[Montpellier] « Dégustez en V.O ! » ne décolle pas

Malgré une communication bien ficelée et une organisation sans faille, le salon montpelliérain « Dégustez en V.O ! », qui a eu lieu dimanche 5 et lundi 6 mars au Corum, peine à trouver son public, et notamment auprès des professionnels.

« On sait qu’il faut du temps pour implanter un salon dans le paysage mais c’est vrai qu’on est un peu déçus. Même si finalement, on peut dire que c’était la vraie première édition de Dégustez en V.O. ! puisque l’an passé, les dés étaient pipés… » Stéphanie Daumas, la directrice du syndicat AOC Languedoc tente de comprendre pourquoi les allées du Corum sont restées clairsemées dimanche 5 et lundi 6 mars, à Montpellier. Sur les 500 professionnels inscrits en amont, seulement 300 sont venus rendre visite aux 120 vignerons-exposants (en tout, 510 visiteurs en deux jours). « J’ai eu des acheteurs au téléphone qui m’ont dit qu’ils avaient déjà validé leurs achats », prolonge Jean-Philippe Granier, le directeur technique de l’AOC Languedoc. La question du positionnement calendaire se pose encore une fois. Le salon arrive-t-il trop tard après les multiples rendez-vous du mois de février ? Ne faudrait-il pas profiter de l’appel d’air de Millésime Bio pour inscrire le salon dans les esprits ? « On peut se poser la question du choix de la date, c’est vrai, reconnaît Françoise Ollier du domaine Ollier-Taillefer (AOP Faugères). La plupart des prospects ne vont pas revenir deux fois en un mois à Montpellier. » Dans l’ensemble, les vignerons ont peu travaillé mais parfois, un seul contact peut changer la donne. « C’est vrai que je n’ai pas vu grand-monde mais parfois la quantité n’est pas gage de réussite, ajuste Thierry Vidal du domaine la Mélodie de l’Ame à Jonquières. J’ai eu une seule touche avec un hôtel renommé de Montpellier qui peut m’amortir le salon, voire plus. »

« Il y a la place pour un salon régional intimiste en cœur de ville ! »

D’autres comme Anaïs Ricome de la Croix Gratiot à Montagnac ont même retiré beaucoup de positif de cet événement : « J’ai vu une dizaine de cavistes de Montpellier ou des alentours et j’en ai même un qui m’a passé une commande, ce qui ne m’arrive jamais ! » Evidemment, parfois c’est aussi la soupe à la grimace. « Franchement, j’ai l’impression d’avoir perdu deux jours, déplore Loic Reymond, le responsable commercial du Château de Haute-Serre en AOP Cahors. On a vu personne et encore moins pour les hors Languedoc. » Pour mémoire, les 120 vignerons représentaient 50 AOP et 30 IGP du vignoble occitan (dont un quart de vins du Sud-Ouest). « Moi je n’ai vraiment pas envie de critiquer les organisateurs, ils ont tout fait dans les règles de l’art et on a fait pas mal de dégustations intéressantes dimanche avec les amateurs éclairés, poursuit Jean Lacugue du Château de Milhau-Lacugue en AOP Saint-Chinian. En revanche, il faut une vraie remise en cause de l’action professionnelle. Pourquoi ne jouent-ils pas le jeu ? » Points positifs : les masterclass ont fait le plein et l’organisation a été saluée par tous les exposants. Mais pour l’avenir de ce salon, une réflexion en profondeur est nécessaire car le centre de Montpellier doit disposer d’un événement phare autour du vin. « Je suis persuadé qu’il y a la place pour un salon régional intimiste ici en cœur de ville mais peut-être faudra-t-il ouvrir le champ et proposer une offre hybride avec une clef d’entrée autre que le vin ? », interroge Stéphanie Daumas. Pousser notamment le curseur sur la gastronomie locale qui a bonne presse, ou l’œnotourisme, en plein essor dans la région. Les organisateurs ont du pain sur la planche à l’heure où Montpellier veut se positionner comme capitale du vin.  

Plus d’infos : https://www.degustezenvo.com/

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Vente des Hospices de Nuits 2023 : tendances et coups de coeur

Ce dimanche 12 mars aura lieu la 62e vente des Hospices de Nuits, événement qui depuis quelques années bénéficie d’une forte dynamique. Nous avons rencontré Jean-Marc Moron, le régisseur du domaine, et dégusté ses cuvées à quelques jours de leur adjudication.

Régisseur des Hospices de Nuits depuis 1990, Jean-Marc Moron savoure depuis quelques années la popularité de la vente aux enchères de son domaine, pendant laquelle ses vins s’arrachent. Ce qui n’a pas toujours été le cas. « En 2008, on voyait partir le fût de Saint-Georges à 5500€. Puis les prixont grimpéd’année en année. Mais on ne pensait pas à ce point ! » En effet, la cuvée en question se vend désormais près de 10 fois cette somme.

On sent l’intérêt des acheteurs

Jean-Marc Moron

Comment l’expliquer ? «En 2019, maître Cortot a repris la vente et les acheteurs aiment la manière dont il l’anime. Nous profitons aussi de la tendance très positive du marché des vins de Bourgogne. Cette période économique, c’est du jamais-vu. Même si chez nous, on n’a pas encore l’impression que les prix atteignent des excès par rapport à la qualité. » Est-ce que la dynamique va se poursuivre lors de cette vente 2023, 62e du nom, pendant laquelle des volumes importants issus d’une vendange pléthorique seront mis en vente ? « On sent de la volonté, de l’intérêt de la part des acheteurs. Mais le résultat est difficile à prévoir. Comment vont-ils réagir avec ces quantités? Est-ce que cela va se traduire par des achats de prévoyance, ou au contraire moins de demande ? » s’interroge Jean-Marc Moron, forcement un peu soucieux à l’approche du jour J.

Un style de Nuits qui séduit

Le vinificateur peut en tout cas compter sur son style, plus que jamais apprécié des amateurs. Un style fait de gourmandise et de délicatesse, quand d’ordinaire les Nuits sont réputés pour leur charpente puissante. « On compte sur des raisins bien mûrs à la vendange, grâce à des rendements très maîtrisés notamment. Puis on est plutôt passifs dans l’extraction. D’une part car c’est un style que nous apprécions ici. D’autre part du fait de la nature même de la vente : quand nous faisons déguster aux potentiels acheteurs en fin d’hiver, nous tenons à ce que les vins soient déjà souples et élégants. »

Informations et participation via www.hospicesdenuits.com

TERRE DE VINS AIME :

Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Terres Blanches 2022 – Cuvée Pierre de Pême
Lots 101 à 103 : estimation par fût 25 000 €/30 000 €

L’unique fût blanc de la vente, et aussi le plus prisé. L’année dernière, les acheteurs avaient dû batailler pour l’emporter, avec à la clef une adjudication de plus de 50 000€. On les comprend : Cette cuvée tout en puissance et tout en chaire distille des arômes de poire et de pêche bien mûres, ainsi que de fleurs blanches comme le jasmin. Mais cette richesse est parfaitement contrebalancée par une minéralité sèche, poudrée, et une belle tension.

Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Boudots 2022– Cuvée Mesny de Boisseaux
Lots 33 à 36 : estimation par fût 22 000 €/25 000 €

La trame conjugue fruits rouges concentrés et salinité avec élégance, puis s’achève sur des tanins d’un soyeux incomparable, qui rappellent la proximité de la parcelle avec Vosne-Romanée. Grande longueur.

Nuits-Saint-Georges 1er cru Les Saint-Georges Vieilles Vignes 2022 – Cuvée Hugues Perdrizet
Lot 69 : estimation par fût 32 000 €/38 000 €

Nous voici au sommet de l’art des Hospices de Nuits et de Jean-Marc Moron. Une sélection de vieilles vignes au sein du plus grand des Climats de Nuits-Saint Georges. Ici, on a une matière concentrée, tout en volume, rappelant les fruits noirs, le cacao, la réglisse et la cerise confite. Le tout porté par des tanins abondants mais gras, et une tension parfaite. Sans compter cette allonge infinie.

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[Michelin 2023] Pluie d’étoiles en Alsace !

Décidément l’Alsace est à l’honneur, non seulement Strasbourg a été sélectionnée pour accueillir la grande messe annuelle du Guide Michelin, mais une pluie d’étoiles est tombée sur ses restaurants gastronomiques, tandis que l’un des deux prix de la sommellerie a été également attribué à un alsacien. 

Pour reprendre le clin d’œil du président de la République dans son allocution spéciale diffusée pendant la cérémonie : hier ce n’était pas seulement les étoiles du drapeau européen flottant sur le Parlement de Strasbourg qui brillaient dans le ciel d’Alsace, mais celles de tous ces nouveaux chefs récompensés qui s’évertuent à la suite de leurs aînés à enchanter les terroirs du pays de l’Ill. Car si Louis XIV décrivait les riants coteaux de l’Alsace comme des jardins, ce ne sont pas seulement des jardins de vignes et de vergers, ce sont aussi des jardins de talents !

Il y a d’abord le restaurant « de : ja » qui s’est vu doublement récompensé d’une première étoile et d’une étoile verte. L’établissement qui a ouvert ses portes il y a à peine deux ans n’aura pas mis longtemps à faire ses preuves et porte ainsi bien son nom si l’on raisonne en homonymie. Aux commandes, se trouvent David Degoursy et Jeanne Satori, un couple inséparable depuis l’école. Ils ont suivi tous les deux des cursus originaux. David a réalisé dans un premier temps des études de lettres et Jeanne est titulaire d’une licence en écologie ! Leur approche se veut au plus proche de la nature et des saisons comme en témoignent les noms de leurs quatre menus, inspirés des quatre types de récolte : Cueillette, Fenaison, Moisson et Vendanges.

A croire que le Guide Michelin cultive un certain sens de l’humour, à côté de « De : ja », le restaurant « Enfin » reçoit également une première étoile ! Et si l’on peut estimer que le restaurant méritait d’être « enfin » reconnu, sa création n’est toutefois pas beaucoup plus ancienne que le premier, puisqu’il a ouvert en 2020… Installé dans une ancienne menuiserie à Barr, le cadre vaut à lui seul le détour. La restauration de l’intérieur de la bâtisse dans un style épuré à la scandinave offre une atmosphère cistercienne où la lumière joue un rôle central et où rien ne vient nous distraire de la contemplation des compositions artistiques qui se trouvent dans nos assiettes. Six mois après son ouverture, la cuisine du chef Lucas Engel, ancien second de l’auberge Frankenbourg, avait déjà été primée par le Gault et Millau. La recette du succès ? Une cuisine très abordable (menu en semaine à 42 euros), très végétale, un service détendu, et évidemment des produits locaux pour 75 % alsaciens, 24 % français alors qu’1% seulement sont d’importation étrangère (les irréductibles café et thé). Même les épices viennent des terroirs voisins ! A la carte en ce moment ? « Poireaux fondants, graines de moutarde, crème perlée », « Truite d’Alsace cuite lentement au lait fumé, céleri cuit entier », « Ravioles de Sanglier, émulsion de mâche »…  

Au Relais de la Poste à La Wantzenau, le troisième restaurant récompensé d’une étoile, officie un enfant du pays, Thomas Koebel, né à Strasbourg. Son père, garde forestier, qui adorait se mettre aux fourneaux le weekend, lui a donné le goût des recettes locales comme le baeckeoffe… En Alsace, il existe peu de grands restaurants dans lesquels Thomas Koebel n’ait pas travaillé. Formé au CFA Storck de Guebwiller, Thomas est notamment passé par l’Auberge du Cheval Blanc à Westlhalten, le Rosenmeer à Rosheim, le Cygne à Gundershoffen, le Crocodile à Strasbourg, l’Auberge Blanche Neige à Labaroche, L’Essentiel à Haguenau, les Secrets des Grands Express à Geipolsheim… Ce jeune chef impétueux aime la cuisine traditionnelle et ne s’en cache pas, mais il a l’art de la réinventer. Son plat signature ? Le croustillant de pigeon au foie gras…

Enfin, cerise sur le gâteau, le prix Michelin de la sommellerie a été accordé à Cyril Kocher, du restaurant Thierry Schwartz à Obernai (l’autre sommelière récompensée était Gaby Bernicio). On imagine sans peine l’émotion qu’a dû éprouver son compatriote Serges Dubs, meilleur sommelier du monde 1989 officiant à l’auberge de l’Ill, lorsqu’il a eu l’honneur de lui remettre le prix.

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Le Clos Fanny intégré à Figuières

Le vignoble varois de Figuière de la famille Combard vient de s’étendre des 75 hectares du Clos Fanny, ce qui porte la surface totale à 200 hectares. Il compte désormais parmi les plus grands domaines de Provence, en totale autonomie de sourcing.

Pendant que les grands groupes s’étendent tous azimuts en terres provençales, un petite famille du littoral varois résiste en agrandissant son vignoble. Les Combard, François et ses deux soeurs Magali et Delphine, viennent ainsi de racheter les 75 hectares du Clos Fanny appartenant à Fernand Thouron, l’un des principaux apporteurs de la coopérative de Collobrières (Var). « Nous tendions l’oreille aux opportunités depuis un moment car par les temps qui courent, cela peut devenir problématique de ne pas être autonome en termes de sourcing, reconnait Magali Combard, directrice commerciale et marketing. Pour assurer son développement à long terme, mieux vaut le rester ».

Trois ans après l’acquisition du Château Barbeiranne à Pignans (34 hectares), le vignoble de Figuière à La Londe-les-Maures près de Hyères (Var) continue de s’agrandir. Il a donc intégré le Clos Fanny, ce qui porte la surface totale à 200 hectares. L’ancien propriétaire de 82 ans faute de successeur (sa fille unique, Fanny, est institutrice) a bien été courtisé par LVMH mais il a souhaité privilégier une famille vigneronne locale (Alain Combard, le père de la génération actuelle aux commandes, était arrivé de Bourgogne au début des années 90). Connaissant parfaitement son terroir, Fernand Thouron accompagne encore François Combard dans les vignes, converties d’emblée en bio. Figuière a également repris le personnel (cinq personnes), le matériel, les quelques hangars et cabanons de la propriété. Le contrat avec la coopérative a été maintenu avec un cahier des charges plus strict pour que les raisins entrent dans l’assemblage de la cuvée de négoce Signature. 

Clos Fanny ©F. Combard

Un tiers de vignoble en plus

« Le vignoble était plutôt en bon état avec juste les manquants à remplacer », précise Magali Combard. L’encépagement est similaire à Figuière (grenache, cinsault, syrah, cabernet, mourvèdre), le terroir complémentaire avec des sols de schistes dans un cirque encaissé au coeur du massif des Maures, moins soumis à la sécheresse que l’arrière-pays varois mais sans l’influence maritime de La Londe. « Un tiers de vignoble en plus, il y a de quoi voir venir, mais ce sera sans changer de positionnement en matière de distribution, toujours axée sur les CHR, les cavistes et les particuliers, en montant en gamme et en diversifiant les couleurs, notamment en blancs ». Le Clos Fanny n’est actuellement planté qu’en cépages rouges-rosés mais lorsque François Combard replante une parcelle, c’est en blanc « car nous tombons régulièrement en rupture en fin d’été et le consommateur s’intéresse de plus en plus à cette couleur sur le même profil fraîcheur que les rosés. Certes, la couleur bénéficie surtout d’une belle dynamique locale mais plus loin, c’est plus difficile de vendre autre chose que des rosés ». L’extension pourrait également permettre de se développer à l’export, notamment aux Etats-Unis, premier marché du domaine, même si Magali Combard avoue qu’il est de plus en plus difficile de s’y faire une place aux côtés des marques des grandes maisons.

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L’Entre-deux-Mers voit rouge

Reconnue depuis 1937 en blanc, l’appellation bordelaise se déclinera désormais en rouge. Une consécration officialisée ce 7 février, avec un premier millésime attendu pour 2025.

C’est une petite révolution dans le vignoble bordelais. Réputée pour la qualité de ses vins blancs secs, compagnons indissociables (notamment) des huîtres et autres mets de la mer, l’AOC entre-deux-mers est désormais reconnue en rouge. La démarche a été entérinée le 7 février dernier par le Comité National de l’INAO, qui a validé la modification du cahier des charges pour intégrer la production de vins rouges produits sur son aire actuelle. L’aboutissement de deux années de travail du Syndicat Viticole de l’AOC entre-deux-mers en lien avec l’ensemble de la filière.

Cahier des charges « ambitieux »

« La valorisation des vins liée à un cahier des charges ambitieux est clairement l’objectif affiché, affirme un communiqué du Syndicat en date du 3 mars 2023. Cette ambition va être portée par les vignerons et négociants motivés face à ce beau challenge. » Parmi les mesures-phares issues du cahier des charges pour les futurs vins rouges : une densité de plantation à 4500 pieds minimum, un engagement parcellaire, 21 mois d’élevage avant mise en marché, l’utilisation de cépages « traditionnels » du bordelais avec obligation d’assemblage, ou encore l’interdiction de la thermovinification.

En termes de perspectives de production, « sur les 30 500 hectares de vignes rouges plantés sur l’aire de l’AOC entre-deux-mers, il se dégage un potentiel de plus de 5 700 hectares éligibles au cahier des charges, précise le communiqué. L’objectif est de rapidement approcher les surfaces qui produisent le blanc, soit quelque 1500 hectares. »

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De Bordeaux à la Provence, mer calme pour le Guide Michelin

L’édition 2023 du Guide Michelin a rendu son verdict ce lundi 6 mars en matinée. Un palmarès relativement calme, qui vient toutefois saluer plusieurs belles adresses dans la moitié sud de la France. On fait le point.

Une fois passée l’émotion d’apprendre la rétrogradation de Guy Savoy (Paris) et Christopher Coutanceau (La Rochelle, distingué en 2022 par Le Tour des Cartes) qui quittent le club des triplement étoilés pour revenir dans celui des deux macarons (au passage, stratégie de communication maligne de la part du guide rouge qui, anticipant les indignations, a communiqué avec plusieurs jours d’avance sur ce volet du palmarès afin qu’il ne phagocyte pas le reste), que restait-il à attendre de cette édition 2023 du Guide Michelin ? Le verdict est tombé ce matin : 44 restaurants obtiennent une nouvelle étoile (contre 49 l’année dernière), et si l’on va dans le détail ce sont 39 tables qui décrochent leur première étoile, tandis que 4 rejoignent le club des deux étoiles*. Un seul chef rejoint le club très prisé des trois macarons : Alexandre Couillon, à la tête du restaurant La Marine à Noirmoutier.

Parmi les promus 2023, si l’on regarde de plus près vers la moitié sud de la France et notamment la grande zone viticole – car le vin et la gastronomie font toujours bon ménage – qui s’étend de l’Atlantique à la Méditerranée, les bonnes adresses sont légion, même si l’on déplore qu’aucun nouveau 2 étoiles ou 3 étoiles ne s’y invite. En Nouvelle-Aquitaine, on salue le premier mac’ de Aumì à Pumoyen (16), La Table Mirasol à Mont-de-Marsan (40), La Maison de Pierre à Hasparren (64), Maison Ruffet – Villa Navarre à Pau (64) et Ressources à Bordeaux (33). Le chef de ce dernier établissement, Tanguy Laviale (photo ci-dessus), est bien connu de la rédaction de « Terre de Vins » puisque nous lui avions consacré un sujet cuisine dans son précédent établissement, Garopapilles, qui avait déjà récolté un macaron Michelin.

En Occitanie, les premières étoiles brillent chez Rouge à Nîmes (30), Granit – La Mécanique des Frères Bonano à Colombières-sur-Orb (34), L’Arrivage à Sète (34) et Villa Pinewood à Payren-Augmentel (81). À noter que ce petit restaurant « œno-gastronomique » de 14 couverts seulement, situé entre Causse et Montagne Noire à côté de Castres, a été ouvert en 2020 par Anne et Thomas Cabrol et a aussi décroché une étoile verte, synonyme d’engagement environnemental.

Enfin, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, on est attentif aux premières étoiles du Château Eza à Èze (06), des Couleurs de Shimatani à La Ciotat (13) et de Faventia à Tourrettes (83).

*Le Château de Beaulieu à Busnes (Pas-de-Calais), L’Amaryllis à Saint-Rémy (Saône-et-Loire), L’Auberge de Montmin à Talloires-Montmin (Haute-Savoie) et Cyril Attrazic à Aumont-Aubrac (Lozère).

Voir ici la liste complète des étoiles du Guide Michelin 2023

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Le palmarès du guide Michelin 2023 dévoilé !

Attendu avec fébrilité par toute la profession, les étoiles de l’édition 2023 du guide rouge viennent d’être dévoilées. Avec, comme toujours, quelques belles surprises.

Pour sa 123ème édition, le guide Michelin avait décidé d’annoncer son palmarès depuis Strasbourg. Et pour l’occasion, tous les chefs étoilés de France ainsi que tous les chefs 3 étoiles d’Europe se trouvaient dans la salle. Soit, comme le rappelait Emmanuel Macron dans son discours, « plus de 1000 étoiles réunies ». L’émotion était au rendez-vous parmi tous les professionnels honorés. A commencer par le nouveau chef récompensé par le graal des 3 étoiles, Alexandre Couillon au restaurant La Marine sur l’île de Noirmoutier. Cet immense chef, pressenti depuis plusieurs années pour accéder à cette distinction suprême, voit sa cuisine créative et inspirée reconnue au plus haut niveau. Le chef a rappelé « un engagement de 24 ans pour ce restaurant ouvert en 1999 » et a remercié ses maîtres d’apprentissage ainsi que le chef Michel Guérard. Le chef et son épouse étaient très émus et ont tenu à adresser une pensée à Guy Savoy ainsi que Christophe Coutanceau qui ont chacun perdu leur 3ème étoile cette année, information qui avait fuité depuis quelques jours dans les médias. La déception de ces derniers devait être inversement proportionnelle à l’émotion des chefs ayant accédé à la 2ème étoile. Ils sont 4 cette année aux 4 coins de la France à être reconnus pour l’excellence de leur cuisine. Il s’agit de Cyril Attrazic du restaurant éponyme à Aumont-Aubrac en Lozère (48), Christophe Duffosé à Busnes (62) dont le château de Beaulieu est un projet global avec ferme, potager, boulangerie. On compte également parmi les promus Cédric Burtin de l’Amaryllis à Saint-Rémy-de-Provence (13) qui avait obtenu sa 1ère étoile en 2008 ainsi que Florian Favario à Talloires-Montmin (74) qui a rendu un très bel hommage à sa compagne.

Sans oublier les 39 nouvelles tables qui ont accédé à la 1ère étoile. Un tremplin unique pour ces femmes et ces hommes passionnés totalement investis dans leur métier. 33 tables en régions, 6 à Paris avec notamment Pascal Barbot, ancien chef 3 étoiles qui retrouve le palmarès du Michelin avec son restaurant l’Astrance nouvelle mouture. Une émotion toute particulière a saisi la salle lorsque la cheffe Georgiana Viou du restaurant Rouge à Nîmes (30) a pris la parole. Célébrant une cuisine associant influences méditerranéennes et béninoises, la cheffe a salué son équipe qualifiée de « famille » avant d’esquisser quelques pas de danse.

Plusieurs prix spéciaux dévoilés

Le guide a par ailleurs décerné plusieurs prix, récompensant toutes les composantes d’une grande table. Côté cuisine, le prix du « jeune chef de l’année » a été annoncé par le Président de Michelin. C’est Mallory Gabsy qui été honoré. Ce chef de 26 ans né en Belgique s’est fait connaître dans l’émission Top Chef et a vécu une journée magique puisque outre cette distinction, le chef a eu le bonheur de se voir accorder une toute 1ère étoile pour son restaurant parisien ouvert en 2022. Et comme un clin d’œil, le guide rouge a également remis le prix du « chef mentor de l’année » à Michel Troisgros (3 étoiles à ouches), immense personnalité de la cuisine française qui a inspiré de très nombreux chefs et dont son fils a rappelé qu’il « conservait encore aujourd’hui une immense curiosité ». Le guide a par ailleurs décerné une nouvelle fois des étoiles vertes « aux établissements les plus engagés en matière de gastronomie durable » selon les mots de Gwendal Poullennec, Directeur International des Guides Michelin. 8 tables ont été distinguées dont le Domaine de Primard qui a fait ainsi coup double avec sa 1ère étoile également décrochée aujourd’hui. Côté vin, Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989, a remis le prix de la Sommellerie 2023 à Gaby Benicio, sommelière du restaurant Äponem l’auberge du presbytère à Vailhan ainsi qu’à Cyril Kocher du restaurant Thierry Schwartz à Obernai. Dominique Loiseau, de son côté, a remis le prix du Service 2023 à Claire Sonnet du restaurant le Louis XV à Monaco ainsi qu’à Frédéric Rouen du restaurant l’Alternative à Béziers. Enfin, 7 établissements ont rejoint cette année la sélection « Passion Dessert » qui met en avant les tables où les plaisirs sucrés sont spécialement porté à un très haut niveau. Parmi les lauréats, Aurélie Collomb-Clerc de Flocons de Sel à Megève ou bien encore Marius Dufay au Mirazur à Menton.

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[Michelin 2023] Deux sommeliers reçoivent une étoile

La cérémonie à démarré depuis quelques minutes en direct de Strasbourg, devant 1500 invités et animé par la journaliste Anaïs Bouton.

Ils reçoivent le prix de la sommellerie des mains de Serge Dubs (l’Auberge de l’Ill) : Gaby Benicio, sommelière au restaurant Äponem à Vailhan dans le département de l’Hérault « Ce n’est pas tous les jours que les femmes sont à cette place, je me sens très honorée. On tente tous les jours d’apporter un peu de grâce, d’élévation et de délicatesse aux gens qui viennent nous voir, tout simplement. » et Cyril Kocher, sommelier de Thierry Schwartz (Obernai) « Je ne suis pas seul à faire le travaille avec des beaux vignerons en Alsace, des chefs passionnés, sans oublier que le client joue un rôle très important. C’est du partage tout simplement« .

Nous avions rencontré Gaby Benicio en janvier 2022 « Garden Gastronomy : quand Veuve Clicquot s’invite chez Äponem« 

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Le Beaujolais au Salon de l’Agriculture : l’heure du (bon) bilan

Depuis 2018, le Beaujolais joue collectif au SIA, avec un stand commun à l’ensemble des appellations du vignoble, porté par les deux ODG (des crus et Beaujolais/Beaujolais Villages), et co-animés par les 41 vignerons se relayant tout au long de l’événement, présentant les 58 cuvées (sélectionnées sur dégustation après inscription des viticulteurs intéressés) des 34 vignerons, 4 caves coopérative et 1 lycée agricole participant. Bilan de cette 5è édition chorale.

Genèse et objectif

Dire que l’histoire du Beaujolais a pu avoir des airs de tragédie grecque, ou de soap-opera selon les références de chacun, sonne comme une lapalissade. Mais surtout comme le son du passé.
Le Beaujolais a bien compris que l’union fait la force et qu’ensemble, on va plus loin, que ce soit par conviction ou par nécessité.

Luc Pierron, viticulteur dans le sud du Beaujolais et co-organisateur, s’est installé au début des années 2000, à ce moment charnière où l’ancien modèle commençait à s’essouffler mais où le nouveau n’avait pas vu le jour. Il appartient à cette génération qui ne capitalise plus sur le Beaujolais Nouveau mais bien sur les richesses et les qualités de ses terroirs.
Il ressort de ce salon « vidé, mais heureux : on a franchi un cap énorme, on a vraiment su mettre en avant nos forces et nos qualités, qui font notre identité et notre force aujourd’hui, parce que nous allons de l’avant tous ensemble. Vignerons indépendants, coopérateurs, jeunes installés, vignerons expérimentés : nous étions tous là, pour faire la promotion de notre belle région, dont nous aimons autant nos vins que nos productions (nous avons apporté du fromage et des salaisons locales pour accompagner les dégustations), et ses paysages ».

Participer au SIA n’était donc pas une option, tant cet événement fait partie des événements incontournables pour apporter de la notoriété et contribuer à faire changer cette image du Beaujolais, pour mieux rendre compte de la qualité et de la diversité des vins.

Des Beaujolais, une identité

Objectif atteint pour cette édition 2023 : Luc a constaté que « maintenant, les gens cherchent notre stand, nous sommes devenus incontournables. Certains sont aussi venus nous voir une première fois, puis revenus, pour nous dire que nous avions de supers vins et une superbe région. C’est peut-être un peu cliché, mais leur sourire est vraiment la plus belle des gratifications ».

Situé dans le hall des régions, sous la bannière de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le collectif s’est aussi joué avec les collectivités qui ont accompagné le vignoble ces dernières années.
Fabrice Pannekoucke, vice-président délégué à l’agriculture et aux espaces valléens de la Région AURA, a également « retrouvé avec plaisir le territoire et les vins du Beaujolais au SIA. Leur présence, au cœur du village régional, illustre notre fonctionnement quotidien avec une présence forte du Beaujolais dans notre action et dans la construction de plan de filière viticole », confirmant que « être à Paris, c’est profiter d’une vitrine exceptionnelle et l’occasion d’agréger aussi des rencontres et des échanges que l’on ne construit pas par ailleurs ».

Le rendez-vous est donc pris en 2024, comme le souligne Luc, pour maintenir « notre objectif d’être collectivement bons et de faire valoir la diversité de notre région et la qualité de nos vins ».

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Hemera 2008 : l’esprit lumineux du champagne Henriot

Hemera est sans doute l’un des derniers 2008 que l’on verra sortir. Mais la vérité est que ce millésime tout en retenu imposait d’attendre et qu’il commence aujourd’hui tout juste à s’exprimer. Ciselé, étincelant, précis, épuré, vibrant, sa dégustation nous permet de nous remémorer les quelques qualités qui font la différence entre un bon vin et un grand vin, le premier flatte, le deuxième surprend, éblouit et, pour finir, vous élève.

L’origine du champagne Henriot fondé en 1808 se trouve sur la Montagne de Reims, sur trois crus de la face Nord : Mailly, Verzy et Verzenay. Lorsqu’en 1880, la Maison fait l’acquisition de vignes sur la Côte des blancs à Chouilly, Avize et Le Mesnil-sur-Oger, elle opère un basculement. D’un seul coup, le chardonnay qui était absent de ses assemblages devient majoritaire. A la même époque, elle commence à acheter une partie de ses raisins, et c’est sans doute pour être certaine de ne jamais oublier ses racines, qu’elle lance en 1889 « Premier », une cuvée spéciale constituée exclusivement à partir des six crus fondateurs. Au fil des années, ce champagne sera rebaptisé successivement Baccarat, les Enchanteleurs, et à partir du millésime 2005 « Hemera », du nom de la déesse de la lumière. 

C’est l’un des anciens papiers peints de la Maison des Aulnois où figure la déesse Héméra qui a inspiré le nom de la cuvée.

La cuvée connaît alors une légère évolution dans sa philosophie, puisque les six crus sont désormais systématiquement à parité, l’idée étant de mettre davantage en évidence l’expression et l’originalité de chaque millésime, sans chercher par des rééquilibrages géographiques à l’atténuer. Le principe est plus exigeant. En effet, tous les millésimes ne permettent pas à ces six crus à fort caractère de s’accorder spontanément. Il faut souvent un long vieillissement en cave pour leur donner le temps de se réconcilier, et cette entente peut même être impossible sur certaines années. « Chaque cru est unique. Pour les Pinots noirs de la Montagne, Mailly donne des vins expressifs, souvent massifs, opulents. C’est un peu le banquet du chasseur !  Verzenay est davantage dans l’élégance, la finesse et Verzy apporte une structure solide. Côté chardonnays, Chouilly est généreux, exotique. Avize contribue à la vivacité et à la fraîcheur avec cette tension assez marquée. Quant au Mesnil, il apporte une brillance qui n’appartient qu’à ce cru » explique Alice Tétienne, la cheffe de caves.

2005, 2006 et 2008, la trilogie très contrastée d’Hemera

Pour mieux comprendre la spécificité du 2008 que la Maison s’apprête à sortir et l’influence radicale de l’effet millésime sur cette cuvée, une petite verticale s’imposait. Nous avons débuté par Hemera 2005, une année difficile, « en dents de scie », alternant coups de froid, redoux, soleil, humidité… Le caractère affirmé du vin traduit bien le combat mené par la vigne contre la nature. Le champagne s’exprime avec beaucoup de concentration, de manière uniforme, comme un bloc monolithique, jusqu’à ce que la finale vienne ramener un souffle d’air avec une petite pointe d’acidité combinée à une amertume très élégante. Sur ce millésime, clairement, c’est le côté chaleureux et puissant du pinot noir de Mailly qui domine. Les arômes tertiaires sont déjà marqués, mais la trame de fraîcheur de ces six grands terroirs crayeux demeure et ressort à travers une belle salinité.

Hemera 2006 est également très expressif mais dans un tout autre registre. On a d’une part cet aspect opulent donné par la dimension solaire du millésime avec des fruits jaunes mûrs voire confits. Néanmoins, l’humidité qu’on a aussi connue cette année-là, a ramené en bouche beaucoup de fraîcheur et cet aspect fin et bien dessiné. Bref, on est dans l’équilibre parfait, avec juste ce qu’il faut de patine et le bon mix entre rondeur et fraîcheur. De toute évidence, c’est le chardonnay de Chouilly qui domine, dans toute sa générosité. 

Hemera 2008 représente enfin l’année classique au climat typiquement champenois : un printemps humide, un été assez frais, des pluies avant les vendanges suivies du retour in extremis du soleil (le fameux miracle champenois !). Le millésime est connu pour le caractère épuré de ses vins, portés par une tension qui leur donne beaucoup de profondeur, mais aussi une certaine retenue. Les grands vins, on le sait, ne se donnent pas d’un seul coup ! 2008 et cet opus d’Hemera en particulier, en sont l’archétype. « C’est ce qui fait d’Hemera 2008 la cuvée la plus cohérente des trois avec la signature générale de la Maison faite de générosité et de complexité mais toujours dans la distinction et l’élégance. »

Au niveau des arômes, on est clairement sur les agrumes avec un léger vanillé boisé en arrière-plan alors même qu’aucun vin n’a été vinifié sous bois. On n’a pas du tout la rondeur et le côté très soudé du 2006. Mais quelque chose d’angulaire, taillé à la serpe, d’une extrême précision donnant l’impression de pouvoir lire tous les détails. C’est ce qui produit ce caractère vibrant. Il est difficile cette fois de trancher entre la dominance du chardonnay ou du pinot noir. Deux crus mènent en effet la danse, Le Mesnil et Verzenay. D’un côté la tension du chardonnay jaillit comme un rayon de soleil éblouissant, de l’autre l’élégance de Verzenay, donne cette impression ciselée de dentelle. Enfin, si on s’intéresse aux accords, force est de constater que 2006 et 2005 ont des prises de position plus fortes qui amènent à se projeter davantage sur la gastronomie, en privilégiant des plats typés, épicés. Hemera 2008 est plus polyvalente, et peut se déguster seule ou en apéritif. A table, elle accompagnera des plats très divers allant du carpaccio de Saint Jacques agrémenté de yuzu à la volaille fumée au bois de hêtre.

Prix : 189 €

 www.champagne-henriot.com

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