tête à Bordeaux (43 % pour le sauvignon). On ne pensait pas le voir là tant le sauvignon lui avait volé la vedette. Et pourtant …

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La Champagne met en garde les pouvoirs publics

Chaque année depuis un siècle le Banquet de l’Association viticole champenoise réunit tous les Champenois pour débriefer sur la campagne viticole passée, mais aussi permettre aux présidents respectifs de l’Union des Maisons de Champagne et du Syndicat Général des Vignerons de faire passer des messages sans langue de bois, soit à l’attention de l’autre partie, soit à celle des pouvoirs publics. Cette année David Chatillon et Maxime Toubart n’ont pas été en reste…

Le ton du discours du président du Syndicat général des vignerons était à la fois grave et militant. Il est vrai que les sujets d’inquiétude ne manquent pas. Après avoir déploré les accidents dramatiques des dernières vendanges en Champagne qui ont coûté la vie à plusieurs vendangeurs, Maxime Toubart a fait part de son souhait de voir le recours aux prestataires davantage encadré. Il a souligné aussi que la dérogation collective sur les normes d’hébergement obtenue par le Syndicat général permettait déjà de soulager ceux qui font le choix courageux d’embaucher directement leurs vendangeurs et constituait une part de la solution du problème. Mais il a aussi appelé à la mise en place d’assises de l’hébergement où seraient sollicités les collectivités locales, les universités, les bailleurs afin de trouver d’autres moyens complémentaires pour loger les 100.000 vendangeurs qui viennent chaque année.

L’autre grande préoccupation est évidemment celle du projet de règlement européen « SUR » visant à réduire de 50 % d’ici 2030 les produits phytosanitaires, en étendant notamment les zones sensibles sur lesquels ils ne pourront plus être utilisés, bien au-delà des simples abords des maisons comme c’était le cas des ZNT, si bien qu’en Champagne ce sont désormais plusieurs milliers d’hectares qui pourraient être concernés. Alors que ces mesures pourraient faire chuter les rendements en France de 28 %, Maxime Toubart a fait part de son indignation face au peu de cas qu’en fait la Commission européenne qui a eu l’affront de qualifier la filière viticole de non essentielle. Ce que reproche Maxime Toubart au projet ce n’est non pas son objectif, la filière champenoise a toujours été très active du point de vue environnemental, mais sa radicalité. En effet, il ne ménage aucune porte de sortie aux vignerons, puisque même les produits de biocontrôle seraient interdits dans ces zones. On peut certes arguer qu’il existe les nouvelles technologies génomiques, mais celles-ci n’offrent aucune solution immédiate et nécessiteront encore des années de recherche pour aboutir. Maxime Toubart a donc salué la réaction du Parlement européen, qui, pour une fois et « c’est une première », a été capable de rejeter une réforme majeure contre l’avis de la Commission. Il a ainsi obtenu « une victoire de l’agriculture contre les dogmatiques ». Reste à savoir si le Conseil qui réunira les ministres de l’agriculture ira dans le même sens. Hors de question en tout cas pour le Syndicat général des vignerons d’accepter une solution de compromis qui consisterait à renvoyer aux Etats les décisions relatives aux zones sensibles. La règlementation doit être commune sans quoi on créera une concurrence déloyale entre les pays membres. D’autant que, connaissant la volonté de la France d’apparaître toujours comme mieux disante, on sait où elle se situerait. 

Enfin, dernier casus belli avec les politiques publiques et l’Europe, la manière dont celles-ci entendent combattre l’alcoolisme. « La nouvelle ligne directrice de la Commission européenne est la durabilité, une durabilité qui cependant ne se limite plus à l’environnement mais concerne aussi la santé. Autrement dit, seules les productions qui respectent l’environnement et ne constituent pas un risque pour la santé seraient soutenues », ce qui pourrait priver à terme la filière de toutes les aides à l’investissement dont elle bénéficiait. Maxime Toubart s’est aussi ému des projets de nouvelles règlementations concernant l’étiquetage et les supports de publicité envisagées à Bruxelles, qui devraient faire état des dangers de toute consommation même modérée, plaçant l’alcool sur le même plan que le tabac, c’est-à-dire comme un produit voué à disparaître un jour.

De son côté David Chatillon, le président de l’Union des Maisons de Champagne, a souligné le renversement de tendance que subissent en ce moment les expéditions de champagne. « Ce ralentissement est plus brutal qu’un simple retour à la normale. Plusieurs éléments l’expliquent. D’abord l’inflation contraint les consommateurs à des arbitrages dans leurs dépenses. Sans compter que le prix des bouteilles a augmenté plus fortement encore même si le champagne demeure un grand vin de très bon rapport qualité prix. S’agissant des distributeurs ensuite, le sentiment de pénurie de 2022 a artificiellement gonflé les expéditions, une partie d’entre elles ayant été réalisées par anticipation, par peur de manquer. Ce surstock ne se résorbe pas aussi vite qu’attendu, notamment aux Etats-Unis. En outre les distributeurs ménagent leur trésorerie dans un contexte où le prix de l’argent a lui aussi beaucopp augmenté. Enfin l’actualité mondiale et économique n’est pas particulièrement rassurante or nous savons que notre activité est étroitement corrélée à l’évolution de la croissance mondiale. Heureusement notre Chiffre d’affaires devrait rester stable ce qui est appréciable dans un contexte où les comptes de résultat vont être fortement affectés par la hausse des taux d’intérêt. L’augmentation des taux de 3 % c’est environ de 300 millions euros de résultat en moins pour les entreprises de la filiière. »

Arrêtons de dénigrer les grandes maisons !

Dans cette tempête, les grandes marques sont pour la Champagne un atout que l’ensemble des Champenois doivent savoir apprécier à sa juste valeur. « Elles ont inventé le champagne il y a 300 ans et continuent de tirer l’appellation vers le haut. Ces maisons réalisent d’énormes investissements marketing et commerciaux au bénéfice de toute la Champagne. C’est grâce à ces investissements multiséculaires que le champagne est devenu synonyme de célébration de succès et d’art de vivre à la française.  (…) Nous devons nous réjouir de la présence historique de ces maisons, c’est ce qui manque à d’autres régions viticoles aujourd’hui en crise. Les maisons vont coninuer à faire le job en défrichant de nouveaux marchés, tous les expéditeurs vont continuer à profiter de ce travail, en particulier les plus petits qui n’ont pas les moyens de faire connaître l’appellation à des consommateurs lointains qui sont tout aussi éloignés de la France que du vin et encore plus des bulles. Ce modèle est vertueux. Partout où je vais, et nous l’avons encore constaté avec Maxime en Australie il y a un mois, la présence nombreuse de plus petits opérateurs contribue à animer la catégorie. Autrement dit, lorsque le consommateur devient un peu plus connaisseur, il est heureux de continuer de déguster les marques qui lui ont fait connaître le champagne mais il est curieux de découvrir d’autres élaborateurs, sans lesquels, peut-être qu’à défaut, il se détournerait du champagne. Bref, c’est un modèle gagnant gagnant à condition de se souvenir du rôle de nos locomotives pour la filière. » À l’heure du renouvellement du contrat interprofessionnel, dans lesquels les vignerons choisissent ou non de s’engager pour garantir sur plusieurs années l’approvisionnement des maisons, se rappeler du rôle de ces dernières dans le maintien de la prospérité de la Champagne n’était sans doute pas inutile.

© Syndicat Général des Vignerons / David Châtillon, président de l’Union des Maisons de Champagne

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Mouton Rothschild 2021 : une étiquette « sur le fil »

Le château Mouton Rothschild, Premier Grand Cru Classé 1855 (Pauillac), reste fidèle à la tradition qui est la sienne en confiant, chaque année, l’illustration de son étiquette à un nouvel artiste. Pour le millésime 2021, c’est la japonaise Chiharu Shiota qui a été choisie pour signer une œuvre inédite, baptisée « Universe of Mouton ».

L’émotion était palpable hier soir lorsque Philippe Sereys de Rothschild recevait les « happy few » invités à découvrir en avant-première l’étiquette du millésime 2021 de Château Mouton Rothschild. Après une longue phase de rénovation de ses installations, le Premier Grand Cru Classé 1855 accueillait de nouveau dans ses murs une soirée, certes confidentielle mais non moins prestigieuse, pour célébrer une nouvelle fois la tradition inaugurée dès 1924 et annualisée depuis 1945 par feu le Baron Philippe de Rothschild : celle de confier chaque année à un artiste différent l’illustration de l’étiquette du millésime qui s’apprête à être mis en marché. Cette tradition a perduré à travers le temps, mettant à contribution des noms aussi prestigieux que Picasso, Dalí, Soulages, Bacon, Warhol, Koons, Miró, Chagall, Braque, Hockney, Kandinsy, on en oublie. La baronne Philippine de Rothschild a poursuivi l’initiative amorcée par son père, et aujourd’hui ce sont ses trois enfants, Camille et Philippe Sereys de Rothschild, et Julien de Beaumarchais de Rothschild, qui la poursuivent à son tour.

Pour ce millésime 2021, c’est l’artiste japonaise Chiharu Shiota qui a été choisie. Un joli signe de la façon dont s’opère la sélection des artistes puisque c’est la baronne Philippine qui l’avait repérée pour la première fois il y a bien des années, lors d’une exposition à la galerie Templon à Paris. Julien de Beaumarchais de Rothschild, copropriétaire de Château Mouton Rothschild et en charge de l’activité artistique et culturelle de la propriété, a renoué avec cette idée en 2019 : « J’ai été fasciné par la vision de Chiharu Shiota tellement proche de notre monde du vin, en particulier dans le rapport entre l’homme et la nature, fragile et féconde, généreuse mais imprévisible. Et puis ce rouge vif, une de ses couleurs fétiches, qui fait tant penser au vin nouveau sortant des cuves… […] Cette étiquette incarne pour moi ce que j’appellerais le réalisme métaphorique et j’y vois un vigneron tenant d’une main ferme une fabuleuse grappe. »

Pour Chiharu Shiota, née à Osaka en 1972 et actuellement basée à Berlin, l’inspiration est venue de sa première visite à Mouton Rothschild et de la relation de la famille « avec la nature. Ils dépendent du climat et n’interfèrent pas avec Dame Nature. Ils acceptent les conditions dans lesquelles les raisins poussent. Je crois que Mouton Rothschild tient à l’équilibre entre l’homme et la nature. » Habituée à élaborer des structures de fils et à combiner sculptures, dessins, vidéos de performance, photographies et toiles pour travailler sur le concept de mémoire et de conscience, Chiharu Shiota a dessiné, pour ce Mouton Rothschild 2021, une silhouette humaine, minimaliste, reliée par des fils à une immense masse en suspension représentant la Nature : un équilibre précaire relie les deux, autorisant bien des interprétations et projections. L’un domine-t-il l’autre sans l’écraser, l’autre tente-t-il de contrôler ce qui le dépasse ? Les quatre fils représentent les quatre saisons de l’aveu de l’artiste, mais que peut-on dire de la représentation de la Nature ? Symbolise-t-elle une grappe, une formation d’entités unicellulaires évoquant la Vie elle-même ? La solitude et la fragilité de cette figure humaine nous rappelle-t-elle la situation de pandémie mondiale dans laquelle se trouvait encore une bonne partie de la planète en 2021 ? Bien des interprétations sont possibles, et c’est ce qui rend cette œuvre à la fois émouvante et passionnante. Il ne fait pas de doute qu’elle entrera parmi les réalisations qui auront fait date dans la fabuleuse collection artistique de Mouton.

Cette soirée de dévoilement de l’étiquette, dont le dîner était signé par le chef Yannick Alléno (avec quelques millésimes en « 1 » de Mouton Rothschild comme 2011, 2001 et 1961), était aussi l’occasion de rappeler la vente aux enchères en ligne d’un lot exclusif au profit de l’Association Antoine Alléno. Créée par Yannick Alléno, suite à la disparition tragique de son fils Antoine, elle a pour but d’aider et de soutenir les familles de jeunes victimes d’actes de violences impliquant la responsabilité d’un tiers. Le lot proposé à la vente est composé d’un assortiment unique de différents formats de Château Mouton Rothschild 2021 : six bouteilles, trois magnums, un double magnum dont l’étiquette sera signée par l’artiste et les membres de la famille propriétaire, une impériale et le seul nabuchodonosor disponible à date. L’acquéreur et trois convives seront également invités à la soirée de révélation de l’étiquette de Château Mouton Rothschild 2022, en 2024 à la propriété, en présence de la famille et de l’artiste qui aura illustré l’étiquette de ce millésime. Ils bénéficieront d’une visite privée de Château Mouton Rothschild suivie d’une dégustation des vins de la propriété.

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Millésima se déploie sur le secteur des spiritueux

Acteur majeur de la vente de vin en ligne, le négoce bordelais Millésima se déploie depuis l’été dernier sur le secteur des spiritueux. Une offre « complémentaire » pour son portefeuille de clients, mais qui a vocation à s’étoffer, selon son Président-directeur général Fabrice Bernard.

On connaît Millésima pour son expertise de longue date sur les grands crus bordelais, mais aussi sur les grands vins d’autres régions françaises et, de plus en plus, du monde entier. Cette maison de négoce quasi-centenaire (elle a été fondée en 1928), fleuron de la famille Bernard, a eu le flair de se développer dans la vente directe sur le web, dont elle est aujourd’hui un acteur majeur. Avec ses quelque 13 000 références et 2,7 millions de bouteilles en stock, dans ses installations récemment rénovées sur le quai de Paludate à Bordeaux, Millésima est une maison sûre de ses forces, mais qui observe avec attention les courants rapidement changeants des modes de consommation. Et s’adapte en conséquence : d’où le déploiement, en juillet dernier, d’une offre spiritueux très pointue, qui a connu d’emblée un succès encourageant et devrait rapidement s’étoffer. Entretien avec Fabrice Bernard, Président-directeur général de Millésima.

Pourquoi avez-vous décidé d’étendre l’activité de Millésima sur le secteur des spiritueux ?
Nous nous sommes d’abord posé une question essentielle : est-ce que, ce faisant, nous allions toucher à l’ADN de la maison ? Nous ne voulons créer de nouveaux développements que s’ils ont du sens et s’ils sont en adéquation avec l’identité de Millésima. Or, entre les spiritueux et les vins, nous sommes sur deux univers parents, avec certes des produits différents mais qui ont en commun des moments de partage, une éducation, une connaissance des amateurs. Après la pandémie de Covid-19, il est apparu que les consommateurs, nos clients en particulier, voulaient davantage explorer, découvrir, faire bouger les lignes et leurs habitudes ; cela passe par un intérêt de plus en plus prononcé pour les spiritueux de belle qualité, mais aussi pour les cocktails. Nous devions répondre à cette attente. Cette nouvelle offre nous permet par ailleurs de nous adresser à une clientèle plus jeune, complémentaire, et de peut-être créer des passerelles entre la consommation de spiritueux et la consommation de vin.

Comment se structure votre offre à ce jour ?
Nous l’avons lancée en juillet dernier, donc elle se limite pour l’instant à 175 références, mais nous ne voulions pas partir sur du volume à tout prix. Le challenge pour nos acheteurs était de construire une gamme qui fait rêver, en ciblant les connaisseurs ou les amateurs curieux en quête de produits plutôt haut de gamme. Nous ne voulions pas transiger sur la sélection : elle se veut donc riche et éclectique, partant de whiskys d’Écosse, du Japon, des États-Unis, d’Irlande, d’Australie et de France avec les maisons Ardbeg, Glenfiddich, Redbreast, Woodford Reserve, The Macallan, Michel Couvreur, ou encore Yoichi, mais aussi du gin, du rhum, du cognac et de l’armagnac qui complètent la gamme, et bien sûr un certain nombre de flacons d’exception pour collectionneurs. Nous n’en sommes qu’au démarrage et pourtant nous avons déjà réalisé 150 000 € de chiffre d’affaires sur ce segment, avec un panier moyen autour de 100 € la bouteille… Le whisky est en tête des ventes, suivi de la téquila, du cognac et du rhum. Cela nous permet d’acquérir de nouveaux clients. On envisage de développer rapidement la gamme, en se renforçant sur le rhum, les liqueurs notamment. Nos équipes sont formées à la dégustation pour consolider leur expertise sur ce créneau.

Dans un contexte où la consommation de vin connaît de profondes mutations, cette ouverture vers les spiritueux représente une diversification incontournable pour l’avenir ?
On ressent une déconsommation du vin en France, qui navigue entre -4% et -5%. En moyenne, dans le panier d’achat, on a 2 bouteilles en moins par client, ce qui fait passer le panier de 1000 € à 900 €. Mais on acquiert aussi de nouveaux clients, et si ces derniers consomment moins, ils consomment aussi « mieux ». De profondes mutations sont à l’œuvre, c’est palpable, mais ce n’est pas un handicap : les consommateurs sont de plus en plus curieux, ils veulent découvrir des vins étrangers, des spiritueux… À nous d’adapter notre offre en conséquence, et de les fidéliser en apprenant à toujours mieux les connaître : nous avons lancé un programme de fidélisation sur mesure en fonction de l’historique des commandes de chaque client, avec un conseiller attitré, en s’appuyant sur notre savoir-faire sur le digital qui est très pointu. Et nous préparons d’autres innovations pour 2024. Aujourd’hui, la France représente un tiers de nos ventes, nous sommes très présents sur les Etats-Unis, l’Allemagne, la Suisse… C’est pourquoi nous ne considérons pas l’enrichissement de notre offre en vins étrangers ou en spiritueux comme une dilution de notre activité historique, mais comme une force. Du reste, les vins de Bordeaux représentent toujours 50% de nos ventes, et les vins français 85%. À terme, nous projetons qu’ils se segmenteront entre 1/3 Bordeaux, 1/3 autres régions françaises et 1/3 vins étrangers. Sans compter bien sûr les spiritueux, sur lesquels nous allons continuer de nous renforcer.

www.millesima.fr

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Le lion sort sa griffe 

Canteperdrix à Caromb et Saint-Marc à Mazan. Les deux caves voisines qui regardent le mont Ventoux ont fusionné en 2019, histoire de mutualiser leurs complémentarités. Elles se sont dotées d’un site de vinification high-tech dédié aux blancs et rosés. En parallèle, une sélection de Crus méridionaux complète le haut de la gamme.

L’une a pour symbole une perdrix, l’autre un lion. A elles deux, elle réunissent 200 exploitations disséminées sur 18 communes, offrant un terrain de jeu de 1 000 hectares où sont produits l’AOC Ventoux à 80 % et 20 % d’IGP. Le rouge y est majoritaire mais le blanc gagne du terrain. Bien conseillés par Lisa Durand, la responsable vignoble, les viticulteurs plantent les cépages clairette et rolle. Le nouveau chai de 8 000 hectolitres a justement été conçu pour vinifier les vins blancs au profil associant fraîcheur et minéralité et rosés subtils et élégants. Sophie Morel pilote cette cave cathédrale optimisant les pressurages et macérations des bourbes, séparant jus de presse et jus de goutte. Ce savoir faire produit de jolies pépites, telle la cuvée Saint Marc Ventoux 2022 (7€), un clairette-grenache aux arômes thiolés de fruits exotiques et d’agrumes, faite de rondeur et de tension mêlées. Dans le même esprit savoureux, le rosé 2023 (7€), offre son élégance florale, ses fruits blancs gainés de pamplemousse rose.

Des Crus griffés
Le lion sort sa griffe avec cette gamme premium de Crus méridionaux. L’origine vient de la cave coopérative de Gigondas qui a confié la distribution de son AOC sur le secteur traditionnel à la cave Saint Marc, en 2019. Cette association est basée sur une même philosophie d’attachement à leur terroir et une même stratégie. « Ceci offre aux distributeurs un complément de gamme et un seul lieu d’enlèvement idéal pour la logistique », explique Mickaël Benadouda, le directeur commercial de la cave et de la société de distribution. Dès lors, Beaumes-de-Venise, Vacqueyras, Châteauneuf-du-pape (rouge & blanc) et Vinsobres viennent compléter les rayons des marchés CHR. Ce dernier, dénommé « Vim Solis » (12€), propose un nez de fruits noirs à l’alcool légèrement confits et d’épices. Une palette retrouvée dans une bouche juteuse et gourmande, avec une touche acidulée en finale.

 www.vignerons-saint-marc-canteperdrix.fr

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Nouveau souffle au Château Tour des Termes

Acquis en début d’année par l’entrepreneur irlandais Eddie O’Connor, le château, Cru bourgeois supérieur depuis 2020, va prendre le virage des énergies renouvelables et va s’offrir un nouveau chai pour 2026.

Eddie O’Connor, docteur en chimie et pionnier en matière d’énergies renouvelables et d’éoliennes réalise son rêve en 2020 en devenant propriétaire d’un château à Bordeaux bénéficiant d’un fort potentiel de développement. Son souhait : lui donner un nouveau souffle et le rendre « durable ». La tâche a été confiée cet été à Julien Brustis, bordelais d’origine et parisien ces dernières années – Il a créé avec ses deux associés le vignoble de La Bouche du Roi dans la plaine de Versailles.

Des objectifs environnementaux ambitieux
Ce natif de la rive gauche, bien que revendiquant nombre d’amis sur la rive droite, est revenu sur sa terre natale pour prendre en main les 35 hectares de la propriété, 26 en Saint-Estèphe et 9 en Haut-Médoc qui ont appartenu à la famille Anney pendant cinq générations. Il a été chargé de construire un nouveau chai, un bâtiment sur trois niveaux enterré dans la colline qui devrait être opérationnel en 2026. Le chai sera signé par l’entreprise BPM Architectes qui a également construit Lynch-Bages, Beychevelle, Léoville Las Cases, Angelus…Hubert de Boüard étant depuis 2016 le consultant du château (comme de La Bouche du Roi). Il sera recouvert de panneaux solaires avec l’objectif d’être approvisionné a 100% par les énergies renouvelables. L’objectif environnemental est clairement affiché – Tour des Termes était déjà Terra Vitis depuis 2014, HVE depuis 2015, des engagements inscrits dans son cahier des charges pour l’obtention du Cru bourgeois supérieur en 2020. Le jeune directeur a également amorcé un programme d’économies d’eau et d’énergies. Divers essais de vinifications et d’élevages en béton, bois français en grands contenants, amphores ont été lancés, « en fait, tout ce qui peut assouplir les vins sans les boiser mais en gardant le fruit m’intéresse » précise Julien Brustis qui a engagé en parallèle la restructuration du vignoble après une étude des sols « pour mieux comprendre l’ADN de la propriété répartie en trois îlots, deux d’argilo-calcaires et un de graves profondes. Les deux tiers des vieilles vignes qui dataient des années 60 ont déjà été arrachées avec un changement d’orientation des rangs et une mesure par courant électrique de l’eau dans les parcelles a permis d’évaluer la capacité de rétention des parcelles ».

Restructuration et plantation de blancs
Christophe Anney, fort de 40 millésimes au compteur et avec qui le jeune directeur a suivi les vendanges, a également contribué à une meilleure connaissance du terroir. Il avait privilégié un encépagement atypique à Saint-Estèphe, à 60% merlot avec 35% de cabernet sauvignon, 3% de petit verdot, le reste en cabernet franc ; la nouvelle équipe va replanter un peu plus de cabernet sauvignon, de cabernet franc et de petit verdot. « Avant, le Saint-Estèphe avait une réputation de vin de garde austère, le cabernet sauvignon très au nord de l’estuaire entre l’océan et la Gironde avait du mal à mûrir; aujourd’hui c’est un terroir d’avenir qui régule les températures, sait garder de la fraîcheur dans les vins, davantage sur la souplesse et le fruité que sur la puissance ».

Julien Brustis prévoit également de planter 2 hectares de cépages blancs en 2024 dans un oasis de calcaire sur argile idéal pour des maturations lentes. Plus de la moitié de l’encépagement sera en sémillon associé au sauvignon avec quelques rangs d’albariño en test. Tour des Termes produit environ 200 000 bouteilles par an dont 30-40 0000 en Haut-Médoc avec Château Comtesse du Parc. La commercialisation est réalisée pour plus de 40% en France, principalement en circuits cavistes et CHR; L’export (Irlande, Belgique, Allemagne, Suède, Etats-Unis…) a été confié à la Place de Bordeaux.

Terre de Vins a dégusté :
Château Tour des Termes (macération longue et élevage de 15 mois en barrique de chêne français pour moitié neuves). 21-25€

2019 : En profondeur et en fraîcheur, onctueux sur le fruit frais, des épices douces, cassis, myrtille, une note de violette et de cacao, des tanins fermes

2018 : Plus chaleureux et voluptueux, corsé sur le réglisse, les fruits rouges, le cuir, les épices, une note torréfiée

2016 : Minéral sur les fruits rouges, rond et puissant sur un beau volume, quelques épices, des tanins denses.

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Pourquoi venir à Bordeaux Tasting le dimanche ?

Le festival des grands vins organisé par « Terre de vins » ouvre ses portes dans 9 jours avec un programme d’exception. Aujourd’hui, focus sur la journée du dimanche 10 décembre qui s’annonce très prometteuse. 

Qui dit Bordeaux Tasting dit forcément masterclasses prestigieuses, et la journée de dimanche ne dérogera pas à la règle. Elle annonce un programme de rêve avec trois moments hors du temps vous emmenant à la rencontre des grands crus classés de Saint-Émilion, des pépites de Pomerol mais aussi de la magistrale « Grande Dame Rosé » de Veuve Clicquot. 

Une chasse aux trésors palpitante
Ces masterclasses, signature « Terre de vins » garantissent une expérience inoubliable mais sont loin d’être les seules attractions d’une journée au menu qui s’annonce copieux. En plus d’ateliers gratuits ludiques, une chasse aux trésors dans l’enceinte du Palais de la Bourse animera cette journée de clôture du festival. Gratuite, inédite et 100% digitale, elle testera vos connaissances en vins et spiritueux, car une fois le QR code initial scanné et la première question sous vos yeux, seule une bonne réponse vous emmènera vers la question suivante. Pas de panique, des indices à chaque étape vous aideront à atteindre la 12ème et dernière question synonyme de récompenses pour 12 personnes tirées au sort parmi celles ayant brillamment répondu. Bouteilles prestigieuses, verres à vins et bien plus encore, les plus perspicaces et chanceux d’entre vous ne repartiront pas les mains vides !

Café littéraire et rencontre rugbystique au programme
À 14 h 30, le café littéraire de Bordeaux Tasting sera « the place to be ». Trois auteurs d’horizons différents viendront présenter leur ouvrage sur le vin pour un moment d’échanges qui s’annonce passionnant. Éric Cobeyran présentera sa bande dessinée « Château Bordeaux », François Martin son roman « Le chant des vins » et Mathieu Doumenge son livre pédagogique « Vin/20 » seront présents pour débattre, mais aussi pour une vente de livres et des séances de dédicaces. 

Vin et rugby sont régulièrement associés pour leurs valeurs communes et le lien qu’entretiennent ces deux univers depuis des décennies. L’ovalie sera bel et bien de la partie à Bordeaux Tasting, toujours au café de la Bourse, à 16 h 30 avec une dégustation d’exception en présence de Rémi Lamerat et Nans Ducuing. Les deux compères viendront présenter « L’Artrhrosé des Vieux Copains », cuvée qu’ils ont imaginée avec Jean-Baptiste Dubié, leur ancien coéquipier de l’Union Bordeaux-Bègles. Cette animation sera l’occasion parfaite d’échanger avec ces deux champions, véritables passionnés de vin, mais aussi de jouer avec eux, puisqu’un quiz sur le rosé et le rugby mettra aux prises l’équipe de Rémi et celle de Nans. De quoi conclure de façon joyeuse et conviviale une 12ème édition de Bordeaux Tasting qui fera date !

La billetterie et toutes les informations sont disponibles en cliquant ici.

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Coup de cœur pour la délicatesse du Wakaze Umeshu

La délicatesse, la pureté et ses notes de rose font petit à petit la réputation du saké en France. Ce produit s’installe doucement mais sûrement car les amateurs de vins de raisins ne peuvent pas être insensibles à cette douceur japonaise. Cap sur la trilogie de Wakaze !

Il y a le restaurant Wakaze dans le 5ème arrondissement de Paris et la brasserie de saké se situe à Fresnes. Elle résulte de Takuma Inagawa et du maître de chai Shoya Imai dans l’idée de conjuguer la tradition japonaise et la philosophie française. « Inspiré par la France, notre vision est de n’utiliser que des produits locaux et naturels. Cela permet un processus de production plus respectueux de l’environnement et la production d’un saké de plus grande qualité », explique Takuma Inagawa. Dans la pratique, Wazake sort une trilogie, soit trois sakés respectivement à base de cassis, de yuzu et de prunes (35€). Ce dernier est notre coup de cœur, ce saké issu de la macération de prunes Golden Japan récoltées du côté de Moissac. Cette macération a duré 2 mois environ dans un spiritueux obtenu par distillation des lies de saké Wakaze. Ce lot est d’une très grande fraîcheur, la prune danse avec la finesse du vin de riz, c’est un vin tendu, subtil et très pur. Il se déguste sur glace ou avec un peu d’eau gazeuse et une tarte acidulée aux prunes.

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La Californie séduit la « French Sommellerie »

Dans la foulée de la signature d’un partenariat avec California Wines, l’organisme de défense et de promotion des vins californiens, l’Union de la Sommellerie Française (UDSF) organisait la semaine dernière une masterclass parisienne autour de quelques talentueux domaines américains. Un signal destiné à montrer que la « French Sommellerie » s’ouvre de plus en plus au monde.

Ça bouge à la tête de la sommellerie française, et on peut même dire que les horizons s’ouvrent en grand. Six mois après la nomination de Fabrice Sommier au poste de président de l’UDSF, le conseil d’administration du 16 octobre venait entériner quelques nouveautés pour marquer le changement de gouvernance, se traduisant par un nouveau Bureau à la tête de l’union (Florent Martin au poste de secrétaire général, Caroline Furstoss secrétaire adjointe, Xavier Thuizat trésorier notamment), par l’instauration d’une Équipe de France de sommellerie (composée de Gaëtan Bouvier, Romain Iltis, Pascaline Lepeltier, Florent Martin et Philippe Troussard) destinée à mieux préparer les grands concours internationaux à venir, par une nouvelle stratégie de communication axée sur une présence accrue sur les réseaux sociaux, et enfin par la signature de nouveaux partenariats entre l’UDSF et des structures telles que l’Union des Grands Crus de Bordeaux, le Champagne Castelnau, l’Arbre à Café et… California Wines.

Une ouverture au (nouveau) monde pour les sommeliers français
C’est la première fois que la sommellerie française signe un partenariat officiel avec une entité représentant un vignoble étranger, et quel vignoble ! Pour Fabrice Sommier, « cette signature est une magnifique opportunité d’ouvrir de nouveaux horizons à nos sommeliers, de leur donner à découvrir une région majeure du Nouveau Monde qui produit des vins d’exception. Il faut plus que jamais s’ouvrir au monde entier dans notre profession, goûter ce qui se fait ailleurs. C’est aussi une façon de faire mieux connaître le savoir-faire de la sommellerie française aux vignerons californiens, bref dans un monde du vin qui se ‘mondialise’ de plus en plus, c’est un partenariat hautement symbolique ».

Pour entériner ce partenariat de la plus belle des façons, l’UDSF organisait la semaine dernière à Paris, dans le cadre de l’hôtel Intercontinental – Paris Le Grand, une masterclass destinée aux professionnels (majoritairement des sommeliers) en présence de quatre domaines californiens, situés en Napa et Sonoma Valley. Ces deux régions sont, bien entendu, les plus célèbres et emblématiques d’un vignoble californien extrêmement étendu, puisqu’il s’étire de la région de San Diego, près de la frontière mexicaine, jusqu’aux confins de l’Oregon, en passant par la région de Paso Robles à mi-chemin entre Los Angeles et San Francisco. L’ensemble recouvre plus de 200 000 hectares, répartis en six sous-régions et quelque 149 « American Viticultural Areas » (AVAs), zones viticoles aux caractéristiques géographiques spécifiques. Bref, la Californie est un poids lourd de la viticulture américaine et mondiale, comme se plaisait à le rappeler en préambule la journaliste Deborah Parker Wong, qui animait cette masterclass.

Les quatre personnalités représentant le vignoble californien étaient :

Cathy Corison, propriétaire et viticultrice de Corison Winery, et notamment du vignoble de Kronos, un grand terroir d’un peu plus de 3 hectares en Napa Valley. Cathy a été la première femme viticultrice/propriétaire dans la région et s’est imposée comme une référence des grands cabernets sauvignons.

Ted Lemon, propriétaire et vinificateur de Littorai Wines. Formé à l’Université de Dijon au début des années 1980, Ted est le premier Américain à avoir été embauché comme vinificateur en Bourgogne, au Domaine Guy Roulot à Meursault. Parlant un français plus que parfait, il a créé Littorai dans le comté de Sonoma en 1993 et sa philosophie de vinification repose sur son engagement en faveur d’une agriculture « régénératrice ».

Alan Ramey, copropriétaire de Ramey Wine Cellars, fondée dans le comté de Sonoma par son père David en 1996. Ce dernier avait bénéficié d’une solide expérience dans le Bordelaias au côté de Jean-Claude Berrouet à Pétrus (Pomerol). Son fils Alan poursuit son œuvre et manie, lui aussi, un français remarquable.

Edouard Baijot, Master of Wine, est un Français natif de Reims, qui a intégré le monde du vin en 2002 lorsqu’il a rejoint le géant E & J Gallo Winery en France. Edouard est devenu Master of Wine en 2019 et est maintenant Directeur Fine Wine pour la grande maison Louis M. Martini Winery en Napa Valley.

Huit vins, deux de chaque domaine, étaient proposés en dégustation : deux blancs de Sonoma 100% chardonnay de Ramey Wine Cellars et de Littorai, deux rouges de Sonoma 100% pinot noir de Ramey Wine Cellars et de Littorai, puis quatre autres rouges, trois de Napa et un de Sonoma, 100% cabernet-sauvignon, de Corison Winery et de Louis M. Martini Winery. Voici nos coups de cœur sur cette dégustation :
– Littorai, B.A. Thieriot Chardonnay, Sonoma Coast 2021 : pour Ted Lemon, « le chardonnay, plus encore que le pinot noir, est le grand cépage de terroir, un exceptionnel transmetteur de lieu ». Illustration parfaite de cette conviction avec ce magnifique blanc en biodynamie, ciselé, tactile, à l’aromatique très pure, au profil élancé et signé par de fines notes salines.
– Ramey Wine Cellard, Pinot Noir, Russian River Valley 2019 : un assemblage de quatre lieux différents pour un pinot noir qui combine une cetaine délicatesse dans sa couleur comme dans sa texture tannique, et une concentration maîtrisée, le fruit rouge et noir se parant d’un côté « crispy », roulant, juteux et vivace. À la fois désaltérant et gourmand.
– Corison, Kronos Vineyard Cabernet Sauvignon, Napa Valley 2001 (magnum) : en mettant le nez dans le verre, les notes de graphite et de cèdre, le léger fumé mentholé, nous feraient presque pencher pour un grand saint-julien. On est chez Cathy Corison, en Napa Valley. Ce millésime 2001 nous démontre le potentiel de garde des cabernets californiens nés sur de grands terroirs, et l’extrême savoir-faire d’une vigneronne qui « vit » son vignoble. Voici un vin au profil traçant, propulsif, dont le jus droit et séveux garde une savoureuse vigueur tout en déclinant de passionnantes premières notes d’évolution (boîte à tabac, âtre, sous-bois, fruit confit). Finale longue et vibrante, c’est un très grand vin, et le 2019 du même terroir dégusté dans la foulée nous confirme la force de ce lieu.
– Louis M. Martini, Monte Rosso Cabernet Sauvignon, Sonoma Valley 2012 : ce très vieux vignoble (certaines parcelles de zinfandel datent des années 1890, et le cabernet des années 1940) donne naissance à des vins en équilibre entre Nouveau Monde et Vieux Monde. Il s’agit ici d’un assemblage 93% cabernet-sauvignon 7% petit verdot, au profil sanguin, presque ferreux en bouche, rehaussé d’une pointe de mine de crayon, sur une ligne de crête entre opulence et tension. Concentré, dense et vif.

Pour en savoir plus sur les vins californiens : discovercaliforniawines.com

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