[Nouveau numéro] Terre de vins spécial coopératives : une exception française

Le 93ème opus de Terre de vins arrive en kiosque ce mercredi et met en lumière, à travers un numéro entièrement dédié, un savoir-faire français : le mouvement coopératif.  

Véritable exception française, la coopération occupe une place prépondérante au cœur de la filière viticole, trop souvent mésestimée. En effet, 58 % des viticulteurs de l’Hexagone sont des coopérateurs, une donnée qui représente plus de 45 000 exploitations viticoles réunies à travers 570 coopératives et unions pour une production annuelle supérieure à 16 millions d’hectolitres. Il était donc grand temps d’ouvrir pleinement nos colonnes aux coopératives ! C’est désormais chose faite avec ce numéro de février au sein duquel vous retrouverez cinquante coopératives françaises issus des différents vignobles nationaux, symbole de l’ampleur et du rayonnement d’un mouvement coopératif qui a fait son apparition dans le monde viticole à la toute fin du XIXème siècle. Un dossier historique remonte justement aux sources du mouvement et retrace son évolution pour mieux comprendre ce qu’il est aujourd’hui.

Une histoire en trois chapitres
Une fois ce voyage dans le temps effectué, nous vous proposons, en trois grands chapitres, d’ouvrir les portes de ces exploitations viticoles pas comme les autres. Le premier, consacré aux valeurs de ces coopératives, est une ode à ce qui fait la force de ce mouvement : solidarité, entraide et collectif. Ces termes, souvent galvaudés, constituent ici un véritable socle pour l’ensemble des coopérateurs, une base commune ayant permis à ces derniers d’entrer dans l’ère de l’innovation, thématique de notre deuxième chapitre. Car oui, coopération rime désormais avec innovation puisqu’aujourd’hui, l’enjeu n’est plus seulement d’écouler des volumes de vin standard, surtout en vrac, mais bel et bien de produire des vins qualitatifs répondant aux besoins des marchés et aux attentes des consommateurs. Pour cela, les coopératives se sont dotées d’outils techniques performants et de services marketing compétents, résultant d’une montée en gamme tant en termes de produits que de packaging. Elles sont également « à l’heure » sur les problématiques environnementales et n’ont pas attendu 2024 pour monter dans le train du développement durable. Alors que 75 % des coopératives sont labellisées HVE et 53 % d’entre elles ont sauté le pas du bio, ce numéro spécial met la lumière sur l’ensemble des actions vertueuses qu’elles ont mis en place et les solutions apportées pour répondre aux enjeux futurs. Le troisième chapitre vous ouvre en (très) grand les portes des coopératives avec une « Escapade » dédiée à l’œnotourisme, en plein essor depuis une dizaine d’années, que de nombreuses coopératives ont intégré à leur activité, à l’heure où l’on estime à environ 20 % la hausse du chiffres d’affaires des exploitations viticoles ayant pris le virage de l’œnotourisme. 

Enfin, au fil des pages de ce Terre de vins numéro 93, vous découvrirez un florilège de bouteilles provenant de chacune des cinquante coopératives présentes dans nos colonnes. Rouge, blanc, rosé et même champagne, notre sélection est un bel aperçu du savoir faire de nos vignerons coopérateurs, avec d’excellents nectars bien loin des idées reçues que l’on pourrait se faire des vins de coopératives.

Terre de vins numéro 93, 96 pages, 6,90 €. 
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De nouveaux visages dans le Médoc

C’est officiel ce 6 février, des vignerons israéliens investissent dans le Médoc, sur les 10 hectares du Château Tour du Haut-Moulin, Cru Bourgeois en Haut-Médoc. Les nouveaux-venus s’appellent Golan Flam, Eran Pick et Dan Sheinman. 

On ne les présente plus dans l’univers viticole israélien. Golan Flam vient de la propriété éponyme, un domaine des collines de Judée où, diplômé de l’Université de Plaisance en Italie, il est vigneron aux côtés de sa mère Camellia et de son frère Gilad. Golan Flam investit avec Dan Sheinman et Eran Pick, deux autres figures du vin israélien. Diplômé de l’Université hébraïque de Jérusalem dans les sciences végétales, Dan Sheinman apportera son expérience acquise ces dernières années sur les terres de Bourgogne. Eran Pick enfin, vigneron remarqué au sein de Tzora Vineyards en tant que directeur technique, constitue le troisième investisseur. « C’est le résultat d’années de recherche, précise-t-il. Nous recherchions un terroir exceptionnel dans le Bordelais, une propriété qui nous permettrait de produire des vins qui reflètent notre passion pour les terroirs. Le Château Tour du Haut-Moulin est idéal avec ce plateau de graves à côté de la rivière. Ces atouts naturels, alliés à l’histoire et au savoir-faire de la famille, forment une opportunité unique. Le Médoc est la région viticole la plus emblématique du monde ». La propriété est vendue par Lionel et Carole Poitou qui continueront à s’occuper du domaine. Le Château Tour du Haut-Moulin est classé en tant que Cru Bourgeois et compte une dizaine d’hectares. Le consultant bordelais, Vincent Dupuch, apportera aussi son expertise.   

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Bordeaux-Cognac : une union sur l’autel du négoce

Bordeaux Négoce et le Syndicat des maisons de Cognac se rapprochent : les deux instances professionnelles créent la Fédération des maisons de Cognac et de Bordeaux

Est-ce un mariage d’amour ou de raison ? Voilà en tout cas une union qui tombe sous le sens ! Seul l’estuaire de la Gironde les séparait… Les responsables de Bordeaux Négoce (anciennement l’Union des maisons de Bordeaux) et du Syndicat des maisons de Cognac (SMC) se rapprochent. Les deux structures professionnelles créent aujourd’hui la Fédération des maisons de Bordeaux et de Cognac. L’annonce a été formulée le 30 janvier 2024, lors d’une cérémonie de vœux commune, chez Borie-Manoux, quai de Bacalan à Bordeaux.
Cette fédération se veut « souple et agile ». Elle « portera la voix des 122 entreprises qui la constituent auprès de leur environnement économique et institutionnel », expliquent les coprésidents Lionel Chol (Oenoalliance, Groupe Castel) et Eric Le Gall (Rémy Martin, Groupe Rémy Cointreau).

Un territoire commun, la Nouvelle-Aquitaine
Les deux syndicats partageaient déjà beaucoup sur les questions d’export, de logistique et de transport. Ils avaient organisé un séminaire commun et rencontré les partenaires verriers des deux filières. Leur fédération s’intéressera notamment aux questions sociales et environnementales, à l’emploi et au tourisme. Elle écrit dans un premier communiqué : « Il s’agit d’unir les raisons d’être des deux syndicats et de leurs adhérents pour agir ensemble sur leur territoire commun, la Nouvelle-Aquitaine, et contribuer à son rayonnement à travers le monde. »
Les administrateurs élus qui épauleront les coprésidents Lionel Chol et Eric Le Galle à la tête de la Fédération des maisons de Bordeaux et de Cognac sont : Yann Schÿler (Bordeaux Négoce), trésorier ; Philippe Jouhaud (SMC), secrétaire ; Hervé Bache-Gabrielsen (SMC) et Didier Grandeau (Bordeaux Négoce).

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Arbois a fêté pour la troisième fois sa Percée 

35 000 visiteurs se sont pressés sur ce week-end de Percée du vin jaune dans la jolie cité vigneronne d’Arbois, capitale des vins et de la gastronomie du Jura. L’occasion de (re) découvrir les étonnants vins jaunes mais également les vins jurassiens floraux ou typés, tranquilles ou crémants, et les autres spécialités locales comme le vin de paille et le macvin.

Le retour de La Percée dans la capitale des vins du Jura qui en avait déjà accueilli deux, en 1998 et 2011, était très attendu. « Pour la première édition présidée par Pierre Rolet, la Place de la Liberté avait même été recouverte d’une immense toile qui avait coûté très cher au cas où la pluie aurait gâché la fête mais nous nous sommes rendus compte au fil des éditions que les gens venaient même avec le mauvais temps » se souvient Jean-Charles Tissot, président des vins du Jura. Arbois est également la capitale de la gastronomie jurassienne et tous les bars, bistrots et restaurants étaient ouverts pour l’occasion avec des offres spécial Percée avec vin jaune, en parallèle des différents comptoirs sur la manifestation. De quoi découvrir toutes les variantes au vin jaune, raclette, morbiflette, concoillette, andouillette au vin jaune… 

À jauge augmentée
La jauge avait sensiblement augmenté comparée aux années précédentes (30 000 entrées payantes sans compter les invitations et les pass pour les habitants) « car nous avions davantage de points d’attractions en termes d’établissements de restauration mais également d’expos, la Maison Pasteur… commente Jean-Charles Tissot. Les visiteurs pouvaient donc davantage se diffuser que dans les seuls caveaux par ailleurs plus nombreux à Arbois qui est une vraie cité vigneronne comme Poligny et Lons-le-Saunier. C’était donc une Percée plus « souterraine » dans de jolies caves voûtées. Reste à savoir si les visiteurs ont autant acheté de bouteilles car ils préfèrent parfois repartir avec des cartons quand les hangars sont de plain-pied et la circulation plus fluide ». 
Côté vignerons, ils étaient 51, 32 de moins que l’édition arboisienne de 2011 qui avait battu des records à plus de 60 000 visiteurs. « Beaucoup avaient été traumatisés par les longues files d’attente comme la dernière édition à Lons-le-Saunier en 2016 où les visiteurs étaient plutôt concentrés sur le samedi et il y avait tellement de monde devant les caveaux que beaucoup n’avaient pu déguster que quelques centilitres de vin ». Ce qui avait motivé la mise en place d’une jauge avec réservation préalable.
C’était la troisième édition où la mise en perce avait été déplacée le dimanche pour ouvrir les caveaux dès le matin et répartir davantage le visitorat sur le week-end. « C’est une journée plus paisible et propice aux rencontres avec les vignerons et aux dégustations commentées avec une clientèle plus seniors souvent car elle n’a pas à retravailler le lendemain ». 

©F.Hermine

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Les intronisés sont…
Au repas de la filière qui a rassemblé 630 personnes le jeudi soir, ont été intronisés Marie-Christine Tarby-Maire, fille d’Henri Maire, qui avait été présidente sur plusieurs mandats de l’interprofession des vins du Jura et ancienne présidente de Vin & Société, Jean-Marie Rousseau de la tonnellerie éponyme, présente sur la Percée depuis la première édition, et la maire d’Arbois Valérie Depierre. Le samedi matin, c’était au tour de François Duboz, directeur du domaine de la Pinte et président de la Percée 2024 ainsi que le chanteur Maxime Le Forestier d’être déclarés ambassadeurs des vins du Jura et du vin jaune.
François Duboz a rendu hommage à ce vin jaune « surprenant, jovial et affirmé à l’image de notre mentalité », « par ses arômes particuliers et son histoire, il interroge, surprend et rassemble. Il recentre la notion de patience et de valeur de travail au cœur d’une société où tout va très vite. Le vin jaune prend le temps et arbore sa plus belle robe après six ans de vieillissement, laissant s’exprimer la singularité de notre terroir ». Michel Converset, ancien bâtonnier, ambassadeur de la Confrérie chargé du panégyrique, a souligné « son interaction généreuse dans le monde du vin, particulièrement dans le Jura. Né, élevé et grandi en Arbois avant de revenir en gestionnaire avisé du domaine de la Pinte après une formation et de riches acquis techniques en Bourgogne, il est même l’inventeur d’un atomiseur de vignes en biodynamie. Avec des qualités de sérieux et de rigueur, il a toujours soif d’innovations et d’essor pour la Pinte ».
Au tour de Christian Vuillaume, ambassadeur et maire de Château-Chalon d’évoquer Maxime Le Forestier, « gardien du temple de la chanson française, qui a [en lui] du Prévert, du Boris Vian et du Raimbaud ». « Il connaît bien le Jura, la famille de sa mère étant d’Arc-&-Senans et il passait ses vacances jusqu’à l’âge de 12 ans chez le meunier Joseph avec ses chevaux franc-comtois … ». « C’est un vrai initié aux vins du Jura et aux vins jaunes ». Ce qu’a confirmé le chanteur très applaudi et particulièrement ému quand les ambassadeurs lui ont remis en cadeau son vieux vélo rouillé retrouvé sur un tas de bois chez son ami Léon. « À l’époque où les vacances d’été duraient trois mois, je les passais à Arc-&-Senans et revenais avec l’accent d’ici à Paris. De vous entendre parler aujourd’hui me fait retomber en enfance et merci pour ça ».

Mise en perce et enchères
Le 2017 a donc été mis en perce ce week-end après, comme il se doit, six ans et trois mois de vieillissement. Un petit millésime en volume, le premier de la triste série à avoir subi de gros aléas climatiques avec un gel historique qui a privé les chardonnays de 70 à 90% de la récolte et même plus dans le Sud Revermont. Heureusement, les savagnins tardifs avaient été un peu plus épargnés à -10-30%. Les vins sont toutefois très hétérogènes. La Percée était également l’occasion d’une vente aux enchères de vieux millésimes, près de 200 lots proposés sous le marteau du commissaire-priseur Jean-Paul Renoud-Grappin. Parmi eux, quelques merveilles comme ce vin jaune de 1774 proposé à 28 000 € mais qui n’a hélas pas trouvé preneur et une bouteille de Château-Chalon de 1886 de Georges Bury partie à 3 600 €. Le lot des vins clavelinés en 2024 a été adjugé à 1 500 € ; les fonds seront reversés à l’association Saint-Michel le Haut de Salins-les-Bains, un Esat (Etablissement et service d’aide par le travail) chargé de la réinsertion de personnes handicapées ou en grandes difficultés sociales et qui gère le domaine viticole du Bief des Roussets. 

Vins clavelinés
Domaine Jacques Tissot Arbois 2016
Fruitière vinicole de Pupillin Arbois-Pupillin 2016
Domaine du Bief des Rousset Côtes-du-Jura 2016
Maison Bonnot Côtes-du-Jura 2016
Domaine Frédéric Lambert Côtes-du-Jura 2016
Domaine de Savagny Côtes-du-Jura 2016
Michel Tissot & Fils-Maison Henri Maire Château-Chalon 2016
Domaine Grand Château-Chalon 2016
Domaine Maire & Fils Château-Chalon 2016
Domaine de Lahaye Château-Chalon 2016
Domaine Maire & Fils Arbois 2017
Caveau des Byards Côtes-du-Jura 2017
Fruitière Vinicole d’Arbois Côtes-du-Jura 2017
Maison du Vigneron Côtes-du-Jura 2017
Domaine de Savagny Côtes-du-Jura 2017
Domaine de Savagny Château-Chalon 2017
Château de l’Etoile L’Etoile 201

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Elysé Brigandat, nouveau chef de caves du champagne Valentin Leflaive

Ancien chef de caves de la Maison Drappier, Elysé Brigandat est depuis l’été dernier le nouveau chef de caves de la Maison Valentin Leflaive, succédant à Christophe Pithois. Il fallait un natif de la Côte des Bar, région de transition et de métissage entre la Bourgogne et la Champagne, pour accompagner l’installation de cette famille bourguigonne sur la Côte des blancs !

On peut dire que vous êtes tombé dans la marmite du champagne quand vous étiez petit…
En effet ! Mon grand-père, Pierre Brigandat, a créé son domaine en 1961 à Channes sur la Côte des Bar, et même si mon père était orthodontiste, c’est là-bas que j’ai découvert l’art du champagne. Au départ, j’avais plutôt dans la tête de devenir chirurgien. Mais lors d’une virée avec des amis chez mon grand-père, ils m’ont fait remarquer que je parlais quand même beaucoup de vin et de champagne. Cela m’a fait cogiter et je me suis dit pourquoi pas. C’est ce qui m’a conduit à faire l’agro-Montpelier, puis à passer mon DNO.

Au cours de votre formation, puis au début de votre carrière, vous avez beaucoup bourlingué entre différents domaines, qu’en avez-vous tiré ?
Ma première grande expérience a été en Bourgogne, chez Louis Jadot. Le vin rouge n’est guère dans l’ADN de la Champagne et j’ai pu m’initier là-bas à ce type de vinification auprès du directeur technique Frédéric Barnier. Dans la foulée, je suis parti dans la Mornington Peninsula, le grand vignoble de chardonnay et de pinot noir en Australie, une manière pour moi de creuser davantage ces deux cépages qui me sont si chers. J’ai découvert là-bas une autre approche avec une logique de marché et non une logique de terroir. Les techniques étaient plus industrielles, on n’hésitait pas à utiliser des chambres froides, à érafler les raisins blancs avant de les mettre dans le pressoir, des choses qui ne me seraient jamais venues à l’esprit. À mon retour, j’ai travaillé avec les chercheurs du Comité Champagne, Benoît Villedey et François Berthoumieux, sur des vendanges expérimentales et sur l’impact de l’égrenage sur les noirs et les blancs. Puis j’ai candidaté chez Drappier à un poste de chef de caves adjoint. J’ai été reçu à plusieurs reprises par Michel et Hugo. À la fin, ils m’ont carrément proposé le poste de chef de caves. Je suis resté plus de trois ans. Ce que j’aimais beaucoup c’était la marge d’initiatives que nous avions. Une année, nous avons même tenté de faire une cuve de vin orange, je pense que j’aurais rarement l’occasion de refaire de telles choses, surtout avec des raisins de Champagne ! Leur vinification minimaliste m’a inspiré. Leur démarche consistait à surveiller et accompagner, plutôt que contraindre et plier. Pour moi, c’est la bonne direction. On est passé d’une œnologie curative avec énormément de produits, à une œnologie préventive qui suffit la plupart du temps. Même si j’aime beaucoup cette maison, j’ai priorisé ma vie de couple. Ma compagne qui travaillait elle aussi dans l’Aube a été promue dans la Marne où elle est aujourd’hui responsable technique des vignobles de la Maison Taittinger. J’ai donc cherché un poste dans le même département.


Qu’est-ce qui vous a attiré chez Valentin Leflaive ?
C’est une vraie start-up, avec une ambiance touche à tout. La petite taille de la Maison qui compte à peine 12 hectares d’approvisionnement, me permet d’élargir le champ de mes responsabilités. Je ne suis plus seulement focalisé sur la production, je dois aller rencontrer des vignerons pour créer de nouveaux partenariats. Toute cette effervescence, c’est plutôt dynamique et stimulant. Nous n’avons pas de vignoble propre mais comme tout champenois, si une opportunité se présentait, on essaierait de la saisir, sans chercher à bousculer personne. Dans un milieu tendu, nous ne voulons pas nous faire d’ennemis. Aujourd’hui, nos raisins se répartissent entre la Côte des blancs (70%) et le Nord de la Montagne sur le secteur Verzy, Verzenay. Nous sommes presqu’exclusivement tournés vers l’export, un marché plus facile pour une nouvelle marque que la France où les maisons historiques sont solidement ancrées. Aujourd’hui, la mayonnaise prend, et nous étudions la construction d’un nouveau bâtiment de production.

Comment définiriez-vous le style de vos champagnes ?
Ce que nous recherchons dans nos vinifications, c’est vraiment la fraîcheur, la tension, la minéralité de la craie que l’on retrouve sur nos deux grands terroirs. Nous bloquons souvent les malos. Notre proximité avec les Bourguignons nous procure de belles ressources en bois. Nos fûts ont reçu au préalable des Puligny, des Meursault. Comme la barrique a été bien nourrie en amont, elle ne va plus avoir d’apport tannique, elle ramènera surtout une micro-oxygénation et un petit élément de protection et de complexité au vin. La démarche de Jean Soubeyrand, le directeur général, et Olivier Leflaive consiste en effet à répéter en Champagne les codes de la Bourgogne. Nous ne faisons ainsi que des monocépages et nous avons créé une gamme qui comporte trois niveaux : le bourgogne générique correspond à notre cuvée signature assemblant différents lieux, les cuvées appellation villages sont traduites en Champagne par des monocrus, nous avons notamment Avize, le Mesnil, Oger, Verzy, Verzenay et dans quelques jours nous en sortirons de nouveaux… Enfin le dernier étage qui correspond aux climats est celui des cuvées parcellaires.

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Une révolution margalaise à bas bruit

Deux grands médocains, en quêtes d’identité, reviennent sur l’enracinement originel de leurs vignes, sur un intra-parcellaire très affiné, pour imaginer une gamme de vins de lieu. Plutôt rare sur cette terre du milieu, ramassée sur ses immuables cuvées classées en 1855, et qui donnaient longtemps l’impression d’une frileuse pétrification. Château Durfort-Vivens et Château Marquis de Terme bousculent (doucement) une tradition, dont on se dit qu’elle créa parfois des vignerons hors sols. 

Une cuvée originelle
Le Château Marquis de Terme, Grand Cru Classé en 1855, se présente comme le garant immuable d’une viticulture qui se nourrit de 260 ans d’histoire. Une marque de fabrique parfaitement incarnée à travers des déclinaisons qui répondent à un choix parcellaire, au choix technique et à un choix de cépage. Le Grand Cru Classé Château Marquis de Terme, bateau amiral de la propriété est issu d’une sélection fine des 26 parcelles de l’ensemble du vignoble effectuée sur une base qualitative – un attendu – de Cru Classé médocain. Certaines parties seront, de facto, exclues du Grand Vin. La cuvée Empreinte, une production confidentielle est un hommage appuyé au merlot, présent ici à 60%. Mais nous nous arrêterons sur la cuvée 1762, qui arbore avec fierté la date de création de Marquis de Terme et répond à un besoin de cuvée plus identitaire. Elle est l’expression de l’ensemble des parcelles datant de la création du Marquis de Terme. L’idée de son grand ordonnateur Ludovic David, son directeur, était qu’il fallait que l’ensemble des parcelles originelles soient enfin présentes dans un vin. Une cuvée identitaire avant tout pensée comme la quintessence d’un lieu précis et cadastralement établi comme originel. 

Enfin incarner son terroir
Gonzague Lurton propriétaire du Château Durfort-Vivens, Deuxième Grand Cru Classé en 1855, s’est quant à lui ingénié à imaginer trois cuvées au plus près de leur terroir. On perçoit immédiatement qu’il y a là quelque chose de singulier, de bousculant dans une AOC qui compte plus de classés 1855 que de moutons dans ses vignes. Ces cuvées doivent permettre une parfaite lecture des sols, des cépages de ce cru iconique de Margaux. Est-ce que la biodynamie, Durfort est certifié depuis 2016, sont-ce les élevages en jarres de terre cuite débutés très tôt, quoiqu’il en soit c’est ici parfaitement ancré dans ses sols que Gonzague Lurton a voulu créer cette trilogie Les Plantes, Le Plateau et le Hameau, en s’appuyant sur des cartes millésimées de l’origine parcellaire de ses cuvées. Rappelons que le vignoble de Durfort-Vivens est tout de même composé de 83 blocs – très tôt identifiés – et s’étend sur quatre communes de l’appellation Margaux. Cette viticulture intra-parcellaire valorise clairement les spécificités de chacun des terroirs à l’origine du Grand Vin : la fraicheur, la puissance et l’élégance. Une approche qui autorise en réalité une lecture pédagogique d’un lieu et de l’identité du vin qui y nait. Assurément une porte d’entrée pour réviser ses grands classiques margalais. 

Vers une plus grande lisibilité des vins
Château Durfort-Vivens, tout comme son voisin immédiat le Château Marquis de Terme, est aujourd’hui le fier dépositaire d’un trésor vitivinicole inestimable. Les deux sont pleinement conscients des enjeux de conservation de ces différents patrimoines. Si Château Durfort-Vivens et Château Marquis de Terme s’engagent à préserver un héritage littéralement « béni des dieux », ils ont surtout en commun d’être méticuleusement revenus sur un parcellaire qu’on a voulu trop tôt figer dans le marbre. Deux fortes têtes qui s’attachent à faire de leurs exploitations un véritable lieu d’expérimentations pour élaborer également de nouveaux profils organoleptiques. Une quête d’identité, qui chez ces deux-là, est indéniablement à l’origine de cuvées de lieu plus lisibles et incarnées.

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[Publi-Info] Champagne Palmer & Co dévoile sa nouvelle identité visuelle à Wine Paris

Champagne Palmer & Co rebaptise son Brut « La Réserve » et met en lumière l’excellence de la gestion de ses vins de réserve dans sa nouvelle collection dévoilée à l’occasion de Wine Paris & Vinexpo Paris 2024.

La Maison Rémoise enrichit les informations partagées avec les consommateurs, offrant la possibilité aux amateurs les plus exigeants de plonger dans les secrets de sa signature. « Notre ambition a toujours été de créer des grands vins de champagne, à la fois uniques et reconnaissables, et d’inscrire dans le temps cette volonté comme la marque de notre identité. La Réserve témoigne de l’expertise de notre Maison en matière d’assemblage et de gestion des vins de réserve que nous sommes heureux de partager en toute transparence. » Rémi Vervier, Directeur Général

Nouveautés à découvrir HALL 3 – STAND L 216

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Et si on buvait des archives ?!…

Un assemblage prometteur pour les amateurs de vin et d’histoire : quand les savoir-faire du caviste et de l’archiviste vont de pair. Une soirée de découvertes exceptionnelles tant historiques que gustatives autour de l’appellation Morey-Saint-Denis. 

Bernard Pivot pourrait introduire cette soirée avec ses célèbres mots : « Quand on parle du climat en Bourgogne, on ne regarde pas vers le ciel mais vers la terre » ; on peut également se pencher sur les vieux papiers ! Depuis le classement des 1234 Climats de Bourgogne au patrimoine mondial de l’UNESCO le 4 juillet 2015, cette dénomination des meilleurs terroirs – ceux qui offrent les meilleurs crus – est familière d’un large public. Faire vivre une dégustation de vins d’appellations prestigieuses en se plongeant à la source historique de ces climats est donc l’idée qui a germé simultanément chez l’expert en vins Adrien Tirelli et chez l’expert en parchemins Edouard Bouyé. « Quelques jours après la Saint-Vincent tournante qui se déroula à Morey et à Chambolle, il s’agit de découvrir de vieux parchemins et de grands vins, tous deux produits d’un terroir d’exception. Un voyage dans le temps, dans les climats de Morey-Saint-Denis comme dans la profondeur de leur sol et… dans votre verre », explique le caviste.

Exposition d’archives viti-vinicoles ©CD21 F. PETOT

©CD21 F. PETOT

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Émerveillé devant la richesse de ses fonds liés à l’histoire viti-vinicole, le directeur des archives départementales se confie : « Ce qui est incroyable, en Bourgogne, c’est que les noms des vignes, tels qu’ils figurent sur les parchemins médiévaux, se retrouvent sur les étiquettes d’aujourd’hui. Les noms des climats bourguignons perdurent, avec parfois des variations au fil du temps. Il y a aussi des noms de climats médiévaux qui aujourd’hui n’existent plus. On connaissait les assemblages vins-mets, vins-musique, vins-peinture, mais c’est la première fois que l’on imagine une dégustation d’archives et de vin (dans cet ordre, car il faut être à jeun pour déchiffrer les archives !). C’est en ce sens que la Bourgogne est magique pour les amateurs d’archives et de vin. C’est comme si l’on buvait des climats pluri centenaires, le caviste explique la localisation des vignes, détaille leur sol, et l’archiviste ajoute une dimension temporelle : c’est comme si l’on dégustait un Clos des Lambrays 1325 ! » Écoutons Adrien Tirelli nous éclairer sur ce qui a guidé le choix des bouteilles pour cette soirée : « Face à ces archives, éléments constitutifs de ces climats, je souhaitais présenter des vins à la hauteur de l’évènement, à la fois pour illustrer la haute valeur viticole de ces climats, mais également avec l’idée de donner au plus grand nombre la chance de pouvoir déguster ces vins parfois inaccessibles. Nous pouvons citer parmi les vins qui seront dégustés le domaine Cécile Tremblay avec son Morey « Très Girard » ou encore le Clos des Lambrays (Grand Cru) tous deux en 2017 ». Et en quoi ils reflètent au mieux ces terroirs : « Le choix des vignerons est cornélien. L’idée est de trouver pour chacune des parcelles mentionnées dans les archives un vin à même de l’illustrer avec brio. La dégustation doit être cohérente et pointue, proposant une vraie immersion dans les climats de Morey et un crescendo particulièrement grisant ! Ma sensibilité va naturellement vers des vins vivants issus d’une viticulture rigoureuse et des vins vibrants qui offrent une lecture précise de ces terroirs. » Au-delà du lexique inhérent à la dégustation (si calibré aujourd’hui), le souhait est ici de s’intéresser au « vin pour lui-même », comme l’écrit Jean Szlamowicz dans son ouvrage Savoir parler du vin « en examinant comment le vocabulaire qui le décrit – les noms du vin, l’histoire dont il est la trace- en fait un objet culturel particulier, dans son rapport au temps, à l’espace et à l’esthétique. » Le programme de cette dégustation de vins et d’archives remplit parfaitement ce cahier des charges !

Pour les gourmets férus d’histoire, voici le lien pour s’inscrire : Soirée dégustation Archives et Vins de Morey-Saint-Denis | Les Clos Vivants.

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Un bunker pour abriter la plus prestigieuse cave du monde

Un nouveau bunker a été creusé dans le jardin deux-sevrien de Michel-Jack Chasseuil pour abriter sa collection de 50 000 bouteilles. Une folie à faire tourner la tête de l’amateur et que l’on peut visiter. 

On parle souvent de la plus belle cave du monde et son créateur, Michel-Jack Chasseuil, préfère parler de la plus prestigieuse : « Car le mot « belle » ne signifie pas grand-chose, celle du restaurant parisien, La Tour d’Argent, est par exemple très belle mais la mienne, à force de recherche et de travail, est impossible à égaler aujourd’hui, des flacons sont introuvables, c’est en cela que c’est la plus prestigieuse ». Michel-Jack Chasseuil joue sur les mots, c’est un méticuleux, un acharné, un jusqu’au-boutiste. Il fallait tout ça pour réunir quelque 50 000 bouteilles de vins et de spiritueux dans sa maison de La Chapelle-Bâton, dans les Deux-Sèvres. Une nouvelle cave abrite ce trésor : bienvenue chez le Facteur Cheval du vin. 

©Alban Couturier

A force de reportages, la cave de Michel-Jack Chasseuil est connue dans le monde (du vin) entier. Cet ancien salarié de Dassault a passé une vie à acquérir des bouteilles de vins. Collectionneur dans l’âme, il a commencé par les timbres, les oiseaux empaillés, les pièces de monnaie jusqu’à la moitié du billet de 500 francs que Serge Gainsbourg n’a pas brûlé… Mais surtout du vin, des ventes aux enchères aux échanges, du mathusalem de Romanée-Conti à un siècle et quelque d’Yquem, des chartreuses tarragone à des cognacs du Premier Empire, en passant par les Jayer, les Coche-Dury, Latour, Guigal, etc. etc., y compris les grandes bouteilles étrangères. La cave regorge aussi des plus grands vins d’appellations moins prestigieuses, de Gaillac à Cahors, de Madiran au Jura car Michel-Jack Chasseuil est un vrai connaisseur : « Je veux les meilleurs vins, pas forcément les plus chers même si les meilleurs vins sont souvent les plus chers ». Avec l’envolée des prix aux contours de l’an 2000, Chasseuil s’est retrouvé assis sur un trésor inestimable. Un milliardaire chinois lui a signé un chèque de 50 000 euros. Nenni. Le collectionneur ne vend pas sans quoi ce n’est plus un collectionneur. L’idée fut un temps de placer sa cave à Paris, même en Russie, mais finalement, ce sera à La Chapelle-Bâton, où tout a commencé. Parallèlement à l’ouverture de cette nouvelle cave, Michel-Jack Chasseuil s’apprête notamment à publier une nouvelle édition augmentée de ses 100 bouteilles extraordinaires (éditions Glénat), se prête à un tournage pour une série Netflix et prépare son petit-fils, Adrien, pour lui succéder à la tête de ce muséum. 

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Alain de Vogüé, ancien président de Veuve Clicquot, est décédé

Ancien président de la Maison Veuve Clicquot jusqu’en 1987, descendant direct d’Edouard Werlé, Alain de Vogüé nous a quittés à l’âge de 97 ans le 23 janvier. Pendant les Trente Glorieuses et jusqu’à l’entrée de la Maison dans le groupe Louis Vuitton devenu ensuite LVMH, il avait remarquablement accompagné le développement de la marque.

Alain de Vogüé a été le dernier président membre de la famille Werlé, successeur au XIXe siècle de la Veuve Clicquot. Son père Bertrand de Vogüé qui l’avait précédé à la présidence de la marque jaune était le frère de Robert-Jean de Vogüé, lui-même président de Moët & Chandon. Ces deux natifs du Berry avaient en effet épousé des héritières du champagne. Le parcours d’Alain de Vogüé est la preuve qu’être littéraire de formation n’empêche pas de devenir un grand capitaine d’industrie. Avant d’étudier le droit, il avait en effet reçu une formation d’historien.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que sa gestion du champagne Veuve Clicquot fut dynamique. Même s’il n’était pas encore président (il entre en 1952 et il ne le deviendra que dans les années 1970), c’est bien à lui que l’on doit l’entrée en bourse de la maison dans les années 1960, contre l’avis, il faut le dire, des autres membres de la famille. Elle permit pourtant à l’entreprise de suivre la croissance de la demande du champagne pendant les Trente glorieuses, alors que les ventes de la Maison avaient peu progressé pendant la première moitié du XXe siècle. Suivant la même stratégie que Moët & Chandon à l’époque, qui avait racheté le parfum Dior et fait l’acquisition d’autres maisons de champagne complémentaires par leur segment de marché, il a conduit Veuve Clicquot à racheter le parfum Givenchy en 1981, et à faire l’acquisition de Canard-Duchêne en 1978, depuis revendu au groupe Thiénot.  Du point de vue marketing, il a su remarquablement mettre en avant l’originalité du personnage de la Veuve Clicquot en tant que femme entrepreneur. C’est sous sa direction que fut ainsi créé le Bold Woman Award. Il fut aussi à l’origine du lancement de la cuvée spéciale de la Maison, la Grande Dame, en 1972, à l’occasion du bicentenaire de la fondation. 

L’homme d’affaires se doublait d’un homme de cœur. Alain de Vogüé était en effet un patron social. Reproduisant l’initiative de son oncle Robert-Jean de Vogüé chez Moët & Chandon, il a instauré dans les années 1960 l’intéressement à la productivité dans son entreprise, qui permettra aux cavistes de mieux accepter les mutations au moment où le métier se mécanisait. Après s’être associé à Joseph Henriot, celui-ci lui succèdera en 1987 à la présidence de la maison, rentrée dans le groupe Louis Vuitton en 1986. Il sera aussi très investi au niveau de l’interprofession. Il présidera le Syndicat de Grandes Marques, ancêtre de l’Union des Maisons de Champagne, ainsi que l’Association viticole champenoise de 1962 à 1990 en charge de la recherche collective en Champagne.

Notre équipe s’associe à la peine de sa famille et de ses anciens collègues et leur présente ses plus sincères condoléances.

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