Découvrir Loudenne par l’estuaire 

Sophie et Christophe Gouache, les nouveaux propriétaires de Loudenne, ont dans les bottes des montagnes de projets pour le mythique château rose. Dont un bateau pour arriver par l’estuaire… Ils nous racontent leur coup de cœur pour ce haut-lieu du vin médocain.

Quelle trajectoire a amené votre couple jusqu’au Château Loudenne ?
Pour résumer, je suis entrepreneur dans le domaine de l’expertise comptable et j’ai créé un cabinet national dans un secteur très particulier, à savoir les métiers de la santé. Nous étions leader avec un millier de clients, principalement des pharmacies et laboratoires. Parallèlement, nous sommes des épicuriens, nous aimons la bonne table et les bons vins. Nous rêvions d’une propriété viticole, notamment dans le bordelais et nous avons d’abord acquis au mois de septembre 2018 le Château Bellerive, un Cru Bourgeois sur la commune de Valeyrac. Ce fut un coup de cœur pour le site et les vins. On s’est tellement plu dans cette nouvelle histoire que j’ai vendu mes activités dans l’expertise comptable pour me consacrer à la food et au vin. Pour la food, je m’explique car nous avons aussi créé des pâtisseries à Paris avec une activité dans l’événementiel… Ensuite, nous avons souhaité acheter une nouvelle propriété viticole, on pensait à la Provence ou à l’Italie, et Loudenne fut à la vente…

Cette propriété est sublime, l’idée est-elle de partager ce lieu ?
C’est ça. On achète en 2021. Le lieu, les terroirs et les vins sont grands. L’idée est aussitôt d’ouvrir davantage le château et de le doter d’outils qui permettent de scotcher le client lorsqu’il vient. Il faut savoir qu’un projet était déjà là avec le directeur de la propriété Philippe de Poyferré et l’ancien actionnaire Camus. Il fallait l’enclencher. Le potentiel à Loudenne est énorme. Je reprends l’idée avec mes moyens. On a revu le parcours de visite pour créer une découverte sensorielle. On va parcourir 350 ans d’histoire. Et puis nous avons la Gironde et Loudenne est le seul port privé du Médoc. De fait on a fait l’acquisition d’un bateau, le Loudenne 2, qui va naviguer d’avril à septembre aux couleurs de Loudenne. Découvrir Loudenne par l’estuaire, il y a une vraie appétence à se rendre dans ce château par la Gironde. Cette année, on va commencer en mai, à quoi s’ajoute une table éphémère pour déjeuner à Loudenne.

Concernant les vins, quel est le projet ?
D’abord pour le vin blanc, qui une référence à Loudenne, le plus ancien du Médoc, on va conserver cette signature, elle est magnifique, on y touchera qu’à la marge. Sur les rouges, le niveau des vins est déjà très bon. Après avoir étudié le terroir avec ces croupes à 19 mètres, on a encore une marge de progression. On a des terroirs aussi qualitatifs qu’à Saint-Estèphe et même qu’à Pauillac. On va travailler davantage à la vigne et au chai. Je donne des moyens à Philippe de Poyferré pour aller en ce sens. Par ailleurs, on a pris les conseils de Stéphane Derenoncourt, de Stéphane Dief du Clos Manou – qui est déjà sur Bellerive – et on garde Athanase Fakorellis qui est le spécialiste du blanc. Pour la première fois, sur le 2022, on a des vins vinifiés intégralement en barriques de 500 litres et nous sommes très fiers du résultat.    

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Champagne : et si la bulle était dans l’œuf?

Vous entendez déjà les cloches ? Vous ne tarderez pas à entendre les bouchons de champagne… Terre de vins vous propose trois idées pour partir au pays des bulles fêter dignement Pâques !

Pour Pâques, on peut s’escrimer à accorder le chocolat et le champagne. Mais avis aux amateurs, l’exercice est aussi difficile que de tenir ses enfants assis et bien sages pendant toute la durée de la veillée pascale. Tout l’art est dans le choix du chocolat, avec une quantité de cacao relativement faible pour ne pas avoir une amertume trop marquée. Notre coup de cœur ? Une ganache au citron, sur un champagne bien tendu de la Face Nord de la Montagne, la cuvée Expérience 101 (40€) du champagne Pâques & fils dont le nom semble prédestiné. La vinification, en grès et sans sulfite, témoigne d’une certaine virtuosité. Alors que le nez est doux avec des notes d’ananas, la bouche décoiffe par sa fraîcheur mordante révélant des arômes de pomme et de citron vert qui feront ici merveille.

Un weekend de trois jours, c’est aussi l’occasion de prendre le large. Pourquoi ne pas tenter une petite escapade dans le vignoble champenois ? Une belle étape pourrait être le champagne Joseph Perrier qui, pour chaque visite réservée les 9 et 10 avril prochains, propose en conclusion une petite chasse aux bouchons dans le jardin de la Maison. Les enfants se verront offrir des sachets de chocolats de chez Philippe Chaumeille, boulanger pâtissier de Châlons-en-Champagne. L’occasion rêvée de découvrir en famille cette marque historique, installée dans un ancien relais de postes et dont les caves percées dans le flanc de la colline de Fagnières datent de l’époque gallo-romaine. (Informations et réservations : www.josephperrier.com – Téléphone : 03 26 68 29 51)

Vous avez envie d’un grand bol d’air et de nature ? La Côte des Bar vous comblera avec ses forêts, ses lacs, ses villages en pierre, ses anciens prieurés cisterciens, ses vergers en fleurs et ses champagnes puissants où le pinot noir est roi ! Terre de vins vous recommande la Maison Devaux qui le samedi 8 avril et le lundi 10 avril propose des escape games en famille.  « Les chocolats du Lapin de Pâques et les raisins de notre vigneron ont été mélangés et éparpillés un peu partout dans le Parc du Manoir Champagne Devaux. Saurez-vous les retrouver et les trier correctement ? Cet escape game se jouera en famille. Il sera ponctué de quelques secrets, de dégustations surprises… pour les enfants et leurs parents… etc. Mais chuut, on ne vous en dit pas plus ! » (Inscription sur ce lien au 03 25 38 63 85, ou par mail contact@champagne-devaux.fr Tarif unique 14€/pers. Départ toutes les 15 minutes entre 10h et 12h puis entre 13h30 et 16h30)

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[Entretien] Baromètre SOWINE/Dynata 2023, le commentaire de Marie Mascré

L’Agence SOWINE vient de publier son baromètre sur les préférences des Français en matière de boissons. Il révèle cette année encore de nouvelles tendances : une place accrue du prix dans le choix des consommateurs, la montée en puissance du cidre, du Beaujolais, de la Champagne, le recul de la Bourgogne, le maintien du Bordelais… La cofondatrice et directrice associée de SOWINE, Marie Mascré, a accepté de livrer à Terre de vins son commentaire.

Le champagne s’affirme cette année encore comme la troisième boisson préférée des Français derrière la bière (1er) et le vin…
C’est très intéressant d’autant que dans le formulaire soumis aux sondés, le champagne est clairement distingué des vins effervescents qui n’arrivent qu’à 15 % contre 37 % pour le champagne. À noter que le champagne affiche une belle progression puisqu’il était à 31 % en 2022. Mais la vraie nouveauté cette année est de voir le cidre qui passe en cinquième position. Il est vrai que c’est une boisson qui répond aux nouveaux critères, puisqu’elle est faiblement alcoolisée, rafraîchissante… Le cidre a aussi bénéficié d’un gros travail de communication avec de vrais ambassadeurs comme le journaliste et œnologue  Dominique Hutin.  Le produit a désormais des afficionados et aujourd’hui lorsque vous allez chez des cavistes un peu branchés ils ont tous non pas une ou deux références, mais un linéaire entier, avec une multitude de cidres artisanaux de qualité, alors qu’autrefois le cidre se vendait essentiellement en grande distribution. 

Malgré cette progression du champagne dans le cœur des Français, il est curieux de constater que les ventes de l’année dernière sur le marché national sont en régression. Doit-on en déduire que c’est parce que les Maisons négligent ce marché au profit de l’export ?
Le pouvoir d’achat en France n’est pas le même que dans d’autres pays comme les États-Unis, cela peut jouer. Mais de là à dire que l’on néglige le marché français, je ne suis pas convaincue. Certaines maisons y accordent un soin particulier, avec souvent des approches spécifiques. Je pense à la Maison Boizel qui fait beaucoup de ventes en direct, un système dont on a redécouvert les mérites pendant le confinement et avec lequel elle obtient un grand succès sur le marché français. Par ailleurs, si on pense à l’œnotourisme, les Champenois ont sans doute en tête qu’avoir des visiteurs américains ou asiatiques est peut-être une bonne chose, mais que si l’on veut rester cohérent avec les objectifs de durabilité et de baisse du bilan carbone, il importe de cibler en priorité le local, c’est-à-dire la France ou l’Europe.

Les Français préfèrent le vin blanc au vin rouge et font du chardonnay leur cépage favori, deux bons points pour la Champagne ?
C’est effectivement l’une des révélations du Baromètre SOWINE/Dynata 2023, mais quant à faire le lien avec le champagne, je mettrais un bémol. Le consommateur a tendance à distinguer le vin du champagne. Lorsqu’une personne en répondant au questionnaire place le vin blanc dans ses boissons préférées, je ne suis pas convaincue qu’elle ait en tête que le champagne en fait partie. Et c’est la même chose en ce qui concerne le chardonnay. Quand vous êtes dans un bar et que vous commandez un chardonnay, vous ne pensez pas au champagne et le serveur ne vous en propose pas. Cette popularité du chardonnay reste cependant une bonne nouvelle pour les vignerons champenois qui sauront en jouer en communiquant davantage encore sur le fait qu’il constitue une composante de leurs cuvées. Même en ce qui concerne la catégorie Blanc de blancs, je pense que beaucoup de consommateurs ignorent encore qu’elle désigne en général un chardonnay.

Quelle analyse tirez-vous du classement des régions viticoles préférées des Français ?
On a toujours ce trio de tête inchangé Bordeaux/Bourgogne/Champagne. Bordeaux est à 46 %, la Bourgogne à 28 % et la Champagne à 26 %. Les connaisseurs sont plus portés sur les régions classiques alors que les néophytes sont plus curieux : leurs préférences sont plus équilibrées entre les différentes régions, donnant davantage de place aux vignobles de niche comme la Corse, le Jura, la Savoie… Dans les progressions et les reculs que l’on constate, il y a sans doute des effets qui sont liés aux tarifs. Notre sondage indique que le prix est devenu le critère numéro un d’achat devant la région. Le champagne est hors sujet, parce que c’est un produit cadeau et festif. La valeur du champagne va au-delà de la seule qualité du produit : avec le champagne, on achète aussi une image. De ce fait, on accepte davantage qu’il soit plus cher. En revanche, je pense que le décrochage de la Bourgogne, qui recule chez les connaisseurs experts (-14) et les néophytes (-1), est très lié à l’augmentation de ses tarifs. À l’inverse, le Beaujolais(13%) qui a longtemps souffert de l’image que lui a donné le Beaujolais nouveau, est en nette progression. Le caractère très accessible de ses prix n’y est probablement pas étranger alors même qu’il a fait un très gros travail qualitatif. 

Il y a aussi une prime à la simplicité. C’est ce qui sert par exemple l’Alsace (18%), qui communique d’abord sur ses cépages. Les gens associent l’Alsace au riesling, au pinot noir… Pour moi, c’est une nouvelle Bourgogne. On achetait hier en Bourgogne en partie car les vins offrent un profil léger, qui correspond à l’évolution des goût des consommateurs. On va retrouver ce type de qualité en Alsace, des vins qui offrent de la fraîcheur mais à des prix encore abordables. Malgré cette évolution des goûts vers plus de fraîcheur, il est intéressant de souligner que les Français restent fidèles à Bordeaux. C’est sans doute un peu historique, mais l’une des raisons réside peut-être aussi dans la diversité de ses vins avec de nombreuses appellations qui peuvent convenir à des goûts très différents. Personnellement, je suis ravie qu’ils conservent leur première place. Bordeaux ne mérite pas le « Bordeaux bashing » actuel.

Est-ce que les nouvelles habitudes alimentaires avec moins de viande, plus de cuisine végétale, jouent un rôle dans la diminution de la consommation de vin rouge au profit du vin blanc ? Le réchauffement climatique redessine-t-il la carte des régions viticoles préférées des Français ?
C’est un facteur. Dans les vins rouges en particulier, le titre alcoolique a beaucoup augmenté. Il y a encore quelques années, on était plus habitués à des vins à 11 degrés. On trouve dorénavant de plus en plus souvent des vins titrant à 13 ou 14 degrés. La baisse de consommation de viande joue certainement un rôle.  On observe aussi des évolutions sociétales comme le nombre croissant de familles monoparentales, ou de nouvelles habitudes dans le quotidien des familles, plus éclatées, qui font peut-être que l’on a moins de déjeuners du dimanche où enfants et parents se réunissaient autour du gigot et du vin rouge qui allait avec. Le vin rosé au contraire, qui est en progression, est un vin que l’on boit entre amis. Il y a peut-être aussi un effet mimétique, ou plutôt anti-mimétique. Les jeunes n’ont pas envie de boire la même chose que leurs parents. Boire du vin blanc ou du rosé, c’est une manière d’affirmer ses propres goûts alors que les parents et les grands-parents buvaient plutôt des rouges.

Il est surprenant de voir les vins du Val de Loire n’arriver qu’en septième position alors qu’ils répondent à beaucoup des nouveaux critères de consommation : des degrés modérés, de la légèreté, des rouges moins corsés et moins tanniques, une place importante des vins blancs..
Je suis d’accord avec vous, ce sont des vins qui ont un bel avenir devant eux. L’explication ? Les amateurs de vins du Val de Loire sont souvent très attachés à tel ou tel vignoble de l’appellation, mais sans les associer mentalement à la région sous cette dénomination officielle « Val de Loire », qui est celle formulée dans notre questionnaire. On ne commande pas un vin du Val de Loire, mais un muscadet, un Sancerre… Alors que même s’il existe différentes appellations, un consommateur commandera facilement un rosé de Provence. Cela ne signifie donc pas qu’il n’y a pas un engouement croissant pour ces vins. L’ascension du muscadet est par exemple impressionnante. Il a longtemps été au blanc ce que le Beaujolais était au rouge, mais il a su construire un vrai storytelling autour de ses vins tournés vers la mer, tout en bénéficiant du travail de fond effectué par de très bons vignerons.

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[Vins & Fromage] On boit quoi avec le Tamié?

Située à 900 mètres d’altitude, dans le massif des Bauges en Savoie, Notre-Dame-de-Tamié a été créée en 1133. Les moines Trappistes y fabriquent du fromage depuis la fondation de l’abbaye. Appelé Port Salut de la Belle Étoile au XIXe siècle pour le différencier des fromages produits par l’abbaye éponyme de la Mayenne, il a pris aujourd’hui son envol et ne ressemble plus guère aux fromages fabriqués par les frères dans le passé 

Jadis pâte pressée cuite, le Tamié s’apparente aujourd’hui à un reblochon à pâte plus ferme. L’activité fromagère qui existait au sein de l’abbaye a cessé lors de la Révolution. Une grande partie du savoir-faire s’est perdue durant l’épisode révolutionnaire. Toutefois, au milieu du XIXe, les moines ont redémarré cette activité qui a débouché sur la fabrication et la commercialisation du fromage dans sa forme artisanale actuelle. La communauté produit environ 400 kg de fromage par jour. C’est la principale ressource de l’abbaye, plus de la moitié des frères participe aux différentes tâches qui va du ramassage du lait à la livraison des fromages, en passant par la fabrication et la gestion de la fromagerie. Le Tamié existe sous deux formes : le Grand Modèle qui pèse 1,6 kg pour 18 cm de diamètre et le Petit Modèle de 600 g pour 13 cm. Il est élaboré au lait de vache cru et entier collecté dans huit fermes du vallon de Tamié. Une belle couleur safran caractérise sa croûte. Elle se couvre toutefois d’un léger duvet blanc en fin d’affinage après 18 ou 24 jours. La finesse et le moelleux de sa pâte beige plaisent d’emblée. La qualité des pâturages qui entourent l’abbaye génère une saveur assez prononcée à la fois florale et fruitée. Pâtes pressées non cuites, le Tamié se présente sous la forme d’un cylindre plat à face plane et au talon légèrement convexe. Il se vend emballé dans un papier blanc imprimé d’azur et marqué d’une croix de Malte du même bleu.

CLOS DU VIEUX BOURGBeaujolais Blanc 2020 (13 €)

L’œil s’attendrit devant la jolie robe jaune pâle aux légers reflets dorés. Le nez prend beaucoup de plaisir à respirer le parfum discret de l’églantine et de l’aubépine, du citron jaune et de l’armoise. La bouche succombe comme le Savoyard sous le charme des dentelles minérales teintées de poire fondante et de pâte de nèfle. La chair des fruits mûrs colorés de miel adoucit le caractère du fromage. Ce dernier se délecte des friselis de réglisse et de la pointe de sel qui accentuent le plaisir rafraîchissant et l’harmonie qui naît rapidement entre les deux compères.

PIERRE AMADIEUDomaine Grand Romane 2021Côtes du Rhône (11,50 €)

La robe blanche opalescente s’offre discrète avec ses notes graciles d’anis, de rhubarbe et de pêche de vigne, auxquels s’ajoute l’accent floral du jasmin. Le fromage s’impatiente rien qu’à le humer, cette Clairette des hauts de Gigondas le subjugue avec son caractère au minéral salin qui titille ses rondeurs, son amertume au goût de romarin qui rafraîchit l’onctuosité de sa crème, ses épices douces mais insistantes qui soulignent sa légère nuance de salpêtre. Leur union ne fait aucun doute et ce sont nos papilles extasiées qui en jouissent en premier.

MAS BAUX Autant en Emporte le Blanc 2019IGP Côtes Catalanes (25 €)

Le nez respire la camomille romaine, le citron poudré de poivre, la rose et la pêche blanche. La bouche fraîche légèrement acidulée s’équilibre d’un petit gras mignon qui lui donne un joli galbe. Galbe qui surprend le Tamié, cette rondeur l’enchante, lui permet de déployer ses arômes de fruits secs, telles l’amande et la noisette, d’offrir au vin un bouquet de fleurs des champs dont les pétales parfumés viennent sublimer les notes minérales du Roussillonnais. Une rencontre champêtre.

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Trophées Cognac vignoble engagé : les candidatures sont ouvertes !

Les viticulteurs, distillateurs et négociants soucieux de partager leurs bonnes pratiques environnementales ont jusqu’au 14 mai 2023 pour se faire connaître.

On connaît le succès des Trophées Bordeaux vignoble engagé. Depuis 2019, le concours a mis en lumière bien des initiatives au service d’une viticulture responsable, plus respectueuse des hommes et de la nature. Aujourd’hui, l’équipe de Terre de vins va (un peu) plus loin. Elle crée la première édition des Trophées Cognac vignoble engagé, avec le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) et les journaux « Sud Ouest » et « Charente Libre ». Les partenaires ont un même objectif : accompagner les acteurs de la transition environnementale dans les deux Charentes.

Ces premiers Trophées Cognac vignoble engagé seront décernés le jeudi 29 juin 2023 au cœur de l’AOC : à Jonzac (Charente-Maritime) au centre des congrès de la Haute-Saintonge. Les inscriptions sont ouvertes dès ce jeudi 6 avril et seront closes le dimanche 14 mai. Tous les viticulteurs, distillateurs et négociants soucieux de partager leurs bonnes pratiques sont invités à se faire connaître et à déposer leur candidature (dans deux catégories maximum) en suivant ce lien.

Seize lauréats, quatre catégories, deux prix spéciaux
Seize lauréats seront distingués dans quatre catégories :
*Empreinte,
*Vivre ensemble,
*Biodiversité,
*Initiatives collectives.
Dans les trois premières catégories, deux viticulteurs et deux négociants seront récompensés. Dans un esprit d’ouverture, la quatrième catégorie primera, aux côtés des acteurs de la filière, un acteur institutionnel et une association.

Enfin, deux prix spéciaux – Écosystème Cognac » et Innovation – souligneront combien la filière cognac est large, avec 60 000 emplois directs et indirects dans les secteurs de la tonnellerie, la chaudronnerie, le packaging, la verrerie, les pépinières viticoles, l’embouteillage, etc.

« Face aux défis environnementaux, les bonnes pratiques doivent se généraliser dans les vignobles. Les Trophées sont un bel événement pour mettre en avant celles et ceux qui sont moteurs d’une dynamique positive », souligne Rodolphe Wartel, directeur général de Terre de vins.

« Dans cette aventure collective, nous souhaitons encourager toutes les synergies possibles. Voilà l’occasion de fédérer les femmes et les hommes du cognac, les acteurs institutionnels et associatifs autour d’une ambition commune pour le territoire », déclare Christophe Veral, président du BNIC.

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Condrieu confronté au climat

Dans le cadre du salon Découvertes en Vallée du Rhône, Pierre-Jean Villa, président de l’appellation Condrieu, a animé une conférence sur l’évolution des vins face au dérèglement climatique.

« A une époque pas si lointaine, à la fin du XXe siècle, il n’était pas rare d’avoir des condrieus demi-secs dans lesquels les dames trempaient des boudoirs pour le goûter, rapelle le président de l’appellation Pierre-Jean Villa. Aujourd’hui le condrieu est sec, à quelques exceptions près, et fait plutôt la chasse aux sucres. Pendant longtemps, on a vendangé le viognier avec un peu de botrytis, certains vignerons pensant que ça apportait de la complexité aux vins. Je pense plutôt que ça apporte juste du botrytis et que ça enlève de la sapidité ». Pour élaborer des vins plus complexes et moins variétal uniquement sur la mangue-abricot, le vigneron est davantage partisan de vendanger plus tôt, de faire la fermentation malolactique et de rajouter un peu de SO2 pour fixer les arômes. « En général, on presse en grappes entières pour préserver les équilibres et on bâtonne de moins en moins, ce qui était la norme autrefois, à la bourguignonne, et qui donnait des vins plus gras ».

Les derniers millésimes à la loupe
La nouvelle génération est surtout confrontée au bouleversement climatique avec des millésimes atypiques qui vont sans doute devenir la norme. Preuve en est le trio 2017-2028-2019, le premier chaud avec une grande disparité de maturité, le deuxième à nouveau très chaud avec des degrés élevés et le troisième avec encore plus de puissance mais très hétérogène et pour lequel le choix de la date de vendange a été primordiale. Mais pas question pour Pierre-Jean Villa de réfléchir à d’autres cépages que le viognier qui fait l’identité de l’appellation. « Je crois davantage à l’adaptable, notamment en vignes avec des tailles différentes, des clones et des porte-greffes plus résistants à la sécheresse, des vendanges plus précoces, qu’au modifiable avec d’autres cépages ».

En 2020, la vigne, entrée en résilience, avait donné les plus hauts degrés du XXIe siècle mais paradoxalement les meilleurs équilibres avec un fort potentiel de garde. « Sur les millésimes chauds, la minéralité du granit comble en général le manque d’acidité, analyse Pierre-Jean Villa. Condrieu a été replanté dans les années 70 sur des coteaux plein sud pour garantir la maturité du viognier mais aujourd’hui il souffre un peu du manque d’amplitudes thermiques entre le jour et la nuit ».

Le 2021 qui sort des chais ces derniers mois apparaît plus classique, plus frais et tendu avec un retour aux vendanges le 15 septembre, période habituelle pour l’AOP. Mais il est peu volumique, le gel de printemps ayant mis par terre 50 à 70% des raisins. « Nous sommes l’appellation la plus précoce du secteur et dans la nuit du 8-9 avril, les feuilles étaient déjà sorties. La repousse a juste permis de sauver les années suivantes car les contre-bourgeons du viognier ne sont pas fructifères ».

Le président de l’appellation, en conclusion, rappelle le paradoxe de Condrieu « qui doit sa renaissance à la vulgarisation du goût Parker pour des vins riches et boisés – la mode de l’opulence nous ayant servi à recréer une notoriété surtout à l’international. Mais ce qui a fait notre succès nous a aussi desservi ces dernières année et ne correspond pas à l’histoire de Condrieu. Heureusement, le retour aux sources actuel nous éloigne de la lourdeur et du trop boisé pour renouer avec l’équilibre ».

Terre de Vins a goûté les derniers 2021  :

– Condrieu de Guigal : Une bouteille sur trois de l’appellation sort des chais de la maison familiale. Un assemblage des terroirs nord et sud, élevé pour un tiers en fûts. 2021 signe sur ce millésime frais un virage de la maison avec moins de vendanges en surmaturité d’où un profil plus floral (fleurs blanches,  chèvrefeuille, acacia)  une puissance discrète et maîtrisée sur des fruits jaunes et des agrumes et une note saline. (42 €)

– Lionel Faury Cuvée Le Mornieux : Un vin frais et appétant, salin à la trame serrée sur les fruits jaunes, l’ananas frais, la fleur d’acacia et la violette, rond et ample sur une finale salivante. (29 €)

– Domaine Christophe Pichon & Fils : Une approche plus rhodanienne avec un élevage à 30% de fûts neufs. Un vin ample et riche, très floral et parfumé sur les fleurs blanches et la marmelade d’abricot sur une note de noisette grillée. (40 €)

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La nouvelle vie du domaine Le Trébuchet

A 43 ans, Jean-Guillaume de Giacinto redonne, depuis plus de deux ans, vie à la propriété familiale de l’entre-deux-mers. Nées de son vignoble en conversion à l’agriculture biologique, ses quatre premières cuvées rouges en appellation bordeaux ont vu le jour sur le millésime 2021, dans un style sur la buvabilité participant du renouveau bordelais. Découverte.

L’idée de reprendre à son compte les vignes familiales trottait dans l’esprit de Jean-Guillaume de Giacinto de longue date. Ce sont ses grands parents, débarqués de leur Vénétie natale dans les années 1930, qui ont acquis en 1959 ces terres situées à Les Esseintes, entre Langon et La Réole. Au départ axés sur la polyculture, ils ont implanté une quinzaine d’hectares de vignes à la fin des années 1960. Après 60 ans en fermage, ni le père ni le grand-père de l’actuel exploitant ne souhaitant embrasser la vocation viticole, ce n’est qu’au premier jour de 2021 que le domaine a retrouvé une direction familiale avec le retour de Jean-Guillaume de Giacinto. Entre une certification en agriculture biologique effective en 2023, le choix de proposer des vins frais et fruités accessibles dès leur prime jeunesse et un packaging moderne, le néo-vigneron ne manque ni de motivation ni d’idées pour inscrire ce domaine de 25 hectares, surplombant la vallée du Dropt, dans son temps.

Pour ne pas trébucher
Si dès le départ l’envie était bien là, Jean-Guillaume de Giacinto prend le temps de se doter des armes nécessaires pour se lancer sereinement en solo. Déjà diplômé d’un BTSA technico-commercial boissons vins et spiritueux, il maîtrise à la perfection la partie commerciale, mise en pratique neuf ans durant au sein de à Cash Vin, puis lors du déploiement de l’enseigne Dock du vin. Celui qui confie avoir « toujours été impressionné par le travail des vignerons, découvert notamment au fil de ses différents voyages professionnels » saisit la balle au bond lorsque le fermier du Domaine Le Trébuchet annonce son départ fin 2020. Pour se sécuriser sur les parties production, gestion et juridique, « sur lesquelles je n’étais pas à l’aise », avoue-t-il, il suit un Mastère spécialisé en management des domaines viticoles à Bordeaux Sciences Agro. « Une expérience géniale pour étudier la faisabilité de la reprise de ce vignoble », qui lui donne la sérénité nécessaire pour se lancer.

Le Trébuchet nouveau
Pour mener à bien son projet, le néo-vigneron, qui s’est alloué les services de l’œnologue Julien Belle (Œnoteam) dispose d’un beau terroir vallonné et diversifié d’un seul tenant composé d’argiles, sables et limons, peu soumis aux aléas climatiques grâce aux dix hectares de forêt de chênes centenaires qui l’encerclent. Dès 2020, sûr de ses convictions, Jean-Guillaume de Giacinto demande au fermier en place de convertir les vignes à l’agriculture biologique. Débutant piano, il remet en état le vignoble, restaurant les palissages en mauvais état et complétant les ceps manquants parmi les vieilles vignes de cabernet sauvignon (3,8 ha), cabernet franc (1,7 ha), merlot (1,3 ha) et malbec (1,3 ha). Le vigneron introduit aussi 0,4 ha de petit verdot, dont l’entrée en production est prévue cette année. « Comme dans la vie, il y a des grands, des petits, des vigoureux ou un peu moins, plus y a de diversité mieux c’est pour que tout se développe et vive dans les meilleures conditions », commente-t-il .

Côté bâtiments, une étable et des chais ont le mérite d’exister, mais n’ont pas été exploités pendant 60 ans. Remettant « un maximum de choses en état de fonctionnement et aux normes », Jean-Guillaume de Giacinto restaure les cuves de 65 à 100 hL, les dote de thermorégulation, entreprend des travaux électricité et crée un chai d’élevage à côté dans vieilles étables.

Sur ces bases révisées, il s’attaque sans plus attendre à la partie commerciale, abandonnant la vente en cave coopérative pour restaurer la mise en bouteilles sous le nom du domaine.

Une démarche commerciale atypique
Ayant passé la majorité de sa carrière « à vendre les vins des autres, j’avais des idées, raconte le néo-vigneron. En tant que retailer, je voyais ce qui se faisait dans régions qui ont apporté un dynamisme qui manquait encore il y a peu à Bordeaux, comme sur les quinze dernières années les Pays d’Oc, les Corbières, la Loire. » Son parti pris donc : grâce à des vinifications douces en infusion lente, proposer en appellation bordeaux des vins « frais, fruités et souples avec une structure tannique pas trop imposante, accessibles, à la buvabilité immédiate et qui donnent envie d’y revenir ! » Pour bâtir sa gamme, il décide de travailler de façon originale par type de contenants, avec des cuvées en éditions limitées, aux noms évocateurs du mode d’élevage retenu. Sa cible : les circuits traditionnels, restaurants et établissements bistronomiques, caves, bars à vin, et certains sites internet.

Première née sur le millésime 2021, la cuvée Grès, monocépage cabernet franc « inspiré de son cousin pinot noir », élevé sept mois en œuf en grès, un « contenant poreux qui assure une oxydation naturelle » pour un résultat « humble et soyeux » (13-15 €). La même année, sort la cuvée Porcelaine, assemblage à égalité de merlot et cabernet franc passé sept mois dans de surprenantes amphores en porcelaine, ne marquant pas le vin et conservant sa fraîcheur intacte pour un rendu « brut et aérien » (13-15 €). Plus récemment, la famille s’est agrandie avec deux nouveaux membres, dont la mise en bouteille a été réalisée en février. 100 % cabernet sauvignon passé un an en amphores en terre cuite venues tout droit de Toscane, la cuvée Terracotta est un vin paré de plus de rondeur et de sucrosité, rehaussées de touches dynamisantes fumées et mentholées (12-15 €). Enfin, dans une approche plus bordelaise, la cuvée Oak est issue d’un assemblage de tous les cépages du domaine (50 % cabernet sauvignon, 20 % cabernet franc, 20 % merlot, 10 % malbec), élevé un an en barriques neuves à chauffe légère et grain fin. Plus puissant et expressif, entre des notes de fruits rouges et noirs et une touche subtilement biscuitée, ce vin est porté par une trame structurée aux tanins souples (15-18 €).

Accompagnant la démarche, dans une envie de casser les codes traditionnels, le marketing se met au diapason avec des étiquettes colorées graphiques et épurées, mentionnant en deux mots bien choisis des traits identitaires de la cuvée considérée.

Et demain
Après un peu plus de deux ans dans ses nouveaux habits, le vigneron, qui concède « avoir vécu des débuts difficiles dans ce métier de gaillard, entre la découverte de ce nouveau milieu professionnel et la pression sanitaire », se dit « d’ores-et-déjà satisfait de ces premières cuvées. Je commence à vraiment m’immerger dans le métier, à prendre du plaisir, et j’ai plein de projets car Le Trébuchet possède un joli potentiel de développement », annonce-t-il. Parmi eux, « possiblement pour 2023 » une cinquième cuvée élevée dans de œufs en béton, l’envie de faire du vin blanc, celle d’aller vers la biodynamie et de mettre en place des visites au domaine pour faire découvrir son travail et vendre ses vins directement à la propriété.

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Le rêve californien de Smith Haut Lafitte

Parce qu’ils sont nostalgiques des beaux moments passés là dans leur jeunesse (avec, entre autres, Woodstock et la « maison bleue » qu’ils ont connus) mais aussi parce qu’ils sont restés fascinés par la beauté des paysages et la qualité des vins, Florence et Daniel Cathiard ont toujours gardé un œil sur la Californie pendant des décennies.

La mythique « Californie » de Julien Clerc dont se souvient Florence ne les a jamais quittés. Des dossiers de vente arrivaient régulièrement en France mais rien de sérieux pour les Cathiard. L’opportunité à ne pas manquer se présente en 2019 : Flora Spring est à vendre ! Michel Rolland, le célèbre winemaker, connait comme sa poche la Nappa Valley : « c’est un super endroit avec un super potentiel :  actuellement, ils ne font pas de bon vin, ils font du volume ». Mais on sait que dans les années 80, il y eut une période faste qui a produit de remarquables bouteilles (Trilogy).

Alors, ils sont venus, ils ont vu, … ils ont signé. Sur un coup de cœur. La « belle endormie » comme l’appelle Florence, est à eux ! Florence et Daniel ont toujours, chevillé au corps, l’esprit d’entreprise et le goût des beaux projets. Pour expliquer cet élan, Florence cite Colette « je ne me sens pas concerné par l’âge, j’aime les commencements ». Il faut dire que dans cette AVA (American Viticulture Area) de Rutherford, au pied des Monts Mayacamas, le paysage est magnifique. Sur la centaine d’hectares que compte la propriété, 23 sont consacrés à la vigne, le reste à la forêt, et le tout partant d’un pied de côte pour remonter dans les collines. Deux lacs et une source complètent l’ensemble. Et une histoire à raconter car ce domaine créé en 1885 par les deux frères écossais Rennie a connu quelques rebondissements. C’est aussi une des très rares propriétés à posséder un chai en pierre : les américains adorent. 

©Florence Cathiard

De multiples possibilités oenotouristiques
Le potentiel oenotouristique est vite identifié. L’expérience de Smith Haut Lafitte est mise à profit. L’offre s’enrichie de 4 propositions. Ensuite, quelques meubles français chinés sur Bordeaux par Florence sont expédiés en containers pour créer un cadre et une atmosphère dans les nouveaux salons et la boutique. Un savoir-faire de Florence, que personne ne lui conteste.

Un outil de production totalement repensé
Fabien Teitgen est parti en mission pour réaliser un audit. Il se souvient : « 45 cuves étaient disposées à l’extérieur. Pour faire beaucoup de vin. Ce n’était pas très esthétique ni rationnel car la taille de ces cuves n’était pas adaptée aux parcellaires ». Les bâtiments existants sont donc, très rapidement, réaménagés et un nouveau cuvier dans un autre bâtiment existant est créé.

2020 premier millésime aromatiques et séducteurs avec la « French touch »

Hora (la déesse du temps dans la mythologie romaine). Le premier maillon de la gamme. 100 dollars environ. Nez très séduisant, tout de suite sur le fruit, des arômes de jasmin, puis d’épices et de tabac blond très prononcé. Bouche avec une belle texture  soyeuse : un jus extraordinaire et gourmand. Élevage très doux, de la sucrosité qui participe au charme (smooth). Calibré pour la restauration.

Founding Brothers. 200 dollars. Issu de vieilles vignes (cab.sauv. 55%, merlot 40%, cab. Franc 5%). Nez plus resserré, profond, sur du végétal sec et du cèdre. Une structuration plus large que verticale. Bouche sur la groseille, marque d’une bonne acidité. De la fraicheur et de l’énergie. Du potentiel aussi. 16 mois d’élevage avec 40 % de barrique neuve. Positionné plus près de Cathiard Vineyard que de Hora.

Cathiard Vineyard. 400 dollars. 100% cab. sauv. Nez complexe et profond : arômes de tisanerie, de boutique d’apothicaire, vanille, herbe sèche (« foin de montagne » pour Fabien Teitgen).  Touche d’eucalyptus, de cèdre et de tabac blond. Là encore, le vin est structuré par une matière large, une trame soyeuse sans rugosité : un grip bien dosé. L’attaque se fait sur la rondeur (les tanins sont civilisés) plus que sur la structure qui se révèle progressivement, « sans le sac de tanins » comme aime le dire Fabien Teitgen. Un équilibre parfait entre texture, souplesse et structure. Finale fraîche. L’élevage de 18 mois en barriques françaises est déjà digéré, presque indétectable. Splendide !

Florence et Daniel ont trouvé un écho exotique à Smith Haut Lafitte.

La Californie, la Californie
Près des orangers, c’est là que t’attend
Au fond de tes rêves, ton prince charmant

(Julien Clerc)

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La bouteille à moins de 10€ : Le secret de Manon 2019

Parce que la qualité d’un vin ne dépend pas de son prix, nous vous présentons chaque semaine une cuvée à moins de 10 euros qui nous a particulièrement enthousiasmés. Sans oublier les quelques accords mets-vin qui l’accommoderont au mieux.

Domaine de Givaudan (30)
Le secret de Manon 2019
Côtes du Rhône
6,50 €

C’est quoi ?

David Givaudan, fils et petits-fils de coopérateur à Cavillargues a trouvé un bon samaritain en la personne de Bernard Perret. L’entrepreneur du groupe d’agro distribution a acheté des vignes et s’est associé au vigneron en 2011, au travers d’une SAS qui commercialise les vins de trois domaines : Rabusas, Antonin et David Givaudan, soit un ensemble de 154 hectares. La majorité des vins sont écoulés en grande distribution. Un choix atypique mais voulu par le vigneron qui annonce plus de 400 000 cols vendus via ce circuit. Positionnés en milieu de gamme, ses Côtes du Rhône, Villages Laudun et Villages Chusclan offrent un rapport qualité-prix imbattable.

Pourquoi ?

Le vigneron s’attache à vinifier des vins respectueux de leur environnement (certification HVE) et révélateurs de leurs terroirs. Exemple avec cet assemblage grenache-clairette, issues d’un sol sableux, argilo-calcaire et de grès. Attendue patiemment jusqu’à aujourd’hui, cette cuvée confirme qu’un Côtes du Rhône bien travaillé a du potentiel de garde.

Avec quoi ?

Un nez miellé, des fruits blancs, un peu d’agrumes font un préambule des plus sympathique. Un joli gras dès l’attaque, de la vivacité en milieu de bouche et les mêmes sensations aromatiques retrouvées en finale portées sur une belle longueur dans un équilibre parfait. A acoquiner avec des falafels ou un bleu d’Auvergne.

Domaine David Givaudan
30330 Cavillargues
04 66 82 44 58 –  www.davidgivaudan.com

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Trente ans de la famille Perse à Saint-Emilion : « le temps est père de vérité » !

C’est un double anniversaire pour Gérard Perse, les 30 ans de son rachat de Château Monbousquet et les 25 ans du rachat de Château Pavie, devenu depuis Premier Grand Cru Classé ‘A’. L’anniversaire a été célébré par une verticale au Pavillon Ledoyen suivie d’un repas composé spécialement par Yannick Alléno et Sébastien Faramond. L’occasion de vérifier cette observation de Rabelais : « le temps mûrit toutes choses : par temps toutes choses viennent en évidence ; le temps est père de vérité ».

De cette verticale deux évidences ressortent. Tout d’abord l’incroyable tenue des vins à travers le temps, indéniable signe distinctif des grands vins de Bordeaux. En faisant cette dégustation, on en vient même à penser qu’il est criminel de les déguster avant dix ou vingt ans. Il est vrai aussi que ces vins sont l’œuvre d’un ancien jockey qui sait mieux que personne que l’art de la course n’est pas seulement de savoir partir le premier, mais aussi de tenir la longueur. Le deuxième élément réside dans l’évolution stylistique, avec des premiers millésimes où l’élevage est encore très présent, alors que sur les derniers opus, il s’efface davantage pour laisser place à des vins qui n’en sont que plus élégants. L’influence de Robert Parker appartient désormais au passé, et c’est tant mieux, l’expression du terroir y gagne.

Dans le détail ? Le Château Monbousquet 2000 a un côté tannique renforcé par le caractère boisé, cela donne un vin avec une assise solide, une belle charpente. En même temps, les notes de vanille et de groseille apportent une certaine rondeur. Le nez du 2005 est davantage sur la fraise, mais on retrouve encore ces notes vanillées. En bouche, les tanins sont soyeux, tandis que s’ajoutent des notes de violette et de cuir neuf. 2010 a le charme des bibliothèques anglaises avec en bouche ces notes de tabac blond et de vieux livres. Elles sont ravivées par une touche de framboise et de mûre. 2015, encore en pleine jeunesse, est plus pimpant. Le nez fleure bon le cassis, la bouche est puissante, intense, mais non dénuée de fraîcheur, elle est même un peu mentholée. 2020 est extraordinaire. La période estivale a beau avoir été solaire, on a réussi à conserver beaucoup d’élégance. Les tanins ne marquent pas trop. C’est un vrai dandy, avec du tempérament, mais sans excès. Quel bonheur que ces notes de cassis, de myrtille et de thym !

Avec Château Pavie, on débute par le millésime 1998. Celui-ci explose encore de fruits. La bouche est tendue, droite. Elle s’exprime sur des notes de cerise noire, légèrement confiturées, rehaussées d’une pointe de cannelle.  L’âge a beaucoup assagi les tannins, comme le montre d’ailleurs la robe assez claire. Le vin a gagné de ce fait en fluidité. 2005 est plus boisé avec en bouche des notes de raisin corinthé. Il y a du soleil dans cette cuvée ! Le 2009 est très puissant et gourmand, on est sur les fruits noirs, les herbes de Provence. Le vin a une vraie densité. 2016 offre des notes éclatantes de fraise écrasée et de mûre mais les tanins sont encore marqués et nécessiteront une longue garde pour les polir à souhait. 2020 a de beaux arômes de fruits rouges, mais sans trop de concentration. Comme dans le cas de Monbousquet, on s’émerveille de sa fraîcheur alors que l’été avait été plutôt chaud. On appréciera ses notes de poivron et de piment ainsi que sa texture très caressante.

D’autres millésimes nous ont ensuite été dévoilés sur le repas dont le fameux Château Pavie 2000 sacré par Robert Parker meilleur vin au monde. Pour en montrer tout le potentiel, on ne pouvait rêver meilleur cuisinier que Yannick Alléno. Ce chef réputé pour ses sauces a l’art de réaliser de magnifiques extractions et réductions qui font merveille lorsqu’il s’agit de tenir tête à la puissance des grands vins rouges. En 2020, il a pris la tête de l’ancienne Hostellerie de Plaisance devenue La Table de Pavie avec comme objectif l’obtention des trois étoiles. « Depuis 1947 – a-t-il expliqué – la région bordelaise n’a pas eu de trois étoiles au guide Michelin. Pour des raisons importantes d’image, il serait temps qu’on y arrive. Donc nous y travaillons ardemment avec Sébastien Faramond, ses équipes et Gérard Perse. L’objectif est simple, mettre en valeur la cuisine bordelaise qui est finalement restée dans la bourgeoisie, sans que quelqu’un ait un jour pris son bâton de maréchal pour la faire rentrer dans la très grande cuisine moderne. C’est ce que nous nous attelons à réaliser, avec des techniques exceptionnelles (on va jusqu’à la fossilisation !), mais aussi des produits et des fournisseurs que Sébastien source au quotidien »

A noter parmi les pépites servies pendant le repas, un Monbousquet 2019 Bordeaux blanc. Le sauvignon blanc dans le Bordelais est parfois très aromatique. En l’assemblant ici avec le sauvignon gris, la muscadelle et le sémillon, Gérard Perse a obtenu un bel équilibre. Légèrement fumée, avec des notes de buis, d’agrumes et de fleurs blanches, le vin est sublime.

Un déjeuner en bonne compagnie…

Pour ce moment d’exception, la famille Perse avait également convié trois acteurs : Elsa Zylberstein, que l’on a vu récemment au cinéma dans le film Champagne où elle incarnait justement une vigneronne, Stéphane De Groodt et Stéphane Freiss. Ce dernier a rendu un vibrant hommage : « A chaque cuvée, je me suis dit tiens j’aimerais bien que le sommelier repasse par ici, alors que le millésime suivant réservait encore une expérience, une découverte. Il y a de la rareté dans les grands vins, quelque chose qui fait que le moment devient exceptionnel. J’ai eu la chance d’avoir comme témoin de mariage Philippe Faure-Brac. Il m’a fait découvrir le vin et grâce à lui j’ai pu acheter des bouteilles qui ont toujours été des millésimes liés à mon histoire, à ma vie, ma famille. »

Terre de vins aime … 

… le nouveau flacon lancé pour le millésime 2022 à l’occasion du renouvellement du classement de Château Pavie comme Premier Grand Cru classé A

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