Château Tour des Termes : « Une vision moderne passe par une stratégie social média »

Aux côtés de son père, Aurélie Anney préside aux destinées du Château Tour des Termes, ce Cru Bourgeois Supérieur de Saint-Estèphe. Sa personnalité, son âge comme sa formation apportent du sang neuf notamment sur le champ des réseaux sociaux. Pour Terre de vins, l’hyperactive confie sa stratégie.

Vous avez rejoint la propriété́ familiale avec votre bagage (étude et expérience), comment avez-vous fait votre place ?

Mon père Christophe Anney souhaitait se concentrer sur la vinification et la gestion du domaine au quotidien, il m’a convaincue de le rejoindre en 2018 pour diriger la marque sur le plan commercial et marketing. Après avoir obtenu un MBA et avoir acquis une expérience suffisante au sein des groupes Thiénot et H. Cuvelier & Fils, j’ai pu faire ma place au sein de l’équipe en apportant des compétences complémentaires basées sur une vision nouvelle et moderne notamment en développant une stratégie digitale.

A ce propos, on vous voit beaucoup communiquer sur les réseaux sociaux, comment vous y prenez-vous et pourquoi y attachez-vous une telle importance ?

Une vision moderne passe une stratégie social média. J’y attache beaucoup d’importance car nous avons une grosse clientèle particulière et côté professionnel, nous travaillons essentiellement avec les cavistes et restaurateurs. Cela nous permet d’aller au contact direct de nos clients, prospects et journalistes. Nous communiquons sur le quotidien de notre travail, celui d’être viticulteur. Cela passe par des publications pédagogiques sur nos travaux à la vigne et au chai, et par des posts qui informent notre clientèle nos déplacements et présences aux salons. Rester en contact avec nos followers renforce notre image et permet d’interagir avec eux, entretient un lien vivant. Enfin, le fait de partager les publications de nos partenaires commerciaux en France et à l’export, sur le Château Tour des Termes créé une bonne synergie.

La communication est liée au champ commercial, quels sont justement vos déplacements, vos salons, en somme votre stratégie ?

Notre stratégie est de renforcer le marché́ français via nos déplacements sur les salons afin de développer notre clientèle particulière, d’où l’importance de communiquer via les réseaux sociaux. Car si on accroît la demande, les cavistes et les restaurateurs auront confiance en notre marque. Cela commence par une cohérence en termes de prix de vente et une distribution maitrisée. Nos vins vendus en direct à la propriété sont, à quelque chose près, au même prix que chez nos partenaires cavistes. Nous en faisons déjà beaucoup, environ une dizaine par an, en comptant les salons professionnels (Wine Paris et Prowein). En tant que Vignerons Indépendants, nous nous déplaçons à Rennes, Clermont-Ferrand, Lyon, et Strasbourg. Avec Vinifrance, nous faisons les salons de Limoges, Thonon-les-Bains et Vinidômes. La fidélité́ de nos clients sur les salons est assez impressionnante, certains reviennent chaque année, et nous finissons, après 20 ans de salon, par entretenir un lien amical. De plus, nous faisons partie de la famille des Crus Bourgeois et nous avons lancé́ les évènements « Good Wine Only » pour aller à la rencontre des particuliers. Souvent en partenariat avec Terre de Vins, ces dégustations collectives sont un franc succès. Elles ont eu lieu à Bordeaux et à Lille, la prochaine aura lieu à Paris et sera un grand évènement. Enfin, nous participons aux Journées Portes Ouvertes du Médoc, organisées par le Conseil des Vins du Médoc. Elles ont lieu le weekend du 1er avril prochain, en proposant des visites, dégustations gratuites et un service de restauration le midi avec le vin compris dans le menu. Nous recevons une bonne centaine de personnes par jour. Afin de renforcer cette stratégie, nous avons pour projet d’investir dans de nouvelles formules de prestations pour développer l’œnotourisme au Château Tour des Termes.

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Le salon Raw Wine débarque enfin à Paris !

Référence mondiale en matière de vins produits de manière peu ou pas interventionniste, le salon Raw Wine se tient pour la première fois à Paris les 12 et 13 mars prochain. Une occasion exceptionnelle de découvrir de grands vins du monde entier.

Dire qu’Isabelle Legeron est une femme remarquable est un euphémisme. La fondatrice des salons Raw Wine fut la première française à devenir Master of Wine en 2009. Energique et pleine d’idées, Isabelle s’est installée à Londres il y a plus de 10 ans. C’est là qu’elle a souhaité créer un salon sur le modèle de ceux qui existaient alors déjà notamment dans la Loire mais qui étaient absents de la capitale britannique. « Dès le départ, j’ai souhaité que Raw Wine soit un salon ouvert aux professionnels mais aussi aux particuliers car ce sont eux qui achètent in fine le vin. Après avoir organisé 31 salons différents en une décennie, cette spécificité est toujours bien ancrée, un tiers de nos visiteurs étant des particuliers » explique Isabelle. Pendant 2 jours à l’espace Claquesin de Malakoff, ce ne sont pas moins de 156 producteurs qui vont faire découvrir leurs cuvées en provenance du monde entier. « Si la France et l’Italie ont toujours constitué les 2 pôles principaux en matière de volume et d’expérience, de nombreux autres pays ont émergé sur la scène internationale » précise-t-elle avec enthousiasme. 55 vignerons français et 33 vignerons italiens seront ainsi présents. Tous les vins présentés sur le salon respectent une charte de qualité : a minima bio ou biodynamiques à la vigne, vendanges manuelles, fermentations naturelles (spontanées), absence de filtration stérile et taux de sulfites total inférieur à 70 mg/L quel que soit le type de vin. Si beaucoup de vins sont nature, Isabelle n’est pas dogmatique et prône plutôt pour l’accompagnement que le bannissement par principe. Elle s’attache d’ailleurs à aider les producteurs à améliorer leurs vins tout en favorisant les rencontres avec les distributeurs du monde entier.

15 pays présents

Les dégustations auprès des vignerons permettront de faire un véritable voyage dans le monde entier. Espagne, Autriche, Allemagne, Grèce seront bien représentés aux côtés de pays moins connus mais néanmoins riches de cépages et terroirs particulièrement intéressants comme la République tchèque, mais aussi la Hongrie, la Slovénie, la Slovaquie. Plus inattendu, les visiteurs auront l’opportunité de se familiariser avec des vins de Suède et de Serbie. Sans oublier évidemment la Géorgie, pays avec lequel Isabelle entretient des liens tout particuliers. Elle y a réalisé un film pour la télévision anglaise, y a produit du vin, y possède même une maison ! « C’est absolument extraordinaire de voir le développement des vins natures dans le pays produits de manière traditionnelle en qvevri (jarres). Alors que seuls 1 ou 2 personnes en faisaient il y a une décennie, ils sont aujourd’hui plus de 200 et il est aujourd’hui difficile de se procurer ces jarres ! » nous explique Isabelle. Des animations et dégustations permettront en outre de mieux comprendre les vins de la famille Amoreau à Bordeaux ainsi que les vins d’Amérique du Nord. Et après New York, Berlin, Los Angeles, Montréal, Toronto, Paris et Copenhague, le salon Raw Wine continuera de se développer à l’international avec, normalement, des éditions en Chine et au Japon dès 2024.

Salon Raw Wine, les 12 et 13 mars 2023
Espace Clacquesin, 18 avenue du Maréchal Leclerc, 92240 Malakoff
Ticket professionnel à partir de 15€, ticket particulier à partir de 45€
www.rawwine.com/fairs/paris-2023

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Collectif Négrette en collerette

Une dizaine de vignerons de Fronton ont engagé une de leur cuvée dans la démarche de valorisation du Collectif Négrette, cahier des charges à l’appui.

Le collectif Négrette de l’appellation Fronton porte désormais collerettes en faux cols sur ses plus beaux flacons de rouges. Une dizaine de vignerons se sont réunis pour mettre en avant le cépage identitaire de l’AOP après avoir identifié avec l’IFV les terroirs les plus intéressants et pour l’accompagner d’une montée en gamme. « Nous avons d’abord effectué un inventaire de nos meilleures cuvées, issues de sélections parcellaires avec des rendements ne dépassant pas 35 hl/ha, composées à 70 % minimum de négrette, pas trop boisées mais avec un élevage d’au moins 14 mois et plutôt bien valorisées. détaille Frédéric Ribes l’un des initiateurs de la démarche. Par ailleurs, les vignerons du groupe doivent tous être engagés dans une démarche environnementale (bio ou en conversion, HVE). Nous dégustons régulièrement ensemble à l’aveugle, en tournant sur les différents domaines, en échangeant nos avis et en confrontant nos points de vue » .

©F. Hermine

Une valorisation volontaire

La démarche, basée sur le volontariat, a été lancée avec le millésime 2019. Une cuvée phare, aux volumes en général confidentiels, a été identifiée pour chaque domaine et une nouvelle dégustation collective avec quelques sommeliers a validé le choix avant que le vigneron n’en fasse la promotion à l’extérieur. Il peut ensuite coiffer sa capsule de la collerette blanche et noire. Le collectif organise des événements spécifiques pour les prescripteurs, envoie des échantillons, édite un livret des cuvées choisies. « C’est un véritable engagement et un bel outil de communication, notamment chez les cavistes et dans les restaurants gastronomiques, insiste Frédéric Ribes. Nous finançons nous-mêmes notre démarche avec une cotisation d’environ 30 centimes par bouteille, dégressif selon les volumes concernés, mais le Collectif Négrette bénéficie aussi de l’aide des techniciens du syndicat et de la communication de l’appellation ».

Il n’y a pas eu de promotion 2021 faute d’un niveau suffisant sur ce millésime mais de nouveaux vignerons pourraient intégrer prochainement le groupe pour les 2022 : Cédric Faure de La Viguerie de Beulaygues et Nicholas Smith du Domaine Bois de Devès mais également en réflexion Clamens, Lescure, Bellevue la Forêt. Font déjà partie du Collectif, Plaisance Penavayre (AB), Le Roc (en conversion bio), Bouissel (AB), Boujac (AB), Belaygues (en conversion), Joliet (HVE), Labastidum (en conversion), Laurou (AB) et Domaine Gabi de Vinovalie (HVE).

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Au Carreau du Temple, Ruinart et Eva Jospin s’apprêtent à faire un carton !

On connaissait l’artiste Eva Jospin pour sa collaboration avec la Maison Christian Dior, c’est désormais l’univers de la Maison Ruinart qu’elle vient enchanter. Pour qui a déjà visité les crayères labyrinthiques sculptées dans la craie de la plus ancienne marque de champagne, la rencontre avec cette plasticienne de talent était écrite d’avance. Elle a donné lieu à une exposition (Promenade(s) en Champagne) que vous pourrez découvrir ce weekend au Carreau du Temple à Paris.

Dans la famille Jospin, on connaît évidemment Lionel, le premier ministre à la mine sévère. Mais le clan se distingue aussi par ses nombreux artistes. Son demi-frère, Maurice Jospin, était un fameux jazzman, sa sœur Noëlle Châtelet, épouse du philosophe François Châtelet, a mené une triple carrière de sociologue, romancière, et comédienne. Quant à sa fille Eva Jospin, née de sa première union avec Elisabeth Dannenmuller, elle fait partie des artistes plasticiens les plus en vue de la capitale. Passée par l’Ecole des Beaux-Arts, ancienne pensionnaire de la Villa Médicis, elle a développé une œuvre très originale s’appuyant sur un matériau singulier, le carton, avec lequel elle réalise de magnifiques sculptures. En collaboration avec Ruinart qui lui a donné pour l’année 2023 « carte blanche » pour créer une œuvre inspirée de son univers, elle exposera tout le weekend au Carreau du Temple à Paris.

Lors de l’inauguration qui s’est tenue mercredi autour d’un repas imaginé par le chef Arnaud Donckele, Frédéric Dufour, le président de la Maison, a confié que s’il peut arriver que le choix de l’artiste suscite des débats enflammés dans les équipes, celui d’Eva Jospin a immédiatement fait l’unanimité tant son approche est en symbiose avec celle de la marque. L’un des leitmotivs de l’œuvre d’Eva réside en effet dans ses sculptures de palais abandonnés sur lesquels la nature reprend ses droits, à la manière de ces ruines envahies de lianes et d’arbres que l’on retrouve si souvent dans les jardins et les tableaux romantiques. Eva met ainsi en évidence la façon dont l’usure du temps peut donner une patine aux anciens monuments et paradoxalement les embellir en les nimbant de mystère. N’est-ce pas justement le même phénomène que l’on voit à l’œuvre dans le vin lorsqu’on le fait vieillir ? En savourant ainsi le Dom Ruinart 2010, on s’aperçoit que l’usure du temps, loin d’altérer comme on pourrait s’y attendre les arômes, les sublime, les polit, pour les faire évoluer vers des notes plus confites, plus grillées, plus rondes… 

© Adrien Dirand

Comment ne pas songer aussi à l’univers onirique des crayères lorsque l’on contemple les escaliers infinis qui relient les palais oubliés créés par Eva Jospin ? Ils rappellent inévitablement ces centaines de marches sculptées dans la craie qui descendent dans la profondeur des caves. L’emploi du carton, comme le souligne l’artiste elle-même, fait lui aussi écho à l’univers de ces galeries souterraines à travers le jeu d’ombres et de lumières que forment ses alvéoles. Quant aux centaines de strates de ce matériau qui s’empilent dans ses sculptures, elles évoquent les coteaux champenois, constitués d’une multitude de couches sédimentaires qui nourrissent les vignes. 

Il n’est pas jusqu’à la technique employée par l’artiste qui ne résonne avec le savoir-faire des viticulteurs champenois. En effet, lorsqu’Eva Jospin reconstitue la forêt de pins qui domine le vignoble historique de la Maison à Taissy, elle travaille au scalpel pour découper une à une dans le carton les branches avant de les relier entre elles. Le labeur du vigneron taillant sa vigne au sécateur pendant les longs mois d’hiver n’est guère éloigné.

Pour célébrer sa rencontre avec la Maison Ruinart, outre plusieurs sculptures en carton, Eva Jospin a également imaginé une Carmontelle. Elle rend ainsi hommage au siècle des Lumières qui a vu cette technique ancêtre du cinéma voir le jour au même moment où le champagne Ruinart était fondé (1729). Sur cette frise que l’on déroule, Eva a voulu souligner le dialogue étonnant en Champagne entre le sous-sol et la surface. La cathédrale de Reims a ainsi son pendant dans l’immense cathédrale souterraine que forment les crayères, les minces striures en filigrane venant nous rappeler celles laissées par les pics des carriers sur les parois en craie des essorts. Symétriques, ces deux mondes sont réunis par le fascinant entrelacs des racines et des branches de vignes. 

© BFOUGEIROL

Dans cette exposition, la finesse des dessins, leur sens du détail, se rapprochent de l’art de la dentelle et épousent sans peine le style délicat des vins d’une Maison où le chardonnay est roi. Rappelons ici que l’on doit cette orientation à son ancien président, Bertrand Mure. A une époque où les champagnes étaient davantage marqués par la puissance du pinot noir, ce patron visionnaire avait voulu proposer un vin plus aérien dont il s’amusait à dire que l’on devait pouvoir le déguster dès 9 heures du matin !  La cuvée « blanc de blancs » de la Maison en est la plus belle expression. Pour en apprécier toute la quintessence, le mieux est évidemment de la déguster en jéroboam, un format qui ralentit l’oxygénation et garde au champagne la fraîcheur et l’éclat de ses notes d’agrumes. Eva Jospin a conçu pour cette cuvée d’exception un coffret tout aussi exceptionnel, en édition limitée (il en existe seulement 25, prix 3500€). L’intérieur composé de lamelles de carton soigneusement découpées et assemblées offre un écrin sophistiqué reprenant la forme d’une crayère.

Exposition du 10 au 12 Mars, Réservation sur : www.ruinart.com

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Trois candidats sur les rangs pour le rachat de Cos Labory

Le discret Grand Cru Classé 1855 de Saint-Estèphe n’a jamais autant fait parler de lui. L’officialisation de sa vente excite les esprits. A cette heure, trois candidats font leur proposition. 

On approche de la fin d’une histoire, celle de la famille Audoy à la tête du Grand Cru Classé 1855 de Saint-Estèphe et ses 18 hectares. François Audoy et son épouse en avaient hérité en 1959 via le beau-père de François, George Weber. « Nous n’avons pas de successeurs alors nous avons pris la décision de nous séparer du domaine », explique sobrement Martial Audoy, l’un des quatre frères propriétaires du cru dont trois travaillent au Château Cos Labory. La vente est entre les mains d’une agence et les candidats se proposent dont le plus proche voisin, Michel Reybier, propriétaire de l’iconique Cos d’Estournel. « Je suis en effet sur le coup mais rien n’est fait », confirme-t-il à Terre de Vins« Il n’y a encore rien de signé, les enveloppes s’ouvrent, on en est là, ce sera au plus offrant, il y a trois candidats à l’heure où je vous parle et ils sont confidentiels », ajoute Martial Audoy.

Toutefois la finalité de la vente ne sera pas seulement suspendue au prix si l’on en croit les vendeurs. « On espère bien que Cos Labory reste Cos Labory, on ne veut pas que la marque disparaisse », souligne Martial Audoy. Pour rappel, le classement 1855 est un classement de marques, le vignoble n’est pas classé. Ainsi, les châteaux Lafon-Rochet ou Cos d’Estournel, pour ne citer que les Grands Crus Classés 1855 voisins, pourraient englober les hectares et mettre en sommeil la marque Cos Labory. À l’inverse, le propriétaire d’un domaine non classé à Saint-Estèphe, en acquérant le Cos Labory, pourrait intégrer une partie de ses vignes dans le Grand Cru Classé 1855 pour l’agrandir. Les enjeux fonciers de cette vente sont importants à l’ombre du clocher stéphanois. « Ce sera à nous de choisir le devenir de Cos Labory et ensuite nous quitterons les lieux », synthétise Martial Audoy.

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Château Lagrange, l’anti-crise de la quarantaine

Le 3ème Grand Cru Classé de Saint-Julien fête cette année les 40 ans de son passage sous le pavillon du groupe japonais Suntory. Un anniversaire symbolique qui est marqué par la fin de trois ans de travaux et annonce de belles célébrations.

De l’art de se hâter lentement et de faire parler de soi sans coup d’éclat : et si c’était ça, le secret de la quarantaine épanouie ? C’est en tout cas une certaine façon d’être un géant qui avance à pas de loup, une caractéristique qui s’applique aussi bien au géant japonais Suntory (plus ancienne société de fabrication et de distribution de boissons alcoolisées au Japon, fondée en 1899) qu’au château Lagrange, 3ème Grand Cru Classé 1855 dont l’histoire remonte au moins au XVIIème siècle. En 2023, cela fait exactement 40 ans que le destin de ces deux institutions sont liés : depuis que Suntory a fait l’acquisition de Lagrange en 1983 auprès de la famille Cendoya, qui en était propriétaire depuis 1925, et a entrepris, patiemment, de remettre sur le devant de la scène ce vaste domaine de Saint-Julien.

Le XXème siècle, avec son lot de conflits, de soubresauts politiques et de crises économiques, n’avait pas épargné Lagrange. En quatre décennies, les dirigeants de Suntory – qui, malgré sa taille, demeure un groupe familial – ont beaucoup investi pour redresser la propriété, à commencer par le vignoble qui a fait l’objet d’une profonde restructuration.

Reportage photos d’octobre 2022 au Chateau Lagrange.

L’arrivée de Matthieu Bordes à la direction générale en 2006 a donné un coup d’accélérateur à cette « opération renaissance » de Lagrange : montée en qualité et en régularité des vins (y compris du blanc, qui s’est imposé comme une valeur sûre du Médoc), remise à plat de la stratégie de distribution, rénovation de l’outil technique et modernisation des pratiques, engagement environnemental, œnotourisme… L’équipe s’est considérablement étoffée et s’investit tous azimuts pour continuer de hisser Château Lagrange au sommet de la hiérarchie des grands vins de Bordeaux.

Le quarantième anniversaire de l’acquisition par Suntory a été le prétexte de trois ans de travaux et d’un investissement de 15 millions d’euros pour restaurer les façades, rénover l’offre d’hébergement (14 chambres) à destination des professionnels et groupes d’amateurs en visite au château, pour installer les membres de l’équipe dans de nouveaux bureaux et pour inaugurer une nouvelle boutique doublée d’une salle de dégustation, épicentre de l’offre œnotouristique (voir détail ici). Les chambres du château sont également en cours de rénovation, toujours à destination des professionnels et grands amateurs. Les prochaines étapes de ce grand chantier impliqueront la restructuration complète du parc du château et de ses voiries, la création d’un bâtiment supplémentaire au centre viticole ainsi qu’une nouvelle rénovation du cuvier. Avec sa superficie de 118 hectares – dont 110 en production actuellement – divisés en 103 parcelles (pour 102 cuves), le vignoble de Château Lagrange exige toujours plus de précision et de quête du détail. Matthieu Bordes, qui sait que la vie des grands vins demande une constante remise en question, est prêt à relever le défi des prochaines années. En attendant, 2023 sera un temps de célébration, avec plusieurs temps forts destinés aux fidèles de la propriété. On n’a pas 40 ans tous les jours.

Reportage photos d’octobre 2022 au Chateau Lagrange.

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La bouteille qui peut faire une carton

Si les Bordeaux et Bordeaux Supérieurs souffrent depuis quelques mois, il est des châteaux qui, dans ces appellations, ne cessent d’innover : c’est le cas du Château la France qui propose une étonnante bouteille en carton. 

La création de cette bouteille s’inscrit dans une démarche vertueuse récompensée par des certifications et des prix. Stéphane Mottet, le propriétaire, décrit les actions qui ont conduit le château à obtenir par exemple la certification « ClimateParter »  (une première dans le vignoble bordelais) pour ses vins Neutral carbone : « nous avons travaillé avec des fournisseurs locaux dans un rayon de 50 km pour réduire les transports et nous avons lancé, dés 2017, un programme volontaire de reforestation sur des friches agricoles que nous avons en Charentes, en plantant plus de 130 000 arbres permettant de capturer plus de 12 500 tonnes de CO2 sur les 30 prochaines années ». A cela s’ajoute, la participation au financement d’actions soutenues dans le cadre du programme des Nations Unies en République Démocratique du Congo. Cet état d’esprit se complète par une conversion en bio pour un premier millésime en 2024. Sans oublier une médaille d’argent obtenue aux Trophées « Bordeaux Vignoble engagé » le 16 mai 2022.

Une bouteille très innovante.

Il était donc naturel que, aidé par son fils actuellement en 5ème année à l’Ecole Supérieure d’Angers, Stéphane Mottet pense à cette bouteille produite à partir de 94% de papier recyclé, d’une empreinte carbone 6 fois moindre qu’une bouteille en verre et d’un poids à vide de 83 gr, 5 fois plus légère qu’une bouteille en verre dont on sait qu’elle pose problème tant pour son recyclage que pour son coût énergétique lors de sa fabrication : un enjeu pointé lors du « 13ème forum du développement durable » tenu en janvier 2023, à Bordeaux . « Une bouteille dans la lignée de la cuvée neutral carbone ». Pour être plus précis, « c’est un BIB en forme de bouteille de 75 cl » nous dit Stéphane Mottet. « Le plastique ne représente que 16 % du poids ». Pas de bouchon en liège, bien évidemment, car le goulot ne supporterait pas la pression, mais une capsule à vis recyclable qui garantit la fermeture. On appréciera aussi que l’étiquette est imprimée sur la coque, à 360 °. Et pour un recyclage facile de la bouteille, tout a été prévu. « On appuie à un endroit et la coque s’ouvre ». « Presser, séparer, recycler ». Mais que sépare-t-on exactement ? La coque en papier qui s’ouvre en deux pour libérer une poche en plastique.

Car cette bouteille « fonctionne comme un BIB ». Un avantage, car si le vin est destiné à être bu dans les 18 mois, une consommation sur plusieurs jours est parfaitement envisageable : le vin ne sera jamais au contact de l’air puisque la poche se contracte au fur et mesure qu’on la vide de son vin : comme pour un BIB. L’inconvénient pour le viticulteur et le consommateur, est que cette bouteille est encore un peu plus chère que le verre.

Plus couteuse mais …

 « La fabrication de ce type de contenant est aujourd’hui plus couteux car il faut des machines spécifiques. Mais on espère des économies d’échelle » dit Stéphane Mottet. Un propriétaire optimiste qui parie sur « la lame de fond » de la transition écologique et du geste d’un citoyen désormais plus respectueux de la planète. « On a laissé une belle empreinte à Wine Paris. Les gens sont intéressés ».

Reste à trouver pour cette nouvelle bouteille de vin un débouché, notamment en grande distribution. « Ce nouveau contenant véhicule pour l’enseigne une image très positive, car elle participe à améliorer leur empreinte carbone. Et il correspond aussi aux attentes des consommateurs. Nous discutons actuellement avec deux enseignes » indique Stéphane Mottet qui envisage dans un premier temps une production de 10 000 bouteilles de rouge. « Mais nous pouvons faire aussi du blanc et du rosé » précise-t-il. Une production en bouteille carton qui pourrait aller jusqu’à un tiers des 350 000 bouteilles que produit le château chaque année.

Une bouteille écologique qui, on l’espère, plaira et qui aura sa place dans les rayons de la GD et des cavistes.  

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Trois questions à François Duboz, prochain président de la Percée du vin jaune

François Duboz vient d’être élu par les ambassadeurs président de la prochaine Percée du vin jaune qui se tiendra pour la troisième fois à Arbois en février 2024. 

François Duboz (ne pas prononcer le z) succède à Bastien Baud à la présidence de la Percée. Ce jurassien d’origine dirige depuis un an et demi le Domaine de la Pinte, l’un des plus vastes vignobles de la région avec une trentaine d’hectares travaillés en biodynamie. L’annonce du prochain président est faite en général lors de l’édition précédente, cette année à Voiteur, mais les trois candidats en lice s’étant déclarés tardivement (également Jean-Charles Tissot président du comité interprofessionnel des vins du Jura – CIVJ, et Joël Morin, président de la Fruitière d’Arbois), l’élection n’a eu lieu qu’en mars. L’occasion de poser trois questions au nouvel élu.

Vous attendiez-vous à être élu ?

J’ai surtout été agréablement surpris car je suis revenu récemment dans la région pour reprendre les vignes de mon grand-père décédé et j’ai eu l’opportunité d’être embauché en parallèle au Domaine de la Pinte. Après viti-oeno à Beaune, j’avais également travaillé chez Stéphane Tissot avant de partir en Bourgogne, notamment à Aloxe-Corton chez Louis Latour. Mon élection dénote de la reconnaissance et de la confiance de mes confrères pour l’organisation d’un tel événement. La principale difficulté est d’anticiper et de mobiliser tout le monde car la Percée est la fête des amateurs de vin mais aussi des Arboisiens.

Être président de la prochaine Percée du vin jaune vous tenait particulièrement à cœur ?

Oui car je suis originaire d’Arbois et j’y connais beaucoup de monde, ce qui va être utile pour faire appel à toutes les bonnes volontés et travailler tous ensemble. Je suis très attaché aux vins locaux. J’ai assisté à plusieurs éditions en tant que visiteur, et lors de la dernière Percée sur Arbois en 2011, j’avais même aidé un domaine qui y participait.

Que représente pour vous le vin jaune?

Un vin pas forcément accessible, qui nécessite d’être apprivoisé, un vin pas immédiatement abordable gustativement et qui se mérite. Il faut d’abord prendre le temps de s’intéresser aux vins du Jura et en particulier aux oxydatifs qui demandent un effort. Mais la Percée peut aussi être l’occasion de découvrir d’autres vins – on ne sert pas que le dernier millésime de vins jaunes mais par exemple des vieux millésimes de savagnin. En général, les visiteurs viennent avec une belle ouverture d’esprit; ils sont curieux de notre métier et des produits. 

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La bouteille à moins de 10 € : Rock’m’Roll 2021

Parce que la qualité d’un vin ne dépend pas de son prix, nous vous présentons chaque semaine une cuvée à moins de 10 euros qui nous a particulièrement enthousiasmés. Sans oublier les quelques accords mets-vin qui l’accommoderont au mieux.

Domaine Saget la Perrière, Château de la Mulonnière (49)
Rock’m’roll 2021
IGP Val de Loire
8,50 €

C’est quoi ? 

Saget la Perrière est l’une des maisons ligériennes par excellence. S’étant de la région de Sancerre jusqu’aux terres où le muscadet est roi, l’offre est aussi variée en terroirs qu’en prix. Pour sa gamme Rock’m’roll, direction le Maine-et-Loire, sur la commune de Beaulieu-sur-Layon, située à 25 kilomètres d’Angers. Produit sur les terres du Château de la Mulonnière qui bénéficie d’une situation privilégiée sur ce terroir si particulier de l’Anjou noir dotée de sols de schistes ardoisiers. Une gamme dans l’air du temps, « avec Rock m’ Roll, l’idée est de suggérer le profil gustatif des 4 cuvées, en jouant sur une représentation décomplexée et une identité affirmée » présente Laurent Saget, le « M » faisant référence au château où fleurissent les vignes. 

Pourquoi ?
Cette cuvée est un 100 % chenin, dont les vignes s’épanouissent sur des parcelles constituées de schistes. La récolte est choisie et est pressurée directement afin de conserver tous les arômes fruités propres à ce cépage ligérien. La fermentation à basse température et l’élevage en cuves inox offrent tout le frais et le fringant à cette cuvée qui se veut douce et élégante à la fois.

Avec quoi ?

La robe est d’un jaune citronné étincelant. Le nez est frais, les agrumes et l’ananas s’expriment à merveille. La bouche est ample et gourmande, la sucrosité s’harmonise avec les arômes de fruits séchés et d’amande vanillée. Une cuvée bien équilibrée avec une finale ciselée et fraîche qui offre une belle persistance aromatique. A déguster entre 12 et 14 °C, accompagnée de noix de Saint Jacques, sur une tarte au citron, ou tout simplement à l’apéritif !


Saget la Perrière
Château la Mullonnière
49750 Beaulieu-sur-Layon
02 41 78 47 52

sagetlaperriere.fr

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Corrèze, une nouvelle appellation de poche

La tradition viticole du département de la Corrèze s’est relancée tout doucement au début des années 80. L’AOP Corrèze est reconnue depuis le 22 février 2023 au niveau européen pour ses vins rouges, blancs et de rares vins de paille.

Les vignerons corréziens présents au dernier salon de l’agriculture à Paris étaient tout sourire, heureux de pouvoir revendiquer le label européen AOP, appellation d’origine protégée, suite à la publication le 22 février au Journal Officiel de l’Union Européenne. L’AOP Corrèze devient ainsi la 750e indication géographique reconnue en France, et la 3 500e au niveau européen.

De l’IGP à l’AOP pour les vins corréziens

De 2009 à 2017, les vins produits en Corrèze bénéficiaient d’une Indication géographique protégée (IGP) mais le passage au niveau supérieur a été plus long que prévu. En effet, non contents de produire des vins blancs secs et rouges, les Corréziens ont une tradition particulière, celle des vins de paille (ou « paillés ») et les vignerons du Jura n’ont pas vu l’arrivée de concurrents du meilleur œil – même si les volumes sont sans comparaison. C’est donc seulement le 3 mai 2017 qu’a été votée la reconnaissance de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Corrèze pour la France, devenue à l’échelle européenne appellation d’origine protégée (AOP) depuis le 22 février 2023. Une dénomination géographique complémentaire « Coteaux de la Vézère » est également prévue et réservée aux vins tranquilles rouges et blancs secs.

Une histoire qui renait

Les témoignages archéologiques dans la région de Beaulieu, Meyssac ou de Brive attestent de la culture de la vigne à l’époque gallo-romaine. Tout le Limousin apparait concerné par cette culture mais c’est dans la région de Brive qu’elle semble être la plus développée. Yrieix (Aredius), le plus connu des saints limousins mentionne dans son testament au début du VIe siècle des vignobles sur 17 paroisses du bassin de Brive. La culture de la vigne s’est développée à partir du XIIIe siècle, avant d’entrer littéralement dans l’économie locale au XVIIe. « L’Etat des paroisses de l’élection de Brive », établi entre 1660 et 1675, mentionne que dans de nombreuses paroisses viticoles « le principal revenu est le vin. ». En 1777, par peur de perdre leurs principaux revenus, les moines cordeliers de Donzenac déposent plainte, car le tracé de la route royale doit traverser l’enclos où ils produisent un vin de bonne qualité. Le vignoble corrézien a atteint son apogée au XIXe siècle, avec 16 735 ha (1840) avant de décliner comme partiquement partout en France avec l’arrivée du l’oïdium en 1851, du mildiou en 1880 et surtout du phylloxéra en 1885 et du développement du chemin de fer. Les usages viticoles ne sont alors maintenus que pour l’autoconsommation, en particulier dans la zone de production de vins de paille, au sud du département.

Des cépages atlantiques

Pour les rouges, le cépage principal est le cabernet franc, parfois assemblé avec le cabernet sauvignon et le merlot. En blanc on trouve du chardonnay, du sauvignon et du chenin blanc. Pour élaborer le vin de paille, tous les raisins sont autorisés, à condition d’être cueillis puis séchés sur des claies. Les cépages peuvent être séparés ou pressés ensemble pour faire un vin de paille ambré. Les vins bénéficiant de la dénomination géographique complémentaire « Coteaux de la Vézère » se déclinent uniquement en rouge et blanc sec avec un encépagement qui rappelle l’Anjou (respectivement cabernet franc et chenin blanc)

Un pays de Cocagne au sud du département

Le vignoble de Corrèze est « grand en potentiel » explique Jean Mage, président de la fédération des vins de la Corrèze, car tout le monde ne revendique pas l’appellation. La zone est immense, elle couvre 24 290 ha sur 24 communes. Mais en 2021, pas plus de 350 hl sur 21,43 ha ont été revendiqués. « Si on pouvait aller à 200 ou 300 ha plantés…» rêve Jean Mage, vigneron au domaine de Chirac à Chirac (mais sans lien direct avec l’ancien président de la République). Il rappelle que le département est vaste, qu’il n’y a jamais eu de vignes en Haute-Corrèze, que c’est seulement autour de Brive que les sols et le climat sont adaptés. « Un pays de Cocagne » précise-t-il. L’aire d’appellation est concentrée au sud-ouest du département dans la zone de piémont des bassins de Brive et de Meyssac. Elle s’appuie à l’est sur les contreforts du Massif Central, à l’ouest sur les collines du Périgord et sur le causse de Martel et est bordée par la rivière Dordogne au sud.

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