Les quatre petits cochons du Château Doyac

Le premier Cru Bourgeois en biodynamie poursuit sa quête du bien-faire et du bien-être avec l’arrivée de cochons de variété Kune-Kune. Et ce n’est pas un outil de communication : ils vont bosser !

Kune-Kune est à ne pas confondre avec le Youkounkoun, le célèbre diamant coincé dans le klaxon de la voiture conduite par le corniaud. Kune-Kune est une variété de cochons d’origine néo-zélandaise que la famille Pourtalès a choisi pour travailler les sols de leur domaine. Basé sur la commune de Saint-Seurin-de-Cadourne, le Château Doyac est un Cru Bourgeois Supérieur de 28 hectares certifié en biodynamie. Et cette pratique culturale chez la famille Pourtalès relève d’une philosophie toujours en mouvement. « Je crois qu’on aime notre métier », sourit Clémence qui travaille avec ses parents Astrid et Max. Depuis l’arrivée de cette famille dans ce coin de Haut-Médoc en 1998, les vins du cru n’ont jamais cessé de gagner en finesse et en pureté. C’est la marque de fabrique, en sus du sourire, du chien et des chevaux. Aussi, il faudra désormais compter sur Prêle, Ortie, Ginger et Tirelire, les quatre bébés cochons âgés de deux mois. Si les noms sentent bon la biodynamie, la présence de ces animaux n’est pas futile. Une fois acclimatés, ils seront chargés du désherbage sachant que ces jolies petites bêtes pèseront, adultes, entre 50 et 100 kilos. De parcelle en parcelle, ils brouteront l’inter-rang et sous le rang. « Dociles, sociales, fûtés et très efficaces », assure Clémence qui n’entend pas pour autant se faire battre aux échecs comme Lucky Luke face à Jolly Jumper. Plus sérieusement, la taille moyenne des Kune-Kune permet de faire le tour des pieds sans endommager la vigne et de faire un désherbage en profondeur. Avec son groin, cet animal va capter la racine des mauvaises herbes, décompactant ainsi le sol. « Un avantage supplémentaire par rapport au mouton », explique la famille. Aussi, ce cochon n’a pas de muscle dans le cou, il ne pourra pas au printemps s’attaquer à la partie supérieure de la vigne, donc il sera toujours à l’œuvre dans les parcelles. Le Kune-Kune dévore enfin les feuilles mortes tombées au sol, celles qui sont porteuses des spores du mildiou. La vie est saine et belle au Château Doyac et la famille entend bien agrandir le cheptel. On retrouve cette même variété de cochons en Champagne, par n’importe où, du côté de Cramant chez le vigneron Jean-Etienne Bonnaire. Signataire avec son frère de champagnes sur-mesure et acquis aux questions environnementales, JEB mise aussi sur les Kune-Kune. Quand on aime son métier… 

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Ruinart 1926 : le dernier clin d’œil de Paul Bocuse

Décédé en 2019, Monsieur Paul formé chez la mère Brazier est resté le maître à penser des bouchons lyonnais, mais c’est avec quelques vieux bouchons champenois, des flacons millésimés 1926 de la Maison Ruinart, qu’il nous éblouit encore aujourd’hui depuis l’au-delà… 

La découverte est sensationnelle. Imaginez un peu le graal pour la plus ancienne Maison de Champagne qui s’apprête à célébrer ses 300 ans en 2029 : une série de flacons millésimés 1926 conservés par Paul Bocuse lui-même qui adorait collectionner les cuvées de son année de naissance. Cerise sur le gâteau, elles portent la mention « Bi-centenary», la marque Ruinart célébrant à l’époque ses 200 ans… De quoi enrichir l’œnothèque de la Maison qui ne possédait plus de millésimes aussi anciens, les Allemands ayant pillé l’essentiel de la cave pendant la Seconde Guerre mondiale.

© Romain Guittet

On doit cette jolie découverte à Maxime Valery, le nouveau chef sommelier du restaurant de Paul Bocuse à Lyon, alors qu’il procédait à un nettoyage en profondeur des caves. Eparpillés dans différents casiers, les 18 flacons reposaient sous une couche de poussière. L’établissement en a conservé quelques spécimens et cédé la majorité à la Maison Ruinart, dont le chef de caves, Frédéric Panaïotis, a fait spécialement le déplacement dans la capitale des Gaules pour déguster la sainte relique. Verdict ? «Un vin corsé, ayant de la chaleur. Très blanc. Doit faire un vin anglais parfait. Le vin n’a pas été trop altéré par l’oxygène avec le temps. Il conserve encore des arômes de fruits mûrs, d’abricot, de citrons confits, d’oranges confites. C’est remarquable. » Il est vrai que l’on ne pouvait rêver meilleures conditions de conservation, alors que les vieux millésimes passent souvent de main en main, sans que l’on dispose d’une traçabilité très exacte.

© Matthieu Bonnevie

Ruinart fait partie de ces rares maisons rémoises à posséder un fonds d’archives très complet. Elle a pu retrouver la description de l’année donnée par les carnets de caves. « En 1926, la température devait donner un bon vin. Août a été beau mais la fleur s’est faite tard : le raisin a mûri sous le soleil d’octobre. Toutes les maladies possibles la vigne les a eues : mais la vendange était belle étant donné la sécheresse. » Quant au commentaire de dégustation de Maurice Hazart, le chef de caves de l’époque, il est tout aussi précis : « les vins sont assez élégants, pas très corsés. On pourra peut-être parler de 1926 comme étant de bons vins mais pas de grands vins : ce n’est pas 1911 ni 1921 mais c’est au moins des 1923 ». On le croit sur parole, en attendant, qui sait, de retrouver ces trois autres millésimes dans le recoin d’une cave de quelque vieux restaurant gatronomique et de procéder à une jolie verticale à laquelle participeront d’heureux spécialistes… Le commun des mortels, lui, se consolera en contemplant la magnifique étiquette et ses mentions si joliment désuètes : « Carte anglaise » sans oublier la ville de Reims orthographiée à l’ancienne « Rheims ».

© Romain Guittet
© Romain Guittet

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Salon de l’agriculture : Emmanuel Macron à l’écoute de la filière viticole

A l’occasion du salon de l’agriculture, les représentants du Comité National des Interprofessions des Vins ont pu rencontrer le Président Emmanuel Macron et lui faire part de leurs doléances, dans un contexte globalement tendu pour la filière, alors que la déconsommation française n’est que partiellement relayée par le développement de l’export. 

S’il est un art que la France a toujours su maîtriser à merveille c’est celui de se tirer une balle dans le pied. Alors que la consommation de vin dans l’hexagone ne cesse de décroître, Santé Publique France, en janvier, lançait une campagne dénonçant cette sociabilité joyeuse reposant sur le partage d’un verre d’alcool, en ironisant sur le terme « santé » utilisé pour trinquer, alors que l’alcool, on l’ignorait encore, est néfaste pour celle-ci. Le public l’aura compris, mieux vaut rester chez soi, seul, confiné à l’abri de tous les microbes, à boire de l’eau. La solitude, on l’oublie, elle aussi tue, et l’alcool par son effet désinhibant, aide parfois les plus timides à aller vers les autres. La qualité, la diversité, la complexité des produits, constituent par ailleurs toute une culture qui réunit les Français, et sert de support à de multiples échanges. 

Que Santé Publique France mène des campagnes de prévention, quoi de plus légitime ? Mais ne pourrait-elle pas, comme le fait d’ailleurs la filière, prôner plutôt la modération, que de s’attaquer directement à la culture et à la sociabilité qui entourent l’alcool ? Tel était le message qu’ont voulu envoyer les représentants de la filière vin au président Emmanuel Macron hier au Salon de l’agriculture. Et celui-ci, si on en croit le communiqué de presse du CNIV, l’a reçu cinq sur cinq : « La filière vin a également exprimé sa vive inquiétude face aux campagnes de stigmatisation du vin, et notamment la récente campagne de Santé Publique France, soutenue par le ministère de la Santé, intitulée « La Bonne santé n’a rien à voir avec l’alcool ». Exprimant sa réserve sur cette campagne, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de voir la filière vin participer à l’élaboration des trois plans de santé prévus pour 2023. Attachée à la notion de modération, la filière vin se tient prête à participer aux travaux en conformité avec la révolution de la prévention souhaitée par le Président. » Emmanuel Macron reste ainsi fidèle à lui-même. On se souvient en effet qu’il avait déjà mis le holà au projet de Dry January envisagé fin 2019.

Le Président a également assuré la filière de son soutien face à la crise que certaines appellations connaissent, citant notamment l’arrachage comme l’une des mesures d’accompagnement ou encore l’attention particulière qu’il a demandé au gouvernement au remboursement des PGE dans les secteurs fragilisés. Le développement d’une diplomatie économique, où agiraient de concert les filières du luxe, de la gastronomie, du vin et des spiritueux, constitue également une piste importante. Il a par ailleurs salué les efforts déployés par la profession à la fois pour s’adapter au réchauffement climatique et lutter contre son accentuation. Enfin, il a encouragé la filière dans l’élaboration de son plan stratégique collectif annoncé pour l’été. Celui-ci, porté par le CNIV, doit réunir autour de la table toutes les organisations liées au vin, afin d’analyser les nouvelles attentes sociétales, l’évolution de la consommation sur le marché français, les promesses de l’export…

Joignant le geste à la parole, Emmanuel Macron a dégusté une coupe de champagne de Saint-Gall, une marque dont il avait déjà pu apprécier le millésime de sa naissance lors de sa dernière visite à Epernay.

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Maison Montagnac : Christian Roulleau passe à la vitesse supérieure

Racheté à l’automne 2021 par l’homme d’affaires Christian Roulleau (propriétaire entre autres du château Dauzac, Grand Cru Classé de Margaux), la maison de négoce familiale Maison Montagnac connaît une restructuration d’importance en ce début d’année, avec des développements ambitieux.

Où s’arrêtera Christian Roulleau ? Quatre ans après avoir racheté le château Dauzac, 5ème Grand Cru Classé de Margaux, et quelques mois seulement après avoir officialisé le rachat de La Bégude à Bandol, l’homme d’affaire breton, à la tête du groupe Samsic (société de service aux entreprises, 3 milliards de CA, plus de 100 000 employés à travers le monde), confirme ses ambitions sur le front du négoce bordelais : en octobre 2021, il devenait actionnaire majoritaire d’une maison de négoce familiale fondée en 1996, Maison Montagnac, dirigée à l’époque par les deux fils du fondateur, Romain et Thomas Montagnac. Moins d’un an et demi plus tard, la donne change : Thomas Montagnac se retire de la société, son frère Romain restant au capital et conservant les fonctions de directeur commercial. C’est Laurent Fortin, déjà à la tête des propriétés de Christian Roulleau, qui devient le nouvel homme fort de Maison Montagnac, ayant désormais un pied à la fois dans le monde de la production et dans celui du négoce.

Bientôt une boutique en ligne pour mieux toucher les particuliers

Au-delà de ce changement de gouvernance, Maison Montagnac « nouvelle version » annonce ses ambitions de peser davantage sur la Place de Bordeaux. Elle met notamment en avant son assise capitalistique grâce à la puissance du groupe Samsic ; sa distribution équilibrée après plus de 25 ans de travail de fond auprès des « Grands Crus et talents vignerons », sa fusion avec Delta Négoce, autre structure d’achat-distribution détenue par la famille Roulleau « afin d’exploiter toutes les synergies possibles » ; la création d’un comité de direction incluant « les forces vives des deux maisons » ; un plan d’investissements et innovations pour « développer la distribution, notamment auprès des particuliers, à travers des évènements en partenariat mais aussi la création d’une boutique en ligne » ; et enfin « l’accompagnement des propriétés dans leurs enjeux d’image de marque sur les marchés, par un travail de communication sur mesure ». Une nouvelle ère s’ouvre donc pour Maison Montagnac, dont nous reparlerons très rapidement.

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Albert II de Monaco désormais chevalier du Frontonnais

Le prince Albert II de Monaco a été intronisé ce dimanche 26 février au sein de la commanderie des vignerons de Fronton.

C’est une image peu courante à Fronton, petite appellation du Sud Ouest. Ce dimanche 26 février, le prince Albert II de Monaco était présent à l’église afin d’être intronisé au sein de la confrérie des vins de Fronton. La dernière fois qu’un souverain en exercice a pénétré dans l’édifice religieux de cette commune de Haute-Garonne « c’était Louis XIII en 1632 », rapporte Benjamin Piccoli, directeur de la maison des vins de Fronton qui a assisté à ce chapitre exceptionnel.

Le prince Albert II a été intronisé avec trois autres personnes après la messe qui s’est tenue en fin de matinée. Un événement auquel ont assisté 27 représentants de confréries venus de toute la France. Comme tous les chevaliers de cette commanderie, Albert II de Monaco est désormais engagé « à promouvoir et à faire connaître les vins de Fronton ainsi qu’à [leur] jurer fidélité », précise le directeur de la maison des vins de Fronton. Et d’ajouter : « Depuis 1974, date de création de la confrérie, plus de 1000 personnes ont été intronisées. »

En venant sur cette appellation, le prince a répondu à l’invitation de l’un des chevaliers de la confrérie, Daniel Dall’armi. « La date de ce chapitre exceptionnel a ensuite été fixée lors du déplacement d’une délégation de Fronton à Monaco. A cette occasion, j’avais transmis des vins afin qu’il puisse déguster », confie Benjamin Piccoli.

Une fois intronisé, le prince a poursuivi la journée au Château Cransac pour un déjeuner rassemblant 300 personnes. Le repas a mis à l’honneur les cuvées de l’appellation grâce à des accords mets et vins. Albert II a ainsi pu conclure son passage à Fronton par la dégustation de vins du Château Joliet, du Château Cransac, de la coopérative Vinovalie, du Château de Bellaygues et du Château Caze.


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« Les Trophées Bordeaux Vignoble Engagé sont un encouragement à faire mieux »

En 2022, le château Dauzac, 5ème Grand Cru Classé de Margaux, a reçu le Prix Spécial « Vignoble Engagé » dans le cadre des Trophées Bordeaux Vignoble Engagé. À l’heure du coup d’envoi de la cinquième édition des trophées, Laurent Fortin, directeur général de Dauzac, revient sur cette distinction qui a salué plusieurs années d’efforts sur le développement durable.

Le Prix Spécial reçu l’année dernière par Château Dauzac est venu saluer plusieurs années d’engagement environnemental pour la propriété. Pouvez-vous nous retracer l’ensemble des actions que vous avez mises en place ?
C’est un projet qui s’est étalé sur plus d’une décennie. Nous avions écrit dès 2012, avec l’ancien actionnaire de Dauzac qui était la MAIF (la propriété a depuis été rachetée par Christian Roulleau, NDLR), un plan « Ambition 2020 » qui traçait des perspectives économiques, viti-vinicoles mais aussi environnementales. La première étape a été l’arrêt complet de tous les traitements CMR (Cancérogène, Mutagène et Reprotoxique), de l’usage des herbicides, antibotrytis et autres traitements chimiques (nous faisons réaliser chaque année une analyse de résidus potentiels dans nos vins par le laboratoire Excell que nous mettons à disposition de chacun). Nous avons aussi continué le développement de la confusion sexuelle pour lutter contre le ver de grappe, la plantation de haies indigènes au Médoc pour relancer la biodiversité et attirer chauves-souris et oiseaux afin de lutter contre les ravageurs de la vigne, de la plantation de fleurs elles aussi indigènes pour aider à l’activité des abeilles, accompagnée de l’installation de 18 ruches… Nous avons essayé d’avoir une réflexion à 360° sur toutes nos pratiques, jusqu’à troquer nos tondeuses thermiques contre onze tondeuses électriques, planter des plantes et des herbes ne nécessitant pas trop d’eau, rénover tout l’outil technique pour le millésime 2014 avec des éclairages moins énergivores, des procédés d’économie d’eau tout au long de l’année, la réduction de notre empreinte carbone… Nous avons très rapidement intégré le SME, Système de Management Environnemental des vins de Bordeaux, dès 2012, mais aussi lancé une politique RSE avec des indicateurs solides qui nous servent aussi à échanger avec les banques et autres institutionnels avec lesquels nous travaillons.

Vous avez aussi engagé le vignoble vers le bio et la biodynamie…
On a en effet amorcé depuis plusieurs années une conduite du vignoble qui s’est approchée au plus près du cahier des charges bio et de la biodynamie, d’ailleurs nous lançons cette année une conversion Demeter. Nous sommes aussi labellisés vegan, puisque nous n’utilisons plus de blanc d’œuf qui a fait des milliers de kilomètres pour le collage de nos vins mais des pommes de terre déshydratées venues des Landes. Nous faisons depuis huit ans des essais avec des micro-algues sur les vignes pour réduire notre quantité de cuivre dans les traitements. Tous les détails comptent : j’ai fait passer l’intégralité de la propriété en réserve de chasse, non pas que nous ayons quoi que ce soit contre les chasseurs, mais nous souhaitons privilégier la biodiversité, qui s’est réinstallée sur la propriété. Nous avons 120 hectares d’un seul tenant et en dix ans, nous avons pu voir les effets vertueux de toutes ces démarches. Nos réflexions nous ont également amenés à renoncer à l’installation de panneaux photovoltaïques car ils sont très compliqués à recycler, donc nous avons d’autres pistes sur les économies d’énergie et la réduction de notre empreinte carbone – d’ailleurs nous allons sortir une cuvée « zéro carbone ». Je suis adepte du Kaizen, la philosophie japonaise qui prône l’amélioration perpétuelle, et c’est valable pour notre engagement environnemental à Dauzac.

Après avoir déjà conquis tous ces points, quels sont vos autres projets environnementaux pour Dauzac dans les années à venir ?
Le vrai défi qui arrive est celui de l’économie de l’eau. À l’heure où nous échangeons, cela fait un mois et demi que nous n’avons pratiquement pas eu de précipitations, à Bordeaux comme en Provence. La gestion de nos ressources en eau va être la question primordiale des années à venir, et avec elle l’adaptation de notre matériel végétal (notamment les porte-greffes) aux contraintes du changement climatique. Il va falloir être également très précis dans nos traitements, dans les apports que nous allons apporter à la vigne en fonction de ses besoins, de ses carences, ce qui va nécessiter une étude au cep près – et donc la technologie qui va avec. Cela va s’accompagner d’un changement sociétal en profondeur : d’ici vingt ans les vignerons vont devoir apprendre à travailler avec la robotique, avec l’intelligence artificielle, avec les exosquelettes… Aujourd’hui on utilise des iPhone et des iPad pour analyser la surface foliaire et la vigueur de la vigne mais on n’est qu’aux balbutiements des évolutions technologiques à venir. Dans tous les cas, l’écologie ne se fera pas sans l’humain, sans la prise en compte de son confort de travail.

Quel regard portez-vous sur les Trophées Bordeaux Vignoble Engagé et sur la façon dont ils accompagnent la transition environnementale du vignoble bordelais ?
Malheureusement, il y a un Bordeaux à deux vitesses : un Bordeaux qui a les moyens d’être innovant, de faire des investissements, de regarder ce qui se passe ailleurs, et un Bordeaux qui souffre, qui est en grande détresse et n’a pas la possibilité de se poser toutes ces questions. Lorsque l’on dit qu’il faut arracher 10 000 hectares, en réalité il faudrait en arracher trois fois plus. Les vignerons qui subissent la crise n’ont pas les moyens de passer en bio ou en biodynamie, il faut du personnel, des équipements… J’aimerais que tout le monde aille à la même vitesse vers une viticulture vertueuse mais cela n’est pas actuellement le cas. Et pour répondre complètement à votre question, je ne pense pas que les Trophées Bordeaux Vignoble Engagé, qui nous ont récompensé l’année dernière, soient un aboutissement ; au contraire, ils sont un encouragement. Un encouragement à faire mieux, à se remettre toujours en question, ne pas rester sur ses acquis, continuer à donner l’exemple, toujours dans cette philosophie du Kaizen qui m’est chère.

Trophées Bordeaux Vignoble Engagé 2023
Les inscriptions sont ouvertes dès le 16 février

et jusqu’au 17 mars 2023.
Suivez ce lien pour participer

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« Le Nez du Vin » en deuil, son créateur Jean Lenoir disparaît

Jean Lenoir avait créé en 1981 « Le Nez du Vin », un dictionnaire des arômes du vin, qui a révolutionné l’apprentissage de la dégustation pour des milliers d’amateurs et de professionnels. Toute sa vie, il n’a eu de cesse d’améliorer son travail et de le décliner à d’autres boissons. Ce Bourguignon passionné par l’éducation et la transmission s’est éteint le 22 février 2022. 

Gourmand ou intellectuel ?  Difficile de savoir ce qui prévalait chez cet homme qui parlait d’art contemporain ou du parfums des roses avec le même incomparable accent bourguignon. Ces « r » roulés, devenus si rares en France qu’on le prenait pour un Russe ou un Italien, il les a gardés, comme une signature, par fidélité à son terroir de naissance, à ce goût du vin découvert, enfant, lorsqu’il était chargé de siphonner les barriques paternelles. Non que son père ait été vigneron. Mais avant la guerre, à la campagne, tout le monde avait quelques arpents pour sa consommation. 

Jean Lenoir raconte qu’il a connu son premier coup de foudre devant un chassagne-montrachet débouché pour ses 18 ans, en 1955 et qui restera son cru préféré toute sa vie. Ce fut une révélation qui mit plus de vingt ans à devenir un métier. Car « Le Nez du Vin » eut une gestation longue, à commencer par les cours qu’il suivit parallèlement à son travail à Beaune puis à Dijon. Sur les bancs de l’école avec le chef étoilé Jacques Lameloise et un futur Meilleur sommelier de France Georges Pertuiset, il découvre l’univers des arômes avec Max Léglise, le directeur de la station œnologique de Beaune, qui venait en 1976 de publier un livre qui fit date, avec sa couverture glacée rouge et noire annonçant presque mystérieusement « Une initiation à la dégustation des grands vins ». À l’époque, il n’y avait pratiquement pas de publications sur le vin. Très vite, l’élève passe de l’autre côté de la barrière et commence à enseigner le vin, sa dégustation, ses parfums, à la Maison des Jeunes et de la Culture qu’il dirige à Chalon-sur-Saône dans sa Saône-et-Loire natale. 

Le vin dans un établissement culturel

Dès 1978, il avait rencontré à Manosque Olivier Baussan qui venait de créer L’Occitane en Provence. Crème de cassis de Bourgogne contre extractions d’huiles essentielles de thym et romarin fraîchement sorties de l’alambic : c’était le début d’une collection de 120 arômes que Jean utilisera pour animer des stages de découverte dans la France entière. Il fut le premier à faire entrer le vin dans un établissement culturel comme une œuvre d’art au même titre que la musique ou la peinture. 

Le premier livre-objet 

Jean Lenoir est encouragé par Daniel Spoerri, l’artiste qu’il avait accueilli à la MJC de Chalon pour son exposition « Eat Art » et qui venait de faire une collection de 300 flacons d’eaux des fontaines sacrées de Bretagne : « Tu devrais faire un livre-objet ». Fort de ces conseils, il met en route « Le Nez du vin », à compte d’auteur bien sûr. Les parfums et les textes, il a presque tout. Il décide du format, celui des encyclopédies classiques s’impose. Il choisit les bouteilles, qu’il fait dessiner exprès, afin de remplir harmonieusement le coffret, avec 54 flacons, disposés en neuf lignes de six. Le livre sort le jour de son anniversaire, le 23 septembre 1981, à Paris, à la Brasserie Bofinger : « 50 journalistes, 50 articles », déclarait-t-il, en hommage à la presse qui « y a cru tout de suite, comme j’y ai cru lorsque j’ai décidé de faire ce livre, sans avoir le premier franc ».

Déclinaisons pour tous les curieux

Depuis 1981 ? Jean Lenoir n’a de cesse d’améliorer son œuvre, de la compléter, de la mettre au goût du jour, en incluant par exemple de nouveaux parfums, parce qu’il en a trouvé des représentatifs comme le bourgeon de cassis ou parce qu’on les rencontre dans les vins du nouveau monde comme l’ananas. Il a décliné le livre sur les champignons, le café, le chêne, le whisky… S’il a abandonné « Le Nez des enfants » c’est qu’il n’y a pas besoin de parfums différents pour eux : « Au contraire, déclare-t-il, tout le monde a le même nez, c’est bien d’être ensemble, de mêler les générations, de jouer et de s’instruire ensemble » expliquait-il. Depuis, des milliers de « nez » à travers le monde, professionnels et amateurs, se sont éduqués avec « Le » Lenoir. Traduits en onze langues, ces alphabets olfactifs offrent un langage universel pour décrire ce qu’on sent et partager son plaisir. Plus qu’un simple outil, les flacons offrent une approche émotionnelle qui ouvre les portes de l’intime et réveillent des souvenirs parfois très anciens. 

Aimer le vin et partager 

Installées depuis quarante ans en Provence, dans un atelier tout neuf à Cassis depuis 2020, les éditions Jean Lenoir sont restées fidèles aux valeurs de leur fondateur : une fabrication française selon la tradition des métiers d’art et une recherche constante de qualité pour obtenir des arômes réalistes et stables qui permettent de partager : « Ce qui m’intéresse, c’est que les gens aiment le vin. Je l’aime et je le fais boire. J’offre toujours des bouteilles aux jeunes qui organisent des fêtes » disait-il pour expliquer son travail.

Jean Lenoir : le Nez du vin

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Hopwine, un salon virtuel pour développer l’export

Depuis 2020, ce salon professionnel qui se déroule plusieurs fois par an met en relation visiteurs et exposants en ligne, avant un possible envoi d’échantillons par colis. Nous avons recueilli les témoignages de propriétés ayant expérimenté le concept.

Hopwine, start-up fondée par Grégoire Henry et Tristan Destremau (cofondateurs de Vinovae, entreprise créatrice des Vinottes) et Mathieu Lojkiewiez (fondateur de l’agence de communication Tyméo) repose sur un concept simple : digitaliser les salons des vins. Plus besoin de se déplacer : les exposants créent une page en ligne, que les visiteurs consultent, pouvant s’ils le souhaitent recevoir des échantillons en Vinottes de 2cl à 4cl par colis.

« Des contacts qualitatifs »

Une nouveauté vue d’un bon œil du côté des vignobles Gayrel, à Gaillac. Sandrine Souquié, responsable export, a participé au tout premier Hopwine en 2020, ainsi qu’à l’édition de janvier 2023. Avec, à chaque fois, un bilan positif. « J’avais trouvé la première édition très qualitative. Elle m’a permis de créer de nouvelles relations commerciales et d’obtenir des commandes dès les mois suivants. » Et lors de l’édition de ce mois janvier, «nous avons envoyé 24 coffrets d’échantillons au total, et à nouveau créé des contacts commerciaux». Des contacts « qualitatifs, composés de personnes très intéressées. Le système Hopwine permet de cibler. » Autre avantage : «Les envois traditionnels d’échantillons en bouteille, lourds et volumineux, n’arrivent pas toujours aux clients situés à l’autre bout du monde. Nous n’avons pas ce problème avec les Vinottes, qui arrivent à bon port plus facilement. »

« Cela nous a pris peu de temps »

Julien Seigneurie, responsable de production au Château Jolys et au Château de Jurque, a aussi participé au salon Hopwine de ce mois de janvier, encouragé par le retour positif de confrères. « Nous avons proposés deux vins secs et deux vins doux, et reçu beaucoup de demandes d’échantillons», rapporte l’œnologue. « Le salon nous a permis d’atteindre 60 à 70 dégustateurs au total.  Nous avons ainsi créé plusieurs contacts commerciaux, en particulier avec des cavistes français et des professionnels à l’étranger. Et le tout de manière bien plus simple et moins onéreuse qu’avec un salon physique. Cela nous a pris peu de temps. »

Le prochain salon virtuel Hopwine aura lieu du 6 au 8 mars, il est encore temps de s’inscrire en cliquant ici.

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Prendre en compte la pénibilité en viticulture

Les métiers de la viticulture sont au contact de la nature, et c’est ce qui les rend attractifs pour ceux qui veulent travailler au grand air. Pour autant, les accidents du travail et les maladies professionnelles dans ce milieu ont des taux de fréquence et de gravité élevés, supérieurs à la moyenne du secteur agricole. 

Ces métiers peuvent être une source de Trouble Musculo Squelettique (TMS) car le corps peut être soumis à de fortes contraintes dues au climat, aux postures contraignantes, à la répétition des gestes pour en citer quelques-unes. Limiter ces troubles et anticiper pour éviter leur apparition devient un enjeu fort.

On en parle

Tout le monde gagne à parler de la pénibilité. Il y a quelques années, le salarié taisait sa douleur, maintenant on n’attend plus l’arrêt de travail pour en parler. Un dialogue qui ne s’oppose pas à la productivité et participe à une ambiance détendue et plus respectueuse.

C’est ainsi que certains domaines ont mis en place un « groupe de réflexion pénibilité ». C’est le cas depuis 2007 pour les champagnes Veuve Clicquot, pionnier dans ce domaine. À Haut-Bailly (cru classé de Graves), « un ergonome est intervenu sur la chaîne de conditionnement pour une adaptation du poste de travail» nous dit Gabriel Vialard, le directeur technique. Mais ce n’est pas le domaine où le besoin est le plus fort.

La vigne : un milieu contraignant

Marcher sur un sol irrégulier, subir les aléas climatiques, être au contact des produits phytosanitaires, tels peuvent être les risques professionnels auxquels sont exposés l’ouvrier agricole. Mais un des plus importants risques est le travail de la taille. Il est répétitif pour la main qui taille avec un sécateur (450 000 coups au minimum, sur un hectare) et contraignant pour la posture (agenouillé, penché, accroupi). Pour préparer l’ouvrier, Haut-Bailly a mis en place optimouv : « une séquence d’échauffement musculaire qui a lieu le matin, pendant 20 min, de 8h00 à 8h30 » explique Gabriel Vialard. De même à Yquem un coach sportif vient 4 fois par semaine pour travailler les gestes et postures mais aussi pour favoriser le bien-être. De plus, à Haut-Bailly (comme à Brane-Cantenac et à Kirwan), « des exosquelettes, avec sangles et élastiques, sont mis à disposition. 4 vignerons sur 10 ont adhéré au système » précise Gabriel Vialard. 

Et puis, il y a le scooter des vignes : un étonnant appareil qui permet à l’ouvrier de se déplacer de pied en pied, assis, face à la vigne, avec tout son matériel : un engin mis au point par une entreprise du Maine-et-Loire et qui a un bel avenir si les employés s’en saisissent. Car il n’est pas souhaitable d’imposer, il faut proposer. L’enjeu est d’alléger la pénibilité mais aussi de pouvoir durer dans son travail. Un sujet d’actualité.

Des ouvriers concernés ?

Le compte professionnel de prévention (C2P), actuellement en vigueur, prend en compte la pénibilité selon 6 facteurs. Deux retiennent notre attention : ceux liés au rythme du travail (dont la répétition d’un même geste) et ceux liés à un environnement physique agressif (dont les températures extrêmes). Les facteurs de risques professionnels sont caractérisés par une exposition du salarié au-delà de certains seuils. Ils doivent avoir une intensité et une durée minimales. 

Il n’est donc pas certain que l’ouvrier en viticulture satisfasse les facteurs de pénibilité car les seuils d’expositions ne sont pas atteints. C’est ce que pense Gabriel Vialard à Haut-Bailly pour qui le facteur « répétition » aura du mal à être pris en compte : « ce geste répété se fait pendant une période de l’année seulement : c’est le cas pour la personne en poste sur le conditionnement dont le geste n’a pas été jugé suffisamment répétitif ». Et pour l’exposition aux températures extrêmes « ils ne cochent pas la case. Ils ne travaillent pas par exemple dans une chambre froide 7 h par jour ». Des propos que confirme Mickaël Nicolas de la « Prévention des Risques Professionnels en MSA Bourgogne ». « Si l’on peut constater qu’il y a des risques TMS, ceux-ci ne sont pas toujours pris en compte dans le C2P car la quantification est difficile ou les seuils pas atteints. Les ouvriers ne sont pas sur des postes à risques à temps plein ». Le projet de réforme des retraites, dans son état actuel, propose seulement d’abaisser les seuils d’acquisition de points pour le travail de nuit et pour le travail en équipes successives : rien qui ne concerne les ouvriers agricoles.

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Trois nouvelles gammes de vin pour Gabriel & Co

Le groupement de vignerons Gabriel & Co, labellisé « Fair For Life » pour sa pratique d’une viticulture équitable, n’est pas épargné par la crise qui frappe le bordelais. Pour autant, elle affiche ses ambitions pour 2023 avec notamment la création de trois nouvelles gammes de vins. 

Né dans les années 1990, ce collectif qui regroupe 34 vignerons de la rive droite de Bordeaux entend garder le cap malgré les difficultés que connaît l’ensemble du vignoble greffé autour de la capitale girondine. En toute transparence, l’association affiche pour 2022 un chiffre d’affaires en recul de 11 points en rapport à l’année précédente. La crise est bien présente, qui plus est pour les domaines qui ne bénéficient pas d’une aura internationale. « On subit de plein fouet la crise viticole combinée à une hausse des matières sèches et à une hausse de l’énergie », explique le collectif présidé par Jean-François Réaud avant d’ajouter : « Pour rappel, selon la Chambre d’Agriculture de la Gironde, un quart des viticulteurs souhaitent arracher totalement leurs vignes et près d’un tiers s’estiment en difficulté ». Malgré ce constat, Vignobles Gabriel & Co entend se retrousser les manches et aller de l’avant dans ce qui fait sa force, l’entraide vigneronne et l’indépendance commerciale. Cela passe notamment par une diversification de la distribution – entamée en 2022 – en renforçant toujours davantage la présence des vins dans le circuit traditionnel (CHR, cavistes…). Pour assoir cet objectif, le collectif lance trois nouvelles gammes. Primo la gamme « 100% Équitable » pour bien montrer sur l’étiquette que la marque garantit une juste rémunération aux viticulteurs. Cette gamme sera disponible sur les appellations Bordeaux, Bordeaux Supérieur, Blaye Côtes de Bordeaux, Côtes de Bourg, Puisseguin-Saint-Emilion et Lussac-Saint-Emilion. Secundo, naît la gamme « Le Vin méthode nature » pour des vins sans sulfites, sans intrants et labellisée bio. Avec cette gamme, Gabriel & Co entend intégrer davantage la région parisienne et le Japon où la demande est forte. Tertio, le collectif de 34 vignerons lance « Le Vin à faible teneur en alcool » avec des vins titrant entre 9 et 10 °C d’alcool. « Le vigneron ramasse le raisin plus tôt, il sera moins sucré et donnera moins d’alcool lors de la fermentation », explique l’équipe de Gabriel & Co. C’est un vigneron du collectif qui produit cette gamme dans l’idée de faire un vin très frais et pur. Là aussi, le marché japonais est visé. Capitalisant sur la force du collectif et cherchant toujours à sortir des sentiers battus avec des vins de très belles qualités, Vignobles Gabriel & Co entend délivrer de l’optimisme et de la nouveauté pour affronter la conjoncture.    

www.vignoblesgabriel.com

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