Patrimonio, Grand Site de France sans glyphosate

Alors que l’interdiction du glyphosate tarde à se mettre en place, Patrimonio sera dans quelques semaines la première appellation de France et même du monde à avoir inscrit dans son cahier des charges l’interdiction des désherbants chimiques de synthèse.

« Il n’y aura plus de glyphosate dans les vignes et pas seulement dans les interrangs mais aussi sous le rang »,  annonce fièrement le jeune président de l’AOP corse Mathieu Marfisi. La décision votée il y a deux ans avait été prise à l’unanimité après que cet herbicide controversé a été déclaré cancérigène par l’Organisation Mondiale de la Santé. Monté en partenariat avec le Giac, organisme typiquement corse qui regroupe l’ensemble des syndicats d’AOC et gère les relations avec l’Inao, le dossier avait pris du retard (il devait entrer en vigueur en février 2021), crise covid oblige. Le décret devrait enfin être officialisé en février pour un millésime 2022 sans glyphosate.

Presque tous en bio

Sur une quarantaine de vignerons (pour 458 ha de vignes), seuls sept utilisaient encore en 2019 le désherbage chimique et s’étaient engagés à l’arrêter (sous peine de devoir retirer l’appellation Patrimonio de leurs étiquettes à la sortie du décret). « La décision d’interdire les herbicides est d’autant plus importante que les parcelles de Patrimonio sont très imbriquées les unes dans les autres, précise Mathieu Marfisi. La quasi totalité des producteurs sur ce territoire travaillent déjà en bio mais nous n’avons pas souhaité encadrer cette démarche dans le cahier des charges car la décision de supprimer le glyphosate implique déjà un gros travail mécanique des sols, notamment pour que la vigne résiste mieux à la sécheresse et qu’il n’y ait pas de perte de rendements,. Et le bio nécessite encore plus de main d’œuvre. De toute façon, jusqu’à très récemment,  l’Inao ne voulait pas qu’une appellation fasse référence à un autre cahier des charges, même bio ».

Les trois plus grands domaines de Patrimonio sont déjà certifiés (Orenga de Gaffory et Montemagny) ou en conversion (Clos Teddi, Lazzarini). Parmi les exploitations également en conversion bio, Paradella (7 ha), Jean-Noël Grossi (3 ha), et Napoleon Brizi (12 ha). « Ce sera aussi bien sûr un argument de vente supplémentaire pour les consommateurs, de plus en plus en attente de ce type de démarche, reconnait Mathieu Marfisi. D’ici dix ans, il faudrait réfléchir à l’interdiction de tout engrais chimique et l’inscrire dans le cahier des charges, surtout pour donner un signal fort aux nouveaux arrivants car notre vignoble est très attractif et on enregistre de nouvelles installations chaque année ». De l’autre côté de l’île, la dizaine de domaines de l’appellation Calvi sera entièrement certifiée bio en 2023 mais à titre individuel, sans modification du cahier des charges.

Un classement exceptionnel en Grand Site de France

Le vignoble de Patrimonio avec le golfe de Saint-Florent baptisé Conca d’Oru (la conque d’or) est labellisé Grand Site de France depuis 2017. Seuls une cinquantaine de territoires en bénéficient en France. Un classement renouvelable tous les six ans pour garantir la préservation de paysages exceptionnels et fragiles afin de les transmettre aux générations futures. Celui de Patrimonio bénéficie d’une forte thématique viticole qui protège le vignoble, même si le périmètre du Site est plus large. Le problème des effluents viticoles, point noir du dossier, a été réglé avec la construction de deux mini-stations de traitement.

Côté promotion, une toute nouvelle Maison du Grand Site ouvrira au printemps sur le port de Saint-Florent; restera à trouver une solution pour la Maison des Vins de Patrimonio, propriété de la mairie, abandonnée à peine construite à cause d’un imbroglio administratif et financier. Ne servant plus que pour quelques réunions et activités du village, elle est à remettre en état après une expertise en cours, une évaluation des responsabilités et du budget nécessaire.

Dans le cadre du Grand site géré par un collège d’élus, de vignerons et de collectivités territoriales, l’appellation devrait également obtenir des aides pour restaurer les murs en pierre et les cabanons du vignoble, anciens abris de bergers en pierre sèche appelés pagliaghji (ou paillers). Plus d’une centaine ont été recensés. Un premier « pailler-pilote » sera bientôt réhabilité. Au vigneron de fournir les pierres et un peu de main d’œuvre, au Grand site de procurer l’appui d’équipes spécialisées. Autant d’atouts pour favoriser et promouvoir un tourisme durable dans le vignoble de Patrimonio.

Cet article Patrimonio, Grand Site de France sans glyphosate est apparu en premier sur Terre de Vins.

Charente : Un descendant d’arbre admirable du château de Versailles prend racine à la maison Rémy Martin

La maison Rémy Martin, mécène du château de Versailles, accueille au domaine du Grollet un jeune chêne pédonculé, issu d’un arbre admirable du parc de Louis XIV. Une plantation symbolique et porteuse de valeurs.

Le soleil perce les nuages après le premier coup de pelle en cet après-midi plus qu’hivernal sur le domaine du Grollet à Saint-Même-les-Carrières. On rit de ce moment si bien choisi. Catherine Pégard, présidente du château de Versailles, remet à Philippe Farnier, directeur général de la maison Rémy Martin, une jeune pousse de chêne promise à une longue vie… Scellant ainsi, en ce 27 janvier 2022, le mécénat de la maison Rémy Martin pour les « arbres admirables » du domaine du château de Versailles.

En effet, depuis l’automne 2019, la maison a permis d’offrir aux visiteurs de la demeure du Roi Soleil une nouvelle promenade dans ses jardins : celle des « arbres admirables ». Permettant ainsi aux flâneurs de contempler une trentaine de spécimens identifiés comme exceptionnels de par « leur histoire, leur beauté, leur rareté et leur âge », liste Alain Baraton, jardinier en chef du domaine du Trianon et du parc du château de Versailles. La sensibilisation à ce patrimoine naturel historique est « le mécénat ayant le plus de sens, commence Philippe Farnier. Car il répond à nos valeurs communes de transmission et d’héritage. »

Relation de longue date

C’est la première fois que la maison Rémy Martin s’engage aux côtés du château de Versailles avec lequel elle partage pourtant une relation de longue date. Retour près de trois siècles en arrière. En 1738, le roi Louis XV reconnaît déjà la maison pour sa qualité. Les deux institutions sont profondément liées de par « un rapport similaire au temps qui passe et une longévité remarquable », note Catherine Pégard.

Le symbole est donc fort. La jeune pousse a un ancêtre historique puisqu’il s’agit du doyen du parc de Versailles. Un chêne pédonculé planté en 1668 près du grand Trianon. Il est aussi le seul rescapé ayant vu le Roi Soleil, des ravages de la tempête de 1999. Aussi, pour sauvegarder ce patrimoine mis en sursis par les caprices de la Nature, une pouponnière royale a été installée dans la pépinière Louis XV, bichonnant près de 350 bébés d’arbres admirables. Cèdres du Liban, sophoras du Japon…

Secret d’initié

Ce jeune chêne de lignée royale vient s’ajouter aux 694 chênes pédonculés que la maison Rémy Martin a déjà replantés sur ses terres en 2019. Un renouvellement végétal rendu possible grâce au partenariat que la maison a noué en 2010 avec l’Office national des forêts. Car la variété du spécimen, le Quercus Robur, un chêne à gros grain, est particulièrement affectionnée par la célèbre maison pour la confection de ses fûts qui verront vieillir les précieux élixirs.

« Cette variété laisse respirer le cognac, le goût de la sève est moins prégnant », sourit Dominique Hériard Dubreuil en partageant ce secret d’initié. Et souligne ironiquement à quel point cette démarche de gestion durable des forêts est historique. « Aujourd’hui, c’est une démarche RSE alors qu’elle était naturelle à l’époque… »

Claire Schlinger

Alain Baraton, Catherine Pégard, Philippe Farnier et Joël Cottin entourent le descendant d’arbre admirable du château de Versailles. (crédit : Claire Schlinger)Ce jeune arbre vient s’ajouter aux 694 chênes que la maison Rémy Martin a plantés en 2019 sur ses terres, rappelle Dominique Hériard Dubreuil. (crédit : Claire Schlinger)Le chêne pédonculé du parc de Versailles, planté sous Louis XIV. Cet arbre a survécu à la tempête de 1999. L’un de ses rejetons est aujourd’hui planté en Charente, chez Rémy Martin, mécène du château. (crédit : Didier Saulnier)La plantation du jeune chêne au domaine de Grollet, à Saint-Même-les-Carrières, vient marquer en ce 27 janvier 2022 le mécénat de la maison Rémy Martin pour les « arbres admirables » du château de Versailles. (crédit : Alberto Bocos Gil)La maison Rémy Martin avait déjà replanté près de 700 chênes pédonculés avec l’ONF, variété utilisée pour la confection de ses fûts. (crédit : Pauline Fort Tiracci)

Cet article Charente : Un descendant d’arbre admirable du château de Versailles prend racine à la maison Rémy Martin est apparu en premier sur Terre de Vins.

[Entretien] Le Château Paloumey intègre le fonds VitiRev Innovation

Le fonds VitiRev Innovation est le premier fond européen dédié à la transition écologique de l’univers viti-vinicole. La Région Nouvelle-Aquitaine s’y engage pleinement. Pierre Cazeneuve, le bouillant propriétaire du Château Paloumey, s’est empressé d’intégrer le processus. Il nous explique les tenants et les aboutissants de ce fonds.

Pierre Cazeneuve, pouvez-vous expliquer aux lecteurs de Terre de Vins ce qu’est le fonds VitiRev Innovation ?

VitiRev Innovation est un fonds d’innovation unique car c’est le premier fonds européen sectoriel dédié à la transition écologique du monde viti-vinicole. Il est géré par Demeter, un des spécialistes de l’investissement de la transition écologique.

C’est un fonds important, pouvez-vous nous donner quelques chiffres ?

Comme l’indique le communiqué de presse, Demeter, qui vise 50 millions d’euros pour VitiRev Innovation, a déjà̀ sécurisé́ plus de 33 millions d’euros avec les engagements de la Région Nouvelle-Aquitaine, de la Banque des Territoires pour le compte de l’État, d’institutionnels tels que le Crédit Mutuel Arkéa, maison-mère du Crédit Mutuel du Sud-Ouest, Groupama, de caisses régionales du Crédit Agricole et de la Caisse d’Épargne, de producteurs comme les Domaines Barons de Rothschild (Lafite), le Château Sainte Roseline, les Vignobles Clément Fayat, notre Château Paloumey ainsi que des industriels, des family offices et entrepreneurs.

Pourquoi êtes-vous l’un des premiers vignerons à emboîter le pas ?

D’abord en référence avec mon histoire personnelle… J’ai créé avec mon frère, en début de parcours professionnel, une entreprise innovante et en forte croissance dans l’environnement et plus précisément dans la dépollution des sols (hesus). Cette expérience d’entreprenariat dans la famille des start-ups environnementales m’a donné la conviction très claire que c’est en avançant, en innovant, en ouvrant la créativité que l’on peut trouver des réponses aux défis auxquels nous faisons face.

Ensuite, j’ai été séduit par le dispositif très particulier qui consiste à intégrer dans le processus de sélection, de validation et même d’accompagnement plus tard les viticulteurs. Ce fonds a un fonctionnement que je trouve particulièrement intéressant car toutes les familles sont représentées que ce soit les gestionnaires de fonds, les financiers, la Nouvelle Aquitaine, les institutionnels, les entrepreneurs mais également les vignerons. C’est essentiel car nous, vignerons, sommes à la fois à même d’identifier sur le terrain les axes importants de recherche, d’innovation ou les problématiques à résoudre mais également de tester ce qui marche comme solutions. N’oublions pas que le diable est dans les détails. C’est très intéressant de participer à la validation puis à l’accompagnement des structures sélectionnées de manière à les faire grandir, notamment commercialement car nous pouvons les intégrer dans nos propriétés et/ou promouvoir leurs solutions au sein de notre réseau.

Enfin, pour Paloumey, c’est une implication très intéressante car c’est une forme de veille de l’écosystème de l’innovation. En tant que propriétés, nous sommes souvent dans nos outils et habitudes de production et nous n’avons donc pas nécessairement le temps d’être ouverts aux innovations, aux différentes technos qui émergent. Ce fonds permet à Paloumey de bénéficier d’une veille plus efficace car organisée et structurée par des professionnels compétents.

En quoi ce fonds annonce la viticulture de demain ?

Je pense que l’innovation est en mesure de répondre, même partiellement, aux enjeux auxquels nous faisons face. Le monde agricole, au cours de son histoire, a toujours su démontrer que l’innovation était l’une des voies très importantes permettant de lever une grande partie des challenges auxquels il est exposé. Attention, lnnovation ne veut pas nécessairement dire « technologique », elle peut-être low-tech ! Cela soit prendre des formes très concrètes : Imaginez que nous puissions trouver très rapidement des substitutions aux produits phytosanitaires parce que nous savons que les produits que nous utilisons actuellement, dont le cuivre, sont limités et que pour produire plus « propre », nous avons besoin d’outils plus efficaces pour le traitement des maladies de la vigne. Autre exemple, le vigneron, de par son métier, est exposé aux troubles musculo-squelettiques (TMS) et c’est un vrai enjeu. Le développement d’exosquelettes pourrait aider grandement tous les vignerons sur le terrain ! Évidemment, l’innovation ne peut pas résoudre tous les problèmes, certes, mais je suis convaincu qu’elle peut en résoudre une grande partie !

Cet article [Entretien] Le Château Paloumey intègre le fonds VitiRev Innovation est apparu en premier sur Terre de Vins.

Francis Huster, Molière et le vin…

Le prochain dîner du Bacchus Business Club à Marseille le 3 février recevra un invité de marque : Francis Huster. Alors que l’acteur livre bataille pour faire entrer Molière au Panthéon, il a accepté d’évoquer avec nous sa relation et celle du dramaturge au vin et à l’ivresse.

Francis Huster, vous êtes l’invité du prochain dîner du Bacchus Business Club, quel est votre rapport au vin ?

Ce soir-là, je serai l’intrus ! Dans ma famille, nous ne buvions pas de vin. Mon père, qui avait été pilote pendant la guerre était très rigoureux. Le jour où j’ai signé pour la Comédie française, François Florent, Jacques Spiesser, Yves Lemoine et Jacques Weber m’ont invité au restaurant. Ils m’ont servi de grands vins et nous étions tous un peu ivres. Ils m’ont ensuite raccompagné rue Monsigny, la rue du théâtre des Bouffes Parisiens, où j’habitais. Je rentre dans l’ascenseur qui était transparent, eux étaient en bas de la porte et me faisaient de grands gestes, et moi j’ai vomi sur la vitre ! Ils m’ont vu monter ainsi et ils ont bien ri. Depuis, je ne bois plus une goutte d’alcool.

A travers les rôles que vous avez pu avoir à jouer, les acteurs et les auteurs que vous avez pu rencontrer, vous vous êtes sans doute cependant intéressé au vin…

Oui et ce qui me frappe c’est que le mot vin vient du sanskrit « vena » qui signifie amical. Le vin est effectivement le meilleur ami de l’homme parce qu’il le met en danger et à chaque fois qu’un homme est en danger, il révèle le meilleur de lui-même. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’ivresse ne nous amène pas à l’oubli, mais à une juste prise de distance par rapport à la réalité. L’oubli c’est au contraire surévaluer le réel, sa pesanteur, lorsque vous vous mettez à penser à tout ce qui pourrait vous tomber dessus comme malheurs, alors qu’en vérité cela n’a rien à voir avec la vie. C’est pour cela que l’ivresse du vin, comme l’ivresse de la lecture, du théâtre, du cinéma est saine. Le vin vous pose comme un miroir face à vous-même dans lequel vous pouvez retrouver la joie, le partage, l’émotion, la grâce, mais attention à ne pas franchir la ligne rouge en traversant le miroir ! C’est d’ailleurs en cela que le vin est un véritable ami : il se mérite et implique d’avoir du caractère pour savoir aussi lui résister. En amitié, faute de personnalité, on se laisse absorber par l’autre. J’ai vu des comédiens qui arrivaient ivres sur les tournages, ils utilisaient l’alcool pour écarter le personnage et trouver leur rôle. C’est un danger qui conduit à la perte de soi-même.

Vous avez écrit trois livres sur Molière et joué plusieurs de ses pièces, quelle était sa relation au vin ?

Cela va vous sidérer : il n’en a jamais bu ! Par contre, on a des documents qui prouvent que Scarron, Boileau et une dizaine de convives, ont passé chez lui une soirée arrosée, à l’issue de laquelle ces crétins se sont précipités dans la Seine. C’est ainsi que Scarron aurait attrapé la polio. Dans les pièces de théâtre de Molière, il y a trois grands absents. Dieu, en effet, à la différence de Shakespeare, ses personnages ne l’interpellent jamais, Molière s’adresse aux hommes. La figure de la mère, Molière avait perdu la sienne très jeune. Et enfin, le vin avec lequel l’auteur reste toujours pudique. Même lors du grand repas qu’organise Monsieur Jourdain dans le Bourgeois gentilhomme pour séduire Dorimène, l’hôte n’y touche pas, l’alcool n’est présent que dans cette chanson « buvons, chers amis, buvons, le temps qui fuit nous y convie », et quoi de plus naturel finalement que cette association entre la musique et le vin ? Comme elle, le vin est un flot qui inonde l’âme. Car on se noie dans le vin, on ne l’escalade pas ! Mais on peut aussi y nager et y être très heureux. Ne parle-t-on pas de brasseur pour ceux qui élaborent la bière ?

En réalité, l’alcool et l’ivresse de Molière ce sont les femmes. Il savait les regarder. Dans chacune de ses pièces, la femme résiste, lutte, Elvire contre Dom Juan, Dorine contre Orgon… Elle n’est jamais béni-oui-oui. Dans sa vie, c’est la même chose, jusqu’à cinquante et un ans, il a une vie sexuelle très active, il avait ses maîtresses dans sa troupe qui l’ont inspiré pour créer ses personnages. Alors que Marivaux par exemple donne aux femmes une image beaucoup moins intéressante. Elles n’ont aucune révolte, elles se contentent d’être belles et amoureuses. Cette façon de s’oublier dans les femmes plutôt que l’alcool a d’ailleurs coûté cher à Molière. Que l’on songe à la trahison de la Marquise Du Parc qui l’a quitté pour Racine. L’ivresse des femmes est définitivement plus dangereuse que celle du vin. Dans l’ivresse du vin, on s’oublie, alors que dans l’ivresse des femmes, ce sont les femmes qui nous oublient ! D’ailleurs, les femmes ne supportent pas d’avoir en face d’elles un homme ivre parce qu’il leur échappe dans le vin. Elles se disent : « Cela veut dire que mon ivresse à moi ne te suffit pas ? » Imaginez Delon saoul face à Romy Schneider, cela ne passe pas… Bien-sûr, il y a aussi certains hommes qui jouent l’ivresse, comme Gainsbourg qui a créé un personnage. Alors qu’il était très éduqué, toujours coiffé et impeccable, jamais ivre, il se mettait en scène mal rasé, un verre à la main. Il aimait se faire passer pour Philinte, affable et prompt à faire la fête avec ses amis, alors qu’il était plus proche d’Alceste. Tout le monde a marché. La différence entre Gainsbourg et Gainsbarre, c’est la différence entre Jean-Baptiste Poquelin et Molière… Je me souviens d’ailleurs de sa venue à l’une de nos représentations de Dom Juan, il était au premier rang et il s’est retourné vers le public en s’exclamant : « vos gueules, c’est du Molière ! »

Cet article Francis Huster, Molière et le vin… est apparu en premier sur Terre de Vins.

Top départ du concours des vins 2022

Depuis vingt ans, Sylvie Tonnaire, rédacteur en chef, sillonne les terroirs français et coordonne une équipe d’experts (journalistes, sommeliers, cavistes, œnologues…) tous habités par la volonté d’aider les lecteurs à mieux choisir les cuvées qu’ils dégusteront. C’est l’ultime volonté du concours des vins que Terre de Vins organise depuis maintenant quatre éditions.

La sélection

Le concours obéit à deux grands process de sélection. Une première sélection rassemblant 70 dégustateurs afin de distinguer les médailles d’or et d’argent. Puis dans un second temps, la rédaction, épaulée par une équipe rapprochée d’experts, réalisera une deuxième strate de sélection afin de décerner des coups de cœur retenus parmi les médailles d’or. Ces cuvées seront mise à l’honneur d’un cahier spécial dans notre numéro de septembre 2022.

Tous les vins peuvent concourir. La dure loi de l’étiquette n’agira pas ici : c’est la dégustation à l’aveugle et elle
seule qui sera reine.

Les inscriptions peuvent se faire dès à présent par Internet sur www.concours.terredevins.com jusqu’au 25 mars 2022, avec une réception des échantillons : jusqu’au 1er avril 2022 .

Pour les inscription par courrier, le formulaire est à télécharger sur www.concours.terredevins.com
Inscription et réception des échantillons : jusqu’au 25 mars 2022. Attention, par courrier le délai pour envoyer les échantillons est plus court.

Pour les producteurs, ce Concours des Vins est l’opportunité de bénéficier d’une mise en lumière exceptionnelle, d’un argument commercial de poids auprès des négociants, des acheteurs de la grande distribution, des cavistes, des restaurateurs, de la clientèle particulière. Pour le consommateur il garantie une sélection qualitative et sérieuse aux rapports qualité-prix souvent exceptionnels.

Edition 2021

Après trois jours de dégustation qui ont vu 2 749 échantillons passés au crible, l’édition 2021 du Concours des vins « Terre de Vins” avait rendu son verdict avec 830 cuvées médaillées, dont 505 médailles d’or.

DÉCOUVREZ L’INTÉGRALITÉ DES MÉDAILLES DU CONCOURS « TERRE DE VINS » 2021

Parmi les médaillés d’or, la rédaction avait sélectionné ses 26 coups de cœur. Des « super champions » que vous pouvez également retrouver en cliquant sur ce lien.

Cet article Top départ du concours des vins 2022 est apparu en premier sur Terre de Vins.

Saint-Émilion : Troplong voit très loin

Engagement environnemental, présentation en primeur du premier millésime vinifié dans le nouveau chai récemment inauguré, Guide Michelin, classement de Saint-Émilion : du côté du château Troplong-Mondot, 2022 est une année qui s’annonce riche en actualités. On fait le point.

Ce n’est plus un secret pour personne à Bordeaux, depuis son rachat en 2017 à la famille Valette-Pariente par le groupe de réassurance SCOR, le château Troplong-Mondot, Premier Grand Cru Classé de Saint-Émilion, suit une trajectoire extrêmement ambitieuse. Celle-ci s’est d’abord concrétisée par un réajustement manifeste dans le style du vin, qui a pris tout le monde un peu de court mais a rapidement convaincu : oui, le terroir naturellement puissant de Troplong-Mondot, juché sur ses molasses de l’Agenais, peut aussi se parer de finesse et de fraîcheur. C’est le pari tenu par le directeur général Aymeric de Gironde, le directeur technique Rémy Monribot et l’œnologue-consultant Thomas Duclos, qui ont œuvré « à six mains » depuis cinq millésimes pour affirmer ce renouveau stylistique tout en restant fidèles à l’ADN de la propriété.

Dernier en date, le 2021 sera dévoilé dans quelques semaines en primeurs. Comme chacun sait, ce millésime est plutôt né dans la douleur, à Bordeaux comme ailleurs, et pour lui donner toutes ses chances, Aymeric de Gironde est assez content d’avoir pu bénéficier d’un outil flambant neuf, le chai inauguré au printemps dernier : « on se réjouit d’avoir pu travailler ce millésime, qui nécessitait énormément d’attention, avec un tel outil de précision. On a pu gérer des macérations à froid, des macérations longues qui nous ont permis d’extraire sans durcir. On a également, pour la première fois, fait des essais sur un peu de vendange entière, un lot de merlots dont nous avons conservé les rafles et qui apporte un plus dans l’assemblage du 2021« . Côté volumes, l’équipe se satisfait d’une vendange aux rendements similaires aux années précédentes : « le terroir de Troplong est naturellement ventilé, cela nous a bien protégé du mildiou. Toutefois, il a fallu se montrer très sélectif dans les tris, donc il y aura moins de grand vin cette année« .

« Devenir la référence de l’œnotourisme de luxe à Bordeaux »

Parmi les autres actualités du château : l’obtention récente du label IWCA, « International Wineries for Climate Action ». Fondée en 2019 par deux grandes familles du vin, les Torres en Espagne et les Jackson en Californie, cette organisation à but non lucratif vise à entraîner les exploitations viticoles vers un bilan carbone neutre, pour se conformer à l’objectif des Nations Unies qui vise le « zéro émission » à l’horizon 2050. Troplong-Mondot est la première propriété française à rejoindre cette initiative, ayant pour référence la norme ISO 14064 ; d’autres devraient suivre l’exemple, des candidatures étant déjà bien avancées en Vallée du Rhône et en Champagne. Plus largement, cette adhésion au label IWCA s’inscrit dans une démarche environnementale globale défendue par Aymeric de Gironde : « notre projet est à long terme et s’appuie sur trois piliers : le bilan carbone neutre avec IWCA, la gestion des déchets sur toute la propriété, et l’équilibre de la biodiversité avec un grand programme de replantation de haies dans les parcelles. Nous sommes aussi autonomes pour la production d’énergie de chauffage, en recyclant notre bois de taille – un procédé que nous souhaitons faire partager à nos voisins saint-émilionnais ». Sur la stratégie phytosanitaire, Aymeric de Gironde explique que, sur onze traitements en 2021, deux ont eu recours à des produits de synthèse, les autres étant en bio et biocontrôle.

Enfin, c’est sur le front de la gastronomie que le château Troplong-Mondot pourrait faire très bientôt parler de lui. Le 9 juin 2021 a rouvert le restaurant « Les Belles Perdrix », totalement rénové, avec toujours aux manettes le chef David Charrier. Après trois ans de fermeture pour cause de – grands – travaux, durant lesquels David a beaucoup voyagé, échangé avec d’autres cuisiniers mais aussi ouvert quelque temps une « Table Secrète » à la propriété, l’établissement offrant une vue spectaculaire sur le vignoble a fait un retour fracassant sur la scène gourmande saint-émilionnaise. Le Michelin, qui délivrera son palmarès le 22 mars prochain, est bien sûr dans toutes les têtes : jusqu’à leur fermeture temporaire, les Belles Perdrix avaient un macaron au guide rouge ; il semblerait plutôt naturel de le retrouver, voire plus si affinités. Sur ce plan non plus, Aymeric de Gironde ne cache pas ses ambitions : « avec les Belles Perdrix et nos chambres dans le vignoble, nous voulons devenir la référence de l’œnotourisme de luxe à Bordeaux ».

Tout cela nous amène naturellement à la grande échéance de cette année 2022 : la divulgation, en septembre prochain, du nouveau classement de Saint-Émilion. Bien qu’ayant connu un certain nombre de rebondissements, dont les retraits de Cheval Blanc, Ausone et Angélus ne sont pas les moindres, le processus du classement tient le cap, et Troplong-Mondot maintient plus que jamais sa candidature. On pourrait même dire qu’avec trois places (au moins) désormais à pourvoir en ‘A’ au côté de Château Pavie, compte tenu de son terroir et de sa très belle dynamique actuelle, Troplong fait partie des propriétés qui ont des chances de se hisser au sommet de la hiérarchie. A suivre…

Cet article Saint-Émilion : Troplong voit très loin est apparu en premier sur Terre de Vins.

Wine Paris aura bien lieu du 14 au 16 février 2022

Ils sont venus, ils sont tous là : présents ou en visio, les présidents des interprofessions des vignobles du Sud-Ouest, du Languedoc et du Roussillon et jusqu’au Rhône, confirment que Wine Paris aura bien lieu du 14 au 16 février, avec le pass vaccinal à l’entrée, le masque obligatoire et le gel hydroalcoolique à volonté.

Le salon vise 20 000 visiteurs dont un tiers d’étrangers venus des Pays-Bas, de Belgique, d’Allemagne (avec les acheteurs d’Aldi et Metro attendus), du Royaume-Uni, des Etats-Unis (avec le soutien de Business France) et du Canada.

Nos vignerons ont intégré les gestes barrières, les acheteurs nationaux et internationaux ont des carnets de commande à remplir et des contrats à signer maintenant que les stocks ont été vidés par deux ans de pandémie” explique Christophe Bousquet, président du CIVL. “Les grandes maisons du négoce languedocien ont confirmé leur présence et quand l’amont y va, l’aval a tout intérêt à y être. Ne pas tenir Wine Paris en février, à Paris en 2022 serait une erreur historique”, résume Jacques Gravegeal pour InterOc alors que Philippe Pélaton confirme de son côté la présence des grandes maisons rhodaniennes qui ont elles aussi pris rendez-vous avec leurs clients sur le salon.

Wine Paris est un rendez-vous dédié aux affaires, avant tout, et bien sûr aussi au partage, à l’échange entre vignerons et enfin, à l’image”, explique Stéphane Zanella pour le CIVR,”Un salon d’affaires dans le vin pour l’Hémisphère Nord se tient en février quand les vins de la vendange passée sont disponibles à la dégustation. Nous sortons d’une vendange amaigrie par le gel et nous sommes face à une demande importante qui veut sécuriser des volumes en passant commande au plus vite. Ne pas faire ce salon à Paris maintenant serait un très mauvais message à toute la planète vin et les acheteurs qui ne viendront pas à Paris en février savent qu’ils ne trouveront pas ce qu’ils cherchent ailleurs en mai”. “Nous avons un nombre d’exposants en croissance et aucune défection, nos vignerons ont hâte d’y aller”, précise Paul Fabre pour le Sud-Ouest.

La confiance des vignerons et de leurs représentants nous honore et nous oblige”, conclue Rodolphe Lameyse, président de Vinexposium, “A trois semaines de l’évènement, c’est un message très fort. Sur nos 2775 exposants, nous comptons les défections sur les doigts d’une main. Wine Paris a été le dernier salon de l’avant Covid et ouvre le bal des salons du vin de l’après-pandémie. Les gestes barrières, l’obligation vaccinale sont intégrés, l’organisation garantit l’aération optimale des locaux et le nettoyage des verres pour rassurer les acheteurs comme les exposants et se donner tous les moyens d’un beau nouveau départ”.

Toutes les informations sur le salon Wine Paris en lien ici.

Cet article Wine Paris aura bien lieu du 14 au 16 février 2022 est apparu en premier sur Terre de Vins.

Métifiot, dernier né des Baux

Le chai majestueux du domaine de Métifiot de la famille Bateman, au coeur des Alpilles, est terminé. Le dernier né de l’appellation Baux-de-Provence y a vinifié son troisième millésime.

Avec son chai monumental en béton strié et sa cave enterrée dans le massif, Métifiot s’intègre parfaitement aux parois calcaires des Alpilles en Baux-de-Provence. Le dernier né de l’appellation est le seul domaine sur le versant Nord, en surplomb des vignes et de l’oliveraie, au loin, le Mont Ventoux, le clocher de Saint Rémy de Provence et la Cité des Papes d’Avignon, que l’on peut admirer de la terrasse aux grandes baies vitrées. Ce large panorama sur toute la campagne saint-rémoise est ponctué de cyprès et d’oliviers avec quelques ruches au coin d’une parcelle. Nous sommes dans le fief de la famille Bateman.

Autodidacte dans l’âme

Benoît est un autodidacte venu du Nord et qui a créé au milieu des années 90 une entreprise de commerce de pommes de terre florissante. Il a épousé Laurence née dans le Sud, non loin d’ici. Quand il récupère il y a six ans une partie de l’ancien domaine de ses beaux parents arboriculteurs, Benoît y voit un nouveau défi. « Et si on plantait de la vigne? »  Les Bateman se lancent dans l’aventure en gardant le nom de Métifiot, du nom du médecin de l’hôpital Saint-Paul (peint par Van Gogh) et qui avait revendu sa propriété de Saint-Rémy à l’arrière grand-père de Laurence. Ils héritent d’une quinzaine d’hectares de vergers arrachés à restructurer, en récupèrent quelques-uns classés en IGP et en fermage, le vignoble de Guy Delacommune du Domaine Guilbert, créé dans les années 2000 à partir des vignes historiques de Dominique Hauvette. Les Bateman y vinifient leurs premiers millésimes à partir de 2019 en attendant la construction de leur chai, enfin validé par les Bâtiments de France après avoir revu plusieurs fois leur copie dans ce site classé. Ils achètent également à un agent immobilier d’Eygalières des raisins vinifiés au domaine pour une gamme négoce en attendant que les plantations (quelques hectares chaque année à partir de 2016) entrent en production.

Une large palette de cépages

« Je voulais apprendre à faire du vin, raconte le propriétaire de Métifiot. J’ai donc visité une soixantaine de vignerons dans tout l’Hexagone et nous avons finalement décidé de planter les principaux cépages de l’AOP Baux-de-Provence, grenache, syrah, cinsault, marsanne, cabernet sauvignon, et quelques autres pour nous faire plaisir et pour faire des essais comme le merlot, le marselan, le rolle, le chardonnay,…sur les terres irriguées hors AOP au bord du canal ». Au total, le domaine comprend une douzaine de cépages sur une quinzaine d’hectares. Le vignoble enherbé est d’emblée travaillé en bio (aujourd’hui certifié) et équipé de capteurs dans la vigne pour mesurer le confort hydrique et faire de l’irrigation de pointe sur certaines parcelles. Métifiot est également labellisé HVE. Les Bateman s’entourent également de quelques compétences : l’ingénieur viticole Didier Mazenod, Bruno Ferland comme maître de chai, Franck Breau, l’ancien directeur du Château Romanin comme consultant, le cabinet Daniel Péraldi comme œnologue conseil…

Une gestion de cave ultraprécise

Au chai à l’organisation millimétrée, Benoît aussi veut tout comprendre, tout maîtriser. La cave abrite de nombreux contenants, cuves tulipes, jarres en grès, œufs béton, barriques, foudres, demi-muids au rangement impeccable sans tuyaux, contrôlé par un système informatique surveillant chaque cuve et un échangeur avec récupération de chaleur. Une fermentation ultraprécise sous haute surveillance « pour ne pas rajouter d’intrants en travaillant en priorité sur la gestion de la température », explique Benoît, véritable geek de la technologie. La gamme est vaste, une quinzaine de référence en IGP Alpilles, Méditerranée et en AOP Baux-de-Provence, au gré des envies, à 45 % en rosés, 35 % en rouges, le reste en blanc « que nous voudrions augmenter en plantant roussanne, marsanne et grenache blanc sur 3-4 hectares à trouver ». Elle comprend même un chardonnay en méthode traditionnelle et les huiles d’olive du domaine.

Cet article Métifiot, dernier né des Baux est apparu en premier sur Terre de Vins.

Les vignes franc-de-pied veulent une reconnaissance à l’Unesco

À l’occasion de la deuxième « Rencontre des Francs » qui se tenait il y a quelques jours au domaine Liber Pater en Gironde, une vingtaine de vignerons européens, accompagnés de scientifiques, universitaires, experts des terroirs et des cépages, ont milité pour une reconnaissance par l’Unesco du savoir-faire autour des vignes non greffées.

En juin 2021, une poignée de vignerons européens se réunissaient à Monaco, sous le parrainage du Prince Albert II et de Guillaume Gomez, ambassadeur de la gastronomie française (et ex-chef de l’Élysée), afin d’amorcer la création d’une association dédiée à la défense des vignes franc-de-pied et, à terme, d’obtenir auprès de l’Unesco une inscription du savoir-faire lié à ces vignes au patrimoine immatériel de l’humanité. Un peu plus de six mois après ce premier rendez-vous sous les ors monégasques, c’est à Podensac, en Gironde, que se tenait il y a quelques jours la seconde « Rencontre des Francs ». À l’invitation de Loïc Pasquet, propriétaire du domaine Liber Pater et instigateur de ce mouvement, une vingtaine de vignerons européens, mais aussi des universitaires, des chercheurs, des agronomes, des sommeliers, des journalistes, avaient répondu présent pour deux jours de dégustations et de réflexions autour de la culture de la vigne en franc-de-pied, son histoire et surtout son avenir.

Mais c’est quoi, au juste, une vigne « franc-de-pied » ? On désigne par ce terme des vignes qui n’ont pas été greffées sur un porte-greffe mais plantées directement dans le sol. C’est une pratique ancienne de reproduction et plantation de la vigne qui a été pratiquement éradiquée par l’apparition du phylloxéra à la fin du XIXème siècle : l’implantation des porte-greffes américains a permis de résister contre le terrible parasite, mais a conduit à la quasi-disparition d’un savoir-faire ancestral, que l’on ne retrouve plus désormais que de façon éparse, sur des terroirs très spécifiques – souvent sableux – où le phylloxéra ne peut pas s’implanter.

Vers un label « franc-de-pied » ?

Pour les défenseurs des vignes en franc-de-pied qui ont rapidement l’initiative de Loïc Pasquet et du vigneron allemand Egon Müller, l’objectif est de préserver un patrimoine, un savoir-faire mais aussi un goût : selon eux – et dégustation à l’aveugle à l’appui – les vins issus de vignes en franc-de-pied présentent davantage de finesse, de pureté, et sont de meilleurs transmetteurs de terroir. Pour ce qui est du savoir-faire, qui peut différer selon les régions voire même les pays, il s’appuie sur des pratiques, des gestes et des connaissances qui peuvent se retrouver en voie de disparition et qu’il s’agit de préserver. Ainsi Andrea Polidoro, vigneron célèbre pour son domaine Cupano en Toscane, s’est lancé dans un autre projet dans la région des Marches, Contrada Contro, où il fait grimper des vignes de malvoisie franc-de-pied le long d’érables, selon une pratique quasiment disparue.

L’association, appuyée par Guillaume Gomez et par d’autres personnalités (le Prince Albert II, comme on l’a vu, ou encore la présidente de Géorgie Salomé Zourabichvilia), espère obtenir gain de cause auprès de l’Unesco pour faire entrer les vignes franc-de-pied au patrimoine immatériel de l’humanité, mais entend aussi établir un label « franc-de-pied » qui permettra d’informer le consommateur. Pour y parvenir, elle s’appuiera sur un noyau dur de vignerons allant des Bourguignons Thibault Liger-Belair ou Philippe Charlopin au Champenois Alexandre Chartogne, en passant par les domaines de Markus Molitor ou Prüm en Moselle, la Vieille Chapelle dans le Bordelais… et bien d’autres encore, sans oublier l’expertise de personnalités telles que Jacky Rigaux, Marc-André Selosse, Jérémy Cukierman, José Vouilamoz… Tout ce beau monde sera coordonné depuis Monaco par Celia Calcagno, directrice de l’association, qui a accompagné et soutenu le projet avec son père Robert Calcagno, Directeur général de l’Institut océanographique de Monaco.

Cet article Les vignes franc-de-pied veulent une reconnaissance à l’Unesco est apparu en premier sur Terre de Vins.

« Mort sur le Nil » : Malartic-Lagravière fait son cinéma

Le Cru Classé de Graves développe depuis quelques années une stratégie de visibilité en multipliant les apparitions à l’écran, notamment dans des productions hollywoodiennes. Dernière en date : l’adaptation de « Mort sur le Nil » par Kenneth Branagh, en salles le 9 février.

Le 9 février prochain dans les salles françaises, Hercule Poirot viendra résoudre l’une de ses plus célèbres enquêtes dans une nouvelle version de « Mort sur le Nil » : le roman d’Agatha Christie est adapté par le réalisateur britannique Kenneth Branagh, qui se retrouve aussi devant la caméra affublé des moustaches du célèbre détective belge – et entouré d’une distribution quatre étoiles, composée notamment de Gal Gadot, Annette Bening, Russell Brand, Letitia Wright. Les spectateurs qui se presseront au cinéma pour voir cette rutilante production pourront apercevoir, le temps d’une séquence, les personnages se délecter d’une bouteille de Château Malartic-Lagravière 1920. Cette apparition du Cru Classé de Graves ne doit rien au hasard, tout comme le fait que James Bond boive ostensiblement du Bollinger ou du Château Angelus entre deux cascades. Dans l’industrie du cinéma, on appelle cela un placement de produit. Et dans le cas de Malartic-Lagravière, cela relève d’une fine stratégie.

Suspense, exotisme, glamour… tous les bons ingrédients

Tout part d’une réflexion de la famille Bonnie, propriétaire depuis 1996 de ce beau vignoble de 73 hectares situé à Léognan : dans un contexte de mondialisation du vin où la concurrence fait rage pour conquérir le cœur des amateurs et où de grands groupes de luxe déploient des moyens colossaux pour asseoir leur visibilité, comment se différencier ? En s’implantant dans la rétine et l’inconscient des spectateurs amateurs de vin, via une présence récurrente à l’écran. C’est l’idée qui germe dans l’esprit de Véronique, Jean-Jacques et Séverine Bonnie dès 2017 alors que Malartic accueille la traditionnelle Fête de la Fleur. Une prise de contact avec Hill Valley, une agence américaine basée à Los Angeles, dirigée par un Français et spécialisée dans le placement de produit, découle en 2019 sur un premier projet : alors que Véronique Bonnie, qui dirige le vignoble familial avec son frère Jean-Jacques, revient enthousiasmée d’un voyage en Égypte, l’agence mentionne un projet d’adaptation d’un roman policier d’Agatha Christie qui se déroule au pays des pyramides. Du suspense, de l’exotisme, du glamour, une intrigue qui se déroule à bord d’un bateau (symbole de Malartic-Lagravière), il n’en faut pas plus pour amorcer une collaboration qui démarre sur les chapeaux de roue. Même si, pour cause de Covid-19, la sortie de « Mort sur le Nil » se voit décalée d’octobre 2020 à février 2022, la portée potentielle du film – produit par la 20th Century Fox, désormais intégrée au géant Disney – est une caisse de résonance phénoménale pour la « marque » Malartic-Lagravière.

Mais pour la famille Bonnie, cette apparition à l’écran n’a rien d’un coup isolé ; elle s’inscrit dans une stratégie globale de visibilité, comme l’explique Séverine Bonnie, responsable du marketing et de la communication : « nous avons signé avec l’agence un contrat de collaboration qui nous permet d’examiner différentes opportunités de présence à l’écran. On nous propose des synopsis de films ou de séries avec des séquences où le placement de produit peut potentiellement intervenir, et si le projet correspond à notre positionnement et à notre image, on y va. Ce qui ne nous garantit pas que le placement passe l’épreuve du montage et finisse pour de bon à l’écran ! »

« Emily in Paris » et Scarlett Johansson

Ainsi, tout comme certains rôles sont coupés au montage, la bouteille peut, elle aussi, être écartée à la dernière minute par le monteur et le réalisateur si la séquence où elle figure ne leur semble pas essentielle. Ce qui n’est pas le cas dans « Mort sur le Nil ». Ni dans « Emily in Paris », série à succès dont la saison 2 cartonne actuellement sur la plateforme Netflix (la bande-annonce à elle seule avait totalisé trois millions de vues au moment de sa sortie) et qui raconte les tribulations d’une jeune américaine dans un Paris très fantasmé. Dans un épisode de la saison 2, les personnages partagent une bouteille de Malartic-Lagravière en terrasse : une autre façon de se créer de la visibilité, notamment auprès d’un public fortement féminin, ce qui n’est pas non plus anodin. « Durant la première vague de Covid-19, nous avons fait une étude approfondie pour mieux connaître les différentes ‘cibles’ qui constituent notre clientèle », précise Séverine Bonnie. « Et nous avons réalisé qu’aux Etats-Unis, nous touchons un public plus féminin, plus jeune, plus lifestyle, très complémentaire des amateurs traditionnels de grands vins de Bordeaux. Cela nous a incité à aller davantage à la conquête de cette cible« .

Malartic-Lagravière s’est également invité dans la série anglaise « Riviera » avec Poppy Delevingne, et dans la comédie française « Mes très chers enfants » (d’autres productions françaises, tout comme américaines, sont également au programme). Mais cette stratégie ne se limite pas à des apparitions furtives à l’écran : en 2019, Malartic s’est également invité au dîner de gala de l’hommage rendu par l’American Cinémathèque à l’actrice Charlize Theron ; et, en novembre dernier, c’est une autre star, Scarlett Johansson, qui a posé avec un magnum de Malartic signé de sa main, à l’occasion de la trente-cinquième cérémonie de l’American Cinémathèque. À chaque fois, ces flacons dédicacés sont mis aux enchères en faveur d’une association caritative – en novembre 2020, Kenneth Branagh avait lui aussi dédicacé une impériale, vendue aux enchères au profit du mouvement Movember. Ces initiatives, en plus du prestige associé aux vedettes qui y participent (lesquelles ont en plus la bonne idée d’être amatrices de vin), sont pour la propriété une garantie de viralité : « dans le cas de Scarlett Johansson, c’était spectaculaire« , souligne Séverine Bonnie. « Lorsque nous avons publié sa photo sur les réseaux sociaux, ce sont des centaines de nouveaux followers qui sont arrivés sur notre compte en une nuit sur les réseaux sociaux, avec beaucoup de réactions positives et de commentaires« .

Il suffit quelquefois de placer un flacon dans un film à succès ou entre les mains d’une star mondialement adulée pour doper sa notoriété : c’est le pari de la famille Bonnie qui, sans vouloir préciser le montant du deal signé avec l’agence Hill Valley, reconnaît qu’en comparaison du coût d’un achat d’espace publicitaire dans un magazine spécialisé aux Etats-Unis (qui peut s’élever jusqu’à quelques dizaines de milliers de dollars la page) et tout en gardant un budget maîtrisé, le « retour sur investissement » est plus que gagnant. Cela vaut le coup de crever l’écran.

Cet article « Mort sur le Nil » : Malartic-Lagravière fait son cinéma est apparu en premier sur Terre de Vins.