De Bordeaux à la Provence, mer calme pour le Guide Michelin

L’édition 2023 du Guide Michelin a rendu son verdict ce lundi 6 mars en matinée. Un palmarès relativement calme, qui vient toutefois saluer plusieurs belles adresses dans la moitié sud de la France. On fait le point.

Une fois passée l’émotion d’apprendre la rétrogradation de Guy Savoy (Paris) et Christopher Coutanceau (La Rochelle, distingué en 2022 par Le Tour des Cartes) qui quittent le club des triplement étoilés pour revenir dans celui des deux macarons (au passage, stratégie de communication maligne de la part du guide rouge qui, anticipant les indignations, a communiqué avec plusieurs jours d’avance sur ce volet du palmarès afin qu’il ne phagocyte pas le reste), que restait-il à attendre de cette édition 2023 du Guide Michelin ? Le verdict est tombé ce matin : 44 restaurants obtiennent une nouvelle étoile (contre 49 l’année dernière), et si l’on va dans le détail ce sont 39 tables qui décrochent leur première étoile, tandis que 4 rejoignent le club des deux étoiles*. Un seul chef rejoint le club très prisé des trois macarons : Alexandre Couillon, à la tête du restaurant La Marine à Noirmoutier.

Parmi les promus 2023, si l’on regarde de plus près vers la moitié sud de la France et notamment la grande zone viticole – car le vin et la gastronomie font toujours bon ménage – qui s’étend de l’Atlantique à la Méditerranée, les bonnes adresses sont légion, même si l’on déplore qu’aucun nouveau 2 étoiles ou 3 étoiles ne s’y invite. En Nouvelle-Aquitaine, on salue le premier mac’ de Aumì à Pumoyen (16), La Table Mirasol à Mont-de-Marsan (40), La Maison de Pierre à Hasparren (64), Maison Ruffet – Villa Navarre à Pau (64) et Ressources à Bordeaux (33). Le chef de ce dernier établissement, Tanguy Laviale (photo ci-dessus), est bien connu de la rédaction de « Terre de Vins » puisque nous lui avions consacré un sujet cuisine dans son précédent établissement, Garopapilles, qui avait déjà récolté un macaron Michelin.

En Occitanie, les premières étoiles brillent chez Rouge à Nîmes (30), Granit – La Mécanique des Frères Bonano à Colombières-sur-Orb (34), L’Arrivage à Sète (34) et Villa Pinewood à Payren-Augmentel (81). À noter que ce petit restaurant « œno-gastronomique » de 14 couverts seulement, situé entre Causse et Montagne Noire à côté de Castres, a été ouvert en 2020 par Anne et Thomas Cabrol et a aussi décroché une étoile verte, synonyme d’engagement environnemental.

Enfin, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, on est attentif aux premières étoiles du Château Eza à Èze (06), des Couleurs de Shimatani à La Ciotat (13) et de Faventia à Tourrettes (83).

*Le Château de Beaulieu à Busnes (Pas-de-Calais), L’Amaryllis à Saint-Rémy (Saône-et-Loire), L’Auberge de Montmin à Talloires-Montmin (Haute-Savoie) et Cyril Attrazic à Aumont-Aubrac (Lozère).

Voir ici la liste complète des étoiles du Guide Michelin 2023

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Le palmarès du guide Michelin 2023 dévoilé !

Attendu avec fébrilité par toute la profession, les étoiles de l’édition 2023 du guide rouge viennent d’être dévoilées. Avec, comme toujours, quelques belles surprises.

Pour sa 123ème édition, le guide Michelin avait décidé d’annoncer son palmarès depuis Strasbourg. Et pour l’occasion, tous les chefs étoilés de France ainsi que tous les chefs 3 étoiles d’Europe se trouvaient dans la salle. Soit, comme le rappelait Emmanuel Macron dans son discours, « plus de 1000 étoiles réunies ». L’émotion était au rendez-vous parmi tous les professionnels honorés. A commencer par le nouveau chef récompensé par le graal des 3 étoiles, Alexandre Couillon au restaurant La Marine sur l’île de Noirmoutier. Cet immense chef, pressenti depuis plusieurs années pour accéder à cette distinction suprême, voit sa cuisine créative et inspirée reconnue au plus haut niveau. Le chef a rappelé « un engagement de 24 ans pour ce restaurant ouvert en 1999 » et a remercié ses maîtres d’apprentissage ainsi que le chef Michel Guérard. Le chef et son épouse étaient très émus et ont tenu à adresser une pensée à Guy Savoy ainsi que Christophe Coutanceau qui ont chacun perdu leur 3ème étoile cette année, information qui avait fuité depuis quelques jours dans les médias. La déception de ces derniers devait être inversement proportionnelle à l’émotion des chefs ayant accédé à la 2ème étoile. Ils sont 4 cette année aux 4 coins de la France à être reconnus pour l’excellence de leur cuisine. Il s’agit de Cyril Attrazic du restaurant éponyme à Aumont-Aubrac en Lozère (48), Christophe Duffosé à Busnes (62) dont le château de Beaulieu est un projet global avec ferme, potager, boulangerie. On compte également parmi les promus Cédric Burtin de l’Amaryllis à Saint-Rémy-de-Provence (13) qui avait obtenu sa 1ère étoile en 2008 ainsi que Florian Favario à Talloires-Montmin (74) qui a rendu un très bel hommage à sa compagne.

Sans oublier les 39 nouvelles tables qui ont accédé à la 1ère étoile. Un tremplin unique pour ces femmes et ces hommes passionnés totalement investis dans leur métier. 33 tables en régions, 6 à Paris avec notamment Pascal Barbot, ancien chef 3 étoiles qui retrouve le palmarès du Michelin avec son restaurant l’Astrance nouvelle mouture. Une émotion toute particulière a saisi la salle lorsque la cheffe Georgiana Viou du restaurant Rouge à Nîmes (30) a pris la parole. Célébrant une cuisine associant influences méditerranéennes et béninoises, la cheffe a salué son équipe qualifiée de « famille » avant d’esquisser quelques pas de danse.

Plusieurs prix spéciaux dévoilés

Le guide a par ailleurs décerné plusieurs prix, récompensant toutes les composantes d’une grande table. Côté cuisine, le prix du « jeune chef de l’année » a été annoncé par le Président de Michelin. C’est Mallory Gabsy qui été honoré. Ce chef de 26 ans né en Belgique s’est fait connaître dans l’émission Top Chef et a vécu une journée magique puisque outre cette distinction, le chef a eu le bonheur de se voir accorder une toute 1ère étoile pour son restaurant parisien ouvert en 2022. Et comme un clin d’œil, le guide rouge a également remis le prix du « chef mentor de l’année » à Michel Troisgros (3 étoiles à ouches), immense personnalité de la cuisine française qui a inspiré de très nombreux chefs et dont son fils a rappelé qu’il « conservait encore aujourd’hui une immense curiosité ». Le guide a par ailleurs décerné une nouvelle fois des étoiles vertes « aux établissements les plus engagés en matière de gastronomie durable » selon les mots de Gwendal Poullennec, Directeur International des Guides Michelin. 8 tables ont été distinguées dont le Domaine de Primard qui a fait ainsi coup double avec sa 1ère étoile également décrochée aujourd’hui. Côté vin, Serge Dubs, meilleur sommelier du monde 1989, a remis le prix de la Sommellerie 2023 à Gaby Benicio, sommelière du restaurant Äponem l’auberge du presbytère à Vailhan ainsi qu’à Cyril Kocher du restaurant Thierry Schwartz à Obernai. Dominique Loiseau, de son côté, a remis le prix du Service 2023 à Claire Sonnet du restaurant le Louis XV à Monaco ainsi qu’à Frédéric Rouen du restaurant l’Alternative à Béziers. Enfin, 7 établissements ont rejoint cette année la sélection « Passion Dessert » qui met en avant les tables où les plaisirs sucrés sont spécialement porté à un très haut niveau. Parmi les lauréats, Aurélie Collomb-Clerc de Flocons de Sel à Megève ou bien encore Marius Dufay au Mirazur à Menton.

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[Michelin 2023] Deux sommeliers reçoivent une étoile

La cérémonie à démarré depuis quelques minutes en direct de Strasbourg, devant 1500 invités et animé par la journaliste Anaïs Bouton.

Ils reçoivent le prix de la sommellerie des mains de Serge Dubs (l’Auberge de l’Ill) : Gaby Benicio, sommelière au restaurant Äponem à Vailhan dans le département de l’Hérault « Ce n’est pas tous les jours que les femmes sont à cette place, je me sens très honorée. On tente tous les jours d’apporter un peu de grâce, d’élévation et de délicatesse aux gens qui viennent nous voir, tout simplement. » et Cyril Kocher, sommelier de Thierry Schwartz (Obernai) « Je ne suis pas seul à faire le travaille avec des beaux vignerons en Alsace, des chefs passionnés, sans oublier que le client joue un rôle très important. C’est du partage tout simplement« .

Nous avions rencontré Gaby Benicio en janvier 2022 « Garden Gastronomy : quand Veuve Clicquot s’invite chez Äponem« 

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Le Beaujolais au Salon de l’Agriculture : l’heure du (bon) bilan

Depuis 2018, le Beaujolais joue collectif au SIA, avec un stand commun à l’ensemble des appellations du vignoble, porté par les deux ODG (des crus et Beaujolais/Beaujolais Villages), et co-animés par les 41 vignerons se relayant tout au long de l’événement, présentant les 58 cuvées (sélectionnées sur dégustation après inscription des viticulteurs intéressés) des 34 vignerons, 4 caves coopérative et 1 lycée agricole participant. Bilan de cette 5è édition chorale.

Genèse et objectif

Dire que l’histoire du Beaujolais a pu avoir des airs de tragédie grecque, ou de soap-opera selon les références de chacun, sonne comme une lapalissade. Mais surtout comme le son du passé.
Le Beaujolais a bien compris que l’union fait la force et qu’ensemble, on va plus loin, que ce soit par conviction ou par nécessité.

Luc Pierron, viticulteur dans le sud du Beaujolais et co-organisateur, s’est installé au début des années 2000, à ce moment charnière où l’ancien modèle commençait à s’essouffler mais où le nouveau n’avait pas vu le jour. Il appartient à cette génération qui ne capitalise plus sur le Beaujolais Nouveau mais bien sur les richesses et les qualités de ses terroirs.
Il ressort de ce salon « vidé, mais heureux : on a franchi un cap énorme, on a vraiment su mettre en avant nos forces et nos qualités, qui font notre identité et notre force aujourd’hui, parce que nous allons de l’avant tous ensemble. Vignerons indépendants, coopérateurs, jeunes installés, vignerons expérimentés : nous étions tous là, pour faire la promotion de notre belle région, dont nous aimons autant nos vins que nos productions (nous avons apporté du fromage et des salaisons locales pour accompagner les dégustations), et ses paysages ».

Participer au SIA n’était donc pas une option, tant cet événement fait partie des événements incontournables pour apporter de la notoriété et contribuer à faire changer cette image du Beaujolais, pour mieux rendre compte de la qualité et de la diversité des vins.

Des Beaujolais, une identité

Objectif atteint pour cette édition 2023 : Luc a constaté que « maintenant, les gens cherchent notre stand, nous sommes devenus incontournables. Certains sont aussi venus nous voir une première fois, puis revenus, pour nous dire que nous avions de supers vins et une superbe région. C’est peut-être un peu cliché, mais leur sourire est vraiment la plus belle des gratifications ».

Situé dans le hall des régions, sous la bannière de la région Auvergne-Rhône-Alpes, le collectif s’est aussi joué avec les collectivités qui ont accompagné le vignoble ces dernières années.
Fabrice Pannekoucke, vice-président délégué à l’agriculture et aux espaces valléens de la Région AURA, a également « retrouvé avec plaisir le territoire et les vins du Beaujolais au SIA. Leur présence, au cœur du village régional, illustre notre fonctionnement quotidien avec une présence forte du Beaujolais dans notre action et dans la construction de plan de filière viticole », confirmant que « être à Paris, c’est profiter d’une vitrine exceptionnelle et l’occasion d’agréger aussi des rencontres et des échanges que l’on ne construit pas par ailleurs ».

Le rendez-vous est donc pris en 2024, comme le souligne Luc, pour maintenir « notre objectif d’être collectivement bons et de faire valoir la diversité de notre région et la qualité de nos vins ».

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Hemera 2008 : l’esprit lumineux du champagne Henriot

Hemera est sans doute l’un des derniers 2008 que l’on verra sortir. Mais la vérité est que ce millésime tout en retenu imposait d’attendre et qu’il commence aujourd’hui tout juste à s’exprimer. Ciselé, étincelant, précis, épuré, vibrant, sa dégustation nous permet de nous remémorer les quelques qualités qui font la différence entre un bon vin et un grand vin, le premier flatte, le deuxième surprend, éblouit et, pour finir, vous élève.

L’origine du champagne Henriot fondé en 1808 se trouve sur la Montagne de Reims, sur trois crus de la face Nord : Mailly, Verzy et Verzenay. Lorsqu’en 1880, la Maison fait l’acquisition de vignes sur la Côte des blancs à Chouilly, Avize et Le Mesnil-sur-Oger, elle opère un basculement. D’un seul coup, le chardonnay qui était absent de ses assemblages devient majoritaire. A la même époque, elle commence à acheter une partie de ses raisins, et c’est sans doute pour être certaine de ne jamais oublier ses racines, qu’elle lance en 1889 « Premier », une cuvée spéciale constituée exclusivement à partir des six crus fondateurs. Au fil des années, ce champagne sera rebaptisé successivement Baccarat, les Enchanteleurs, et à partir du millésime 2005 « Hemera », du nom de la déesse de la lumière. 

C’est l’un des anciens papiers peints de la Maison des Aulnois où figure la déesse Héméra qui a inspiré le nom de la cuvée.

La cuvée connaît alors une légère évolution dans sa philosophie, puisque les six crus sont désormais systématiquement à parité, l’idée étant de mettre davantage en évidence l’expression et l’originalité de chaque millésime, sans chercher par des rééquilibrages géographiques à l’atténuer. Le principe est plus exigeant. En effet, tous les millésimes ne permettent pas à ces six crus à fort caractère de s’accorder spontanément. Il faut souvent un long vieillissement en cave pour leur donner le temps de se réconcilier, et cette entente peut même être impossible sur certaines années. « Chaque cru est unique. Pour les Pinots noirs de la Montagne, Mailly donne des vins expressifs, souvent massifs, opulents. C’est un peu le banquet du chasseur !  Verzenay est davantage dans l’élégance, la finesse et Verzy apporte une structure solide. Côté chardonnays, Chouilly est généreux, exotique. Avize contribue à la vivacité et à la fraîcheur avec cette tension assez marquée. Quant au Mesnil, il apporte une brillance qui n’appartient qu’à ce cru » explique Alice Tétienne, la cheffe de caves.

2005, 2006 et 2008, la trilogie très contrastée d’Hemera

Pour mieux comprendre la spécificité du 2008 que la Maison s’apprête à sortir et l’influence radicale de l’effet millésime sur cette cuvée, une petite verticale s’imposait. Nous avons débuté par Hemera 2005, une année difficile, « en dents de scie », alternant coups de froid, redoux, soleil, humidité… Le caractère affirmé du vin traduit bien le combat mené par la vigne contre la nature. Le champagne s’exprime avec beaucoup de concentration, de manière uniforme, comme un bloc monolithique, jusqu’à ce que la finale vienne ramener un souffle d’air avec une petite pointe d’acidité combinée à une amertume très élégante. Sur ce millésime, clairement, c’est le côté chaleureux et puissant du pinot noir de Mailly qui domine. Les arômes tertiaires sont déjà marqués, mais la trame de fraîcheur de ces six grands terroirs crayeux demeure et ressort à travers une belle salinité.

Hemera 2006 est également très expressif mais dans un tout autre registre. On a d’une part cet aspect opulent donné par la dimension solaire du millésime avec des fruits jaunes mûrs voire confits. Néanmoins, l’humidité qu’on a aussi connue cette année-là, a ramené en bouche beaucoup de fraîcheur et cet aspect fin et bien dessiné. Bref, on est dans l’équilibre parfait, avec juste ce qu’il faut de patine et le bon mix entre rondeur et fraîcheur. De toute évidence, c’est le chardonnay de Chouilly qui domine, dans toute sa générosité. 

Hemera 2008 représente enfin l’année classique au climat typiquement champenois : un printemps humide, un été assez frais, des pluies avant les vendanges suivies du retour in extremis du soleil (le fameux miracle champenois !). Le millésime est connu pour le caractère épuré de ses vins, portés par une tension qui leur donne beaucoup de profondeur, mais aussi une certaine retenue. Les grands vins, on le sait, ne se donnent pas d’un seul coup ! 2008 et cet opus d’Hemera en particulier, en sont l’archétype. « C’est ce qui fait d’Hemera 2008 la cuvée la plus cohérente des trois avec la signature générale de la Maison faite de générosité et de complexité mais toujours dans la distinction et l’élégance. »

Au niveau des arômes, on est clairement sur les agrumes avec un léger vanillé boisé en arrière-plan alors même qu’aucun vin n’a été vinifié sous bois. On n’a pas du tout la rondeur et le côté très soudé du 2006. Mais quelque chose d’angulaire, taillé à la serpe, d’une extrême précision donnant l’impression de pouvoir lire tous les détails. C’est ce qui produit ce caractère vibrant. Il est difficile cette fois de trancher entre la dominance du chardonnay ou du pinot noir. Deux crus mènent en effet la danse, Le Mesnil et Verzenay. D’un côté la tension du chardonnay jaillit comme un rayon de soleil éblouissant, de l’autre l’élégance de Verzenay, donne cette impression ciselée de dentelle. Enfin, si on s’intéresse aux accords, force est de constater que 2006 et 2005 ont des prises de position plus fortes qui amènent à se projeter davantage sur la gastronomie, en privilégiant des plats typés, épicés. Hemera 2008 est plus polyvalente, et peut se déguster seule ou en apéritif. A table, elle accompagnera des plats très divers allant du carpaccio de Saint Jacques agrémenté de yuzu à la volaille fumée au bois de hêtre.

Prix : 189 €

 www.champagne-henriot.com

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L’IGP Méditerranée se met en Réserve 

La dynamique IGP Mediterranée, locomotive des IGP du Sud-Est de la France, s’est dotée d’une réserve glissante en rosé pour mieux maîtriser ses volumes commercialisés. 

L’IGP Méditerranée a profité d’une année 2022 difficile au regard des aléas climatiques pour mettre la régulation de l’appellation sur la table. Les discussions ont abouti à la mise en place d’un Volume Individuel de Production Commercialisable Certifié basé sur trois ans de commercialisation pour l‘IGP rosé et un pourcentage de développement jusqu’à 15 %. La réserve glissante sur deux millésimes qui permet de sécuriser l’approvisionnement est plafonnée à 15% de la production. « Au-delà il ne sera plus possible de revendiquer l’appellation si le producteur ne peut justifier d’un acte de vente, commente la directrice de l’IGP Marine Gayrard. Il repassera donc automatiquement en Vins sans IG ou en distillation à N+1. Le dispositif sera renégocié tous les ans par Intervins Sud-Est. Il permet aussi d’étaler la revendication en IGP Med sur l’année en fonction des aléas climatiques. Il s’agit d’inciter les opérateurs à être davantage à l’écoute du marché ».

Mediterranée à succès 

Des neuf appellations d’Intervins Sud-Est, l’IGP Méditerranée sur tout le territoire concerné est toujours la plus dynamique et celle qui remporte le plus de succès « avec les volumes les plus importants et qui se sont même emballés ces dernières années (800-850000 hl en moyenne à 70% rosés ) » reconnaît Marine Gayrard. En parallèle du rosé, la demande s’accroît sur les blancs (10% en Méditerranée, 15% pour l’ensemble des IGP) vendus essentiellement en bouteilles et offrant une belle marge de progression. Les rouges à environ 20% des volumes en Med (30-35% pour l’ensemble) restent stables avec toutefois un objectif de travailler davantage les profils de vins sur le fruit et la fraîcheur. 

Suivent sur le podium les vins d’Ardèche (300 000 hl) élaborés à 90 % par les Vignerons Ardéchois et qui se régulent sur leur territoire, puis les appellations bien ancrées sur leur marché de proximité tels l’IGP Vaucluse ou encore celle des Alpilles perçue comme une AOP et profitant de l’image des Baux-de-Provence, présente surtout en CHR. La commercialisation se révèle plus délicate pour les IGP Pays des Bouches-du-Rhône, Drôme, en concurrence avec Collines Rhodaniennes, l’IGP la mieux valorisée portée par des opérateurs reconnus de crus du Rhône Nord, et Coteaux-des-Baronnies qui reste confidentielle avec une coopérative et six domaines.

©F. Hermine

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Le vin de Lamartine

La mémoire populaire retient le poète ou le politique si ce n’est les deux mais plus rarement l’homme foncièrement attaché à ses propriétés viticoles bourguignonnes. Le remarquable Il était une fois Lamartine de Sylvie Yvert – qui sort chez Pocket – nous rappelle ce lien ombilical. Qu’il devra couper…

À ses obsèques au début du mois de mars 1869 on trouve davantage de vignerons derrière le corbillard que de personnalités du gotha. Aux côtés de Dumas Fils ou d’Émile Ollivier se recueillent beaucoup de gens de la terre qu’Alphonse de Lamartine avait sincèrement aimés. C’était sa première histoire, son territoire au fond pour l’enfant né à Mâcon en 1790 et qui a grandi dans la propriété familiale de Milly entourée d’une cinquantaine d’hectares de vignes. Une maison davantage qu’un château et une particule à la modeste fortune… Lamartine devient croyant, poète avec un goût certain pour la politique. Ironie de l’histoire, le royaliste restera dans les mémoires l’homme de 48, le révolutionnaire qui accouchera d’une République, la Seconde. 

Son vin à Jérusalem

En attendant la chute de Louis-Philippe, Alphonse de Lamartine se fait connaître au travers de la littérature. Les Méditations poétiques lui donnent succès et reconnaissance. Le poète profite et, de concert, entame une carrière politique tendance diplomatie. Naples, Rome, Florence, Lamartine enchaîne les ambassades et rentre de temps en temps en France, à Milly bien sûr et dans une autre propriété bourguignonne fraîchement héritée, le château de Saint-Point « où nous fûmes accueillis en fanfare, comme jadis les seigneurs du lieu (…) mon mari était si apprécié des vignerons pour sa bonté, sa charité, sa simplicité », raconte son épouse Marianne par la plume de l’écrivaine Sylvie Yvert. Quand Lamartine ne court pas le monde, « Monsieur Alphonse » aime marcher dans les champs et goûter les raisins à l’approche des vendanges. À Milly, il se plaît à planter des arbres en compagnie de ses ouvriers viticoles qu’il appelle « ses frères de lait ». Passé la sagesse de la campagne, Lamartine est rattrapé par la politique, partant à Paris combattre la peine de mort, l’aristocratie héréditaire, l’esclavage et promouvant la liberté de la presse, la gratuité de l’enseignement ou encore la séparation de l’Église et de l’État. En 1832, lors d’un voyage en Orient, il verse du vin de Milly sur le mont des Oliviers. Le tout nouvel académicien croque la géographie et ses symboles. « Outre notre propre vin, nous avions désormais dans la cave des bouteilles rapportées du Liban, ce qui n’empêchait pas Alphonse de boire de la bière comme un Flamand ! », écrit Sylvie Yvert dans les habits de Marianne. On retrouve de fait dans les vers de Lamartine des références à ses vignobles en rapport aux caprices du ciel : « Le soleil et les nuages en sont les deux croupiers qui vous jettent les trésors ou la ruine »

Se séparer de ses vignes

En terre bourguignonne, il hérite d’un nouveau château, celui de Monceau sur la commune de Prissé. Il y fait abattre des arbres qui ombrageaient trop les vignes… Mais ses patries sont Milly et Saint-Point où il reçoit Hugo, Sand et Chopin, Balzac et Dumas. La terre politique reste Paris où il est désormais un farouche opposant à la monarchie de Juillet. La page suivante de l’histoire est célèbre, la chute de Louis-Philippe et la révolution de 1848, sa Révolution lui échappant finalement pour que la Seconde République balbutiante devienne l’outil du Neveu, bientôt Napoléon III. Lamartine n’avait pas les dents longues et pécha par naïveté. Les électeurs ont voté pour une marque ! Si tout va mal à Paris, la situation en Bourgogne n’est pas plus réjouissante. « (…) persuadé d’être un grand vigneron et un financier de haut vol, mon mari fanfaronnait (…). Il jouissait de faire le bilan de ses grappes, goûtant son vin en connaisseur, mais je dois reconnaître qu’il n’est en cette matière qu’un amateur », peut-on lire dans Il était une fois Lamartine. Sale temps pour les poètes ! La politique et le « business » ont eu sa peau. Les succès littéraires n’y feront rien. « S’il n’avait pas été responsable de ses maisons et de ses vignerons, il aurait quitté la France pour l’Orient », écrit Sylvie Yvert. Le reste de l’histoire est une lente banqueroute sans parler de la perte des enfants dont le couple ne se remettra jamais. Le chantre du droit du travail et des universités populaires, l’adversaire des conquêtes coloniales ou de la Bourse est de moins en moins entendu. Pire, acculé, il finit par vendre l’ombilical Milly – « l’Himalaya de son bonheur » – et accepte d’être logé à Paris aux frais de la princesse, en l’occurrence Napoléon III. Le vin peut être amer mais la postérité a rattrapé le politique éconduit pour le placer au panthéon des visionnaires, et poète de surcroît :

À l’heure où la rosée au soleil s’évapore,
Tous ces volets fermés s’ouvraient à sa chaleur, 
Pour y laisser entrer, avec la tiède aurore,
Les nocturnes parfums de nos vignes en fleur.     

Sylvie Yvert, Il était une fois Lamartine, Pocket, 2023, 378 p., 8,60€. 

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L’AOC Villages Sablet révèle ses blancs 

Suite des dégustations du millésime 2022 dans les Côtes du Rhône avec l’appellation Côtes du Rhône Villages Sablet. 

Côtes du Rhône Villages communal depuis 1974, l’AOC Sablet se déguste dans les trois couleurs. Nous nous intéressons aujourd’hui aux blancs. Sablet est construit sur une butte sablonneuse (d’où son nom), un terroir pourvoyeur de fraîcheur, offrant avec ses assemblages des combinaisons gourmandes. 1 186 hl ont été produits en 2022 pour un volume global de 11 939 hl, sur une superficie revendiquée de 339 hectares. Parmi les 16 cuvées proposées et dégustées à l’aveugle, trois ont capté notre attention. 

Domaine de Boissan

Victor Bonfils, accompagné de sa sœur Clémence et de son frère Alexandre, poursuivent la lignée de vignerons. Les blancs ont été plantés par Christian le papa, soit 6 hectares qui représentent une tiers du vignoble. La maman bourguignonne a insufflé les vinifications en barrique, avec un élevage sur lies. Victor met sa touche personnelle en réduisant à 10 % le passage en bois. Petits rendements, raisins récoltés tôt, vinifiés séparément puis assemblés en fin de vinification, permettent une recherche de fraîcheur et de tension. En dégustation, la cuvée Tradition (10,80 €) certifiée AB, assemblée pour 1/3 marsanne, 1/3 roussanne, 1/3 viognier, propose une expression très exotique matinée de fruits jaunes et blancs. 

www.domainedeboissan.com

Cave Le Gravillas

Créée en 1935, la cave coopérative accueille une soixantaine d’adhérents. Frédéric Feschet, le maître de chai, a assemblé grenache blanc, clairette, roussanne et viognier pour cette gamme « Horizon » (8,20 €). Un pressurage pneumatique très doux, une fermentation des jus à basse température et un élevage sur lies fines pendant deux mois en cuve béton, apportent des arômes de fruits blancs et de fleurs. L’attaque, vive et franche, fait place à une belle tension, un mordant citronné. 

www.legravillas.fr

Domaine Chamfort

Vasco Perdigao a racheté il y a 13 ans, le domaine Chamfort qu’il pense rebaptiser un jour. « La Pause » (13 €) certifiée AB, est une cuvée issue d’une parcelle de viognier, complantée de marsanne, située à 700 mètres d’altitude. Vinifiées en barrique, en séparant les jus, les bourbes sont filtrées, puis mises en cuve et barrique de plusieurs vins. Le tout est réassemblé en début d’année et remis sur lies. Le vin dévoile des fruits jaunes accompagnés de fruits de la passion dans une jolie complexité. La bouche est ronde et bien équilibrée.

www.domaine-chamfort.fr

Les cuvées « Tradition », « Horizon » et « La Pause »

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L’Alsace « so trendy »

L’Alsace serait-elle un des rares vignobles qui corresponde aux tendances actuelles de consommation ? C’est ce qu’il ressort du salon en ligne Millésime Alsace 2023 organisé par l’interprofession des vins d’Alsace du 27 février au 1er mars. Trois experts internationaux en ont fait la preuve, verre en main, par la dégustation de 4 vins alsaciens qui se positionnent au carrefour des tendances du moment.

« So fresh, so terroir, so sweeeet et so red », telle serait la combinaison gagnante « trendy » de l’Alsace, vue par les trois intervenants choisis par le CIVA lors de son salon en ligne. On aurait aussi pu dire « si frais, si terroir, si tennnnndre et si rouge ». Mais le salon a une visée internationale qui explique le souhait de marquer le monde et la jeune génération avec des expressions anglo-saxonnes.

So fresh

Une responsable vin de restaurants anglais et américains, Jenni Wagoner, un auteur suisse, Yves Beck, et le sommelier français MOF 2011 Manuel Peyrondet semblent d’accord pour expliquer ce qui plait dans les vins d’Alsace « so fresh » : un vin blanc, accessible, avec du fruit et de la fraîcheur, sec mais avec de la matière. Le type de vin qu’on garde au réfrigérateur et qu’on sort à n’importe quel moment, pas seulement pour un repas. Jenni Wagoner explique que la nouvelle génération ne cherche pas un vin ordinaire, qu’elle s’intéresse à des nouveautés, qu’elle veut être la première à découvrir et à faire partager. Yves Beck résume une autre caractéristique de ce genre de vin : « On ne va pas en parler toute la soirée, mais on va le boire toute la soirée ». Pour illustrer ce propos, le riesling 2020 de la zone Harth élaboré au domaine Schoffit de Colmar (Haut-Rhin) est idéal, frais mais plein en bouche, sec et bien fruité, parfaitement prêt à boire.

So terroir

Dans un style très différent, le grand cru Kitterlé du domaine Schlumberger (Guebwiller, Haut-Rhin), dans le grandiose millésime 2017 est un exemple de ce qu’apporte un grand terroir, en l’occurrence gréseux volcanique, aux ceps du même riesling. Avec ses parfums de miel et de fruit mûr, ses notes fumées, ses nombreuses nuances, son ampleur en bouche, tout en restant sec et sobre, sa finale un rien tannique, il illustre la complexité qu’apportent les grands terroirs. Manuel Peyrondet décrit cette lecture sensorielle « à un moment où la patte de l’homme disparait derrière le terroir, même si on reconnait la signature ». Jenni Wagoner rappelle que cette idée de lieu s’exprime par le terme terroir, qui reste en français et que les sommeliers et serveurs doivent pouvoir évoquer, même rapidement, dans les restaurants afin que les clients veuillent y revenir.

So sweeeeet

Depuis 2021, les mentions sec, demi-sec, moelleux et doux sont indiquées obligatoirement sur les étiquettes des vins d’Alsace, ce qui est censé lever toute incertitude. Le gewurztraminer vieilles vignes 2020 du domaine Hurst magnifie la sucrosité. On est d’abord impressionné par la relative sobriété du cépage sur granite. Il lui faut un peu d’air pour s’amplifier et séduire par sa bouche tendrement sucrée. « Je suis venu au vin par les moelleux, par ces parfums et cette douceur » explique Manuel Peyrondet, le sommelier expert qui poursuit : « J’invite les amateurs à mettre des moelleux dans leur cave, car ils conviennent à tous les types d’épices, avec un curry d’agneau, des agrumes, du gingembre. Aucune vin rouge ou blanc sec ne peut relever certains défis ». Ce sont des vins qui vieillissent bien et dont la sucrosité s’atténue avec l’âge en se combinant avec les autres éléments du vin. Ils conviennent à de nombreux fromages.

So red

Il n’y a que 10% de la surface alsacienne qui est plantée et pinot noir, mais c’est un cépage historique qui a été jadis beaucoup plus présent. Les intervenants s’accordent pour dire que les consommateurs qui cherchaient des rouges puissants ont changé de goûts, que la richesse prônée par le critique Robert Parker n’est plus d’actualité. On recherche des vins rouges délicats, avec des structures discrètes et un côté digeste, en accord avec la cuisine actuelle. Le pinot noir 2019 du terroir de Rodern, élaboré par la Cave de Ribeauvillé répond à la demande de rouge léger et accessible, mais en même temps marqué par un terroir fin, en l’occurrence le grand cru Glockelberg.

Une mode internationale

Le succès du salon professionnel Millésime Alsace semble bien prouver que les vins d’Alsace sont à la mode. Plus de 2 800 professionnels se sont accrédités, dont 78% d’étrangers venant de 51 pays. Plus de 8 300 coffrets d’échantillons ont été expédiés. La master-class « so trendy » a réuni plus de 350 personnes en ligne le premier jour.

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Haut-Bages Libéral au service de la biodiversité

Le Grand Cru Classé 1855 de Pauillac poursuit son œuvre de viticulture durable autour de l’agroécologie et de l’agroforesterie. Par une plantation ce lundi 27 février, la vigneronne biodynamiste Claire Villars-Lurton continue d’expliquer sa démarche. 

Il y avait plus de monde que d’habitude ce lundi 27 février devant le château et dans les parcelles du Château Haut-Bages Libéral. La propriétaire Claire Villars-Lurton et le directeur technique Thomas Bontemps organisaient une matinée agroécologique. Ce n’est pas la première fois que ce Grand Cru Classé 1855 réalise ce genre d’événement. Ici, la sensibilisation fait partie de la démarche globale, au-delà de la factuelle plantation d’arbres au cœur des vignes. Dès l’arrivée de Claire en 2000 aux commandes de cette propriété familiale, la plantation de haies et l’intégration de couverts végétaux ont vu le jour. Tout devient observation et expérimentation sur ce grand terroir de graves qui regarde l’estuaire. « L’énergie et la lumière sont particuliers aux abords de la rivière, il y a constamment des mouvements d’air, c’est un microclimat qui prédestine à l’excellence », explique la propriétaire. Avec la biodynamie qui est venue caresser le vignoble, Claire et son directeur technique ont insufflé une culture respectueuse de l’environnement favorisant la durabilité et la biodiversité de l’écosystème. Cela se traduit avec la découverte ou redécouverte de la vie du sol par les champignons mycorhiziens (ce réseau de champignons reliant les végétaux) et par le microbiote des parties aériennes. « La vie du sol est capitale », insiste Claire Villars-Lurton qui a naturellement prescrit toute utilisation de pesticides, herbicides et autres engrais chimiques. Outre les semis réalisés entre les rangs à l’automne (moutarde, trèfle, radis…), des haies et arbres viennent compléter le paysage afin que les oiseaux, les insectes et les végétaux participent à la fertilisation naturelle. « Nous souhaiterions avoir 3% d’arbres (pêchers, cerisiers, noyers, ormes de Sibérie) soit 2,5 hectares en total symbiose avec les vignes puis 10 hectares en 2030 », souligne Claire Villars-Lurton. Aujourd’hui, Haut-Bages Libéral compte déjà 10 kilomètres de haies afin d’accompagner la viticulture à délivrer les meilleurs raisins possibles, et par voie de conséquence les meilleurs vins possibles. 

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