36 sommeliers s’affrontent pour devenir le meilleur de France

Douze minutes de dégustation à l’aveugle, une question flash et un questionnaire chronométré : c’est le défi relevé aujourd’hui par 36 sommeliers français à Vinexpo-Wine Paris. Leur objectif : décrocher une place en demi-finale du concours du Meilleur Sommelier de France et succéder à Xavier Thuizat, sacré en 2022.

« Il faut tendre vers le meilleur pour avoir le meilleur« , affirme Fabrice Sommier, Président de l’Union de la Sommellerie Française. La première épreuve consistait à identifier un Châteauneuf-du-Pape 2020 du Château Beaucastel ainsi que deux gins français : un gin aux algues de Saint-Malo et un gin du sud parfumé à l’huile d’olive de la Distillerie Manguin. « Sur les 36 sommeliers, seulement 1 ou 2 ont trouvé les deux gins« , confie Fabrice Sommier. « Quand tu en identifies un, tu ne penses pas qu’il puisse y en avoir un second. » La deuxième épreuve, un quiz flash en anglais, mettait à l’épreuve la réactivité des candidats. En deux minutes seulement, ils devaient identifier un vignoble français et ses cépages à partir d’une photo. Cette année, il fallait reconnaître le village d’Arbois qui a accueilli la Percée du vin jaune le week-end dernier. Enfin, 40 questions et une carte des vins erronée à corriger attendaient les sommeliers pour la dernière épreuve. « L’objectif est de sélectionner les 7 meilleurs« , explique Fabrice Sommier. « Faire un concours, c’est une bataille contre soi-même. Ceux qui sont là méritent tout le respect qu’on doit avoir, même s’ils n’iront pas plus loin. Ils ont eu envie de se mettre en situation, se challenger et pour moi c’est très important de ne pas oublier ça. »

*Logan Guignot-Trufley – Chef Sommelier, Château Lafaurie-Peyraguey Hôtel***** & Restaurant**
*Julia Scavo, Master of Port 2027 et Meilleur sommelier de Roumanie 2018
*Clément Sommier, sommelier conseil Berthaudin SA
*Bastien Debono, directeur de la sommellerie chez Yoann Conte
*Marie Wodecki, Meilleure jeune sommelière de France 2023
*Edmond Gasser, Chef Sommelier de la Maison PIC
*Quentin Vauléon, Chef sommelier restaurant Frevo*

Les demi-finales se dérouleront en septembre à Bordeaux, et les trois finalistes s’affronteront le dimanche 3 Novembre 2024 durant le Salon EquipHotel à Paris.

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[Wine Paris] Tariquet, ferme pilote d’Occitanie

Présent à Wine Paris (Hall 6-E046), le Domaine Tariquet, en Gascogne, est devenu ferme pilote pour le programme Life Biodiv’Paysanne du Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie.

Tariquet a été retenu comme ferme pilote dans le cadre du projet avec le Conservatoire des Espaces Naturels (CEN) d’Occitanie. « Nous sommes en train de finir l’inventaire et le diagnostic et on commence le plan d’actions en faveur de la biodiversité » précise Rémy Grassa à la tête du domaine gersois avec son frère Armin. « Il a été répertorié une multitude d’oiseaux, environ 20 à 30% de plus que ce que l’on avait estimé, et de nombreuses espèces d’insectes ». Ont ainsi été établis en fonction de ce premier bilan des plans de tontes et de fauches. Une alternance d’espaces entre forêts et prairies de différentes hauteurs et des couloirs pour abriter la faune. Au total, 400 hectares de surface écologique sont dispersés entre les 1125 hectares de vignes. « Nous avions déjà arrêté les pesticides, nous n’utilisons pas de produits systémiques et privilégions les biocontrôles de synthèse et les décoctions de produits naturels. Nous utilisons également des pulvérisateurs avec panneaux de récupération. Cela implique de déterminer les périodes idéales de passages pour l’environnement même si ce n’est pas la meilleure période pour la vigne avant de procéder à des arbitrages »

Récolte de données optimisée 
On dénombre une soixantaine de fermes pilotes en Occitanie mais à ce jour une seule viticole. Le CEN Occitanie investit dans les équipes et le temps de travail dans le cadre du programme de six ans (2022-2027) Life Biodiv’Paysanne pour préserver les espaces naturels menacés par l’intensification de l’agriculture ou l’artificialisation des milieux . Des travaux de R&D sur les résidus sont également menés avec la start-up Bioboun Agrology, ainsi qu’une thèse avec l’université de Bordeaux sur les capteurs embarqués par les tracteurs, encore plus précis qu’un drone pour mesurer la physiologie du vignoble, l’épaisseur des sarments, le stress dû aux maladies, et pour cibler les traitements avec un suivi quasiment pied par pied. « L’important est d’arriver à zéro résidus dans les sols mais aussi dans les vins et nous allons les faire mesurer par un laboratoire à partir du millésime 2023 » insiste Rémy Grassa. Les capteurs et la collecte de données sont subventionnés par la région Occitanie, le salaire du doctorant par la région Nouvelle-Aquitaine et Tariquet finance le projet à 80% sur trois ans. Le premier objectif est la cartographie des foyers de démarrage des maladies qui servira à améliorer le support des tractoristes et augmenter l’observation via une interface pour intervenir plus en amont et dans les zones les plus sensibles. « On ne sera pas propriétaire de la solution mais on avance en think tank dans la connaissance du domaine. Certes, c’est un peu schizophrénique pour gérer le bilan carbone car il y a plus de passages de tracteurs mais nous travaillons en parallèle sur l’allègement du poids des bouteilles, le verre représentant 30% de l’empreinte carbone. Nous avons déjà diminué le poids des bouteilles et nous devrions arriver entre 250 à 300g par bouteille en verre recyclé d’ici deux ans ». Autre gros enjeu en particulier dans le Sud-Ouest, la gestion de l’eau avec des économies en chai mais également en vigne grâce à des captations par stries dans les sols et sans irrigation. « Dans le Gers, quand on irrigue, ce n’est pas une question de survie, c’est juste pour augmenter les rendements donc nous y avons renoncé ».

À découvrir sur Wine Paris 
Outre le nouvel assemblage de la cuvée Classic et le repositionnement de la cuvée effervescente Entracte, Tariquet a relooké sa gamme Séducteurs (3 vins blancs en sauvignon, chardonnay et chenin-chardonnay), lancé de nouveaux formats de 3 et 6 l. pour les cuvées Classic et Premières Grives, et des formats magnums et pots de 2,5 l. pour les 3 bas-armagnacs Le Légendaire, Montreur d’Ors et Pure Folle blanche 25 ans.

Terre de Vins a goûté les dernières cuvées du domaine 
Classic 2023 avec sa nouvelle étiquette vert bouteille, désormais à majorité gros manseng (30%) associé a l’ugni blanc (25%), le colombard (25%) , la syrah(15%) avec une touche de chardonnay et de chenin. (A l’origine, 100% ugni blanc, associé dans les années 80 au colombard puis au gros manseng et au sauvignon à partir de 2011 avant de devenir un six cépages. Un vin léger (11% vol.)  vif et frais aux arômes de fleurs blanches, une note de fruits exotiques et une  finale saline et salivante. (7€)

Cuvée Entracte 2022, revendiquée en Vin De France à son lancement en 2019, elle est désormais en IGP Comté Tolosan (pas d’effervescents en Côtes-de-Gascogne. À 70% chenin complété de chardonnay en cuve close méthode Charmat à zéro dosage coiffée d’un bouchon muselet traditionnel avec agrafe. Des bulles très fines et légères, des arômes de fruits blancs, de coing, une note de jasmin (15€)

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« Dans les spiritueux, la tendance est toujours à la nouveauté »

A l’heure où l’espace Be Spirits dédié notamment aux spiritueux s’agrandit sur Wine Paris-Vinexpo et accueille toujours plus d’exposants, nous avons fait le point sur le marché et les tendances avec Thierry Bénitah, p-dg de la Maison du Whisky

Comment évaluez-vous-vous le marché des spiritueux ? Souffre-t-il du contexte inflationniste ?
Depuis le printemps dernier, le marché des spiritueux en général tourne au ralenti et c’est un phénomène mondial. L’explosion de la consommation pendant le covid, était délirante mais artificielle par un phénomène d’investissements et pas seulement de hausse de consommation. Elle a engendré un surstockage dans les boutiques. D’où le phénomène boomerang : Les professionnels deviennent frileux car ils ont encore des stocks et on constate un décalage avec la réalité des ventes. Les distilleries s’en plaignent mais c’est un phénomène de balancier classique ; le problème c’est qu’il a fait disparaître beaucoup de distilleries au siècle dernier.

Quelle catégorie bénéficie actuellement du plus grand intérêt ?
La tendance dans les spiritueux, c’est toujours la nouveauté, plus qu’une catégorie. C’est un marché à deux vitesses : il y a encore une demande pour des bouteilles exceptionnelles à 2000 € et pour des produits qualitatifs jusqu’à maximum 60 € mais ça se révèle plus difficile pour les références à 90€ et plus. Vu le contexte de l’inflation, ce n’est déjà pas si mal. Les rhums restent des valeurs sûres. La catégorie est encore en pleine évolution et va sans doute suivre les traces des whiskies, avec de nouvelles appellations, des règlementations plus strictes et une premiumisation, notamment par des éditions limitées. Les aficionados et les prescripteurs font parfois la queue devant notre boutique rue d’Anjou pour un single cask en édition limitée, toujours très attendu, comme pour le whisky il y a 25 ans. Il peut y avoir des émeutes pour une bouteille de rhum parce qu’elle suscite de la spéculation et peut se revendre quatre fois le prix. Heureusement, il y a aussi des amateurs qui consomment leurs achats. C’est moins le cas aujourd’hui pour le whisky tant il y a l’embarras du choix avec une offre pléthorique de références. Ce marché mature suscite moins d’excitation pour un seul produit d’autant qu’il se vend en même temps dans 150 pays. Même les whiskies d’exception ont aujourd’hui un caractère un peu moins exceptionnel et en même temps, les vieux whiskies deviennent inaccessibles. Mais on peut penser que certaines bouteilles avec la crise vont sans doute revenir d’Asie et peut-être baisser un peu en prix. Le saké voit aussi la demande progresser. Pour y répondre, nous avons rentré 80 références à la boutique rue d’Anjou, une centaine au bar Golden Promise.

Les whiskies français sont en plein développement avec près de 150 distilleries. Constatez-vous un enthousiasme particulier pour la catégorie ?
On ne constate pas encore d’engouement pour les whiskies français comme avec les whiskies japonais depuis 20 ans mais ils intéressent de plus en plus  de cavistes qui veulent élargir leur assortiment. On atteindra sans doute bientôt les 200 distilleries, ils ont donc le choix. Il faut reconnaître que la recherche qui arrive en tête sur notre site, c’est pour le « whisky français », sans doute parce que les amateurs les connaissent moins bien. La Bretagne est toujours la référence historique et le fer de lance de la catégorie mais en matière de whisky, le tourbé reste la grande tendance toutes origines confondues. Toutes les distilleries ont au moins une référence tourbée. Même Armorik s’y est mis et il faut reconnaître que ça a accéléré leur développement et leur reconnaissance.

Et comment se portent les alcools bruns ? Parviennent-ils à intéresser les consommateurs français ?
Le Cognac devient surtout la nouvelle grande région productrice de whisky. Ils ont l’outil de production, le savoir-faire de la distillation, et une disponibilité des installations hors saison de la distillation du cognac de novembre à mars et comme le cognac est toujours difficile à vendre en France, à cause de l’image et parce que le long drinks n’est pas tendance dans l’Hexagone, c’est une opportunité. On constate en revanche un frémissement de l’armagnac que les amateurs de whisky regardent avec intérêt. Il bénéficie d’une image plus authentique et au vieillissement, il peut ressembler au whisky. En Allemagne, il y a même de clubs d’amateurs d’armagnac que nous n’avons pas ici.

En matière de développement durable, êtes-vous satisfait des résultats de l’emballage circulaire EcoSpirits ?
Nous avons lancé EcoSpirits il y a deux ans auprès des CHR et bartenders avec leurs références habituelles à remplir en vrac dans un conteneur de 4,5 l. et nous le proposons maintenant chez les cavistes. Cette offre de spiritueux en vrac permet d’économiser le verre et rend aussi les produits moins chers. Mais en cave, l’approche est plus difficile car il n’y a pas de références classiques, plutôt des spiritueux décalés, des batchs spécifiques, des éditions limitées qui permettent de lancer des nouveautés. Le consommateur achète une bouteille qu’il peut remplir ensuite avec le produit qu’il souhaite et à prix inférieur et la formule est disponible en 70, 50 et 20 cl. Le présentoir est très esthétique, les clients le remplissent eux-mêmes en choisissant des bouchons personnalisables et une étiquette auto-détachable. Pour l’instant, il n’y a que quelques références (le rhum  Tudes Hopes de Renegade, le gin Verger Sauvage de Drouin, le scotch blend Synthesis Compax Box et Armorik 14 ans) car ça prend beaucoup de place. On y croit fortement mais pour l’instant, ça reste expérimental.

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La filière Vin dévoile ses chiffres

À la veille de Wine Paris-Vinexpo Paris, la filière Vin met en avant les chiffres divulgués par l’étude Deloitte pour valoriser son impact et sa valeur ajoutée dans l’économie française. 

440 000 emplois directs et indirects, 59 Mds € de chiffre d’affaires de la vigne au verre, 6,4 milliards € de taxes, 1,4 % du PIB de la France, soit une valeur ajoutée de 32 Mds €. Vin & Société et le CNIV (Comité National des Interprofessions de Vins à Appellation d’Origine et à Indication Géographique) ont dévoilé une farandole de chiffres provenant de l’étude exclusive du cabinet Deloitte destinée à mesurer la contribution socio-économique de la filière vitivinicole. Pour Samuel Montgermont, président de Vin & Société et Bernard Farges, président du CNIV, c’est « un outil précieux pour nous permettre d’objectiver les contributions concrètes de notre filière. Nous savions le poids symbolique, culturel, patrimonial du vin. Nous découvrons désormais avec précision le cercle vertueux qu’il crée autour de lui pour des milliers d’entreprises et pour notre économie. À l’heure où nous sommes confrontés à de multiples crises (déconsommation, crise climatique, etc), preuve est désormais faite que la filière vitivinicole demeure résiliente et contributive. Elle participe de façon primordiale au dynamisme économique de la France. Cette vitalité ne doit toutefois pas occulter l’ampleur des défis qui nous attendent ». 

Bernard Farges rappelle d’ailleurs que l’impact économique et social de la filière n’avait « jamais été mesuré objectivement » tant pour obtenir une photo de la filière que pour avoir une idée de la valeur ajoutée des entreprises et des fournisseurs. « Le secteur viticole est appelé à se restructurer. Nous devions bénéficier d’indicateurs pour avoir une vision objective de la situation ». Et Samuel Montgermont de souligner que si les emplois à la vigne et à la mise en marché forment le cœur de notre métier, la filière est également liée à la commercialisation (restauration, GD, cavistes) qui pèse déjà plus de 250 000 ETP (Équivalents à Temps Plein) sans compter les fournisseurs de matériel végétal, engrais, matières sèches, soit 115 000 emplois supplémentaires. 

©Deloitte

Une filière pourvoyeuse d’emplois et de valeur ajoutée
Il s’agit de rappeler avant tout que la viticulture est particulièrement pourvoyeuse d’emplois, ce qui n’est pas inutile à la veille d’un des plus grands salons de vins et spiritueux. Ce bilan a été établi en compilant de nombreuses données, des informations récoltées lors d’entretiens de professionnels du secteur et en privilégiant l’agrégation des chiffres individuels des entreprises avant d’appliquer des effets d’entraînement basés sur une comptabilité analytique sectorielle de l’Insee. Et on ne parle que de contribution directe sans compter par exemple la manne œnotouristique et la capacité d’attraction des touristes étrangers en France. Deloitte souligne aussi deux conséquences marquantes : le fait que la filière soit peu centralisée et pas exclusivement concentrée dans les territoires les plus favorisés économiquement, et une intensité en emploi relativement forte, notamment chez les acteurs spécialisés qui pèsent plus de 57% des ETP et qui emploient en moyenne 15 personnes pour 1 M € de valeur ajoutée (contre 10,5 en général pour le secteur des industries et des services selon l’Insee-Esane).

La filière Vins représente donc au global un CA de 92 Mds €. Dans le détail, les viticulteurs génèrent 10 Mds € au sein de 59 000 exploitations viticoles s’étendant sur 750 000 ha, soit 125 000 ETP. Les 600 coopératives pèsent à elles-seules 8600 ETP. Négociants et commerces de gros génèrent selon l’étude 34 Mds € de CA pour 44 000 ETP ; côté distributeurs, 21 % du CA (7,2 Mds €) provient de la restauration ; 5,1 Mds € (soit 2,3 %) de la GD ; 2,1 Mds € des cavistes et 253 M€ de la vente en ligne. Les acteurs intermédiaires de la filière (intrants, tonneaux, bois…) par effets d’entraînement, pèsent 33 Mds € supplémentaires et 186 000 TEP. Sans oublier les taxes de 6,4 Mds € qui alimentent les comptes publics.

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A 18 : quand Ayala conjugue Montagne et Côte des blancs

Le blanc de blancs d’Ayala était jusqu’ici centré sur la Côte des blancs, même si la Maison est à Aÿ. La nouvelle version lancée par la marque rend désormais davantage honneur à ses origines, en intégrant une proportion de chardonnays de la Montagne. Explications…

Qu’est-ce qui différencie A 18 de votre ancien blanc de blancs ?
Hadrien Mouflard (président) : Cela fait plusieurs années que nous travaillons pour pouvoir incarner l’expertise et l’excellence chardonnay en Champagne. Nous avons relancé notre brut sans année l’année dernière avec un nouveau flacon et un chardonnay qui représente désormais au moins 55 % de l’assemblage contre 40 % autrefois. Parmi les grandes maisons historiques, nous sommes ainsi devenus celle où la proportion de chardonnay dans le brut sans année est la plus élevée. Cette fois, c’est notre blanc de blancs que nous souhaitons mettre davantage en avant. Nous voulons être en mesure de sortir une nouvelle édition de cette cuvée chaque année, tout en conservant le style Ayala. Pour cela, nous avons fait évoluer le cahier des charges. Alors que nous étions centrés uniquement sur la Côte des blancs, dorénavant, tout en restant sur les premiers et grands crus, nous intégrons également des chardonnays de la Montagne. L’objectif est de proposer une bibliothèque de toutes les vendanges, quitte certaines années plus difficiles à restreindre le volume pour ne garder que le meilleur. On dit que le principe d’un millésimé consiste à ne pas sortir tous les ans. En réalité, cela dépend des appellations, à Bordeaux ou en Bourgogne, c’est pourtant bien ce qui se pratique, simplement on s’autorise à ce que les styles et les rendements varient.

En quoi les chardonnays de de la Côte des blancs et de la Montagne peuvent-ils être complémentaires?
Julian Gout (chef de caves) : 2018 a été mon premier millésime chez Ayala. Une année pléthorique, solaire, presqu’idéale. À la sortie d’un millésime 2017 qui s’était avéré très compliqué, il semblait salvateur. Mais je me souviens que lorsque nous avons réalisé les premiers essais d’assemblage avec Caroline Latrive, il nous semblait qu’il manquait un petit quelque chose. Nous avons donc voulu faire un essai en sortant pour la première fois du cahier des charges de la cuvée pour intégrer en plus de la colonne vertébrale de Chouilly, Cramant, Mesnil-sur-Oger et Oger, une proportion de Bisseuil. Alors que le risque sur ce millésime de gros rendement était d’aboutir à quelque chose d’un peu dilué qui aurait manqué de profondeur, cela nous a permis de récupérer de la largeur, de la structure. Sur la Montagne, on a moins cette austérité calcaire, si difficile à maîtriser sur la jeunesse. Il y a un peu plus de sol avant la craie, ce qui donne du gras, du crémeux. La Montagne nous donne ainsi la possibilité de venir équilibrer, dompter cette austérité, dont on a cependant besoin pour faire des grands vins sur le long terme. Je pense aussi qu’avec le dérèglement climatique où les années sont toujours plus excessives dans un sens ou un autre, il est important d’ouvrir ses chakras pour mieux s’adapter. C’est aussi le sens de cet aménagement. 

Vous osez un dosage en extra-brut, sur un cépage dont on sait qu’il est en général plus tendu que le pinot noir ou le meunier…
Nous avons dégorgé en juillet et dosé à cinq grammes. Au début, j’ai pensé que nous avions peut-être été un peu audacieux. Mais en réalité, l’équilibre apporté à la fois par ce nouvel assemblage et le vieillissement le justifient. Maintenant que l’on commence à avoir un peu de tertiaire qui ressort, le vin est parfait.

L’année 2023 se caractérise par un recul des volumes expédiés en Champagne, qu’en est-il chez Ayala ?
Hadrien Mouflard : Nous venons d’achever une année record chez Ayala, en chiffre d’affaires, en résultat, et même en volume. Nous avons toutefois noté un ralentissement en fin d’année. Je pense que 2024 va être une année de consolidation. Beaucoup d’augmentations de prix ont été passées par les maisons et les vignerons. Aujourd’hui, les consommateurs demandent une pause. Il est indispensable d’accompagner ces positionnements de prix d’un discours sur la spécificité de nos savoir-faire. Il ne s’agit pas de dire qu’on a augmenté nos tarifs à cause de l’inflation, mais de justifier cette hausse en insistant davantage sur ce que représente l’art de l’assemblage. Aujourd’hui, nos consommateurs comprennent finalement parfois mieux les cuvées parcellaires ou millésimées des vignerons stars, que ce que sont les bruts sans année des grandes maisons. L’œnotourisme joue à ce titre un rôle central et permet de faire venir nos consommateurs pour se rendre compte de la complexité de notre travail. Nous avons d’ailleurs un projet de développement pour faire du sur mesure en proposant à l’avenir deux parcours différents, l’un pour le grand public et l’autre, davantage tourné vers les professionnels qui ont déjà une certaine expertise et qui attendent un autre niveau de discours.

Prix : 74,90 €

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Trouver son chenin grâce à #FandeChenin 

Pour couper court aux méandres des appellations ligériennes et à l’incompréhension qui en découle, la bannière #FandeChenin rassemble tous les producteurs de ce cépage pour gagner en lisibilité… sans pour autant gommer les singularités. [Décryptage]

Ce serait un contresens de prendre l’initiative de #FandeChenin comme une tentative de faire des « vins de cépage » à la manière du Nouveau monde. Sur ce point, Sophie Beauclair, de la Fédération viticole de l’Anjou et de Saumur, tient à rassurer : « Il s’agit surtout de rendre le Chenin accessible pour ensuite aiguiller les acheteurs sur les différentes appellations. » Car il n’y a pas un standard du Chenin ; ce cépage est vinifié aussi bien en sec qu’en moelleux ou encore en fines bulles. 

Un cépage « tout-terroir »
Implanté en Anjou depuis le VIème siècle, le Chenin est un cépage emblématique de la Vallée de la Loire.  Sa production se répartit ainsi : 63% consacrés aux crémants, 26% pour les vins blancs secs et 11% pour les doux. A cette première classification s’ajoute l’influence des terroirs.  

Son profil aromatique est identifiable dans les vins moelleux et liquoreux, grâce à des saveurs de miel d’acacia, de confiture de coing et d’abricot confit. En sec, il a la réputation d’être « tout-terroir ». Plutôt fruité et frais sur les terroirs de schiste en Anjou, il se caractérise à Vouvray par une finale alcaline typique des sols calcaires de l’appellation. « C’est un passeur de terroir » conclut Sophie Beauclair.  

#FandeChenin, les origines 
Qu’y a-t-il de commun entre l’AOP Savennières Roche aux Moines qui rassemble 7 producteurs et l’AOP Crémant de Loire ? Le Chenin ! En 2016, germe l’idée au sein de la Fédération viticole d’Anjou et de Saumur de fédérer autour de cet atout commun. En 2018, Jérémy Arnaud de Terroir Manager est associé au projet et il faut attendre 2019 pour que l’initiative voit le jour. 

Depuis, toutes les appellations concernées ont rejoint le mouvement, soit 26 appellations et une IGP (Chenin de Loire) pour communiquer de concert sur le site fandechenin.com. Sur le moteur de recherche, l’utilisateur peut filtrer les cuvées par appellation et/ou par type : sec, demi-sec, moelleux, fines bulles. Cette approche en entonnoir, décomplexée, donne ainsi sa chance à tous les producteurs quelle que soit l’appellation, de la plus confidentielle à la plus connue.  

@Arnaud Chauvet

Faire des professionnels des ambassadeurs du cépage 
Vingt-sixième cépage mondial, seizième cépage en France, le Chenin fait figure de pépite pour les professionnels dont le conseil est sans conteste la valeur ajoutée. Les cavistes et les restaurateurs, impliqués dans la sélection des vins, deviennent les meilleurs ambassadeurs du cépage. Et, avec la hausse de la consommation des vins blancs, le Chenin joue de ses atouts : rareté, diversité et accessibilité. 

#FandeChenin fédère et anime une communauté de cavistes, restaurateurs et caves à vins. Aujourd’hui plus de 1300 établissements sont référencés et identifiés sur le site. En Juin prochain, aura lieu la quatrième édition de la Chenin Fan Week, une semaine de dégustation autour du Chenin, l’occasion de mobiliser tout le réseau pour communiquer sur les vins … et les appellations. In fine, cette approche par cépage se révèle bien française !  

Terre de Vins a dégusté : 

Blanc Secret Brut nature 2018 |Crémant de Loire | Domaine de Bois Mozé
Crémant de Loire bio, élevé en barriques. Un bouquet frais et fruité, sur la poire, des bulles crémeuses pour une finale sur la minéralité. Parfait avec des crustacés.
17€20 TTC Cavavin Lac de Maine, Vinovalley à Saumur

Schistes Bleus de Martigneau 2022 |Anjou blanc | Domaine du Matin Calme
Belle mise en valeur du Chenin « passeur de terroir », avec sa variation sur le schiste bleu « ardoisier ». Nez sur le fruit jaune mûr, poire. Un fruité qui se retrouve en bouche avec beaucoup de fraîcheur. Idéal pour sur un fromage de chèvre.
18€50 TTC au domaine

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Dijon (aussi) fête sa Saint-Vincent !

Dimanche 11 février, pour la douzième année consécutive, l’Association de secours mutuel de saint-Vincent de Dijon, accompagnée par la municipalité, fêtera son vignoble et ses vignerons.

Cette aventure est née de la volonté conjointe de l’association des Climats de Bourgogne, des maires de Dijon, Nuits-Saint-Georges et Beaune lorsque les Climats n’étaient pas encore inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. La ville de Dijon, partie prenante de cette candidature, peu réputée pour ses vins aujourd’hui, fût alors dans la boucle de l’organisation d’une Saint-Vincent-Tournante des Climats. Le cortège habituel des confréries et de leurs saints était alors rassemblé à Nuits pour se séparer ensuite en deux « convois » dirigés l’un vers Beaune, l’autre vers Dijon, raconte André Valognes, administrateur de l’association et bénévole des premiers jours. L’association est présidée par Pierre Derey (Domaine des Marcs d’Or à Couchey), épaulé par des vignerons de Chenôve, Fixin ou Marsannay.

Associée à cette initiative, la municipalité dijonnaise a souhaité réveiller l’histoire viticole de la Cité des Ducs et la remettre au goût du jour. Il y eût un temps où pas moins de 1150 hectares de vignes s’épanouissaient autour de Dijon ! Le regretté Jean-François Bazin contribua à donner l’élan à cette Saint-Vincent citadine en la mettant sous le patronnage de l’église Saint Philibert. C’est devant cette dernière, très rarement ouverte, que commencent les festivités. Et ce n’est pas un hasard : c’était traditionnellement l’église des vignerons du « Dijonnois » ; on déclarait les bans de vendanges sur son parvis. A cette occasion, on redonnait d’ailleurs « quitus » au maire pour renouveler son mandat. Aujourd’hui, la métropole a entamé un projet ambitieux de replantation de 150 hectares de vignes sur des terres autrefois occupées par ces dernières à Daix, Corcelles-lès-Monts ou Fontaine-lès-Dijon. L’ambition est d’offrir à nouveau des « climats » dignes de ce nom ; un travail de longue haleine a été effectué en amont pour sonder et analyser les terrains avant de les déclarer conformes aux qualités requises des vins de Bourgogne. La Saint-Vincent fête ses vignes et ses vignerons : un des enjeux cruciaux de la société de la Saint-Vincent de Dijon est assurément d’impliquer davantage les vignerons du territoire, nous confie encore André Valognes. Si les vignes retrouvent peu à peu leur place à Dijon, il n’y a pour l’heure en son sein (hormis un projet) point de domaine ou autre cuverie ; cela freine probablement l’investissement des vignerons. Cette Saint-Vincent se veut ancrée dans l’histoire et tournée vers l’avenir. C’est pour cela que ses organisateurs nous ouvrent l’église Saint Philibert où a lieu chaque année une conférence dont le thême met en lumière Dijon, ville de vignes.

D’une Saint-Vincent de Dijon à une nouvelle appellation « Bourgogne-Dijon », il reste encore quelques pas à faire mais l’INAO a déclaré il y a peu le dossier complet. C’est une excellente étape ! Comme pour les procès de canonisation, il ne manque peut-être plus qu’un miracle ! Ou du moins que les vins du « dijonnois » prouvent une nouvelle fois leurs qualités ou usages locaux, loyaux et constants !

Au programme dimanche prochain :
9H : rassemblement devant le parvis de saint Philibert.
9H 15 : conférence : « L’agroécologie et les vignobles de Dijon » par Philippe Lemanceau, vice-président de Dijon Métropole.
10H : Office à la Cathédrale saint-Bénigne célébré par le père Frau, son curé, avec les grandes orgues et la Chorale Samson.
11H : Défilé jusqu’à la cour d’honneur du Palais des ducss et des Etats de Bourgogne. La statue de Saint-Vincent (œuvre d’Henri Vincenot offerte par sa fille au Musée de Dijon) et sa bannière seront accompagnées des confréries de Dijon et des villages voisins.

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La Grande Dame Rosé 2015 : une Grande Dame avant d’être un rosé !

C’est sur un repas préparé par Mory Sako, star de la 11ème édition de top chef, que la Maison Veuve Clicquot a décidé de révéler la version rosé de La Grande Dame 2015 au restaurant MoSuke. Gaëlle Goossens, œnologue et wine quality manager de la Maison Veuve Clicquot, nous dit tout sur ce nouvel opus, mais aussi sur la technique du rosé d’assemblage, qui n’est autorisée qu’en Champagne et qui aurait été inventée par la Veuve Clicquot elle-même en 1818. C’est grâce à cette méthode que, tout en enrobant d’un peu de fruit ce champagne très minéral, la Maison parvient à garder la même droiture qui fait l’élégance de La Grande Dame dans sa version non rosée.

La Grande Dame 2015 brut était sortie en 2022, pourquoi ce décalage dans le temps de la version rosée ?
La Grande Dame Brut comporte déjà 90 % de pinot noir dans son assemblage. Pour la version rosée, la proportion est encore accrue puisqu’on ajoute 14 % de vin rouge issu du Clos Colin. Or, ce cépage a tendance à être réducteur. C’est un donc un vin qui a besoin de plus de temps pour s’ouvrir, s’épanouir.

Quelle est la spécificité du millésime 2015 ?
2015 était un millésime qui nous a challengé. Pour moi, c’est un cas modèle, l’une des premières canicules en Champagne où la maturation des raisins a été très rapide. Il y a eu de très beaux vins mais aussi des vins avec un profil très végétal. C’est la raison pour laquelle nous en avons peu dans nos cuveries de réserve. Il y a eu une précipitation dans la cueillette, lorsqu’on a vu monter les degrés. Aujourd’hui, on a l’habitude. On sait qu’il peut y avoir de plus en plus une dissociation entre le niveau de sucre et la maturité aromatique dans des années chaudes. C’était donc un exercice de style où il a fallu bien sélectionner les vins. L’idée était d’aller puiser dans les terroirs les plus froids, Verzenay, Verzy, où la maturation du raisin a été plus longue, les vendanges un peu plus tardives et où on a donc pu bénéficier d’une meilleure maturité aromatique tout en conservant de la fraîcheur dans les vins. Car si nous avons 90 % de pinot noir, nous ne voulons pas d’arômes de fruits mûrs, ou compotés. Nous voulons vraiment le pinot noir dans toute sa finesse, avec la minéralité et la droiture qu’il peut avoir en Champagne.


Parlez-nous un peu du Clos Colin dont le vin rouge est issu…
C’est la parcelle historique de la Maison utilisée depuis l’origine, lorsque la Veuve Clicquot en personne a initié le rosé d’assemblage. On a voulu l’étudier pour comprendre pourquoi elle avait toujours servi aux rouges de la maison. On s’est aperçu qu’elle était localisée entre deux vallons. Ces derniers forment des couloirs de courant d’air qui descendent de la Montagne ce qui fait remonter de l’air chaud au milieu. Le sol est également différent du reste du cru. On est sur une zone d’éboulis tombés du plateau, les éléments sont plus grossiers, avec beaucoup d’argile, la craie est plus lointaine. Le sol est ainsi très drainant, avec un stress hydrique plus important. Donc, si on additionne la ceinture chaude, l’exposition au sud, le stress hydrique, et une taille plus courte spécifique, on aboutit forcément à des raisins beaucoup plus concentrés.

Élaborer un rosé d’assemblage, est-ce plus facile ou plus difficile qu’un rosé de saignée ?
Dans l’esprit de beaucoup de gens qui ne connaissent pas la Champagne, élaborer du rosé d’assemblage en ajoutant du vin rouge à du vin blanc constitue une facilité par opposition aux rosés de saignée. On est d’accord, il est aisé de mélanger du vin rouge et du vin blanc ! Mais la vraie technique dans le rosé d’assemblage réside davantage dans l’élaboration du vin rouge. On n’élabore pas du vin rouge pour faire du rosé d’assemblage comme on élaborerait un vin rouge classique. On ne recherche pas la même structure tannique, c’est pour ça qu’on ne fait pas d’élevage sous bois et que la macération est plus courte. Il faut être très mesuré sur les tanins qui peuvent vite apporter de l’amertume. D’ailleurs, lorsqu’un rosé est mal équilibré, c’est souvent à cause de l’amertume. Nous modulons ensuite notre manière d’élaborer en fonction du type de rosé auquel nous destinons ce vin. Dans le cas du Brut rosé non vintage, on va être davantage sur le fruit, avec un côté gourmand, croquant. On va donc chercher, à travers une macération plus courte, à extraire moins de matière que dans La Grande Dame rosé. Dans cette dernière, on la pousse un peu plus, pour obtenir plus tard un côté un peu sous bois, un peu plus terroir et vineux, tout en restant dans la finesse. On peut accepter davantage de tanins parce que La Grande Dame a besoin de vieillir, ce qui exige une certaine structure. Cela permet aussi de mieux fixer la couleur dans le temps.

En Champagne, on a le droit pour le vin rouge d’opérer une thermovinification, avez-vous recours à cette pratique ?
C’est en effet autorisé et d’ailleurs c’est étonnant sur une appellation aussi stricte. Chez Veuve Clicquot, nous ne l’employons pas. Cette technique consiste à cuire le raisin pour en extraire le fruit. On obtient grâce à elle des éclats de fruit incroyables, beaucoup de gourmandise. Cela se pratique beaucoup dans le Nouveau Monde. À la dégustation, on en prend plein la vue tout de suite. Mais après, il n’y a rien derrière en termes de matière et de structure. Ce sont des vins qui vieillissent mal. Or, notre identité, c’est vraiment d’aller faire vieillir nos rosés. Donc nous utilisons une macération à la bourguignonne, parce qu’il s’agit du terroir de rouge le plus proche. C’est beaucoup plus exigeant. Dans le cas de la thermovinification, la qualité sanitaire du raisin importe moins, alors qu’ici, comme on a une macération, elle doit être impeccable. Le moindre arôme végétal va être exacerbé, le moindre grain pourri va corrompre toute la cuve. La sélection à l’entrée doit être draconienne.

Sur La Grande Dame Rosé 2015, comme dans La Grande Dame Brut, il y a aussi une pointe de chardonnay, notamment du Mesnil….
L’idée est d’aller ramener un peu de droiture. Le chardonnay apporte de la luminosité au vieillissement. Avec 100 % de pinot noir, on pourrait craindre que nos cuvées au bout de vingt ans deviennent un peu trop lourdes et vineuses. Le fait de rajouter ces cinq ou dix pourcents de chardonnay, c’est un peu comme le grain de sel qui permettra de rehausser l’équilibre du vin, surtout dans le temps, que le chardonnay traverse particulièrement bien.

Pour mieux comprendre la spécificité de La Grande Dame Rosé 2015 par rapport au Brut Rosé non vintage, quels accords préconisez-vous pour chacun ?
Le rosé non millésimé est un champagne de partage, il peut faire des merveilles à l’apéritif sur un plateau de fromage et de charcuterie. On est vraiment sur le fruit, les petites baies rouges, la poire, le côté brioché aussi, car on a quand même trois ans de vieillissement. La Grande Dame Rosé, c’est un vin plus profond et délicat, la cerise sera un peu plus noire que sur le non vintage, on a aussi des épices, du safran, du tabac qui ouvrent la possibilité d’accords complexes. La vinosité permet d’aller jusqu’à un magret de canard avec une sauce bien travaillée.

Le coffret La Grande Dame 2015 Rosé par Paola Paronetto est disponible au Printemps Haussmann et sur Clos19.fr au prix de 250€ TTC.

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Jérôme Gagnez : L’homme qui a redonné du mordant aux vins de Bordeaux

Une voix chaude, une forme rare de truculence et l’art de ne pas y aller par quatre chemins ont forgé la réputation de Jérôme Gagnez, heureux néo-bordelais, qui officie sur les ondes de France Inter dans l’émission On Va Déguster de François-Régis Gaudry ! Il porte un regard sensible et parfois détonant sur les vins de bordeaux, la raison d’un certain désamour. Pas d’idées préconçues mais une vision et un état des lieux forgés à coup de dégustations exclusivement réalisées à l’aveugle. 

Quelle est votre premier souvenir de dégustation d’un vin de bordeaux ?
Mon premier souvenir de bordeaux c’est chez mes grands-parents. Nous parlons de bordeaux qui avaient alors au minimum une vingtaine d’années d’âge. Ce qui me vient immédiatement à l’esprit, c’est un magnum de Beychevelle 1961. J’ai été chanceux. C’était des vins que mon oncle avait acheté à un copain amateur de vin, joueur impénitent, qui avait besoin d’argent. Je pourrais encore citer Talbot 1976. 

Comment les caractériserais-tu ?
Pour le jeune amateur que j’étais, je me souviens confusément, qu’il y avait souvent ce mélange de cassis frais, de sous-bois automnal et un toucher de bouche soyeux. Il y a fort à parier que je l’interpréterais différemment aujourd’hui même si je dois certainement encore un peu chercher ça dans les vins que je goûte. (rire)

Une dernière dégustation marquante ?
Les vins du Clos du Jaugueyron, des vins d’une très grande finesse, qu’il soit en médoc ou en margaux. 

Qu’ont en commun ces vins de votre jeunesse et le dernier vin dégusté ?
Une finesse de texture, une fraicheur, un équilibre et souvent une certaine intensité aromatique alliée à un toucher de bouche d’une grande élégance. 

Comment analysez-vous le désamour pour les vins de bordeaux ?
A Paris, et c’est encore le cas aujourd’hui, il y avait sans arrêt des vignerons des différents vignobles de France qui venaient présenter leur vin lors de tournées avec leurs agents ou via diverses associations de vignerons ou salons particuliers. J’ai donc essentiellement goûté des vins d’ailleurs. J’ajoute que lorsque j’étais amené à en goûter, je retrouvais tous ce qu’on pouvait souvent leur reprocher, à savoir un côté massif, boisé et très extrait !  Ce qui tranchait beaucoup avec les autres vignobles, à l’image des ligériens, qui faisaient des vins plus digestes et légers, avec moins de bois neuf pour des raisons de coûts mais sûrement aussi par pure conviction. D’autre part, le jour où bordeaux a autorisé les bois alternatifs, impliquant le fait que certains « petits » domaines se sont mis à singer les « grands », les chose sont allées de mal en pis !

Et pour lutter efficacement contre ce désamour ?
Il faut, c’est un fait, revenir vers des vins au style plus digeste, qui correspondent aussi aux terroirs bordelais. C’est à mon avis une vision tronquée, une vue de l’esprit que de penser que bordeaux serait obligatoirement synonyme de puissance et de densité pour ne produire que des vins de garde. Il faut également mieux et plus incarner les vins dans la mesure où les consommateurs boivent de moins en moins de vins de consommation courante mais se focalisent plus sur des vins avec de la valeur ajoutée. Avoir en face de soi une vigneronne ou un vigneron qui raconte son histoire, son domaine et sa vie contribuent incontestablement à faire aimer le vin. D’autre part, les vignerons doivent vendre eux-mêmes leur vin à des prix décents dans la mesure où le négoce ne s’occupe pas, ou très peu, des propriétés intermédiaires. J’irais même jusqu’à dire que ces vignerons seraient bien inspirés de mettre sur pieds une distribution qui leur soit propre. 

Est-ce que selon vous les choses bougent malgré tout  ?
Comme déjà observé dans beaucoup d’autres régions, ça bouge dans les AOC qui rencontrent des difficultés. Muscadet est un des plus beaux exemples de remise en question qui commence à porter ses fruits. Cette appellation a vu éclore des néo-vignerons ou de jeunes repreneurs qui ont modifié la vision qu’on pouvait avoir de ses blancs. Cette AOC est, il faut le rappeler, passée de 12 000 à 6 000 hectares pour se recentrer sur des zones plus qualitatives. En ce qui concerne bordeaux, je pense à Castillon, à Francs ou même à Bourg qui replante du malbec et cherche ainsi une identité qui le singularisera du reste de la production. La région la moins dynamique reste, selon moi, le médoc même si on perçoit un certain nombre de signaux positifs, avec en particulier, parfois une redéfinition du profil de leurs vins. 

La prochaine émission On Va Déguster portera sur quoi ?
On y parlera de cuisine chinoise et je présenterai un vin sans souffre d’Exéa, un grand domaine du minervois, familial et en pleine renaissance. C’est absolument délicieux, précis, net et avec du fond. 

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Nouvel an chinois : ABK6 embrasse la tradition cognaçaise

Pour les maisons du Cognaçais, le nouvel an chinois rime chaque année avec la création de cuvées en éditions limitées, synonymes de réussites commerciales. Inspirée du succès de ses congénères, ABK6 a sauté le pas à son tour cette année, symbole d’une prolifération de ces flacons originaux, au-delà même du vignoble charentais. 

Les grandes maisons de Cognac sont coutumières du fait. Après le lapin l’année passée, c’est au tour du dragon d’être célébré en grande pompe à l’approche du nouvel an chinois et de ses festivités qui débutent ce samedi 10 février. Pour l’occasion, Martell, Courvoisier ou Hennessy – pour ne citer qu’elles – ont de nouveau fait appel à des artistes afin de créer des flacons originaux à l’effigie de l’animal totem de la nouvelle année lunaire. Cette année encore, ces collaborations ont débouché sur de sublimes objets, confortant s’il le fallait les eaux-de-vie cognaçaises au rang de produits de luxe. Et si la création de ces « bijoux » est devenue une véritable tradition, elle le doit avant tout à sa lucrativité. En effet, elle permet d’entretenir le statut d’eldorado que représente l’Empire du Milieu pour le Cognaçais. Avec environ 30 millions de bouteilles écoulées en 2022, la Chine représente toujours pour le vignoble charentais son deuxième marché à l’export derrière les États-Unis (111 millions de flacons). 

AKB6 entre dans la danse
Poussée par ce contexte favorable au cognac, AKB6, marque des Domaines Francis Abécassis, a décidé cette année de sauter le pas à son tour en lançant une bouteille dédiée au dragon : un VSOP élaboré à partir d’eaux-de-vie sélectionnées pour l’occasion par Frédéric David, maître de chai des domaines, avant un vieillissement dans les plus vieux fûts du domaine. C’est une rencontre « par hasard » – dixit Francis Abécassis –, qui va accélérer le processus de création, lorsque ce dernier, passionné d’art, croise la route de l’artiste chinois Qiaolong Huang. La réalisation d’une cuvée spéciale devient alors une évidence pour Francis Abécassis et la collaboration prend finalement forme puisque Qiaolong Huang, en duo avec sa compatriote Bingna Xu, réalise le flacon de cette Cuvée du Dragon qui déploie ses ailes dans une année à la saveur particulière pour le fondateur d’ABK6…  « Je suis moi-même du signe du dragon, c’est un petit clin d’œil qui nous fait dire que c’était l’année pour se lancer. » Les astres étaient donc alignés au moment de cette mise en marché et les résultats sont plus qu’à la hauteur. « Nous sommes plus que satisfaits de cette première. Les 7 000 exemplaires sont pratiquement tous écoulés et ce succès a eu un impact énorme pour nous. Au-delà même de notre VSOP, cette édition limitée a donné un véritable boost de popularité à notre marque dans son ensemble, et pas seulement en Chine. Nous avons très bien vendu aux États-Unis et dans les pays avec une forte diaspora chinoise. » Fort de ce succès, Francis Abécassis annonce d’ores et déjà qu’une édition pour l’année du serpent verra le jour dans un an.

Qiaolong Huang et Bingna Xu ont réalisé le flacon de cette édition limitée.

Un succès pas toujours garanti
Si la passerelle Cognac-Chine semble prospère, la multiplication de ces éditions originales peut aussi être un frein côté consommateur. Car au-delà de Cognac et du marché chinois, le phénomène « édition limitée » grandit lui aussi chaque année sur l’ensemble des différents vignobles hexagonaux. Étiquette spéciale, étui coloré, coffret en bois… les propriétés viticoles sont engagées dans une course à l’édition limitée, débouchant sur une prolifération qui a pour conséquence de rehausser l’exigence du consommateur. C’est ce qu’observe Jean-Benoît Auzely, fondateur de 20h33, site bordelais de ventes privées de vins. Il propose depuis plusieurs années des éditions limitées à ses clients et a vu leurs attentes évoluer. « Le public ne se trompe pas. Quand le projet a du sens, il est au rendez-vous. Aujourd’hui, faire une édition limitée pour faire une édition limitée, ça ne suffit plus. Mais dès qu’il y a une vraie valeur ajoutée, une histoire, et que le prix n’est pas déraisonnable, le public est au rendez-vous. »

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