Alsace, vignoble vert et vertueux

D’année en année, les vignerons d’Alsace confortent leur position dans le trio de tête des vignobles les plus verts de France. Près d’un tiers des surfaces sont désormais travaillées en bio.

En Alsace, la poussée verte ne cesse de s’accélérer. A l’automne 2018, l’interprofession rendait hommage au pionnier Eugène Meyer de Bergholtz, qui avait cessé toute pratique chimique dès 1968, suivi par les Banwarth, les Frick et les Kreydenweiss. Et nous étions heureux d’écrire que 15,9% du vignoble était travaillé en bio. Aujourd’hui, moins de trois ans plus tard, les chiffres ont doublé : 32% du vignoble, soit 5 000 hectares – dont 2 481 en conversion – sont cultivés en bio. Cela représente 585 vignerons, une progression de 33% en un an, en nombre de producteurs comme en surface.

HVE et biodyanmie

La certification HVE, Haute valeur environnementale, qui rencontre un fort succès en France concerne en Alsace 11% des viticulteurs, soit 440 exploitations. C’est un engagement qui implique, en plus des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement, de se préoccuper des enjeux sociétaux et économiques. Quant à la biodynamie, elle continue de prospérer en Alsace, qui abrite 11,5% des domaines certifiés en France : 73 domaines sont certifiés par Demeter, qui fédère l’ensemble de l’agriculture biodynamique, 21 le sont par Biodyvin, le syndicat qui regroupe uniquement les vignerons. En 2020, l’Alsace est arrivée à la 2è place dans le nombre de vignerons certifiés en biodynamie, juste derrière le vaste vignoble du Languedoc. Une réelle fierté pour l’Alsace qui, avec ses 16 000 hectares, demeure un des plus petits vignobles de France.

Le bon côté du climat continental

On associe souvent les pratiques bio et biodynamiques avec les climats méridionaux qui s’y prêteraient davantage. C’est sans compter l’impact privilégié du climat continental de l’Alsace, avec ses hivers froids et ses étés chauds. La barrière naturelle que constituent les Vosges protège le vignoble et contribue à son climat très particulier, en limitant les influences océaniques et en accentuant la continentalité du climat : les vents dominants venant de l’ouest déchargent leurs précipitations sur le versant occidental des Vosges pour redescendre asséchés du côté est sur le vignoble. Le faible niveau de pluviométrie, entre 600 et 650 mm par an, parmi les plus bas de France, réduit les risques de maladies et permet ainsi de limiter les traitements de la vigne. Un atout de poids dans la poussée verte et vertueuse.

Ci-dessous : Antoine Kreydenweiss, 2è génération de biodynamie au domaine famililal d’Andlau (Bas-Rhin)

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Freiner la vigne pour la préserver du gel : une parade écologique testée en Bourgogne

Bougies, câbles chauffants, hélicoptères… la lutte contre le gel dans les vignes est souvent polluante et coûteuse. En Bourgogne, des chercheurs testent une solution écologique: retarder l’apparition des bourgeons jusqu’à la fin des gelées, en modifiant les pratiques ancestrales de taille.

“Je me demandais si je n’allais pas tout arracher” : la vigneronne Claire Naudin “observait du gel quasiment tous les ans” sur une de ses parcelles particulièrement exposée, située dans les Hautes Côtes de Beaune (Côte d’Or). “Mais je me suis dit: le gel, ce n’est pas inéluctable”. La propriétaire des 21 hectares du Domaine Naudin-Ferrand, à Magny-lès-Villers, appelle alors à l’aide l’Institut de la vigne et du vin (IVV, Université de Bourgogne à Dijon) qui pratique une série de relevés: à trois mètres de hauteur, à deux mètres, et au ras du sol.

“On peut avoir -2°C au sol et -1°C plus haut”, explique Catinca Gavrilescu, la climatologue qui travaille sur l’étude. En cas de gelée dite “radiative”, c’est-à-dire sans vent, l’air chaud, plus léger, monte, et l’air froid est “plaqué au sol”. “Il y a donc plus de risque de gel au sol qu’en hauteur”, explique-t-elle. Or, en Bourgogne, la vigne est généralement taillée de manière à rester “à environ 50 centimètres du sol”, ce qui favorise le risque de gel. De plus, la taille a lieu en plein hiver, déclenchant ainsi l’éclosion précoce de jeunes bourgeons, “formés à 90% d’eau” et donc plus sensible au froid, rappelle la chercheuse.

La solution semble dès lors s’imposer : il faut à la fois rehausser les bourgeons et empêcher, autant que faire se peut, qu’ils n’apparaissent avant les gelées. Pour ce faire, l’IVV propose à Mme Naudin d’expérimenter, dès 2019, la “taille tardive” : au lieu de passer le coup de sécateur en plein hiver, on coupe la vigne fin avril, quand le plus gros des gelées est derrière les vignerons.

D’une pierre deux coups

“On retarde ainsi le départ en végétation. Et on laisse des branches très hautes”, explique Benjamin Bois, chercheur qui pilote l’expérimentation. Ainsi, avant la taille, “les bourgeons débourrés, sensibles au gel dès -2°C, -3°C, n’apparaissent qu’en haut et on garde, plus proches du sol, des bourgeons non débourrés, encore enfermés dans leurs écailles, qui résistent jusqu’à -6°C, -7°C environ”, ajoute-t-il. Et, si par malheur, la gelée est “advective”, c’est-à-dire présente même en hauteur, les bourgeons du haut seront alors perdus mais ceux du bas auront résisté.

“On sacrifie un peu de raisin mais, finalement, c’est toujours mieux que de perdre 50 à 60% de récolte avec le gel”, souligne M. Bois. Et, contrairement aux “bougies et aux hélicoptères, il n’y a pas d’impact sur l’environnement”. “Le coût est très réduit et c’est sans nuisances pour les riverains”, souligne le chercheur. “La taille tardive, c’est la solution écologique”, résume Mme Naudin.

La méthode fait de plus d’une pierre deux coups : en freinant le développement de la vigne, elle retarde également sa maturation, un atout dans la lutte contre les canicules à répétition qui ne cessent d’avancer la date des vendanges.

La taille tardive ne représente “pas une nouveauté”, reconnaît Catinca Gavrilescu. Déjà pratiquée en Nouvelle-Zélande, où “elle réduit l’impact du gel de 40 à 50%”, selon M. Bois, elle se répand actuellement en France. Mais l’expérimentation de l’IVV veut connaître son efficacité en Bourgogne, de manière scientifique, et en “quantifier l’impact”, explique le chercheur.

“La perte de rendement semble limitée entre 5 et 15%”, évalue-t-il, attendant cependant les résultats à venir de l’expérimentation d’ici à plusieurs mois voire années. “Ça se gère très bien, surtout si on met en face les 30 à 60% de pertes dues au gel”, se félicite Mme Naudin, d’autant que les calamités se multiplient avec le réchauffement climatique.

“On s’imagine qu’il va faire de plus en plus chaud et que les gelées vont disparaître mais ce n’est pas du tout le cas”, explique Catinca Gavrilescu. “Depuis les années 1960”, explique-t-elle, on note que le développement des bourgeons se fait plus tôt mais, le gel, lui, est toujours là.

Par Loïc VENNIN pour AFP

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[REPLAY] “Vino Veritas” au cœur des Primeurs

“Vino Veritas”, le nouveau rendez-vous de la chaîne TV7 dédié à l’actualité du vin, en partenariat avec Sud-Ouest et Terre de Vins, a consacré son deuxième épisode aux Primeurs 2020 à Bordeaux. Revoyez l’émission en replay.

Pour cette deuxième émission de “Vino Veritas”, Xavier Sota et Mathieu Doumenge recevaient François Despagne (propriétaire du Château Grand Corbin Despagne et président de l’Association des Grands Crus Classés de Saint-Émilion) et Axel Marchal (œnologue, consultant et enseignant-chercheur à l’Institut de Sciences de la Vigne et du Vin) pour parler de la campagne des Primeurs 2020 à Bordeaux.

Pour revoir également la première émission de “Vino Veritas”, suivez ce lien.

Rendez-vous le 19 mai dans les kiosques pour découvrir le nouveau numéro spécial Primeurs de Terre de Vins.

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