Francis Huster, Molière et le vin…

Le prochain dîner du Bacchus Business Club à Marseille le 3 février recevra un invité de marque : Francis Huster. Alors que l’acteur livre bataille pour faire entrer Molière au Panthéon, il a accepté d’évoquer avec nous sa relation et celle du dramaturge au vin et à l’ivresse.

Francis Huster, vous êtes l’invité du prochain dîner du Bacchus Business Club, quel est votre rapport au vin ?

Ce soir-là, je serai l’intrus ! Dans ma famille, nous ne buvions pas de vin. Mon père, qui avait été pilote pendant la guerre était très rigoureux. Le jour où j’ai signé pour la Comédie française, François Florent, Jacques Spiesser, Yves Lemoine et Jacques Weber m’ont invité au restaurant. Ils m’ont servi de grands vins et nous étions tous un peu ivres. Ils m’ont ensuite raccompagné rue Monsigny, la rue du théâtre des Bouffes Parisiens, où j’habitais. Je rentre dans l’ascenseur qui était transparent, eux étaient en bas de la porte et me faisaient de grands gestes, et moi j’ai vomi sur la vitre ! Ils m’ont vu monter ainsi et ils ont bien ri. Depuis, je ne bois plus une goutte d’alcool.

A travers les rôles que vous avez pu avoir à jouer, les acteurs et les auteurs que vous avez pu rencontrer, vous vous êtes sans doute cependant intéressé au vin…

Oui et ce qui me frappe c’est que le mot vin vient du sanskrit « vena » qui signifie amical. Le vin est effectivement le meilleur ami de l’homme parce qu’il le met en danger et à chaque fois qu’un homme est en danger, il révèle le meilleur de lui-même. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’ivresse ne nous amène pas à l’oubli, mais à une juste prise de distance par rapport à la réalité. L’oubli c’est au contraire surévaluer le réel, sa pesanteur, lorsque vous vous mettez à penser à tout ce qui pourrait vous tomber dessus comme malheurs, alors qu’en vérité cela n’a rien à voir avec la vie. C’est pour cela que l’ivresse du vin, comme l’ivresse de la lecture, du théâtre, du cinéma est saine. Le vin vous pose comme un miroir face à vous-même dans lequel vous pouvez retrouver la joie, le partage, l’émotion, la grâce, mais attention à ne pas franchir la ligne rouge en traversant le miroir ! C’est d’ailleurs en cela que le vin est un véritable ami : il se mérite et implique d’avoir du caractère pour savoir aussi lui résister. En amitié, faute de personnalité, on se laisse absorber par l’autre. J’ai vu des comédiens qui arrivaient ivres sur les tournages, ils utilisaient l’alcool pour écarter le personnage et trouver leur rôle. C’est un danger qui conduit à la perte de soi-même.

Vous avez écrit trois livres sur Molière et joué plusieurs de ses pièces, quelle était sa relation au vin ?

Cela va vous sidérer : il n’en a jamais bu ! Par contre, on a des documents qui prouvent que Scarron, Boileau et une dizaine de convives, ont passé chez lui une soirée arrosée, à l’issue de laquelle ces crétins se sont précipités dans la Seine. C’est ainsi que Scarron aurait attrapé la polio. Dans les pièces de théâtre de Molière, il y a trois grands absents. Dieu, en effet, à la différence de Shakespeare, ses personnages ne l’interpellent jamais, Molière s’adresse aux hommes. La figure de la mère, Molière avait perdu la sienne très jeune. Et enfin, le vin avec lequel l’auteur reste toujours pudique. Même lors du grand repas qu’organise Monsieur Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme pour séduire Dorimène, l’hôte n’y touche pas, l’alcool n’est présent que dans cette chanson « buvons, chers amis, buvons, le temps qui fuit nous y convie », et quoi de plus naturel finalement que cette association entre la musique et le vin ? Comme elle, le vin est un flot qui inonde l’âme. Car on se noie dans le vin, on ne l’escalade pas ! Mais on peut aussi y nager et y être très heureux. Ne parle-t-on pas de brasseur pour ceux qui élaborent la bière ?

En réalité, l’alcool et l’ivresse de Molière ce sont les femmes. Il savait les regarder. Dans chacune de ses pièces, la femme résiste, lutte, Elvire contre Dom Juan, Dorine contre Orgon… Elle n’est jamais béni-oui-oui. Dans sa vie, c’est la même chose, jusqu’à cinquante et un ans, il a une vie sexuelle très active, il avait ses maîtresses dans sa troupe qui l’ont inspiré pour créer ses personnages. Alors que Marivaux par exemple donne aux femmes une image beaucoup moins intéressante. Elles n’ont aucune révolte, elles se contentent d’être belles et amoureuses. Cette façon de s’oublier dans les femmes plutôt que l’alcool a d’ailleurs coûté cher à Molière. Que l’on songe à la trahison de la Marquise Du Parc qui l’a quitté pour Racine. L’ivresse des femmes est définitivement plus dangereuse que celle du vin. Dans l’ivresse du vin, on s’oublie, alors que dans l’ivresse des femmes, ce sont les femmes qui nous oublient ! D’ailleurs, les femmes ne supportent pas d’avoir en face d’elles un homme ivre parce qu’il leur échappe dans le vin. Elles se disent : « Cela veut dire que mon ivresse à moi ne te suffit pas ? » Imaginez Delon saoul face à Romy Schneider, cela ne passe pas… Bien-sûr, il y a aussi certains hommes qui jouent l’ivresse, comme Gainsbourg qui a créé un personnage. Alors qu’il était très éduqué, toujours coiffé et impeccable, jamais ivre, il se mettait en scène mal rasé, un verre à la main. Il aimait se faire passer pour Philinte, affable et prompt à faire la fête avec ses amis, alors qu’il était plus proche d’Alceste. Tout le monde a marché. La différence entre Gainsbourg et Gainsbarre, c’est la différence entre Jean-Baptiste Poquelin et Molière… Je me souviens d’ailleurs de sa venue à l’une de nos représentations de Dom Juan, il était au premier rang et il s’est retourné vers le public en s’exclamant : « vos gueules, c’est du Molière ! »

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Top départ du concours des vins 2022

Depuis vingt ans, Sylvie Tonnaire, rédacteur en chef, sillonne les terroirs français et coordonne une équipe d’experts (journalistes, sommeliers, cavistes, œnologues…) tous habités par la volonté d’aider les lecteurs à mieux choisir les cuvées qu’ils dégusteront. C’est l’ultime volonté du concours des vins que Terre de Vins organise depuis maintenant quatre éditions.

La sélection

Le concours obéit à deux grands process de sélection. Une première sélection rassemblant 70 dégustateurs afin de distinguer les médailles d’or et d’argent. Puis dans un second temps, la rédaction, épaulée par une équipe rapprochée d’experts, réalisera une deuxième strate de sélection afin de décerner des coups de cœur retenus parmi les médailles d’or. Ces cuvées seront mise à l’honneur d’un cahier spécial dans notre numéro de septembre 2022.

Tous les vins peuvent concourir. La dure loi de l’étiquette n’agira pas ici : c’est la dégustation à l’aveugle et elle
seule qui sera reine.

Les inscriptions peuvent se faire dès à présent par Internet sur www.concours.terredevins.com jusqu’au 25 mars 2022, avec une réception des échantillons : jusqu’au 1er avril 2022 .

Pour les inscription par courrier, le formulaire est à télécharger sur www.concours.terredevins.com
Inscription et réception des échantillons : jusqu’au 25 mars 2022. Attention, par courrier le délai pour envoyer les échantillons est plus court.

Pour les producteurs, ce Concours des Vins est l’opportunité de bénéficier d’une mise en lumière exceptionnelle, d’un argument commercial de poids auprès des négociants, des acheteurs de la grande distribution, des cavistes, des restaurateurs, de la clientèle particulière. Pour le consommateur il garantie une sélection qualitative et sérieuse aux rapports qualité-prix souvent exceptionnels.

Edition 2021

Après trois jours de dégustation qui ont vu 2 749 échantillons passés au crible, l’édition 2021 du Concours des vins « Terre de Vins” avait rendu son verdict avec 830 cuvées médaillées, dont 505 médailles d’or.

DÉCOUVREZ L’INTÉGRALITÉ DES MÉDAILLES DU CONCOURS « TERRE DE VINS » 2021

Parmi les médaillés d’or, la rédaction avait sélectionné ses 26 coups de cœur. Des « super champions » que vous pouvez également retrouver en cliquant sur ce lien.

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Saint-Émilion : Troplong voit très loin

Engagement environnemental, présentation en primeur du premier millésime vinifié dans le nouveau chai récemment inauguré, Guide Michelin, classement de Saint-Émilion : du côté du château Troplong-Mondot, 2022 est une année qui s’annonce riche en actualités. On fait le point.

Ce n’est plus un secret pour personne à Bordeaux, depuis son rachat en 2017 à la famille Valette-Pariente par le groupe de réassurance SCOR, le château Troplong-Mondot, Premier Grand Cru Classé de Saint-Émilion, suit une trajectoire extrêmement ambitieuse. Celle-ci s’est d’abord concrétisée par un réajustement manifeste dans le style du vin, qui a pris tout le monde un peu de court mais a rapidement convaincu : oui, le terroir naturellement puissant de Troplong-Mondot, juché sur ses molasses de l’Agenais, peut aussi se parer de finesse et de fraîcheur. C’est le pari tenu par le directeur général Aymeric de Gironde, le directeur technique Rémy Monribot et l’œnologue-consultant Thomas Duclos, qui ont œuvré « à six mains » depuis cinq millésimes pour affirmer ce renouveau stylistique tout en restant fidèles à l’ADN de la propriété.

Dernier en date, le 2021 sera dévoilé dans quelques semaines en primeurs. Comme chacun sait, ce millésime est plutôt né dans la douleur, à Bordeaux comme ailleurs, et pour lui donner toutes ses chances, Aymeric de Gironde est assez content d’avoir pu bénéficier d’un outil flambant neuf, le chai inauguré au printemps dernier : « on se réjouit d’avoir pu travailler ce millésime, qui nécessitait énormément d’attention, avec un tel outil de précision. On a pu gérer des macérations à froid, des macérations longues qui nous ont permis d’extraire sans durcir. On a également, pour la première fois, fait des essais sur un peu de vendange entière, un lot de merlots dont nous avons conservé les rafles et qui apporte un plus dans l’assemblage du 2021« . Côté volumes, l’équipe se satisfait d’une vendange aux rendements similaires aux années précédentes : « le terroir de Troplong est naturellement ventilé, cela nous a bien protégé du mildiou. Toutefois, il a fallu se montrer très sélectif dans les tris, donc il y aura moins de grand vin cette année« .

« Devenir la référence de l’œnotourisme de luxe à Bordeaux »

Parmi les autres actualités du château : l’obtention récente du label IWCA, « International Wineries for Climate Action ». Fondée en 2019 par deux grandes familles du vin, les Torres en Espagne et les Jackson en Californie, cette organisation à but non lucratif vise à entraîner les exploitations viticoles vers un bilan carbone neutre, pour se conformer à l’objectif des Nations Unies qui vise le « zéro émission » à l’horizon 2050. Troplong-Mondot est la première propriété française à rejoindre cette initiative, ayant pour référence la norme ISO 14064 ; d’autres devraient suivre l’exemple, des candidatures étant déjà bien avancées en Vallée du Rhône et en Champagne. Plus largement, cette adhésion au label IWCA s’inscrit dans une démarche environnementale globale défendue par Aymeric de Gironde : « notre projet est à long terme et s’appuie sur trois piliers : le bilan carbone neutre avec IWCA, la gestion des déchets sur toute la propriété, et l’équilibre de la biodiversité avec un grand programme de replantation de haies dans les parcelles. Nous sommes aussi autonomes pour la production d’énergie de chauffage, en recyclant notre bois de taille – un procédé que nous souhaitons faire partager à nos voisins saint-émilionnais ». Sur la stratégie phytosanitaire, Aymeric de Gironde explique que, sur onze traitements en 2021, deux ont eu recours à des produits de synthèse, les autres étant en bio et biocontrôle.

Enfin, c’est sur le front de la gastronomie que le château Troplong-Mondot pourrait faire très bientôt parler de lui. Le 9 juin 2021 a rouvert le restaurant « Les Belles Perdrix », totalement rénové, avec toujours aux manettes le chef David Charrier. Après trois ans de fermeture pour cause de – grands – travaux, durant lesquels David a beaucoup voyagé, échangé avec d’autres cuisiniers mais aussi ouvert quelque temps une « Table Secrète » à la propriété, l’établissement offrant une vue spectaculaire sur le vignoble a fait un retour fracassant sur la scène gourmande saint-émilionnaise. Le Michelin, qui délivrera son palmarès le 22 mars prochain, est bien sûr dans toutes les têtes : jusqu’à leur fermeture temporaire, les Belles Perdrix avaient un macaron au guide rouge ; il semblerait plutôt naturel de le retrouver, voire plus si affinités. Sur ce plan non plus, Aymeric de Gironde ne cache pas ses ambitions : « avec les Belles Perdrix et nos chambres dans le vignoble, nous voulons devenir la référence de l’œnotourisme de luxe à Bordeaux ».

Tout cela nous amène naturellement à la grande échéance de cette année 2022 : la divulgation, en septembre prochain, du nouveau classement de Saint-Émilion. Bien qu’ayant connu un certain nombre de rebondissements, dont les retraits de Cheval Blanc, Ausone et Angélus ne sont pas les moindres, le processus du classement tient le cap, et Troplong-Mondot maintient plus que jamais sa candidature. On pourrait même dire qu’avec trois places (au moins) désormais à pourvoir en ‘A’ au côté de Château Pavie, compte tenu de son terroir et de sa très belle dynamique actuelle, Troplong fait partie des propriétés qui ont des chances de se hisser au sommet de la hiérarchie. A suivre…

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Wine Paris aura bien lieu du 14 au 16 février 2022

Ils sont venus, ils sont tous là : présents ou en visio, les présidents des interprofessions des vignobles du Sud-Ouest, du Languedoc et du Roussillon et jusqu’au Rhône, confirment que Wine Paris aura bien lieu du 14 au 16 février, avec le pass vaccinal à l’entrée, le masque obligatoire et le gel hydroalcoolique à volonté.

Le salon vise 20 000 visiteurs dont un tiers d’étrangers venus des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne (avec les acheteurs d’Aldi et Metro attendus), du Royaume-Uni, des Etats-Unis (avec le soutien de Business France) et du Canada.

Nos vignerons ont intégré les gestes barrières, les acheteurs nationaux et internationaux ont des carnets de commande à remplir et des contrats à signer maintenant que les stocks ont été vidés par deux ans de pandémie” explique Christophe Bousquet, président du CIVL. “Les grandes maisons du négoce languedocien ont confirmé leur présence et quand l’amont y va, l’aval a tout intérêt à y être. Ne pas tenir Wine Paris en février, à Paris en 2022 serait une erreur historique”, résume Jacques Gravegeal pour InterOc alors que Philippe Pélaton confirme de son côté la présence des grandes maisons rhodaniennes qui ont elles aussi pris rendez-vous avec leurs clients sur le salon.

Wine Paris est un rendez-vous dédié aux affaires, avant tout, et bien sûr aussi au partage, à l’échange entre vignerons et enfin, à l’image”, explique Stéphane Zanella pour le CIVR,”Un salon d’affaires dans le vin pour l’Hémisphère Nord se tient en février quand les vins de la vendange passée sont disponibles à la dégustation. Nous sortons d’une vendange amaigrie par le gel et nous sommes face à une demande importante qui veut sécuriser des volumes en passant commande au plus vite. Ne pas faire ce salon à Paris maintenant serait un très mauvais message à toute la planète vin et les acheteurs qui ne viendront pas à Paris en février savent qu’ils ne trouveront pas ce qu’ils cherchent ailleurs en mai”. “Nous avons un nombre d’exposants en croissance et aucune défection, nos vignerons ont hâte d’y aller”, précise Paul Fabre pour le Sud-Ouest.

La confiance des vignerons et de leurs représentants nous honore et nous oblige”, conclue Rodolphe Lameyse, président de Vinexposium, “A trois semaines de l’évènement, c’est un message très fort. Sur nos 2775 exposants, nous comptons les défections sur les doigts d’une main. Wine Paris a été le dernier salon de l’avant Covid et ouvre le bal des salons du vin de l’après-pandémie. Les gestes barrières, l’obligation vaccinale sont intégrés, l’organisation garantit l’aération optimale des locaux et le nettoyage des verres pour rassurer les acheteurs comme les exposants et se donner tous les moyens d’un beau nouveau départ”.

Toutes les informations sur le salon Wine Paris en lien ici.

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Métifiot, dernier né des Baux

Le chai majestueux du domaine de Métifiot de la famille Bateman, au coeur des Alpilles, est terminé. Le dernier né de l’appellation Baux-de-Provence y a vinifié son troisième millésime.

Avec son chai monumental en béton strié et sa cave enterrée dans le massif, Métifiot s’intègre parfaitement aux parois calcaires des Alpilles en Baux-de-Provence. Le dernier né de l’appellation est le seul domaine sur le versant Nord, en surplomb des vignes et de l’oliveraie, au loin, le Mont Ventoux, le clocher de Saint Rémy de Provence et la Cité des Papes d’Avignon, que l’on peut admirer de la terrasse aux grandes baies vitrées. Ce large panorama sur toute la campagne saint-rémoise est ponctué de cyprès et d’oliviers avec quelques ruches au coin d’une parcelle. Nous sommes dans le fief de la famille Bateman.

Autodidacte dans l’âme

Benoît est un autodidacte venu du Nord et qui a créé au milieu des années 90 une entreprise de commerce de pommes de terre florissante. Il a épousé Laurence née dans le Sud, non loin d’ici. Quand il récupère il y a six ans une partie de l’ancien domaine de ses beaux parents arboriculteurs, Benoît y voit un nouveau défi. « Et si on plantait de la vigne? »  Les Bateman se lancent dans l’aventure en gardant le nom de Métifiot, du nom du médecin de l’hôpital Saint-Paul (peint par Van Gogh) et qui avait revendu sa propriété de Saint-Rémy à l’arrière grand-père de Laurence. Ils héritent d’une quinzaine d’hectares de vergers arrachés à restructurer, en récupèrent quelques-uns classés en IGP et en fermage, le vignoble de Guy Delacommune du Domaine Guilbert, créé dans les années 2000 à partir des vignes historiques de Dominique Hauvette. Les Bateman y vinifient leurs premiers millésimes à partir de 2019 en attendant la construction de leur chai, enfin validé par les Bâtiments de France après avoir revu plusieurs fois leur copie dans ce site classé. Ils achètent également à un agent immobilier d’Eygalières des raisins vinifiés au domaine pour une gamme négoce en attendant que les plantations (quelques hectares chaque année à partir de 2016) entrent en production.

Une large palette de cépages

« Je voulais apprendre à faire du vin, raconte le propriétaire de Métifiot. J’ai donc visité une soixantaine de vignerons dans tout l’Hexagone et nous avons finalement décidé de planter les principaux cépages de l’AOP Baux-de-Provence, grenache, syrah, cinsault, marsanne, cabernet sauvignon, et quelques autres pour nous faire plaisir et pour faire des essais comme le merlot, le marselan, le rolle, le chardonnay,…sur les terres irriguées hors AOP au bord du canal ». Au total, le domaine comprend une douzaine de cépages sur une quinzaine d’hectares. Le vignoble enherbé est d’emblée travaillé en bio (aujourd’hui certifié) et équipé de capteurs dans la vigne pour mesurer le confort hydrique et faire de l’irrigation de pointe sur certaines parcelles. Métifiot est également labellisé HVE. Les Bateman s’entourent également de quelques compétences : l’ingénieur viticole Didier Mazenod, Bruno Ferland comme maître de chai, Franck Breau, l’ancien directeur du Château Romanin comme consultant, le cabinet Daniel Péraldi comme œnologue conseil…

Une gestion de cave ultraprécise

Au chai à l’organisation millimétrée, Benoît aussi veut tout comprendre, tout maîtriser. La cave abrite de nombreux contenants, cuves tulipes, jarres en grès, œufs béton, barriques, foudres, demi-muids au rangement impeccable sans tuyaux, contrôlé par un système informatique surveillant chaque cuve et un échangeur avec récupération de chaleur. Une fermentation ultraprécise sous haute surveillance « pour ne pas rajouter d’intrants en travaillant en priorité sur la gestion de la température », explique Benoît, véritable geek de la technologie. La gamme est vaste, une quinzaine de référence en IGP Alpilles, Méditerranée et en AOP Baux-de-Provence, au gré des envies, à 45 % en rosés, 35 % en rouges, le reste en blanc « que nous voudrions augmenter en plantant roussanne, marsanne et grenache blanc sur 3-4 hectares à trouver ». Elle comprend même un chardonnay en méthode traditionnelle et les huiles d’olive du domaine.

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Les vignes franc-de-pied veulent une reconnaissance à l’Unesco

À l’occasion de la deuxième « Rencontre des Francs » qui se tenait il y a quelques jours au domaine Liber Pater en Gironde, une vingtaine de vignerons européens, accompagnés de scientifiques, universitaires, experts des terroirs et des cépages, ont milité pour une reconnaissance par l’Unesco du savoir-faire autour des vignes non greffées.

En juin 2021, une poignée de vignerons européens se réunissaient à Monaco, sous le parrainage du Prince Albert II et de Guillaume Gomez, ambassadeur de la gastronomie française (et ex-chef de l’Élysée), afin d’amorcer la création d’une association dédiée à la défense des vignes franc-de-pied et, à terme, d’obtenir auprès de l’Unesco une inscription du savoir-faire lié à ces vignes au patrimoine immatériel de l’humanité. Un peu plus de six mois après ce premier rendez-vous sous les ors monégasques, c’est à Podensac, en Gironde, que se tenait il y a quelques jours la seconde « Rencontre des Francs ». À l’invitation de Loïc Pasquet, propriétaire du domaine Liber Pater et instigateur de ce mouvement, une vingtaine de vignerons européens, mais aussi des universitaires, des chercheurs, des agronomes, des sommeliers, des journalistes, avaient répondu présent pour deux jours de dégustations et de réflexions autour de la culture de la vigne en franc-de-pied, son histoire et surtout son avenir.

Mais c’est quoi, au juste, une vigne « franc-de-pied » ? On désigne par ce terme des vignes qui n’ont pas été greffées sur un porte-greffe mais plantées directement dans le sol. C’est une pratique ancienne de reproduction et plantation de la vigne qui a été pratiquement éradiquée par l’apparition du phylloxéra à la fin du XIXème siècle : l’implantation des porte-greffes américains a permis de résister contre le terrible parasite, mais a conduit à la quasi-disparition d’un savoir-faire ancestral, que l’on ne retrouve plus désormais que de façon éparse, sur des terroirs très spécifiques – souvent sableux – où le phylloxéra ne peut pas s’implanter.

Vers un label « franc-de-pied » ?

Pour les défenseurs des vignes en franc-de-pied qui ont rapidement l’initiative de Loïc Pasquet et du vigneron allemand Egon Müller, l’objectif est de préserver un patrimoine, un savoir-faire mais aussi un goût : selon eux – et dégustation à l’aveugle à l’appui – les vins issus de vignes en franc-de-pied présentent davantage de finesse, de pureté, et sont de meilleurs transmetteurs de terroir. Pour ce qui est du savoir-faire, qui peut différer selon les régions voire même les pays, il s’appuie sur des pratiques, des gestes et des connaissances qui peuvent se retrouver en voie de disparition et qu’il s’agit de préserver. Ainsi Andrea Polidoro, vigneron célèbre pour son domaine Cupano en Toscane, s’est lancé dans un autre projet dans la région des Marches, Contrada Contro, où il fait grimper des vignes de malvoisie franc-de-pied le long d’érables, selon une pratique quasiment disparue.

L’association, appuyée par Guillaume Gomez et par d’autres personnalités (le Prince Albert II, comme on l’a vu, ou encore la présidente de Géorgie Salomé Zourabichvilia), espère obtenir gain de cause auprès de l’Unesco pour faire entrer les vignes franc-de-pied au patrimoine immatériel de l’humanité, mais entend aussi établir un label « franc-de-pied » qui permettra d’informer le consommateur. Pour y parvenir, elle s’appuiera sur un noyau dur de vignerons allant des Bourguignons Thibault Liger-Belair ou Philippe Charlopin au Champenois Alexandre Chartogne, en passant par les domaines de Markus Molitor ou Prüm en Moselle, la Vieille Chapelle dans le Bordelais… et bien d’autres encore, sans oublier l’expertise de personnalités telles que Jacky Rigaux, Marc-André Selosse, Jérémy Cukierman, José Vouilamoz… Tout ce beau monde sera coordonné depuis Monaco par Celia Calcagno, directrice de l’association, qui a accompagné et soutenu le projet avec son père Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique de Monaco.

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« Mort sur le Nil » : Malartic-Lagravière fait son cinéma

Le Cru Classé de Graves développe depuis quelques années une stratégie de visibilité en multipliant les apparitions à l’écran, notamment dans des productions hollywoodiennes. Dernière en date : l’adaptation de « Mort sur le Nil » par Kenneth Branagh, en salles le 9 février.

Le 9 février prochain dans les salles françaises, Hercule Poirot viendra résoudre l’une de ses plus célèbres enquêtes dans une nouvelle version de « Mort sur le Nil » : le roman d’Agatha Christie est adapté par le réalisateur britannique Kenneth Branagh, qui se retrouve aussi devant la caméra affublé des moustaches du célèbre détective belge – et entouré d’une distribution quatre étoiles, composée notamment de Gal Gadot, Annette Bening, Russell Brand, Letitia Wright. Les spectateurs qui se presseront au cinéma pour voir cette rutilante production pourront apercevoir, le temps d’une séquence, les personnages se délecter d’une bouteille de Château Malartic-Lagravière 1920. Cette apparition du Cru Classé de Graves ne doit rien au hasard, tout comme le fait que James Bond boive ostensiblement du Bollinger ou du Château Angelus entre deux cascades. Dans l’industrie du cinéma, on appelle cela un placement de produit. Et dans le cas de Malartic-Lagravière, cela relève d’une fine stratégie.

Suspense, exotisme, glamour… tous les bons ingrédients

Tout part d’une réflexion de la famille Bonnie, propriétaire depuis 1996 de ce beau vignoble de 73 hectares situé à Léognan : dans un contexte de mondialisation du vin où la concurrence fait rage pour conquérir le cœur des amateurs et où de grands groupes de luxe déploient des moyens colossaux pour asseoir leur visibilité, comment se différencier ? En s’implantant dans la rétine et l’inconscient des spectateurs amateurs de vin, via une présence récurrente à l’écran. C’est l’idée qui germe dans l’esprit de Véronique, Jean-Jacques et Séverine Bonnie dès 2017 alors que Malartic accueille la traditionnelle Fête de la Fleur. Une prise de contact avec Hill Valley, une agence américaine basée à Los Angeles, dirigée par un Français et spécialisée dans le placement de produit, découle en 2019 sur un premier projet : alors que Véronique Bonnie, qui dirige le vignoble familial avec son frère Jean-Jacques, revient enthousiasmée d’un voyage en Égypte, l’agence mentionne un projet d’adaptation d’un roman policier d’Agatha Christie qui se déroule au pays des pyramides. Du suspense, de l’exotisme, du glamour, une intrigue qui se déroule à bord d’un bateau (symbole de Malartic-Lagravière), il n’en faut pas plus pour amorcer une collaboration qui démarre sur les chapeaux de roue. Même si, pour cause de Covid-19, la sortie de « Mort sur le Nil » se voit décalée d’octobre 2020 à février 2022, la portée potentielle du film – produit par la 20th Century Fox, désormais intégrée au géant Disney – est une caisse de résonance phénoménale pour la « marque » Malartic-Lagravière.

Mais pour la famille Bonnie, cette apparition à l’écran n’a rien d’un coup isolé ; elle s’inscrit dans une stratégie globale de visibilité, comme l’explique Séverine Bonnie, responsable du marketing et de la communication : « nous avons signé avec l’agence un contrat de collaboration qui nous permet d’examiner différentes opportunités de présence à l’écran. On nous propose des synopsis de films ou de séries avec des séquences où le placement de produit peut potentiellement intervenir, et si le projet correspond à notre positionnement et à notre image, on y va. Ce qui ne nous garantit pas que le placement passe l’épreuve du montage et finisse pour de bon à l’écran ! »

« Emily in Paris » et Scarlett Johansson

Ainsi, tout comme certains rôles sont coupés au montage, la bouteille peut, elle aussi, être écartée à la dernière minute par le monteur et le réalisateur si la séquence où elle figure ne leur semble pas essentielle. Ce qui n’est pas le cas dans « Mort sur le Nil ». Ni dans « Emily in Paris », série à succès dont la saison 2 cartonne actuellement sur la plateforme Netflix (la bande-annonce à elle seule avait totalisé trois millions de vues au moment de sa sortie) et qui raconte les tribulations d’une jeune américaine dans un Paris très fantasmé. Dans un épisode de la saison 2, les personnages partagent une bouteille de Malartic-Lagravière en terrasse : une autre façon de se créer de la visibilité, notamment auprès d’un public fortement féminin, ce qui n’est pas non plus anodin. « Durant la première vague de Covid-19, nous avons fait une étude approfondie pour mieux connaître les différentes ‘cibles’ qui constituent notre clientèle », précise Séverine Bonnie. « Et nous avons réalisé qu’aux Etats-Unis, nous touchons un public plus féminin, plus jeune, plus lifestyle, très complémentaire des amateurs traditionnels de grands vins de Bordeaux. Cela nous a incité à aller davantage à la conquête de cette cible« .

Malartic-Lagravière s’est également invité dans la série anglaise « Riviera » avec Poppy Delevingne, et dans la comédie française « Mes très chers enfants » (d’autres productions françaises, tout comme américaines, sont également au programme). Mais cette stratégie ne se limite pas à des apparitions furtives à l’écran : en 2019, Malartic s’est également invité au dîner de gala de l’hommage rendu par l’American Cinémathèque à l’actrice Charlize Theron ; et, en novembre dernier, c’est une autre star, Scarlett Johansson, qui a posé avec un magnum de Malartic signé de sa main, à l’occasion de la trente-cinquième cérémonie de l’American Cinémathèque. À chaque fois, ces flacons dédicacés sont mis aux enchères en faveur d’une association caritative – en novembre 2020, Kenneth Branagh avait lui aussi dédicacé une impériale, vendue aux enchères au profit du mouvement Movember. Ces initiatives, en plus du prestige associé aux vedettes qui y participent (lesquelles ont en plus la bonne idée d’être amatrices de vin), sont pour la propriété une garantie de viralité : « dans le cas de Scarlett Johansson, c’était spectaculaire« , souligne Séverine Bonnie. « Lorsque nous avons publié sa photo sur les réseaux sociaux, ce sont des centaines de nouveaux followers qui sont arrivés sur notre compte en une nuit sur les réseaux sociaux, avec beaucoup de réactions positives et de commentaires« .

Il suffit quelquefois de placer un flacon dans un film à succès ou entre les mains d’une star mondialement adulée pour doper sa notoriété : c’est le pari de la famille Bonnie qui, sans vouloir préciser le montant du deal signé avec l’agence Hill Valley, reconnaît qu’en comparaison du coût d’un achat d’espace publicitaire dans un magazine spécialisé aux Etats-Unis (qui peut s’élever jusqu’à quelques dizaines de milliers de dollars la page) et tout en gardant un budget maîtrisé, le « retour sur investissement » est plus que gagnant. Cela vaut le coup de crever l’écran.

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Cali : « Je me sens meilleur en vieillissant »

Parrain de la sixième édition du Tour des Cartes qui se verra dévoiler ces lauréats ce lundi 31 janvier au soir, Cali est un amoureux du vin. Il avait reçu Terre de Vins pour notre magazine de septembre, octobre 2020. Retrouvez la liste des 100 finalistes, répartis en 6 catégories en cliquant sur ce lien.

Cali, Bruno Caliciuri pour l’état civil, père de quatre enfants, auteur-compositeur-interprète, nous a reçus sur ses terres catalanes, à Perpignan, où il est né et a grandi. Petit-fils, côté père, d’un Italien de Calabre enrôlé dans les Brigades internationales, et fils de Vincent, qui se réfugia en France après la défaite des républicains face à Franco ; petits fils, côté mère, d’un communiste et Catalan, Cali s’est construit autour de ses racines politiques, sociales et culturelles qu’il revendique. Engagé, il l’est aussi dans ses actions solidaires, comme au service de ses passions, le rugby et le vin. Avec lui, c’est le vin des copains et de la fraternité qui coule sur les tables, le vin de l’ivresse créatrice, le vin des émotions que l’on découvre sans retenue car « tu peux mourir demain »… Entretien confidence à l’ombre d’une terrasse catalane.

Propos recueillis par Mathilde Médeville et Rodolphe Wartel

Dans ton parcours, les racines sont là, présentes partout. Elles jalonnent ta vie d’homme…

Mon père nous a laissé une lettre à tous, pour expliquer le pourquoi de sa vie et pour honorer son père qui était un héros. J’ai écrit des chansons sur ce sujet. C’est très émouvants car des gens qui viennent dans mes concerts sont allés jusqu’à faire des recherches. Certains sont allés jusqu’à trouver des archives en Russie… Il y a un an, j’ai notamment reçu un document : il s’agissait d’une lettre de mon grand-père qui supplie les autorités en place de donner du lait et de la soupe au petit garçon qui se trouve dans un camp de Mende et vient d’arriver d’Espagne. Le petit garçon c’était mon papa.  En janvier 1939, mon père avait six mois. Il a passé la frontière dans une brouette.

Toute ta révolte vient de là ?

Oui, cela vient de là. C’est le côté paternel.  Du côté de ma mère, mon grand-père était communiste à fond. J’ai le souvenir de mon grand-père qui se battait, avec ses poings ! Mon père, quant à lui, c’était plutôt Lino Ventura. Je l’ai vu pleurer deux fois : la première quand il a déchiré sa carte du parti socialiste. La deuxième, c’est en écoutant Léo Ferré. Je me suis dit « Qui est cet homme qui fait pleurer mon père » ? J’ai voulu connaître Ferré. J’ai chanté Ferré. La famille Ferré vit en Toscane. Ils ont une vigne dont s’occupe le fils de Léo, Mathieu. Je suis très lié à eux…

Et le vin dans tout ça ?

J’ai été fasciné grâce à un garçon qui est venu dans mon village. On dégustait ensemble et il découpait la France en quatre, il découpait, il découpait… Et à dix kilomètres près, il te trouvait le vin. Alec, mon ami d’enfance, est également parti faire des études d’œnologie et d’hôtellerie. Cela m’a fasciné. Un soir, on va voir le concert des Stranglers à l’Olympia puis on va prendre un verre dans un bar à vin. Il commande deux champagnes. Le garçon nous sert. Alec goûte son champagne puis il goûte le mien et il dit au serveur « Ce champagne-là, ce n’est pas celui qu’on a commandé. » Le serveur avait voulu nous embrouiller mais Alec l’avait démasqué. J’étais très fier.

Tu dégustes beaucoup ?

La garde des vins me passionne. J’ai pu récemment boire un vin de 1875 en Rivesaltes. Quand tu le mets dans la bouche, tu te dis, à cette époque-là, les gens ont foulé du raisin, l’ont mis dans le tonneau. Cela a traversé les guerres. Cela m’a bouleversé. Ma phrase, c’est « On meurt demain. » Je dis toujours ça aux amis qui veulent aller se coucher, donc on ne va jamais se coucher.

Tu viens de te produire en concert chez Gérard Bertrand, au festival de jazz de l’Hospitalet. Alors ?

J’ai ressenti quelque chose d’évident : le public a besoin de concerts. Ils étaient comme des fous ! La musique est vitale. Nous avons besoin de communion. J’étais déjà allé chez Gérard Bertrand déguster avec Stéphane Queralt, œnologue.  Ce qui m’avait plu, c’est que dans ses caves il possède des échantillons de terre et de pierres. Il te dit « Ces vins, ils viennent de là. » Il te demande sucer la pierre… J’avais vécu ça avec l’assembleur de château Pommard. En 2013, je voulais une bouteille de Pommard de 2012 pour la naissance de ma fille. Le soir, il m’a composé un assemblage en direct, un numéro 0 du 2012 et il m’a signé la bouteille, comme une rock-star !

Les vins que tu aimes, quels sont-ils ? Blanc, rosé, rouge ? De ta région, d’ailleurs ?

Mon palais n’a pas de mémoire. Je suis fasciné par les vins que je peux reconnaître, me dire « Tiens c’est un ami qui revient me voir. » Un Pommard, je sais que je reconnaîtrai. Pour mon palais, c’est un ami. Le Mirmanda de François-Xavier Demaison, c’est la même chose. Quelque chose me touche dans cette approche-là. J’aime plein d choses, j’aime les vins du Roussillon, Gauby, la Rectorie mais aussi les autres. Nous avons des vins incroyables comme L’Hommage aux vignerons de Tautavel, par Gérard Bertrand. C’est le sang qui coule. J’aime aussi mettre une fraise dans un verre de champagne. J’aime mettre une grappe de muscat au congélateur puis la mettre dans un verre de muscat de Rivesaltes que j’ai mis au frais. C’est une recette d’apéro qui ne coûte rien et elle est merveilleuse.

As-tu organisé une cave ? Tu as acheté une Eurocave ?

Oui, mais j’ai demandé à Stéphane Queralt de m’aider. Il a dit « Ça il faut balancer, ça il faut garder. » On m’a offert beaucoup de vin. J’ai acheté une cave tempérée. Quand Stéphane est venu, je lui ai demandé de prendre trois bouteilles dont une de Cheval blanc que j’avais. Il m’a dit « Je ne peux pas. » Je lui ai dit « On meurt demain. » Alors on a pris un Cheval blanc et deux pommards…

Ta première gorgée de vin ?

J’avais monté un groupe de gamins qui s’appelait Pénétration anale. On est rebelle jusqu’au bout ! Un jour, le batteur, Alec, est revenu avec du vin de cuisine, un rosé qui s’appelait Le Bienvenu. C’était horrible. Cela coûtait deux francs la bouteille…

Côté accords mets et vins ?

Mon plat préféré c’est la cargolade. C’est un plat de fraternité. Tu mets une grille d’escargots avec de l’aïoli, avec le village autour. Ce sont mes souvenirs de gamin. Là, il faut un rouge assez frais. Tu meurs demain ! Il faut également manger des huîtres des frères Besson. Elles sont élevées dans les Cornouailles, puis en Vendée. Là-dessus, tu me mets un grand blanc, celui que tu veux, c’est une folie furieuse.

Avec quels potes de scène bois-tu du vin ?

Je déguste avec mon pianiste, il s’appelle Augustin Charnet. Il est amateur de vin. Son père, Yves Charnet, est un philosophe et un poète. Il était un ami de Nougaro.

Quand on est rock, qu’on a flirté avec le metal et le punk, le vin traduit-il une forme de maturité et de sagesse ?

Si je suis plus sage ? Pas sûr… En amour, en musique, en vin… Il faut engranger toute cette expérience et tout ce parcours. On a chacun notre horloge. Je me sens meilleur en vieillissant. J’ai plus de recul. Je ressens aussi la fragilité de la vie, le prix de la vie.

Dans « Putain de vie », tu dis « on va se saouler… » , comme si le vin pouvait être aussi le vin des excès ? Dans notre société hygiéniste, tu assumes ?

Si tu es avec des amis et que tu bois un grand vin, la nuit ne finit jamais. Tu es ivre de tout, d’alcool mais aussi de bonheur et de joie. Tu sens les coups de brûlure, les coups de sagaies dans les veines. En tournée, on part en bus à deux étages. À la fin du concert, tu as pris tellement d’émotion et pris tellement d’amour que tu ne peux pas aller te coucher. Tu ne peux pas dormir avant 6 heures du mat’, quand tu es merveilleusement ivre. Dans ce bus, on débouche de bons vins qu’on apporte et qu’on fait goûter aux autres. J’avais une ambition, c’était d’emmener des amis dans cet autobus et de faire le tour de France des vins

Quelle est ta relation aux cavistes et aux sommeliers ?

Quand je vais chez un caviste, je lui dis « Donne-moi tes trois vins de la semaine. » Quant aux sommeliers, j’en rencontre beaucoup en tournée. L‘un d’eux m’a dit un jour « Vous allez entendre le murmure de la pêche. » J’ai trouvé ça merveilleux. Là, tu as envie de goûter…

Ta grande passion est le rugby à XV. Tu l’as pratiqué à Vernet-les-Bains et à Prades. Quelles similitudes trouves-tu entre vin et rugby ?

Au rugby tu te fais mal pour que le copain ait moins mal. Cela m’a toujours bouleversé. Franck Azema est mon ami. J’ai fait des photos avec Romeu, j’étais comme un gamin. Avant-hier, chez Gérard Bertrand, j’ai fait monter Cordoniou sur scène. On a refait la passe de 1981 et il a marqué l’essai ! Au foot, les clubs sont séparés par des CRS. Au rugby, tout le monde peut s’engueuler et encore boire l’apéro après le match. Le trait d’union, c’est la fraternité.

Tu es un gamin de Prades, où tu as joué au rugby. Un village dont le maire est Jean Castex. Ton regard sur notre nouveau Premier ministre, toi homme engagé à gauche ?

On a gagné un très bon Premier ministre. En sous-marin, il a aidé de nombreuses familles et beaucoup de gens en détresse dans notre vallée. La ville de Prades va beaucoup le regretter. Au lendemain de sa nomination, je lui ai envoyé un SMS et lui ai dit « Tu es l’homme de la situation ». Là, on met un pompier au milieu des flammes, mais j’ai l’impression que ça a l’air de pas mal se passer…

Tu es engagé pour l’environnement. Cela signifie-t-il vins bio ?

Oui et c’est un sujet car ma compagne peut avoir des maux de tête en buvant du vin. Cela la concerne. Le bio en général, cela fait partie du processus de survie de la planète. L’inquiétude se généralise grâce aux jeunes. Évidemment, je défends l’écologie. Le monde est en train de s’écrouler. J’en ai réellement pris conscience.

Parmi tous tes titres célèbres, on connaît « C’est quand le bonheur ». Le vin, c’est le bonheur ?

Oui, mais encore une fois, ce qui est intéressant avec le bonheur c’est de ne pas le toucher. Tu reviendras la prochaine fois pour le toucher. Tu n’es jamais au bout de quelque chose. Tu peux crier tout ton amour en disant « Je vois l’absolu » mais tu pourras encore aller plus haut… Avec le vin c’est la même chose…

Ta dernière gorgée de vin ? Avec qui la boiras-tu ?

Mon ami Steve Wickham, le violoniste de Waterboys, habite en Irlande. Un jour, il m’a emmené dans un endroit, à Sligo, où tu dois frapper trois fois à la porte à la bougie, ils t’emmènent au bout d’un couloir et ils te servent du vin chaud. Au moment de l’oppression, ils se retrouvaient là. Pour ma dernière gorgée de vin, je veux donc me retrouver là et j’aimerais y emmener des amis. J’emmènerai François-Xavier Demaison, je convoquerai Patti Smith, Keith Richards (à qui je dirai « Arrête de boire du Jack Daniel’s »), Tom Waits, Nike Cave, Springsteen… Comme tout est possible, je ferai revenir David Bowie, et avec Léo Ferré tout nu qui danserai avec Mick Jagger, on lèvera un verre de vin à la vie.

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[Escapade Cognac] Hine met l’accent sur le terroir

Jarnac-Charente, cité protestante greffée sur un méandre du fleuve Charente a intimement lié son destin à celui de l’eau-de-vie charentaise. La couleur des murs comme les parfums qui émanent des chais souterrains en ont fait la rivale, sinon la sœur, de la bien-nommée Cognac.

Une Escapade à retrouver en intégralité dans Terre de vins hors-série Spiritueux ou sur notre kiosque digital.

Épisode 1 : Hine

La maison Hine met l’accent sur le terroir
À l’évocation de la marque, la couleur rouge vient à l’esprit, le cerf aussi, ébouriffé de ses bois, ou encore le flacon aux formes symétriques de l’éternelle cuvée Antique. Derrière les images d’Épinal de cette maison lovée sur le quai de l’Orangerie, il y a des visages qui traduisent le tournant pris depuis une vingtaine d’années. Celui de Julien Boiteau d’abord, qui vient de l’univers du vin, passé entre les prestigieux murs des châteaux Latour et Margaux. « À compter de 2004, la maison Hine a acquis différents vignobles pour développer le single estate. Je dirige ces domaines dépassant la centaine d’hectares comme je dirigerais un grand cru dans le Bordelais ou en Bourgogne », explique Julien. Ainsi, l’accent est mis sur le parcellaire et le millésime au sein de la maison jarnacaise. Enfin, propriété de la famille Guerrand-Hermès, Hine ouvre de plus en plus ses portes aux amateurs. C’est le second visage : celui de Gaëlle Restoint. « En France, Hine n’est pas si connu que ça. Nous proposons des visites très intimistes dans les chais historiques, pour faire comprendre notre savoir-faire, notre signature, notre philosophie », explique la responsable des visites. Il en résulte une réelle immersion au sein de la magie Hine, avec un programme de visites (de 20 à 70 €) qui peut s’achever sur la dégustation du domaine Bonneuil (2005, 2008, 2010) et sur deux autres millésimes pour distinguer le vieillissement d’un cognac dans des chais de Jarnac de celui dans des chais du Royaume-Uni. La maison Hine, qui marche sur sa 258e année, demeure plus que jamais dans le sens de l’histoire.

16200 Jarnac-Charente
05 45 35 59 59 – Site internet

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Le Sens de la Nature gagne les vins de Bergerac-Duras

Les vins de Bergerac-Duras se mettent au vert en développant leur Sens de la Nature. L’opération lancée par la Région et amplifiée par l’Interprofession permet d’aider toutes les familles du vin dans le cadre du plan France Relance 2021-2023.

Avec un budget total de 1,272 M€ à 40% pris en charge par le Conseil régional, il y a de quoi multiplier les idées pour accompagner la relance. L’IVBD l’a vite compris et a même décidé de compléter le dispositif pour le rendre plus accessible aux pme. Le plan est porté aujourd’hui par 38 entreprises (dont 33 caves indépendantes) sous divers labels et certifications (AB, HVE, Demeter…), à titre individuel pour des actions en marque propre et par l’IVDB avec des opérations collectives. Les entreprises candidates devaient être labellisées ou en conversion et proposer des actions de commercialisation et de prospection.

Informer sur l’engagement global

Parmi les premières actions collectives mises en place, des coffrets cavistes en bois estampillés Esprit Nature dans lesquels chaque producteur présente deux cuvées avec deux verres et un livret explicatif sur l’engagement durable, la création d’un site internet dédié, de jeux concours, une étude de marché sur les circuits courts (imap, épiceries) et les réseaux spécialisés bios… « Ce plan de relance tombe à point nommé au moment où il faut à nouveau vendre et valoriser, précise Marie Lecourt, responsable marketing et digital de l’IVBD. Le travail sur la production est d’autant plus important qu’il est devenu évident que le bio n’est pas une mode mais bel et bien une tendance pérenne et il ne faut plus que ce soit un sujet délicat à aborder afin de ne pas créer de scission avec les producteurs conventionnels. Il faut rassembler, tenter de convaincre ceux qui hésitent encore sans opposer les producteurs entre eux. Nous ne voulons pas seulement expliquer le souci de l’environnement par le mode de production mais aussi par l’art de vivre et l’engagement global d’un vignoble ». Telles la plantation de 800 arbres à Monbazillac, la recherche sur le désherbage robotisé, l’installation de stations météo dans les vignes… « Nous pensons que l’information sur la production ne va rapidement plus suffire a susciter l’achat d’une bouteille. Il faut aussi parler de ce qui différencie un vignoble, de son engagement de territoire pour valoriser toutes les initiatives ». En 2021, 53% des exploitations bergeracoises étaient sous label (28% AB, 25% HVE) ce qui représente les deux tiers des surfaces, soit 7800 hectares et environ 24 millions de bouteilles.

Diversifier les débouchés

Parmi les actions individuelles, ont été proposées des insertions en prospectus et des animations en GD, des prospections dans des épiceries hors Nouvelle-Aquitaine, des réunions-dégustations organisées par un vigneron chez des amateurs de vin, façon Tupperware (comme le domaine de Siorac), le développement de plaquettes d’information (tel le domaine de Perreau pour informer ses clients du passage en bio), la création de sites internet pour diversifier ses débouchés avec le e-commerce, la participation à des salons export ou France (comme celui de Terre de Vins en novembre dernier à Toulouse)…

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