[Millésime BIO] Une master-class « Hybrides, résistants : les cépages de demain » animée par Alexis Zaouk

Ce mardi 30  janvier, le meilleur jeune caviste de France 2020 et caviste d’argent 2022 au Concours du meilleur caviste de France (La Cave d’Alex, Nanterre) animera de 11h30 à 12h30 (salle 2) cette master class thématique (traduite en anglais), entre apprentissage théorique et dégustation.

Comment as-tu eu l’idée d’animer cette master-class ? 
La Fédération des Cavistes Indépendants (FCI) dont je suis membre est partenaire depuis deux ans de Millésime BIO. Dans le cadre de ce partenariat, le salon nous propose à chaque édition des thèmes de conférences et master-class à animer. Je ne connaissais pas du tout cette thématique, c’est pour ça que je l’ai choisie !

Comment as-tu abordé la préparation de cette master-class ?
J’ai tout découvert. J’ai commencé mes recherches sur ces cépages nés de la fécondation de deux cépages, un très résistant aux maladies et aléas, l’autre plus fragile mais choisi pour ses aptitudes organoleptiques. Je suis allé rencontrer des vignerons qui cultivent ces cépages et j’ai dégusté leurs vins.  

Comment se déroulera cette master-class ? 
Elle débutera avec un peu de théorie, pour expliquer ce que sont ces cépages, pourquoi et où on les retrouve en France. Ensuite, place à la dégustation de cinq vins : un rivairenc blanc du domaine Ampelhus, un floréal blanc du domaine Sequentis, un rosé issu d’artaban et de muscaris du domaine de La Clausade, et enfin deux rouges, un du domaine du Fief noir issu de cépage grolleau et un issu de piquepoul noir du domaine Ampélhus. A travers cette heure, mon but n’est pas de  convaincre les gens, mais de faire découvrir cette thématique en transmettant ce que j’ai appris, et peut-être de donner envie aux gens d’ensuite approfondir ce sujet.

Prolongeras-tu ensuite cette thématique auprès de tes clients à la Cave d’Alex ?
Oui, je me suis ouvert à ce nouveau monde et j’ai référencé certains de ces vins, comme ceux du domaine Sequentis. Dans la continuité, j’organise une soirée dégustation à thème sur ce sujet le jeudi 8 février de 19h à 21h pour le faire découvrir à ma clientèle, autour de la dégustation de cinq vins et d’un cocktail dînatoire avec des tapas (sur inscription sur www.lacavedalex.fr, 45€).

Inscriptions à la master class en suivant ce lien

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[Cuisine et vin] Filet de chevreuil rôti, déclinaison de chou rouge

Trophée 2022 du Tour des Cartes Occitanie en catégorie restaurant gastronomique, prix 2020 du Tour des Cartes national pour son offre de spiritueux, le restaurant SKAB repose sur un parfait équilibre : le chef propriétaire Damien Sanchez, son épouse Séverine en salle, et le sommelier Stéphane StoetzePour « Terre de vins », ils proposent trois recettes avec accords mets-vins à retrouver dans le numéro 92 actuellement en kiosques.

[Pour 6 personnes] 

6 noix de chevreuil (100 g environ), 30 g de beurre, ail, thym, sel, poivre.

2 choux rouges, 10 g de maïzena, 50 g de miel, 50 g d’huile d’olive, huile de sésame, sésame torréfié, vinaigre de Xérès, sauce grand veneur (réalisée avec un bouillon de chevreuil).

Déclinaison de chou rouge :

Palet : purée de chou rouge avec maïzena, congelée en palet, enrobé de gelée de jus de chou rouge. 

Pressé : tailler une tranche épaisse (3 cm) en plein cœur d’un chou rouge. Assaisonner avec miel, huile d’olive, sel et poivre, rôtir au four 30 minutes à 180°C. Refroidir et tailler en cubes de 2 cm. 

Salade : feuilles de chou en julienne, blanchir, refroidir et assaisonner avec huile, graines de sésame, miel et vinaigre.

Saler et poivrer le chevreuil. Saisir dans un sautoir. Une fois coloré, ajouter l’ail, thym et beurre. Arroser sur toutes les faces environ 3 minutes pour cuisson « rosé » (48°C à cœur) et laisser reposer quelques minutes.

Dresser chaque assiette avec une noix de chevreuil, une raviole de chevreuil-chou rouge, un palet, un cube de pressé, la salade sur une pâte à barbajuan frite et de la sauce grand veneur.

Accords de terroir
Le chevreuil à la chair délicate, sa noisette simplement rosée, nappée de sauce iconique du gibier s’accompagne d’un chou dans tous ses états : le plat appelle des rouges régionaux. En AOP Costières de Nîmes, Sainte Cécile 2020 du château l’Ermite d’Auzan. Ce domaine gardois familial, en biodynamie, livre ce rouge élégant, s’ouvrant sur les fruits rouges compotés, déployant ses tanins fondus en souplesse. Dans l’Hérault, en AOP Languedoc-Pézenas, La Réserve 2020 du domaine La Grange, un vin d’hiver, concentré, tout en fruits mûrs, épices, réglisse, est taillé pour la viande rouge ; grenache et mourvèdre, 14,5°, un Sudiste assumé ! Deux vins à sortir pour le repas le dimanche.

SKAB
30000 Nîmes 
04 66 21 94 30
restaurant-skab.fr

©Aurélio Rodriguez pour « Terre de vins »

©Aurélio Rodriguez pour « Terre de vins »


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Dans les coulisses des dîners de gala de la Saint-Vincent 2024

L’événement est historique : rassembler les villages voisins et amis de Chambolle-Musigny et Morey-Saint-Denis pour cette fête viticole emblématique et tellement fédératrice n’a rien d’anodin. Rappelons-nous que la toute première Saint-Vincent en 1938 a eu lieu à Chambolle-Musigny et que cela faisait 51 ans que Morey-Saint-Denis n’avait pas accueilli ce rendez-vous.

Le feu vert pour organiser conjointement l’événement a été donné par les deux ODG (Organismes de gestion des appellations) dès 2017. Le comité d’organisation de la Saint-Vincent a alors mis en place diverses commissions dont celle consacrée au sponsoring et aux soirées de gala dirigée par Franck Noirot, entrepreneur féru d’événementiel qui a mis son savoir-faire au service de la Saint-Vincent Tournante millésime 2024. Celui-ci raconte : « L’enjeu fut alors de trouver le lieu idoine pour les prestigieuses soirées qui contribuent au panache du week-end. Jacques Devauges, régisseur du Clos des Lambrays a alors aimablement accepté de nous ouvrir les portes de sa somptueuse cuverie rénovée au cœur de Morey. Un peu étroite pour le nombre d’invités prévu, ce sont deux soirées qui sont donc envisagées et orchestrées par un chef de chaque village : Didier Petitcolas du Castel de Très Girard (Morey) et Matthieu Mazoyer du Millésime  (Chambolle). »
Pour accompagner les plats des deux chefs, un bouquet de grands crus (l’intégralité des appellations Grands Crus des deux villages) à l’image des milliers de fleurs qui ornent les villages. L’art de l’assemblage est alors à l’œuvre pour rassembler vignerons, invités prestigieux et autres partenaires. La décoration des lieux est facilitée par le talent d’Estelle Meunier, artiste végétaliste de Gevrey-Chambertin et par les fûts prêtés par la tonnellerie Rousseau. Le mariage des arts et du vin sera consommé lors de ces diners de gala où la musique imprégnera les lieux au gré du jazz et des fanfares. Notons la présence d’Eric Carrière (ancien footballer caviste), de Michaël Llodra (champion de tennis également caviste), d’Enrico Bernardot (meilleur sommelier du monde 2024) qui animera la vente aux enchères (au profit des Restos du cœur) ou de Cédric Klapisch. Paul Day, sculpteur de renommée internationale et installé en Côte d’Or (dont certaines œuvres seront offertes à l’admiration des visiteurs) sera aussi de la fête. La cour du Clos des Lambrays est honorée de la présence de La femme assise. « Rien n’aurait été possible sans nos différents partenaires » explique Franck Noirot ; rien n’aurait été possible non plus sans l’efficacité de sa démarche commerciale. Parmi eux, citons quelques domaines : Jean-Marc Brocard (Chablis), Virginie Taupenot, Boillot, Bouvier, Dujac, Charlopin, Tremblay, Mugnier.et Comte Georges de Vogüé. Ce dernier possède 75% de l’emblématique Musigny grand cru qui est « la quintessence des grands vins de Bourgogne, un patriarche bâti pour la garde qui allie structure tannique profonde et grande délicatesse », nous confie Jean Lupatelli, vinificateur du domaine qui a offert nombre de bouteilles pour ces deux soirées. Gageons que le magnifique menu que nous vous livrons ici, agrémenté de vins si fins saura combler les participants de ces fastueux repas. La générosité du groupe LVMH, propriétaire des lieux, sera appréciée des amateurs qui dégusteront un champagne exceptionnel : la Cuvée Impériale Création No. 1 de Moët & Chandon.

Que la fête commence !

Franck Noirot ©F. Bouyé

©F. Bouyé

©F. Bouyé

Bénévole mobilisé pour décorer le Domaine Comte de Vogüé ©F. Bouyé

Domaine Comte de Vogüé ©F. Bouyé

©F. Bouyé


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Léoville Barton et Langoa Barton : une évolution sans renier les racines

Les Châteaux Léoville Barton et Langoa Barton se parent de nouveaux cuviers et chais. En cela, un nouveau chapitre s’écrit en ce lieu de Saint-Julien pour ces deux Grands Crus Classés 1855. Lilian Barton nous en dit davantage.  

C’est une nouvelle page pour les domaines de la famille Barton, comment est né ce projet ?
C’est un projet qui a longuement mûri en famille, avec mes enfants Mélanie et Damien, car nous ne voulions pas faire des travaux parce que c’était la « mode ». Nous avions à cœur de faire des changements pour faire évoluer la propriété dans son temps, tant au niveau technique que confort de travail, car cela fait maintenant 203 ans que mes aïeuls irlandais se sont installé ici. Nous avons beaucoup échangé pendant plusieurs mois, puis nous avons lancé un concours d’architecte auprès de trois professionnels : un qui avait réalisé des travaux dans un château du Médoc dont le résultat nous plaisait beaucoup, un Irlandais bien sûr, et un architecte basé à Bordeaux qui avait déjà rénové l’intérieur du Château Mauvesin Barton acheté en 2011 à Moulis. Lors de la journée de présentation des trois projets, celui de Touton Architectes à Bordeaux, a été comme une évidence, ils avaient compris notre volonté d’évolutions sans renier nos racines et l’héritage architectural laissé par les anciennes générations. Le résultat de plus de trois ans de travaux est très réussi selon nous car quand les visiteurs arrivent dans la cour, ils nous disent tous « mais rien n’a changé depuis les travaux ! » et quand ils entrent dans le nouveau cuvier gravitaire et les nouveaux chais, ils sont sous le charme de l’authenticité que nous avons réussi à conserver.

J’aimerais préciser une chose, nous avons réalisé des travaux techniques et de nouveaux bureaux mais l’important reste le terroir qui lui, reste immuable, et produit de grands raisins qui font ensuite les grands vins. Nous avons aussi une seconde phase de travaux, qui débutera dans deux ou trois ans, plus axée sur l’accueil des visiteurs, l’œnotourisme et d’autres sujets pour lesquels nous avons encore plein d’idées !

Quelles furent les contraintes, les budgets et la livraison a-t-elle tenu ses promesses ? 
Il y a eu plusieurs niveaux de contraintes pour arriver à la bonne réalisation de ce projet. Technique tout d’abord, en raison du cuvier qui devait être entièrement détruit et reconstruit de l’autre côté de la cour. Donc dès que les vendanges 2020 ont été terminées, nous avons écoulé le vin en barriques et il a été hébergé de l’autre côté de la route dans des bâtiments qui étaient disponibles. Puis la course contre la montre a débuté pour construire le nouveau cuvier afin qu’il soit partiellement prêt pour la récolte suivante et le pari a été gagné car le millésime 2021 a été vinifié dans le nouveau cuvier avec le nouveau nombre de cuves (44 allant de 120 à 200hl). C’est avec le millésime 2022 que le nouveau cuvier était dans sa configuration définitive avec le gravitaire qui a pu être mis en place à ce moment-là. L’autre contrainte a été celle de l’eau. Le Médoc est une zone humide et les nappes phréatiques sont peu profondes. Pour respecter notre environnement, nous avons pris le parti de creuser le cuvier que d’un demi-niveau et pas un niveau entier pour ne pas perturber le chemin naturel des nappes. Nous sommes ravis du résultat car de l’avis général il est fidèle à nos valeurs de tradition, de sobriété et de matériaux nobles utilisés tels que le bois, l’acier et la pierre.

Qu’en sera-t-il de l’approche du raisin, du style des vins, de la nouvelle ère Barton, en somme, à Léoville ? 
Nous sommes très fiers du style des vins de la famille et nous ne voulons surtout pas en changer. La constance fait partie de nos atouts, de nos valeurs et nos consommateurs apprécient aussi nos vins pour cela. La grande nouveauté est celle du transfert de la vendange qui est désormais réalisé par gravité. Le nouveau cuvier voit une augmentation significative du nombre de cuves, dont les contenances sont plus variées, de manière à affiner la sélection parcellaire. Nous avons également de nouveaux pressoirs verticaux qui nous permettent d’obtenir un vin de presse plus précis, car nous divisons dorénavant le chapeau de marc en trois parties, le haut, le cœur et le fond. Historiquement, nous avons beaucoup de cabernets, plantés sur les croupes de graves, ils sont tendus, sérieux, avec une précision infinie et un tanin délicat et long. C’est de la dentelle complétée par quelques merlots, plantés plus bas sur les plateaux, qui apportent une texture charnue. Le labour est traditionnel, sans désherbage ni herbicide. Le sous-sol argilo- graveleux permet de réguler à merveille les aléas climatiques de l’année. Quand le terroir est grand et la maturité juste, il n’y a – presque – rien à faire, la majorité du travail est fait dans les vignes.

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Manifestation agricole : les viticulteurs du Gard et de l’Hérault en première ligne

Face à la précarisation de leur métier, la flambée des charges et le poids des normes environnementales communautaires, les agriculteurs ont engagé un bras de fer avec l’Etat depuis plusieurs jours. Un mouvement d’ampleur auxquels les viticulteurs du Gard et de l’Hérault participent massivement. 

Vendredi 26 janvier 2024. Au milieu des arbres, des ceps de vigne et des fruits incendiés, un troupeau de moutons a pris place dans le cortège de la grande manifestation des agriculteurs. Nous sommes sur l’autoroute A9, dans l’Hérault, complètement fermée à la circulation. C’est désormais tous les métiers de l’agriculture qui ont décidé de rejoindre le mouvement. Qu’ils soient bergers, ostréiculteurs, maraichers, éleveurs, pêcheurs ou viticulteurs, le constat est partagé et sans appel. « C’est un vrai ras-le-bol général, constate Julie Carda, coopératrice sur la cave de Florès à Florensac. Nous sommes ici en solidarité avec le monde agricole bien sûr mais aussi et surtout parce que notre secteur de la viticulture est en pleine déliquescence et plus nous serons nombreux à le crier haut et fort et plus cela aura de l’impact ! » Au cœur des préoccupations et des revendications, le point numéro un et convergent est le poids grandissant de l’administratif qui vampirise beaucoup trop de temps et d’énergie. « Si l’agriculture est aujourd’hui en déclin complet, c’est surtout parce qu’elle est bouffée par la paperasse et le numérique, ajoute Christophe Puech vigneron du domaine éponyme à Saint-Clément-de-Rivière. Notre seul patron c’est Dame Nature et notre activité, c’est de produire de la qualité, pas de passer notre temps dans les bureaux à remplir des dossiers. Sinon, croyez-moi, je n’aurai pas fait ce métier ! »

Lourdeur administrative et concurrence déloyale
L’homme de 50 ans avoue ne plus solliciter d’aides parfois tant la lourdeur administrative est handicapante. « Je me demande si ce n’est pas fait exprès pour nous freiner, s’emporte Julien Calvet, vice-président de la cave coopérative et du Cru Saint-Chinian. Et pourtant, croyez-moi, j’ai un Bac+3 et une licence internationale vins et spiritueux mais même avec ce bagage, j’ai parfois du mal à monter les dossiers. » Il prend l’exemple d’un jeune vigneron qui a omis de déclarer une petite parcelle en bio et qui a perdu l’ensemble de l’aide octroyée malgré un dossier béton. « On nous demande de faire sans cesse des efforts mais on ne nous aide pas à nous en sortir », ajoute-t-il. Il est relayé par Julie Carda : « Il nous faut absolument des solutions d’urgence, à commencer par un allègement massif des charges et une équité des normes demandées sur le plan européen car on ne peut pas concurrencer au niveau des prix, c’est déloyal ! » Dans le viseur, le vin espagnol, moins vertueux et beaucoup moins cher (il est vendu à environ la moitié du prix du vin français sur le marché hexagonal), que l’on retrouve souvent dans les BIB sous l’égide “Vins de l’UE”. « Là aussi, il faut une meilleure traçabilité, plus apparente pour que le consommateur sache ce qu’il consomme », argumente Julien Calvet. 

Le poids des normes environnementales 
Le poids des normes environnementales est également un point de convergence dans la lutte agricole : « Les structures, les exploitations ont répondu avec cœur à ce qui leur a été demandé, la grande majorité sont sous certification environnementale (Agriculture Biologique, HVE, …), elles se soumettent aux différents contrôles qui attestent de leurs investissements humain et financier. En conséquence, les charges n’ont jamais été aussi importantes avec une augmentation démesurée ces dernières années. Les niveaux de stocks sont au plus haut, surtout en vin rouge, malgré de faibles récoltes régulières. Les trésoreries ont fondu et il est fréquent désormais de voir des saisies sur acompte aux exploitants. Les réservations sont à peine à 50% de la récolte 2023 et à quel prix de vente ? C’est une situation inacceptable », explique le Comité territorial gardois des vignerons coopérateurs dans un communiqué. Et en plus, les banques ne suivent plus. « Avec les crises à répétition et les aléas climatiques, c’est le moment où on a le plus besoin d’elles qu’elles sont le plus frileuses pour nous prêter de l’argent, prolonge Julien Calvet. Autant vous dire que pour une jeune qui veut s’installer, c’est devenu impossible, la passion ne suffit pas ! » Christophe Puech conclut : « L’avantage de terroir est en train de disparaitre au profit des grandes structures comme chez les céréaliers. La question de la pérennisation des petites exploitations dans la filière viticole est l’enjeu des mois qui arrivent… » 

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Vignoble durable : les clés d’une transition

La deuxième édition du colloque Vignoble & Biodiversité s’est déroulée au Palais des Papes d’Avignon. Questionnement nourrit entre les sciences et le terrain, partage de connaissances et prospective étaient à l’ordre du jour.

Birte Jensen, co-organisatrice du colloque avec la Maison des Vignerons de Châteauneuf-du-Pape, persiste et signe. Le sujet est durable comme la viticulture. Il concerne aussi bien les vignerons, les ODG, que les étudiants et les scientifiques. Deux jours d’interventions n’auront pas suffi à faire le tour de la question, mais elles auront donné des clés et de l’espoir.

Pour cela, différents experts ont présenté leurs études et expériences. Que cela soit en matière de paysages avant et après pétrole, de complémentarité animal-végétal, d’hydrologie régénérative, d’insectes, de plantes bio-indicatrices et d’agroforesterie… L’intervention de l’urbaniste Régis Ambroise a permis de remonter le temps. De 1350 à nos jours, le concept de paysage viticole a fait sa révolution. Les notions d’harmonie sociale et de productivité voulues il y a huit siècles sont de nouveau d’actualité. Comme si l’homme, à force de détruire mère nature, poussé par le génie agronomique, l’aménagement du territoire et le dérèglement climatique, avait enfin pris conscience qu’elle avait besoin d’être restaurée et protégée.

Un changement de paradigme
Le discours de Valérie Lempereur, ingénieur agronome à l’IFV, présentant l’évolution de la réglementation et des certifications atteste de la mise en route. La stratégie de la filière en matière de recherche et développement, tend à l’accompagnement. Le plan Vitilience, joyeux néologisme, débute ce mois-ci. 7,4 millions d’euros sur 4 ans, permettront de réaliser un inventaire des bonnes pratiques déjà effectives, de les faire connaître via des animateurs en région et une communication adéquate. Nombreux sont les vignerons à expérimenter des solutions alternatives, seuls dans leurs parcelles. Pour les autres, un guide (téléchargeable en ligne) leur permettra de faire les premiers pas. Qu’ils soient rassurés, la filière et l’INAO s’engagent pour eux en garantissant qu’ils bénéficient de l’AOC. Dont acte.

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À Bordeaux, « on arrache 8000 hectares alors qu’on devrait en arracher 30 000 »

L’arrachage des vignes à Bordeaux devient une réalité concrète en ce début d’année 2024. Le programme subventionné par l’État, l’interprofession et la région Nouvelle Aquitaine, qui englobe une surface de 8000 hectares, est jugée insuffisant par les membres du collectif Viti 33, et ne compense pas l’extrême détresse des vignerons girondins.

Plus de 1200 dossiers de demande d’aide à l’arrachage de vignes ont été déposés en Gironde, pour bénéficier du dispositif mis en place conjointement par l’État, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB) et la région Nouvelle Aquitaine, portant sur une superficie de 8000 hectares et devant intervenir en ce début d’année 2024. « Nous sommes loin des 10% de la surface totale du vignoble bordelais initialement annoncés, et encore plus loin de ce que l’on devrait réellement arracher, compte tenu de la baisse de la consommation, des stocks de vin qui ne se vendent pas et de la situation critique de beaucoup de vignerons : ce sont en réalité plus de 30 000 hectares qu’il faudrait arracher dans le Bordelais », fulmine Didier Cousiney, qui représente l’association Viti 33 et porte depuis des mois sur la place publique ce dossier épineux de l’arrachage (voir aussi l’émission « Vino Veritas » de janvier 2023 sur ce sujet).

Pour rappel, l’État abonde à hauteur de 30 millions d’euros dans ce programme d’arrachage, une enveloppe portant sur la « renaturation » des parcelles arrachées – à savoir une mise en jachère ou en reboisement pour une durée de 20 ans. Le CIVB injecte 19 millions d’euros et la région 10 millions, portant sur la « reconversion » des parcelles arrachées – élevage, plantation d’oliviers, autres cultures… « Avec une aide de 6000 euros par hectare pour chaque exploitation, on est là aussi très loin de ce qu’il aurait fallu mettre sur la table », poursuit Didier Cousiney. « J’ai fait passer le message au ministre de l’agriculture Marc Fesneau lorsqu’il est venu en juin, ce plan est tout bonnement scandaleux, c’est de l’amateurisme pur et simple. Tout a été fait dans la précipitation, au niveau budgétaire, dans l’absence de prise en considération des générations de viticulteurs qui vont se retrouver à ne rien pouvoir faire pendant 20 ans sur les terres qui avaient été plantées par leurs parents ou grands-parents, et même dans l’échéancier : nous sommes fin janvier, l’arrachage doit être effectif à la fin du mois de mai… Pour l’instant personne ne peut passer dans les vignes avec le temps qu’il fait. Certains ont même déjà commencé à arracher avant, sans savoir ce qu’ils allaient finalement toucher, c’est une hérésie. Si ça continue, il va y avoir des drames. »

6000 euros d’aide, mais 2000 euros pour faire arracher un hectare
La détresse, en tout cas, est déjà palpable chez de nombreux vignerons, qu’ils soient candidats à l’arrachage ou non. Pour Aurore Castagnet, vigneronne à la tête de 20 hectares à Saint-André-du-Bois dans l’Entre-deux-Mers. La crise des vins de Bordeaux, elle la subit de plein fouet : déjà concernée par une procédure de sauvegarde (dispositif pour une entreprise qui n’est pas en cessation des paiements et qui justifie de difficultés financières qu’elle n’est pas en mesure de surmonter) qu’elle vient de prolonger de six mois, « lâchée » par sa banque qui lui a refusé un remboursement progressif initialement accepté, elle a eu la mauvaise surprise, le matin même de notre échange, de « trouver un huissier à ma porte m’indiquant que mes créanciers veulent hypothéquer mes biens immobiliers ». Pour se renflouer partiellement, Aurore, membre du collectif Viti 33, avait d’abord envisagé d’arracher un ou deux hectares et ainsi bénéficier du dispositif d’aide… « Mais lorsque j’ai vu que le montant de cette aide, qui avait été annoncé autour de 10 000 euros l’hectare, est finalement descendu à 6000, j’ai renoncé. Lorsqu’on sait que le recours à un prestataire pour l’arrachage nous revient environ à 2000 euros l’hectare, cela ne nous laisse presque rien. Cela n’a pas de sens de faire ces démarches pour si peu d’argent ». Pour Aurore, tout ce dispositif se révèle largement insuffisant : « si l’on arrache, soit on doit tout mettre en jachère pour 20 ans, soit on doit reconvertir la parcelle vers une autre production. Mais moi, je suis viticultrice, sur des sols argilo-calcaires, que voulez-vous que je plante d’autre ? Certes, la chambre d’agriculture s’occupe de ces dossiers mais on a le sentiment que tout est fait dans la précipitation, sans réflexion poussée. Et puis il y a de telles incohérences : on va commencer à recevoir des courriers nous autorisant à arracher sans forcément savoir combien on va toucher, les vignerons comme moi en procédure de sauvegarde n’ont pas automatiquement droit aux primes… Il va y avoir d’immenses déceptions dans tout le vignoble ».

« Quand tout le monde croyait que le marché chinois allait tout absorber, on a planté de façon totalement déraisonnable« 
Ce sentiment d’amertume est palpable dans les propos d’un autre membre du collectif, Julien Luro, vigneron à Targon, également dans l’Entre-deux-Mers (indéniablement la zone du vignoble bordelais la plus en crise et la plus concernée par l’arrachage, comme le montre la carte préfectorale publiée par nos confrères de Vitisphère). Julien, à la tête de 50 hectares, est en train de tailler la vigne lorsque nous nous appelons. Chez lui aussi, le discours est clair : « si je ne suis pas candidat à l’arrachage c’est pour une seule raison : j’ai, pour vendre mes vins, un partenariat avec un acheteur qui est préservé. Si je n’avais pas ces débouchés commerciaux, je le dis sincèrement, même au prix annoncé j’aurais arraché des vignes. La situation est très différente d’un domaine à l’autre : certains vignerons en fin de carrière, qui n’ont pas de repreneur, ont tout intérêt à arracher ; si j’avais 20 ans de plus, je ne me poserais sans doute pas la question. Mais j’ai 36 ans, j’ai rejoint l’exploitation familiale il y a 18 ans, et moi je veux poursuivre ce métier, je veux encore y croire ». Au-delà de son cas personnel, Julien estime que la crise actuelle est la conséquence d’un manque de lucidité il y a une quinzaine d’années, « quand tout le monde croyait que le marché chinois allait tout absorber, et qu’on a planté de façon totalement déraisonnable. Aujourd’hui, ce ne sont pas 8000 hectares qu’il faudrait arracher à Bordeaux, c’est plus du triple ! Mais l’enveloppe débloquée est largement insuffisante. Pour moi, on n’est qu’au début de cette profonde transformation du vignoble girondin ».

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Les viticulteurs du Lot montent au créneau

Dans le Lot, ils étaient 230 à manifester ce jeudi 25 janvier, selon la préfecture du département. Parmi eux, il y avait des viticulteurs. Certains ont même quitté les sorties d’autoroute et se sont mêlés au cortège d’agriculteurs qui s’est rendu à Cahors pour, notamment, déverser du foin et des pneus devant la préfecture. 

Raphaël Bach, vigneron à Barguelonne en Quercy, a ainsi suivi la délégation qui s’est rendue à la préfecture. Le viticulteur a repris l’exploitation familiale il y a un an. « L’année dernière, j’ai fait un chiffre d’affaires meilleur que mon père ces 40 dernières années, mais comme les charges ont explosé je ne peux même pas me tirer de salaire alors que lui le pouvait. » Le vigneron de 35 ans peut heureusement compter sur sa compagne qui travaille en dehors du domaine. « Je veux bien faire des heures, il n’y a pas de problème, mais il faudrait au moins qu’on se tire un salaire correct« , insiste le vigneron en AOC Coteaux du Quercy. Ses revendications : « arrêter d’importer des produits qui n’ont pas les mêmes contraintes que nous et simplifier les démarches administratives« . Le jeune homme pointe notamment la complexité de certains sites : « Cela fait deux mois que j’essaie de remplir un dossier d’aide de FranceAgriMer pour planter des vignes ». 

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[Rhône] Blocages routiers : « L’agriculture est à bout »

Ce matin, agriculteurs et viticulteurs s’étaient donné rendez-vous à l’entrée de l’autoroute d’Orange centre. Une opération escargot menée par 150 tracteurs et environ 500 personnes, a abouti à Piolenc où les deux côtés de l’autoroute A7 ont été bouclé.

Vincent Dessales, trésorier du Syndicat général des vignerons des côtes-du-rhône, faisait partie du convoi. « Les normes nous accablent, nous sommes écrasés. Certes, elles rassurent les consommateurs et préservent l’environnement et la biodiversité, mais trop, c’est trop. Nos produits sont en concurrence avec ceux de pays qui ne sont pas soumis aux mêmes normes que nous. C’est déloyal. Nous ne voulons pas de mesurettes du gouvernement. Il faut un plan structuré avec des perspectives pour l’avenir. Par exemple des primes à l’arrachage avec un accompagnement pour ceux qui partent. Il faut ajuster les surfaces de 15 à 20 %, avec des restrictions différées pour planter dans 5 ou 6 ans. L’agriculture est à bout », assure le vigneron.

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Des viticulteurs forcent des entrepôts de la grandedistribution

Des viticulteurs ont incendié des palettes jeudi matin dans la cour d’un négociant de vin près de Béziers (Hérault) avant de forcer les portails de deux entrepôts de la grande distribution, a constaté un correspondant de l’AFP.

Le cortège réunissait environ 80 tracteurs ou remorques à Villeneuve-les-Béziers, brandissant des pancartes comme: « Vitis en colère », « Maintenant c’est du pain ou ça sera du plomb« . Les manifestants ont d’abord pénétré dans l’enceinte du négociant Castel Vin, déversant du lisier dans sa cour puis mettant le feu à des palettes, selon l’AFP et la préfecture. Ensuite, ils ont enfoncé les portails de deux bases logistiques, l’une de Lidl et l’autre d’Intermarché, avant d’y déverser du marc de raisin et de mettre là aussi le feu à des palettes. Cette manifestation est « non déclarée », a précisé la préfecture de l’Hérault dans un communiqué, en annonçant l’activation d’une cellule de crise et la mobilisation des forces de sécurité et de secours. En milieu de matinée, le même cortège de tracteurs a pris la direction de
l’autoroute A9. Depuis plusieurs jours, des actions d’agriculteurs en colère se multiplient partout en France, le principal syndicat, la puissante FNSEA, demandant des aides « immédiates » de plusieurs centaines de millions d’euros. Doléances sur lesquelles doit se pencher le gouvernement jeudi.

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