Albéric Bichot, nouveau président du négoce bourguignon

Vendredi 26 février, le dirigeant de la maison Albert Bichot a pris la tête de l’Union des Maisons de Vin de Grande Bourgogne, qui regroupe 70 négoces de Bourgogne et du Beaujolais. Développement de la viticulture durable, crise sanitaire, taxes américaines… Les dossiers ne manquent pas pour ces trois prochaines années de mandat. Entretien.

Vous êtes déjà à la tête de l’une des plus grandes maisons de vin en Bourgogne, pourquoi avoir accepté de telles responsabilités ?
Ce qui est intéressant dans la crise que l’on traverse, c’est de voir à quel point, dans le monde du vin, nous avons des intérêts en commun. Dans cette filière, les problèmes se règlent de manière collective. Il y a les maisons que je représente bien sûr, mais pas que. Nous formons un tandem avec la viticulture, représentée par Thiébault Huber [président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne, ndlr]. Et les sujets qui vont nous intéresser vont très loin : c’est la continuité de nos entreprises qui est en jeu. Comment, dans ce contexte mondialisé, avec des regroupements en permanence, nos PME peuvent continuer d’exister, et, si oui, dans quel cadre ? Au sein de groupes internationaux ou nationaux ? Ou avec des capitaux familiaux ? Ensemble, on se bat pour la survie de la filière, de la profession, de tout ce qu’on aime.

Pourtant, la Bourgogne se porte plutôt bien aujourd’hui ?
Nous incarnons la viticulture de terroir qui est, aujourd’hui, la référence sur le marché mondial du vin. Les résultats commerciaux de 2020 ont prouvé notre capacité de résilience et nous devons maintenir ce cap pour conserver ce leadership et cette reconnaissance. C’est un travail d’équipe de tous les instants, auquel nous participons aussi au niveau national avec l’Union des maisons de vin et la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux.

Dans votre premier discours, vous évoquez le sujet du développement durable. Est-ce la voie à suivre pour le négoce ?
Le consommateur attend toujours plus en matière de respect de l’environnement, nous devons nous engager encore plus sur cette voie, tout en respectant le rythme de chacune de nos entreprises. C’est un vrai sujet de fond. Avec la maison Albert Bichot, j’effectue un travail en ce sens depuis une dizaine d’années. J’espère que cela me permettra, à mon petit niveau, d’apporter un témoignage.

Sur votre table figure aussi le dossier des taxes américaines, un marché essentiel pour les maisons bourguignonnes. Quelles sont vos marges de manœuvre ?
Bien sûr nous n’avons pas la main. Mais on crie aussi fort que l’on peut. Ce conflit concerne Airbus et Boeing, et les vins français sont touchés injustement, avec une taxe de 25% ad valorem. Les américains utilisent le système du carrousel : une nouvelle cible commerciale tous les 6 mois. Il faut donc suivre de près la prochaine échéance, qui sera août 2021.

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Solidarité Restaurateurs, un geste fort des vignerons

A l’initiative du domaine de La Navicelle et de l’agence Force 4, une cinquantaine de vignerons et négociants vont reverser une partie de leurs marges à l’association des Maîtres-Restaurateurs via le fonds Hesiode afin d’aider les petits établissements en détresse.

L’idée est née à La Navicelle. « Nous avions pensé à créer un fonds de solidarité pour aider les petits commerces les plus touchés par la crise sanitaire, raconte Alice Euvrard, directrice commerciale et marketing du domaine varois. Finalement, nous avons choisi d’aider les restaurateurs sans doute les plus impactés, qui souffrent depuis des mois sans perspective immédiate de réouverture et qui sont, avec les cavistes, les premiers ambassadeurs de nos vins ». La Navicelle décide finalement de lancer deux cuvées solidaires aux étiquettes fantaisistes, « Jeux de Quilles » et « En Goguette » en côtes-de-provence rouge dont une partie du produit de la vente reviendra aux restaurateurs qui peinent le plus. « Nous avons déclenché l’étincelle et Force 4 y a mis le feu pour étendre l’idée à davantage de domaines. L’idée a fait son chemin et Pierre Hartmanshenn de l’agence se charge de mobiliser d’autres partenaires vignerons et d’organiser l’opération sur toute l’année 2021 via L’Association Française des Maîtres-Restaurateurs (AFMR) ». Force 4 fournit aux producteurs et négociants volontaires, les pastilles « Solidarité-Restaurateurs » à apposer sur les bouteilles. « Il y a autant de petits domaines qui s’engagent que de gros opérateurs, se félicite Sophie Morgaut, directrice-fondatrice de l’agence. Chacun avec ses moyens, certains sur un circuit particulier ou avec une cuvée spécifique, et ils choisissent leur participation, de 0,20 cts à 1€ ». Parmi les premiers signataires, Maison M. Chapoutier, Louis Jadot, Champagne Chassenay d’Arce, Joseph Mellot, Cave de Tain, Cheval Quancard, Moulin de la Roque…

« Un geste fort en symbole »

Les fonds collectés sont directement reversés au fonds de dotation Hesiode créé par l’AFMR il y a deux ans pour soutenir des actions de développement et alimentation durables. « C’est une belle démarche qui correspond à l’exception française liant les restaurants aux vignerons, et un geste fort en symbole, estime le président de l’AFMR Alain Fontaine. Bien sûr, des domaines donnent plus que d’autres mais c’est le geste qui compte en dépit des difficultés d’une profession qui souffre également. La cagnotte servira à la fin de l’année à aider les établissements les plus fragiles qui en auront fait la demande et qui partagent nos valeurs : une restauration maison, saine, durable, locavore. L’opération ancrera le lien entre les restaurateurs et les vignerons qui sont partie prenante de notre métier mais on ne sait pas encore à quelle hauteur ». Tout dépendra du nombre d’opérateurs participants, à ce jour près d’une cinquantaine avec l’ambition de franchir d’ici quelques semaines la barre des 100. Les candidats bénéficiaires seront choisis parmi des petits restaurateurs en détresse mais pas forcément labellisés maîtres-restaurateurs.

Une partie des marges reversée selon les cuvées

« Quand on nous a proposé de participer à l’opération, on a dit oui tout de suite, affirme Mathilde Chapoutier à la tête de la maison éponyme en Vallée du Rhône. Nous sommes liés à la restauration qui représente la majorité de nos ventes ». M.Chapoutier participe déjà à de nombreuses actions de soutien de ce circuit comme le Meilleur Ouvrier Sommelier et les Toques blanches lyonnaises, l’établissement de cartes des vins, la mise à disposition de conteneurs pour le stockage… « Nous allons reverser une partie de nos marges jusqu’à 1€ par bouteille selon les gammes, précise la jeune dirigeante du groupe rhodanien. Une dizaine de références distribuées chez les cavistes sera concernée ; avec les stickers collés à la main, ça n’était pas possible techniquement sur la chaine d’embouteillage pour la GD ».

Au Domaine Comte Peraldi à Ajaccio, Charlotte Lemonnier a également dit oui à la démarche en reversant entre 0,50 et 1€ sur les cuvées vendues à la propriété et en informant nos consommateurs de l’opération par affiches et sur les réseaux sociaux. « Cela permet d’aider un circuit qui représente la moitié de nos ventes. On enverra chaque mois notre participation à Hésiode sous forme de dons car en Corse, il était délicat d’apposer un sticker bleu-blanc-rouge (aux couleurs des Maîtres-Restaurateurs) sur les bouteilles. C’est une belle idée car hormis le fait d’aller au resto le plus possible quand ils pourront rouvrir, cette solidarité à dimension nationale resserrera les liens historiques entre vignerons et restaurateurs ».

La liste sur www.solidariterestaurateurs.com

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Nicolas Vanier à la découverte du champagne

Chacun connaît Nicolas Vanier pour ses expéditions à travers le grand Nord, sa soif d’aventure, mais aussi ses films magnifiques qui chantent la relation de l’homme à la nature. Le prochain devrait ravir les amoureux des bulles, il se déroulera en Champagne avec un très beau casting : François-Xavier Demaison, Eric Elmosnino, Stéphane de Groodt, Sylvie Testud… Terre de Vins est allé à la rencontre du réalisateur pour en savoir davantage.

Vous allez bientôt tourner un film en Champagne, quel sera le scénario ?
C’est une comédie autour du thème de l’amitié. Une bande de copains de longue date, qui ont la cinquantaine, se retrouvent pour un weekend en Champagne, chez une de leurs très bonnes copines vigneronne, Romane. Le rôle est joué par Elsa Zylberstein. Elle a repris l’exploitation de son père, qui apparaît dans le film et qui lui-même la tenait de son grand-père. Elle modernise l’exploitation : de livreur de raisins, elle devient récoltante-manipulante en choisissant d’élaborer son propre champagne, elle passe aussi au bio…

Comment vous est venue l’idée ?
Je m’intéresse beaucoup à la vigne, j’envisage de produire moi-même du Malbec en Argentine avec un ami, du côté de Bariloche et San Martin de los Andes, le long de la rivière Limay. Ce qui m’interpelle toujours et c’est récurrent dans mes films, c’est le rapport des hommes à la nature et c’est vrai que chez une grande partie de ceux que j’ai rencontrés en Champagne, depuis que je suis en préparation du film, je vois cette espèce de passion, d’attachement qu’ils peuvent avoir à la terre, c’est quelque chose qui me touche de par mon histoire…

Qu’est ce qui spécifiquement en Champagne vous a séduit ?
On y trouve des zones avec du relief, beaucoup de contrastes, de la craie, de la forêt, de la vigne… Ce n’est pas la Beauce ! C’est varié, cela fait de belles perspectives, de belles lignes. L’ensemble est très graphique, surtout au printemps, date prévue du tournage, où il y a tous ces verts très tendres, ces lumières un peu rasantes qui sont magnifiques. Après, ce qui m’a surpris, c’est qu’on s’imagine le champagne comme un produit de luxe avec une certaine automatisation et en réalité on rencontre des personnes avec leurs sécateurs qui avancent pas à pas dans les vignes. Le rapport reste très charnel, authentique, ancré dans la tradition, et j’ai l’impression d’ailleurs qu’on y revient de plus en plus. On a rencontré un vigneron qui travaille avec des chevaux, beaucoup retournent à un système où on laisse pousser l’herbe entre les vignes…

Vous êtes petit-fils d’agriculteur, la problématique de la transmission c’est quelque chose que vous connaissez bien ?
Oui, d’ailleurs j’ai retrouvé en Champagne certains gestes de mon grand-père qui me touchaient beaucoup, comme lorsqu’il prenait la terre entre ses mains pour en respirer l’odeur. Il y a en Champagne ce rapport très fort, parfois presque sensuel, quand je vois certaines personnes caresser les feuilles des vignes… Ce sont tous ces gestes que l’on va essayer de magnifier avec tout le talent des acteurs, des cadreurs, de toute cette équipe qui m’accompagne. Dans mes films, très souvent, la nature, le territoire, deviennent un des personnages principaux, ce sera encore le cas en Champagne comme cela a été le cas dans Belle et Sébastien avec la montagne ou dans l’École buissonnière avec la Sologne.

Vous avez réalisé de nombreux voyages dans des régions nordiques, la Champagne est un des vignobles les plus septentrionaux, est ce que c’est le côté viticulture de l’extrême qui vous a ici séduit ?

Ce qui me plaisait surtout beaucoup, c’est que c’est une région que je ne connaissais pas du tout, dont j’ignorais qu’elle était aussi sympa. Lorsqu’on est parisien (ce que je ne suis pas), et qu’on a envie de passer un weekend, on va à Deauville, on ne pense pas du tout à aller en Champagne alors que c’est à 1 heure 15 en voiture. D’ailleurs, la plupart des techniciens qui m’accompagnent ont découvert avec moi cette région, à mon avis très méconnue. J’ai été vraiment surpris de tout ce qu’elle recèle comme trésors, c’est formidable d’aller passer un weekend en Champagne ! J’espère que le film donnera aux Français l’envie de visiter la région et je me fais fort qu’il soit la fierté de ceux qui y vivent !

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