Wine Paris & Vinexpo Paris : les spiritueux en force

Le salon Wine Paris & Vinexpo Paris ferme ses portes ce soir après trois jours de rendez-vous professionnels dont le succès confirme que la capitale française s’impose comme une nouvelle place forte du business du vin. Les spiritueux ne sont pas en reste, avec un espace « Be Spirits » qui ne cesse de s’étoffer.

Ce n’est plus un secret, l’univers des spiritueux est en pleine explosion. Même le concours de Meilleur Sommelier du Monde, qui a récemment consacré Raimonds Tomsons, exigeait des candidats d’avoir des connaissances solides en la matière, tout comme en mixologie. Ce secteur en pleine effervescence s’appuie sur une forte assise de grands groupes historiquement leaders (Diageo, Pernod-Ricard, Beam Suntory…), sur un essor considérable du craft (ces distilleries artisanales et indépendantes qui éclosent aux quatre coins du monde), sur une nouvelle dynamique autour des bartenders et de leur créativité, mais aussi de tendances qui ne cessent de se renouveler, du Low Alcohol au Ready To Drink en passant par les alcools japonais, l’ultralocal, les alcools d’agave mexicains, etc.

Cet état des lieux était particulièrement prégnant lors des trois jours du salon Wine Paris & Vinexpo Paris, qui ferme ses portes ce soir à la Porte de Versailles. L’espace « Be Spirits », intégralement dédié aux spiritueux et installé dans le Hall 2 du Parc des Expositions parisien, ne cesse de gagner en ampleur et en visibilité : 160 exposants y sont réunis cette année, dont un tiers d’étrangers, et le fameux Infinite Bar déclinant le savoir-faire combiné de différentes marques et bars à cocktails ne désemplit pas. En slalomant entre les stands, on relève bien la présence de toutes les grandes tendances citées plus haut, mais aussi l’offensive du rhum et du cognac qui occupent largement le terrain.

L’armagnac n’est pas en reste. Avec un stand très original, entre le speakeasy et la fausse pharmacie « Vital Dufour » (l’ecclésiastique qui, au XIVème siècle, venta les 40 vertus de l’aygue ardente), le BNIA confirme la belle dynamique actuelle autour de l’eau-de-vie gasconne, dont la diversité et l’authenticité sont les atouts majeurs. Après avoir consacré les dernières années à un gros travail de fond pour changer l’image du produit, l’interprofession entend désormais « faire moins mais mieux » en mettant le paquet sur le plan Armagnac 2030, en renforçant la stratégie de pédagogie auprès des professionnels, et en doublant le volume de distillation en trois ans, conformément aux souhaits du nouveau président Jérôme Delord. Une dégustation des différents échantillons présents sur le stand permet de s’assurer de l’incroyable éventail de profils et de saveurs que l’armagnac est capable de déployer, avec notamment de jeunes opérateurs comme Horgelus, les frères Laffitte, mais aussi des maisons renommées comme Veuve Goudoulin, Fontan, Arton, ou le Domaine d’Espérance. À noter que, dans le cadre des prix remis par le média professionnel Cavistes et E-commerce en marge de Wine Paris, deux maisons d’Armagnac ont été récompensées : Dartiguelongue pour sa démarche écoresponsable avec son armagnac « Organic », et Laubade pour son innovation avec sa cuvée « XF » élevée en fûts sous chauffe extra-forte.

Le whisky français a également le vent poupe. Armorik, le single malt de la distillerie Warenghem dans les Côtes-d’Armor (dont nous vous parlions il y a quelques jours à l’occasion de Millésime Bio), a ainsi vu son single malt 15 ans (89 €) récompensé du prix du meilleur whisky lors des mêmes trophées remis par Cavistes et E-commerce. Un bel accomplissement pour un spiritueux français qui doit faire sa place face aux poids lourds écossais ou irlandais. Armorik, qui fête cette année ses 25 ans et a vu une partie de sa gamme passer en bio il y a deux ans, inaugurera en avril sa propre tonnellerie, et envisage à terme de se doter de sa propre malterie. Une décision qui a été prise de longue date par une autre figure de proue historique du whisky français, Rozelieures. La maison basée depuis six générations en Meurthe-et-Moselle produit du whisky depuis le début des années 2000. Avec 300 hectares de céréales dont un-tiers consacré à l’orge, elle gère à 100% ses approvisionnements pour le whisky, et opère elle-même son maltage grâce à son unité inaugurée en 2017. Elle se veut autonome en énergie à 80%, a lancé il y a quinze ans une unité de méthanisation en partenariat avec des éleveurs voisins, et achève sa troisième année de conversion bio sur une cinquantaine d’hectares. En moins de vingt ans, la gamme de Rozelieures s’est bien installée dans le paysage du whisky, et ne cesse de se réinventer : le lancement en 2021 de « parcellaires » exprimant l’identité de l’orge sur différents types de sols, à la manière du vin, a remporté un grand succès auprès des amateurs. Ce printemps verra la sortie d’un délicieux single cask tourbé vieilli en fût de Jurançon (environ 60 €) ainsi qu’un brut de fût, en attendant à la rentrée un nouveau single malt taillé pour la mixologie.

Cet article Wine Paris & Vinexpo Paris : les spiritueux en force est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Bourgogne] Entretien avec Stéphane Garrigue, nouveau directeur de la cave de Lugny 

L’ancien des Vignerons Catalans prend la direction générale de cette coopérative spécialisée dans les blancs et les crémants du Mâconnais, dans une excellente dynamique ces dernières années. Il succède à ce poste à Édouard Cassanet. Entretien.

Quel parcours vous a mené jusqu’à la Bourgogne du sud ?

Après une école de commerce à Paris, je me suis immédiatement expatrié aux États-Unis, où j’ai commercialisé des vins et spiritueux français pendant 10 ans. Là-bas, je me suis familiarisé avec le marketing à l’américaine, cet univers de construction de marque et de compréhension du consommateur. De retour en France, j’ai pris la direction commerciale des Vignerons Catalans, où j’ai notamment participé au lancement de la marque Fruité Catalan. Je me souviens de salons Vinexpo ou nous avions fait venir des conteneurs de fruits et légumes locaux, qu’on avait distribué aux participants. Ça avait fait un gros buzz ! Et mon dernier poste avant Lugny était au siège social d’Advini, toujours dans la distribution.

Pourquoi Lugny ?

Cette cave possède tout ce qui attire aujourd’hui les consommateurs : une qualité de vin excellente, une couleur tendance et une région tendance, le tout très accessible et disponible. C’est aussi une société très bien gérée. La cave de Lugny a beaucoup d’avenir.

Justement, quels projets vont vous occuper ces prochaines années ?

Le projet, c’est la continuité. La qualité n’a fait que progresser ces dernières années, et les consommateurs attendent maintenant cette qualité irréprochable. Nous souhaitons accélérer notre développement dans le secteur traditionnel. Je pense qu’il y a une vrai demande de la part des restaurants et des cavistes, surtout en France, où nous ne sommes pas encore assez présents. On se positionne comme le luxe abordable de la Bourgogne.

Cet article [Bourgogne] Entretien avec Stéphane Garrigue, nouveau directeur de la cave de Lugny  est apparu en premier sur Terre de Vins.

Minuty chez LVMH

C’est désormais officiel. Le château Minuty de la famille Matton intègre le portefeuille du groupe LVMH.

Le bruit courrait dans le vignoble depuis plusieurs mois et les rumeurs de vente s’étaient succédé depuis près d’une dizaine d’années, le rachat par LVMH ayant déjà été annoncé à l’époque où le groupe de Bernard Arnault ne s’intéressait pas encore au sujet. C’est désormais officiel, le château Minuty intègre le portefeuille de LVMH qui comprend déjà en terres provençales le Château Galoupet depuis 2019 et le Château d’Esclans depuis 2020. « Il reste peu de propriétés en Provence qui appartiennent en totalité et depuis 80 ans à la même famille avec un nom et une telle notoriété » déclarait encore l’année dernière François Matton. Hennessy et Minuty ont donc conclu « une alliance stratégique en vue d’accompagner le développement international du Château Minuty, cru classé des Côtes-de-Provence depuis 1955. Cet accord prévoit une prise de participation majoritaire de Moët Hennessy au capital, la famille Matton demeurant « pleinement investie dans le domaine ». Jean-Etienne et François Matton, ses deux dirigeants actuels, conservant la direction. « C’est une immense fierté pour le groupe que de sceller un partenariat stratégique avec Minuty, l’un des leaders du rosé de Provence dans le monde » a déclaré Philippe Schaus, Président-directeur général de Moët Hennessy (…) Il s’agit d’une nouvelle étape dans la relation de confiance développée depuis deux ans entre le groupe et la Famille Matton avec la distribution de ses vins dans la région Asie-Pacifique. Cette alliance, mue par une forte demande à l’export, permettra de renforcer le développement des vins Minuty à l’international, ce qui profitera à l’ensemble de la filière Rosé de Provence » Et Jean-Etienne et François Matton, dirigeants et associés de Minuty, de confirmer « Nous sommes ravis de ce partenariat avec Moët Hennessy. Édifiée autour de notre passion commune pour les vins d’exceptions et du respect d’un savoir-faire porté par des générations, cette alliance stratégique permettra à notre domaine de bénéficier de la force de frappe d’un grand groupe connu à l’international tout en assurant la continuité de l’héritage et des traditions de Château Minuty ».

Moët Hennessy et Minuty affirment ainsi « l’ambition commune d’accroître le développement du domaine et de contribuer au rayonnement de l’ensemble de la filière viticole où la France doit continuer à jouer un rôle de leader mondial ».

Une production a 90% rosé

La maison, outre près de 80 hectares tropéziens est également propriétaire de 80 ha à Vidauban, dont 35 à la Bastide de Verez rachetée en 2018 sans compter une quinzaine d’hectares en fermage. Soit un total de 160 ha en production dans le Var. Minuty bénéficie depuis trois ans d’un nouveau chai monumental à Brignoles. Une winery ultra moderne pour stocker jusqu’à deux millions de cols. Minuty produit actuellement environ 4 millions de cols par an, dont 60 % de vins de marque.

La marque présente sur la plupart des tables étoilées de la Provence et en particulier de la Côte d’Azur est un morceau de choix en termes de notoriété mais également de diffusion, notamment aux Etats-Unis où il fait partie des cinq marques de côtes-de-provence les plus vendues.

C’est Gabriel Farnet qui s’est d’abord installé au château en 1936 et son gendre Étienne Matton, ancien notaire et véritable visionnaire de la marque, lui a succédé, replantant des cépages provençaux traditionnels, mais moins productifs. Le domaine est piloté depuis une trentaine d’années par ses fils, Jean-Etienne au commerce France, au pôle négoce et à la gestion de la maison et François au vignoble, à l’export et à la communication, la vinification se faisant de conserve. Les deux frères ont non seulement restructuré le vignoble de 75 ha sur les coteaux de Gassin et Ramatuelle, mais ils ont également modernisé l’outil de production et dynamisé le domaine devenu une véritable marque. À côté de la cuvée rosé Prestige, signature des deux frères devenus la référence phare et qui avait remplacé en 2009 la cuvée Oratoire, la gamme parcellaire Or en trois couleurs, créée il y a un peu plus d’une décennie, et la cuvée 281 du nom du Pantone bleu qui enveloppe le flacon, cuvée exceptionnelle à petits volumes issue d’une sélection clonage de vieux grenaches et la gamme M en négoce. Dernière création au printemps 2022, une grande cuvée rouge baptisée Gabriel du nom du fondateur du domaine.

Cet article Minuty chez LVMH est apparu en premier sur Terre de Vins.

Terre de vins dans les secrets de Saint-Émilion

Cette semaine dans les kiosques, le nouveau numéro de « Terre de Vins » est spécialement dédié au classement de Saint-Émilion dévoilé en septembre dernier. 85 châteaux, des histoires, des visages, et beaucoup de grands vins.

En septembre dernier était dévoilé le nouveau classement des Crus de Saint-Émilion – soit la septième édition depuis 1955 – consacrant 71 grands crus classés et 14 premiers grands crus classés (dont deux portant la distinction ‘A’). Ce classement, en théorie révisable tous les dix ans, arrivait après plusieurs années de tourmente juridique autour de son prédécesseur et plusieurs mois de critiques sur ses règles d’édification. Qu’en est-il du résultat ? C’est ce à quoi s’intéresse ce numéro spécial de « Terre de Vins », qui nous invite à nous plonger dans les secrets de Saint-Émilion. 84 pages de portraits, d’escapades, de rencontres, d’entretiens, et bien sûr de dégustation, pour dresser une photographie de ce classement 2022, de ses surprises et de ses piliers, de ses terroirs et de ses bâtiments, mais aussi et surtout des femmes et des hommes qui le font vivre au quotidien.

Strates

Point d’orgue de ce numéro spécial, la quasi-totalité des 85 propriétés s’est prêtée au jeu de la dégustation, soumettant un millésime au choix (sous réserve qu’il soit disponible à la vente) à la rédaction. Il en ressort un très haut niveau d’ensemble, prouvant que ce classement, au-delà des diversités de terroirs et de styles, a tiré tous ses protagonistes vers le haut. Quoi d’autre au sommaire ? Un portrait de Gérard Perse, l’homme de Château Pavie, une verticale de Château-Figeac, nouveau premier grand cru classé ‘A’, deux escapades à Saint-Christophe-des-Bardes* et Saint-Étienne-de-Lisse, une dissection du plateau calcaire qui est le berceau de tant de « premiers », un coup de projecteur sur les « petits poucets » (plus petites propriétés en surface) du classement, une mise en avant des engagements environnementaux de l’appellation et de la conversion au bio entamée par bon nombre de châteaux… Autant de strates qui font de ce classement, malgré les turbulences, un bel accomplissement.

« Terre de Vins » n°82, numéro spécial Saint-Émilion, 84 pages, 6,90 €.
Abonnements
en suivant ce lien

*Et non Saint-Laurent-des-Combes comme il est écrit dans le titre de l’article, la rédaction publiera un erratum pour s’excuser de cette inattention.

Cet article Terre de vins dans les secrets de Saint-Émilion est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Wine Paris] La Champagne dévoile son plan de bataille pour les dix prochaines années

Pour aller plus haut, aller plus loin, la Champagne n’hésite pas à mettre le paquet et annonce une augmentation de dix millions d’euros du budget de l’interprofession. L’objectif ? Soutenir les efforts de la recherche viticole et œnologique pour faire face aux défis environnementaux, tout en préservant la typicité de ses vins qui pourrait être chahutée par le changement climatique. Un souci du développement durable que la filière n’hésite pas à relier directement à la préservation de la désirabilité du produit.

Les deux présidents de l’interprofession Maxime Toubart (Syndicat général des vignerons) et David Châtillon (Président de l’Union des Maisons de Champagne) avaient le sourire ce matin lors de la conférence de presse donnée à Wine Paris. Il y a de quoi. Avec une progression de 4,3 % à l’export en 2022 et des ventes qui atteignent un volume jamais atteint depuis 15 ans, la Champagne a le vent en poupe. Elle n’en prépare pas moins l’avenir et les outils qui permettront de surmonter ses grands défis.

Le premier est celui de la désirabilité. En 2022, la filière a lancé un baromètre de notoriété et d’image de l’appellation auprès de 16.000 personnes sur les sept principaux marchés du champagne. L’étude a été réalisée par l’IFOP. Elle confirme que l’appellation reste le leader incontesté de sa catégorie sur des dimensions telle qu’« un vin prestigieux », « de renommée internationale », « qu’on offrirait en cadeau », « que l’on associerait à la rareté » etc…  

Néanmoins, la Champagne doit prendre en compte l’importance du développement durable qui devient un critère d’achat à part entière, et qui pourrait altérer l’image du produit si on ne réalise pas les efforts nécessaires.  David Châtillon le rappelle : « C’est une question que nous avons appréhendée très tôt. Voilà plus de vingt ans que nous travaillons sur la question des RSE. En 2003, nous avons été la première filière à réaliser son bilan carbone avec un certain Jean-Marc Jancovici qui a d’ailleurs conçu son calculateur à partir du champagne. Aujourd’hui, ce spécialiste est devenu une référence mondiale ! Parmi les résultats dont nous sommes très fiers, la réduction des émissions de CO2 de 20 % par bouteille depuis quinze ans et la certification environnementale de déjà 63 % de notre surface viticole. Nous sommes ainsi l’une des rares filières à s’inscrire dans la trajectoire fixée par les accords de Paris, avec cet objectif d’atteindre le net zéro carbone en 2050 ».

Le développement de la désirabilité passe également par une action toujours plus énergique sur le terrain de la défense de l’appellation. « Une Champagne plus rayonnante, cela commence par faire savoir et valoir que le champagne ne provient que de la Champagne. Nous avons décidé de sanctuariser notre budget d’un million d’euros consacré à la protection de l’appellation, y compris sur les marchés de demain. Aujourd’hui, plus de 120 pays reconnaissent l’appellation Champagne. Nous en avons gagné un nouveau l’an dernier avec l’Île Maurice, où l’appellation Champagne est la première appellation étrangère à être reconnue. Nous avons en parallèle mille dossiers actifs de protection de l’appellation dans le monde entier et chaque année en moyenne nous ouvrons 500 dossiers de précontentieux. »  A noter également la création à venir de deux nouvelles ambassades du Comité Champagne à l’étranger (elle en comptait déjà neuf), l’une en Scandinavie, l’autre au Canada. A la question d’un journaliste présent dans la salle concernant une ouverture potentielle en Afrique, Charles Goemaere, directeur du Comité Champagne, a mis en avant, que du point de vue des volumes, le projet commencerait à se justifier, mais que le deuxième critère réside dans la diversité des opérateurs, encore trop faible sur ce continent.

Le défi du maintien de la production…

Le deuxième défi de la Champagne consiste dans le maintien de la production, alors que le vignoble est désormais touché par la flavescence dorée. Celle-ci, si on n’y prend garde, pourrait bien devenir le phylloxéra du XXIe siècle. « On ignore aujourd’hui la proportion exacte des surfaces touchées, on sait en revanche qu’elles sont multipliées chaque année par 100 ! Nous menons un combat pour intensifier la prospection, il faut aller plus vite et plus fort, en sachant que nous ne traitons pas mais nous arrachons les pieds infestés. Nous réfléchissons notamment à rendre obligatoire cette prospection. Nous travaillons sur l’utilisation des drones pour repérer les zones contaminées alors que la période de repérage ne dure qu’un mois juste après la vendangeLa recherche variétale est également cruciale » explique Maxime Toubart.

10 millions d’euros de budget supplémentaire pour le Comité Champagne !

Des ambitions qui ne peuvent être atteintes sans le déploiement de moyens conséquents. L’interprofession a décidé d’augmenter de cinquante pourcents le budget du Comité Champagne, qui passe de 20 à 30 millions d’euros. De quoi financer notamment un nouveau site de recherche qui verra le jour en 2025. Celui-ci permettra d’augmenter la superficie du laboratoire de 40 %, de construire une nouvelle cuverie expérimentale deux fois plus grande et une nouvelle salle de dégustation. On notera que le centre actuel de recherche du Comité Champagne est le seul au monde à réunir la totalité des robots viticoles existants.

Cet article [Wine Paris] La Champagne dévoile son plan de bataille pour les dix prochaines années est apparu en premier sur Terre de Vins.

Le changement climatique fait débat aux Rencontres Rhodaniennes

Déjà, en 2018, les Rencontres Rhodaniennes se penchaient sur les problématiques du changement climatique. Cinq ans plus tard, il n’est plus question de constater mais bien d’agir. La filière viticole a des moyens à sa disposition. Le changement c’est maintenant ?!

Initié par l’Institut Rhodanien*, le colloque destiné aux professionnels de la filière a réunit scientifiques, techniciens et vignerons, sur la thématique du changement climatique et des leviers d’actions. Le constat et les différents scénarios présentés par Renan Le-Roux, ingénieur de recherche à l’INRAE, sont toujours aussi alarmants. Augmentation des températures et des phénomènes extrêmes : canicules, sécheresses, hausse de la pluviométrie en automne et baisse en été et en hiver, bousculent et bousculeront le cycle végétatif de la vigne. Les périodes de gel printaniers ou d’épisodes de grêle ont déjà fortement marqué le vignoble. Les avancées de tous les stades phénoliques sont constatées. Dans le Ventoux, par exemple, il y a désormais 25 jours de décalage sur la vendange, par rapport à 1989. S’ajoutent à cela, une baisse du poids des baies, une baisse des rendements, une augmentation forte du degré alcoolique et de l’acidité. Sans oublier l’évolution de nouvelles maladies et leur propagation vers d’autres secteurs, ou encore la baisse de la disponibilité en eau. Le processus est enclenché, il va se poursuivre et aura des répercussions sur l’ensemble du cycle.

Irrigation, désalcoolisation, institutions

La présentation d’Alain Deloire, professeur à Sup Agro Montpellier, sur l’impact et les conséquences du déficit et du stress hydriques, rappelle que la vigne a besoin d’eau durant tout son cycle, particulièrement du débourrement à la floraison. Avec un raccourci rapide, l’irrigation n’est ni une panacée, ni une baguette magique, mais d’autres alternatives sont possibles. Par exemple, en matière d’œnologie, la désalcoolisation des vins, par voie biologique avec les levures non-Saccharomyces qui offre des résultats, mais qui a aussi des impacts sur la production d’acide ascétique et sur l’oxygénation. Une option impossible pour les domaines certifiés bio, puisque interdite.

Les pratiques viticoles, comme la taille, la conduite et la gestion des sols, l’agroforesterie, l’orientation des plantations vers de nouvelles expositions ou altitudes sont en bonne voie. L’implantation de nouveaux vignobles dans les régions septentrionales non-productrices, n’est plus une utopie, mais pas une panacée, non plus. Au chai, l’utilisation de l’eau et sa préservation, la gestion des effluents sont des points cruciaux.

Côté institutions, le changement s’effectue du côté des cahiers des charges des ODG. Les AOC doivent s’engager vers une évolution, par exemple avec la réduction des GES et les cépages résistants. Quid de l’INAO ? Philippe Pellaton, président de l’interprofession rhodanienne et du comité régional de l’INAO, a souligné que « des variétés à des fins d’adaptation de nouveaux cépages résistants aux maladies ou au réchauffement sont autorisées à hauteur de 5 % sur l’exploitation et dans l’AOC. Toute mise en œuvre prend du temps ». Oui, mais il y a urgence !

Enseignement et consommateurs

De jeunes étudiants en BTS viti-oeno étaient présents aux rencontres. Ont-ils pris conscience des enjeux ? Nicolas Richard, œnologue, intervient pour la première année au lycée viticole d’Orange. Il a le sentiment qu’ils sont peu sensibilisé au constat et aux conséquences et s’engage à les former dans ce sens. « Ils ne sont qu’au début de leur future carrière. Nous faisons des simulations sur les vins du futur, d’ici 20 ans tout aura changé ». Comment vont-ils gérer des vins à 17° ? Autre questionnement, les consommateurs, accepteront-ils ces impacts et ces innovations, ainsi qu’une augmentation fort probable du prix de vente ?

* Composé d’Inter Rhône, du Syndicat général des côtes-du-rhône et de l’Institut Français de la Vigne et du Vin. Ces trois structures mutualisent leurs moyens respectifs pour construire un pôle de recherche appliquée pour les vignobles de la Vallée du Rhône.

Cet article Le changement climatique fait débat aux Rencontres Rhodaniennes est apparu en premier sur Terre de Vins.

Pomerol remet le couvert

Ce lundi 13 février se déroulait à Paris, une nouvelle fois, la Grande Dégustation Pomerol organisée par « Terre de Vins », qui n’a pas démenti son attraction auprès des amateurs franciliens. Bon nombre de professionnels étaient également présents, témoignant de leur attachement à l’appellation de la rive droite de Bordeaux.

Près de 450 visiteurs étaient réunis hier soir à l’hôtel Intercontinental Paris – Le Grand pour venir à la rencontre de 22 propriétés de l’appellation Pomerol. Un rendez-vous régulièrement organisé par « Terre de Vins » à la capitale, qui pour sa sixième édition a confirmé son attractivité auprès des amateurs – mais aussi des professionnels. Cavistes, sommeliers, restaurateurs, ils étaient nombreux à faire partie des dégustateurs présents. Une opportunité savourée par les exposants qui, bien que la plupart du temps commercialisés par le biais du négoce bordelais, attachent une importance au fait de renouer avec ces prescripteurs précieux. « Cette dégustation est une occasion parfaite de créer du lien avec les amateurs, bien sûr, mais aussi avec les professionnels », souligne ainsi Nathalie Despagne, du château La Rose Figeac. « Depuis que j’ai pris les rênes de cette propriété familiale il y a dix ans, je me suis d’abord appliquée à hausser la qualité des vins, et pour ce qui est de la distribution me suis appuyée sur le négoce, comme il est souvent de coutume à Bordeaux. Mais je crois qu’il est important de conserver ce lien direct avec les cavistes, avec les sommeliers, qui sont nos premiers ambassadeurs ». Un sentiment partagé par Christophe de Bailliencourt, du château Gazin : « nous devons donner envie à ces prescripteurs de mettre nos vins dans leurs caves, à la carte de leur restaurant ; le fait de présenter des vins, comme en ce qui me concerne 2016 et 2020, qui sont déjà très agréables dans leur jeunesse, ce qui est une force de Pomerol, mais ont aussi une grande capacité de garde, est sans doute un argument qui peut les séduire ».

Une reconnaissance de Pomerol jusqu’en Lettonie

Parmi les 22 propriétés présentes, certaines sont des invitées récurrentes (comme Mazeyres, Gazin, Saint-Pierre, Bourgneuf, Clos René, Fayat…) tandis que d’autres venaient pour la première fois, comme le Clos de la Sérénité, vignoble de moins d’un hectare lancé en 2018 par Bernard Magrez, ou encore Château Hosanna, l’un des bijoux de la famille Moueix qui régalait avec ses millésimes 2018 et 2019. Cette belle diversité était apprécié par les professionnels présents : « Pomerol est une région que j’affectionne particulièrement et cette dégustation m’a permis à la fois de sortir de mes classiques et de trouver des cuvées à prix très accessibles » confiait ainsi Paul Adda, du restaurant Subito, dans le 1er arrondissement de Paris. Les vins de Pomerol permettent aussi d’imaginer des accords mets & vins très intéressants, voire même très gourmand, comme le soulignait Nicolas Kleen-Desroche, de la chocolaterie Dos Rocas, Paris 18ème : « je suis venu voir si parmi ces pomerols je pouvais trouver des accords intéressants avec mes chocolats. Je privilégie des profils avec de la rondeur et les vieux millésimes ». Enfin, on ne soulignera jamais assez le pouvoir de rayonnement des grands vins de Bordeaux à l’international. Ainsi Jevgenijs Tarvids, négociant et importateur de Lettonie, implanté à Riga, était présent à la dégustation Pomerol qu’il avait repérée sur Terredevins.com : « ces vins correspondent bien à notre marché intérieur, il y a une ouverture et une curiosité encouragée par la victoire de Raimonds Tomsons, qui vient de remporter le concours de Meilleur Sommelier du Monde ».


Les 22 propriétés présentes à la Grande Dégustation Pomerol :

* Clos 126
* Château Beau Soleil
* Château Bellegrave
* Château Bourgneuf
* Château La Cabanne
* Château Le Caillou
* Château Cantelauze
* Château Le Castelet
* Château La Croix de Gay
* Château La Croix Taillefer
* Château Fayat
* Château Gazin
* Château Haut-Ferrand
* Château Hosanna
* Château Mazeyres
* Clos René
* Château La Rose Figeac
* Château Saint-Pierre
* Château de Sales
* Clos de la Sérénité
* Château du Tailhas
* Château Taillefer

Photo : ©JC Gutner

Cet article Pomerol remet le couvert est apparu en premier sur Terre de Vins.

Le pavillon Nicolas Ruinart : le nouveau projet œnotouristique du champagne Ruinart

Le projet était gardé bien secret et vient d’être dévoilé, la Maison Ruinart lance la construction d’un pavillon au milieu de son parc de la butte Saint-Nicaise destiné à accueillir plus largement le public. Il sera inauguré en 2024.

Les crayères du champagne Ruinart figurent parmi les plus belles de la butte Saint-Nicaise. Le site de la Maison entouré d’un magnifique parc de près de 30.000 m2 dont 5000 m2 d’espace boisé classé est très prisé par les touristes. Mais jusqu’ici son accès était limité à un petit nombre de visiteurs ayant opéré au préalable une réservation et se cantonnait presqu’exclusivement à la visite des caves. La Maison qui fêtera ses 300 ans en 2029 a décidé de s’ouvrir plus largement au public grâce à la construction d’un magnifique pavillon de 1400 m2 dont 700m2 directement accessible aux visiteurs. La plus ancienne maison de la Champagne s’attend ainsi à un doublement de l’affluence (de 26.000 à 50.000 pers/an). L’architecture a été confiée au Japonais Sou Fijimoto. Le bâtiment qui tiendra lieu de porte d’entrée sur le site, abritera des salons supplémentaires de réception, et un bar à champagnes où les cuvées de la maison seront servies accompagnées de finger food. Un deuxième espace sera dédié à l’intérieur au club des amis de la maison qui pourront déguster ou acheter des millésimes plus rares.

Ce pavillon est en lui-même un hommage à l’univers du champagne et rappelle un peu le geste architectural de la Pyramide du Louvres, c’est-à-dire une œuvre résolument moderne mais qui épouse en même temps à la perfection l’histoire du lieu. Frédéric Dufour, le président de la Maison, nous confie « Nous avons voulu reprendre la symbolique des crayères, à la fois dans la couleur, dans la verticalité, et dans le choix d’utiliser la pierre, qui n’est certes pas de la craie, celle-ci ne résisterait pas aux intempéries, mais qui vient néanmoins de carrières toutes proches, à Soissons. Sou Fujimoto maîtrise à la perfection cet art qu’ont les Japonais de conjuguer modernité et simplicité. Il a réussi à retransmettre à la fois cette rigueur, à travers ce bâtiment aux angles bien marqués, et en même temps cette courbure qui rappelle nos crayères et la forme bombée de notre flacon. »

Au-delà de ce nouveau bâtiment, c’est toute l’expérience à l’intérieur du site que la maison souhaite transformer. « Aujourd’hui, vous arrivez en voiture, tout se dévoile d’un coup. Nous allons détourner la route et la découverte se fera progressivement, avec un parc complètement revisité, beaucoup plus garni, et un passage du minéral au végétal qui est le symbole même de l’intégration champenoise et de ses paysages verticaux. Une dizaine d’œuvres d’art spécialement commandées à des artistes pour illustrer l’univers de la maison viendront orner le jardin, y compris une création de Nils Udo faisant écho au travail que nous avons mené en faveur de la biodiversité sur le domaine viticole de Taissy. »

A noter évidemment le caractère bas carbone du pavillon. Celui-ci ne dépassera pas les 900 kg éq. CO2/m2 alors que la norme française qui devrait à l’avenir être imposée est de 1050 kg. « Tout le bâtiment a été conçu pour être le plus propre possible, que ce soit le choix de la pierre plutôt que du béton, l’installation d’un toit végétalisé, l’utilisation de la géothermie et de panneaux photovoltaïques. Ces derniers, compte tenu du classement du site, représentaient un vrai défi, mais ils ont pu être placés sur un bâtiment ancien dont la toiture était plate ce qui les rend moins visibles. On n’oubliera pas non plus la sérigraphie sur les vitres du pavillon qui réduira l’impact du rayonnement solaire à l’intérieur en été. »

Ces aménagements dont l’inauguration est attendue en septembre 2024 constituent une première phase de travaux. Ils devraient ensuite être complétés par la restauration de l’ancien bâtiment d’où part actuellement la visite des caves. En particulier les étages où se trouvent notamment une ancienne cuverie et qui possèdent une charpente magnifique. Dans cette partie, un restaurant devrait voir le jour. A noter que la Maison tient à maintenir coûte que coûte la vocation productive du lieu, sur lequel toutes les étapes de la production sont assurées à partir du tirage. La volonté est d’ailleurs de rendre encore plus visible aux visiteurs le travail opéré sur place. Alors qu’une vitrine donne déjà sur la ligne de dégorgement, deux nouvelles ouvertures devraient donner sur la cuverie et sur l’atelier d’habillage.

Cet article <strong>Le pavillon Nicolas Ruinart : le nouveau projet œnotouristique du champagne Ruinart</strong> est apparu en premier sur Terre de Vins.

Champagne Lallier : quand les meuniers chardonnisent et les chardonnays pinotent !

Avec des ventes en croissance de 20 % en 2022 et le projet de construction d’un nouveau chai à fûts et à foudres à Oger, le Champagne Lallier à Aÿ, racheté en 2020 par Campari, a le vent en poupe. Ses cuvées d’orfèvre n’y sont pas étrangères. Dominique Demarville, le chef de caves, a accepté de nous dévoiler une part de leur mécanique subtile lors d’une dégustation de vins clairs. L’occasion également d’évaluer l’impact réel des années chaudes sur le potentiel de fraîcheur du champagne…

Comme l’explique Dominique Demarville, le moment est bien choisi pour commencer à se faire une idée précise sur la qualité du millésime 2022 : « On rentre dans une phase où les vins deviennent plus expressifs, on retrouve un peu nos petits ! ». Les grands traits de l’année ? Le vin est bon partout, quel que soit le terroir. L’été très ensoleillé a également permis aux maisons d’avoir une grande latitude dans leurs choix de cueillette et d’opérer ainsi un travail précis pour se rapprocher au plus près des styles qu’elles recherchent dans leurs marques. « Autrefois, une vendange sur deux, on cueillait parce que l’on arrivait au mois d’octobre et qu’il n’y avait plus grand-chose à gagner. Au contraire, sur une année aussi précoce que 2022, on a pu vraiment choisir le moment de la cueillette en fonction du profil de vin que l’on recherchait. » La seule inquiétude de l’année serait des vins qui pourraient manquer d’acidité. En effet, si on suit les analyses, les acidités n’ont jamais été aussi basses depuis 2003 ! La dégustation des vins clairs proposée par Lallier permet cependant de nuancer le tableau. 

La Terre des basses vignes, un meunier de la Côte des blancs…

Première découverte originale, Dominique nous propose de déguster une rareté : un meunier de Cuis sur la Côte des blancs ! « Il provient du lieu-dit « La Terre des basses vignes ». Nous l’avons vinifié en utilisant des levures sélectionnées sur la parcelle. De cette manière, si nous voulons à terme en faire une cuvée parcellaire, nous aurons poussé la logique jusqu’au bout. » Ce qui est fascinant dans ce vin clair, c’est de voir à quel point le terroir prend le dessus sur le variétal. On a vraiment le sentiment d’avoir un meunier qui chardonnise, avec une petite acidité intéressante et une finale saline. Comment expliquer cette fraîcheur ? La craie joue certainement son rôle, et si certains craignent le réchauffement, ils oublient la spécificité du sol qui a sa part. L’âge avancé de cette vigne rentre aussi en compte (60 ans). « Dans les vieilles vignes, il y a moins de raisin et plus de bois. La maturité arrive donc plus vite et on gagne en sucre, mais aussi en acidité. »  Une fraîcheur par ailleurs très bien équilibrée par le gras et l’aspect charnu du vin.

On passe ensuite à un terroir plus spécialement dédié à ce cépage, sur la commune de Ville-Dommange, dans le Nord-Ouest de la Montagne désigné également sous le nom de Petite Montagne. « Le meunier a cette fois une expression plus classique sur les fruits blancs, la poire, mais aussi des notes d’agrumes. Il y a moins d’épanouissement au démarrage que sur le précédent vin, par contre on a un côté très ciselé. Dans la série R, jusqu’ici nous n’introduisions pas de meunier, mais avec la disparition de la Grande Réserve, nous commençons à l’intégrer et Ville-Dommange correspond typiquement au profil que nous recherchons. Car si ce Brut sans année est un assemblage où nous allons rechercher de l’épaule et de l’ampleur, le côté très strict, très précis sur l’acidité de ce vin clair, servira la fin de bouche. »

Après le Nord de la Champagne, cap plein sud, à Celles-sur-Ourse, dans l’Aube, « 15 % de nos approvisionnements proviennent de la Côte des Bar, essentiellement autour de Bar-sur-Seine et de la vallée de l’Ourse, même si nous avons aussi quelques livreurs dans la vallée de l’Arce. Pour moi, ce vin est tout à fait typique de ce que l’on a pu déguster sur la Côte des Bar cette année. La particularité en 2022, c’est qu’à maturité égale avec la Marne, ils ont obtenu plus d’acidité, puisqu’ici pour 10,6 degrés naturels nous avons 6,3 g d’acidité ! On a donc effectivement du charnu, mais aussi de la fraicheur et donc de l’élégance. On n’est pas sur un pinot noir qui va avoir vocation à apporter de la puissance. »

Retour dans la Marne, pour se pencher cette fois sur un pinot noir de la face Nord de la Montagne, assemblage de Verzy et Verzenay. « Il y a moins de matière, mais plus de profondeur. C’est un vin qui ne veut pas encore tout donner, un peu calculateur. Mais il est plus élégant. Il est typique de ces terroirs très crayeux et moins exposés ! On va le garder en réserve ou l’utiliser pour des cuvées à haut potentiel de garde. Avec un long vieillissement sur lie en bouteille, c’est le genre de vin qui peut nous emmener très loin. » L’acidité sur le papier n’est pas très élevée (5,3g), et on peut se demander d’où vient cette belle perception de la tension. « J’ai deux explications. D’une part, si on avait peu de malique, on avait beaucoup de tartrique et c’est ce qui demeure après la fermentation malolactique. L’autre caractéristique de l’année, c’est que nous avons peu de minéraux, c’est-à-dire peu de potassium. On n’a donc pas le côté masquant des minéraux, ce qui laisse plus de place à l’expression de l’acidité. » Ce vin pourrait servir au blanc de noirs de la Maison qui a l’art de conjuguer l’élégance de la face Nord avec la puissance et l’épaule de la Face Sud de la Montagne.

On terminera ce tour d’horizon en s’intéressant au chardonnay. L’une des pépites de la gamme est la cuvée parcellaire des Loridon à Aÿ, un cru plus connu pour le pinot noir (88 % de l’encépagement) « Sur cette vigne, nous aimons retarder la cueillette. Alors que la vendange a commencé fin août à Aÿ, elle a été récoltée les 4 et 5 septembre pour chercher davantage de matière. Ce sont des chardonnays très différents de ce que l’on attend, ils sont riches, puissants. Certains diront même qu’ils pinotent ! La perception de l’acidité reste limitée, avec une fin de bouche plutôt sur la douceur, la rondeur. On est déjà dans le côté beurré, un peu brioché, qui sont des arômes caractéristiques de la parcelle. » A noter que les vignes des Loridon sont aussi utilisées dans le blanc de blancs d’assemblage pour équilibrer la tension de chardonnays de la Côte des blancs et notamment ceux du Mesnil.

Terre de vins aime : La cuvée Réflexion R019 (36€)

www.champagne-lallier.com

Cet article <strong>Champagne Lallier : quand les meuniers chardonnisent et les chardonnays pinotent !</strong> est apparu en premier sur Terre de Vins.

Trois questions à Raimonds Tomsons, meilleur sommelier du monde

Le Letton a triomphé de ses deux adversaires, dimanche 12 février 2023 lors de la finale du concours de meilleur sommelier du monde, à la Défense Arena de Paris. Nous avons recueilli ses impressions quelques minutes après sa victoire.

Qu’avez-vous pensé des épreuves de cette finale ?
J’ai vraiment apprécié. C’était très bien structuré, très proche de notre quotidien dans un restaurant : être flexible, gérer plusieurs tables en même temps tout en restant efficace et en s’excusant auprès des clients… C’était très réaliste. Le plus difficile pour moi a été de proposer des accords mets et vins avec la carte d’Anne-Sophie Pic, face à elle. C’était impressionnant !

Est-ce symbolique, pour vous, de gagner à Paris ?
Pour moi, c’est encore mieux ! Quand on me pose cette fameuse question, « si tu devais boire les vins d’un seul pays le reste de ta vie, lequel choisirais-tu ?», je réponds toujours la France. Émotionnellement parlant, c’est encore plus fort.

Vous aviez terminé 3een 2019. Qu’avez-vous amélioré depuis?
J’ai surtout travaillé sur mon état d’esprit. J’étais plus calme, plus en confiance. J’ai réussi à maîtriser mon stress pendant toute la finale. Je crois que c’est ce qui a fait la différence.

L’évènement Sommeliers Dating organisé par terre de vins se déroulera de la manière suivante :
– Dimanche 2 avril : dîner à l’Hôtel de Crillon*****
– Lundi 3 avril : journée de travail au Cercle National des Armées
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à contacter Noémie Verger (n.verger@terredevins.com)

Cet article Trois questions à Raimonds Tomsons, meilleur sommelier du monde est apparu en premier sur Terre de Vins.