Castelnau ravive l’effervescence des vieux champagnes

La Maison Castelnau vient de présenter un nouveau verre révolutionnaire qui permet de conserver les bulles des champagnes aux vieillissements prolongés. Une aubaine à l’heure de la sortie de la collection œnothèque qui permet aux amateurs de goûter de beaux champagnes patinés par le temps

Carine Bailleul, cheffe de caves de la Maison, parle des millésimes créés par ses prédécesseurs avec beaucoup de respect. « Nous avons la chance que les chefs de caves successifs aient, depuis 1974, mis à vieillir de nombreux magnums. Cela nous permet aujourd’hui de pouvoir proposer une collection œnothèque avec des millésimes 2002 ou 1992. C’est un trésor qu’il fallait pouvoir mettre en valeur de la plus belle manière. Et notamment dans le rituel de dégustation. Habituellement, les champagnes d’un certain âge ont tendance a perdre très rapidement leurs bulles dans le verre. Nous voulions donc imaginer un verre qui permette la meilleure expérience de dégustation possible ». De ce constat a découlé un projet mené sur de longs mois avec Gérard Liger-Belair, référence unanimement reconnue de l’effervescence des vins de Champagne, ainsi que le grand verrier Lehmann. « Le verre « Eclat by Castelnau » soufflé bouche que nous avons développé ensemble a une forme qui se resserre progressivement et permet de limiter l’évaporation rapide des bulles ». Et pour aller encore plus loin dans la démarche, Castelnau recommande un conseil de dégustation qui peut s’appliquer à toute cuvée effervescente. Celle de ne pas verser violemment et à la verticale le champagne dans le verre mais d’incliner ce dernier en versant délicatement. En associant le verre et ce cérémonial de versement du vin, la déperdition de bulles n’est que de 15 %, à mettre en regard avec les 30 % de perte sinon. Une différence absolument fondamentale lorsque l’on sait que les champagnes anciens ont perdu une part non négligeable de leur effervescence.

Des 2002 et 1992 aux personnalités affirmées

Si des mesures scientifiques précises ont été prises pour pouvoir présenter les bienfaits de ce nouveau verre, rien ne remplace l’expérimentation. Plusieurs opus de la collection œnothèque de la Maison Castelnau nous ont permis de vérifier l’efficacité réelle de ce contenant. Après 30 minutes dans le verre, le millésime 2002 servi en magnum (tous les vins de la collection ne sont proposés qu’en magnum) était encore vivant, distillant une bulle certes plus disparate mais bien encore perceptible. De quoi véritablement prolonger le plaisir de dégustation car les vieux champagnes ont besoin de temps dans le verre pour pouvoir s’oxygéner et donner leur pleine mesure aromatique. À ce titre, le 2002 (199 € le magnum) était d’un très bel équilibre, porté par une acidité intégrée vivifiant sa finale. La bouche est d’une ampleur notable, évoquant des notes de fruits exotiques (ananas rôti). Une grande suavité pour ce champagne encore vibrant et loin d’avoir atteint son paroxysme. La surprise est peut-être davantage venue du millésime 1992, pourtant peu côté dans la région. Beaucoup plus identitaire, il ne peut que marquer les esprits avec ses notes d’immortelle, de plante à curry, de sarrasin grillé. Un champagne plus sauvage et ténébreux, parfaitement mis en valeur par le verre. Ces vins ont en commun d’être moins dosés (6g/l) car, comme l’explique Carine, « les vins se suffisent à eux-mêmes ». Tous sont également récemment dégorgés pour éviter une trop grande déperdition d’effervescence si les vins passaient plusieurs années sur lattes en bouchage liège. Les verres ne sont pour le moment pas commercialisés par Lehmann et ne seront proposés que dans des coffrets avec des vins de la collection œnothèque. Un cadeau de Noël tout trouvé compte tenu des prix plus que sages et de la qualité des produits.

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[Livre] Le cognac en son genre

173 pages consacrent les femmes autour de l’histoire d’une eau-de-vie qui n’a pas échappé à des siècles de machisme. Longtemps mises à l’index de l’univers du cognac, elles tiennent leur juste revanche dans un livre co-signé par Monique Fillioux et Annie Ragnaud Sabourin.

On découvrira dans le livre à qui appartient cette subliminale silhouette de dos composant la couverture… On découvrira aussi au fil des pages tout un monde, celui de ces femmes qui participent à l’histoire du cognac, cette eau-de-vie charentaise connaissant aujourd’hui un succès sans précédent. Il fallait un livre pour les faire passer, en plagiant le sous-titre, « de l’ombre à la lumière » : le voici.

« Étant moi-même femme du cognac, j’ai eu envie de me pencher sur la vie de ces femmes du cognac, relativement nouvelles venues dans cet espace cognaçais, je veux dire du point de vue de leur reconnaissance, car au fond, elles ont toujours été là », confie l’auteure Monique Fillioux, des sublimes cognacs Jean Fillioux. Sa co-auteure est aussi du sérail, et comment – combien ! – par la personne d’Annie Ragnaud Sabourin des cognacs iconiques éponymes. Ainsi, les deux plumes nous emmènent à la rencontre de distillatrices, de courtières, de vigneronnes, maîtres de chai, cavistes, tonnelières ou encore de gérantes.

Avec le plus souvent des projets dans les cartons et « dans les bottes des montagnes de questions », elles apportent un supplément d’âme sur les douces collines peignées de vignes. D’un parcours à l’autre, de diverses sensibilités, des hasards et des abnégations qui font les trajectoires, Julie Fouassier, Axelle Grosperrin, Géraldine Landier, Amy Pasquet, Marine Babinot, Thérèse Bertrand, Sabine de Witasse et tant d’autres composent le paysage, participent au succès autant qu’à la beauté du cognac.

Dans un style bienveillant, Monique Fillioux et Annie Ragnaud Sabourin racontent des métiers, des vocations, radiographient au fond une certaine idée de la passion qui s’est greffée le long d’un fleuve. Le cognac sort grandi de cet ouvrage, sourires compris.

Monique Fillioux, Annie Ragnaud Sabourin, Femmes du cognac, de l’ombre à la lumière, La Geste, 173 p., 29,90€.

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Croissance et Communication chez Terra Vitis

A l’approche de ses 25 ans, l’association de viticulture responsable et durable Terra Vitis, a quasiment doublé ses adhérents ces deux dernières années et entend le faire savoir en rappelant ses valeurs et ses engagements.

Terra Vitis s’est décidé à communiquer davantage avant de fêter un quart de siècle d’existence l’an prochain. L’association, née dans le Beaujolais en 1998, entend expliquer plus largement sa démarche de certification en éditant une brochure et en faisant appel aux compétences d’une consultante en communication, Audrey Dupont, de la jeune agence La Terrienne. « On a  installé une démarche reconnue mais certifiante de viticulture responsable et durable, complétée par un soutien technique permanent avant d’aller chercher la notoriété, » reconnaît Christophe Lanson de Beaujolais Rhône Alpes. Le cahier des charges spécifique à chaque région, « notre colonne vertébrale » insiste Didier Vazel de la Loire, ne comprend pas moins de 80 points de contrôle sur les intrants, la conduite du vignoble, la maîtrise de l’eau, de la pollution, la biodiversité… Il est audité pour tous les millésimes avec un contrôle interne et externe, couplé avec HVE pour les adhérents qui le souhaitent (Terra Vitis, organisme privé, peut donner accès à une équivalence HVE2, certification du Ministère de l’Agriculture). Par ailleurs, environ 5% des membres sont certifiés bio ou en conversion.

« Nous tenons à étudier les spécificités locales; c’est la raison pour laquelle nous fonctionnons en fédération, créée en 2001, avec un animateur-technicien par région », précise la présidente Marie-Christine Vandelle. En un quart de siècle, Terra Vitis a consolidé les aspects biodiversité, paysage, gestion de l’eau, des déchets, le protocole de voisinage, la préservation du patrimoine, « Et on se dirige vers la RSE en réfléchissant sur les problématiques d’eau, d’énergie, d’éco-conception, d’achats responsables complète Christophe Lanson. Le bon indicateur finalement, c’est le bilan carbone. Le plus important est d’aider nos adhérents à se poser les bonnes questions afin de mettre en route une machine vertueuse et en partageant les bonnes pratiques et les idées via des fiches techniques avec des témoignages, détaille Richard Royer de la région Champagne. Nous sommes avant tout dans une démarche associative et collective par et pour des vignerons ».

Ces dernières années, Terra Vitis a enregistré une recrudescence des adhérents, 500 en 2016, un millier en 2020 et 1924 en 2022. Elles sont aujourd’hui 7 associations régionales, la Loire a emboîté le pas au Beaujolais, suivi de Rhône-Méditerranée, la plus importante aujourd’hui avec 1200 adhérents à elle seule, la dernière arrivée étant la Bourgogne-Franche Comté en 2019. « Dans la jungle des labels, nous avons besoin de visibilité et d’une crédibilité internationale que devrait nous apporter notre adhésion à la Sustainable Wineries Round Table (SWR), un consortium d’association de viticulture durable que nous avons rejoint l’an dernier » explique Anne-Laure Ferroir, directrice de la Fédération. Et de rappeler qu’au-delà des simples préoccupations environnementales, « il faut aussi soigner les domaines pour les transmettre « viables et résilients ».


Terra Vitis en bref


1924 adhérents dont 1842 viticulteurs et vignerons,61 caves coopératives et 32 négociants7 régions viticoles (Alsace, Beaujolais-Rhône Alpes, Bourgogne Franche-Comté, Bordeaux, Loire, Rhône Méditerranée, Vignoble Champenois)5% du vignoble français, 45 000 hectares de vignes300 millions de bouteilles

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Nouveau chai à Chaintré pour la maison Georges Duboeuf

La famille Duboeuf renoue avec ses origines pour mieux se diriger vers le futur. Si ce sont les Beaujolais qui ont fait sa réputation, le famille Duboeuf a commencé à vinifier dans cette partie de la Bourgogne sud dès le 17e siècle. C’est donc dans son village natal que la maison a réuni ses racines et ses ailes

Modernisation globale au service de la qualité

« Nous souhaitions depuis longtemps moderniser nos vinification et la naissance du nouveau chai de Chaintré n’est pas le seul acte notoire effectué en faveur d’une montée en gamme des vins de la maison Duboeuf. Si les terroirs d’exception qu’elle possède (notamment en Pouilly-Fuissé dont certaines cuvées en premier cru) mérite une vinification des plus précises et adaptées à terme à chaque parcellaire, l’ensemble de la chaîne de production est transformé. Ainsi les vins seront-ils tous certifiés bio dès le millésime 2024. Ce nouveau chai permettra également de concentrer l’ensemble du processus en un seul et même endroit, avec moins de transport de raisins et de moût, réduisant également le nombre de tiers : « nous nous sommes dotés d’un petit chai à Chaintré qui est taillé pour produire des grands vins car on maîtrise tout du raisin à la mise en bouteille » « , souligne Adrien Duboeuf-Lacombe.

Le temple des vins blancs

La vinification des vins blancs ayant leurs spécificités, le chai de Chaintré accueillera les raisins en provenance de Pouilly-Fuissé, Mâcon et de ceux qui composeront les cuvées de Beaujolais Villages, et pourront pleinement exprimer les spécificités de leurs terroirs grâce à une vinification ultra précise. 24 ares de Beaujolais Villages sur la commune de Châne ; presque 4 hectares en Mâcon-Villages, mitoyens avec l’AOP Pouilly-Fuissé ; 5,17 hectares de Pouilly-Fuissé répartis sur les versants est et ouest de Chaintré ; 30 ares de Pouilly-Fuissé 1er cru « Les Chevrières » et enfin 1,5 hectare de Pouilly-Fuissé 1er cru « Clos Reyssier ».

Progression constante

Pour l’heure, et conformément au cahier des charges des premiers crus de l’appellation Pouilly-Fuissé imposant d’embouteiller en juillet de l’année suivant les vendanges, trois cuvées issues du chai sont disponibles. Le Pouilly-Fuissé 2020 Clos Dévoluet Durand « Les Verchères » (26,46 €), le Pouilly-Fuissé 1er cru « Les Chevrières » 2020 (33,39 €) et le Pouilly-Fuissé 1er cru 2020 « Clos Reyssier » (33,39 €).

Lorsque l’ensemble des outils de production auront été testés, éprouvés et approuvés, ainsi que le recul suffisant sur la production de la vigne convertie, l’ensemble des parcellaires sera travaillé séparément, dans la modernité mais la continuité, avec la volonté d’incarner un nouvel équilibre encore plus qualitatif, en passant « de vins plutôt riches, presque crémeux, à des vins moins lourds, plus digestes et qui expriment pleinement leur terroir »,  d’après Adrien Duboeuf-Lacombe.

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Champagne Beaumont des Crayères, ode à la vallée de la Marne

Cette coopérative discrète s’est développée autour d’un territoire circonscrit aux portes d’Epernay. Zoom sur les cuvées fleurs qui représentent le haut de gamme

Lorsque vous descendez de la Montagne de Reims, 2 solutions s’offrent à vous. Soit vous continuez vers Epernay en longeant la côte des blancs, soit vous bifurquez à droite pour entrer dans la vallée de la Marne. Cette sous-région champenoise moins connue que ses voisines n’en est pas moins un territoire passionnant, fort d’une identité singulière. En remontant le cours de la Marne, vous tomberez alors immédiatement sur un premier village, Mardeuil. C’est là que se trouve depuis 1955 la coopérative Beaumont des Crayères. Une structure singulière car ses 240 adhérents sont tous situés dans les alentours proches du village. Cela permet d’obtenir une vraie identité territoriale dans les champagnes produits. Au total, les superficies exploitées sont relativement modestes, à peine 73 hectares. Cela indique donc que les viticulteurs n’ont en moyenne que des parcelles de 20 ares. On parle davantage ici de jardins que de vignobles, certains adhérents ayant d’ailleurs conservé une double activité par impossibilité de pouvoir vivre uniquement du travail de la vigne. Au global, la production s’élève à 450 000 bouteilles par an avec un cépage emblématique de la région, le meunier qui représente 60 % des surfaces. Chardonnay et pinot noir complètent l’encépagement.

Une gamme homogène

Parmi la dizaine de références produites par Beaumont des Crayères, la gamme des fleurs a pour vocation de mettre en avant chacun des cépages clé de la Champagne. 3 des cuvées sont donc des monocépages, toujours millésimées. Fleur blanche met en exergue le chardonnay vieilli 5 an minimum. Une petite partie de l’élevage se fait en demi-muids pour apporter davantage de rondeur au vin. Au nez, les notes crayeuses sont agréables. La bouche est traçante, énergique avec des notes abricotées gourmandes. Cela provient des côteaux argilo sableux de Mardeuil qui produisent des vins amples et accessibles, dont les chardonnays sont souvent marqués par les fruits jaunes. Cela tient aussi à un microclimat spécifique. Les nuages qui remontent la vallée de la Marne bifurquent généralement en amont de Mardeuil vers Reims ou vers Epernay, limitant les quantités de pluie. Fleur noire 2014 rend pour sa part hommage au pinot noir. Un nez de légers fruits rouges avec une pointe grillée. Une belle vinosité et de la profondeur. L’éclat en bouche est plaisant et la sapidité évidente. Fleur de meunier 2014 enfin est un clin d’œil au cépage local de l’étape. Très gourmand au nez avec un côté sphérique, il séduit par ses notes florales. Un champagne rond et souple. On aimerait peut-être un dosage légèrement moins important pour renforcer encore la typicité de ces champagnes.

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Berticot innove face aux aléas climatiques

La cave coopérative de Berticot, sur l’appellation Côte de Duras, a mis en place un vignoble expérimental pour développer des cépages qui résisteraient à la fois aux fortes chaleurs et aux maladies. Trois cuvées sont issues du millésime 2021

Face au réchauffement climatique, la cave coopérative de Berticot, installée sur l’appellation Côte de Duras essentiellement dans le Lot-et-Garonne, a choisi de s’adapter. En 2016, la cave, qui rassemble une centaine de vignerons, a constitué un vignoble expérimental de 4 hectares dans l’objectif de développer des cépages résistants aux fortes chaleurs et aux maladies. Des variétés étrangères à la région ont été plantées. En 2019 et 2020, une cuvée a pu voir le jour. Puis en 2021, trois vins, deux rouges et un blanc, ont pu être élaborés. « Au fur et à mesure, on affine. L’aspect météorologique joue également », explique Chloé Maixandeau, responsable marketing et communication de Terre de Vignerons, union de dix caves, dont celle de Berticot. « À toute Berzingue » désigne la gamme issue du vignoble expérimental de la cave de Berticot.

Le premier rouge est un 100 % vidoc, un cépage suisse. « Il résiste beaucoup au mildiou et à l’oïdium, deux maladies de la vigne », précise Chloé Maixandeau. Le second est un assemblage de marselan, d’arinarnoa, de cabernet sauvignon et de cabernet franc. « Le marselan résiste bien aux maladies comme à la chaleur. Quant à l’arinarnoa, un cépage basque, il est sensible à la chaleur mais il apporte de la structure. Cela est intéressant pour les assemblages ». Enfin, le blanc est un assemblage de floréal, qui a besoin de peu de traitements, et d’arriloba. Toutes ces cuvées sont produites sous l’appellation IGP Atlantique. Pour le millésime 2021, le chai expérimental est parvenu à produire 20 000 bouteilles, les trois cuvées confondues.

Forts de l’expérience des premières années, les vignerons de Berticot ont lancé un plan d’encépagement sur l’ensemble des domaines qui regroupent 1 100 hectares de vignes. « En 2023, nous voudrions que ces nouveaux cépages représentent entre 250 et 300 hectares ».


Terre de vins aime :

La coopérative de Berticot (ou « les vignerons déjantés de Berticot » comme ils se désignent eux-mêmes), située dans le Lot-et-Garonne, a mis en place depuis 2016 un vignoble expérimental destiné à être un « observatoire à ciel ouvert » face aux effets du dérèglement climatique, s’inscrivant dans une démarche de respect de l’environnement. Ainsi sont apparues de nouvelles cuvées combinant des cépages d’autres régions ou de nouveaux cépages résistants aux maladies.

Elles sont réunies sous la bannière « À toute berzingue » en IGP Atlantique, dont voici un aperçu : un assemblage de cabernet sauvignon, d’arinarnoa et de marselan se présentant sous un registre croquant, petit fruit rouge épicé, facile à boire et décontracté, à boire par exemple sur des manchons de poulet marinés aux épices. Le blanc est un 100 % vidoc, variété résistante, présentant un agréable bouquet de fruit noir corsé, un profil dense et structuré, porté par une bonne arête acide. Avec un foie de veau déglacé au balsamique. Prix indicatif de ces cuvées : 6,20 euros.

Dégustation par Mathieu Doumenge

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[Armagnac] Jérôme Delord : « un président, c’est un capitaine »

Jérôme Delord vient d’être désigné Président du Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) pour un mandat de trois ans. À l’heure de prendre ses nouvelles responsabilités, le producteur-négociant nous donne les grands caps de sa présidence qu’il définit comme « un capitanat ».

Vous succédez à Patrick Farbos à la présidence de l’interprofession. Quel état des lieux dressez-vous sur la situation de l’armagnac, et quels grands caps souhaitez-vous donner à votre mandat ?
Cela fait plus de vingt ans que je suis en Armagnac, et j’ai rapidement intégré les rouages de l’interprofession. J’ai donc pu voir les choses évoluer de l’intérieur depuis plusieurs années… Le monde a changé, et l’armagnac avec lui. L’armagnac est plus présent, plus dynamique, plus jeune, plus tendance, en conformité avec la formidable évolution de l’univers des spiritueux. Il y a vingt ans, on nous regardait de haut, aujourd’hui l’armagnac est parfaitement dans le tempo de ce renouveau mondial des spiritueux. J’ai la chance de prendre la présidence de l’interprofession sur ce temps fort… Mon job va être de continuer à accompagner ce renouveau, de fédérer, de faire avancer tout le monde ensemble, être un vrai capitaine.

L’armagnac se trouve à une croisée des chemins, entre une modernisation déjà entamée et une image à faire perdurer, celle d’un alcool historique, authentique, ancré…
C’est ce grand écart que nous devons continuer de réussir. L’armagnac doit revenir au niveau qui est le sien, dans l’imaginaire des consommateurs, et dans le cœur de tous les Gascons. Comme vous le dites, c’est un produit empreint de fierté, d’Histoire, d’authenticité. Mais il y aussi beaucoup de sang neuf, de nouveaux entrants qui bousculent les codes par le style de leurs eaux-de-vie, leurs packagings, par une volonté de toucher l’univers de la mixologie mais aussi de jeunes consommateurs. L’armagnac, c’est « à chacun son style », on peut avoir des eaux-de-vie vieillies pendant des décennies, taillées pour des moments de consommation plutôt traditionnels, mais aussi des eaux-de-vie sur la jeunesse, la vivacité, le fruit. Cette diversité est une force.

Vous évoquez les « nouveaux entrants »… est-ce que le renouvellement des générations est un axe prioritaire de votre mission de président ?
L’une des prérogatives de l’interprofession – et donc de son président – est en effet de donner envie aux nouvelles générations de reprendre le flambeau des propriétés, de continuer à faire vivre le territoire. On voit de jeunes vignerons qui sont fiers de défendre l’armagnac, de perpétuer une histoire familiale et de la réinventer quelquefois, de faire bouger les lignes ; mais on a aussi des opérateurs qui s’installent dans la région, parfois venus de loin, car ils croient au potentiel de ce produit. On voit aussi de plus en plus de producteurs de Côtes de Gascogne qui remettent de l’armagnac dans leur gamme… Plus nous serons nombreux, plus nous serons divers, et plus nous seront forts.

Quels sont les territoires de conquête de l’armagnac pour les années à venir ?
C’est une question très large. Il y a autant de territoires à conquérir que de profils d’entreprises, entre un vigneron qui vend son armagnac sur les marchés locaux et un opérateur qui va vouloir développer l’export. L’export, justement, et sans doute un de nos axes de progrès. On doit le développer, tout en consolidant notre marché national, notre présence auprès des bartenders, des sommeliers… Comme je l’ai annoncé lors de mon discours inaugural, l’objectif est que dans cinq ans, les ventes de bouteilles d’armagnac soient multipliées par deux. Cela équivaut à environ 7 millions de bouteilles, ce qui est un objectif tout à fait réalisable. Pour y parvenir, tout le monde doit aller dans le même sens : le viticulteur, le distillateur, le négociant… J’y crois fermement car le renouveau est déjà lancé, tout le monde « sent » qu’il se passe quelque chose ici. À nous de le confirmer.

Le spiritourisme, en s’appuyant notamment sur les atouts du territoire gascon, fait-il partie de vos autres axes de développement ?
Dans le cadre du plan « Armagnac 2030 » qui a été récemment dévoilé, le spiritourisme fait en effet partie des points de progrès qui ont été identifiés. Notre territoire a d’énormes atouts à faire valoir pour attirer les visiteurs, et nous pouvons y arriver avec le soutient des offices de tourisme. Mais pour faire venir le public jusqu’à nous, nous devons aussi porter la bonne parole hors de nos frontières. Tous les acteurs économiques du territoire doivent être des ambassadeurs de l’armagnac et contribuer à faire rayonner ce produit.

Quelles sont les premières grandes échéances de votre mandat ?
La première grande échéance sera l’inauguration de la nouvelle maison du vignoble Gascogne-Armagnac à Eauze, qui aura lieu le 9 novembre et sera présidée par mon prédécesseur Patrick Farbos, qui a porté ce beau projet. En tant que président, ma première intervention se fera le 25 novembre, dans le cadre de la dégustation du concours des armagnacs, qui est toujours un temps fort. Ensuite viendront d’autres moments importants au contact des professionnels, comme Wine Paris & Vinexpo Paris. Je tiens d’ailleurs à saluer l’excellent travail qui est fait par notre directeur Olivier Goujon et par Maeva Vidonne à la communication et la promotion. L’armagnac, c’est un collectif, c’est aussi une continuité que j’entends préserver, tout en m’efforçant de garder un œil neuf. Nous avons plein de choses à accomplir, une somme de détails à conquérir : comme pour un champion olympique, on ne peut décrocher un titre qu’en améliorant chaque détail. Nous pouvons le faire, pour continuer de progresser et gagner la partie.

Retrouvez notre reportage « Sang neuf en Armagnac » et notre sélection de pépites dans notre hors-série Spiritueux, à paraître le 16 novembre dans les kiosques.
https://kiosque.terredevins.com/

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[Châteauneuf-du-pape] Domaine André Brunel, l’élégance sudiste par la fraîcheur

Ce domaine très ancien de Châteauneuf-du-pape poursuit inlassablement depuis des décennies, sans tambour ni trompette, une certaine idée des vins de la région. Un maître-mot, la subtilité, qui se transmet de génération en génération. Pour le plus grand plaisir de nos papilles

Fabrice Brunel, ingénieur de formation, est revenu sur le domaine familial il y a une dizaine d’années. Et alors que certains auraient tendance à vouloir imprimer leur patte en traçant une nouvelle voie, lui s’est inscrit dans la droite ligne de ce qui fait l’âme de ce domaine ancré à Châteauneuf-du-pape depuis plus de 200 ans. « Comme mon père, je ne souhaite pas proposer des vins qui nécessitent d’être décantés 5 heures avant d’être bus. Je souhaite que mes vins, tout en offrant un grand potentiel de garde, puisse plaire pour le fruité qui aura été préservé et l’élégance de leur matière. Nous ne cherchons jamais trop de puissance et donc nous récoltons nos raisins assez tôt. De même, nous utilisons en cave peu de barriques », explique-t-il. La gamme du domaine est très simple à comprendre puisqu’elle s’articule essentiellement autour de la cuvée des Cailloux, vin d’assemblage qui permet d’exprimer au mieux la magie des différents terroirs de l’appellation. Sur les 20 ha de vignes du domaine, on trouve ainsi des argiles, des galets roulés et même 1 hectare de sable. Au total, une dizaine de parcelles d’environ 2 hectare. De quoi mettre en avant des identités spécifiques lors de vinifications séparées. Le domaine s’est d’ailleurs récemment doté d’une nouvelle cuverie pour pouvoir disposer de davantage de cuves afin de pousser plus loin cette approche parcellaire initiale. Mais c’est bien un vin d’assemblage qui est produit.

Des Cailloux et des vignes Centenaires

En 1889, après la crise du phylloxera, l’arrière-grand-père de Fabrice avait planté une parcelle de grenache sur les hauteurs de l’appellation à un endroit bien venteux posé sur une veine d’argiles bleues. C’est cela qui va protéger ces vignes des maladies et va leur permettre de vivre encore aujourd’hui. Et quel âge ! Elles ont officiellement battu cette année Jeanne Calment avec donc 123 ans au compteur. « en dépit de ce qu’on pourrait imaginer, ce sont nos vignes les plus productives » s’enthousiasme Fabrice. Et d’ajouter « mon père a souhaité vinifier cette parcelle à part en 1989 pour en faire une cuvée spéciale« . Ainsi naissait la cuvée haut-de-gamme Les Centenaires, la même année que « Hommage à Jacques Perrin » chez Beaucastel ou « La cuvée du Papet » au Clos du Mont-Olivet. Depuis cette date, le principe est simple. Cette parcelle est toujours vinifiée séparément comme les autres parcelles du domaine. Si la qualité est exceptionnelle, elle est embouteillée séparément, sinon elle intègre l’assemblage des Cailloux. Une cuvée qui n’a donc été produite que 15 fois depuis 1989. À la dégustation, ces 2 cuvées s’avèrent particulièrement touchante et démontrent leur capacité à vieillir en pleine forme.

Entre 2000 et 2020, toute la vendange était éraflée car l’objectif était de conserver un maximum de fruit mais les choses pourraient légèrement changer à l’avenir. Quoiqu’il en soit, les Cailloux 2016 présentent aujourd’hui un style très fin, épuré et sont dotés d’une bouche tout en délicatesse. Des tanins au soyeux exemplaire qui restent très haut sur le palais. Les Cailloux 2010 s’avère pour sa part légèrement plus mûr mais porté par un très bel éclat de matière et un côté plus charnu en bouche. Sur 2006, une note ferreuse accompagne une aromatique plus évoluée mais qui laisse encore s’exprimer de très beaux fruits noirs. Sur le même millésime, Les Centenaires offrent un surcroît de densité et de volume mais un superbe équilibre sur la fraîcheur où les notes d’orange confite priment. En remontant le temps, les Centenaires montrent leur grande capacité de garde. Le 1998 est vibrant, porté par de très beaux amers et truffe légèrement. Mais c’est le 1989 qui est le juge de paix. Un vin tout bonnement exceptionnel, qui rappellerait presque un grand Bourgogne rouge avec une profondeur de fruit impressionnante. Quelle fraîcheur accompagnant une densité de matière magnifique. A noter que le domaine produit aussi un excellent Châteauneuf du pape blanc et des Côtes du Rhône.

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[Cognac] Des amateurs devenus fins connaisseurs

En douze ans, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) a formé 80 experts de 21 pays. La dernière promotion du programme Cognac Educator compte 5 diplômés.

En décembre 2010, il y a bientôt douze ans, le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) lançait le programme Cognac Educator : une session annuelle de formation à Cognac réservée à une dizaine de sommeliers, barmen, cavistes, professeurs d’écoles hôtelières ou critiques gastronomiques. Ces « écoliers » de quelques jours sont sélectionnés sur dossier et viennent du monde entier.

En 2020 et 2021, le Covid a freiné la belle dynamique : les sessions se déroulèrent en visioconférence ; les dégustations et les cours furent moins vivants. Aussi, c’est avec grand bonheur que David Boileau, ambassadeur du cognac, et les équipes du BNIC ont reçu cinq candidats en Charente cette fin octobre 2022. Anna Tam’s arrivait de Hong Kong, Hannah Lanfear de Grande-Bretagne, Shawn Soole du Canada, Erhard-Friedrich Ruthner d’Autriche et Thibaud Cristini de France.

Au programme : quatre jours en immersion au pays du cognac, avec visites chez des viticulteurs, distillateurs, tonneliers et négociants ; ateliers et classes de maître ; initiation à l’art du cocktail. Un examen écrit (un questionnaire à choix multiples de 50 questions pas évidentes) puis un grand oral d’une quarantaine de minutes devant un jury de professionnels venaient clore et valider la formation.

« Pas si facile »

« Croyez-moi, cela n’est pas si facile ! Mais si l’on est travailleur et attentif, si l’on aime vraiment le cognac et sa région, décrocher le diplôme ne pose pas de problème », témoigne Peng Wang, 43 ans. Cet expert en vins et spiritueux à Hong Kong avait suivi le programme Cognac Educator en 2015, où son aisance, son assiduité et son amour de la France avaient impressionné le jury. Depuis, il est régulièrement invité à Cognac, où il épaule et « chaperonne » les participants.

« Mon parcours n’est pas linéaire. J’ai appris la littérature russe et les relations internationales dans mon pays puis j’ai été étudiant à Sciences Po Paris. Je pensais faire carrière dans la diplomatie. La découverte des merveilles de la viticulture française a changé ma vie. Elle lui a donné une autre orientation », raconte Peng, que tout le monde ici, à Cognac, surnomme Paul. « La dégustation d’une eau-de-vie d’exception ne vaut que par l’émotion qu’elle procure. C’est au-delà des mots. Un très bon cognac fige le temps, le sublime en un souvenir inoubliable », dit-il.

Depuis sa création, le programme Cognac Educator a « labellisé » 80 experts de 21 pays. Ils sont devenus « prescripteurs » et s’engagent à diffuser et promouvoir la culture et la connaissance du cognac chez eux, lors de conférences ou dans des salons. Ces amateurs devenus fins connaisseurs ont organisé plus de 1 500 classes de maître, sensibilisant à leur tour 60 000 consommateurs et relais d’opinion.

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