Un projet corse collectif « Ile de Rosé »

La Corse relance la démarche collective « Ile de Rosé ». Une initiative inédite qui rassemble différents opérateurs dans le but d’élaborer une cuvée de rosé corse valorisée en IGP Ile de Beauté.

Le projet regroupait à l’origine les quatre coopératives de l’île et une cave particulière, celle d’Eric Poli, également président de l’interprofession des vins de Corse « mais le chantier de grande envergure était peut-être trop ambitieux même si la problématique de l’entente entre les participants faisait partie du challenge, reconnaît Franck Malassigné, directeur commercial des Corsican-groupe Uval. Après avoir communiqué haut et fort sur le projet et sorti les premières bouteilles au printemps 2017, le bataillon de départ a perdu des troupes, les caves de Saint Antoine et l’Uvib d’Aléria ayant finalement abandonné l’idée. Les discussions se sont enlisées et l’Ile de Rosé est restée dans les cartons… jusqu’à ce qu’Eric Poli, pour la coopérative agricole Terravini, relance cette belle idée collective avec les deux autres coopératives vinicoles, Corsican-groupe Uval et Aghione basées sur la côte orientale.
« La mutualisation est primordiale dans l’histoire, estime Franck Malassigné. Chacun opère une sélection des vins pour en faire un fleuron représentatif. Les assemblages et le conditionnement se font chez nous mais ça pourra tourner pour alléger la charge. » Le jus est un assemblage à 60% sciaccarellu, cépage-phare de l’île notamment pour les rosés, complété de niellucciu, grenache et cinsault. Le « profil produit » misant sur le « sciacca » – prononcer chaka – a été défini en collaboration avec le CRVI (Centre de recherche viticole de Corse) dans le cadre d’un cahier des charges pour afficher une identité corse. D’un rose pêche pâle, il se veut fruité, gourmand, légèrement épicé et « craquant » (la signification du cépage sciaccarellu en corse), à marier à un prisuttu (jambon cru local), des sushis, une salade de fruits de mer…

Un rosé valorisé en flacon diamant

Le flacon n’a pas changé (la bouteille gravée avait été conçue pour ce projet) mais la silhouette fuchsia de la Corse a été remplacée sur les étiquettes à encres éco-labellisées par un paysage à graphisme d’illustration rétro. La cuvée est certifiée HVE3 (Haute Valeur Environnementale). Elle est accompagnée d’engagements environnementaux comme la diminution drastique des traitements de synthèse, l’utilisation de consommables biodégradables et d’un bouchon en liège corse (Diam bouchage), la réduction de 40% des sulfites, le traitement sélectif des déchets.
Autre changement, une meilleure valorisation : le rosé qui bénéficiera d’un commercial dédié sera proposée à 8,90 € (7,90 € en promotion) avec un lancement sur le site du Petit Ballon et pour la foire aux vins de printemps de Vente Privée. Elle sera également proposée dans les bars, les restos et la boutique des bateaux Corsica Ferries « pour qu’elle devienne une vitrine de la Corse auprès des touristes ». Ile de Rosé a par ailleurs déjà séduit un importateur californien et les premières palettes vont traverser l’Atlantique. « 2021 sera une année test et le phœnix pourrait bien renaître avec l’idée de le faire sortir de la Corse en le commercialisant uniquement à l’extérieur de l’île, notamment en grandes surfaces sur le continent et à l’export, précise Franck Malassigné. C’est un projet collectif engagé et unique et une marque fédératrice qui va nous aider à travailler sur les mentalités ; l’enjeu est aussi important socialement qu’économiquement. »

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La Société Jacques Bollinger acquiert Ponzi Vineyards

Après la famille Drouhin et la maison Bouchard Père & Fils, c’est au tour de la Société Jacques Bollinger de jeter son dévolu sur les vignes de l’Oregon. Le groupe vient d’annoncer l’acquisition de la fameuse Winery Ponzi Vineyards. La holding familiale devient propriétaire de 14 hectares de vignes et des infrastructures viticoles et d’œnotourisme. La famille Ponzi conserve un vignoble de 40 hectares, sous contrat d’approvisionnement avec le domaine. Terre de vins est allé rencontrer Étienne Bizot, le président de la SJB, pour en savoir davantage.

La Société Jacques Bollinger mûrit-elle ce projet d’investissement dans un domaine aux Etats-Unis depuis longtemps ?
Le marché américain ne représente que 5 % de nos ventes en valeur, alors que c’est le premier marché d’exportation du champagne, des vins de Sancerre, de Bourgogne et du Cognac. Cela fait un certain temps que nous menons une réflexion pour y renforcer la présence de nos produits. Nous avons convenu que la meilleure façon était de se porter acquéreur d’un domaine américain, pour donner une image moins franco-française à notre groupe familial. Nous avons visité plusieurs domaines depuis cinq ans sur la Côte Ouest, que ce soit en Californie ou en Oregon. Nous avons choisi l’Oregon, parce que c’est une terre de pinots noirs, un cépage fortement inscrit dans notre ADN, que nous cultivons déjà aussi bien en Bourgogne qu’en Champagne. Le climat nous a ensuite séduit, l’Oregon se situant à peu près aux mêmes latitudes, avec des hivers humides et froids et des étés chauds.

Il était important pour nous de ne pas réécrire une histoire mais de capitaliser sur un « legacy domaine », un domaine qui ait déjà un héritage historique. Or, le domaine Ponzi a une très belle histoire. Dick et Nancy Ponzi faisaient partie de ces pionniers qui ont planté du pinot noir dans les années 1970 en Oregon. J’avoue que ces entrepreneurs américains qui, en partant de rien, ont réussi à développer un terroir de pinot noir aujourd’hui reconnu, me fascinent. Depuis, les Français sont venus et la famille Drouhin de Bourgogne a fait un travail magnifique qui a beaucoup aidé la région. D’une certaine façon, cela prouve que tous ceux qui croient au pinot noir, croient en l’Oregon, à son climat, à son terroir.

La perspective du réchauffement climatique vous a peut-être incité à penser que c’est un terroir plus sûr que la Californie ?
Oui, cela été l’occasion de longs débats en interne. En Oregon, il y a eu des feux l’été dernier et le domaine Ponzi a d’ailleurs été un peu impacté. Mais le climat est plus tempéré. Fin décembre – début janvier, par exemple, il y avait de la neige à Portland alors qu’en Californie, il faisait assez doux.

Comment ce nouveau domaine va permettre concrètement de renforcer votre présence aux États-Unis ?
C’est un marché très compliqué. Le distributeur qui est l’équivalent d’un grossiste en France représente la clef dans la chaîne de valeur. Il travaille avec de nombreuses marques, si bien qu’il est difficile de mettre du focus sur celles qu’on lui confie. Ce qui va un peu changer et qui nous intéresse, c’est que nous allons recruter un nouveau patron pour ce domaine. Ce CEO va être notre compétence interne sur le marché américain. Grâce à lui, nous serons sûrs d’investir sur les bons leviers pour y développer nos affaires et nous rapprocher du consommateur, soit au travers des ventes en direct – il faut savoir que Ponzi vend en direct un tiers de sa production – soit au travers des distributeurs, des cavistes etc.

Ponzi Vineyards est distribué par le même importateur, la société Vintus, que les marques de la société Jacques Bollinger aux États-Unis, cela va vous donner plus de poids auprès de cette entreprise qui aura davantage intérêt à mettre en avant vos marques ?
Cela n’a pas été un élément déterminant mais c’est la cerise sur le gâteau. Cela renforce effectivement notre partenariat avec notre importateur américain. Nous l’avons d’ailleurs un peu associé à nos réflexions et mis assez vite dans la confidence pour qu’il nous donne son avis. Ce n’est pas notre société, elle est indépendante et a vocation à le rester, néanmoins il est certain que nous y pesons désormais un peu plus lourd.

Est-ce que le prix de la vigne en Oregon est plus attractif qu’en Bourgogne ?
En Bourgogne, la valeur des vignes peut beaucoup varier ce qui rend les comparaisons difficiles. En Oregon, le prix est plus uniforme. En revanche, on peut dire qu’en Oregon, les prix sont moins élevés qu’en Californie.

Dans l’Oregon, il y a un côté vigneron comme en Bourgogne, alors que la Californie est davantage un vignoble de marques ?
Absolument ! Cela ne signifie pas que ce soit mieux dans un sens ou dans un autre. L’Oregon a ce côté vigneron qui nous séduit beaucoup, parce que c’est ce que nous sommes d’abord et avant tout, des vignerons produisant des grands vins. Il faut qu’on les rende accessibles aux consommateurs. L’Oregon a commencé un peu plus tard que la Californie et c’est ce côté vigneron et authentique qui nous intéresse.

Vous souhaitez maintenir une certaine continuité avec la famille Ponzi ?
Luisa Ponzi restera directrice des vignes et de la vinification. Elle est passionnée par sa région et très douée techniquement. Parfois il faut savoir inscrire les changements dans la continuité.

Vous envisagez des échanges techniques entre vos winemakers français et américains ?
Bien-sûr ! Ils travaillent en Bourgogne et en Champagne les mêmes cépages, le pinot noir et le chardonnay, et sont confrontés à des défis communs, comme le changement climatique. Il faut des échanges sur le terroir, les porte-greffes, les clones… Lorsque nous avons évoqué le sujet avec Luisa, elle était enchantée, parce que c’est ce dont elle rêve ! Elle a d’ailleurs elle-même travaillé en Bourgogne il y a quelques années.

www.sjb.fr

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Cognac : « La sécheresse a limité les dégâts »

Il faut être prudent avec le gel mais l’adage « plus de peur que de mal » résonne aux quatre coins du vignoble cognaçais. Sur certaines zones la température est descendue jusqu’à -4 degrés voire davantage mais la sécheresse semble avoir fait éviter une catastrophe. Dans la zone de l’AOC la plus proche du bordelais, le long de l’estuaire, le discours n’est pas alarmiste.

« Il y a quelques dégâts suite à la deuxième nuit avec des températures à -2 degrés. Nous n’avons pas de moyens de défense. Les zones détruites sont sur les parties du vignoble du côté de Saint-Dizant-du-Gua – sur les hauteurs de Lorignac, ça n’a pas gelé –, je dirais à la louche 10% de pertes », explique Christian Thomas, le propriétaire du château de Beaulon.
Au cœur de l’appellation, en Grande Champagne, c’est davantage la première nuit qui a laissé des traces. À la maison Frapin, le thermomètre est descendu à -2,5 mais sous abri et ce sont les fonds de parcelle qui n’ont pas résisté. « Mais l’avantage est que ces parcelles les plus basses étaient celles qui avaient le cycle végétatif le moins avancé, du coup les bourgeons sont encore protégés. Par ailleurs, la sécheresse a limité considérablement les dégâts, ce même froid avec de l’humidité aurait fait très mal », souligne Patrice Piveteau, le directeur général de la maison Frapin, sise à Segonzac. Il faudra attendre un état des lieux du BNIC (Bureau National Interprofessionnel du Cognac) car les dégâts causés par le gel demandent toujours un peu de temps pour avoir des estimations précises. Ce qui est certain, c’est que les tours antigel (sortes d’éoliennes) ont eu l’effet escompté chez les vignerons qui se sont équipés : « Chaque tour protège 5 hectares, c’est efficace. Lle problème vient du voisinage qui se plaint du bruit, c’est vrai qu’on dirait un hélicoptère tournant dans les parages mais ça ne fonctionne que quelques nuits par an », explique le viticulteur de Brie-sous-Archiac, Jean-Baptiste Delannoy. Cette nuisance éphémère est toujours préférable aux photographies postées sur les réseaux sociaux dans lesquelles des vignes sont en train de brunir. Elles reflètent une année de travail mise à sac en quelques heures.

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Œnotourisme : le Covid, agitateur d’idées

Ce mercredi 7 avril, le Club des Trophées de l’Œnotourisme organisait un débat retransmis en téléconférence sur le thème « Œnotourisme : le COVID agitateur d’idées. Ils sont prêts pour la relance ». Le débat se déroulait au château Le Sartre, en appellation Pessac-Léognan, et était animé par Rodolphe Wartel, directeur général de Terre de Vins.

La crise sanitaire a fortement impacté l’activité œnotouristique, obligeant les acteurs du secteur à être créatifs et à inventer des solutions pour compenser la baisse de fréquentation. Trois témoins ont apporté leur retour d’expériences sur l’adaptation, souvent ingénieuse, à laquelle ils ont dû se plier : M. Sébastien Labat (Bernard Magrez Grands Vignobles, au titre notamment de l’incubateur de start-up du vin hébergé au château Le Sartre) et M. Stéphane Tillement (Wine Paths), tous deux présents au château le Sartre et auxquels s’est jointe Mme Caro Feely (château Feely à Saussignac en Bergeracois – Grand prix d’or 2019, catégorie Pédagogie et Valorisation de l’environnement), qui intervenait depuis la Dordogne. Une trentaine de participants s’étaient connectés afin d’entendre leurs témoignages et poser leurs questions.

Une digitalisation de l’œnotourisme

Petite propriété en biodynamie, Caro Feely du château Feely a fait évoluer avec ingéniosité son offre œnotouristique « en essayant d’être pédagogique ». Si la digitalisation du parcours au sein de la propriété existait déjà avant la crise sanitaire grâce à des pod animés par QR codes, c’est la création « d’évènement virtuels » qui constituait la nouveauté de ces derniers mois : une soirée rosé par exemple, mais aussi des formations. « Nous avons une large gamme de vins ce qui nous donne l’opportunité de former les gens sur différents styles. Tout en anglais. 8 modules, pour une douzaine de vins. »

Stéphane Tillement a créé lui il y a cinq ans Wine Paths, un site qui crée sur mesures des voyages au sein des vignobles et châteaux prestigieux. L’objectif est de « mieux faire connaître les activités œnotouristiques des propriétés viticoles haut de gamme ». Le site concentre ce qui se fait de mieux dans les régions viticoles pour les proposer aux clients voyageurs : châteaux, agences réceptives, hébergement. En tout 200 propriétés et distilleries à travers le monde. « La clientèle est éclectique grâce à internet :  50 % viennent des États-Unis et du Royaume Uni. À la sortie du premier confinement, on a proposé à nos partenaires de les mettre en avant sur Facebook. On a 5 000 followers pour chaque évènement. Depuis, nos châteaux-clients souhaitent faire des lives sur leurs propriétés. On envoie des bouteilles et on organise la visite virtuelle du château qui finit par la dégustation commentée. » Et depuis un an, « on a 200 000 clients potentiels qui nous ont suivis. Cela a donné envie à nos clients d’aller visiter les propriétés. » Et sur l’apprentissage et le coût de ce virage numérique ? « On a appris les lives et les problèmes de wi-fi, on a démarré avec un téléphone. Il y a eu zéro investissement : ça a fait vibrer mes collaboratrices d’avoir fait tout cela. »

Une nouvelle clientèle

Une méthode qu’a développée également Bernard Magrez, propriétaire de 42 châteaux dans 9 pays, avec le château Pape Clément et que Stéphane Labat nous décrit : grâce à nos Facebook lives, au cours desquels on commente deux vins expédiés préalablement aux clients, on a capté une nouvelle clientèle. » Quant à l’incubateur de start-up du vin au château Le Sartre, Sébastien Labat raconte l’aventure des 31 candidats sélectionnés. « Le château le Sartre a été acheté en 2017. À partir de mars 2020, décision a été prise de transformer le château en incubateur de start-up : des sociétés dont l’activité est basée sur l’œnotourisme. » Par exemple « l’agence française de réalité virtuelle a créé une visite virtuelle à 360° du château Pape Clément. L’intérêt pour pape Clément est réel, mais le win-win est orienté vers l’aide aux entrepreneurs. C’est une action de mécénat très forte. »

Des initiatives durables ?

Stéphane Tillement souhaite conserver ces lives : « Il y aura une queue de comète. » Caro Feely ne doute pas : « Que va-t-il se passer à partir de mai ? Nous avons l’esprit pour continuer. Tout cela nous a permis de garder le moral et des choses vont continuer. Développer la partie virtuelle, c’est un investissement assez important en temps, mais le confinement nous a donné ce temps. On a pris un contrat Zoom (outil de téléconférences, ndlr) pour les évènements : ce sont quelques investissements qui ont été récompensés. On doit maintenant acheter un iPhone pour la qualité de la vidéo. » Stéphane Labat est optimiste lui aussi : « On a vu se créer des synergies dans les start-up liées à l’œnotourisme. » Des synergies dont les effets vont durer.
L’optimisme se ressentait dans les paroles de chacun et Rodolphe Wartel a conclu la séance en rappelant que, le 3 juin, se déroulera la remise des Trophées de l’Œnotourisme 2021 à la Cité du Vin à Bordeaux. L’occasion d’enrichir encore une fois la capitalisation d’expériences.

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Coup de froid sur la Loire

D’un bout à l’autre de la Loire, le froid est de retour au lendemain de Pâques. Les vignerons s’apprêtent à passer une troisième nuit sans trop dormir afin de faire fonctionner les systèmes de protection contre le gel.

En Muscadet, on attend la fin de la semaine pour faire un bilan, car le temps ne doit pas changer vraiment avant un ou deux jours. Le pays qui jouit d’un climat doux à l’année craint régulièrement les gelées puisque la végétation a tendance à y démarrer très tôt. Le vignoble s’est équipé au fil des ans avec tous les moyens possibles, tours anti-gel fixes et mobiles, bougies, braseros et écrans de fumée. « Les températures ont oscillé entre 0 et -2, avec des zones plus ou moins touchées. Les terrains étaient secs, mais le gel a cependant fait des dégâts de manière localisée » déclare François Robin, délégué communication à la Fédération des vins de Nantes.

Des bougies à Vouvray

À Vouvray, aux portes de Tours, Benoit Gautier, qui préside aux destinées de l’appellation, tient le coup, alors qu’il a passé pratiquement toute la nuit à essayer de protéger ses vignes. Lui utilise surtout ces grosses bougies qui réchauffent l’atmosphère. Il y a aussi des éoliennes, du côté de Chançay, dans une zone vallonnée, mais il explique que cette année, l’éolienne n’est pas d’un grand secours : « Une éolienne sert à brasser les couches d’air, mais lorsque c’est une vague polaire, entièrement froide qui s’abat, ça ne sert à rien de brasser, sauf si on a en plus un système pour réchauffer l’air, ce qui n’est pas le cas des éoliennes de Vouvray. » Il rappelle que chaque année est différente, que chaque parcelle réagit à sa façon, selon qu’elle a été taillée tôt ou tard par exemple.

Un coût en main d’œuvre et en argent

En année normale, avoir du froid le 6 ou 7 avril n’est pas vraiment un problème, mais ce printemps, il y a eu quatre jours à 25 degrés. « La seule chance qu’on a eue, poursuit le vigneron de Vouvray, c’est qu’il n’y a pas eu de pluie avant le froid, à part trois gouttes lundi soir. En 2016, on a grillé car il y avait eu une longue pluie fine la veille du gel. » Lorsque le soleil se lève, entre 7h30 et 8h, il est très puissant, il vient griller le bourgeon s’il est humide. « Ce matin, on est arrivé à 4h30, c’était sec et tout allait bien. Une heure plus tard, on a vu l’herbe briller sous les lampes frontales et soudain tout est devenu blanc, il y avait de la glace partout. Cela fait de belles photos à publier mais… » regrette-t-il. Pour allumer les bougies, une par une avec un chalumeau, il faut deux heures et demie, ensuite elles brûlent pendant 4 h. « On a fait cela deux nuits de suite, mais cela a aussi un coût, 1 800 € la palette de 700 bougies. La nuit suivante, on fera le minimum, en allumant des bottes de paille qui protégeront par leur voile de fumée » conclut Benoit Gautier.

Cépages précoces en Touraine

Sur les 5 000 hectares des appellations Touraine en Loir & Cher comme en Indre & Loire, les tours antigel et les bougies sont les moyens de lutte les plus répandus. Cependant, depuis la nuit de lundi à mardi, des dégâts importants sont à déplorer sur les cépages précoces, chardonnay, pinot noir, gamay et aussi orbois, un cépage patrimonial. « Le sauvignon, jusqu’à mardi, n’était pas trop touché, mais aujourd’hui peut-être » précise Marie Refalo, directrice de l’appellation. « Il est trop tôt pour estimer les pertes, mais c’est certain qu’il y en a. »

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