L’IA pour réinventer Bordeaux ?

Mais quelle mouche a piqué la Maison Bouey, maison de négoce familiale et indépendante, pour aller demander « conseil » à l’intelligence artificielle pour lui designer une ligne de produits de A à Z ? Nous avons demandé à son responsable marketing et communication Frédéric Louis-Maugeais de nous parler de ce projet avant son lancement officiel à Wine Paris (12-14 février). 

Parlez-moi de la Maison Bouey ?
C’est une maison de négoce basée à Ambarès qui appartient à la famille Bouey depuis plus d’une cinquantaine d’années. La Maison Bouey possède sept châteaux dans le Médoc et une partie négoce traditionnelle avec une répartition presque équitable entre l’export et le marché français avec une forte présence en grande distribution.

Comment est née l’idée de confier le design de votre gamme French Portraits à l’IA ?
La crise de la grande distribution et le recul global des ventes, nous a enjoint à nous renouveler, à susciter l’intérêt à travers un concept novateur. Il y a quelques années, nous avons développé une marque qui s’appelle French Portraits sur laquelle Jacques Bouey, qui a récemment repris les rênes de la maison, a souhaité s’appuyer pour ce concept. Jacques et l’équipe étaient d’autant plus partants que les jus de cette gamme de quatre vins nous paraissaient cette année, tout particulièrement, d’une qualité exceptionnelle, que ce soit pour le 100% chardonnay, le 100% pinot noir, le 100% sauvignon ou encore le 100% cabernet sauvignon (*). Deux vins sont en IGP OC et deux autres se déclinent en vin de France. A noter qu’historiquement la Maison Bouey distribue 95% de vins de bordeaux et du sud-ouest. 

Frédéric Louis-Maugeais

Vous avez fait appel à l’IA dans quel domaine ?
Pour apporter de la valeur ajoutée aux produits il nous a semblé intéressant de solliciter l’IA sur l’ensemble du processus marketing et commercial, depuis la création de l’étiquette, la rédaction de la fiche produit, aux arguments de ventes. On a alimenté l’IA avec le style des vins, la tranche de prix et leur perception organoleptique. Il y a eu de nombreux aller-retours avec l’IA pour dégrossir les propositions. De là est née l’idée de personnifier les cépages et de représenter les consommateurs, de façon humoristique, par des chiens. On a été assez bluffés par la rapidité et la qualité des réponses de l’IA même si au final nous avons beaucoup alimenté l’IA pour arriver à ce résultat.

Vous souhaitez reconduire l’expérience ?
Ce n’est pas forcément quelque chose que nous allons reproduire. Ici il nous intéressait de faire un test grandeur nature, conduit de A à Z. J’ajoute que les premiers retours clients sont excellents et nous enregistrons nos premières commandes. Nous l’avons surtout pensé comme un outil pour briefer le plus précisément possible nos agences. 

Les agences, les graphistes n’ont pas de soucis à se faire ? 
Non, nous continuerons à les solliciter. Je précise qu’à ce jour cette opération sert surtout un storytelling destiné aux pros. Nous ne le destinons pas forcément au consommateur final, nous craignons que le message soit un peu confusant. 

(*) 600 000 cols

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La montée vers les sommets du Cahors Haute-Serre

Après avoir restructuré le vignoble, Bertrand-Gabriel Vigouroux fait monter en gamme ses vins en particulier au château de Haute-Serre.

« Cahors doit maintenant s’imposer comme LA référence en matière de vins, affirme Bertrand-Gabriel Vigouroux, 4eme génération de producteur-négociant, propriétaire des châteaux de Haute-Serre, Mercuès, Leret-Monpezat dans le Lot et Tournelles à Buzet. Nos malbecs sont de véritables marathoniens qui n’ont cessé de progresser en qualité, preuve en est leur référencement en hausse continue sur google trends : la recherche malbec a même dépassé celle du merlot ». Certes le cépage est un peu capricieux, ce qui lui a valu d’être abandonné un certain temps mais il est résistant au stress hydrique, ce qui devient un atout. La moyenne de production à Cahors avoisine actuellement les 32 hl/ha pour une récolte autour des 100 000 hl (elle s’élevait à 250 000 hl dans les années 90). « Nous perdons peu à peu les volumes du Carte Noire mais ils ne sont pas remplacés suffisamment par des vins plus qualitatifs. Il faut davantage revendiquer ce que le malbec est à Cahors comme le pinot noir à la Bourgogne et l’inscrire dans l’univers des vins fins. Nous avons la chance d’avoir un cépage emblématique de notoriété internationale, qui est leader aux Etats-Unis, au Brésil, au Canada, en Grande-Bretagne où les Argentins ont installé sa notoriété. Reste à prouver que le malbec est aussi de Cahors et qu’il en est même originaire. Il ne manque que la création de valeur qui permettrait de nourrir tous les acteurs du métier et aussi d’apaiser les tensions entre la viticulture et le commerce. Comme au rugby, on a besoin de tout le monde pour gagner ».

Malbec d’abord
Bertrand Gabriel s’est donc lancé dans la restructuration de ses vignobles en changeant les orientations afin d’éviter l’échaudage ou de mieux résister au réchauffement climatique, en replantant à forte densité (à plus de 6600 pieds/ha) sans effeuillage pour jouer sur les ombres portées et faire chuter les rendements par pied. « Avec ce système, on peut faire baisser de 10 à 12° la température au sol. Aujourd’hui, le sujet de la densité de plantation devient primordial comme celui de l’accès à l’eau; il faut s’interroger sur le stockage des eaux de ruissellement car nous ne bénéficions plus des petites pluies d’été si bénéfiques à la vigne et remplacées ces dernières années par de gros orages qui ravinent les sols et vont directement dans le Lot. Autant essayer d’en profiter avant que l’eau n’arrive à la mer en moins de 48 h ». Le vigneron-négociant a également misé sur une viticulture de précision avec des investissements dans la cartographie des parcelles, la réception des vendanges, les petites cuveries pour une vinification de plus en plus parcellaire. Cap prioritaire donné au malbec – « on doit rester sur notre couleur phare, même si on a planté un peu de chardonnay à Haute-Serre et de viognier à Mercuès ». 

Chai pour Haute-Serre, château pour Mercuès
Après le grand chantier du vignoble suivra la rénovation du chai de Haute-Serre. Au fil des expériences menées depuis cinq ans entre inox et béton, il semblerait que l’option inox l’emporte, en tronconique inversé et thermorégulé « qui apporte une précision millimétrée et une forte réactivité. Et comme pour un parcours d’excellence, c’est la régularité qui compte, nous ne travaillons pas en levures indigènes car avec 50 hectares, on ne peut pas se permettre de prendre des risques. J’estime que c’est le raisin avant tout qui fait le vin et je n’ai pas d’autre religion que le matériel végétal. En revanche, nous essayons de réduire a minima les doses de sulfites. ». 

Pas de changement pour l’instant sur le vignoble de Mercuès, juste des essais de clones et un choix de porte-greffes en fonction de la destination du vin, haut de gamme ou à volumes. Par ailleurs, des oliviers ont été plantés sur des parcelles de vignes moins qualitatives et 1,5 M€ ont été investis dans la restauration de la forteresse médiévale du XIIIe siècle. L’ancienne résidence d’été des comtes-évêques de Cahors abrite un Relais & Châteaux qui surplombe, majestueux, la vallée du Lot, et un restaurant gastronomique.

Terre de Vins a dégusté :

Cahors Château de Haute-Serre Icône 2022 (HVE)
Un 100% malbec élevé à 20-30 % en amphore, le reste en barriques de 400 l. (à 50 % neuves) pendant 18 mois avec quelques remontages pour arrondir les tanins du malbec. Un mariage très harmonieux de concentration et de finesse sur une trame ample, des arômes de fruits noirs, graphite sur une touche de cacao et des tanins particulièrement soyeux (Disponible en septembre – 125 €)

IGP Côtes-du-Lot Prunelard 127 Opuscule de Haute-Serre 2020 (HVE)
Issu de la parcelle 127 à partir du prunelard, ce cépage oublié, « père » du malbec dont un demi-hectare a été replanté à Haute-Serre en 2016. Ce premier millésime est fermenté en cuve, élevé en barriques de 225 l. 12-18 mois avant le même temps de repos en bouteille. Racé, ample, délicatement épicé sur des arômes de fruits noirs et pruneaux, graphite. Une puissance enrobée dans des tanins d’une grande finesse (40€)

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[Coup de cœur] Côt Vieilles Vignes 2022 du domaine La Grange Tiphaine

Difficile d’évoquer la Touraine sans évoquer l’excellent travail de Damien Lecheneau (efficacement aidé pour tout le travail administratif par sa femme Coralie rencontrée à Bordeaux lors de leur DNO) au domaine La Grange Tiphaine. 

Depuis 2002, il s’est évertué à remettre en ordre de marche ce domaine, lui insufflant une approche plus respectueuse de la nature et laissant cette dernière s’exprimer au mieux. Certifiés en biodynamie, les vins sont d’un très bon niveau qualitatif, qu’il s’agisse de ceux de Montlouis-sur-Loire ou, comme sur cette cuvée, de Touraine-Amboise. Sur cette appellation originale, seul le côt (le nom local du malbec) a droit de cité. Le sol très particulier d’argiles rouges à silex (sur une profonde roche mère calcaire) lui offre des conditions particulièrement adaptées. Il en ressort des vins à l’identité affirmée qui charme les amateurs. Ici, le vin a un fond tout à fait unique auquel l’âge de ces vieilles vignes n’est pas étranger. 120 ans ! Les « Jeanne Calment » locales en somme. La vendange éraflée fermente grâce aux levures indigènes dans des cuves en béton sans intervention. Laisser le vin naître sans le brusquer pour qu’il raconte sa belle histoire. Celle-ci est poétique dès le nez où les fruits noirs offrent leur gourmandise avec une très grande netteté. Derrière sa robe luisante se cache une matière tout à la fois pleine et déliée, présente et juteuse. La masse tannique joue le rôle d’une colonne vertébrale portant élégamment le vin. Celui-ci reste frais et net et s’étire ensuite de manière énergique. Un très bon candidat pour un onctueux bœuf bourguignon.

La Grange Tiphaine
Côt Vieilles Vignes 2022 – 30€

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Les dernières évolutions de Terra Vitis

Chaque année, le cahier des charges de la certification environnementale Terra Vitis inclut de nouvelles exigences. À l’ordre du jour en 2024, la santé et la sécurité au travail et un plan d’actions pour faire progresser l’éco-conception.

« Nous essayons d’être dans une dynamique de progrès et de prendre toujours de la hauteur pour faire évoluer notre référentiel, coller au terrain en identifiant les difficultés et les enjeux de la filière, les attentes des consommateurs » explique Anne-Laure Ferroir, directrice de l’association Terra Vitis en charge de la certification des domaines viticoles en matière de développement durable. C’est la raison pour laquelle de nouvelles exigences font leur entrée chaque année dans le cahier des charges. En 2023, Terra Vitis s’est surtout attaché à renforcer ses trois piliers : l’engagement environnemental, la responsabilité sociétale et la durabilité économique. « Nous avons beaucoup réfléchi ensemble sur des sujets tels que la protection des ressources en eau, les économies d’eau, d’électricité, de carburant, la neutralité carbone, l’ancrage territorial, la biodiversité, la pérennité et la transmission des exploitations, détaille la présidente de Terra Vitis Marie-Colette Vandelle. Pour chaque thématique, les adhérents indiquent et prouvent leur niveau d’avancement ». Ainsi, trois relevés deviennent, cette année, obligatoires : l’eau, l’électricité, le carburant. L’objectif est d’inciter chacun à compiler les données pour établir un plan d’actions afin de réduire sa consommation et ses émissions de gaz à effet de serre, l’utilisation de matières sèches, d’inciter à utiliser des énergies renouvelables, à récupérer les eaux de pluie, à réaliser un bilan carbone. Cela permettra également à Terra Vitis de récolter les bonnes pratiques et de les diffuser, notamment dans le cadre de webinaires.

Une sécurité renforcée au travail
En 2024, la feuille de route est orientée sur la santé et la sécurité au travail afin d’afficher les meilleures conditions possibles à la vigne et au chai, « à la fois pour fidéliser les salariés mais aussi pour aider à recruter., souligne Anne-Laure Ferroir. Terra Vitis a demandé à ses adhérents [1924 à date] de renforcer les exigences autour du risque CO2. Il y a des accidents chaque année, nous insistons donc sur la mise en place de dispositifs de prévention, de détection et de secours (appareils respiratoires à disposition, matériel, baudrier, ventilation du chai, détecteurs portables de CO2). Nous allons communiquer à nouveau sur les règles et sensibiliser nos adhérents. Nous avons par ailleurs commencé à évaluer et enregistrer les jours d’interruption du temps de travail pour maladies ou accidents afin d’avoir suivi au sein des exploitations ». Car même la MSA, la sécurité sociale agricole, a peu de données sur le sujet puisqu’il n’y a pas de chiffres spécifiques viti, juste des données pour l’agriculture au global. Terra Vitis a instauré des formations obligatoires sur la sécurité et la santé, mis à jour une liste des précautions à prendre et des équipements individuels en bon état à mettre à disposition (gants, bottes, lunettes…). « Il s’agit d’introduire progressivement des exigences supplémentaires pour une évolution des pratiques en douceur, précise Anne-Laure Ferroir. Deux exigences d’ores et déjà obligatoires : les mesures anti CO2 et la comptabilité des jours d’interruption ». 

Terra Vitis ©F. Hermine

Pousser l’éco-conception
Le prochain axe majeur d’évolution concerne l’éco-conception portant principalement sur l’allégement des bouteilles avec un objectif à 420 g à l’horizon 2026 (le poids moyen d’une bouteille est de 550 g pour un vin tranquille, plutôt 500 g chez Terra Vitis). « Dans le cadre des accords avec le consortium de viticulture durable SWR, nous avons défini cet objectif commun pour les bouteilles avec un état des lieux à réaliser tous les six mois en tenant compte des spécificités locales, car nous sommes conscients que les vignerons peuvent rencontrer des difficultés techniques ou politiques comme avec des bouteilles syndicales (la flûte en Alsace, la bouteille gravée à Châteauneuf-du-Pape…) ». Des réflexions sont également engagées sur la consigne de proximité, l’organisation des palettes pour diminuer les rotations des camions de transport. En 2023 a été éditée la liste des bonnes pratiques.

Terra Vitis entend également communiquer davantage. L’organisme s’’est déjà doté d’un logo, d’un site internet, de comptes sur les réseaux sociaux, et bientôt d’un mini-film de présentation de 45 secondes à diffuser chez les cavistes, dans le cadre de formations chez Nicolas, La Vignery, bientôt Repaire de Bacchus et VandB « et pourquoi pas à terme le proposer à certains acheteurs de la GD intéressés par le sujet comme dans les enseignes Match et Carrefour avec lesquelles nous sommes déjà en contact ». « Notre priorité a d’abord été de nous concentrer sur la formation des acteurs de la filière, reconnaît Marie-Colette Vandelle. Nous sommes passés à l’échelon supérieur avec le recrutement d’un directeur en 2019 et un travail plus fédéral pour coordonner les actions que chacun faisait auparavant dans son coin. Nous avons d’abord travaillé sur les aspects techniques, réglementaires, sociétaux et aujourd’hui, nous voudrions nous tourner également vers les consommateurs ».

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Blaye-Côtes de Bordeaux, terre de pépites

En amont de l’opération Blaye au comptoir Bordeaux, lors de laquelle les vignerons de l’appellation viendront à la rencontre du public dans treize établissements de bouche bordelais ces jeudi 8 et vendredi 9 février, la coopérative Tutiac et le groupement Vignoble Gabriel & Co ont allié leurs forces pour faire découvrir à la presse une sélection de vins de l’appellation au Bistro Vignerons de Tutiac, à Bordeaux. Nous y étions et avons déniché en rouge et blanc quatre jolis flacons en AOC Blaye Côtes de Bordeaux.

« Avec ses 6000 hectares et 350 vignerons, Blaye est l’une des plus grandes appellations bordelaises. Elle offre une grande diversité de vins pour tous les goûts, aussi accessibles en prix qu’en dégustation. » Karine Cailleaux-Breton, directrice de l’AOC Blaye Côtes de bordeaux

EN BLANC

ORIGINES, Font Renard blanc 2018 (les vignerons de Tutiac)
13,50 € la bouteille sur eboutique-tutiac.com

Au sein de la gamme de cuvées parcellaires ORIGINES, ce monocépage sauvignon blanc né sur un terroir argilo-calcaire joue la carte de la tension et la fraîcheur. Après une aromatique sur les notes d’agrumes et les fruits exotiques, ce vin se dévoile fringant en bouche, porté par une trame fruitée rehaussée de quelques notes légèrement beurrées et d’un joli gras amenés par un élevage sur lies d’une durée de huit mois. Un bel équilibre, à apprécier dans les cinq ans, par exemple en apéritif, ou avec des mets de la mer notamment (huîtres, poissons blancs…). 

TOUT de Tutiac, Adichats blanc 2021  (Les vignerons de Tutiac)
9,95 € la bouteille sur eboutique-tutiac.com

Une autre expression du sauvignon blanc bordelais. Né de rendements faibles, de vinifications douces et d’élevages longs et soignés, ce monocépage offre une appréciable complexité, tant au nez qu’en bouche. Outre les arômes citronnés et de buis typiques du sauvignon, le nez est enrichi de subtiles notes grillées héritées de l’élevage en barriques neuves de chêne français (225L) aux chauffes moyennes, créées par des tonneliers bourguignons et bordelais. La bouche affiche une belle matière, avec du volume, du gras, de la puissance et de la persistance, sous-tendue par les notes citronnées et le boisé fondu déjà perceptible au nez. Un vin de gastronomie, à savourer par exemple avec des huîtres, des asperges du Blayais, des poissons, des noix de saint-Jacques ou encore des viandes blanches, notamment en sauce. 

EN ROUGE

L’Ironda 2022 (Les vignerons de Tutiac)
9 € la bouteille sur eboutique-tutiac.com

Un très joli monocépage merlot tout en fruit et en gourmandise, avec ses plaisants arômes croquants de petits fruits rouges et noirs mûrs (myrtille, cerise) et sa pointe d’épices. Simple et accessible avec sa grande souplesse, il n’en est pas pour autant simpliste, et se déploie sur une trame fine et élégante de jolie longueur, ponctuée par une finale sur les épices. Une bouteille polyvalente et conviviale qui fera le bonheur de moments entre amis, par exemple d’apéritifs dînatoires ou de dîners, aux côtés d’une viande rouge grillée ou d’une bûche de chèvre cendré. Et pour ne rien gâcher, ce vin est bio et garanti zéro résidu de pesticides.

Du Raisin C’est Tout 2022 (Château Les Garelles, Vignobles Gabriel & Co)
14,65 € la bouteille chez les cavistes

Un bel exemple de vin méthode nature réussi, de jolie buvabilité et convivial. Créé par Adrien et Thomas Novoa au château Les Garelles, propriété acquise en 1997 par leur père à Saint-Christoly-de-Blaye, cet assemblage dominé par le merlot, adjoint de malbec et carménère, est travaillé « de la façon la plus naturelle possible ». Après des vendanges manuelles, la vinification est menée avec des levures spontanées et sans aucun intrant ni sulfite ajouté, et complétée par un élevage en cuves inox pour préserver le fruit et la fraîcheur. A la clé, un nectar dans lequel le croquant et le juteux ont la part belle, aux arômes acidulés de cerise et de fleurs, et à la bouche veloutée aux tanins souples, se déployant sur des notes de fruits rouges. Un vin « glouglou » qui fera la joie des apéros dînatoires entre copains, par exemple avec des crudités, des cakes, un houmous ou un caviar d’aubergines.

Le 93ème magazine de Terre de vins met en lumière, à travers un numéro entièrement dédié, un savoir-faire français : le mouvement coopératif. Vous n’êtes pas encore abonné à l’univers Terre de vins ? Retrouvez nos formules à partir de 4€ / mois juste ici https://lnkd.in/g64z2iNV

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[Nouveau numéro] Terre de vins spécial coopératives : une exception française

Le 93ème opus de Terre de vins arrive en kiosque ce mercredi et met en lumière, à travers un numéro entièrement dédié, un savoir-faire français : le mouvement coopératif.  

Véritable exception française, la coopération occupe une place prépondérante au cœur de la filière viticole, trop souvent mésestimée. En effet, 58 % des viticulteurs de l’Hexagone sont des coopérateurs, une donnée qui représente plus de 45 000 exploitations viticoles réunies à travers 570 coopératives et unions pour une production annuelle supérieure à 16 millions d’hectolitres. Il était donc grand temps d’ouvrir pleinement nos colonnes aux coopératives ! C’est désormais chose faite avec ce numéro de février au sein duquel vous retrouverez cinquante coopératives françaises issus des différents vignobles nationaux, symbole de l’ampleur et du rayonnement d’un mouvement coopératif qui a fait son apparition dans le monde viticole à la toute fin du XIXème siècle. Un dossier historique remonte justement aux sources du mouvement et retrace son évolution pour mieux comprendre ce qu’il est aujourd’hui.

Une histoire en trois chapitres
Une fois ce voyage dans le temps effectué, nous vous proposons, en trois grands chapitres, d’ouvrir les portes de ces exploitations viticoles pas comme les autres. Le premier, consacré aux valeurs de ces coopératives, est une ode à ce qui fait la force de ce mouvement : solidarité, entraide et collectif. Ces termes, souvent galvaudés, constituent ici un véritable socle pour l’ensemble des coopérateurs, une base commune ayant permis à ces derniers d’entrer dans l’ère de l’innovation, thématique de notre deuxième chapitre. Car oui, coopération rime désormais avec innovation puisqu’aujourd’hui, l’enjeu n’est plus seulement d’écouler des volumes de vin standard, surtout en vrac, mais bel et bien de produire des vins qualitatifs répondant aux besoins des marchés et aux attentes des consommateurs. Pour cela, les coopératives se sont dotées d’outils techniques performants et de services marketing compétents, résultant d’une montée en gamme tant en termes de produits que de packaging. Elles sont également « à l’heure » sur les problématiques environnementales et n’ont pas attendu 2024 pour monter dans le train du développement durable. Alors que 75 % des coopératives sont labellisées HVE et 53 % d’entre elles ont sauté le pas du bio, ce numéro spécial met la lumière sur l’ensemble des actions vertueuses qu’elles ont mis en place et les solutions apportées pour répondre aux enjeux futurs. Le troisième chapitre vous ouvre en (très) grand les portes des coopératives avec une « Escapade » dédiée à l’œnotourisme, en plein essor depuis une dizaine d’années, que de nombreuses coopératives ont intégré à leur activité, à l’heure où l’on estime à environ 20 % la hausse du chiffres d’affaires des exploitations viticoles ayant pris le virage de l’œnotourisme. 

Enfin, au fil des pages de ce Terre de vins numéro 93, vous découvrirez un florilège de bouteilles provenant de chacune des cinquante coopératives présentes dans nos colonnes. Rouge, blanc, rosé et même champagne, notre sélection est un bel aperçu du savoir faire de nos vignerons coopérateurs, avec d’excellents nectars bien loin des idées reçues que l’on pourrait se faire des vins de coopératives.

Terre de vins numéro 93, 96 pages, 6,90 €. 
Abonnez-vous en suivant ce lien.

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De nouveaux visages dans le Médoc

C’est officiel ce 6 février, des vignerons israéliens investissent dans le Médoc, sur les 10 hectares du Château Tour du Haut-Moulin, Cru Bourgeois en Haut-Médoc. Les nouveaux-venus s’appellent Golan Flam, Eran Pick et Dan Sheinman. 

On ne les présente plus dans l’univers viticole israélien. Golan Flam vient de la propriété éponyme, un domaine des collines de Judée où, diplômé de l’Université de Plaisance en Italie, il est vigneron aux côtés de sa mère Camellia et de son frère Gilad. Golan Flam investit avec Dan Sheinman et Eran Pick, deux autres figures du vin israélien. Diplômé de l’Université hébraïque de Jérusalem dans les sciences végétales, Dan Sheinman apportera son expérience acquise ces dernières années sur les terres de Bourgogne. Eran Pick enfin, vigneron remarqué au sein de Tzora Vineyards en tant que directeur technique, constitue le troisième investisseur. « C’est le résultat d’années de recherche, précise-t-il. Nous recherchions un terroir exceptionnel dans le Bordelais, une propriété qui nous permettrait de produire des vins qui reflètent notre passion pour les terroirs. Le Château Tour du Haut-Moulin est idéal avec ce plateau de graves à côté de la rivière. Ces atouts naturels, alliés à l’histoire et au savoir-faire de la famille, forment une opportunité unique. Le Médoc est la région viticole la plus emblématique du monde ». La propriété est vendue par Lionel et Carole Poitou qui continueront à s’occuper du domaine. Le Château Tour du Haut-Moulin est classé en tant que Cru Bourgeois et compte une dizaine d’hectares. Le consultant bordelais, Vincent Dupuch, apportera aussi son expertise.   

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Bordeaux-Cognac : une union sur l’autel du négoce

Bordeaux Négoce et le Syndicat des maisons de Cognac se rapprochent : les deux instances professionnelles créent la Fédération des maisons de Cognac et de Bordeaux

Est-ce un mariage d’amour ou de raison ? Voilà en tout cas une union qui tombe sous le sens ! Seul l’estuaire de la Gironde les séparait… Les responsables de Bordeaux Négoce (anciennement l’Union des maisons de Bordeaux) et du Syndicat des maisons de Cognac (SMC) se rapprochent. Les deux structures professionnelles créent aujourd’hui la Fédération des maisons de Bordeaux et de Cognac. L’annonce a été formulée le 30 janvier 2024, lors d’une cérémonie de vœux commune, chez Borie-Manoux, quai de Bacalan à Bordeaux.
Cette fédération se veut « souple et agile ». Elle « portera la voix des 122 entreprises qui la constituent auprès de leur environnement économique et institutionnel », expliquent les coprésidents Lionel Chol (Oenoalliance, Groupe Castel) et Eric Le Gall (Rémy Martin, Groupe Rémy Cointreau).

Un territoire commun, la Nouvelle-Aquitaine
Les deux syndicats partageaient déjà beaucoup sur les questions d’export, de logistique et de transport. Ils avaient organisé un séminaire commun et rencontré les partenaires verriers des deux filières. Leur fédération s’intéressera notamment aux questions sociales et environnementales, à l’emploi et au tourisme. Elle écrit dans un premier communiqué : « Il s’agit d’unir les raisons d’être des deux syndicats et de leurs adhérents pour agir ensemble sur leur territoire commun, la Nouvelle-Aquitaine, et contribuer à son rayonnement à travers le monde. »
Les administrateurs élus qui épauleront les coprésidents Lionel Chol et Eric Le Galle à la tête de la Fédération des maisons de Bordeaux et de Cognac sont : Yann Schÿler (Bordeaux Négoce), trésorier ; Philippe Jouhaud (SMC), secrétaire ; Hervé Bache-Gabrielsen (SMC) et Didier Grandeau (Bordeaux Négoce).

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Arbois a fêté pour la troisième fois sa Percée 

35 000 visiteurs se sont pressés sur ce week-end de Percée du vin jaune dans la jolie cité vigneronne d’Arbois, capitale des vins et de la gastronomie du Jura. L’occasion de (re) découvrir les étonnants vins jaunes mais également les vins jurassiens floraux ou typés, tranquilles ou crémants, et les autres spécialités locales comme le vin de paille et le macvin.

Le retour de La Percée dans la capitale des vins du Jura qui en avait déjà accueilli deux, en 1998 et 2011, était très attendu. « Pour la première édition présidée par Pierre Rolet, la Place de la Liberté avait même été recouverte d’une immense toile qui avait coûté très cher au cas où la pluie aurait gâché la fête mais nous nous sommes rendus compte au fil des éditions que les gens venaient même avec le mauvais temps » se souvient Jean-Charles Tissot, président des vins du Jura. Arbois est également la capitale de la gastronomie jurassienne et tous les bars, bistrots et restaurants étaient ouverts pour l’occasion avec des offres spécial Percée avec vin jaune, en parallèle des différents comptoirs sur la manifestation. De quoi découvrir toutes les variantes au vin jaune, raclette, morbiflette, concoillette, andouillette au vin jaune… 

À jauge augmentée
La jauge avait sensiblement augmenté comparée aux années précédentes (30 000 entrées payantes sans compter les invitations et les pass pour les habitants) « car nous avions davantage de points d’attractions en termes d’établissements de restauration mais également d’expos, la Maison Pasteur… commente Jean-Charles Tissot. Les visiteurs pouvaient donc davantage se diffuser que dans les seuls caveaux par ailleurs plus nombreux à Arbois qui est une vraie cité vigneronne comme Poligny et Lons-le-Saunier. C’était donc une Percée plus « souterraine » dans de jolies caves voûtées. Reste à savoir si les visiteurs ont autant acheté de bouteilles car ils préfèrent parfois repartir avec des cartons quand les hangars sont de plain-pied et la circulation plus fluide ». 
Côté vignerons, ils étaient 51, 32 de moins que l’édition arboisienne de 2011 qui avait battu des records à plus de 60 000 visiteurs. « Beaucoup avaient été traumatisés par les longues files d’attente comme la dernière édition à Lons-le-Saunier en 2016 où les visiteurs étaient plutôt concentrés sur le samedi et il y avait tellement de monde devant les caveaux que beaucoup n’avaient pu déguster que quelques centilitres de vin ». Ce qui avait motivé la mise en place d’une jauge avec réservation préalable.
C’était la troisième édition où la mise en perce avait été déplacée le dimanche pour ouvrir les caveaux dès le matin et répartir davantage le visitorat sur le week-end. « C’est une journée plus paisible et propice aux rencontres avec les vignerons et aux dégustations commentées avec une clientèle plus seniors souvent car elle n’a pas à retravailler le lendemain ». 

©F.Hermine

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Les intronisés sont…
Au repas de la filière qui a rassemblé 630 personnes le jeudi soir, ont été intronisés Marie-Christine Tarby-Maire, fille d’Henri Maire, qui avait été présidente sur plusieurs mandats de l’interprofession des vins du Jura et ancienne présidente de Vin & Société, Jean-Marie Rousseau de la tonnellerie éponyme, présente sur la Percée depuis la première édition, et la maire d’Arbois Valérie Depierre. Le samedi matin, c’était au tour de François Duboz, directeur du domaine de la Pinte et président de la Percée 2024 ainsi que le chanteur Maxime Le Forestier d’être déclarés ambassadeurs des vins du Jura et du vin jaune.
François Duboz a rendu hommage à ce vin jaune « surprenant, jovial et affirmé à l’image de notre mentalité », « par ses arômes particuliers et son histoire, il interroge, surprend et rassemble. Il recentre la notion de patience et de valeur de travail au cœur d’une société où tout va très vite. Le vin jaune prend le temps et arbore sa plus belle robe après six ans de vieillissement, laissant s’exprimer la singularité de notre terroir ». Michel Converset, ancien bâtonnier, ambassadeur de la Confrérie chargé du panégyrique, a souligné « son interaction généreuse dans le monde du vin, particulièrement dans le Jura. Né, élevé et grandi en Arbois avant de revenir en gestionnaire avisé du domaine de la Pinte après une formation et de riches acquis techniques en Bourgogne, il est même l’inventeur d’un atomiseur de vignes en biodynamie. Avec des qualités de sérieux et de rigueur, il a toujours soif d’innovations et d’essor pour la Pinte ».
Au tour de Christian Vuillaume, ambassadeur et maire de Château-Chalon d’évoquer Maxime Le Forestier, « gardien du temple de la chanson française, qui a [en lui] du Prévert, du Boris Vian et du Raimbaud ». « Il connaît bien le Jura, la famille de sa mère étant d’Arc-&-Senans et il passait ses vacances jusqu’à l’âge de 12 ans chez le meunier Joseph avec ses chevaux franc-comtois … ». « C’est un vrai initié aux vins du Jura et aux vins jaunes ». Ce qu’a confirmé le chanteur très applaudi et particulièrement ému quand les ambassadeurs lui ont remis en cadeau son vieux vélo rouillé retrouvé sur un tas de bois chez son ami Léon. « À l’époque où les vacances d’été duraient trois mois, je les passais à Arc-&-Senans et revenais avec l’accent d’ici à Paris. De vous entendre parler aujourd’hui me fait retomber en enfance et merci pour ça ».

Mise en perce et enchères
Le 2017 a donc été mis en perce ce week-end après, comme il se doit, six ans et trois mois de vieillissement. Un petit millésime en volume, le premier de la triste série à avoir subi de gros aléas climatiques avec un gel historique qui a privé les chardonnays de 70 à 90% de la récolte et même plus dans le Sud Revermont. Heureusement, les savagnins tardifs avaient été un peu plus épargnés à -10-30%. Les vins sont toutefois très hétérogènes. La Percée était également l’occasion d’une vente aux enchères de vieux millésimes, près de 200 lots proposés sous le marteau du commissaire-priseur Jean-Paul Renoud-Grappin. Parmi eux, quelques merveilles comme ce vin jaune de 1774 proposé à 28 000 € mais qui n’a hélas pas trouvé preneur et une bouteille de Château-Chalon de 1886 de Georges Bury partie à 3 600 €. Le lot des vins clavelinés en 2024 a été adjugé à 1 500 € ; les fonds seront reversés à l’association Saint-Michel le Haut de Salins-les-Bains, un Esat (Etablissement et service d’aide par le travail) chargé de la réinsertion de personnes handicapées ou en grandes difficultés sociales et qui gère le domaine viticole du Bief des Roussets. 

Vins clavelinés
Domaine Jacques Tissot Arbois 2016
Fruitière vinicole de Pupillin Arbois-Pupillin 2016
Domaine du Bief des Rousset Côtes-du-Jura 2016
Maison Bonnot Côtes-du-Jura 2016
Domaine Frédéric Lambert Côtes-du-Jura 2016
Domaine de Savagny Côtes-du-Jura 2016
Michel Tissot & Fils-Maison Henri Maire Château-Chalon 2016
Domaine Grand Château-Chalon 2016
Domaine Maire & Fils Château-Chalon 2016
Domaine de Lahaye Château-Chalon 2016
Domaine Maire & Fils Arbois 2017
Caveau des Byards Côtes-du-Jura 2017
Fruitière Vinicole d’Arbois Côtes-du-Jura 2017
Maison du Vigneron Côtes-du-Jura 2017
Domaine de Savagny Côtes-du-Jura 2017
Domaine de Savagny Château-Chalon 2017
Château de l’Etoile L’Etoile 201

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Elysé Brigandat, nouveau chef de caves du champagne Valentin Leflaive

Ancien chef de caves de la Maison Drappier, Elysé Brigandat est depuis l’été dernier le nouveau chef de caves de la Maison Valentin Leflaive, succédant à Christophe Pithois. Il fallait un natif de la Côte des Bar, région de transition et de métissage entre la Bourgogne et la Champagne, pour accompagner l’installation de cette famille bourguigonne sur la Côte des blancs !

On peut dire que vous êtes tombé dans la marmite du champagne quand vous étiez petit…
En effet ! Mon grand-père, Pierre Brigandat, a créé son domaine en 1961 à Channes sur la Côte des Bar, et même si mon père était orthodontiste, c’est là-bas que j’ai découvert l’art du champagne. Au départ, j’avais plutôt dans la tête de devenir chirurgien. Mais lors d’une virée avec des amis chez mon grand-père, ils m’ont fait remarquer que je parlais quand même beaucoup de vin et de champagne. Cela m’a fait cogiter et je me suis dit pourquoi pas. C’est ce qui m’a conduit à faire l’agro-Montpelier, puis à passer mon DNO.

Au cours de votre formation, puis au début de votre carrière, vous avez beaucoup bourlingué entre différents domaines, qu’en avez-vous tiré ?
Ma première grande expérience a été en Bourgogne, chez Louis Jadot. Le vin rouge n’est guère dans l’ADN de la Champagne et j’ai pu m’initier là-bas à ce type de vinification auprès du directeur technique Frédéric Barnier. Dans la foulée, je suis parti dans la Mornington Peninsula, le grand vignoble de chardonnay et de pinot noir en Australie, une manière pour moi de creuser davantage ces deux cépages qui me sont si chers. J’ai découvert là-bas une autre approche avec une logique de marché et non une logique de terroir. Les techniques étaient plus industrielles, on n’hésitait pas à utiliser des chambres froides, à érafler les raisins blancs avant de les mettre dans le pressoir, des choses qui ne me seraient jamais venues à l’esprit. À mon retour, j’ai travaillé avec les chercheurs du Comité Champagne, Benoît Villedey et François Berthoumieux, sur des vendanges expérimentales et sur l’impact de l’égrenage sur les noirs et les blancs. Puis j’ai candidaté chez Drappier à un poste de chef de caves adjoint. J’ai été reçu à plusieurs reprises par Michel et Hugo. À la fin, ils m’ont carrément proposé le poste de chef de caves. Je suis resté plus de trois ans. Ce que j’aimais beaucoup c’était la marge d’initiatives que nous avions. Une année, nous avons même tenté de faire une cuve de vin orange, je pense que j’aurais rarement l’occasion de refaire de telles choses, surtout avec des raisins de Champagne ! Leur vinification minimaliste m’a inspiré. Leur démarche consistait à surveiller et accompagner, plutôt que contraindre et plier. Pour moi, c’est la bonne direction. On est passé d’une œnologie curative avec énormément de produits, à une œnologie préventive qui suffit la plupart du temps. Même si j’aime beaucoup cette maison, j’ai priorisé ma vie de couple. Ma compagne qui travaillait elle aussi dans l’Aube a été promue dans la Marne où elle est aujourd’hui responsable technique des vignobles de la Maison Taittinger. J’ai donc cherché un poste dans le même département.


Qu’est-ce qui vous a attiré chez Valentin Leflaive ?
C’est une vraie start-up, avec une ambiance touche à tout. La petite taille de la Maison qui compte à peine 12 hectares d’approvisionnement, me permet d’élargir le champ de mes responsabilités. Je ne suis plus seulement focalisé sur la production, je dois aller rencontrer des vignerons pour créer de nouveaux partenariats. Toute cette effervescence, c’est plutôt dynamique et stimulant. Nous n’avons pas de vignoble propre mais comme tout champenois, si une opportunité se présentait, on essaierait de la saisir, sans chercher à bousculer personne. Dans un milieu tendu, nous ne voulons pas nous faire d’ennemis. Aujourd’hui, nos raisins se répartissent entre la Côte des blancs (70%) et le Nord de la Montagne sur le secteur Verzy, Verzenay. Nous sommes presqu’exclusivement tournés vers l’export, un marché plus facile pour une nouvelle marque que la France où les maisons historiques sont solidement ancrées. Aujourd’hui, la mayonnaise prend, et nous étudions la construction d’un nouveau bâtiment de production.

Comment définiriez-vous le style de vos champagnes ?
Ce que nous recherchons dans nos vinifications, c’est vraiment la fraîcheur, la tension, la minéralité de la craie que l’on retrouve sur nos deux grands terroirs. Nous bloquons souvent les malos. Notre proximité avec les Bourguignons nous procure de belles ressources en bois. Nos fûts ont reçu au préalable des Puligny, des Meursault. Comme la barrique a été bien nourrie en amont, elle ne va plus avoir d’apport tannique, elle ramènera surtout une micro-oxygénation et un petit élément de protection et de complexité au vin. La démarche de Jean Soubeyrand, le directeur général, et Olivier Leflaive consiste en effet à répéter en Champagne les codes de la Bourgogne. Nous ne faisons ainsi que des monocépages et nous avons créé une gamme qui comporte trois niveaux : le bourgogne générique correspond à notre cuvée signature assemblant différents lieux, les cuvées appellation villages sont traduites en Champagne par des monocrus, nous avons notamment Avize, le Mesnil, Oger, Verzy, Verzenay et dans quelques jours nous en sortirons de nouveaux… Enfin le dernier étage qui correspond aux climats est celui des cuvées parcellaires.

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