Meilleur jeune sommelier de France : finale reportée, préparation prolongée

Les onze candidats issus d’une première sélection organisée fin janvier devaient se retrouver à Rouen en cette fin de mois de mars. La situation sanitaire ayant contraint au report de la phase finale, ils ont jusqu’au 13 juin pour poursuivre leurs entraînements à l’image des trois sommelières basées en Provence.

Gouverner c’est prévoir… Sauf que depuis plus d’un an prévoir est devenu bien compliqué. Alors pour “gouverner” l’Union de la Sommellerie Française, son président Philippe Faure-Brac compose avec les contraintes sanitaires et leurs conséquences sur l’organisation de la vie associative. Ainsi, la finale du concours du Meilleur sommelier de France d’abord prévue en novembre dernier puis imaginée en février a été ensuite décalée au 13 juin.
Sauf que cette date est désormais réquisitionnée pour accueillir la phase finale du Meilleur jeune (moins de 26 ans) sommelier de France qui aurait dû se dérouler ces 28 et 29 mars à Rouen. Un report qui offre aux onze demi-finalistes plusieurs semaines de préparation supplémentaire.
Ce dont ont commencé à profiter les trois candidates qui espèrent ramener le titre sur les bords de la Méditerranée. Audrey Brugière, Aude Charrol et Dorine Launay font partie des six jeunes femmes bien décidées à succéder à Charlotte Guyot sacrée en avril 2019. Les deux premières ont notamment bien parcouru les vignobles du Gard et du Vaucluse faisant aussi halte dans une brasserie et chez un distillateur.

Un concours en guise d’entraînement

Cette fois, le temps d’une journée inspirée par l’atmosphère d’un vrai concours, elles ont retrouvé Dorine pour un entraînement organisé dans les murs du lycée hôtelier Bonneveine à Marseille. Et devant un parterre de sommeliers de tout premier plan et de formateurs réunis par Bastien Debono, finaliste ce cette épreuve en 2017 et chef sommelier du restaurant Yoann Conte.
Des épreuves écrites, des ateliers techniques, elles n’ont pas été épargnées !
“J’en suis sortie renforcée et rassurée aussi d’avoir un peu plus de temps pour poursuivre ma préparation, avoue Audrey Brugière. En fait le laps de temps entre l’annonce des sélectionnés et les épreuves était finalement assez court. Ce report de plus de deux mois est une bonne chose tout comme le fait d’avoir vécu cette journée dans les conditions exactes d’une demi-finale.” Un exercice qui s’est ajouté à une autre session de travail proposée à Nîmes dans le restaurant malheureusement désert de Michel Hermet qui se retrouvait un peu dans l’ambiance de 1992 lorsqu’il avait accompagné Stéphane Debaille vers le succès.

L’importance des détails

Des entraînements réguliers, Dorine Launay en vit également de son côté avec Christian Scalisi et Franck Thomas (Meilleur sommelier d’Europe 2000), ses formateurs il y a quelques mois encore. Contrariée par le report de la phase finale, elle a dû aménager un nouveau programme de travail qui ira crescendo jusqu’au mois de juin. Du rendez-vous marseillais elle a tiré beaucoup d’enseignements. “J’ai ciblé quelques points de détails qui pourront m’éviter de commettre de petites erreurs. Et si je me suis sentie à l’aise avec les accords mets-vins ou bien l’épreuve d’anglais, un autre atelier m’a permis de constater que je me laissais déstabiliser quand je ne reconnaissais pas directement une boisson. Cela ne doit pas me bloquer…”
Les deux mois de répit vont donc servir aux jeunes provençales et à tous les autres candidats pour affiner leur préparation et être prêts à découvrir le menu proposé par David Biraud, responsable pour la première d’un concours qu’il a remporté en 1998.

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Gaëtan Roussel, de la musique au vin et du vin à la musique

À l’occasion de la sortie de son nouvel album “Est-ce que tu sais ?”, l’ancien chanteur de Louise Attaque, Gaëtan Roussel, a accepté de nous parler de son amour du vin, un produit élaboré par des artisans qui travaillent comme lui “à la main” leurs compositions.

Vous avez participé à la création de l’atelier “Cinq sens” qui met en relation la gastronomie, le vin et la musique, quelle cuvée recommanderiez-vous pour accompagner votre nouvel album ?
Il y a un vin que j’aime beaucoup et que j’ai découvert il n’y a pas si longtemps, c’est celui de Nicolas Carmarans, dans l’Aveyron, avec deux cuvées en particulier “Mauvais temps” et “Fer de sang”, dont les noms ressemblent d’ailleurs un peu à des titres de chansons… Il a une couleur rubis et en même temps un peu transparente, il est léger et doit à peine atteindre 12 degrés, et pourtant il a une présence, une amplitude. C’est aussi un peu l’idée de cet album que j’ai voulu assez large, avec de l’air à l’intérieur. C’est un vigneron qui n’a pas un très grand domaine (4 hectares). On reste à l’échelle humaine, et je pense que grâce à cela, à travers son vin, il y a beaucoup de sa personne, il a gardé un esprit artisanal. C’est un peu comme ça que j’ai composé ces chansons, c’est vraiment un album que j’ai fait à la main, avec comme simple outil, un morceau de bois, ma guitare acoustique qui a 76 ans !

Est-ce qu’il vous arrive de prendre un verre de vin pour vous aider à trouver un peu d’inspiration lorsque vous travaillez ?
Je trouve que le vin rouge est un bon partenaire de studio, il accompagne bien cette ambiance cosy et tamisée. En revanche, lorsque vous avez réalisé un beau concert et que vous avez l’impression d’avoir tout donné sur scène, une bière fraîche est la bienvenue.

Avez-vous déjà écrit des chansons à la terrasse d’un café ou dans un bar à vins ?
J’ai toujours trouvé que le rapport au temps quand on écrit une chanson n’est pas le même que lorsqu’on écrit une nouvelle, où il faut se mettre devant un ordinateur, s’isoler, accepter que le temps s’écoule sans trouver grand-chose. Lorsque j’ai écrit “Je me jette à ton cou” qui est construite autour d’une anaphore “Quand les larmes montent, quand le moral descend…”, à partir du moment où j’ai trouvé cette idée et la mélodie, même si je n’avais pas tous les vers, je pouvais continuer à l’écrire, cela pouvait tourner dans ma tête, c’était enclenché. À ce moment-là, je sais ce que je veux dire, je peux me retrouver à aller flâner, à m’asseoir sur la terrasse d’un café pour regarder les gens qui passent. Je trouve cela inspirant. Il y a un endroit où j’aime bien aller à Paris, c’est chez mon ami Yves Camdeborde (le Comptoir de la Terre) où on peut prendre quelques tapas debout avec un verre de vin. Il y a la cave de Belleville aussi, vous êtes au milieu des bouteilles, vous grignotez un petit saucisson, vous n’avez qu’à vous lever pour choisir le vin que vous avez envie de découvrir.

À quoi ressemble votre cave ?
Elle n’est pas si grande. Je m’amuse à dire que je n’ai pas des vins de garde, mais des vins de “sauvegarde”. Quand j’ai envie d’un vin, je suis plutôt du genre à aller chez le caviste voir s’il n’a pas une nouveauté à me proposer. Je n’amasse pas les grands crus chez moi, je suis davantage dans une démarche de découverte que de collection. Et lorsque nous trouvons avec mon épouse quelque chose qui nous plaît, nous allons en acheter quelques bouteilles pour rester dessus un petit peu, il va nous tenir compagnie un moment, jusqu’à la prochaine découverte… Même si nous notons tout et que nous aimerions un jour constituer une cave plus ambitieuse.

Comment vous est venue votre passion pour le vin ?
Progressivement. Quand j’étais enfant, j’habitais le Loiret, mon père m’emmenait souvent dans le Sancerrois acheter des bouteilles. J’aime beaucoup les blancs secs, frappés, j’adore aussi le Menetou-Salon, j’avais un camarade de Louise Attaque qui en prenait toujours. Mais je n’ai pas reçu une éducation à proprement parler autour du vin, sur les cépages etc. C’est venu par curiosité, avec des rencontres, je vous ai parlé d’Yves Camdeborde tout à l’heure, c’est par lui que j’ai fait la connaissance de certains vignerons comme Eric Pfifferling à Tavel, qui fait des rosés magnifiques sur le domaine l’Anglore…

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Pardi ! L’évidence du spritz occitan pour l’apéritif

La Maison Antech et le vigneron Aurélien Carrelas s’associent pour proposer “Pardi!”, un cocktail apéritif naturel, une alternative locale aux mélanges effervescents orangés industriels.

Natif de Luc-sur-Orbieu, Aurélien Carrelas est vigneron à Saint-Paul de Fenouillet, mais aussi distillateur dans les Corbières. Après avoir ressuscité le tonifiant à base de quinquina Kina Karo, il a rencontré Françoise Antech et son fils Baptiste, de la célèbre maison limouxine éponyme. L’idée : créer un spritz à la française pour l’apéritif.

De leur réflexion, est né Pardi! L’exclamation occitane exprime l’évidence d’un apéritif identitaire et naturel, issu du mariage heureux d’une liqueur locale aux accents orangés à des bulles d’appellation limouxine, comme réponse aux cocktails industriels.

La liqueur de Pardi! est issue “d’une macération de huit plantes dont les oranges douce et amère, le gingembre, la camomille et le citron. Je garde le secret des autres ingrédients !”, explique Aurélien Carrelas dans un sourire.

Françoise et Baptiste Antech ont choisi leur Blanquette Extra-Brut pour accompagner la liqueur et obtenir ce délicieux cocktail. Testé pour vous, c’est un régal, où les accents fruités des agrumes rencontrent de délicates notes florales ; la retenue sur le sucre et l’authenticité aromatique font une différence incommensurable avec les versions industrielles. A tester sans attendre !

Pardi! est vendu dans un coffret (une bouteille de liqueur, deux bouteilles de Blanquette) au design coloré et graphique à la Kandinsky, qui appelle la joie, la fête et la convivialité. “Disponible dès le printemps, sur les plages, sur les terrasses, dans toutes les bonnes paillotes ou chez les cavistes clairvoyants”, précisent les deux maisons co-autrices. On adore et on a hâte !

49 € pour le coffret 2 blanquettes + la liqueur

https://pardi-spritz.com/pardi/

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Château Marsau 2018 : le beau à fleur de peau

Comment conjurer le “signe indien” d’un millésime marqué par l’épreuve d’une pression mildiou hors norme, sanctionné par des rendements quasi confidentiels et qui, pourtant, a donné naissance à des vins lumineux ? Au château Marsau, Anne-Laurence et Mathieu Chadronnier ont trouvé la solution.

Le souvenir est encore vivace, à fleur de peau, presque douloureux. Anne-Laurence Chadronnier se remémore ce millésime 2018, cette vague de mildiou impitoyable qui s’est abattue sur le vignoble. C’était sa première année de conversion en bio ; le pire scénario s’est alors produit, ne concédant que très peu de chance à la récolte et ne laissant à la vigneronne que le goût amer de l’impuissance. Mais passé le temps de la sidération, est venu celui de la révolte et du rebond.

Château Marsau, nous vous en avons déjà parlé. C’est cette propriété de près de 14 hectares en appellation Francs-Côte-de-Bordeaux, appartenant à Anne-Laurence et Mathieu Chadronnier. Une pépite de la rive droite qu’Anne-Laurence connaît sur le bout des doigts depuis 2012, et qu’elle pilote pleinement depuis bientôt quatre ans.

Comme dans certains arts martiaux qui s’appliquent à utiliser la force de l’adversaire pour la convertir à son avantage, Anne-Laurence et Mathieu ont choisi de transformer cette épreuve douloureuse d’un millésime 2018 supplicié en quelque chose de beau. À tout point de vue. Au niveau du contenu, tout d’abord : en chouchoutant les vins “comme jamais” serait-on presque tenté de dire, au gré d’un tri énorme, de vinifications sans soufre en mini-cuves (il faut dire que les rendements étaient inférieurs à 10 hl/ha). Au niveau du contenant, aussi : en demandant à Ronan Bouroullec, célèbre designer travaillant avec son frère Erwan, de signer des étiquettes exceptionnelles pour un millésime exceptionnel. Les frères Bouroullec – si cela ne vous avait pas semblé évident – sont originaires du Finistère, à quelques encablures salées de la terre natale d’Anne-Laurence. Une affinité naturelle s’est créée (la Bretagne a ce pouvoir, entre autres) et Ronan, partageant une sensibilité commune avec les Chadronnier, a conçu trois étiquettes inédites pour “habiller” ce 2018. Toutes en courbes et volutes épurées, elles déclinent trois couleurs, le marron pour la terre, le vert pour le végétal, le rose pour le fruit. Un manifeste esthétique qui donne à ce millésime 2018 des atours d’oiseau rare.

Rare, il l’est, par définition. 14 000 bouteilles, 700 magnums, quelques grands formats… Autant dire que les amateurs ne devront pas tarder à en mettre en cave. D’autant que le vin est de toute beauté. S’avançant comme une vague parfumée, sur un éclat de fruit net et frais, il déroule une remarquable sensualité, caressante, juteuse et charnue. Des tanins élégants, un toucher de bouche velouté, soutenu par une trame presque crayeuse malgré le caractère éminemment argileux du terroir. Ce 100% merlot est un vin d’une grande finesse, concentrant toute l’attention et la méticulosité dont il a été l’objet. Pour Château Marsau à tout point de vue, c’est un millésime charnière, qui malgré les difficultés, n’a pas remis en cause la marche vers le bio. Quant à la collaboration avec les frères Bouroullec… d’autres idées seraient dans les tuyaux.

Château Marsau 2018, vendu en coffret 3 bouteilles, prix indicatif 100 euros.

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Perrier-Jouët : dans le secret des assemblages avec Séverine Frerson

La Maison Perrier-Jouët a une façon bien à elle de mettre en lumière le chardonnay dans ses cuvées, avec un style floral, aérien mais qui reste précis. Séverine Frerson, la nouvelle chef de cave, nous a invité à une dégustation de vins clairs pour mieux comprendre l’esprit de ses assemblages.

Séverine Frerson, nouvelle chef de cave de la Maison Perrier-Jouët, nous a invité à déguster les vins clairs des vendanges 2020. L’occasion de se faire une première idée de la qualité du millésime mais aussi de plonger dans le style ciselé de cette pépite sparnacienne. “Le champagne Perrier-Jouët est construit autour de trois mots. Le premier c’est le chardonnay. Il y a tout un travail autour de ce cépage pour que son expression se retrouve à travers l’ensemble des cuvées. Le deuxième c’est floral, les vins nous font voyager de l’aubépine à la pivoine, la rose, jusqu’au chèvrefeuille, la fleur de cerisier… Cette dimension imprègne même la bouteille Belle Époque sur laquelle Émile Gallé a dessiné en 1902 une anémone du Japon ! Enfin, le troisième mot, c’est nature. Même si nous ne produisons pas à proprement parler des vins ‘natures’, il n’y a pas d’artifice et nos vinifications sont très peu interventionnistes”.

Pour nous éclairer sur sa sélection de chardonnays, Séverine commence par un vin clair de la parcelle historique les Bourrons Leroy, acquise par Charles Perrier en 1850. Nous sommes à Cramant, sur la partie plate, là où la craie est presque affleurante. Sur ces vieilles vignes plantées dans les années 1950, la charge de raisin est moins importante, favorisant une maturation plus rapide : elles ont été cueillies le 19 août, deux jours après les premiers coups de sécateur en Champagne ! Le nez est effectivement floral, on repère bien le chèvrefeuille mais aussi les agrumes, le pamplemousse, la mandarine. Le vin en se réchauffant laisse ensuite apparaître un côté poivré, le gingembre frais… La bouche est droite, avec une jolie longueur, la texture est satinée. La chef de cave a décidé de le mettre en réserve et imagine déjà son profil dans cinq ans : “nous serons sur des arômes d’abricot, gorgés de soleil avec une chair et une texture précises, un côté un peu suave. Il gardera ses aspects floraux, le chèvrefeuille ira vers la pivoine blanche. Le caractère épicé aura évolué vers des arômes de cumin et de gingembre confit, des notes vanillées, miellées”.

Séverine nous emmène ensuite sur une parcelle voisine. Le sol est similaire mais les vignes sont plus jeunes (années 1980) et ont été vendangées plus tard (24 août). Le contraste et la complémentarité sont saisissants. Le vin a moins de longueur et on ne retrouve pas la même expression florale. En revanche, il a davantage de concentration aromatique, avec beaucoup de chair, de la pêche blanche… Même si on parle moins de structure pour les chardonnays et que l’on attribue d’habitude cette qualité au Pinot noir, Séverine a besoin de vins avec une ossature comme celui-ci, pour que les pinots noirs ne l’emportent pas ensuite à l’assemblage. Avec le réchauffement climatique, un dernier enjeu dans ses compositions consiste à conserver la fraîcheur, surtout sur une année aussi chaude que 2020. Séverine nous présente un vin clair de Chouilly, sur lequel elle a décidé de bloquer la malolactique, pour conserver un peu d’acide malique. Une nouveauté pour cette maison qui pratiquait jusqu’ici des “malos” systématiques !

Des pinots noirs qui “chardonnisent…”

Pour les Pinots noirs, à l’inverse, on recherche des raisins “qui chardonnisent”, avec un peu moins d’épaule, plus fins, toujours pour éviter d’écraser le chardonnay. D’où cette passion pour le flanc Nord de la Montagne. Séverine nous présente un vin de Mailly où la Maison possède 10 hectares. Les notes de fraise et de mûre sauvages sont magnifiques. Perrier-Jouët réserve ses pinots plus structurés (Aÿ notamment) pour le rosé : il faut pour la proportion de blanc de noirs une certaine ossature, c’est elle qui portera le vin rouge ajouté.

Enfin, viennent les meuniers. Sur cette année précoce, l’habitude des vignerons de les cueillir tardivement a pu parfois les laisser dériver vers des arômes compotés. Toujours attentive aux maturités, la maison a su les cueillir assez tôt. La parcelle de Dizzy que nous découvrons en témoigne : nous sommes encore sur les fruits du verger. La parcelle de Damery qui suit est un peu plus évoluée : on arrive sur la tarte tatin, la pomme un peu cuite, mais qui a conservé son acidité, sa fraîcheur et sa structure.

Pour terminer cette dégustation, Séverine nous propose une soléra débutée en 1995, utilisée pour ses liqueurs de dosage. On change ici de registre, avec des arômes de tabac, d’encens et même de Cognac. Un joli clin d’œil, lorsque l’on sait qu’il y a quelques années encore, les Maisons utilisaient justement cette eau de vie si délicatement parfumée dans leurs liqueurs de dosage.

www.perrier-jouet.com

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126 d?cembre 2020

L’histoire se r?p?te, mais bien malin celui qui peut en pr?dire la fin. La crise sanitaire et ses impacts

Sauternes : coup de jeune au château d’Arche

Ce deuxième grand cru classé 1855 à Sauternes connait une révolution spectaculaire qui révèlE les objectifs ambitieux du château. Après l’inauguration du nouveau chai en 2019, l’année 2020 aura vu l’arrivée d’une nouvelle équipe. En 2021, ce sera la déclinaison d’une nouvelle gamme de vins qui contribuera à mettre le château d’Arche sur sa nouvelle trajectoire et à affirmer davantage sa nouvelle identité.

Trois nouvelles recrues sont chargées d’impulser cette nouvelle dynamique.
Caroline Rihouet. Cette hospitality manager & communication est licenciée de l’Ecole Vatel de Bordeaux, cursus management en hôtellerie et tourisme. Après un tour du monde durant deux années nous la retrouvons au château Soutard (grand cru classé à Saint Emilion) pendant 7 ans sur un poste de responsable communication, œnotourisme et hospitality. Elle était chargée de “piloter la stratégie globale de communication pour garantir la premiumisation de la marque et des vins du groupe”. Son expérience d’ambassadeur de la marque en France et à l’étranger n’ont pas manqué d’intéresser le château d’Arche.
Mathieu Arroyo. Il est le nouveau Directeur Technique. Arrivé au château en août 2020, il remplace Jérôme Cosson parti à la retraite. Ce diplômé de la faculté d’œnologie de Bordeaux acquiert de l’expérience en étant notamment responsable technique pendant neuf ans au château Couhins (cru classé de Graves) qui est la propriété de l’INRAE : ce laboratoire haut de gamme lui permet d’acquérir une solide expérience et le goût de l’expérimentation avant d’être recruté par le château d’Arche. Matthieu Arroyo s’amuse de revenir à Arche, “là où je me suis marié”. Il a commencé ici un travail de fond en contribuant fortement à la nouvelle définition des vins du château d’Arche. Les expérimentations ne lui font pas peur et sont même encouragées par le nouveau Directeur Général Didier Galhaud. Parmi ses nombreuses missions, il “doit préparer la cohabitation de l’activité viticole aux abords du château avec celle du futur hôtel qui recevra des clients”, nous dit Didier Galhaud : des clients qu’ils faudra préserver de certaines nuisances sonores notamment. Et de tester, entre autres, un nouveau tracteur électrique. La conversion en bio, “qui sera achevée pour 2024”, fait aussi partie de ses nombreuses missions. Nul doute que ,dans sa feuille de route, la liste des objectifs à atteindre est ambitieuse mais aussi originale : un challenge qui motive Mathieu.

Enfin, pour piloter l’ensemble de ces projets, un poste de Directeur Général Délégué a été créé. C’est Didier Galhaud qui a été recruté. La tâche qu’il a à accomplir est immense mais ne fait pas peur à ce multi-diplômé. On mentionnera qu’il a été, dans le monde du vin, gérant de PME, puis Directeur commercial, mais surtout qu’il a occupé, pendant ces dernières 14 années, au château Guiraud (1er grand cru classé 1855 à Sauternes) divers postes qui feront de lui un homme d’expérience connaissant tous les domaines. C’est bien cela qu’il fallait pour piloter les 53 ha du château d’Arche appelé à être un fer de lance du Sauternais et à consolider sa marque premium. Didier Galhaud souhaite “de l’innovation dans la tradition en utilisant des moyens nouveaux pour anticiper sur l’avenir”.

La nouvelle gamme : aller plus loin dans l’identité

Le nouveau chai très moderne permet de lancer de nouveaux produits sous la houlette de Mathieu Arroyo et de Didier Galhaud. La déclinaison d’une gamme se fait généralement en s’appuyant sur le nom du château classé et de son produit phare. Mais là où certains s’arrêtent à cette étape pour promettre la qualité, on estime à Château d’Arche que cela ne suffit pas pour asseoir la gamme et acquérir une notoriété. Il faut une identité forte pour chacun des produits, avec des caractéristiques propres et bien définies pour qu’elles ne laissent pas le dégustateur indifférent et qu’elles l’interpellent. En clair, il faut que la promesse de qualité soit tenue. Pour cela il fallait s’en donner les moyens par l’acquisition d’une qualité supérieure à la moyenne des vins produits. Les vins de la nouvelle gamme du château d’Arche sont originaux et séduisent par leur originalité et leur élégance.

• A, château d’Arche Bordeaux rosé 2020. C’est bien entendu un bordeaux mais avec un petit plus qui le démarque. Et, dans notre cas, c’est un rosé… boisé ! Le secret : “3 mois de barrique pour ce rosé qui entre dans 10% de l’assemblage”. Pour Matthieu, “c’est l’élément différenciant”. Il y a un risque à boiser du rosé mais celui-ci est parfaitement dosé et apporte en bouche une touche d’originalité grâce à son très léger grain. Suffisamment pour en faire un vin de repas qui intégrera plus que d’autres la capacité à s’allier à des plats (pour lesquels on servirait d’habitude du rouge) mais tout en restant frais et suffisamment léger pour être aussi un rosé de plaisir : un subtil équilibre. Ce rosé tape juste, en élargissant sa palette d’utilisation tout en restant haut de gamme. Une couleur pâle, très légèrement saumonée. Nez de bonbon anglais. Bouche légèrement poivrée, et une légère sucrosité résiduelle. Une allonge et de l’éclat.
• A, château d’Arche, Graves rouge 2020. 95% de merlot. “Les vignes sont sur un terroir qualitatif, sur un socle calcaire, recouvert d’une mince couche d’argile, avec de la pente, entouré de bois”. 1/3 cuve + 1/3 barrique d’un vin + 1/3 barrique neuve. Le nez est très expressif, sur le cassis, la framboise, et la pivoine, mais aussi la cerise. On trouve en bouche des tanins soyeux qui en font un vin qu’on peut boire jeune mais qui peut être attendu cinq ans environ.

• A, château d’Arche Bordeaux blanc sec, 2020. Pour Matthieu, ce blanc “doit représenter l’encépagement du sauternais” (le sémillon très majoritairement). Il est “l’incarnation de la redéfinition du blanc d’Arche”. Et si on a l’habitude d’utiliser le botrytis pour faire du liquoreux, “on l’utilise aussi pour faire du sec. L’attaque du botrytis provoque un mécanisme de défense de la part du raisin pour multiplier ses précurseurs aromatiques” (voir photo). Le résultat d’un travail d’analyse scientifique qui sert l’expression aromatique de ce vin. Arômes de fleurs blanches. 90% sémillon (d’où une bouche ample et grasse), sur des notes d’agrumes (citron, pamplemousse). Et un élevage particulier : “60% de la récolte est faite en barrique et sur ces 60%, 20% en barrique neuves et 80% en barriques d’un vin de sauternes”. Un assemblage très étudié. La notoriété de ce vin blanc sec, typique du sauternais, s’est bien sûr faite sur leur encépagement (sémillon) qui rompt avec la tradition du sauvignon majoritaire en bordelais Mais il propose de déplacer le curseur de la vivacité vers la rondeur, le gras, la finesse et une complexité subtile. Ce vin blanc sec entre dans la très renommée et si caractéristique catégorie des blancs secs haut de gamme des crus classés de Sauternes. Il est de tradition de les nommer par la première lettre du château : S de Suduiraut, G de Guiraud, Y d’Yquem… Il faudra compter désormais sur le A de Arche. Château d’Arche applique ce procédé à ces deux autres vins, le rosé et le rouge, comme pour rappeler qu’il sont positionnés sur de la haute qualité dans leur appellation. La notoriété des blancs secs du Sauternais s’est bien sûr faite parce qu’elle est adossée à la marque mais aussi parce que la promesse de qualité est au rendez-vous. Une promesse qui est tenue pour ces trois vins.

On retiendra également un surprenant vin blanc effervescent (méthode champenoise) dans lequel on trouvera 8% de Sauternes dans l’assemblage et aussi, “Soleil d’Arche” le second vin du château, un Sauternes qui se vend très bien, conditionné dans une très belle bouteille carafe, originale.
Château d’Arche n’en a pas fini avec son parcours vers l’excellence. Il faudrait parler du projet d’hôtel très haut de gamme, de la conversion en bio, de l’éthique qui anime le travail de la terre et de son ambition d’augmenter la surface du vignoble. Autant d’arguments qui militent pour un château d’Arche qui contribue à éclairer de sa belle lumière le Sauternes.

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