On a testé… Burdi W., le vin au cannabidiol (CBD)

Une jeune société française vient de lancer Burdi W., une boisson à base de vin infusé au cannabidiol (CBD), l’une des molécules présente dans le chanvre et dont on parle de plus en plus. Coup marketing ou vraie innovation pérenne ?

Sur le devant de la scène depuis plusieurs années maintenant, le cannabidiol (CBD) provoque généralement des réactions marquées, que ce soit du côté de ses partisans ou de ses détracteurs. Pour les uns, il est à diaboliser car il est extrait du chanvre et donc serait néfaste, pour les autres il est au contraire un formidable élément qui permet de renforcer le bien-être dans un cadre légal. Pour essayer d’être le plus clair possible, la commercialisation de CBD est évidemment particulièrement encadrée en France. Tout d’abord, elle n’a quasiment aucun lien avec le THC, la fameuse molécule psychotrope qui fait que le cannabis est une drogue interdite. En effet, pour que le CBD puisse être produit, les plants de chanvre sélectionnés présentent une concentration presque inexistante en THC (moins de 0,2%) mais au contraire, une réelle concentration en CBD. Raphaël De Pablo, l’homme à l’origine de ce projet, s’est intéressé il y a quelques années aux bienfaits de ce CBD lors d’un séjour au Canada. Il y a appris la culture du chanvre et a décidé de la développer en rentrant en France en 2018. C’est ainsi qu’il crée sa société La ferme médicale et cultive aujourd’hui la plante près de Langon en Gironde. « Un climat parfait qui permet d’obtenir une très bonne concentration en CBD », confie Raphaël. Grâce à sa société, ce dernier assure une parfaite traçabilité de la graine jusqu’à la récolte de la plante. Et pour ce nouveau projet de vin infusé au chanvre, il s’est associé à un ami œnologue depuis 12 ans, en charge d’identifier la cuvée de base.

Des recettes antiques remises au goût du jour

Bien sûr, le CBD fait aujourd’hui beaucoup parler de lui. Mais l’idée de faire infuser du chanvre dans du vin n’est pas nouvelle. Raphaël a trouvé des écrits antiques qui détaillaient des recettes allant en ce sens, l’idée à l’époque était surtout d’améliorer la conservation du breuvage. On peut donc parler ici d’une remise au goût du jour d’un procédé ancien… à un moment opportun. Restait à trouver le vin qui pouvait se prêter à l’exercice. Différents tests ont donc été réalisés avec des vins bordelais issus de cépages différents. Le sauvignon, le merlot et le cabernet franc se sont avérés peu adaptés, le chanvre prenant littéralement le dessus en termes aromatiques. « Nous avons choisi un 100% petit verdot en provenance d’un domaine spécifique bordelais dont nous gardons l’anonymat. Chaque bouteille contient 250 mg de CBD ». Un choix qui a convaincu l’œnologue Michel Rolland qui, convaincu par le produit, a décidé d’aider le projet Burdi W. Le processus de production de cette boisson est, lui aussi, gardé secret par crainte des copies. Tout juste Raphaël explique-t-il qu’il s’agit d’une infusion dans des jarres de chanvre issu des plantations de la ferme médicale. Une campagne de financement participatif a permis de lever des fonds et a démontré l’engouement inattendu suscité par le projet. 3500€ devaient initialement être collectés, la campagne a déjà permis d’en obtenir plus de 20 fois plus (73 700€) ! Une grande partie des 10 500 bouteilles produites est ainsi déjà pré-vendue au prix de lancement de 34€, « avec une forte demande en provenance de l’étranger ».

A la dégustation, l’ensemble est plutôt plaisant quoiqu’un peu déroutant. Le nez est fruité mais évoque également des notes végétales non sans rappeler l’aromatique d’une bière artisanale. En bouche, la matière est assez dense avec une aromatique végétale là encore bien présente mais fondue qui se révèle plutôt sur la finale. Une boisson ludique, dans un autre registre que du vin, que l’on imagine très bien comme apéritif. Raphaël et son associé désirent « crédibiliser le CBD et son usage en France ». Passer l’effet de mode, l’avenir nous dira si les consommateurs adopteront cette nouvelle boisson hybride atypique.

https://www.facebook.com/burdi.w/

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Adieu à Steven Spurrier, grand ambassadeur britannique du vin

Critique, négociant, consultant, vigneron, ayant été tout au long de sa vie un grand ambassadeur du vin à travers le monde, le Britannique Steven Spurrier vient de s’éteindre à l’âge de 79 ans dans sa propriété du Dorset.

C’est un authentique gentleman qui tire sa révérence. Celles et ceux qui ont eu la chance de croiser sa silhouette élégante et flegmatique, incarnation d’un certain idéal britannique, se souviendront de son exquise politesse et de sa remarquable expertise. Les autres retiendront sans doute, parmi ses nombreux accomplissements, l’organisation en 1976 du fameux « Jugement de Paris » qui vit pour la première fois les vins californiens battre à l’aveugle les plus grandes stars de Bordeaux et de Bourgogne (en rouge et en blanc).

Né le 5 octobre 1941, Steven Spurrier rejoint l’univers des négociants en vin en 1964, après des études à la Rugby School et à la London School of Economics. En 1970, il s’installe à Paris et ouvre ou reprend plusieurs établissements, dont la Cave de la Madeleine, avant de créer en 1973 l’Académie du Vin. De retour au Royaume-Uni en 1988, il devient consultant en vin pour de grandes entreprises comme Harrods, Hédiard, Singapore Airline, Christie’s. Collaborateur du magazine Decanter, superviseur des Decanter World Wine Awards, il est aussi l’auteur de huit livres, dont certains ont été traduits en plusieurs langues. Sa renommée mondiale lui vaudra de recevoir de nombreuses distinctions.

En 2008, avec son épouse Bella, il crée dans le Dorset l’un des vignobles pionniers d’Angleterre, Bride Valley Vineyard : une dizaine d’hectares dédiés à la production de vins effervescents à partir de chardonnay et pinot noir de Bourgogne ainsi que de pinot meunier champenois. Les vins de la propriété sont distribués en France par le groupe Boisset.

Père de deux enfants, grand-père, Steven Spurrier s’est éteint dans sa propriété du Dorset entouré de sa famille, à quelques mois de son quatre-vingtième anniversaire. Terre de Vins présente ses condoléances à tous ses proches et collaborateurs.

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Cahors : cure de jouvence au Clos Triguedina

La famille Baldès, à défaut d’avoir pu fêter les 190 ans du domaine, s’offre de nouvelles étiquettes pour rajeunir et moderniser l’image de ses cahors.

Dans la famille Baldès, la gamme a toujours évolué avec la création de nouvelles cuvées, désormais une quinzaine de références. Jean-Luc a amorcé le changement avec le New Black Wine, cuvée d’exception 100% malbec créée en 1994 pour renouer avec la tradition lotoise des vins chauffés dans un four à pruneaux avant un élevage d’un an en fûts de chêne. Le packaging en bouteille haute avec son étiquette vitrail (que l’on peut retrouver dans le musée du domaine) dénotait déjà des visuels traditionnels de fermes et châteaux dessinés en noir et blanc (la cuvée classique malbec-merlot-tannat a gardé ce style). Son père Jean avait aussi lancé le haut de gamme du Clos, en 1976, Probus du nom de l’empereur romain qui avait permit le retour de la vigne dans le Quercy à la fin du IIIe siècle (lLa cuvée s’appelait Prince Noir à l’origine mais le nom ayant déjà été déposé par Barton & Guestier, elle a été rebaptisée Prince Probus puis Probus tout court, également en 100% malbec). Cette fois-ci, c’est le Malbec du Clos (8,95€) qui s’offre un sérieux coup de jeune. « Nous avons voulu faire un clin d’œil au vignoble d’Argentine en rappelant que Cahors reste le pays d’origine du malbec et qu’il peut aussi se montrer moderne, ironise Jean-Luc Baldès. D’où le slogan ‘Cahors is not dead’ sur cette bouteille de ‘French Malbec’, C’est aussi une façon d’afficher notre différence. La nouvelle étiquette sera réservée aux circuits traditionnels, cavistes et restaurants, et aux particuliers et à l’export même si nous allons garder les deux étiquettes car le marché américain par exemple va préférer le visuel traditionnel ».

Dans le sillage du New Black Wine, puis du New Pink Wine, un rosé de malbec élevé en barriques neuves et lancé au printemps dernier, la série va prochainement s’étoffer avec un blanc. La gamme pour le circuit Grande Distribution va également être dynamisée, notamment avec un nouveau cahors La Part des Biches (en millésime 2018 pour ce premier tirage), à l’étiquette moderne et animalière en bouteille bourguignonne (6€). Une série de 100 000 cols est en cours d’approvisionnement en rayon.

Bientôt la 8ème génération

Cette année, Jean-Luc Baldès espère remonter les 100 bouteilles de Probus qui avaient été descendues à 80 m sous terre dans le gouffre de Padirac pour une vente aux enchères d’exception au profit de la Ligue contre le Cancer. Il attend également avec impatience la ré-autorisation des dégustations au caveau (juste ouvert pour les achats des particuliers), le Lot étant l’un des rares départements frappé par une interdiction préfectorale sur le sujet depuis le 20 janvier dernier.

Ce rajeunissement de la gamme est aussi une façon de fêter les 190 ans du domaine, les festivités ayant du être annulées l’an dernier en raison de la crise sanitaire. « On attendra les 200 ans pour faire une grande fête », conclut, philosophe, le vigneron qui se réjouit surtout de l’arrivée de la 8ème génération au domaine. Sa fille Juliette devrait rejoindre le Clos d’ici 2023 après des études de commerce international et un master SupAgro… suivie peut-être de son frère Jean qui n’a encore que 14 ans mais s’intéresse déjà beaucoup au commerce du vin. L’avenir du Clos Triguedina semble être assuré.

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Saint-Émilion : Franc Mayne à la relance

Racheté en 2018 par la famille Savare (Oberthur Fiduciaire), le château Franc Mayne, grand cru classé de Saint-Émilion, opère une mutation en douceur, dans sa gouvernance comme dans la conduite du vignoble et l’élaboration des vins. Ancien président du Stade Français, Thomas Savare a nommé un homme de confiance à la tête de la propriété, lui aussi passé par le monde de l’ovalie : Pierre Arnald.

En janvier 2018, Jean-Pierre Savare, président du groupe Oberthur Fiduciaire, spécialiste de l’impression haute sécurité et en particulier des billets de banque, rachetait le château Franc Mayne à Griet Van Malderen et son époux Hervé Laviale, qui en étaient les propriétaires depuis 2005. Pour la famille Savare, il ne s’agissait pas d’une première incursion dans le vignoble puisqu’elle était déjà associée à la famille Cazeneuve au château Paloumey, Cru Bourgeois Supérieur en appellation Haut-Médoc. Il s’agissait toutefois, d’une opportunité exceptionnelle de s’installer dans la galaxie des grands crus classés, sur un vignoble de 7 hectares d’un seul tenant tutoyant le plateau de Saint-Émilion.

C’est tout naturellement que Thomas Savare, fils de Jean-Pierre, directeur général du groupe Oberthur Fiduciaire et président du Stade Français Paris de 2011 à 2017, a d’abord confié la direction de la propriété à Martine Cazeneuve, les deux familles ayant déjà construit des liens forts à Paloumey. Cette direction « transitoire » devait permettre de lancer les différents projets, très ambitieux, du nouveau Franc Mayne : tout d’abord, une montée en puissance dans la qualité et la régularité des vins ; ensuite, un passage en bio ; enfin, une restructuration de l’offre œnotouristique.

Une équipe renouvelée

Trois ans après, ces évolutions sont bel et bien sur les rails. La conversion en bio a été engagée dès 2019 et le premier millésime certifié sera 2022. Les vins ont ostensiblement gagné, depuis 2018, en précision et en éclat, s’accompagnant d’une refonte de l’identité du second vin, désormais baptisé Ilex. La nouvelle directrice technique Sophie Mage, qui a roulé sa bosse en vallée du Rhône et dans le Roussillon avant de revenir dans le Bordelais, est arrivée en 2018, tout comme l’œnologue-consultant Thomas Duclos, qui accompagne la propriété. Quant à l’œnotourisme, il s’appuie en premier lieu sur cinq chambres d’hôtes (dont une perchée dans les arbres) et sur une visite des galeries souterraines mise en son et lumière par le scénographe Eric Le Collen (visite « Astéries », 1h30, 22 euros). Le parcours de visite et dégustation a été entièrement revu, et la boutique du château est actuellement en fin de rénovation.

Fière du travail accompli depuis trois ans, Martine Cazeneuve est prête à passer le relais, comme il était prévu dès son arrivée. C’est donc Pierre Arnald qui reprend progressivement le flambeau et assurera désormais la direction de la propriété. Très proche de Thomas Savare pour lequel il a été directeur général du Stade Français, ce passionné de rugby originaire de Clermont-Ferrand sait que le vin est affaire de temps long, et qu’il faudra plusieurs années pour hisser Franc Mayne à la hauteur des ambitions de ses propriétaires. « Il y a le savoir-faire, et pour cela nous avons déjà commencé un travail remarquable », explique-t-il. « L’équipe est mobilisée pour faire de grands vins, le vignoble est progressivement restructuré puisque nous avons arraché 1,3 hectare pour replanter du cabernet franc qui n’entrera en production que dans quelques années. Nous varions les contenants pour l’élevage, entre barriques, foudres de 20 hl et amphores. Tout cela est en très bonne voie. Mais il faut maintenant mieux faire connaître Franc Mayne, faire parler de nous et de nos vins, partir en premier lieu à la reconquête du marché français avant de se redéployer à l’export. C’est un projet sur 50 ans ! »

Pour cela, Pierre Arnald sait qu’il peut s’appuyer sur la confiance de Thomas Savare. Les deux quinquagénaires se connaissent bien et partagent une vision commune du vin, vecteur de plaisir et de partage. D’ailleurs ils collaborent ensemble sur deux autres propriétés viticoles, à Chinon (Clos la Niverdière) et en Provence (18 hectares dans le giron du géant Château Roubine). L’aventure est donc loin d’être finie.

Terre de Vins aime :

Château Franc Mayne 2019. Profondeur et délicatesse, de la densité et de la vibration, c’est une belle expression du millésime. Un vin qui se dessine en souplesse, avec un côté séveux, des tannins finement sculptés, une jolie trame minérale qui imprime à ce 100% merlot une remarquable énergie. Un profil à la fois salivant, tendu et distingué. Si vous n’en avez pas acheté en primeurs, guettez la bouteille en livrable, ce sera autour de 45 euros.

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