Rencontre avec Florent Latour, le nouveau Président de la Maison Louis Latour

Quelques mois après le décès prématuré de son frère Louis-Fabrice, Florent Latour assure désormais la destinée de cette grande maison bourguignonne comme Président du Directoire. Pour Terre de Vins, il s’est livré au jeu des questions-réponses.

Vous venez de prendre la tête de la Maison familiale. Comment se porte-t-elle ?
La Maison Louis Latour se porte très bien. Nous sommes, avec d’autres, causes et conséquences des vents favorables qui portent aujourd’hui la Bourgogne.

Le décès de votre frère remet-il en question l’indépendance de votre Maison familiale ?
Non, au contraire. Le drame de la disparition prématurée de mon frère nous a tous amené à re-réfléchir à ce qui compte vraiment. Pour la famille Latour et ses diverses branches, c’est la tradition. Et la pierre angulaire de notre tradition, c’est notre indépendance.

Quelles sont les évolutions majeures prises par la Maison au cours de ces dernières années ?
Nous avons décidé de porter notre projet œnologique dans plusieurs régions moins connues de la grande Bourgogne : l’Auxois, l’Yonne et les Pierres Dorées.

Souhaitez-vous développer le bio ? La Biodynamie ? Si oui, dans quelles proportions ?
Nous avons toujours eu au sein du Domaine le souci d’être le plus précis possible, parcelle par parcelle, et de minimiser notre impact. Nous avons successivement été reconnus Agriculture Raisonnée, ISO 14001 et maintenant Agriculture Biologique. Ces démarches nous permettent de certifier nos pratiques et d’enrichir notre réflexion sur la mesure de leur impact, d’abord à l’échelle de nos parcelles puis, plus globalement, à travers des outils complémentaires comme le bilan carbone.

Comment la Maison aborde-t-elle le défi du réchauffement climatique (viticulture, travail des sols, cépages résistants, etc.) ?
La Maison a beaucoup profité de ses expériences dans le Sud de la France (Ardèche et Var) pour s’adapter au changement climatique, en particulier en matière de date de vendanges et de réactivité. Nous nous adaptons sans cesse comme l’ont fait nos prédécesseurs mais avec sans doute des délais plus courts. Ainsi, nous avons renoué avec la taille tardive pour se protéger du gel, nous testons actuellement des porte-greffes résistants à la sécheresse, nous explorons nos collections de Pinot et Chardonnay pour faire une sélection massale plus résiliente face aux chaleurs et nous menons avec le BIVB et la Chambre d’Agriculture des essais de conduite alternative de la canopée pour s’adapter aux conditions du millésime. En effet, outre l’adaptation à long terme à travers le matériel végétal, il est important aussi de pouvoir réagir à la diversité des millésimes qui va grandissante…

Quels sont les grands projets que vous comptez mener dans les prochaines années ?
Nous avons évoqué nos nécessaires ajustements face aux changements climatiques. Par ailleurs, notre marque doit continuer à être synonyme de qualité et d’authentique tradition, y compris auprès de générations plus jeunes et plus digitales. Il nous faut aussi accompagner une distribution aux exigences de réactivité logistiques croissantes. J’ai aussi évidemment pour projet le maintien de notre trajectoire familiale avec l’arrivée cet automne d’Eléonore, la fille ainée de Louis-Fabrice, qui représentera, le moment venu, la 12ème génération.

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