L’éco-pâturage dans les vignes : une pratique vertueuse

L’éco-pâturage semble gagner les faveurs des domaines viticoles depuis une décennie. Effet de mode ? Volonté de retisser le lien avec la nature ? Bénéfices réels ? Pour qui ? L’idée d’introduire des moutons ou des brebis (voire même des oies ou des cochons nains ) entre les rangs de vignes gagne du terrain. Viticulteur ou berger chacun y trouve son compte.

Le passage du troupeau maintient l’herbe rase et contient la pousse d’espèces indésirables. Au château Gruaud Larose (second grand cru classé en 1855 à Saint Julien) « c’est une centaine de brebis, de races rustiques, qui pâturent sur les 77 hectares de vignes et dans la peupleraie. Nous mettons à disposition des parcs de nuit et un bâtiment pour les agnelages » dit Virginie Sallette, la directrice technique. Miguel Aguirre, le directeur de la Tour Blanche (1er Grand Cru classé en 1855 à Bommes) indique que le pâturage permet « d’augmenter la matière organique sur les sols ». Les déjections favorisent aussi « un rééquilibrage du peuplement végétal par un re-semis » ajoute Virginie Sallette. Ce pâturage permet d’éviter un désherbage coûteux avec un engin lourd qui tasse les sols. 

Quant au berger, il voit dans ces pâturages une ressource alimentaire riche et facile d’accès qui l’affranchit du souci de posséder du foncier pour son troupeau. Il va ainsi, dans un rayon d’action court, amener son troupeau de domaines en châteaux et, une fois sa mission accomplie, fera stationner son troupeau entre avril et novembre dans un château qui aura des prairies à disposition : une base en quelque sorte. Car la période de pâturage dans le vignoble s’étale de novembre (fin des vendanges) à début avril (avant le débourrement). 

Quelques contraintes techniques
Plusieurs options s’offrent au propriétaire viticole : soit constituer son propre troupeau, soit s’en remettre à un berger prestataire de services qui, dans la plupart des cas, facturera ses interventions. Des accords verbaux sont fréquents, surtout lorsqu’il y a une bonne entente, mais dans notre monde où le juridique est une donnée montante, la contractualisation semble utile : un exemple de convention existe.

Dans tous les cas, il faudra s’assurer de la possibilité de surveiller le troupeau en installant des filets ou une clôture électrique mobile. Il faut également prévoir un enclos pour les nuits et souvent un hébergement pour le berger itinérant. 

Quant au couvert végétal celui-ci est naturel ou semé. Dans ce dernier cas, on veillera à signaler au berger une forte présence de légumineuses afin de limiter les risques d’indigestion. Le berger sera également sensible aux traitements de la vigne. Il préfèrera faire entrer son troupeau dans les vignobles 8 à 10 jours après un traitement au cuivre et, de préférence, après un épisode pluvieux qui nettoie la vigne. Dans tous les cas, il privilégiera un domaine bio, et, à minima, une conduite raisonnée. 

Une philosophie plus qu’un système économique ?
Au château Poncié (Fleurie, Beaujolais) le choix a été fait de posséder un troupeau de 13 brebis qui contribuent à  la maitrise de l’enherbement mais ne suffisent pas pour traiter tout le vignoble de 35 hectares. M Lachaux, le nouveau chef de culture, justifie ce choix : « Nous avons un domaine qui fait 100 ha avec des près et des bois. Nous souhaitons valoriser tous ces espaces. On ne le fait pas pour développer le business. On aime plutôt l’idée de diversité ». Virginie Sallette va dans ce sens : « l’éco pâturage n’a d’intérêt que s’il fait partie d’une philosophie globale. Le bénéfice est impalpable, de l’ordre du ressenti. Nous avons une vraie responsabilité vis-à-vis de l’environnement avec lequel on a une intimité ». 

Le berger a, avec ces pâturages, une ressource gratuite. Mais, parce qu’elle correspond aux attentes du consommateur qui est sensible aux liens retissés avec la nature, la vision d’un troupeau pâturant dans les vignes participe à la bonne image des châteaux. 

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Habits de lumière en Champagne, les 7 coups de cœur de Terre de vins

Les 8, 9 et 10 décembre, la célèbre avenue de champagne à Epernay se pare de ses plus beaux atours pour la 23ème édition des Habits de lumière. Près de 60 000 personnes sont attendues pour assister aux animations festives de la Ville et des maisons de champagne. Voici une sélection non exhaustive des propositions artistiques, effervescentes et culinaires.

Un spectacle aquatique pour les 280 ans de Moët & Chandon 

La plus célèbre maison de champagne souffle ses bougies depuis le début de l’année. Elle ne pouvait rater une nouvelle occasion de fêter en public les 280 ans de sa naissance. Vendredi et samedi soir, les amateurs pourront entrer dans les Jardins à la française de l’Orangerie afin de profiter d’un spectacle aquatique spécialement conçu pour l’événement. 
Vendredi 8 et samedi 9 à 19h au 9 bis, av. de Champagne

©Moët & Chandon

La « british touch » de Pol Roger

Les Habits de lumière sont l’unique possibilité pour le grand public d’entrer un peu dans l’univers feutré de la maison familiale Pol Roger, qui n’ouvre pas ses caves aux visites. Marque de champagne favorite de Sir Winston Churchill, la maison innove cette année pour l’événement sparnacien en illuminant ses murs de projections rappelant à la fois son identité et son attachement au marché britannique, le tout premier de la maison. Le groupe de jazz champenois Olivia Begyn animera les deux soirées. Plusieurs cuvées seront proposées à la dégustation.
Vendredi et samedi à partir de 17h30, au n° 34

©MKB

À noter qu’à partir de 19h les deux soirs, comme en 2022, une « silent disco » se tiendra cour Pol Roger, au numéro 32. Il s’agit d’une discothèque silencieuse à ciel ouvert, chacun écoutant la musique dans un casque audio.

La féerie naturelle de Perrier-Jouët

Voilà une autre maison de champagne qui n’ouvre pas ses caves au grand public, mais qui se rend plus accessible depuis l’ouverture d’une boutique en 2019 et l’aménagement de la cour du n° 24 en 2021. Les illuminations ont cette année pour thème « Fill you world with wonder », du nom de la nouvelle campagne de la marque. Très végétale, à l’image de la cuvée Belle Epoque, inspirée du nouveau film manifeste réalisé par le Japonais Show Yanagisawa, elle met en scène l’actrice française Mélanie Laurent. Ces espaces seront également accessibles le dimanche.
Boutique ouverte de 12h à 18h, Cellier Belle Epoque (bar et cour), de 18h et 23h les vendredi et samedi, de 11h à 15h le dimanche.

©Ville d’Epernay

La gourmandise étoilée des Habits de saveurs

Moment incontournable, les Habits de saveurs démontrent le savoir-faire des chefs étoilés régionaux. Sous les yeux des visiteurs, ils cuisineront des accords mets et champagnes, tirés au sort. Le moment est d’autant plus exceptionnel que le résultat est offert au public ! Cette année, parmi les associations à faire saliver, Kazuyuki Tanaka, chef du restaurant Racine à Reims, mariera un mets au champagne de Castellane. Jérôme Feck de l’hôtel L’Angleterre à Châlons-en-Champagne concoctera un plat en accord avec le champagne Mercier. Les amateurs pourront aussi déguster la proposition culinaire de Benjamin Andreux, chef du Millénaire à Reims avec le champagne Esterlin.
Samedi 9 de 9h à 12h30

Chef du Racine ©Ville d’Epernay

Des vidéo-mapping oniriques

Véritables voyages dans l’imaginaire, les vidéo mapping représentent l’un des atouts festifs majeurs des Habits de lumière. Toutes les quinze minutes, la façade de l’hôtel de ville (n° 7 bis) dévoilera « Flora noctis », une création de Graphics eMotion, un univers de mondes végétaux abstraits racontant le cycle de vie d’une plante. Au n° 38, la façade la villa rose sera le théâtre de « Jardin de nuit », un ballet d’oiseaux, d’insectes et de papillons monarques s’échappant de tableaux conçus par Alexandre Bourgeois et Marie-Jeanne Gauthé, en partenariat avec la ville d’Epinal. Sans oublier une projection sur la tour de Castellane, encore tenu secrète.
Vendredi et samedi à partir de 19h

©Ville d’Epernay

Un atelier d’accord mets et vins

Avant d’aller s’extasier devant les animations festives, de danser et de déguster dans les cours des maisons de champagne, les Habits de lumière invitent les amateurs à s’initier aux accords mets et vins. Franck Wolfert, formateur en dégustation, et son fils Martin animeront quatre ateliers de façon ludique dans les salons de l’hôtel de ville. Le matin, Franck Wolfert dédicacera son nouvel ouvrage « Le langage des champagnes » à 11h.
Séances samedi à 14h, 15h, 16h et 17h. Gratuit dans la limite des places disponibles. Réservations à partir du 27/11 dès 10h à l’office de tourisme d’Epernay au 0326533300.

Le bon plan pour le feu d’artifice chez Elodie D.

Visible depuis toute l’avenue de champagne, l’annuel et l’indispensable spectacle pyrotechnique proposé par Eurodrop sera de nouveau tiré depuis les vignes Mercier les deux soirs à 20h30. Situé en face du champagne Mercier, le champagne Elodie D., offrira une prestation unique : profiter du spectacle sous un chapiteau chauffé en dégustant le menu spécial mitonné par le chef Romain Boiroux, installé dans la maison depuis quelques semaines pour l’activité hôtelière. 

Menu entrée, plat et dessert à 45 euros, coupe de champagne incluse. Aux n° 71 et 73.

©Ville d’Epernay

Programme complet sur habitsdelumiere.epernay.fr

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Beaujolais Nouveau : carte d’identité

Chaque année, le Beaujolais Nouveau réveille des débats parfois passionnés sur ce qu’il est, comment il est fait, est-ce vraiment du vin, est-ce qu’il se garde, d’où vient-il… Afin de pouvoir briller ce week-end lors des dégustations du primeur 2023, voici un petit récap’ de ce qu’il faut savoir sur le meilleur ami de novembre.

Identité
Le terme de « nouveau » fait référence à « primeur », c’est-à-dire à un processus de vinification particulier. Vendangé en septembre et mis en bouteille en novembre, les vignerons disposent d’un délai extrêmement court pour littéralement faire du vin. La signature de ces vins : du gamay bien évidemment, cépage rouge du Beaujolais, vinifié selon la méthode de la macération carbonique (consistant à mettre en cuve les raisins entiers et ajouter du CO2 pour une fermentation à l’intérieur des baies). Les arômes primaires du gamay, associés à la macération carbonique, s’expriment pleinement sur ces notes de fruits, voire florales et/ou d’épices (en fonction du millésime et du terroir, car les Nouveaux peuvent être produits sur l’ensemble du Beaujolais et Beaujolais Villages). Pour découvrir les secrets du nouveau, les comptes Facebook, Instagram, YouTube et X des Beaujolais Nouveaux vous plongent dans son élaboration.

Pourquoi le 3è jeudi de novembre ?
En 1946,  l’Union Viticole du Beaujolais qui demande une exception de commercialisation, pour « sortir » des vins en primeur, donc avant la date officielle (mais le Beaujolais ici n’a rien inventé : le vin primeur existe depuis la nuit des temps). Autorisation accordée en 1951 par l’administration fiscale, qui concerne d’ailleurs d’autres vignobles que le Beaujolais, comme les côtes-du-rhône, Gaillac, ou encore certains vins bourguignons. Né plutôt dans la discrétion, la suite de l’histoire a emmené les Beaujolais Nouveaux vers des sommets mémorables, que ce soit les bains de primeur pris par les Japonais ou les agapes des grands chefs et vignerons (dont Paul Bocuse, grand amateur de Beaujolais et grand ami de Georges Duboeuf), qui surent incarner l’esprit festif et convivial qui prévaut à cet événement et à ce profil de vin.

Vin ou jus ?
Les deux. Techniquement, c’est évidemment du vin. Qui d’ailleurs peut tout à fait se garder quelques années (jusqu’à 5 ans globalement pour les millésimes et terroirs qui s’y prêtent). Mais force est de constater que ce que l’on aime dans le nouveau, c’est le fameux côté « glouglou », néologisme vineux qui explose ces derniers temps pour désigner un vin sur la légèreté, la fluidité, un degré d’alcool peu élevé, un côté fruité et/ou floral prononcé, bref, tout ce qu’aurait détesté nos grands-parents (sauf dans un jus de fruit), mais que les consommateurs d’aujourd’hui ont tendance à privilégier fortement.

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Qui sera le Meilleur Sommelier des Vins de Bordeaux ?

Piloté par l’Interprofession du Vin de Bordeaux (CIVB), le Concours National de Sommellerie des Vins de Bordeaux vise à sensibiliser les professionnels des métiers de bouche aux vins de Bordeaux et au métier de sommelier, par une mise à l’épreuve des connaissances théoriques et pratiques sur les vins de la région.

Ouvert aux professionnels de la restauration (serveurs, chefs de rang, sommeliers, maîtres d’hôtel) et aux étudiants en dernière année de sommellerie ou mention sommellerie, neuf candidats sont en lice cette année.

Brice BEUZEVILLE-LOISEAU – Restaurant Ressources (Gironde)

Richard LAOUÉ – M’ Le Vin (Gironde)

Tangui RICHARDSON – Cent33 (Gironde)

Angéline PERNIN – Anciennement Hôtel Marinca & Spa 5 étoiles (Gironde)

Nathalie BOIS – Le Quatrième Mur (Gironde)

Fiona BARDON – Château des Vigiers, Restaurant Les Fresques 1 étoile (Gironde)

Maxime PLESSARD – Le Métropolitain (Gironde)

William RIQUET – Consonance, bar à accords mets et vins (Gironde)

Omar BARBOSA – Barton & Guestier – Château Magnol (Gironde)

Ils seront juger sur leurs compétences avec une série de questions sur les vins de Bordeaux, puis une dégustation à l’aveugle. Les six candidats ayant obtenu le plus de points lors des deux parties de cette épreuve théorique, seront qualifiés pour l’épreuve pratique de reconnaissance du vin et de commentaires de dégustation.

Six membres du jury
« Les sommeliers restent les meilleurs ambassadeurs des vins de Bordeaux en présentant tous les jours nos vins à leurs clients », témoignait Christophe Château, directeur de la communication du CIVB lors du concours en 2022. Cette année, le jury est composé de six professionnels du vins.

LANGLADE Françoise – Œnologue de Bordeaux

OLLIVIER Jean-Christophe – Maître Sommelier de l’Union de la Sommellerie Française

LATOUR Nicole – Sommelière

CRASSAT Jean-Luc – Maître Sommelier

MAZEYRIE Thomas – Chef sommelier au restaurant de Ha(a)ïtza au Pyla sur Mer

TISSIER Nicolas – Futur président des Sommeliers Bordeaux Aquitaine

Rendez-vous ce lundi 20 novembre pour découvrir qui, sera le lauréat du Concours National de Sommellerie des Vins de Bordeaux 2023.

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Château Beauséjour : le temps des travaux

Véritable pépite de Saint-Emilion, cette propriété a été rachetée en 2021 par la famille Courtin, propriétaire du groupe Clarins. 2 ans et demi plus tard, des travaux vont être initiés pour doter le château d’outils encore plus performants.

Le rachat du château Beauséjour (héritier Duffau-Lagarrosse) en 2021 fut assurément l’un des évènements phare de l’année 2021 dans le Bordelais, suscitant des réactions parfois houleuses à Saint-Emilion. Depuis, les choses se sont quelque peu apaisées et Joséphine Duffau-Lagarrosse, à la tête de l’ancienne propriété de sa famille, a pu prendre le temps nécessaire pour imaginer l’avenir. C’est donc avec impatience mais non sans crainte qu’elle évoque le démarrage en décembre prochain des travaux de la cuverie. Et contrairement à certains voisins qui ont choisi de créer des installations majestueuses, s’accompagnant généralement de gestes architecturaux forts, c’est plutôt la discrétion qui préside ici. Si le bâtiment de la cuverie va être conservé, l’ensemble des 9 cuves existantes va être détruit. Celles-ci avaient été créées à la suite de la définition des différentes parcelles sur les 6,8 hectares du vignoble de ce premier grand cru classé par les grands-parents de Joséphine. Du parcellaire, déjà à l’époque, pour une propriété où « la chimie n’a jamais eu sa place » précise Joséphine. Cette dernière souhaite aller encore plus loin et pouvoir gérer de l’intra-parcellaire. 15 cuves en béton vont donc remplacer les précédentes, de rapport 1 pour 1 c’est-à-dire aussi hautes que larges. Les plus petites ne feront que 32 Hl pour pouvoir gérer au plus juste chaque parcelle selon ses spécificités. Un investissement financé entièrement par le domaine et non par un apport supplémentaire d’argent de la famille Courtin.

Un avenir prometteur
Cette nouvelle cuverie accompagne évidemment d’autres investissements, notamment au vignoble. « Nous avons replanté 30 ares de cabernet franc avec notre sélection massale ainsi que 20 ares de merlot. Pour celui-ci, nous souhaitons aussi réaliser à l’avenir une massale à partir de nos vieilles vignes datant d’avant les années 1970 » confie Joséphine. Si le merlot demeure très largement majoritaire dans le vin, le cabernet franc prend une part croissante, avec pas moins de 27% dans le 2021, premier millésime réalisé par Joséphine qui ne souhaite toutefois pas qu’il « représente plus que 30% pour ne pas prendre le dessus dans le vin ». Et force est de constater que la qualité de ce vin est particulièrement prometteuse. Il séduit déjà par son fruité d’une grande précision, une plénitude de matière structurée par une empreinte calcaire identitaire. Un vin qui n’est pas sans rappeler l’excellent 2001 d’une race superbe, offrant aujourd’hui de très belles notes truffées et de sous-bois associant matière et élégance ainsi qu’un boisé hyper fondu. « C’est comme cela que j’aimerais que mes vins vieillissent » confie Joséphine. Nul doute qu’avec la nouvelle cuverie, les vins devraient passer encore un pallier et atteindre un très haut niveau. L’avenir s’annonce radieux pour le château Beauséjour.

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[Beaujolais Nouveau] Profil du millésime et où le déguster

Au-delà de mettre du baume au cœur en ce milieu d’automne, le primeur permet de prendre une première mesure du millésime de l’année, ainsi que d’aller festoyer selon la forme de son choix et dans l’établissement qui correspond, pour célébrer son arrivée.

2023 : sur le fruit et l’équilibre
Le millésime a été accueilli ce jeudi dès minuit dans le Beaujolais ainsi qu’à Lyon (et ailleurs en France), avec la perce d’un tonneau de primeur, entourée de défilés aux flambeaux et de festivités pouvant durer plusieurs jours.

A Beaujeu, capitale historique du vignoble, où se déroule la fameuse fête des Sarmentelles (cette année du 15 au 19 novembre), le Nouveau version 2023 a conquis les palais.
Christine, guide oenotouristique à Beaujeu, l’a trouvé « très fruité » et à l’image de la saison, où « l’on a eu un été très sec, très ensoleillé et un printemps bien doux. Donc un excellent ».
Philippe Bardet, président d’Inter Beaujolais, partage ce constat, indiquant que « si certaines parcelles ont souffert des épisodes de chaleur en août et en septembre, les vins restent fruités et les chaleurs ont été bénéfiques d’un point de vue qualitatif ».
Et si on le compare aux précédents, « 2023 renoue avec un millésime plus mesuré dans ses caractéristiques climatiques, agronomiques et de précocité par rapport à 2021 et 2022, avec notamment un début de vendanges tout début septembre (contrairement à 2022 qui a démarré dès le 17 août, ndlr) », comme l’explique Bertrand Chatelet, directeur de la Sicarex Beaujolais, l’institut de recherche viticole et œnologique.

Où le déguster ?
Dès aujourd’hui, et selon vos envies, les professionnels se mobilisent pour vous faire déguster le nouveau millésime. Avec une nouveauté cette année : en plus des traditionnels bistrots beaujolais, bars, restaurants et domaines, les cavistes indépendants jouent le jeu, avec l’événement « Rendez-vous Beaujolais chez les cavistes », le premier événement mettant en lumière tous les vins du vignoble, du nouveau aux crus.
Le plateforme des Rendez-vous Beaujolais recense l’ensemble des événements et établissements participants et un nombre d’offres incroyables, toutes aussi qualitatives que festives.

A Paris, la Cave Chaillot vous attend pour une dégustation gratuite des domaines Foillard et Saint-Cyr. A Bordeaux, La Rémoulade crée un dîner de fête avec deux domaines et de cuvées de Nouveau, ainsi que d’autres Beaujolais. Les Lyonnais sont les plus gâtés avec plus de 150 événements dédiés aux Nouveaux, comme chez Barcandier qui en a prévu six cuvées de leurs vignerons chouchous, mais aussi deux autres cuvées primeurs originaires de la Loire et du Hérault, pour une intéressante mise en perspective du « nouveau », qui n’est pas le strict apanage du Beaujolais.

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[REPLAY] « Vino Veritas » : Bordeaux, prophète en son pays ?

« À Bordeaux, on boit du bordeaux » ! Derrière ce cri de ralliement poussé par de nombreux acteurs de la filière, se profile le particularisme de la capitale girondine, dont l’offre de cavistes, de restaurants et de bars à vins s’est radicalement ouverte aux vins des autres régions, voire des autres pays. Au point de se détourner des crus produits à ses portes ?

Dans un contexte difficile pour la filière vin bordelaise, on entend monter une grogne depuis plusieurs années : Bordeaux est-il trop « fair play » ? Restaurants, cavistes, bars à vins branchés, sans oublier bien sûr la Cité du Vin : on trouve désormais dans la capitale girondine une offre de vins très œcuménique, ouverte à toutes les régions et tous les pays, à tel point que les représentants de la filière girondine déplorent que le Bordelais ne soit pas assez chauvin et ne défende pas assez « ses » vins. « À Bordeaux, on doit boire du bordeaux ! » Tel est le nouveau credo. Qu’en est-il exactement ? Pour répondre à cette interrogation, Xavier Sota et Mathieu Doumenge reçoivent Jean-Baptiste Duquesne, vigneron au château Cazebonne (Graves) et fondateur de l’association « Bordeaux Pirate » qui milite pour un « bordeaux différent ».

Voir toutes les émissions « Vino Veritas »

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Chic voici les primeurs !

Le 3ème jeudi de novembre est le jour de la commercialisation officielle des vins primeurs. Côté sud, le Côtes du Rhône est sûrement le plus festif. Voici une petite sélection de cuvées joyeuses et gourmandes.

La Vinsobraise (4,35€)
Framboise, groseille, grenadine et une pincée amylique composent un cocktail explosif. Salivant et gorgé de pep’s, son équilibre est probant sous ses allures de joyeux luron. Cette cave coopérative drômoise mérite une visite.
www.cavecooperative-vinsobres.com

Cellier des Princes (5,95€)
Une brassée de fruits frais vivifiants où la cerise acidulée aiguise la langue. Vif et juteux, sur une finale chaleureuse et légèrement végétale. La seule cave coopérative produisant l’AOC Châteauneuf-du-pape démontre son savoir-faire dans cette cuvée bon enfant.
www.cellierdesprinces.fr

Domaine Les Escaravailles – Prémices (8€)
Habillé d’une étiquette que l’on croirait signée de Nicolas de Staël, voici le premier bébé de Madeline Ferran, plus habituée à vinifier des Rasteau. Il faut lui donner le temps de s’ouvrir pour découvrir sa gamme florale et de fruits rouges. Du pur jus de fruits, quelques épices, un côté séveux et appétant. 
www.domaine-escaravailles.com

Château de Manissy (7€)
Laissez-vous tenter par les petits anges de Florian André. Le vigneron nous régale d’un concentré de framboise et cerise juteuses. Entre rondeur et fruits acidulés, la pointe de réglisse finale ouvre l’appétit.
www.chateau-de-manissy.com

Domaine Boisson (9€)
Des raisins frais, des fruits rouges et des notes florales capiteuses pour cette cuvée signée Bruno Boisson. Mêmes impressions en bouche, avec une finale réglissée où s’épanouit la violette sur la longueur.
www.domaineboisson.com

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Bollinger : la botte secrète

À l’occasion de la sortie de sa cuvée PN AYC18, le champagne Bollinger nous a présenté son incroyable bibliothèque de vins de réserve. L’une des spécificités de la maison est en effet d’intégrer une part de magnums tirés en quart de mousse qui sont ensuite « remis en cercle », c’est-à-dire transvasés en cuve, pour rejoindre l’assemblage avant un nouveau tirage en bouteille et une nouvelle seconde fermentation. Un travail titanesque, mais pour quelle plus-value ?

L’utilisation dans les assemblages de la Maison Bollinger de vins de réserve conservés en bouteille remonte au XIXe siècle. À cette époque, l’inox n’existait pas, le sulfitage non plus. Les Champenois utilisaient exclusivement des foudres ou des fûts, si bien qu’on employait rarement des vins de réserve de plus de deux ou trois ans par peur d’une oxydation précoce. En choisissant de tirer les vins de réserve en quart de mousse dans des flacons, on limitait cette oxydation, d’une part parce que le verre est hermétique et d’autre part parce que les lies générées par la seconde fermentation ont un pouvoir antioxydant. L’option d’un tirage à 1,4 bars, plutôt qu’à 6 bars résultait de la fragilité des flacons de l’époque et du risque de casse. C’est ce qui explique aussi que l’on préférait souvent la bouteille au magnum. Ce dernier contenant n’est devenu systématique qu’à partir de 1945. La Maison possède ainsi une « galerie de vins de réserves » unique en Champagne, puisqu’on y trouve des millésimes s’échelonnant de 1893 à aujourd’hui sur une vingtaine de crus ! Elle offre ainsi la possibilité de comparer les capacités de vieillissement entre les terroirs sur plus d’un siècle, alors que la plupart des oenothèques ne conservent que des vieux champagnes dont la composition allie des dizaines de crus différents.

Pour autant, la maison ne recourt jamais dans ses assemblages à des magnums de plus de quinze ans. La raison ? Autant le bouchon à partir de cinq ans limite davantage que la capsule l’entrée d’oxygène, autant après vingt ans, les résultats sont plus variables. Bollinger travaille d’ailleurs avec les bouchonniers pour que soit mis en place un cahier des charges plus exigeant sur les bouchons de tirage. « Jusqu’à une époque récente, on utilisait les mêmes bouchons pour l’expédition que pour la conservation sur lie » confie Denis Bunner, le chef de caves. Ces magnums de réserve plus anciens permettent donc surtout aux œnologues de « refaire leurs gammes régulièrement et de mieux comprendre le vieillissement en magnum. Nous avons par exemple étudié des molécules dont on a découvert qu’elles étaient à l’origine des arômes de noisette fraîche. On s’aperçoit que leur nombre augmente avec le temps et ce d’autant plus dans un milieu aussi réducteur. En revanche, tous les millésimes n’en génèrent pas autant ». 


L’apparition de l’inox n’a pas remis en cause l’usage de ces magnums. En effet, même si les cuves sont plus hermétiques que les foudres, de l’oxygène rentre encore par le chapeau. « On est régulièrement obligé de les reremplir et de les resulfiter. C’est la raison pour laquelle si nous utilisons une part de vins de réserve en inox, nous ne les conservons jamais plus de quatre ans. » La Maison ne rejette toutefois pas l’intérêt d’une certaine oxygénation, mais elle préfère pour ses vieux vins la micro-oxygénation apportée par la vinification sous bois. Voilà pourquoi tous les vins de réserve tirés en magnum sont d’abord passés par les fûts pour équilibrer le caractère réducteur que tendra à leur donner le magnum. Cette micro-oxygénation est d’ailleurs très précisément dosée. C’est ce qui a conduit notamment à l’abandon du soutirage en fontaine des tonneaux au profit de la canne sous pression.

Avec près de 900.000 magnums stockés qui représentent dans la maison 30 à 40 % des vins de réserve, l’objectif est de constituer « des bombes aromatiques ». « Nous attendons d’avoir ces notes intenses de fruits secs, ce parfum de noisette fraîche, ainsi que l’apparition des épices. Cette évolution survient d’habitude à partir de sept ans. Les arômes de réduction arrivent plus tôt, au bout de trois ans, avec des premières notes parfois pétrolées, mais celles-ci vont s’estomper pour laisser place au toasté que nous recherchons. »

Si ces magnums constituent 5 % de la « Spécial cuvée » (le BSA de la Maison), dans la nouvelle gamme PN elles forment 25 % de l’assemblage. L’un des objectifs de ces blancs de pinot noir était en effet de mettre en lumière ce trésor tout en mettant en avant le cru qui s’est le mieux défendu sur l’année principale de l’assemblage. Le dernier né, PN AYC18, a ainsi pour base 2018, avec une majorité de vin d’Aÿ, complétée de vins de Tauxières et de Verzenay. Mais le millésime étant très solaire, on a pu l’équilibrer en ajoutant 25 % de vin d’Aÿ en magnum de 2009, une année qui avait davantage de fraîcheur. Le reste est constitué de vins de réserve conservés en inox de 2016 et 2017. Le résultat ? Un vin qui a à la fois du volume et de la tension, avec des notes de cèdre, de safran, de coing et de beaux amers de fin de bouche qui se fondent avec la touche boisée. Un très beau champagne de Noël à déguster avec une volaille à la crème de morilles.(125€)

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Shi Fu Mi : un exercice de style signé Anne Collard

Anne Collard a fait l’acquisition en 2019, de 5 hectares de vignes classées en Côtes du Rhône Villages sur la commune de Comps. Un encépagement de rouge et un terroir caillouteux (en conversion bio) qui produisent deux cuvées classique dont une « vieilles vignes ».

François et Anne Collard s’ingénient à faire perdurer la grâce d’un lieu familial insolite le château Mourgues du Grès. Un ancien domaine agricole des Ursulines de Beaucaire daté du XVIe siècle, qui doit son nom aux religieuses appelées « Mourgues » en provençal. Quant au Grès, ce sont les galets des Costières de Nîmes. Mais ce n’est pas sur cette appellation que nous nous arrêterons aujourd’hui.

Shi Fu Mi (9€) se situe à l’opposé. Composé de 90 % de grenache, 8 % de syrah et 2 % de mourvèdre, qui le classe en Vin de France, sa vocation est de séduire les jeunes générations. Celles qui connaissent le jeu où l’on mime avec sa main les symboles pierre, feuille, ciseau. Tiens, ce n’est pas sans rappeler les éléments de la vigne, la pierre – les sols caillouteux- casse les ciseaux, les ciseaux – le travail de la vigne – coupent la feuille – cépage Grenache – et la feuille enveloppe la pierre.

Donc jouons ! Dès l’ouverture il donne le ton, avec du fruit, de la friandise et un poil de réduction, une note végétale, qui disparaîtront à l’aération. L’amplitude de la bouche, teintée de réglisse et de jus de groseille, donne du plaisir mais aussi de la consistance. Il s’associera à un tian de légumes et des côtelettes d’agneau

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